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1671. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

nous sommes heureux de la retrouver dans le livre d’Albert Blanc, qui l’avait mutilée, tronçonnée, et, pis que cela, déshonorée en un précédent travail. […] Que dire de cette véritable déportation de Joseph de Maistre, dans une cour où ce supplicié de par son maître ne se débattait pas, ne criait pas, mais restait digne et doux, — un de ces doux à qui, disent les livres saints, la terre appartient, — et qui, en attendant la terre qu’il n’eut jamais, du reste, eut au moins l’estime et la faveur d’Alexandre, d’Alexandre qui avait pénétré quel homme c’était que ce Joseph de Maistre, et qui, par des procédés de grande âme, le vengea souvent des sécheresses et des ingratitudes de son roi ! […] Tout cela, facile à prévoir, n’est donc pas pour nous comparable à l’impression que doit causer le ton d’un livre écrit par un esprit qui passait pour violent, — ce qui n’était peut-être pas une calomnie, — et qui a résolu incroyablement le difficile problème, en littérature et en société, de tout dire en respectant tout et de toujours le dire de manière à entrer le plus dans ceux à qui on le dit !

1672. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

I Sur les Concours pour les monuments publics, César Daly a écrit une brochure qui vaut mieux qu’un livre. […] Habile architecte, grand archéologue, et plus grand critique d’art encore, Daly avait triple mission, de par ses trois spécialités, de nous parler de cette organisation des concours, la plus grande question pratique d’art et d’État qui à cette heure puisse être agitée, et il l’a fait dans un livre que je n’appellerai pas court, puisqu’il dit tout ce qu’il faut dire et que nulle part je n’ai vu la substance tout entière du sujet qu’on traite tenir moins de place dans une langue plus forte et plus claire. […] Mais Daly n’en a pas moins eu raison de penser que Mérimée devait prendre un intérêt très vif, soit comme artiste, soit comme archéologue, à cette passionnante question des concours, si lucidement traitée dans le livre, et peut-être encore plus au talent qui y brille, à ce genre de talent qui a — sans rien couper ! 

1673. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Honoré Bonhomme a dans ses jugements sur Collé un embarras et des timidités inconnus aux éditeurs, ces gaillards d’aplomb (et quelquefois de plomb), qui ne doutent de rien, qui vont toujours ravir le monde avec le livre qu’ils publient et se faire nommer comme Titus : les délices du genre humain ! […] Placé entre son admiration, dix fois exprimée dans son livre, pour les hommes et les choses de ce temps, et son goût et sa position d’éditeur de Collé, M.  […] Collé est peut-être le seul homme dont il parle dans son livre qui n’y soit pas flatté, tandis que toute la littérature de notre temps y est l’objet des plus amples révérences et d’un moulinet de flatteries qui atteint toutes les oreilles.

1674. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

— qui publie un livre médiocre de son père, ne peut lui faire illusion, à elle, sur la médiocrité absolue d’une œuvre dont rien, littérairement, ne justifie la trop filiale publication. […] Eh bien, l’Abélard de Rémusat est un livre à la façon de ces États de Blois de Vitet ! […] Ce qui serait nouveau, par exemple, si on n’avait pas publié déjà des chansons de Charles de Rémusat, c’est le chansonnier de ce drame, qui, tout à coup, y pousse, au milieu de tout ce bavardage pédantesque qui devrait l’empêcher d’y pousser ; c’est le vaudeville inattendu dans ce livre grave, le vaudeville même grivois et vieux mauvais sujet !

1675. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

I Le livre dont je vais vous parler doit être d’un intérêt puissant pour tout le monde, — sans exception, pour tout le monde. […] Mais l’imagination reste encore… Le livre de M.  […] Pour eux, Balzac remplacerait Pie IX dans la justice tardive à rendre à ce grand Indigent volontaire et obscur, — lumineux seulement devant Dieu, — qui vécut dans la palpitation prolongée de l’amour sans bornes, et dont l’âme emporta le corps, émacié dans une étisie sublime, et le répandit devant Dieu comme une fumée d’encens… Au lieu de cela, ils continueront de ricaner, et peut-être le livre de M. 

1676. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Le titre donc des livres de M.  […] Seulement le livre tiendra-t-il toutes les promesses de son titre, et M.  […] Autran, qui ressemblent à des vers écrits pour un concours académique, ne peuvent lutter contre le récit du commandant de Milianah, le colonel d’Illens, contre cette page magnifique de simplicité et de tristesse que tout le monde a lue dans le livre de La Guerre et l’Homme de guerre, par M. 

1677. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Et que m’auraient importé les sujets de la plupart des livres que j’aurais à extraire, et les livres mêmes ? […] « On ne fait pas, disent les Goncourt, les livres qu’on veut. […] Ce petit livre-ci est né par une sorte de bourgeonnement. […] Daudet, Trente ans de Paris. « Histoire de mes livres », p. 298. […] J’en emprunte des fragments au livre de M. 

1678. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Comme amateur des vieux livres, on peut souffrir de cette divulgation des choses rares ; comme partie du public et comme lecteur du commun, on ne saurait s’en plaindre. […] Il en est des vieux livres comme des vieux débris de cloître, comme de tout ce qui fut autrefois le domaine ou la religion d’un certain nombre. […] « Je crains l’homme d’un seul livre », a-t-on dit en plus d’un sens. […] Que d’autres craignent cet homme d’un seul livre : pour moi, quand c’est M. le docteur Payen, bien au contraire, je le cherche, j’aime à le voir d’abord et à le consulter ; et ce respect affectueux qu’il ressent pour l’objet de son étude, aisément lui-même il l’inspire. — M.  […] Le livre de La Boétie n’est autre chose qu’un des mille forfaits classiques qui se commettent au sortir de Tite-Live et de Plutarque, et avant qu’on ait connu le monde moderne ou même approfondi la société antique.

1679. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il a écrit sur cette question tant agitée des anciens et des modernes quelques pages qui sont des meilleures et qui terminent noblement son livre des Considérations sur l’esprit et les mœurs. […] L’ouvrage des Considérations sur l’esprit et les mœurs est bien composé ; il l’est en apparence au hasard et comme un jardin anglais ; ce sont des pensées, des analyses morales, relevées de temps en temps par des descriptions, des portraits ; animées en deux endroits par des dialogues, par des fragments de lettres : l’ensemble de la lecture est d’une variété agréable et d’un art libre que Duclos dans son livre n’a point connu. […] Parmi les morceaux les plus distingués du livre, je compte le Fragment de lettre d’une femme qui a substitué avec préméditation la vanité au sentiment, et qui, dans l’art de la vie, ne fait entrer comme principe dominant que l’amour-propre et le plaisir de briller : elle se raconte à une amie et expose son système complet de domination, son code de Machiavel. […] Ce livre me semble un des meilleurs de cette littérature de l’émigration, et il est instructif encore aujourd’hui. […] Ce livre Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution est terminé par une suite de portraits historiques (Maurepas, Turgot, Saint-Germain, Pezay, Necker, Brienne), dans lesquels il y a des traits exacts et neufs, bien de l’esprit et même du talent29.

1680. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

» Le matin, au balcon, Mlle Newton lisait de l’anglais, Le Lay du dernier ménestrel de Walter Scott, alors sous sa première forme de poète et avant le roman ; Le Voyage du pèlerin de Bunyan, « ce livre que ma mère m’a donné, et qu’elle aimait tant, qui présente une ingénieuse allégorie des progrès que peut faire un pèlerin chrétien à travers les misères humaines ; et plus on le relit, mieux on le comprend. » Elle lisait et relisait Shakespeare, c’était son livre de chaise de poste : « Bientôt je le saurai tout entier par cœur. […] On put en sourire ; pour moi, et sans me permettre ici d’opinion sur les deux autres femmes d’esprit, je ne vois rien que de simple aux raisons que se donnait Mme de Tracy pour un tel choix de sérieuses occupations et qui devaient être plus longues que la vie : J’ai organisé mon travail, et je suis décidée à traduire tout de bon le livre des Offices de saint Ambroise, dont je n’avais fait que de courts extraits. […] Et Sénèque lui-même n’a-t-il pas dit à son jeune ami Lucilius, dans un admirable langage : « Viget animus, et gaudet non multum sibi esse cum corpore ; magnam partem oneris sui posuit ; exsultat, et mihi facit controversiam de senectute : hunc ait esse florem suum… » — « Mon esprit est plein de vigueur, et il se réjouit de n’avoir plus beaucoup à faire avec le corps ; il a déposé le plus lourd de son fardeau ; il bondit de joie, et me tient toutes sortes de discours sur la vieillesse : il dit que c’est à présent sa fleur. » Je trouve dans un livre d’hier, et sur ce même sujet de l’âge, cette autre pensée juste et ferme, et si poétiquement exprimée : Me promenant, par une belle journée d’octobre, dans les jardins de la villa Pamphili, je fus frappé de la beauté merveilleuse d’un grand nombre d’arbres verts que je n’avais point aperçus durant l’été, cachés qu’ils étaient par l’épais feuillage des massifs, alors dans tout l’éclat de la végétation, maintenant dépouillés. […] Mérimée a pour devise et pour marque aux livres de sa bibliothèque : « Μέμνησο ἀπιστεῖν », « Souviens-foi de ne pas croire. » — Le mot est emprunté du plus ancien des poètes comiques, Épicharme, mais un peu détourné de son sens.

1681. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

L’état extrême où Henri a trouvé et pris en main la France à la mort de son prédécesseur, la situation désespérée d’où il l’a tirée en luttant, et la situation florissante et forte où il l’a replacée, où il l’a élevée en elle-même et dans ses relations avec l’Europe, telle est l’idée du livre de M.  […] Ce livre d’Olivier de Serres, publié en mars 1600 et qui eut cinq éditions en dix ans, a été le livre opportun et de circonstance pour les dix dernières années de Henri IV ; il a eu le même à-propos pour ces saisons de fructueux labeur que la Satyre Ménippée sur la fin des guerres civiles et au début du règne. […] Son livre donna comme le signal d’inauguration pour la période de paix ; c’était le meilleur guide pour en appliquer et en recueillir les bienfaits. […] Sur celle-ci en particulier, tout a été dit de ce qui pouvait l’être ; les défauts et les mérites du livre ont été mis en lumière avec une mesure parfaite, dans une suite d’opinions qu’il eût suffi de sténographier pour avoir un excellent modèle de discussion littéraire et historique : que d’instruction j’y ai recueillie moi-même sur un sujet que j’avais précédemment étudié !

1682. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Jeune, il avait passé ensuite plusieurs années en province, dans la solitude, à étudier, à bien lire un petit nombre de livres, à méditer surtout les écrits des géomètres, Clairaut, d’Alembert, Euler : il s’adressa une ou deux fois par lettres à l’abbé Bossut pour lui demander des conseils généraux ; mais il étudiait seul, et c’est ainsi qu’il se forma l’esprit : la géométrie, ce fut sa logique. […] J’avais supprime d’abord comme faisant longueur, mais j’ajoute ici en manière de post-scriptum mon jugement sur l’historien et sur son livre : « Ces volumes de M. de Viel-Castel, on le voit, m’ont fourni une matière qui n’est pas près de s’épuiser, et sur laquelle j’aurai assez l’occasion de revenir à propos des volumes suivants. […] Son Histoire a un peu l’inconvénient, presque inévitable, de toutes ces histoires contemporaines où l’on retrouve également, et à bien peu de différence près, l’analyse des mêmes débats parlementaires ; ce qui faisait dire à une femme d’esprit (la comtesse de Boigne) en fermant l’un de ces livres : « C’est bien, mais il me semble que je relis toujours mon Moniteur. » M. de Viel-Castel ne s’élève pas assez au-dessus de ses analyses pour envisager d’ensemble les situations et pour fixer les points de vue. […] Mais ces défauts mêmes sont des garanties, et, quand on a un peu de patience et du temps, on peut se confier aux impressions qui résulteront à la longue de la lecture d’un livre où l’estimable auteur a su apporter bien des qualités de fond, et les plus essentielles, les plus indispensables à ce témoin et rapporteur véridique qui s’appelle un historien. » 42. […] Imposé à l’Université, en qualité d’inspecteur général, dans le temps du triomphe de la Congrégation, il s’y rendit, célèbre d’emblée, et y prit ses grades par une bévue : il crut et il fit imprimer dans je ne sais quel de ses livres que Romulus, après une victoire, avait, consacré Jupiter les armes d’un certain roi Férétrius.

1683. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Car lui, qui vient de défendre de traduire les poètes, il finira par traduire en vers deux livres de l’Énéide (le IVe et le VIe), et, dans une Lettre-Préface à un ami, il donnera les raisons qu’il a eues de se contredire ainsi en apparence. […] Tout n’est pas en accord chez Du Bellay ; il y a dans son esprit et il se rencontre dans ce livre de l’Illustration bien des germes différents qui, pour peu qu’on les développât, se contrarieraient et en viendraient aux prises. […] La sortie qu’il fait contre eux est fort spirituelle, et Boileau ne s’est pas mieux moqué des faiseurs de vers latins attardés dans le xviie  siècle. — Il y aura bien toujours cette légère inconséquence que Du Bellay, qui se moquait ainsi des vers latins faits par des Français, et qui devançait dans cette voie Boileau, ne put s’empêcher toutefois de célébrer Salmon Macrin, qu’on appelait le second lyrique après Horace ; et lui-même il finit par payer son tribut au goût du siècle en donnant un livre d’Élégies latines, fort élégantes, ce nous semble, et fort agréables. […] Son livre second est tout entier consacré à cette Poétique. […] C’est ce sentiment tout romain et tout sabin qui fait la vie des six derniers livres de l’Énéide.

1684. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Une bonne cote hardie Me donna de vingt florins d’or ; Il m’en souvient moult bien encor ; en s’en tenant aux âges plus rapprochés et après que le français proprement dit se fut entièrement dégagé du roman, dès l’aurore du xvie  siècle, on trouve quelques points saillants : dans les premiers livres français imprimés (mystères, romans de chevalerie ou autres), un bon nombre le fut à Chambéry ; on rencontre archevêque à Turin Claude de Seyssel, l’historien de Louis XII et l’infatigable traducteur : il était né à Aix en Savoie. […] Loin de nous, en Savoie, en Russie, au ciel de Naples, il semblait s’être conservé exprès pour nous venir offrir, dans sa trop courte visite, à l’âge de près de soixante-seize ans, l’homme le plus moralement semblable à ses ouvrages qui se puisse voir, le seul de nos jours peut-être tout à fait semblable et fidèle par l’âme à son passé, naïf, étonné, doucement malin et souriant, bon surtout, reconnaissant et sensible jusqu’aux larmes comme dans la première fraîcheur, un auteur enfin qui ressemble d’autant plus à son livre qu’il n’a jamais songé à être un auteur. […] Je m’étais promis de ne laisser voir dans ce livre que la face riante de mon âme ; mais ce projet m’a échappé comme tant d’autres. » Chez M. de Maistre, en effet, la mélancolie n’est pas en dehors, elle ne fait par moments que se trahir. […] Il admire, comme on le peut penser, les ouvrages de son illustre frère, et, en toute tolérance, sans ombre de dogmatisme, il semble les adopter naturellement comme l’ordre d’idées le plus simple du monde ; il trouve que le plus beau livre du comte Joseph est celui de l’Église gallicane. […] Édition de Turin, 1794. — Il y eut une édition à Paris en 1796 ; on rend compte très-favorablement du livre dans le Journal de Paris du 23 mai 1796.

1685. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Voulons que le précis du présent privilège Soit écrit à la fin du livre qu’il protège ; Que l’on y fasse foi comme à l’original, Et que les gens de bien n’en disent point de mal. […] Vœu honorable, mais qui est plus de mise dans les livres que dans la pratique, même depuis qu’on croit l’avoir renouvelée ! […] Quant au point de vue extérieur et européen, ce livre d’un diplomate instruit et qui avait tenu en main quelques-uns des premiers fils, commençait pour la première fois en France à tirer un coin du voile que les Mémoires d’un Homme d’État ont, bien plus tard, soulevé par l’autre côté. […] Cependant la ruine de ma fortune me rendait le travail indispensable ; je me décidai à écrire cet ouvrage ; et, pour me conserver la vue, ma femme, votre tendre et vertueuse mère, … élevée dans toutes les délicatesses du grand monde, âgée de soixante ans, presque toujours souffrante, … me servant de secrétaire avec une constance et une patience inimitables, a écrit de sa main, d’abord toutes les notes qui m’ont servi à rédiger, et ensuite tout ce livre : ainsi toute cette Histoire universelle a été tracée par sa main… » Cette Histoire universelle qui aboutissait à la fin du Bas-Empire avait pour suite naturelle une Histoire de France, et M. de Ségur se décida à l’entreprendre : il l’a poussée jusqu’au règne de Louis XI inclusivement. […] Ces pages agréables et sensibles de la Galerie eurent leur récompense que les livres de morale n’obtiennent pas toujours.

1686. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Utilisant avec son esprit aigu une érudition superficielle, mais étendue, il discute l’authenticité, la véracité des écrits révélés, l’exactitude des vulgates orthodoxes ; il fait de la philologie, de l’histoire ; et sa conclusion est que, quand les livres saints ne seraient ni apocryphes, ni menteurs, ni falsifiés, ils devraient être rejetés comme immoraux et absurdes : la révélation est écartée, attendu que de pareilles fables répugnent à l’idée que la saine raison doit se faire de Dieu. […] C’est l’occasion pour lui d’écrire un Traité sur la Tolérance (1763) : mais ce livre même n’est qu’un moyen de frapper l’opinion et les juges. […] Ces affaires lui ont révélé les vices de la procédure judiciaire, l’abus absurde et féroce de la question550 : elles le mènent à réclamer la réforme de l’administration de la justice, et il écrit (1766) Je commentaire du livre des Délits et des peines que l’Italien Beccaria avait publié. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ». […] Le chev. de Chastellux avait publié en 1772 un livre de la Félicité publique (2e éd., 1776).

1687. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Ma remarque pourra paraître minutieuse, mais ce n’est pas une petite chose pour un poète de savoir donner à son héroïne un nom qui aille à son caractère comme une guirlande à son front. « S’il te naît une fille, — disent les livres sacrés de l’Inde, — donne-lui un nom doux, facile à prononcer, et qui résonne harmonieusement à l’oreille. » Molière, Shakespeare, et tous les grands poètes ont suivi, sans le savoir, le conseil des brahmes ; Shakespeare surtout, qui, pour parer ses filles de prédilection, va cueillir on ne sait où, dans la lune, sur les nuées, des noms inouïs, éthérés, célestes, des auréoles de pudeur, des étoiles de couronnement. […] — comme disent les frontispices des petits livres galants du dix-huitième siècle. […] Les pièces ont leurs fortunes comme les livres. […] Elle est sortie, mais comme un serpent sortirait d’un œuf de tourterelle, d’un beau livre de M.  […] Le héros du livre, séduit un moment par la fortune, revenait bien vite demander à la pauvreté ses inspirations et ses rêves ; il se pervertit dans la pièce ; il s’endurcit, il se déshonore ; et vous allez voir dans quels excès et dans quelles ignominies vraiment incroyables il va s’enfoncer.

1688. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

On ne lit plus les livres de Mlle de Scudéry, mais on la cite encore ; elle sert à désigner un genre littéraire, une mode de bel esprit à une heure célèbre : c’est une médaille qui a fini presque par passer en circulation et par devenir une monnaie. […] Encore une fois, voilà de la raison, et il y en a beaucoup dans les livres de Mlle de Scudéry, mêlée, il est vrai, à beaucoup trop de raisonnement et de dissertation, et aussi noyée dans ce qui nous semble aujourd’hui des extravagances romanesques. […] Et on se met d’examiner ce que doit être une conversation pour être agréable et digne d’une compagnie d’honnêtes gens ; et, pour cela, elle ne doit être ni trop limitée aux sujets de famille et domestiques, ni tournée aux sujets purement futiles et de toilette, comme il arrive si souvent aux femmes entre elles : « N’êtes-vous pas contrainte d’avouer, remarque un des interlocuteurs de Mlle de Scudéry, que qui écrirait tout ce que disent quinze ou vingt femmes ensemble, ferait le plus mauvais livre du monde ?  […] elle avait besoin de vendre ses livres, de les voir placés sous d’illustres patronages. […] Cousin y a réussi sans peine, mais comme on n’avait pas eu l’idée ni la patience de le vérifier à ce degré avant lui, on s’assure que Mlle de Scudéry qui faisait flèche de tout bois, avait reçu de l’hôtel de Condé des documents que, moyennant un déguisement léger, elle introduisit au long dans son livre ; la bataille de Rocroi, celle de Lens, le siège de Dunkerque sous le nom de siège de Cumes, y sont décrits avec toutes leurs particularités ; elle imprima ses notes et pièces toutes vives : cela flattait les Condés, et cela lui épargnait à elle-même des frais d’invention, cela faisait de la copie pour l’imprimeur, sorte de considération qu’il ne faut jamais oublier quand on parle de Mlle de Scudéry.

1689. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Ses livres sur l’Allemagne, Lutèce, les Dieux en exil n’ont pas de développements inopportuns et sont composés en partie avec la sobriété et la proportion des proses classiques. […] Son œuvre s’en ressentit ; l’instabilité émotionnelle de l’auteur se marque dans tout ce qu’elle présente de divers et de violemment heurté, dans son entier, dans chaque livre, dans presque chaque pièce. […] Quant à toi, je serais désolé que tu m’approuvasses de m’être fait baptiser. » Ailleurs, il se promet d’écrire un livre sur la grandeur de la nation juive ; il compose une nouvelle, détruite plus tard en partie, qui roule sur les persécutions des Juifs au Moyen-Âge. […] « Pour moi, écrit-il dans son livre contre Bœrne, en 1840, les mots juif et chrétien sont synonymes et me servent à désigner non des croyances, mais des humeurs semblables ; je les oppose au mot hellène, par lequel non plus je n’entends un peuple mais une tendance, une façon de penser, innée ou acquise. […] Ses derniers livres sont écrits par un artiste, dont le corps inférieur seul se décompose.

1690. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Cette caresse et cette subtilité auxquelles on ne s’attend plus si l’on a vu trop de visages et lu trop de livres brillent et raisonnent dans la nuit de ma fatigue comme des lueurs persuasives et de câlins accents auxquels le pire des entêtements ne peut se dérober. […] Le livre de Colette, racontant l’éducation sensuelle et sentimentale de Claudine, publié en 1900 par Ollendorf sous le nom de son mari Willy, eut un grand succès. […] Le livre a eu un très important retentissement au moment de sa parution et a reçu le prix Goncourt en 1916. […] Fernand Vandérem, dans Le Miroir des lettres, résume en 1919 la polémique dont le livre a été l’objet : « On l’accusa de faire le jeu de l’ennemi. […] Adversaires et partisans se disputaient cependant le livre qui atteignit ainsi près du trois centième mille. », Fernand Vandérem, Le Miroir des lettres, 2e série (1919), op. cit.

1691. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

L’Index va frapper son livre d’interdiction, et il part à Rome pour le défendre, ne doutant pas un seul instant de son triomphe auprès du pape « dont il était convaincu d’avoir exprimé simplement les idées95. » Mais la désillusion commence aussitôt pour lui, plus vive encore qu’à Lourdes. […] Cependant il n’a pas perdu l’espoir de persuader Léon XIII et d’empêcher la condamnation de son livre. […] Guinaudeau, en un livre tout récent, d’une extrême valeur à tous les points de vue : L’Abbé Paul Allain. […] … »‌ Je regrette d’avoir du réduire à la pauvreté incolore d’une analyse ce livre admirable. […] Ce simple livre, dans la modestie de ses trois cent quinze pages, du fait même de sa simplicité et de sa vérité, de la vie profonde qui l’anime, de l’absence d’intentions étrangères au sujet est l’un des plus formidables réquisitoires qui ait été dressé par la main de l’homme contre le sacerdoce catholique.

1692. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

Ses livres n’existent pas l’un à côté de l’autre, mais ils s’engendrent mutuellement et se soutiennent par une même idée. […] C’est devant lui qu’il vient s’étendre dans la dernière partie de son dernier livre.

1693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

[La Vie et les Livres, 2e série (1895).] […] Sa fin prématurée, d’ailleurs, vient, témoigner pour lui-même, et aujourd’hui je puis penser qu’après tout j’ai pu mal le comprendre… Toute l’œuvre de Rodenbach atteste sa préoccupation de mourir jeune et la crainte de ne rien laisser de sa vie et de ses émotions. « Seigneur, s’écriait-il déjà aux pages de la Jeunesse blanche, donnez-moi cet espoir de revivre Dans la mélancolique éternité du livre. » [Mercure de France (1898).]

1694. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Mais son ivresse est d’un lettré farci de littérature — s’il était le strict « naturiste » qu’il dit, à quoi bon transposer en des livres son émotion — et il n’est pas sans charme de retrouver en lui, par les réminiscences qui s’y font jour, un culte tacite et éclectique pour les poètes et les penseurs les plus divers ; Denis Diderot, Michelet et Hugo lui enseignèrent à construire les phrases désordonnées seulement en apparence ; Emerson et Carlyle inspirèrent son louable amour pour les paysans et les héros ; il n’ignore ni le Barrès du Jardin de Bérénice, ni le Taine de la Littérature anglaise, et quand il écrit : « Des liserons sonnent et un coq luit » ou qu’il appelle les abeilles « les petites splendeurs des campagnes », je ne sais pas oublier les métaphores chères au magnifique Saint-Pol-Roux. […] Jean Viollis Saint-Georges de Bouhélier nous donne son premier livre de vers.

1695. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

Helvétius, que vous avez longtemps vécu de ses bienfaits ; qu’en reconnoissance vous avez fait, pour lui plaire, un Livre d’athéisme, qu’il n’a pu lire, & ensuite rimé des ordures que vous lui disiez être votre véritable genre ; qu’après cela vous écrivîtes des Libelles contre des gens qu’il estimoit, qu’il vous chassa de chez lui, en continuant cependant de vous faire l’aumône . […] Helvétius, c’est pour reconnoître ses bienfaits, que j’ai composé un Livre d’athéisme & rimé des ordures.

1696. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Les difficultez ne se presentent pas si souvent, quand on ne veut que rimer richement, et l’on s’aide encore pour les surmonter, d’un dictionaire de rimes le livre favori des rimeurs séveres. Quoi qu’ils en disent, ils ont tous ce livre dans leur arriere cabinet.

1697. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Les livres de parti et les poëmes écrits sur des évenemens récens n’ont qu’une vogue, laquelle s’évanoüit bien-tôt quand ils doivent tout leur succès aux conjonctures où ils sont publiez. […] On fait encore aujourd’hui plus de cas de la satyre Menippée, des lettres au provincial, et de quelques autres livres de ce genre, qu’on en faisoit un an après la premiere édition de ces écrits.

1698. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Sans doute il mérite cet éloge, mais dans un autre sens, comme on le verra dans ce livre. […] Ces mœurs sauvages et grossières, fières et farouches, ces caractères déraisonnables et déraisonnablement obstinés, quoique souvent d’une mobilité et d’une légèreté puériles, ne pouvaient appartenir, comme nous l’avons démontré (livre II, Corollaires de la nature héroïque), qu’à des hommes faibles d’esprit comme des enfants, doués d’une imagination vive comme celle des femmes, emportés dans leurs passions comme les jeunes gens les plus violents.

1699. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Et l’on voit des soldats, tout glorieux d’avoir conquis une livre de chocolat. […] Quatre ou cinq jeunes ambulanciers mangent dans des gamelles, au milieu de livres. […] Ces livres pour moi sont des plus curieux : ce sont des analyses de l’inassouvissement, — la maladie de l’intelligence du temps. […] Il y aurait peut-être une forme originale pour ce livre. […] En fiacre, il me parle de son livre ; de toutes les épreuves qu’il fait subir au solitaire de la Thébaïde, et dont il sort victorieux.

1700. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

. —  Encore un mot : là-bas, au milieu de l’assemblée, regardez ce livre doré, magnifique, royalement posé sur un coussin de velours. […] Il a écrit là-dessus un livre entier, sorte de pamphlet moral et demi-politique, le Livre des Snobs. […] On trouve des choses pareilles dans les livres dorés, à couvertures historiées, qu’on donne pour étrennes aux enfants. […] Sir Pitt, père de Rawdon, se jette à ses pieds, muni de cent mille livres de rentes, et s’offre pour mari. […] Mais le chef-d’œuvre du livre est le caractère d’Esmond.

1701. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Livres X et XI, passim. […] Livre X, chap. 7. […] vi, § 1 ; livre III, chap.  […] Nouveaux essais sur l’entendement humain (1703), livre III, chap.  […] Dans la seconde partie (livre I, ch. 

1702. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Ils tenaient plus souvent la coupe du buveur que le livre du disciple. […] Caton était le chef de cette école à Rome ; les ennemis et les assassins de César n’étaient que des philosophes qui avaient changé le livre contre le poignard ; Horace brûlait alors de républicanisme par amour pour l’idéal antique des honnêtes gens. […] De plus il était pauvre, il avait le goût du luxe et du plaisir ; il lui fallait grossir (il l’avoue lui-même) son modique revenu par le prix de ses vers ; le public de Rome, comme celui de Paris, achetait avec plus de faveur les livres d’opposition que les livres dictés par les triumvirs ; l’ami de Mécène et d’Auguste commença donc par être le poète badin de l’opposition républicaine. […] C’est dans l’épode seizième du premier livre des Épodes. […] Quand me sera-t-il donné, tantôt en relisant les livres des anciens, tantôt en m’assoupissant dans de faciles sommeils, tantôt en m’abandonnant à la molle paresse des heures qui ne doivent rien à la vie, de prolonger les doux oublis d’une existence autrefois si agitée !

1703. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Cependant un livre unique, échappé aux incendies, aux débordements, aux sépulcres de l’Égypte, soulève un coin de ce voile jeté sur le front de l’Isis égyptienne, et révèle une partie des mystères de la philosophie primitive. […] XVII Ce livre est l’Hermès ou Mercure Trismégiste. Saint Augustin dans son livre de la Cité de Dieu, Voltaire dans ses recherches philosophiques, Scaliger lui-même, n’hésitent pas à reconnaître dans ce livre la main d’un sage Égyptien. Les deux philosophes grecs, Timée et Pythagore, qui avaient voyagé aussi en Égypte, ont dans leurs doctrines les mêmes analogies avec les dogmes de ce livre. […] Après ce troisième dialogue, il faudrait fermer le livre, car il n’y a plus que le rhéteur une fois que le sage est mort.

1704. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Sa fameuse récolte de 1811, sagement serrée, lentement vendue, lui avait rapporté plus de deux cent quarante mille livres. […] Quoiqu’elle n’eût que soixante livres de gages, elle passait pour une des plus riches servantes de Saumur. Ces soixante livres, accumulées depuis trente-cinq ans, lui avaient permis de placer récemment quatre mille livres en viager chez maître Cruchot. […] Je te rendrai six mille francs en livres, et tu vas les placer comme je vais te le dire. […] ça pèse deux livres.

1705. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Il n’y a là rien à faire pour la science, qui part du doute sans savoir où elle arrivera et se livre pieds et mains liés à la critique qui la mène où elle veut. […] Un esprit s’exprime tout entier à la fois ; il est dans vingt pages comme dans tout un livre ; dans un livre comme dans une collection d’oeuvres complètes. […] Mais il y a une position intellectuelle, susceptible d’être exprimée en un livre, non en une phrase, qui est à elle seule une religion ; il y a une façon religieuse de prendre les choses, et cette façon est la mienne. […] Tous les commentaires des livres sacrés se ressemblent, depuis ceux de Manou jusqu’à ceux de la Bible, jusqu’à ceux du Coran. […] … Plusieurs en lisant ce livre s’étonneront peut-être de mes fréquents appels à l’avenir.

1706. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Je n’ai pas à continuer l’analyse du roman de Marianne : c’est un de ces livres que le lecteur, pas plus que l’auteur, n’est pressé d’achever ; il s’y sent un manque de passion qui désintéresse au fond et qui refroidit. […] Ce paysan est né observateur et moraliste : il lit à livre ouvert les physionomies et les visages : « Ce talent, dit-il, de lire dans l’esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un don que j’ai toujours eu, et qui m’a quelquefois bien servi. » L’auteur, en faisant faire à son personnage un chemin si rapide à la faveur de sa jolie figure, a échappé à un écueil sur lequel tout autre romancier aurait donné ; il lui a laissé de l’honnêteté et s’est arrêté à temps avant la licence. […] On parle du livre que celui-ci vient de faire paraître ; il en demande son avis à l’officier, qui lui répond d’abord : « Je ne suis guère en état d’en juger ; ce n’est pas un livre fait pour moi, je suis trop vieux », donnant à entendre qu’en vieillissant, le goût, comme le palais, devient plus difficile.

1707. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

En se rapprochant donc tant qu’il le peut de Barneveld, qui est au fond l’oracle des Pays-Bas et « celui qui conduit la barque comme il lui plaît », Jeannin ne se livre pas à lui : mais il a soin « de s’avancer plus ou moins du côté de la paix ou de la guerre suivant les occurrences ». […] On sait que ce fut d’après son examen et son rapport au Conseil privé que la seconde édition du livre De la sagesse de Charron, l’édition de Paris (1604), pût être mise en vente, moyennant quelques corrections qu’il y fit, et se débiter librement : « Ce ne sont des livres pour le commun du monde, disait-il à l’adresse de ceux qui en parlaient en critiques, mais il n’appartient qu’aux plus forts et relevés esprits d’en faire jugement ; ce sont vraiment livres d’État. » Pendant son séjour en Hollande, il avait tout fait pour se rendre utile à notre compatriote le célèbre et docte Scaliger (M. de L’Escalle, comme il l’appelait), qui vivait à Leyde et touchait à la fin de sa carrière.

1708. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Henri Estienne et Amyot, eux, gens du métier, lisaient Homère à livre ouvert quand ils le voulaient, et leur belle et bonne langue en a profité comme de toute la Grèce ; Amyot même a cela de particulier que, sans le savoir, il a donné un air homérique à Plutarque, et il le fait parler un peu comme Nestor. […] Gandar discute au long le projet de La Franciade, ce poème épique inachevé dont on n’a que les quatre premiers livres, et qui expira faute d’encouragement et aussi de verve. […] Ç’a été l’opinion de deux grands savants de delà les monts, Sperone et Castelvelro, dont le dernier, comme vous avez pu voir dans les livres que je vous ai envoyés, le compare et le préfère à son adversaire Caro dans la plus belle chose et de plus de réputation qu’il ait jamais faite, et le premier le loue ex professo dans une élégie latine qu’il fit incontinent après la publication de ses odes pindariques. […] Cet homme, cloué là et se rongeant les ongles, le nez sur les livres latins, arrachant des griffes et des dents les lambeaux de l’antiquité, rimait le jour, la nuit, sans lâcher prise… M. 

1709. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Le chapitre d’Abauzit est un des meilleurs du livre de M.  […] Jeunes, ils ont lu tous les livres, ils ont vu tous les pays, exploré toutes les éruditions, embrassé tous les systèmes ; ils savent tout ce qui se peut savoir et d’Allemagne, et de Grèce, et de France (cela va sans dire) ; ce sont des Français nés plus graves, qui ont beaucoup vu de bonne heure et qui se sont recueillis. […] [NdA] On peut lire pourtant encore une Lettre à une dame de Dijon touchant les dogmes de l’Église romaine, où il y a bien des choses justes et fines : comme on oppose toujours aux protestants l’Exposition de la foi catholique, par Bossuet, Abauzit fait très bien remarquer que ce livre si vanté, auquel on renvoie toujours et qui fut publié dans des circonstances et dans des vues qu’on n’ignore pas, « est moins une exposition qu’un adoucissement de la foi catholique », que l’on s’efforce de rapprocher de la protestante : « Ainsi le livre de M. de Meaux ne nous regarde pas, mais il est excellent pour son Église qui devrait en profiter ; et ce n’est pas tant une apologie dans les formes que des excuses qu’il nous fait.

1710. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M.  […] Les différents pas qu’on fit dans la voie négative et de résistance pure et simple à l’anarchie sont très bien marqués dans le livre de M.  […] Et, ici encore, je n’ai point de parti pris, je ne suis qu’un observateur et un littérateur jugeant d’un livre d’histoire moderne, d’histoire contemporaine, et complétant mon idée des personnages par les traits mêmes qu’on me fournit. […] Guizot nous le livre « dans l’abondance un peu précipitée de sa conservation », tâtonnant un peu, et, ce qui est fâcheux pour un roi, tâtonnant devant tous, n’ayant pas de précision dans le premier coup d’œil : « L’esprit du roi, lui dit un jour M. 

1711. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

De l’Époque, après le naufrage, il fut recueilli au journal la Presse, et, dès lors, on le vit un peu partout ; romans, nouvelles, feuilletons de théâtre, articles de critique, il ne se refusa rien : Le principal étant de vivre, Fidèle au : « Tel père, tel fils », Ma ressource devint le livre ; Mon père en vendait, — moi, j’en fis. […] Il ne pouvait souffrir un livre relié, et, dès qu’il en tenait un, il lui cassait le dos. […] Le goût des livres et de l’érudition semble vouloir prendre le dessus en lui avec les années ; c’est bon signe : qu’il ait un jour le plat du milieu, le livre solide et de résistance, tous ses hors-d’œuvre y gagneront19.

1712. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il ne faut pas omettre qu’il laisse 800 livres à Port-Royal. […] A quoi il ajoute qu’il supplie très-humblement la Mère Abbesse et les Religieuses de vouloir bien lui accorder cet honneur, quoiqu’il s’en reconnaisse, dit-il, très-indigne et par les scandales de sa vie passée et par le peu d’usage qu’il a fait de l’excellente éducation qu’il a reçue autrefois dans cette maison, et des grands exemples de piété et de pénitence qu’il y a vus, et dont il avoue n’avoir été qu’un stérile admirateur ; mais que plus il a offensé Dieu, plus il a besoin des prières d’une si sainte Communauté, qu’il supplie aussi de vouloir bien accepter une somme de 800 livres qu’il a ordonné (par le même acte olographe du 10 octobre 1698) qu’on lui donnât après sa mort. […] Renaudot y a bien mis au vrai le caractère de son ami : il s’est mépris seulement à la qualité de gentilhomme ordinaire, car le défunt ne l’était pas de la maison, charge d’environ quinze mille livres, mais de la Chambre, ce qui vaut cinquante mille livres.

1713. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Le maréchal Ney, auquel il s’adressa ensuite, eut l’honneur le premier de le comprendre, de l’accueillir ; non seulement il lui avança des fonds pour l’impression de son livre, mais il lui offrit de l’emmener au camp de Boulogne comme volontaire, lui promettant de le faire nommer plus tard son aide de camp. […] Ce n’est pas nos… de professeurs de Brienne qui nous auraient, dit mot de cela. » Puis, après avoir écouté encore,, tout d’un coup interrompant et prenant feu : « Mais comment Fouché laisse-t-il imprimer de pareils livres ? […] Il faut faire saisir l’ouvrage. » Maret eut quelque peine à l’apaiser et à lui montrer qu’une défense, loin d’étouffer le livre, éveillerait, au contraire, l’attention. […] N’oublions pas que Jomini en 1803, quand il composait son livre, était dans la verve et le feu de l’âge ; il avait vingt-quatre ans ; il était enthousiaste ; il était et il allait être de plus en plus, comme il l’a dit, « sous l’impression brûlante de la méthode rapide et impétueuse » de Napoléon.

1714. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Ils vont faire de la philosophie la matière de tous les livres, la préoccupation de tous les esprits. […] Les livres d’Helvétius532 et de l’abbé Raynal533 sont des œuvres mortes : ils n’eurent jamais qu’une valeur extrinsèque, qu’ils empruntèrent aux passions de parti. […] Raynal est au-dessous d’Helvétius : il a fait un livre à tiroirs, d’où s’échappent à tous propos toutes sortes de déclamations contre Dieu, la religion et le gouvernement ; il invitait ses amis à lui en apporter, et Diderot s’est fait son fournisseur. […] Négation de la métaphysique, souveraineté des lois physiques, déterminisme, évolution, progrès, nécessité et efficacité de l’expérience, réduction de la conscience morale à une disposition organique héréditaire que modifient les habitudes et les sensations, en théorie poursuite de la jouissance, en pratique accomplissement du bien : voilà les principales idées que met en lumière la forte unité du fameux livre de d’Holbach.

1715. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

On ne voulait plus me donner de livres : je n’en avais que de piété, et des voyages que j’avais lus mille fois. […] À une question qui lui fut faite sur un piano qui était dans la chambre et qu’on supposait pouvoir la distraire : « Non, monsieur, répondit-elle, ce piano n’est pas à moi, c’est celui de la reine ; je n’y ai pas touché, et je n’y toucherai pas. » À une autre question sur sa bibliothèque, qui se composait de l’Imitation de Jésus-Christ et de quelques livres de piété, et qui était peut-être insuffisante pour la désennuyer : « Non, monsieur, répondit-elle encore ; ces livres sont précisément les seuls qui conviennent à ma situation. » Ce moment qui s’écoula entre le 9 Thermidor et la délivrance de la princesse aux derniers jours de l’année 1795, fut celui où toute une littérature royaliste essaya d’éclore autour d’elle. […] Elle était instruite, dans le genre d’instruction de Louis XVI ; elle lisait des livres d’histoire, de voyages, de morale, de religion.

1716. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

La jeune fille et le ramier Les rumeurs du jardin disent qu’il va pleuvoir ; Tout tressaille, averti de la prochaine ondée ; Et toi, qui ne lis plus, sur ton livre accoudée, Plains-tu l’absent aimé qui ne pourra te voir ? […] — « Moi seule, a dit l’Étude ; J’ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours. » — Les livres ont dès lors peuplé ma solitude, Et j’appris que tout pleure, et je pleurai toujours. […] Lisant à livre ouvert où d’autres épelaient.

1717. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. […] Tout cela est bien long pour dire qu’ayant parlé l’autre fois de quelque ouvrage assez peu grave nous avons à donner aujourd’hui un mot sur une œuvre de patriotisme et de piété, et pour demander pardon d’être la même plume qui passe d’un Casanova au livre des Pèlerins polonais… « Moi, disait Diderot, mon métier est celui de critique, métier comme celui d’homme d’affaires, d’avoué, d’avocat consultant et plaidant, de médecin. J’ai des clients dont je suis les affaires, les tableaux, les livres : il me vient plus d’affaires que je n’en puis plaider.

1718. (1890) L’avenir de la science « VI »

Les livres sérieux et les études paraissent ainsi n’avoir de sens qu’en vue de l’éducation, tandis que l’éducation ne devrait être qu’une des moindres applications de la science. […] En effet, il serait, je crois difficile de trouver chez nous un philologue qui n’appartienne de quelque manière à l’enseignement et un livre philologique qui ne se rapporte à l’usage des classes ou à tout autre but universitaire. […] Comparez sa Rhétorique aux rhétoriques modernes qui n’en sont pourtant au fond que la reproduction affaiblie, vous aurez, d’une part, un ouvrage original, quoique d’une forme bizarre, une analyse vraie, quoique un peu vaine, d’une des faces de l’esprit humain ; de l’autre, des livres profondément insignifiants, et parfaitement inutiles en dehors du collège.

1719. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Il y a au pied de cette colonne deux autres pharisiens à terre, l’un prêtant l’oreille, et l’autre vérifiant dans le livre saint les citations du petit quaker. à gauche, un groupe de prêtres assis, et au-dessus de ceux-ci, sur le fond, une femme, et peut-être Anne, la diseuse de bonne aventure, avec un pharisien debout. […] Le crime rend égaux ceux qu’il associe… " en dépit de la sublimité de l’idée, à ce sifflement aigu de syllabes rheni medüs… etc, à ce rauque croassement de grenouilles, quos inquinat, oequat, je me bouche les oreilles et je jette le livre. […] Voilà ce que les grands génies ont exécuté d’instinct, et ce qu’aucun de nos feseurs de poétique n’a vu ; et que Dieu les bénisse. à nos peintres : certes, messieurs, l’idée qu’on prend de l’ange du livre de la sagesse n’est pas celle de vos petites têtes jouflues et soufflant des bouteilles, dont vous garnissez vos petits tableaux, que je dis petits parce qu’ils seraient toujours petits, quand ils auraient cinquante pieds de long.

1720. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Dans la troisiéme de ces scénes, Andromaque qui entend un bruit de guerre qui annonce la proclamation de son fils Astianax, se livre aux sentimens convenables à son caractere. […] Les étrangers nous diront eux-mêmes que ce sont nos poëmes et nos livres, qui plus qu’aucun autre évenement ont contribué à donner à la langue dans laquelle ils sont écrits un si grand cours, qu’elle a presque ôté à la langue latine l’avantage d’être cette langue que les nations apprennent par une convention tacite pour se pouvoir entendre. […] L’abbé Gravina a fait une pareille plainte pour la langue italienne dans son livre sur la tragédie.

1721. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

C’est même la raison, par parenthèse, qui m’a toujours empêché de croire qu’eût-il vécu plus longtemps et n’eût-il pas eu dans le cœur le néant de tout, qui empêche de rien achever, Pascal eût pu élever à la religion le monument que l’on regrette, non que l’ordonnance d’un beau livre ne fût dans les puissances de ce grand esprit de déduction et de géométrie, mais la peur fait trembler la main et dérange les combinaisons de l’artiste, tandis que la terreur, tout le temps qu’elle ne vous glace pas, fait pousser le cri pathétique ; et le cri pathétique chez l’écrivain, c’est l’expression ! […] Dans ce livre qui saigne, ce n’est pas la pensée qui domine, c’est le pathétique ! […] Le jansénisme s’en est allé en fumée avec les autres poussières d’un siècle écroulé, et, jusqu’en ce beau livre des Pensées, il s’est trouvé de vastes places qui maintenant font trou dans le reste, comme dans un tableau écaillé.

1722. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Entre son recueil du Roitelet, qui attira mon regard avec tant de magnétisme et de frémissement de plaisir, et la publication du livre que voici, il y a plus de dix ans ! […] de l’homme troublé à l’homme qui le trouble, je n’aime point ce titre, qui est trop long et semble embarrassé… Jules de Gères a le droit d’avoir de l’aplomb, et il n’y a que les trembles, si c’était leur métier, à ces arbres frissonnants, de faire des livres, qui pourraient les intituler comme cela ! […] Et vous le voyez parle livre de Gères, il y a des sociétés de sonnettistes, comme il y a des compagnons du tour de France et des francs-maçons !

1723. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

On va au livre qui porte un pareil titre, et comment ne pas y aller ? […] … Le nom, ce nom fascinateur d’Alfred de Musset, de ce poète qui fut toutes nos âmes et toutes nos jeunesses, devait nécessairement nous attirer vers le livre qui promettait sa vie et par quelque main qu’il fût écrit. […] Le livre, sur le titre seul, était levé, comme ils disent galamment, les éditeurs, dans leur langage si drôlement aérien, et comme s’ils parlaient, ma foi !

1724. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Nous avons cru deviner, quand nous rendîmes compte des Lettres parisiennes 7, la cause du retard de ce volume de poésies qui aurait dû, selon les us et coutumes de la librairie, être publié le premier, puisqu’il fut chronologiquement le premier livre de Mme de Girardin. […] Au milieu des livres qu’elle écrivit et qu’on ne lit déjà plus, un seul fut un chef-d’œuvre et restera, et justement parce qu’il n’est pas un livre, parce qu’au contraire il est (heureusement !)

1725. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Enfin, cet ouvrage éloquent est terminé par un morceau plein de la sensibilité la plus tendre sur la mort de M. de Vauvenargues, capitaine au régiment du roi, et auteur de l’excellent livre de l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain. Ce livre, où les idées morales sont souvent profondes, où l’expression est quelquefois négligée, mais vigoureuse, où l’on voit partout une âme pleine d’humanité jointe à un caractère plein de force, peut à plusieurs égards être comparé à nos meilleurs livres de morale.

1726. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

., le reste, c’est-à-dire la grande partie du livre, n’est à beaucoup près ni de cette force ni de cet intérêt. […] Longchamp et Wagnière, qui sûrement, quand ils écrivaient leurs notes, ne savaient prévoir de si loin ni notre malheur ni la bonne fortune de leur livre.

1727. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Il faut lire le livre, il faut voir la mise en œuvre, avec quel art subtil et sûr toute l’histoire est conduite, et comment, dès les premières pages, M.  […] Je tiens donc son livre pour excellent.

1728. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner. […] Son petit livre vivra, en dépit des compilations hypocrites qui voudraient le rabaisser au second rang.

1729. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Aussi son livre ne fit point fortune. […] Il eut desiré ne pas être des académies, n’avoir jamais fait ni livres ni enfans.

1730. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

Techener a fait, à sa manière, des Petits traités un livre de chevet. […] Les œuvres dénuées de grâce ne durent pas, — et, comme les ossements arides ne se lèvent que sous le souffle des prophètes, toutes les préfaces de Sacy ne feront pas trouver de saveur dans un moraliste comme Nicole à la génération qui a eu le bonheur de lire Joubert, — un délicieux livre à réimprimer, par parenthèse, et que Techener ne réimprime pas.

1731. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

La vanité des nations, dont chacune veut être la plus ancienne de toutes, nous ôte l’espoir de trouver les principes de la Science nouvelle dans les écrits des philologues ; la vanité des savants, qui veulent que leurs sciences favorites aient été portées à leur perfection dès le commencement du monde, nous empêche de les chercher dans les ouvrages des philosophes ; nous suivrons donc ces recherches, comme s’il n’existait point de livres. […] Ce sont nouvelles de voyageurs, qui, pour faciliter le débit de leurs livres, les remplissent de récits monstrueux.

1732. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Addition au second livre. […] Mais selon une autre tradition Pénélope, se livre à eux, comme Pasiphaé à son taureau (les plébéiens obtiennent le privilège des mariages solennels), et de ces unions criminelles résultent des monstres, tels que Pan et le Minotaure.

1733. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce tigre, n’ayant point de lumière, fait du feu de mes papiers et de mes livres, après en avoir arraché les couvertures, parce qu’elles étaient dorées et armoriées ; car j’avais fait relier fort curieusement mes meilleurs livres en partant de Paris ; il n’en resta pas un. […] C’était une affaire que d’acheter une poignée de grain et une livre de viande ; j’essuyais dans mon four toutes les injures du temps, comme en rase campagne. […] J’emportai avec moi cent mille livres en pierreries et huit cents pistoles en or, avec le peu de hardes qui m’étaient restées. […] On lui fit pourtant grâce de quelque chose, et il en fut quitte pour dix mille huit cents livres. […] Les bijoux de cette princesse montent à quarante mille tomans, qui font dix-huit cent mille livres.

1734. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Les sites en fleurs et luxuriants de ses livres ondulent désormais parmi l’imagination des poètes. […] On ignore ses théories, les raisons profondes qui le guident, on ignore ses commentaires, ses livres de critique qui sont des chefs-d’œuvre de netteté, de dialectique et de finesse. […] L’action de ses livres s’interrompt régulièrement, et ce sont alors de fortes prosopopées qui évoquent le milieu dans lequel elles se passent. […] Émile Zola a donné aux arbres, à la lumière, aux vents et aux parfums une place véritable dans l’action de ses livres. […] Et les premières pages de ce livre nous apparaissent, en vérité, d’une grandeur sacrée.

1735. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Je souhaite, en finissant, que l’aveu sincère de mes prédilections et de mes regrets n’arrête pas le lecteur au seuil de mon livre. […] Quelle que soit d’ailleurs la destinée de ce livre, qu’il mérite ou non le succès inespéré de mon premier recueil, il sera le dernier d’ici à quelques années. […] Des trois livres qui composent ce premier recueil, le Livre mystique est le plus remarquable, sans contredit. […] De leur côté, les Chants du Crépuscule, les Voix intérieures, les Rayons et les Ombres furent accueillis tour à tour avec un mélange d’éloges chaleureux décernés, comme d’habitude, aux parties sentimentales de ces beaux livres, et de reproches adressés à celles où l’émotion intellectuelle l’emportait sur l’impression cordiale. […] Un immense succès accueillit ce livre puissant, sorte d’encyclopédie où les questions sociales, la psychologie, l’histoire, la politique, concourent au développement de la fable romanesque et s’y mêlent en l’interrompant par de fréquentes digressions et de formidables évocations.

1736. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — Rousseau, Confessions, première partie, livre V. — Ce sont là justement les principes enseignés par M. de Tavel à Mme de Warens. […] Confessions , Livre I, I, et fin du Ve livre. — Première lettre à M. de Malesherbes. « Je connais mes grands défauts, et je sens vivement tous mes vices. […] Émile, livre I, et Lettre à M. de Beaumont, passim. […] Nouvelle Héloïse, 2e partie, Lettre de Saint-Preux sur Paris, et Émile, fin du livre IV. […] Émile, livre IV.

1737. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Les livres de Crémutius furent condamnés au feu ; sa fille les conserva. […] (Livre I, chap.  […] « Il est (livre I, chap.  […] A ce prix, je ne voudrais pas même être aimé. » (Livre I, chap.  […] « 0 Jupiter (livre I, chap. 

1738. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

D’autre part, la soûdivision de l’académicien n’est ni ne peut être grammaticale, & elle devoit l’être dans son livre. […] Si elle est morte, on ne peut que conjecturer ; on est réduit à une portion bornée de témoignages consignés dans les livres du meilleur siecle. […] Je remarquerai seulement ici que dans tous les livres qui traitent des élémens de la langue latine, l’hellénisme y est mis au nombre des figures de construction propres à cette langue. […] C’est sous ce point de vûe que les hellénismes sont envisagés & traités dans le livre intitulé, Francisci Vigeri Rothomagensis de praecipuis graecae dictionis idiotismis libellus. […] « Je ne crois pas, … quoi qu’en disent les commentateurs d’Horace, qu’il y ait une hypallage dans ces vers de l’ode XVII. du livre I.

1739. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Comment tout démêler, tout dénoncer, tout suivre, Aller droit à l’auteur sous le masque du livre, Dire la clef secrète, et, sans rien diffamer, Piquer pourtant le vice et bien haut le nommer ? […] Auteur du poème latin des Jardins : voir au livre III un morceau sur Bâville, et deux odes latines du même.

1740. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Quoi qu’il en soit de ce rigorisme qui doit après tout moins exciter le blâme que le regret, on trouve d’ailleurs dans son livre des détails sur l’armée et sur l’émigration, d’où ressortent des vues générales assez curieuses, ce nous semble, et qu’on ne saurait trop rappeler. […] Sans avoir eu beaucoup à se louer de plusieurs de ses compagnons, M. de Dampmartin n’en parle pourtant jamais qu’avec un ton d’urbanité et de modération qui fait honneur à son esprit ; et c’est même le principal mérite de son livre.

1741. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Ainsi rien de plus étranger en apparence sous le rapport historique que l’homme de l’empire et les Hellènes ; et si le côté moral ou poétique semble plus fécond, il faut convenir que, sans l’appui de quelques faits, des pensées brillantes, mais nécessairement un peu vagues, ne suffiraient pas à un livre. […] Quoi qu’il en soit, tout le livre de madame Belloc est une estimable protestation du talent contre cette politique, et un titre nouveau qui honore les dames françaises.

1742. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Ce livre ne promet pas de répondre entièrement à ce besoin ; il est du moins un essai pour fixer les bases et pour esquisser le plan d’un édifice à la fois imparfait et solide, que l’avenir puisse continuer et achever sans être obligé de le reprendre en sous-œuvre tous les vingt ou trente ans. […] Aux spectateurs et aux lecteurs, il donne des avis qui peuvent se résumer ainsi : — Lisez tel livre et vous y aurez profit.

1743. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

On en portoit un jugement plus ou moins favorable, suivant son goût ; mais, en général, le livre étoit applaudi. […] Costar, il ne faut que l’ouir ; il ne faut qu’ouvrir un de ses livres, & l’on verra partout une vive image de ses mœurs.

1744. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Dans la republique dont je parle, on fait apprendre à lire aux enfans dans des livres dont l’éloquence est à la portée de cet âge et remplis encore d’images qui répresentent des évenemens arrivez dans leur propre patrie, lesquels sont propres à leur inspirer de l’aversion contre la puissance de l’Europe qui dans le tems est la plus suspecte à la republique. Lorsque le systême de l’Europe vient à changer, on fait un nouveau livre, et on substituë la puissance qui est devenuë redoutable à l’état à la place de celle qu’il a cessé de craindre.

1745. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque. […] Charles Vignier Auteur d’une plaquette, Centon, fut aussi une des cinq premières victimes ; son livre dénote quelque délicatesse, mais paraît trop impersonnel et se ressent trop de l’imitation de Paul Verlaine pour que nous en puissions arguer de l’avenir de ce poète.

1746. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Dans son livre de l’Avenir de la Science, livre admirable où bout toute sa jeunesse et notre cœur avec, on voit bien que Renan partait à vingt-huit ans pour modifier notre état mental tout entier.

1747. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers concevra à son tour, sur l’ensemble de l’architecture, tout un système historique et générateur complet, tout un livre mouvant et presque passionné, qui est écrit dans sa tète, qui vit dans sa conversation, mais qu’on ne saurait toucher en cet endroit sans anachronisme. […] Ce livre, ainsi entendu, est la vraie histoire et comme la feuille ou la carte de route des générations qui sont encore en marche ; c’est le journal de l’expédition, écrit à la veille du dernier triomphe. […] Ce premier volume comprend quatre livres, car l’ouvrage est divisé en livres dont chacun porte un nom, le nom du fait dominant ; ainsi le premier livre a pour titre Constitution de l’an VIII ; le second Administration intérieure ; le troisième Ulm et Gênes ; le quatrième Marengo, etc. […] La distribution même des livres révèle un art de composition qui sait ménager la variété et veut maintenir l’équilibre. Ce second livre, que termine avec convenance la cérémonie de l’Éloge de Washington, appartient sans partage à l’inauguration de la gloire civile.

1748. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Ce sont nos missionnaires qui dirigent présentement la fonte de leur canon, et nous leur avons porté des livres imprimez avec des caracteres séparez. […] Les autres ne servent plus que d’ornement à ces biblioteques, où les livres rares ont autant de droit de prendre place que les bons livres. […] Les livres dont je parle sont semblables à ces chaînes de montagnes, où il faut traverser bien des païs sauvages, pour trouver une gorge cultivée et riante. […] Les livres de Plutarque sur tout, sont le reste le plus précieux de l’antiquité grecque et romaine par rapport aux détails et aux faits qu’il nous apprend. […] Voici comme il s’explique à la fin de son premier livre.

1749. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Je ne doute point en conséquence, que si les hommes vivaient séparés, et pouvaient s’occuper dans cet état d’un autre objet que de leur propre conservation, ils ne préférassent l’étude des sciences qu’on appelle exactes à la culture des sciences agréables ; c’est pour les autres principalement qu’on se livre à celles-ci, et c’est pour soi qu’on étudie les premières. […] Un étranger a fait un livre intitulé, de la charlatanerie des savants ; ce titre promet beaucoup ; si par malheur l’ouvrage n’était pas bon, ce ne seraient point les mémoires qui auraient manqué à l’auteur, ce serait l’auteur qui aurait manqué aux mémoires ; mais s’il n’a pas voyagé en France, il a privé son livre d’un excellent chapitre2. […] Il semble que nous soyons actuellement dans une espèce d’échange avec l’Angleterre ; instruits et éclairés par elle, nous commençons à l’emporter, à lui tenir tête du moins pour les sciences exactes, et elle vient d’un autre côté puiser dans nos entretiens et dans nos livres, le goût, l’agrément, la méthode qui manque à ses productions. […] Aussi le bien qu’ils disent des mauvais livres les décrédite encore plus que le mal qu’ils voudraient faire aux bons. […] L’ouvrage dont il s’agit m’est tombé entre les mains depuis la première édition de cet essai : l’exécution m’a paru bien indigne du projet : on ne saurait faire un plus mauvais livre avec un meilleur titre.

1750. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Delphine est certainement un livre plein de puissance, de passion, de détails éloquents ; mais l’ensemble laisse beaucoup à désirer, et, chemin faisant, l’impression du lecteur est souvent déconcertée et confuse : les livres, au contraire, qui sont exécutés fidèlement selon leur propre pensée, et dont la lecture compose dans l’esprit comme un tableau continu qui s’achève jusqu’au dernier trait, sans que le crayon se brise ou que les couleurs se brouillent, ces livres, quelle que soit leur dimension, ont une valeur d’art supérieur, car ils sont en eux-mêmes complets. […] Le style de ce charmant livre est au total excellent, eu égard au genre peu sévère ; il a le nombre, le rhythme, la vivacité du tour, un perpétuel et parfait sentiment de la phrase française. […] On lui fit promettre de revenir, d’envoyer de bons livres. […] Confessions, partie II, livre xi 203.

1751. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

I Causons à l’ombre de ce dernier bouquet de chênes de la colline de Saint-Point, puisqu’un véritable soleil d’Athènes luit aujourd’hui sur cette vallée de Gaules, fait grincer la cigale d’Attique dans les joncs desséchés des bords de la Valouze, comme je les ai entendues autrefois dans les lits poudreux du Céphyse, et puisque la lumière ardente du midi répercutée et rejaillissante de ces roches grises, en faisant nager et onduler dans l’éther les cimes dentelées de ces montagnes, me fait songer, autant que ce livre ouvert sur mes genoux, à cette lumière dorée de la Grèce. […] IV Il m’a été donné d’en connaître deux ou trois dans ma vie : madame Malibran, la séraphique inspirée de ce siècle, en était une ; Louis de Ronchaud, l’auteur de ce livre de Phidias que j’ai sous la main, en est un autre. […] Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées. […] Des chambres dont le plancher est couvert de livres et de gravures, la vaste cheminée où pétillent les copeaux de sapin, reste de la hache des bûcherons, une vieille nourrice devenue servante et reine des cuisines, des laboureurs et des bergers gardiens de ces belles vaches du Jura, quelques fermiers des hautes métairies qui lui payent leurs redevances sur la fin de l’automne, en fromages et en rayons de miel de leurs ruches, voilà tout le luxe, tout le mouvement, toute l’opulence du gentilhomme du Jura. […] XL Est-ce que Cervantès ne fut pas le satiriste de ces chevaliers de l’enthousiasme, de l’amour platonique et de la dévotion dans un livre, épopée du ridicule, qui amusa la malignité de son siècle aux dépens de ces excès de vertu et d’engouement des héros, des poètes contemplatifs, luxe risible du cœur humain sans doute, mais luxe qui prouvait sa richesse ?

1752. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Bientôt il le recommandera à Colbert, et lui fera donner 1 200 livres « pour l’encourager à continuer son application aux belles-lettres ». […] Il n’y va pas pour le même intérêt que Racine : nulle fougue des sens, nulle ivresse du cœur ne l’entraîne, et l’on ne saisit même pas dans son œuvre, comme dans un coin du livre de La Bruyère, la trace d’une joie ou d’une souffrance qui lui soit venue par la femme. […] Il loua le poète, lui donna deux mille livres de pension, avec un privilège pour l’impression de ses ouvrages. […] Même avec Racine, qu’il aime tendrement, Boileau ne se livre pas : du moins, il livre ce qu’il a, et c’est peu. […] Et voyant entrer un de ses amis, un moment avant d’expirer : « Bonjour et adieu, lui dit-il ; l’adieu sera bien long. » Il léguait diverses sommes à ses domestiques, et une bonne partie de son bien, 50 000 livres, « aux pauvres honteux des six petites paroisses de la cité ».

1753. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Ils parlent comme les livres, comme les mauvais livres, et dès qu’ils ont à dire quelque chose de grave, c’est au moyen de la phraséologie de cette basse littérature morale et utilitaire dont on souille leurs cerveaux tendres et impressionnables. […] Après et malgré toutes mes objections, il m’est très facile de reconnaître l’intérêt du livre de M.  […] Si l’on n’admet pas, comme jadis, l’autorité absolue de l’usage, du bel usage, on n’a pour guide que son propre goût ; mais on aurait plus de chances de le faire prévaloir, à écrire en beau style quelques livres de forte littérature qu’à recueillir des anecdotes philologiques. […] Le dernier chapitre du livre de M.  […] Vaugelas revient souvent ici parce que son livre est toujours précieux.

1754. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ses deux romans, La Formation de Jean Turoit et le Pavillon aux livres se placent tout naturellement, comme Dominique, comme le Disciple, dans la série des livres romanesques désireux de nous guérir du romanesque. […] La Revue critique des Idées et des Livres était rédigée par une trentaine de jeunes écrivains, qui ne se fussent pas contentés que la vérité les envahît à l’état de sentiment. […] C’est à la lueur du système royaliste qu’ils jugeaient la vie et les livres, mais quels sagaces connaisseurs de poésie et de prose ! […] Et cherchant à bien définir pour lui-même la pensée que doit mettre en valeur son livre, il écrit en forme de memento ces lignes incertaines et effrayantes, comme tout ce que nous dicte l’esprit de divination : « Je ne me serai pas trompé s’il sort net et clair de ces pages que la génération qui monte est promise à la restauration d’un grand pays, ou bien au suicide, et peut-être au martyre ».‌ […] C’est Patriotes, le nom de famille. » Je ne fais rien dans ce livre que me conformer à la pensée, à la volonté de la Ligue.

1755. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Pour qui a lu avec soin les livres IV et V des Odes, les pièces intitulées l’Âme, Épitaphe, et tout ce charmant poëme qui commence au Premier Soupir et qui finit par Actions de Grâces, il est clair que le poëte, sur ces cordes de la lyre, s’était arrêté à son premier mode, mode suave et simple, bien plus parfait que celui des Odes politiques qui y correspond, mais peu en rapport avec l’harmonie et l’abondance des compositions qui ont succédé. […] Il y a donc, en ce livre de notre grand poëte, progrès d’art, progrès de génie lyrique, progrès d’émotions approfondies, amoncelées et remuantes ; mais de progrès en croyance religieuse, en certitude philosophique, en résultats moraux, le dirai-je ? […] Ce livre, avec les oppositions qu’il enferme, est un miroir sincère : c’est l’hymne d’une âme en plénitude qui a su se faire une sorte de bonheur à une époque déchirée et douloureuse, et qui le chante.

1756. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

C’est un de ces livres comme la postérité les aime, et dont les contemporains ne soupçonnent pas le prix. […] On aurait de quoi défrayer plus d’un article avec maint extrait piquant, si le lecteur n’avait mieux à faire en recourant au livre même. […] Mais j’aime mieux finir par la conclusion sérieuse, qu’il est impossible d’éluder en fermant ce livre : c’est que, s’il faisait beau écrire et parler comme chez M. de Caumartin au xviie  siècle, il fait bon de vivre au xixe , sous nos lois, sans Grands-Jours, sous notre Code civil et notre régime d’égalité, même lorsqu’on est gentilhomme comme lorsqu’on ne l’est pas.

1757. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Il suffirait d’invoquer le succès de tant de livres où s’est réfugié le drame, banni de la scène, et dans lesquels le public accueille avec faveur et reconnaissance une image anticipée de ce qu’il espère. […] Lorsqu’il arrive à l’un d’entre nous de faire un livre, l’opinion du Constitutionnel lui importe assez peu ; si le libraire s’en inquiète, il sait le tarif, et tout le problème consiste pour lui à renfermer le plus de choses dans le moins de mots, certain qu’il est que le Constitutionnel s’humanisera à raison de 1 fr. 60 cent, par ligne. […] Cet intervalle de près de deux ans est marqué, dans l’œuvre du critique : 1° par la publication en 1828 de son premier livre, en prose, Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie  siècle ; 2° en 1829, par l’apparition de son premier volume de vers, Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme.

1758. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le gros livre que d’honnêtes personnages se préparaient à remorquer pour le tirer de sa fange, y est resté en plein. Ce livre, au reste, on le sait maintenant, n’est pas même de la fabrique du soi-disant voyageur au Congo : il lui a fallu, pour entasser vaille que vaille cet amas de grossièretés et d’impudences, recourir à la plume d’un de ses confrères en hâbleries aventurières et en mystifications éventées. […] Maurize a voulu faire un livre de conciliation et d’appel à tous : n’a-t-il pas été en maint endroit contre son but ?

1759. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Les livres qu’on produit là ne pénètrent point dans le peuple ; ils sont faits pour des curieux et des gourmets, non pour des âmes simples. […] Vous voyez qu’il a tiré de ce siècle toutes les idées qu’il en pouvait prendre, et qu’il y a tout feuilleté, les livres et les hommes. […] Il ne la force pas, il se livre à elle ; il lui abandonne le détail de son vers comme l’ensemble de sa conception.

1760. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Jules Lemaître, c’est encore un peu du roman historique, c’est un peu tout ce qu’on veut, sauf un bon livre. […] Encore, ce livre d’histoires s’inspire justement du style du plus heureux historien de langue française, le duc de Saint-Simon. […] Je sais, depuis, maintenant, un nouveau livre où l’on peut pleurer, aux soirs noirs où c’est la jouissance désirée ; j’aurai la Mort d’Isabelle et ses ultimes paroles Floris, où, comme aux adieux de Wotan, toutes nos contraintes écorchées se fondront dans les sanglots, les sanglots de bénédiction qui sont, après le sommeil, le meilleur don des dieux mauvais aux hommes faibles.

1761. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Il a mis dans sa préface : les auteurs qui vont louer leurs livres au cabinet de lecture… Et ce Pyat… J’ai voulu devant les magistrats dire toute ma conduite, montrer toute ma vie… Mais quand on me dit que je ne sais pas le français, moi, qui ne sais que cela… car je ne sais ni l’histoire, ni la géographie, ni rien… mais le français, cela me paraît prodigieux… Tout de même, ils ne m’empêcheront pas d’avoir tout Paris à mon enterrement !  […] Nous redescendons dans sa chambre, où près d’un petit lit de fer étroit, — une couche d’ascète, — il y a sur la table de nuit un couteau en travers d’un livre ayant pour titre : Le Cartésianisme. […] Il nous montre une lettre de Victor Hugo, apportée par Mlle Thuillier, et où il nous fait lire cette phrase : « Il fait triste ici… il pleut, c’est comme s’il tombait des pleurs. » Dans cette lettre, Hugo remercie Janin de son feuilleton sur la vente de son mobilier, lui annonce que son livre va paraître dans un mois, et qu’il le lui fera parvenir dans un panier de poisson ou dans un cassant de fonte, et il ajoute : « On dit qu’après, le Bonaparte me rayera de l’Académie… Je vous laisse mon fauteuil. » Puis, Janin se répand sur la saleté et l’infection de Planche, sa bête d’horreur : « Vous savez, quand il occupe sa stalle des Français, les deux stalles à côté restent vides.

1762. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Non content de cette récompense, le jeune duc eut à peine atteint l’âge de vingt-cinq ans, que le premier acte de majorité qu’il fit fut de donner à son précepteur une pension de quatre mille livres à prendre sur tous ses biens. […] Le projet de son livre étoit beau. […] Il ne fallut, pour lui donner de l’ombrage, qu’un livre de l’abbé d’Aubignac publié sous ce titre : Histoire du temps, ou relation du royaume de Coquetterie, extraite du dernier voyage des Hollandois aux Indes du Levant.

1763. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Ce dernier surtout, dans son livre de l’Aliéné, a défendu cette doctrine avec beaucoup d’habileté et de vigueur. […] Il y a, je l’avoue, dans le livre de M.  […] Durand (de Gros), dans un livre d’ailleurs distingué (Essai de physiologie philosophique), s’est étonne de cette proposition, et y a vu une sorte de concession au matérialisme.

1764. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Riche, il avait eu le vrai luxe d’un homme de lettres : il avait placé ses fonds dans sa bibliothèque ; par malheur ses livres les plus précieux étaient couverts d’armoiries, il fut une époque où c’était un grand crime ; et M.  […] Laujon court chez son ami, retire les livres, et les replace dans sa bibliothèque pour ne pas frustrer ses créanciers. […] Églé et l’Amoureux de quinze ans sont deux tableaux d’un dessin pur et gracieux ; et cependant, lorsque l’auteur se livre à des compositions dramatiques, on voit que c’est encore la muse de la chanson qui l’inspire ; elle veut essayer un ton plus grave, des manières plus imposantes, mais elle se trahit à la naïveté de son langage, à la délicatesse de ses formes, et l’œil le moins clairvoyant reconnaît Érato sous le masque de Thalie.

1765. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Il est des livres qui entrent si naturellement dans le torrent des idées et la civilisation générale que, quels que soient le pays et la langue dans lesquels on les publie, ils tombent forcément sous le regard de toute Critique qui n’a pas seulement pour objet les questions de forme littéraire, mais les questions d’idées… et telle est l’Histoire d’Angleterre 9 de Macaulay. […] Son asservissement à une opinion politique, qui se lève à chaque ligne de son livre pour la dominer, y fausse perpétuellement la justesse de son regard. […] Et voilà pour le point de vue général du livre, pour la thèse dont il est la forme, au lieu d’être, sans parti pris et sans polémique, le déploiement sincère, impartial et majestueux, des grands événements de 1688.

1766. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

pour avoir été trop Matliurin Régnier par l’expression, en ce prude temps de République où l’on publie impudemment des livres athées, comme les Dialogues philosophiques de Renan, par exemple, et qu’on ne poursuit pas ! […] Je ne sais pas, pour ma part, ce qu’il aurait été, car rien n’est plus traître que le destin des livres, bête comme tous les destins. […] Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.

1767. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Il m’était bien difficile d’admettre que Saint-Maur eût dit son dernier mot dans ce livre, qui, selon moi, était son premier dans la grande publicité, — la publicité retentissante. […] je le sais bien et je ne le dirai pas, le défaut de ce poète que j’aime et qui est le défaut de la presque universalité des poètes de ce temps, mais je dirai ce que je me permets de regretter dans son livre : c’est qu’on y voit qu’il a trop lu les poètes de son époque ; il s’est trop imprégné de ceux qu’il admire. […] Le Romantisme, rectifié et purifié en lui par la plus charmante des natures, lui a laissé ce qu’il avait de bon : le sentiment de l’idéal, les tendresses vives ou rêveuses, les touches chrétiennes, ici et là, adorables à plusieurs places dans son livre (voir ses Fleurs de Missel), et la race de son esprit a ajouté à tout cela la verve joyeuse, l’observation inattendue et piquante, la bonhomie et le comique enfin.

1768. (1940) Quatre études pp. -154

Or, un poète, Robert Browning, rentrant de voyage et feuilletant les livres qui l’attendaient au logis, trouve son nom dans un recueil que lui a envoyé Elisabeth Barrett. […] Ne savons-nous pas aujourd’hui qu’il a emprunté les éléments de ses tableaux soit aux larges et rapides visions qu’il a eues personnellement de l’univers, soit aux livres qu’il lisait en abondance ? […] Et il avait mis dans quatre petits livres d’élégies les résultats de ce long effort : quatre livres d’élégies, qu’heureusement il a brûlés. […] L’Homme de désir : on songe au titre que Saint-Martin, le Philosophe inconnu, a donné à l’un de ses livres, en 1790. […] Hachette, I, 17 ; Essai sur l’origine des langues, I, 390, note ; Émile (livre IV), II, 238 ; ibid.

1769. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il y a cent cinquante descriptions dans l’Alaric de Scudéry ; celle de la bibliothèque d’un ermite forme près de la moitié du cinquième livre. […] Cette vanité a survécu à ses livres. […] Il faut lire les éloges qu’il met au-devant des livres de ses amis. […] Arnauld d’Andilly avait fait voir à M. le duc de Longueville les deux premiers livres de la Pucelle. […] Leur coterie durait encore en 1696 ; on les voit cabaler contre le Discours de réception de La Bruyère, et prendre le parti de tous les ridicules flagellés dans son livre.

1770. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Mais quand il parut de nouveau devant le public, ses livres avaient fait leur chemin tout seuls et sous terre, et du premier coup il passa pour le plus grand poëte de son pays et de son temps. […] L’étudiant logeait ses livres dans sa chambre d’Oxford, entre un Euripide annoté et un manuel de philosophie scolastique. […] On ne sera point troublé en fermant le livre ; on pourra, en le quittant, écouter sans contraste la voix grave du maître de maison qui, devant les domestiques agenouillés, prononce la prière du soir. […] Qu’il est heureux parmi ses beaux livres, ses amis, ses chèvrefeuilles et ses roses ! […] Il n’y a au monde qu’une œuvre digne d’un homme, l’enfantement d’une vérité à laquelle on se livre et à laquelle on croit.

1771. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

« Je vous dirai, à mon tour de compliment, que votre livre m’est enfin parvenu, après avoir fait le voyage complet des petits Cantons dans la poche de votre courrier. […] Legouvé se rencontra chez madame Récamier peu de temps après l’apparition de mon Histoire des Girondins, ouvrage qu’il ne m’appartient pas de juger, mais de défendre ; le bruit que faisait alors ce livre allait jusqu’au tumulte dans les salons politiques ou littéraires du temps. […] Quelques hommes consulaires des anciens régimes achevaient des tirades éloquentes contre le livre et contre l’auteur quand M.  […] « Et vous, Madame, dit-il tout bas à la maîtresse muette, mais très animée, du salon, que pensez-vous du livre qui ameute ainsi les meilleurs esprits pour ou contre son auteur ? — « Je pense, répondit-elle, qu’à l’exception de quelques couleurs trop chaudes dans certaines parties descriptives de ce vaste tableau d’histoire, c’est le livre le plus utile qui ait encore paru pour préparer le jugement dernier des choses et des hommes de la Révolution ; car c’est le livre où il y a le plus de justice pour les oppresseurs et le plus de pitié pour les victimes. » Et comme le groupe des hommes d’État debout auprès de la cheminée s’étonnait en affectant de s’indigner contre ce jugement de faveur sur ce livre, madame Récamier reprit la parole, seule contre ses amis, et me défendit avec une chaleur de discussion et une intrépidité d’amitié qui attestaient en elle autant d’impartialité que d’énergie dans le jugement.

1772. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Nous ne sommes plus au temps où les livres de théologie étaient les lectures populaires, où le prince de Condé, assistant à la thèse de Bossuet, fut tenté d’argumenter contre le jeune docteur. […] On regarde pourtant ce petit livre comme le chef-d’œuvre de Massillon. […] Mais s’il nous découvre ce qu’il y a de plus admirable dans les livres, il ne nous avertit pas de tout ce qui est à admirer. […] C’est ainsi qu’il faudrait parler des livres. Mais combien savent lire les livres de façon à en parler comme Vauvenargues ?

1773. (1903) La renaissance classique pp. -

Il vit habituellement à la campagne, en Provence, au milieu de ses livres, parmi les hommes de sa terre et de son sang. […] Quel cauchemar que ces œuvres lourdes, informes et cruelles, ces livres sans joie ni bonté, où l’homme disparaissait anéanti sous l’omnipotence de la nature ! […] Je ne sais plus quel romancier disait qu’on n’était fait que pour écrire un seul livre et que tous ceux qui venaient ensuite n’étaient en quelque sorte que des « retirages » de ce premier original. […] L’architecture d’un livre est la chose capitale. […] La débilité mentale de la génération contemporaine de ce beau livre a causé les plus étranges confusions.

1774. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Dans l’introduction d’un livre récemment publié (Histoire naturelle générale des règnes organiques), M.  […] Geoffroy Saint-Hilaire le père, ce savant illustre que son fils continue avec tant de distinction, a écrit tout un livre sur Buffon11, mais ce livre n’est pas un livre de science, c’est un hymne.

1775. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Ma bonne mère, à qui je dois tout, et qui avait une affection si grande de veiller à mes bons déportements, et ne vouloir pas, ce disait-elle, voir en son fils un illustre ignorant, me mit ce livre entre les mains, encore que je ne fusse à peine plus un enfant de mamelle. […] Jung est de trop appliquer la méthode de Quintilien à Henri IV, de lui vouloir prendre la mesure comme à un ancien, de trop diviser et subdiviser son esprit, sa manière de penser et de dire, de séparer dans des compartiments divers ce qui n’a jamais fait qu’un, et ce qu’il vaudrait mieux accepter sous sa forme naturelle ; en un mot, de trop vouloir traiter comme un livre ce qui est un homme. […] [NdA] Un livre qui contribua beaucoup à accréditer cette idée légendaire de Henri IV, ce furent les Mémoires de Sully arrangés et rajeunis par l’abbé de L’Écluse (1745). Le marquis d’Argenson, qui avait conseillé à l’abbé ce travail, écrivait en ces termes naïfs l’impression qu’il avait reçue à la lecture : « Excellent livre, qu’on ne peut trop lire.

1776. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Mais, je le répète, il a de bons articles, et fort sensés, à propos de livres politiques et d’histoire, dont on cause et dont on disserte autour de lui. […] Voilà trente ans et plus que cet homme de mérite, cet ancien rédacteur du premier Correspondant, suit sa voie, écrit des livres d’histoire bien étudiés, persévère dans ses principes, dans ses honorables travaux : il ne demande en récompense qu’une heure brillante qui les couronne. […] Gratry a déjà été distingué par l’Académie dans le concours Montyon, pour un livre de théologie morale où il se trouve bien du talent, bien des observations ingénieuses, et aussi bien des théories hasardées. […] Le vieux comte de Ségur eut la satisfaction de voir nommer son fils, le général Philippe de Ségur, hautement désigné au choix de tous par l’éclatant et national succès de son beau livre de L’Histoire de la Grande-Armée en 1812.

1777. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Le cardinal de Retz passa les derniers jours de sa vie à faire un livre unique, qui reste le bréviaire de tous ceux qui ont vu ou verront des révolutions, même autrement formidables. […] Si l’on excepte La Rochefoucauld qui fait son profit de l’expérience pour écrire un livre profond, et Retz qui s’en inspire pour écrire les Mémoires les plus vivants et les plus amusants, rien de cette révolution avortée de la Fronde.ne tourne précisément aux lumières. […] Cela vaut bien un livre piquant et amer, une fois fait, et qui ne se refera pas. […] Voir le livre de Sénac de Meilhan, le Gouvernement, les Mœurs et les Conditions en France avant la Révolution, suivi des Portraits des personnages distingués de la fin du xviiie  siècle, avec une Introduction par M. de Lescure (1862) ; et voir aussi l’intéressant article de ce dernier dans la Revue germanique du 1er septembre.

1778. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

C’était l’étude de la nature qui lui avait appris la large méthode ; la nature avait été son livre : « Avec elle, disait-il, nous avons affaire à la vérité infinie, éternelle, et elle rejette aussitôt comme incapable tout homme qui n’observe pas et n’agit pas toujours avec une scrupuleuse pureté. […] Gœthe osait donc se découvrir devant Eckermann et montrer les nombreuses piqûres que son amour-propre avait reçues ; il semblait lui dire en les étalant : « Voyez, il n’y a pas d’homme complètement heureux. » Ainsi, un jour qu’il causait de son recueil de poésies à l’orientale, le Divan, et particulièrement du livre intitulé Sombre humeur, dans lequel il avait exhalé ce qu’il avait sur le cœur contre ses ennemis : « J’ai gardé beaucoup de modération, disait-il ; si j’avais voulu dire tout ce qui me pique et me tourmente, ces quelques pages seraient devenues tout un volume. — Au fond, on n’a jamais été content de moi, et on m’a toujours voulu autre qu’il a plu à Dieu de me faire. […] Gœthe mit son ironie presque toute en une fois dans Méphistophélès ; il la condensa encore par-ci par-là, sous forme de dragées ou de pastilles du sérail, dans quelque livre d’épigrammes ; il ne répandit pas sa misanthropie et son amertume dans l’ensemble de son œuvre comme Byron. […] David le sculpteur, qui avait fait le voyage de Weimar vers ce temps et tout exprès pour en rapporter le majestueux portrait et le buste, envoya bientôt à Gœthe (mars 1830) une caisse contenant sa collection de médaillons en bronze ou en plâtre, avec des livres de nous tous d’alors, fiers et heureux que nous étions de rendre hommage au patriarche de la poésie et de la critique : « David, disait Gœthe (14 mars), m’a, par cet envoi, préparé de belles journées.

1779. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

M. de Louvois m’ayant envoyé plusieurs ordres en blanc, il s’est converti six cents personnes dans cinq villes ou bourgs, sur le simple avis que les compagnies étaient en marche. » Tous les articles qui suivent dans le Journal seraient à citer comme aveu naïf des inventions, ruses, douces contraintes, moyens de toutes sortes employés ; l’effroi, l’intérêt, les pensions, — même les livres de Bossuet et de l’abbé Fleury. […] que viennent faire les livres en pareille bagarre ? […] C’était un homme très-curieux d’antiques, de médailles, de bronzes, de livres et de toutes sortes de raretés qu’il avait déterrées partout. […] Il avait le bréviaire ou Calendrier original, où Bussy avait fait peindre tous les c… de la Cour avec un hymne pour chacun ; c’est ce livre dont Boileau a dit : Me mettre au rang des Saints qu’à célébrer Bussy. »

1780. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Dans un savant livre que vient de publier M.  […] Un jour, en pleine guerre, au Sénat, il opine pour qu’on livre César aux Germains comme violateur des traités. […] Le livre de M.  […] Mais c’est Marc-Aurèle lui-même qui s’est peint le mieux dans son livre de Pensées.

1781. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Un chanoine de Soissons lui ayant prêté un jour quelques livres de piété, le jeune La Fontaine se crut du penchant pour l’état ecclésiastique, et entra au séminaire. […] Au sortir du collège, un chanoine de Soissons lui prête des livres pieux, et le voilà au séminaire ; un officier lui lit une ode de Malherbe, et le voilà poëte ; Pintrel et Maucroix lui conseillent l’antiquité, et le voilà qui rêve Quintilien et raffole de Platon en attendant Baruch. […] J’excepte les premiers livres, dans lesquels il montre plus de timidité, se tient davantage à son petit récit, et n’est pas encore tout à fait à l’aise dans cette forme qui s’adaptait moins immédiatement à son esprit que l’élégie ou le conte. Lorsque le second recueil parut, contenant cinq livres, depuis le sixième jusqu’au onzième inclusivement, les contemporains se récrièrent comme ils font toujours, et le mirent fort au-dessous du premier.

1782. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Originalité du livre. […] La tentation est grande d’entasser volume sur volume, de délayer, de répéter ; il faudra beaucoup de force d’âme pour mûrir pendant dix ans un petit livre. […] La meilleure partie de son livre lui appartient en propre. […] Au réalisme de Lesage se rattache encore la médiocre élévation de son œuvre : il se dégage du livre une philosophie expérimentale, qui intéresse l’égoïsme dans la moralité, une sagesse terre à terre, d’autant plus vulgaire qu’elle est moins amère et plus riante.

1783. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Si l’idée de l’humanité a été conçue et exprimée clairement quelque part, ce doit être dans des livres dont l’homme en général a été l’unique sujet. […] On peut trouver dans ses livres, soit quelques formes de raisonnement d’une application toujours efficace, soit un certain nombre d’axiomes philosophiques qui subsistent ; mais vainement prétendrait-on nous y faire voir l’idée claire de l’humanité. […] La foi du théologien transporte saint Bernard si loin et si au-dessus de la vie, qu’il néglige ces indications si lumineuses ; et quand il se rencontre dans les livres saints quelques fortes peintures ou des récits attachants de la vie, il les tourne à la figure, comme pour mettre une ombre mystique entre la réalité et lui. […] Le jour où l’esprit ancien et l’esprit français, mis en contact par les livres, se seront reconnus, ce jour-là commencera l’histoire de la littérature française ; et, malgré la lenteur des progrès, il sera glorieux pour l’esprit français de s’être trouvé prêt pour cette reconnaissance, et d’avoir eu le regard assez ferme pour n’être pas ébloui de tant de lumières.

1784. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Le livre sacré est l’expression de ce premier état de l’esprit humain. Prenez les livres sacrés des anciens peuples, qu’y trouverez-vous ? […] La religion, le livre sacré des peuples primitifs, est l’amas syncrétique de tous les éléments humains de la nation. […] Voilà le secret de l’incomparable beauté de ces livres primitifs, qui sont encore les représentations les plus adéquates de l’humanité complète.

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mallet ne pardonne point aux princes émigrés de ne pas comprendre ce mouvement spontané des sections de Paris, de ne pas le favoriser de toutes leurs forces en agréant la fusion des Constitutionnels : Avec un million d’écus, un million de livres, écrivait-il au comte de Sainte-Aldegonde (23 septembre 1795), on décidait de haute lutte la victoire des sections. […] L’image d’un livre leur donne le frisson : parce qu’on a abusé des lumières, ils extermineraient tous ceux qu’ils supposent éclairés ; parce que des scélérats et des aveugles ont rendu la liberté horrible, ils voudraient gouverner le monde à coups de sabre et de bâton. […] C’est le reproche qui lui fut fait dans le temps même pour cet écrit de 1796 : Il est naturel aux infortunés, disait-on, de croire que celui qui développe si bien les causes de leur misère connaît aussi les moyens de les soulager : au contraire, son livre éloigne l’espérance, il n’assigne aucun terme à la Révolution, et on se trouve plus malheureux après l’avoir lu qu’auparavant. […] C’est un livre qui restera, je le crois, comme celui de l’un des meilleurs médecins consultants dans les crises sociales69.

1786. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau. […] Quelques pages auparavant, le lecteur pouvait lui-même s’étonner de voir, dans ce petit livre des Préjugés, Newton classé pour son principe de l’attraction parmi les auteurs de vains systèmes. […] Portalis, rendant hommage dès le début à cette unité de l’empire et à cette patrie française commune, à laquelle il n’avait pas cru d’abord et qui venait de sortir, comme par miracle, du broiement de toutes les parties et de la confusion même, dénonçait à la Convention délivrée et humanisée l’incroyable proscription en masse de plus de dix-huit cents électeurs de la ville d’Arles, la prise d’assaut et de possession de cette innocente cité par les féroces Marseillais, la démolition des antiques murailles bâties sous Clovis, le pillage des rives du Rhône comme au temps des pirates sarrasins, l’impôt forcé de quatorze cent mille livres levé par les brigands et la lie de la populace sur tous les citoyens aisés, enfin des horreurs telles qu’au lendemain toute la politique se réduisait à dire avec lui : « On ne doit plus distinguer que deux classes d’hommes dans la République, les bons et les mauvais citoyens. » Cette histoire de l’oppression et de la dévastation de la commune d’Arles est un des épisodes les plus singuliers et les plus significatifs de la Terreur. […] [NdA] Il y a ici un souvenir de Montesquieu, Esprit des lois, livre II, chap. 

1787. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Il s’y mêlait de la déclamation également naturelle, et qui ne s’apercevait pas parce qu’elle se puisait dans les livres du jour. […] Pâris-Duverney étant mort sur ces entrefaites avait laissé à Beaumarchais un règlement de comptes, en vertu duquel il reconnaissait lui redevoir une somme de quinze mille livres. […] L’héritier de Pâris-Duverney, le comte de La Blache, imagine de nier la dette des quinze mille livres et d’arguer le compte de faux. […] Son adversaire le comte de La Blache profite de l’à-propos pour tirer sur le temps, comme on dit, pour pousser l’affaire des quinze mille livres devant le Parlement ; il représente Beaumarchais comme un homme perdu, un scélérat qui a abusé de la confiance de tous ceux qu’il a approchés.

1788. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

« Votre très dévouée, « *** » Et ces vers de Tahureau, nous ne les avions pas pris dans Tahureau, dont les éditions originales sont de la plus grande rareté, nous les avions pris dans le Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au xvie  siècle de Sainte-Beuve, — oui, dans ce livre couronné par l’Académie. […] On nous faisait attendre assez longtemps dans une antichambre, où un garçon de bureau lisait un livre de M. de La Guéronnière devant un portrait de l’Empereur à demi emballé pour une sous-préfecture. […] C’est pour nous la révélation qu’on peut vendre un livre. […] Ses premiers dessins furent les copies des images de piété du livre de messe de sa grand-mère.

1789. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Nous voyons que, presque toujours, les écrivains qui ont débuté sur le tard, La Fontaine, Molière, Rousseau, Gustave Flaubert, Montaigne et Rabelais si vous voulez, nous ont donné, du premier coup, les livres les plus rares, les plus pleins, les plus savoureux. […] Effacé du livre de vie, Que le Néant même m’oublie ! […] Mais si vous en désirez une critique plus complète, et intelligente, et précise, et généreuse, je vous renverrai simplement au livre de M.  […] Pour la première fois, dans le Fragment du Livre primitif, dissipant les équivoques de ce christianisme sentimental dont on ne savait trop s’il enveloppait ou s’il excluait le dogme, Lamartine s’affirme nettement rationaliste et nie la révélation :     Le seul livre divin dans lequel il écrit Son nom toujours croissant, homme, c’est ton esprit ! […] » En d’autres termes, il renonce à comprendre ; il se récuse  avec un geste sublime…    Revenons au Livre primitif.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

L’esprit dans lequel le livre est conçu est un bon esprit ; j’appelle ainsi celui qui consiste à ne pas arriver sur le sujet avec une prévention et un système, à se pénétrer de l’esprit même de l’époque qui est en cause, à recueillir tous les témoignages, à s’éclairer de toutes les dépositions et à nous rendre avec gravité, avec bon sens et modération, le résultat de cette enquête si délicate et si compliquée. […] (Suivaient quelques extraits du livre.)

1791. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Ledieu, dans la quatrième et dernière partie de son livre, suit Dumouriez hors de France, et nous esquisse sa vie depuis 93 jusqu’en 1823. […] On lui offrit vingt mille livres de traitement comme lieutenant général en retraite ; et il préféra demeurer dans l’exil.

1792. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

— « Sara, souviens-toi de nos roses dans l’allée des sépultures… » Et en une alternance de telles musiques, de tels versets sacrés, tout le livre se déroule. […] Ses périodes sont amples, solennelles, et la passion du mystère qui se révèle à chacune des lignes de ses livres, n’en obscurcit jamais la lumineuse limpidité.

1793. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

DIDEROT, [Denis] de l’Académie de Berlin, né à Langres en 1714, Auteur plus prôné que savant, plus savant qu’homme d’esprit, plus homme d’esprit qu’homme de génie ; Ecrivain incorrect, Traducteur infidele, Métaphysicien hardi, Moraliste dangereux, mauvais Géometre, Physicien médiocre, Philosophe enthousiaste, Littérateur enfin qui a fait beaucoup d’Ouvrages, sans qu’on puisse dire que nous ayons de lui un bon Livre. […] Diderot n’a pas jugé à propos de faire : il s’est contenté de se rendre sensible dans les notes ; mais une douzaine de notes suffisent-elles pour former un bon Livre ?

1794. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Sans nul doute des erreurs se sont glissées dans ce livre, malgré le soin que j’ai pris de ne m’en rapporter qu’à de solides autorités. […] Ces considérations m’ont déterminé à consacrer le premier chapitre de ce livre à l’examen des variations constatées à l’état domestique.

1795. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Après ce que je viens d’exposer on voit bien qu’il faut laisser juger au temps et à l’expérience quel rang doivent tenir les poetes nos contemporains parmi les écrivains qui composent ce recueil de livres que font les hommes de lettres de toutes les nations, et qu’on pourroit appeller la biblioteque du genre humain. Chaque peuple en a bien une particuliere des bons livres écrits en sa langue, mais il en est une commune à toutes les nations.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Ceux qui étaient auprès du roi, ou pour faire plaisir au marquis de Villars, ou pour approcher de la vérité, estimaient que cette dépense pouvait monter à quarante ou cinquante mille livres. « Messieurs, leur dit-il, il ne m’en a pas coûté une pistole. » Le roi, surpris de la réponse, lui en demanda l’explication. « Sire, répondit Villars, pour être magnifique, il faut être économe et se servir de son esprit. » Le courtisan ne savait à quoi ce préliminaire allait conduire, lorsque Villars ajouta : « Sire, lorsque mon équipage est parti, la réforme de votre cavalerie se faisait. Votre Majesté sait que l’on donnait les chevaux de cavaliers à vingt-cinq livres ; j’en fis acheter cent à Verdun, Mouzon, Châlons et autres lieux : ils ne me revenaient, rendus à Paris, qu’à trente et une ou trente-deux livres ; ils n’y furent que quatre jours, et de Paris à Ulm, vingt jours : ainsi, aucun de ces chevaux, avec la nourriture, ne revenait qu’à soixante livres. On les vendit, l’un portant l’autre, à Ulm, cent cinquante livres : par conséquent, le gain sur les chevaux défraya le reste du voyage. » Le roi loua fort le bon esprit et le bon ordre de Viliars… Aussi n’est-ce point d’avoir raconté au roi la chose, qu’on peut blâmer Villars ; il répondait par là d’avance à plus d’une accusation, et montrait que, sous son faste et son apparente profusion, il savait calculer juste.

1797. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le livre, tel quel, dans son amas un peu incohérent, n’en a pas moins son prix. […] Gibert par une lettre trop courte, et il arrive de ce différend que le livre de M.  […] J’abonde dans mon faible peut-être, mais il me semble que ces témoignages, nés au moment même de la naissance des livres et avec eux, les font mieux sentir et rafraîchissent l’admiration. […] Je sais certainement qu’il a été tracassé pour les Lettres persanes ; que le cardinal a dit qu’il y avait dans ce livre des satires contre le Gouvernement passé et la Régence ; que cela marquait un cœur et un esprit de révolte ; qu’il y avait aussi de certaines libertés contre la religion et les mœurs, et qu’il fallait désavouer ce livre.

1798. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Grande nation qui avez renversé la Bastille, allons, il en est temps, décidez-vous, dans le titre d’un livre classique scolaire, à permuter i en e. […] — L’éditeur nous dit également qu’il a suivi la ponctuation de Wagner un peu malgré lui ; car les virgules lui semblent trop multipliées dans ce système, lequel est d’ailleurs beaucoup plus sobre que celui de nos éditions françaises. « S’il n’eût fallu prendre garde, dit-il, de trop heurter les habitudes des lecteurs auxquels est destiné le présent livre, j’aurais fait comme M.  […] Benoist s’est donné pleine carrière : c’est à l’endroit des Géorgiques (livre I, 322) où le poète, décrivant une tempête dévastatrice des moissons, montre les épais nuages qui viennent de la mer : Collectæ ex alto nubes. […] Un des endroits les plus admirés, et que l’on cite comme exemple de la sensibilité virgilienne, est celui du livre XII de l’Énéide (vers 542 et suiv.). […] Patin m’a souvent fait remarquer qu’une des plus belles épigraphes et des mieux appliquées est celle que M. de Fezensac a mise à l’Histoire de mon régiment pendant la retraite de Russie  ; elle est prise du second livre de l’Enéide : Illiaci cineres et flamma extrema meorum, Testor in occasu vestro nec tela nec ullas Vitavisse vices Danaum, et, si fata fuissent Ut eadorem, meruisse manu…56 « Cendres d’Ilion, incendie suprême, tombeau des miens, je vous prends à témoin que, dans votre ruine, je n’ai rien fait pour éviter les traits des Grecs, ni aucun des hasards funestes, et que si le destin avait été que je tombasse, j’ai tout fait pour mériter de mourir. » — Quelle plus belle manière et plus touchante, pour un soldat, de s’excuser de n’être point mort, d’avoir survécu à un immense désastre !

1799. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Ses livres ne sont pas connus chez nous ; son nom modeste l’est à peine. […] Comme critique il s’abandonne quelquefois à une bienveillance un peu prompte ; il s’attache et prête foi aux livres un peu trop indépendamment de la connaissance personnelle des auteurs ; il est plutôt porté d’abord à surfaire, à force de se croire moindre. […] Ce qu’en politique le livre de M. de Tocqueville est à ceux de Montesquieu et de Jean-Jacques, ce qu’en éducation le livre de Mme Guizot est à ceux de ce même Jean-Jacques ou de Fénelon, on pourrait avancer parallèlement que les discours de M. […] Le cours de littérature qu’il professe à Lausanne avec éclat lui a fait d’abord passer en revue toute l’époque moderne, l’Empire, la Restauration ; des portions considérables du cours ont été lithographiées, et sont mieux que des promesses ; il en sortira bientôt un livre qui achèvera de consacrer parmi nous l’autorité du maître.)

1800. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

J’ai souvent pensé, durant ces débats si prolongés, combien Pascal aurait souri de pitié et d’ironie s’il avait pu y assister, s’il avait pu voir comment le livre tout d’édification et de guérison intérieure qu’il méditait était venu, deux siècles après, en se dispersant en feuilles légères, à partager seulement les curiosités oisives pour un intérêt littéraire et philosophique si loin du but réel : « Je blâme également, a-t-il dit en commençant, et ceux qui prennent parti de louer l’homme, et ceux qui le prennent de le blâmer, et ceux qui le prennent de se divertir ; et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant. » Ici on ne cherchait plus ce que pensait Pascal que par amusement et pour se distraire. […] La feuille de papier du portrait avait été collée sur l’intérieur de la couverture d’un gros livre, d’un Corpus juris dont Domat se servait habituellement ; de sorte que, chaque fois qu’il feuilletait le livre, l’image de son ami lui repassait sous les yeux. […] Pascal, par l’ordre principal de son livre, était dans la ligne des grands apologistes chrétiens, quoique, plus qu’aucun d’eux sans doute, il serrât de près la gorge à l’homme. […] Quand Pascal arrive à parler de Jésus-Christ dans son livre, il ne tarit plus : il tient du coup le centre et la clef, l’explication de la misère humaine aussi bien que le fondement de toute grâce ; les paroles magnifiques et précises qu’il emploie ne sauraient même se citer hors de place sans se profaner69.

1801. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les enfants qui ont actuellement dix ans se trouveront alors des hommes préparés pour l’État, affectionnés à leur pays, soumis, non par crainte, mais par raison, à l’autorité, secourables envers leurs concitoyens, accoutumés à reconnaître et à respecter la justice. » — Au mois de janvier 1789434, Necker, à qui M. de Bouillé montrait le danger imminent et les entreprises immanquables du Tiers, « répondait froidement et en levant les yeux au ciel qu’il fallait bien compter sur les vertus morales des hommes »  Au fond, quand on voulait se représenter la fondation d’une société humaine, on imaginait vaguement une scène demi-bucolique, demi-théâtrale, à peu près semblable à celle qu’on voyait sur le frontispice des livres illustrés de morale et de politique. […] Tocqueville, l’Ancien régime , livre II tout entier ; et livre III, ch. 3. […] Rousseau, Émile , livre V, 175. […] Rousseau, Emile, livre I.

1802. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Des infiltrations, en quelque sorte, se produisirent de la littérature savante dans la littérature populaire, et l’on commença de mettre en français dès le xiie  siècle toute sorte d’ouvrages didactiques, ouvrages d’histoire naturelle, de physique, de médecine, de philosophie, de morale, livres de cuisine ou de simple civilité. […] Ils avaient l’esprit et la faconde, une mémoire bien garnie qui les faisait disposer de l’esprit et de la faconde des autres : et ils lisaient le livre, qui donne la science, ils lisaient l’Art d’aimer. […] On ne refusa point non plus aux dames et aux barons la connaissance du livre précieux d’Ovide. […] Abailart, Jean de Salisbury, André le Chapelain, Guillaume de Saint-Amour : ses livres de chevet, où il puise sans cesse des idées, des sujets et des cadres de développement, sont la Consolation de Boèce, le De planctu naluræ du scolastique Alain de Lille, l’Art d’aimer et les Métamorphoses d’Ovide. […] Ce bourgeois rangé, prudent, pieux, en veut aux mendiants de leur vie quémandeuse et fainéante, de leurs richesses acquises sans travail ; il leur eu veut de se substituer aux séculiers, de prêcher, de confesser et d’absoudre dans les paroisses, au nez des curés désertés et affamés ; et ses rancunes d’écolier irritant ses haines de bourgeois, il leur en veut de leur intrusion dans les chaires de l’Université, de la défaite et de l’exil de Guillaume de Saint-Amour ; il prend à celui-ci, qui peut-être avait été son maître, des chapitres entiers, notamment du livre des Périls des derniers temps, et les tourne en vers français à la confusion de l’ordre de Saint-Dominique et de tous ces nouveaux frères dont l’oisiveté et l’hypocrisie menacent de perdre la Sainte Église.

1803. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Le livre des Maximes : sens et vérité. […] Mme de Sablé, janséniste, et qui avait vu les temps où l’homme se montrait à nu, n’avait pas réprimé le pessimisme de La Rochefoucauld : Mme de la Fayette, mondaine timorée, et qui estimait inutile de dire au vrai certaines choses, s’appliqua à atténuer l’amertume désenchantée du livre, à en brider la franchise aiguë par des indulgences de bon ton. […] « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer. — Les vices entrent dans la composition des vertus comme les poisons entrent dans la composition des remèdes. » Voilà la note, et l’essence du livre. […] Il nous aide à nous figurer l’état d’esprit de ce public qui admirera un peu pêle-mêle Benserade, La Fontaine, Perrault, Boileau, plus sensible aux qualités effectives des œuvres qu’aux principes spéculatifs des théoriciens, plus sensible surtout à la convenance qu’à l’art, à la vérité qu’à la poésie, et parfaitement satisfait de toute œuvre qui parle clairement à son intelligence : il ne cherche dans les livres que des idées, et ses idées ; il ne se préoccupe guère des anciens. […] Elle aime les livres : elle est passionnée de comprendre et de penser.

1804. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

XXII Je demande pardon au lecteur pour mille aperçus partiellement exagérés qu’il ne manquera pas de découvrir dans ce qui précède et je le supplie de juger ce livre, non par une page isolée, mais par l’esprit général. […] Or ce que j’ai voulu inculquer avant tout en ce livre, c’est la foi à la raison, la foi à la nature humaine. « Je voudrais qu’il servît à combattre l’espèce d’affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle ; qu’il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu’une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement. […] Que de fois, dans ma pauvre chambre, au milieu de mes livres, j’ai goûté la plénitude du bonheur, et j’ai défié le monde entier de procurer à qui que ce soit des joies plus pures que celles que je trouvais dans l’exercice calme et désintéressé de ma pensée ! […] Les quatre mots que Voltaire savait de Locke ont fait plus pour la direction de l’esprit humain que le livre de Locke. […] Et celuy qui demanda à Cratès jusques à quand il faudrait philosopher en receut cette response : jusques à tant que ce ne soient plus des asniers qui conduisent nos armées. » (Montaigne, livre I, XXIV.)

1805. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

L’idée socialiste, m’assure-t-on, serait que l’Allemagne abattît les cartes, et comme ce sont des cartes truquées et qu’on le verrait, nous serions les plus forts…‌ … Voilà en toute sécheresse les variations doctrinales du socialisme pendant la guerre, telle que je crois les avoir constatées depuis mon banc de député, et je m’applique à tracer cette courbe aussi froidement que l’on dessinerait sur un atlas la marche d´une armée ou, dans un livre médical, les hauts et les bas d’une fièvre. […] Et chez plusieurs d’eux, cette guerre apporta une illumination si belle que nous voulons en profiter pour mieux épeler le livre de la sagesse.‌ […] Au même moment, le 17 novembre, il crayonne sur un carnet cette note : « Dans un élan irrésistible, j’écris ces Conditions de la Paix… Il ne s’agit pas de les faire admettre, mais tout simplement de les penser, de savoir ce que nous voulons dire quand nous parlons de notre justice… » Et de cet éclair de novembre, son livre sort tout entier. Son livre, qu’il songeait à nommer « la Volonté de justice », comme un bouclier, une épée à opposer à « la Volonté de puissance » de ce Nietzsche qu’il comprenait maintenant.‌ […] Je ferme le livre et j’admire qu’un tel cœur batte dans le socialisme.

1806. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Même dans les détails d’érudition qu’il rassemble, il paraît ignorer ce qu’un hymne de Pindare aurait dû lui apprendre : s’indignant qu’on ait pu croire les chants du poëte grec un amas de chansons « cousues ensemble, et par là même nommées rapsodies », il répond avec autorité : « Ce mot ne vient point de ῥάπτειν, qui signifie joindre, coudre ensemble, mais de ῥάϐδος, qui veut dire une branche ; et les livres de l’Iliade et de l’Odyssée furent ainsi appelés, parce qu’il y « avait autrefois des gens qui les chantaient, une branche de laurier à la main, et qu’on appelait à cause de cela les Chantres de la branche. » À la bonne heure ! […] Plus d’une cause explique cette conformité singulière ; mais la première est dans ce fonds religieux et lyrique qui formait l’imagination du grand orateur et qu’avait nourri son ardente étude des livres saints, sa fréquentation solitaire du Liban et du Carmel. […] Il sonne sur la lyre le nom du Christ ; et, aux accents de son luth à dix cordes, il fait lever de l’enfer les ressuscités. » Interprète passionné des autres chants de victoire ou de deuil semés dans les livres saints, pieusement charmé du Cantique des cantiques, où il ne voit que l’idéal d’un mystique amour, tout en le comparant pour les images et la poésie au brûlant épithalame de Théocrite sur les noces infidèles de Ménélas et d’Hélène, Bossuet semble plus épris encore de cette concise et poétique philosophie des Hébreux, de ces courts axiomes, de ces symboles parlants qui remplissent les livres de Salomon et ceux du fils de Sirach. […] Par là, si nous pressons les termes du parallèle, se découvrirait encore plus d’une ressemblance entre la politique du poëte thébain et celle que Bossuet a parfois tirée des Livres saints, non pour imposer aux peuples le pouvoir absolu, mais pour imposer au pouvoir une absolue justice.

1807. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Le grand moment. le moment décisif pour Mme de Staël en ces années fut celui de son livre de l’Allemagne. […] En attendant, je travaille à mon livre, qui ne sera pas fini de deux mois. […] mon livre est censuré par Portalis, qui certainement n’est pas facile, et l’on me le saisit ! […] J’ai brûlé votre lettre, et je ne ferai point paraître mon livre sur le continent. […] — Mais expliquez-moi quelle infernale méchanceté a fait dire à Lyon que j’avais voulu dédier mon livre à l’empereur ?

1808. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Son livre apprend ou rappelle, sur ce chapitre des fonds secrets, quelques chiffres curieux par leur emploi. […] En arrivant à Olmütz, on lui confisque quelques livres que les Prussiens lui avaient laissés, notamment le livre de l’Esprit et celui du Sens commun  ; sur quoi La Fayette demande poliment si le Gouvernement les regarde comme de contrebande. […] Il s’était fait de 28 à 30, 000 livres de bénéfices, grosse fortune pour le temps. […] Réduit d’abord à 6, 000 livres par l’Assemblée constituante, il en avait pris son parti, et était resté patriote. Plus tard, réduit à 1, 000 livres par un décret, de la Convention, il dit ce jour-là, en sortant, à un collègue en qui il avait confiance : « 6, 000 livres, passe ; mais 1, 000, cela est trop peu.

1809. (1774) Correspondance générale

Avec vos cinq cents livres, où vous êtes et ce que vous êtes, vous êtes mieux que moi avec mes deux mille cinq cents livres où je suis et ce que je suis. […] On fera passer le livre pour une plate et misérable rapsodie. […] Voyez Merlin, c’est lui qui a le livre. […] Ce que vaut la livre du pain qu’il mange. […] C’est ainsi que Catherine appelait le livre de l’Esprit des lois.

1810. (1899) Arabesques pp. 1-223

Celui-ci entre autres : d’après Durtal, le livre de M.  […] Quant aux livres de M.  […] Le livre était dénoncé à l’Index. […] On jette le livre de dépit et on le reprend avec enthousiasme. […] Geffroy, dans son beau livre : l’Enfermé, p. 390 à 403.

1811. (1932) Les idées politiques de la France

Je ne veux pas revenir sur une question à laquelle j’ai consacré toute une partie d’un livre, la République des Professeurs. […] Comme les livres de la Sibylle, ces destins demeuraient les mêmes, sauf ceci, qu’entre l’offre et le consentement, deux batailles avaient été perdues. […] On tirerait, non de ses livres filandreux et morts, mais de tant d’admirables discours, une idéologie saisissante du radicalisme proconsulaire. […] Léon Blum, n’a encore publié qu’un livre de doctrine socialiste : les Problèmes de la Paix. […] Bremond appellerait une nouvelle retraite de la mystique) l’année où j’écris ce livre marque les deux centenaires.

1812. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On lit les livres avec l’esprit des bons auteurs. […] Le sixieme livre de l’Énéïde est sublime : le quatrieme a plus de grace. […] Ce qu’on a peut-être écrit de mieux sur le moyen d’être heureux, est le livre de Séneque, de vita beata ; mais ce livre n’a rendu heureux ni son auteur, ni ses lecteurs. […] Mais quand Hérodote rapporte les contes qu’il a entendus, son livre n’est plus qu’un roman qui ressemble aux fables millésiennes. […] Toutes ces opérations ne se font-elles pas dans vous à-peu-près de la même maniere que vous lisez un livre ?

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il ne composa qu’après coup ce quatrième livre, dans lequel il sut combiner les sentiments vrais qu’il retrouvait au dedans de lui avec quelques circonstances peut-être fictives ou du moins antérieures176. Cette portion d’art et de réflexion, appliquée à des souvenirs encore tout brûlants et à des émotions toutes naturelles, est ce qui a fait de ce dernier livre de Parny son chef-d’œuvre, la production qu’il n’a plus jamais surpassée ni égalée. […] Il n’apprit sans doute que plus tard, et peut-être à Paris même, le changement de destinée de celle qu’il avait quittée ; en effet, dans les premières éditions de ses poésies (1778-1779), l’on ne trouve rien ou presque rien encore de ce qui forme le quatrième livre des élégies, c’est-à-dire celui qui vient après le mariage et l’infidélité consommée d’Éléonore. Ce ne dut être que vers 1779-1781 que ce quatrième livre fut composé pour être définitivement clos et complété dans l’édition de 1784. […] Quoi qu’il en soit, dans les belles élégies qu’il ajouta durant ces années suivantes, et qui sont celles du quatrième livre, Parny fit comme s’il était retourné en effet à Bourbon, et comme s’il avait appris son infortune sur les lieux mêmes.

1814. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Si ces mémoires ne sont pas le plus ancien monument de la prose française, c’est du moins le premier ouvrage qui ait été marqué des qualités qui font durer les livres. […] Que ces grands mots de falsification, de trahison, conviennent mal, à propos d’une conscience si légère et d’un livre si peu ambitieux ! On trouve, dans le prologue du livre quatrième, une expression qui aurait dû désarmer la critique. […] L’arrêt est juste, s’il s’agit des qualités qui font les livres durables. […] Un seul a été imprimé : c’est Le livre des faits et bonnes mœurs du roi Charles V.

1815. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Quel livre que celui qui peut passer dans votre main de la vie au néant, du soleil sous la terre, du temps à l’éternité, sans pâlir à vos yeux, et qu’on peut lire des deux côtés de la tombe sans changer de feuillet ! Si on lit dans le sépulcre et dans l’éternité, soyez sûrs qu’on y lira ce livre. C’est le livre des deux mondes. […] Hommes d’ateliers, de mécanisme, de chiffres, de comptoirs ou de bibliothèques ; hommes unius libri, comme les appelaient les anciens, hommes ne sachant lire que dans un seul livre, dont le proverbe nous recommande de nous défier. […] La société, à ses yeux, n’a plus été qu’un livre en partie double, se balançant par profits et pertes à la fin d’une éternelle association de fabrique liquidée par l’éternité.

1816. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ce livre ne peut être considéré que comme un essai. […] Ce livre est agréable par le choix avec lequel il emploie ce que plusieurs historiens ont écrit sur notre Poésie, ainsi que par l’élégante simplicité du style. […] Le plus petit rimailleur a une place dans son livre, & quelquefois un long article. […] Ce livre orné de diverses anecdotes sur les auteurs, fut bien reçu malgré les bevues de l’auteur qui sont assez fréquentes. […] Ganeau, qui a publié en 1760. cinq livres de fables, où il y a de la variété & de la gaieté ; le Pere Grozelier de l’Oratoire, dont les fables ont vu le jour en 1768.

1817. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Ces livres forment une héroïque trilogie qui demeurera —  à coup sûr — le chef-d’œuvre du poète. […] Les livres en prose où il narre ses aventures constituent cependant une illustration de ses poèmes. […] Dans trois livres d’éthique qui parurent, voici plus d’un an, M.  […] Dans ce livre je les ai envisagés principalement au point de vue littéraire. […] Les personnes soucieuses de cette question trouveront des documents fort précieux dans le livre de M. 

1818. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Je donnerai ici un extrait des endroits de mon livre de Port-Royal (édition de 1866), où il est fait mention de Massillon. C’est au livre IIIe, chap. 

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Et d’autre part, M. de La Rochefoucauld, qui craint sur toutes choses de faire l’auteur, qui laisse dire de lui dans le discours en tête de son livre, « qu’il n’aurait pas moins de chagrin de savoir que ses Maximes sont devenues publiques, qu’il en eut lorsque les Mémoires qu’on lui attribue furent imprimés » ; M. de La Rochefoucauld, qui a tant médit de l’homme, va revoir lui-même son éloge pour un journal ; il va ôter juste ce qui lui en déplaît. […] Plus rien de ce second paragraphe : « Les uns croient que c’est outrager les hommes, etc. » Après la fin du premier, où il est question des jugements bien différents qu’on a faits du livre, on saute tout de suite au troisième, en ces termes : « L’on peut dire néanmoins que ce traité est fort utile, parce qu’il découvre, etc., etc. » Les autres petits changements ne sont que de style.

1820. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Letronne, pour toute réponse au livre qu’il avait reçu de lui, quelques vers français dont on cite les deux premiers : On a donc retrouvé dans la Sainte-Chapelle Le magnanime cœur du perruquier l’Amour… Schlegel sait son Lutrin. […] Mais le livre se lit avec intérêt, et le côté littéraire de l’époque est assez vivement rendu.

1821. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ce livre est en effet admirablement composé et conduit ; on ne se perd pas un seul instant dans les détails, quoique il y en ait beaucoup en chaque branche spéciale, en finances, en administration, en stratégie, mais le tout est ramené à l’ensemble et concourt à la marche générale. […] C'est un livre à lire.

1822. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

C’est un livre harmonieux, d’une irréprochable unité. […] L’Illusion est un fort beau livre, plein de tristesse et de sérénité.

1823. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

Son livre est clair, bien composé ; mais par ses subdivisions en propositions et en corollaire, il rappelle plutôt la méthode d’un mathématicien que celle d’un physiologiste. […] On retrouve dans son livre l’influence de Newton et du xviie  siècle qui aimait tant à procéder more geometrico.

1824. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

» Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse. […] Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.

1825. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

C’est le livre où repose la tradition du Devoir et de l’Honneur sanctifiés par la foi, c’est-à-dire tout le christianisme des familles françaises.‌ […] Il écrit, dans la dédicace de l’Étang de Berre (1915) : « Ce petit livre — dit — la ville et la province — épanouies — dans le royaume — pour les progrès — du genre humain » ; dans la préface de Quand les Français ne s’aimaient pas (1916), mettant en lumière « les services rendus à la beauté et à la vérité par les hommes de sang français », il spécifie que cela doit être considéré « sans perdre un seul instant de vue que la raison et l’art ont pour objet l’universel ».

1826. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

. — Réfutation de Bodin § I Nous avons montré dans ce Livre jusqu’à l’évidence que dans toute leur vie politique les nations passent par trois sortes d’états civils (aristocratie, démocratie, monarchie), dont l’origine commune est le gouvernement divin. […] Voyez livre II, pag. 214.

1827. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Je préfère m’attacher à montrer les beautés plutôt qu’à compter curieusement les défauts d’un livre. […] Poursuis, aimable enfant, poursuis ton radieux fantôme ; livre-toi aux illusions et à l’espérance ; trop tôt, hélas ! […] Mackenzie, outre ses armes et son télescope, portait lui-même un fardeau de vivres et de quincailleries, du poids de soixante-dix livres. […] Ce passage est tiré du livre même que nous annonçons aujourd’hui au public. […] La manie de tous les âges a été de se plaindre de la rareté des bons écrivains et des bons livres.

1828. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Le livre de Tolstoï formule en quelque sorte l’esthétique de cette nouvelle école. […] Voilà la thèse générale, l’idée du livre de Nietzsche. […] En d’autres •termes, Wagner se livre tout entier à notre contemplation, mais il ne s’analyse pas. […] Au paquet de musique, il joignit un exemplaire de son dernier livre. […] Qu’il me soit permis de renvoyer mes lecteurs au remarquable livre de M. 

1829. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Jules Simon, dans son livre sur la Religion naturelle, avaient montré la voie est M.  […] La nature a toujours été l’un des livres que le philosophe a consultés. […] Il était bon que le livre de M.  […] Nous trouvons cette objection dans un livre de M.  […] Caro avec beaucoup de justesse et de vivacité dans les pages de son livre qu’il a consacrées à M. 

1830. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Ce livre comprend des études sur W.  […] la plupart des livres qui ne sont pas pornographiques : « Il faut faire un effort énergique pour réaliser toute la perfection qui est en nous. […] Je viens de relire le Testament poétique, ce livre si suggestif et si noble, où M.  […] Mais là encore nous nous heurtons à une redoutable difficulté et à une constatation pénible : le public ne lit presque plus les livres sérieux. […] Voir son beau livre, Essai sur le génie dans l’art.

1831. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Qui donc a dit que ce livre était sans entrailles ? […] Et, d’autre part, nous avions assurément éprouvé cet obscur frisson avant d’avoir ouvert un livre russe ou norvégien. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », est une phrase qui ne date pas d’hier  Un des passages de Tolstoï où l’inquiétude du mystère est le mieux traduite, c’est apparemment quand le prince André Volkonsky, blessé à Austerlitz, est étendu sur le champ de bataille et regarde le ciel, « ce ciel lointain, élevé, éternel ». […] Les livres d’Eliot et d’Ibsen demeurent, en dépit de l’émancipation intellectuelle de ces écrivains, des livres protestants. […] Et la même gravité, et la pitié des romanciers russes, et le don qu’ils ont de nous faire sentir, autour des médiocres drames humains, les ténèbres et l’inconnu, tout cela donne un très grand prix aux livres singulièrement sincères de M.  […] Des livres comme ceux de M. 

1832. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

En donnant un extrait du livre de l’abbé d’Aubignac, je me suis mis dans la fâcheuse nécessité de dire quelque chose des ruelles, des alcôves, des réduits, dont il parle, et dont on ne parlait pas antérieurement aux précieuses. […] Il a encore employé ce mot dans une petite préface qu’il lit en 1670, au-devant des œuvres posthumes de Gilles Boileau son fière, de l’Académie française. « La traduction du quatrième livre de l’Énéide », dit-il, « a déjà charmé une partie de la cour, par la lecture que l’auteur, de son vivant, a été comme forcé d’en faire en plusieurs réduits célèbres. […] Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions. […] Rosalie (madame de Leroi) dit qu’il fallait faire en sorte que l’on pût écrire de même que l’on parlait ; et pour exécuter ce dessein, Didamie (madame de Ladurandière) prit un livre, Claristène (M.  […] L’histoire de l’esprit humain ne consiste pas uniquement dans celle des livres et dans celle des doctrines, comme le croient le vulgaire des faiseurs de livres et échafaudeurs de doctrines.

1833. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

— Il court pour mille livres. […] Il n’est question du sopha que dans le premier livre et pendant les cent premiers vers environ, après quoi l’auteur passe à ses thèmes de prédilection, la campagne, la nature, la religion et la morale. Durant six livres ou chants, il parcourt une série de sujets ou de vues les plus variés, sans une composition précise, mais avec l’unité d’un même esprit et d’un même souffle. […] Ces cent premiers vers du premier livre sont de la plus brillante et de la plus chinoise ébénisterie.

1834. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Lundi 30 décembre 1861 Voilà un bon, un excellent livre. […] Ce qu’il y avait à découvrir, l’auteur du présent livre nous l’apprend dans les premières pages. […] On fortifiait la citadelle de Lille (1669) ; il en voulait faire un chef-d’œuvre, et Louvois marchandait sur quelque point : « La dépense, lui écrivait Vauban qui le voulait séduire, n’ira pas à quatre mille livres, et de cela j’en suis si assuré que je me soumets volontiers à payer le surplus, s’il y en a, et d’avoir encore les étrivières par-dessus le marché. […] Vauban écrit pour lui, et à sa demande, un Mémoire pour servir d’instruction sur la conduite des sièges : « un livre, disait-il en hochant la tête, rempli de la plus fine marchandise qui soit dans ma boutique, et telle qu’il n’y a assurément que vous dans le royaume qui en puisse tirer de moi de semblable. » Il fait de Louvois son élève et son confident dans l’art des sièges.

1835. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Son livre n’est point un Journal suivi, ce qui serait plus intéressant à coup sûr pour le vulgaire des lecteurs ; mais il a dû procéder autrement, en raison du but plus sérieux qu’il se propose. […] Non, ce jeune homme de dix-neuf ans, qui n’en a pas encore vingt-cinq aujourd’hui, et qui après un voyage de près de trois années et l’interruption d’une maladie des plus graves, a pu rédiger un livre de cette précision et de cette maturité, n’est pas un simple curieux intrépide, c’est un voyageur pris au sens le plus élevé du mot, qui joint à toutes les qualités physiques et morales qu’une telle vocation suppose toutes les armes et la provision de la science la plus avancée et la plus exacte. […] Le livre de M.  […] Au milieu de toutes les merveilles qui ont captivé son attention, il a choisi, pour les reporter dans son pays, les choses les plus utiles : une collection de médicaments, un choix de livres arabes sur la religion, le droit, l’histoire et la littérature, un assortiment d’outils de professions les plus ordinaires, et spécialement des instruments agricoles, des pelles et des pioches pour creuser des puits, et des poulies pour en tirer l’eau.

1836. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Elle prend plus à cœur les beautés de l’exil ; dans cette grande et libre nature qui l’environne, elle se sent à tout moment en plein Éden, elle s’y livre en toute jouissance à des ébats turbulents, innocents ; et quand l’idée du pèlerinage lui revient — un peu tard, — si elle est franche, elle conviendra qu’elle l’avait oublié. […] L’une est une classique en dévotion, ou si elle s’écarte et fléchit un peu, c’est dans les sentiers familiers et d’après la tradition fleurie, tandis que l’autre, en dehors de la Bible et du livre unique, est souvent une échappée à travers champs, une petite brutale, comme le disait Bussy à Mme de Sévigné. […] « Ses livres, laissons-les de côté, voulez-vous ? […] « Voulez-vous me permettre de vous dire encore que je ne me sens, dans mes petits livres, ni parti pris d’avance, ni désir prêcheur ?

1837. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ajoutons que Jean Paul paraît se prêter plus que tout autre écrivain à cette espèce de dissection puisque en Allemagne même celui de ses livres qui a eu le plus grand nombre d’éditions, et qui a obtenu le succès le plus populaire, est un extrait et une sorte de quintessence de tous les autres. Les ouvrages, de genres si différents, qu’il produisit avec une verve intarissable pendant l’espace de quarante-trois ans, forment à peu près soixante volumes : on les a réduits à six sous le titre de Chrestomathie de Jean Paul, et ce livre est regardé comme le vade mecum de tous les penseurs de la Germanie. Enfin, pour dernière raison, qui pourrait au besoin servir à justifier l’éditeur du recueil que nous annonçons3, si on venait à lui reprocher qu’il a tiré à peine quelques paillettes d’or d’une mine si riche, nous rappellerons le jugement de madame de Staël dans son livre de l’Allemagne : « La poésie du style de Jean Paul ressemble aux sons de l’harmonica, qui ravissent d’abord, et nous font mal au bout de quelques instants. » À tout prendre, ce petit livre est donc un présent dont nous devons remercier l’éditeur.

1838. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Le Voyage d’Anacharsis, me disait M. de Féletz, est peut-être le dernier livre moderne qu’il ait lu. […] Il prend plaisir, en regard des romans exaltés et des inventions systématiques du jour, à rappeler ce livre tout naturel, qui résume la morale de l’expérience. […] Il se livre souvent à des réflexions vagues, banales, un peu à côté de son sujet ; il ne va pas au fait ni au fond. […] C’est ainsi qu’il vieillissait dans sa retraite de Passy, solitaire, au milieu de ses livres, ne causant guère avec les vivants que plume en main, critique intègre, instruit, digne d’estime, même quand il s’est trompé.

1839. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Le grand prédicateur l’écouta, et dit pour toute parole en se retirant : « Elle est charmante. » L’abbesse insistant pour savoir quel livre il fallait donner à lire à cette enfant, Massillon répondit, après un moment de silence : « Donnez-lui un catéchisme de cinq sous. » Et l’on n’en put tirer autre chose. […] Je vous avoue qu’au sortir de là, si j’avais su où vous trouver, j’aurais été vous chercher ; il faisait le plus beau temps du monde, la lune était belle… On peut juger si Mme Du Deffand le plaisante sur cette lune ; elle réduit cet éclair de sentiment à sa juste valeur, et, tout en essayant de lui dire quelques paroles aimables elle livre la clef de sa propre nature au physique et au moral. […] nous ne sommes pas comme cela ; nous avons des livres ; les uns sont l’art de penser ; d’autres l’art de parler, d’écrire, de comparer, de juger, etc. » Mais si elle a l’air ici de flatter Walpole et d’épouser le goût de sa nation, elle ne le complimente pas toujours, et sait au besoin lui résister. […] Dans quelques livres qu’on sait par cœur, et qu’on n’imite pas assurément dans le temps présent.

1840. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

N’en médisons pas trop cependant ; ces pastorales de Florian ne sont pas seulement un livre, c’est un âge de notre vie : Vous souvient-il d’Estelle ? […] … Le livre m’est tombé sous la main l’autre jour ; vous le dirai-je ? […] Dans une étude détaillée sur La Fontaine, cela se prouverait aisément : on le verrait, dans sa première manière, s’appliquer à la fable proprement dite, et en atteindre la perfection dès la fin de son premier livre, dans Le Chêne et le Roseau ; mais bientôt il est maître et il se joue ; il agrandit son cadre, il le laisse souvent, il l’oublie. […] Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !

1841. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Je souris d’abord à l’ironie de cette étude, si psychologiquement amoureuse, entrant dans les bibliothèques gouvernementales, à l’ironie de ce livre renfermant la plus positive profession d’athéisme encouragée par ce gouvernement clérical. […] Au milieu de son speach, une allusion à l’église de Montmartre lui fait dire : « Moi, vous savez depuis longtemps mon idée, je voudrais un liseur par village, pour faire contrepoids au curé, je voudrais un homme qui lirait, le matin, les actes officiels, les journaux ; qui lirait, le soir, des livres. » Il s’interrompt : « Donnez-moi à boire, non pas du vin supérieur que boivent ces messieurs — il fait allusion à une bouteille de Saint-Estèphe — mais du vin ordinaire, quand il est sincère, c’est celui que je préfère, non pas du Bourgogne, par exemple : ça donne la goutte à ceux qui ne l’ont pas, ça la triple à ceux qui l’ont… Les vins des environs de Paris, on est injuste pour eux, ils étaient estimés autrefois, on les a laissé dégénérer… ce vin de Suresnes sans eau, ce n’est vraiment pas mauvais… Tenez, monsieur de Goncourt, il y a longtemps de cela, mon frère Abel, en sa qualité de lorrain et de Hugo, était très hospitalier. […] Mardi 16 décembre Décidément, je n’ai plus d’intérêt à créer un livre. — Créer un massif de fleurs, une chambre, une reliure : voilà, ce qui dans ce moment, amuse ma cervelle. […] Quand j’entends ces blagueurs, ces enflés de la parole, parler de leurs travaux sur l’antiquité, je pense à notre travail sur la révolution, à cette lecture de livres et de brochures, qui feraient une lieue de pays, à ce plongement dans cet immense papier du journalisme, où nul n’avait mis le nez, à ces journées, à ces nuits de chasse dans l’inconnu sans limites, je nous revois pendant deux ans, retirés du monde, de notre famille, ayant donné nos habits noirs, pour ne pouvoir aller nulle part, nous payant seulement, après notre dîner, la distraction d’une promenade d’une heure, dans le noir des boulevards extérieurs… et en mon dédain silencieux, je les laisse blaguer.

1842. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

J’aime vos livres, je vous lis et je vous relis ; je vous relis, parce que le bon sens et l’esprit coulent tout ensemble de votre plume, et que votre scepticisme est traversé et comme amolli — par moments — des tristesses du sentiment vrai. […] Malgré eux, cher écrivain, vos livres sont bien et dûment des romans, par la seule raison que vous avez collé cette étiquette sur la couverture, — et les meilleurs que je connaisse, puisque j’ai vu pleurer ma maîtresse en lisant Sous les tilleuls. […] Vous venez de poser le livre sur le guéridon ; les dernières pages, encore moites de votre haleine, se rabattent peu à peu, les unes après les autres, — comme pour vous dire adieu. […] Les Vacances de Camille, les Buveurs d’eau, le Pays latin, le Bonhomme Jadis, etc., ne sont que les chapitres du même livre, les développements épisodiques de la même idée.

1843. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

La sienne, telle qu’il l’établit et la pratiqua dans tous ses livres, est en effet une orthographe toute rationnelle, purement et simplement conforme à la prononciation, qui rompt en visière à l’étymologie et qui ne tient aucun compte de l’usage. […] [NdA] Un de mes obligeants lecteurs me rappelle ici ce qui m’avait d’abord échappé : il y a un autre passage de Rousseau, et des plus curieux, sur les mœurs de l’abbé de Saint-Pierre : c’est au livre iii de l’Émile, lorsqu’il s’agit de faire apprendre au jeune élève un métier, mais un métier honnête. Rousseau, s’autorisant de l’exemple donné par ce singulier ecclésiastique, nous dit : « Un célèbre auteur de ce siècle, dont les livres sont pleins de grands projets et de petites vues, avait fait vœu, comme tous les prêtres de sa communion, de n’avoir point de femme en propre ; mais se trouvant plus scrupuleux que les autres sur l’adultère, on dit qu’il prit le parti d’avoir de jolies servantes, avec lesquelles il réparait de son mieux l’outrage qu’il avait fait à son espèce par ce téméraire engagement.

1844. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Félix Gaudin, auteur de Poésies chrétiennes 35, âme honnête, éprouvée, reconnaissante, que l’injustice a atteinte, que la foi a relevée et consolée, humble acolyte en poésie, et qui, dans le pieux cortège, me fait l’effet de psalmodier ses rimes à mi-voix, en tenant à la main le livre de l’Imitation d’où la joie et la paix lui sont revenues. […] Cet homme de modestie et de mérite a fait de sa vie deux parts : il livre l’une à la nécessité, au travail ; il réserve l’autre, inviolable et secrète. […] On est moins à l’étroit dans un livre que dans un journal.

1845. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ? […] A ceux qui ont toujours dans leur poche et souvent dans leurs mains le petit Horace Elzevir non expurgé par Jouvency, à ceux qui savent par cœur les épigrammes salées de Catulle et de Martial, les vers de Solon, qui citent volontiers certains passages d’Ovide et de Tibulle, et les fredaines du Lucius d’Apulée, qui suivent sans répugnance la naïve Chloé dans la grotte des Nymphes, faciles nymphæ risere ; à ceux que notre vieille littérature grivoise et conteuse ne rebute pas, qui se dérident à La Fontaine, qui se délectent aux Amours des Gaules, qui ne perdraient pas une ligne des Mémoires de Choisy, si tout le manuscrit de l’Arsenal était imprimé ; à ceux que les premières pages des Confessions n’irritent nullement, que les lettres de Diderot à Mlle Yoland enchantent sans réserve, qui en aiment jusqu’aux propos de madame d’Aine, jusqu’aux allusions insinuantes de Diderot comptant les arbres de ses vordes chéries : à ceux-là, loin de le défendre, nous conseillerons plutôt Casanova ; ce ne sera pas pour eux une dangereuse nouveauté ni un scandale attrayant, ce sera un tableau de plus, non le moins vif et le moins varié, dans le réfectoire de leur abbaye de Thélème. — Un jour, durant l’année que le docte Saumaise passa à Stockholm près de la reine Christine, comme il avait la goutte et gardait le lit, la reine le vint visiter ; or, en ce moment, pour se désennuyer et tromper son mal, le grave commentateur lisait un livre très agréable, mais assez leste (perfacetum guidem, at subturpiculum), Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville. […] La reine saisit donc le livre à temps, quoique déjà sous la couverture ; elle en lut au hasard quelques lignes qui la firent bien sourire, et, ayant appelé mademoiselle de Sparre, noble et belle fille de sa suite, et sa favorite la plus chère, elle lui marqua du doigt certains passages, qu’elle lui ordonna de lire tout haut, malgré les fréquents arrêts, la rougeur et la honte de cette jeune personne, et aux grands éclats de rire de tous les assistants. — Qui nous raconte cela, s’il vous plaît, sur ce ton de badinage ?

1846. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Les livres des médiocres ne contiennent pas d’instruction ; mais les chutes des grands hommes nous montrent les précipices : qui oserait se flatter de marcher sûrement où Taine et Brunetière ont glissé ? […] C’est le Clergé qui fait retirer ou qui exclut de ses écoles les livres où Calvin et Renan n’ont pas l’éreintement qu’exige, paraît-il, le salut de la religion. […] Étude des manuscrits, collation des éditions, discussion d’authenticité et d’attribution, chronologie, bibliographie, biographie, recherches de sources, dessins d’influence, histoire des réputations et des livres, dépouillements de catalogues et de dossiers, statistiques de versification, listes méthodiques d’observations de grammaire, de goût et de style, que sais-je encore ?

1847. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle l’ait vu surtout à travers le livre de Victor Hugo, qui s’est peint lui-même sous les traits prodigieux du vieux tragique grec. […] Au contraire, les poèmes Védiques et Brahmaniques qui eurent lieu peu après, entremêlés de superbes paysages des îles et de tableaux d’animaux : Les Éléphants, le Condor, et cette terrible eau-forte, les Chiens, révélèrent un poète épris du néant par dégoût de la vie moderne ; ce qui n’empêcha pas le maître de donner bientôt toute sa mesure dans ce colossal livre des Poèmes barbares, études d’une couleur inouïe sur le Bas-Empire et le moyen âge. […] [La Vie et les Livres, 2e série (1895).]

1848. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Verlaine, obligé de garder le lit, lisait avec fureur, mais des livres d’emprunt, car sa bibliothèque s’était dispersée au vent du malheur. Tout son bagage personnel consistait en quelques livres de vers récents, offerts par leurs auteurs, et que suffisait à contenir une petite étagère de bois, noircie d’encre. […] Or, tandis qu’il m’initiait à la nouveauté de ce livre, précisément, l’auteur, auquel il avait adressé une courtoise invitation, se présenta.

1849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Car enfin il s’agissoit de prouver au Gouvernement, qu’un Livre dont le but est de réprimer les abus de la Littérature & les scandales de la Philosophie, de rappeler aux loix de la raison & du goût ; qu’un Livre dont tout le crime est de rabaisser tous les Coryphées de la génération nouvelle, & d’attaquer sans ménagement les ennemis de l’ordre & de toute autorité, étoit une œuvre de ténebres, & méritoit l’indignation de l’autorité même. […] Elle apprendra de plus en plus à se défier des lumieres qui égarent l’esprit & alterent le sentiment ; à réprouver une morale où tout s’évapore en maximes, & livre l’ame à ses passions ; à distinguer ceux qui l’aiment & la servent, de ceux qui la dégradent & la jouent.

1850. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

En dehors de cette hypothèse, une autre apparaît seule imaginable, celle qui fut posée par Kant, que développa Schopenhauër et à laquelle on s’est rallié en un livre précédent20. […] D’un point de vue plus positif, elles se montrent encore le moyen inflexible par lequel le contenu de toute connaissance apparaît nécessairement indéterminé, inconsistant et instable, en proie à la possibilité d’une dissociation indéfinie, le principe de causalité contraignant l’esprit, à l’occasion de tout phénomène quel qu’il soit, à remonter sans répit de cause en cause, sans lui permettre de toucher jamais une origine première, les lois de l’espace et du temps secondant, par leur élasticité sans limites, la tâche de la causalité pour égarer l’esprit, donnant naissance à ces antinomies qui nous avertissent du caractère fictif de toute connaissance et aboutissent à nous présenter l’univers, ainsi qu’on s’est efforcé de le montrer au deuxième chapitre du livre précédemment invoqué1 comme un système d’illusionnisme. […] Remy de Gourmont a mis en scène avec un art concret et une clarté parfaite dans son beau livre, la Culture des Idées, ce travail d’association et de dissociation.

1851. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Rapportons pour commencer l’explication du passage d’Aristides, quelques endroits du livre que Martianus Cappella a composé en latin concernant les lettres et la musique. […] Leurs noms sont : acutus, … etc. on peut voir dans le livre que je cite, la figure propre à chaque accent. […] Isaac Vossius indique encore dans celui de ses livres dont nous avons déja parlé, plusieurs ouvrages des anciens où l’on peut voir comment de leur temps les chants musicaux s’écrivoient en notes.

1852. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Ailleurs cette poésie plus simple nous donnera déjà l’image de la vie, comme la peignit chez les Hébreux le livre de la Sagesse, et comme la décrira quelque jour, dans une société plus raffinée, l’ingénieux Horace. […] C’était vers ce temps que l’esprit énergique et curieux de Pline l’Ancien s’était réduit à composer un livre de grammaire, un traité sur les façons de parler douteuses. […] Des vingt-six livres de poésies que ce grand lyrique avait composés, il est resté seulement quelques vers épars, trop isolés pour offrir autre chose que des échantillons d’élégance verbale et d’harmonie.

1853. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

L’affabulation à mettre là-dedans me faisait si peu, que, quelques jours avant de me mettre à écrire le livre, j’avais conçu Madame Bovary tout autrement. […] L’art, les tableaux, le théâtre, les livres, les voyages même ne m’amusent plus : ce ne sont pour moi que des motifs d’un travail fastidieux, car il est toujours à recommencer. […] Il ne nie pas d’ailleurs, lui le romancier expérimental, le collectionneur de documents humains son goût « pour les livres des écrivains à l’imagination déréglée, aux concepts extravagants, aux idées singulières, pour les livres un peu fous, ces livres où, selon Montaigne, l’esprit, faisant le cheval échappé, enfante des chimères163 ». […] Les gens qui se dépensent dans la passion, dans le mouvement nerveux, ne feront jamais un livre de passion. […] Il accomplit consciencieusement les rites d’une liturgie mystérieuse destinée à lui procurer le livre divin qui renferme le don des miracles.

1854. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Le livre passa donc sans que je le saluasse d’un article. […] Le livre était manifestement si faible que le sentiment qui en faisait dire du bien était au-dessus du soupçon.

1855. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

Il y a dans ce livre remarquable deux parties fort distinctes, quoique confondues en apparence. […] Nous nous hâtons d’en venir à l’autre partie du livre de M. 

1856. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Il a souvent regretté, en lisant les livres de critique et de biographie des deux siècles précédents, la disette et l’insuffisance de secours semblables. […] Sainte-Beuve, qui aurait pu nous échapper, sans l’œil vigilant et attentif d’un amateur et d’un curieux, devient aujourd’hui très essentielle pour tous ceux qu’intéresse l’histoire des livres : « Pour les bibliographes seulement, dit M. 

1857. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

Mais il y a dans ce discours une autre idée toute pratique, et qui mérite qu’on la mette en vue et en saillie ; c’est ce que j’appellerai l’idée de centralisation historique provinciale : réunir dans un seul et même local tout ce qui se rapporte à l’histoire de la province sous forme graphique, c’est-à-dire tout ce qui est écrit ou tout ce qui peut se dessiner ; et pour être plus précis, j’emprunterai les termes de M. de Persigny lui-même : « fonder une sorte de cabinet historiographique où soient réunies toutes les sources d’informations ; par exemple, une bibliothèque de tous les livres ou manuscrits qui peuvent concerner le pays ; une seconde bibliothèque de tous les ouvrages faits par des compatriotes ; un recueil des sceaux et médailles de la province, ou fac-similé de ces objets ; une collection de cartes géographiques et topographiques du pays, de plans, dessins, vues, portraits des grands hommes ; des albums photographiques pour la reproduction des monuments archéologiques ; un cabinet de titres, chartes, actes authentiques, originaux ou copiés, et surtout un catalogue suffisamment détaillé de tous les documents qui peuvent intéresser la province, dans les collections publiques ou particulières, dans les archives, bibliothèques, musées et cabinets de Paris, des départements et de l’étranger. » Voilà l’idée dans son originalité, et elle peut trouver son application ailleurs. […] Tout ce qu’on pourra réunir de livres, de manuscrits, on le réunira, et, pour ces derniers, à défaut des originaux qui appartiennent le plus souvent à des dépôts publics ou de copies longues à faire et inutiles, on aura du moins les indications précises, immédiates.

1858. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

On voyait des écrivains saisir quelquefois, comme Achille, l’arme guerrière au milieu des ornements frivoles ; mais, en général, les livres ne traitaient point les questions vraiment importantes ; les hommes de lettres étaient relégués loin des intérêts actifs de la vie. […] Le livre de Télémaque était alors une action courageuse ; et Télémaque ne contient cependant que des vérités modifiées par l’esprit monarchique.

1859. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Je ne sache pas de livres qui, plus souvent que ceux de M.  […] En lisant son dernier livre, je me ressouviens confusément des autres.

1860. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

. — Le Livre des joyeusetés (1884) […] — Histoires belles et honnestes (1884). — Pedro de Zanalea, opéra en 4 actes (1884). — La Tési, 4 actes (1884). — Le Dessus du panier (1885). — Les Cas difficiles (1885). — Contes à la comtesse (1885). — Contes de derrière les fagots (1886). — Histoires inconvenantes (1887). — Le Livre des fantaisies (1887)

1861. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Les Romains, excédés du fréquent récit des poësies de leur prince, le reconnoissoient aisément à ces vers, de même qu’à cet autre, cité par Sénéque, dans le premier livre de ses questions naturelles** : On voit briller le cou de l’oiseau de Cythère. […] C’est le même à qui Perse laissa sa bibliothèque & vingt-cinq mille écus : mais le philosophe se contenta des livres, & renvoya l’argent aux sœurs du poëte.

1862. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

On fondoit ses titres pour le trône, sur les amours de Cassandre, sur les sonnets pour Hélène, les cinq livres de ses odes, son Bocage royal, ses églogues, ses élégies, ses poëmes, mais principalement sur celui de la Franciade, le premier poëme épique François. […] Car soudain qu’il eut fait imprimer ses amours & le quatrième livre de ses odes, on vit en même-temps une brigade de petits musquets frisés & rimeurs de cour, qui, pour faire une ballade & un rondeau avec le refrein, mal-à-propos s’imaginent avoir seuls mérité les lauriers du Parnasse.

1863. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Si Martial ne nous avoit laissé que les cent épigrammes, que les gens de lettres de toutes nations sçavent communément par coeur, si son livre n’en contenoit pas un plus grand nombre que le livre de Catulle, on ne trouveroit plus une si grande difference entre cet ingénieux chevalier romain et Martial.

1864. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

On peut donc lire à ce sujet le recueil de plusieurs auteurs anciens qui ont écrit sur la musique, publié et commenté par le premier, et le livre de tibiisveterum, écrit par le Gaspard Bartholin. Si Monsieur Le Fevre de Saumur avoit pû voir ce dernier livre avant que de faire imprimer son commentaire sur Terence, peut-être n’y auroit-il pas inseré les beaux vers latins qu’il avoit faits contre la flute antique, et contre ceux qui veulent entreprendre d’en expliquer la structure et l’usage.

1865. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Je suppose qu’on sache assez de mots d’une langue quelconque pour pouvoir entendre à peu près le sens de chaque phrase dans des livres qui soient écrits en cette langue, et dont la diction soit pure et la syntaxe facile ; je dis que sans le secours d’un dictionnaire, et en se contentant de lire et de relire assidûment les livres dont je parle, on apprendra le sens d’un grand nombre d’autres mots : car le sens de chaque phrase étant entendu à peu près comme je le suppose, on en conclura quel est du moins à peu près le sens des mots qu’on n’entend point dans chaque phrase. […] Premièrement on doit en exclure, outre les noms propres, tous les termes de sciences qui ne sont point d’un usage ordinaire et familier ; mais il est nécessaire d’y faire entrer tous les mots scientifiques que le commun des lecteurs est sujet à entendre prononcer, ou à trouver Jans les livres ordinaires. […] Enfin, la dernière raison de l’impossibilité d’une réforme exacte et rigoureuse de l’orthographe, c’est que si on prenait ce parti, il n’y aurait point de livre qu’on pût lire, tant l’écriture des mots y différerait à l’œil de ce qu’elle est ordinairement. La lecture des livres anciens qu’on ne réimprimerait pas, deviendrait un travail ; et dans ceux même qu’on réimprimerait, il serait presque aussi nécessaire de conserver l’orthographe que le style, comme on conserve encore l’orthographe surannée des vieux livres, pour montrer à ceux qui les lisent, les changements arrivés dans cette orthographe et dans notre prononciation. […] Il a varié son style selon les matières qu’il traitait ; ses harangues diffèrent beaucoup, par la diction, de ses livres sur la rhétorique ; ceux-ci, de ses ouvrages philosophiques ; et tous diffèrent extrêmement de ses épîtres familières.

1866. (1893) Alfred de Musset

D’autres m’ont fourni des renseignements qui ne sont point dans les livres ni dans les manuscrits. […] Mais je ne mourrai pas sans avoir fait un livre sur moi, sur toi surtout. […] Au premier livre qui me tomba sous la main, je m’aperçus que tout avait changé. […] La liste des livres qu’il avait admis dans sa bibliothèque neuve est intéressante. […] Elle vient d’avoir dix-huit ans, et n’a sans doute jamais lu aucun mauvais livre.

1867. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Ainsi ferez-vous, vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va-t-il m’amuser. […] Le livre tombe des mains honnêtes. […] Ce livre, qui commence avec un inimitable talent, finit comme un mauvais mélodrame. […] Je séjournais sous un arbre, perdu dans de plaintives rêveries, je lisais là les livres que nous distribuait mensuellement le bibliothécaire. […] On n’en voit pas trace dans ses innombrables livres.

1868. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Desclée de Brouwer, 1962, t. 14, Les Confessions, livres VIII-XIII, p. 65-69 pour tout ce récit). […] J’ai refoulé l’assaut de mes larmes et me suis levé, ne voyant plus là qu’un ordre divin qui m’enjoignait d’ouvrir le livre, et de lire ce que je trouverais au premier chapitre venu » (nous soulignons). […] II, livre VII). — Cf.  […] Nous ne pouvons prendre au sérieux l’auteur du XXXe livre des Problèmes aristotéliques, ch.  […] I, livre III, p. 272 et passim) ; dans une doctrine déterministe et eudémonique, la prescience est le fondement de la morale.

1869. (1887) George Sand

Bientôt elle passa à la philosophie ; chaque livre nouveau marquait en elle comme une nouvelle ère. […] On eut peur en ouvrant le livre. […] Elle avait connu le doute et avait révélé l’état de son âme dans plusieurs de ses livres. […] Mais qu’il était grand, irrésistible dans la première partie du livre ! […] Elle les livrait à la fatalité de son art, comme la vie les livre à la fatalité des événements.

1870. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Son père avait commencé de lui enseigner le latin ; mais lorsqu’il vit cette disposition singulière pour les mathématiques, il la favorisa, procurant à l’enfant les livres nécessaires, et ajournant l’étude approfondie du latin à un âge plus avancé. […] Il lisait aussi beaucoup toutes sortes de livres, particulièrement l’Encyclopédie, d’un bout à l’autre. […] En même temps que, déjà jeune homme, les livres, les idées et les événements l’occupaient ainsi, les affections morales ne cessaient pas d’être toutes-puissantes sur son cœur. […] Ma plus grande dépense a été l’achat des livres et des instruments de géométrie dont notre fils ne pouvait se passer pour son instruction ; mais cette dépense même était une sage économie, puisqu’il n’a jamais eu d’autre maître que lui-même. » Cette mort fut un coup affreux pour le jeune homme, et sa douleur ou plutôt sa stupeur suspendit et opprima pendant quelque temps toutes ses facultés. […] Jeunesse à jamais regrettée, qui, à l’entrée de la carrière, sous le ciel qui lui verse les rayons, à demi penchée hors du char, livre des deux mains toutes ses râpes et pousse de front tous ses coursiers !

1871. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

De plus, outre ces capacités communes à tous les hommes, j’en ai qui me sont particulières ; par exemple, je suis capable de comprendre un livre latin ; ce portefaix est capable de porter un sac de trois cents livres ; voilà des attributions précises qui déterminent le quelque chose inconnu. […] Cela signifie que ce mouvement de mes membres et cette persistance de mes idées sont possibles ; ce mouvement est possible, parce que sa condition, un certain état de mon appareil musculaire et nerveux, est donnée ; cette persistance est possible, parce que sa condition, un certain équilibre de mes images, est donnée. — J’ai la faculté de comprendre un livre latin, et mon voisin le portefaix a la faculté de porter un sac de trois cents livres ; cela signifie que, si je lis un livre latin, je le comprendrai ; que, si le portefaix a sur le dos un sac de trois cents livres, il le portera. […] Première partie, livre II, ch. 

1872. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Ses livres, tels qu’on les possédait, avaient beau être mutilés, altérés ; en vain sa pensée arrivait-elle trouble et incertaine à travers la traduction latine d’une traduction arabe. […] S’il est critique, il découvrira des beautés cachées dans le livre ou la pièce de l’éminent confrère dont il espère la voix ; il ménagera l’opinion de tel salon qui est une antichambre connue de la docte assemblée parmi laquelle il désire siéger. […] Et certes, bien des noms glorieux se sont inscrits au livre d’or de la postérité ; mais aussi que d’avortements douloureux ! […] Le progrès littéraire est la résultante du combat qui se livre entre les forces contraires. […] Bien que l’auteur m’eût demandé communication de mon livre épuisé en librairie, il a jugé bon de le passer sous silence.

1873. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Dans une brève Préface (p. 77 et 78), Wagner expose le motif et l’objet de son livre. […] Noufflard fait son livre d’après les écrits même de Richard Wagner, et, pour en compléter les renseignements, il s’est servi de l’admirable biographie allemande de M.  […] C’est donc un livre utile ; il est malheureux, seulement, que des réflexions personnelles, bien qu’elles soient intéressantes, altèrent le caractère scientifique et documentaire de l’ouvrage. […]   Critique d’Avant-Garde, par Théodore Duret, (I vol. in-18 3 fr. 50) Un des chapitres de ce livre, qui est un recueil d’articles de critique artistique, est consacré à Richard Wagner. […] À donner cette connaissance, sied, excellemment, le livre composé par M. 

1874. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Étudier la Bohème sur cet homme, ses livres et ses procédés, c’est donc étudier la maladie sur le plus puissant organisme qu’elle ait ruiné en quelques jours. […] Tels qu’ils sont, violemment manqués, mais portant la trace à toute page d’une force inouïe, les livres que la traduction de Baudelaire nous a fait connaître ne permettent pas d’en douter. […] Elle revient de toutes parts dans ses livres. […] Ce fut la seule chose vraie de ses livres, construits comme des mensonges immenses, la seule émotion dont il n’aurait pas trafiqué ! […] Mais à dater du livre d’Émile Hennequin, Edgar Poe, qui fut moins le bourreau de ses vices que la victime des vices de son pays, apparaît dans une lumière plus juste.

1875. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

. — Mais bientôt, vers le milieu de l’hiver, après janvier, l’ordre des travaux, l’examen des livres à juger, dont quelques-uns curieux ou importants, la matière académique enfin, force l’attention, occupe et ressaisit tout le monde. […] La seconde fondation Montyon, toute littéraire, est, aux termes du même testament, destinée à récompenser le Français qui aura composé et fait paraître le livre le plus utile aux mœurs. […] L’Académie a tout fait pour étendre, pour interpréter, sans la fausser, l’esprit de cette dernière fondation ; elle y a vu un moyen d’encourager la littérature non seulement morale, mais élevée et sérieuse : à ce titre, elle a couronné le grand livre de Tocqueville sur l’Amérique, un bel exemple et l’application la plus mémorable du prix. […] Pour employer un vilain mot (et je l’emploie à regret, mais il est à l’ordre du jour), il faut qu’il n’y ait rien de clérical dans l’Académie. — Un jour, dans une discussion, à propos de je ne sais quel livre où Luther était voué au feu infernal et qu’on voulait nous faire couronner, il m’est échappé de dire à l’un des orthodoxes religieux dont j’ai l’honneur d’être le confrère, et qui s’étonnait de ma protestation : « C’est bien assez, à l’Académie, d’être de la religion d’Horace. » J’ai touché à bien des points, m’efforçant de montrer l’Académie comme elle est et évitant tout parti pris de dénigrement ou de complaisance. […] Albert Lacroix à reproduire, quand il le voudrait, dans un de ses livres, cet article qui fut composé d’abord pour le Paris-Guide en 1867.

1876. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

De côté, sur ces tablettes odorantes, voilà les livres choisis, les maîtres essentiels du goût et de l’âme, et quelques exemplaires somptueux où se retrouvent encore tous les noms de l’amitié, les trois ou quatre grands noms de cet âge. […] En osant la métaphore comme jamais on ne l’avait fait en français avant lui, M. de Chateaubriand ne s’y livre pas avec profusion, avec étourdissement ; il est sobre dans son audace ; sa parole, une fois l’image lancée, vient se retremper droit à la pensée principale, et il ne s’amuse pas aux ciselures ni aux moindres ornements. […] Un livre, par lui publié à Londres en 1797, l’Essai sur les Révolutions, était la source la plus abondante et la plus native où l’on pût étudier cette jeunesse confuse. […] Un Horace non châtié et le livre des Confessions mal faitestombèrent aux mains du jeune homme ; il entrevoyait d’une part la volupté flatteuse avec ses secrets incompréhensibles, de l’autre la mysticité délirante apprêtant des flammes et des chaînes. « Si j’ai peint plus tard avec vérité, dit-il, les entraînements de cœur mêlés aux syndérèses chrétiennes, je l’ai dû à cette double connaissance simultanée. » Le quatrième livre de l’Énéide, les volumes de Massillon où sont les sermons de l’Enfant prodigue et de la Pécheresse, ne le quittaient pas.

1877. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Parmi les documents récents qui se rapportent à cette vie publique, il convient de rappeler les Souvenirs sur Mirabeau par Étienne Dumont (de Genève), livre de bonne foi et de sens, écrit par un homme bien informé, sans prétention ambitieuse, quoi qu’on en ait dit ; livre qui n’atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre, mais qui a replacé l’homme et le génie dans quelques-unes des conditions réelles moins grandioses. […] Ce livre de l’honnête et spirituel Dumont a été accueilli ici avec une légèreté moqueuse et une boutade d’Athéniens qui ne veulent pas être contredits sur l’idole à la mode. […] Dans le récit, ou plutôt dans la discussion à laquelle il se livre, des amours de Mirabeau et de Sophie, nous craignons que M. […] L’Examen critique des Apologistes du Christianisme, la Lettre de inrasybule, ces livres clandestins que M.

1878. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

X Les rapports passionnés que Laurent établit entre la Grèce et l’Italie, les livres dont il enrichit sa patrie, les hommes célèbres auxquels il offrit un asile, furent le signal de la Renaissance, époque brillante où un monde moral nouveau sort tout à coup d’un monde qui s’éteint. […] « Livre-toi maintenant aux doux plaisirs et aux jeux folâtres ; tu peux te mêler aux danses légères de la jeunesse, ou amuser les jeunes filles par tes aimables chansons. » XI « Non content de son intimité avec Politien, le Villemain de ce siècle, et qu’il avait choisi pour le conseiller suprême de l’éducation de ses enfants, avec qui il se promenait à cheval dans ses domaines, Laurent témoignait la même faveur au jeune Pic de la Mirandole. […] J’aimerais mieux vous voir mettre votre luxe à rassembler les restes précieux de l’antiquité, ou des livres rares, à réunir autour de vous des hommes instruits et de bonnes mœurs, qu’à vous entourer d’un nombreux domestique. […] La dignité de cardinal n’offre pas moins de tranquillité que de grandeur, d’où il arrive que l’on se livre à une sorte de négligence ; on croit avoir tout fait quand on s’est élevé à ce poste éminent et que l’on n’a plus rien à faire pour s’y maintenir, opinion aussi funeste à la vertu qu’à la véritable grandeur, et dont vous devez avoir grand soin de vous garantir ; sur ce point, il vaut mieux pécher par trop de défiance que de tomber dans l’excès contraire. […] Son début était frappant et son regard plein d’expression ; je commençai à m’intéresser sérieusement à ce qu’il allait dire. — Il commence ; je suis attentif : une voix sonore, des expressions choisies, des sentiments élevés. — Il établit les divisions de son sujet : je les saisis sans peine ; rien d’obscur, rien d’inutile, rien de fade et de languissant. — Il développe ses arguments ; je me sens embarrassé. — Il réfute le sophisme, et mon embarras se dissipe. — Il amène un récit analogue au sujet ; je me sens intéressé. — Il module sa voix en accents variés qui me charment. — Il se livre à une sorte de gaieté ; je souris involontairement. — Il entame une argumentation sérieuse ; je cède à la force des vérités qu’il me présente. — Il s’adresse aux passions ; les larmes inondent mon visage. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.

1879. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

La suite de ces réflexions écrites de 1772 à 1775 sur toutes les matières et sur tous les livres dont il s’occupe, qu’il réfute ou qu’il refait, sur Condillac, sur Bonnet, sur Helvétius, sur les économistes, demanderait une suite de chapitres, et je ne puis ici donner qu’un aperçu général. […] Croyez-vous qu’une pension de six mille livres sur une abbaye fût assez ? […] » Dénoncé à la société des Jacobins peu de temps avant le 9 Thermidor, il aimait à raconter qu’il avait été sauvé par son cordonnier qui se leva et dit : « Ce Sieyès, je le connais, il ne s’occupe pas du tout de politique, il est toujours dans ses livres : c’est moi qui le chausse, et j’en réponds. » D’une stricte économie pour lui-même, il n’était pas aussi peu secourable que quelques personnes l’ont cru. […] Il ne pouvait lire jusqu’au bout un seul de ses livres. […] [NdA] Dans une note manuscrite de lui, écrite vers 1788, et peut-être plus tôt, on lit cette espèce de description intime qui nous livre le fond de son humeur morale : c’est le point de départ de son caractère avant la Révolution : Héraclite, Démocrite.

1880. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Dans l’histoire, de tous les documents, le plus significatif est le livre ; d’autre part, de tous les livres, c’est le plus significatif qui a la plus haute valeur, littéraire. […] Une personne animée de dispositions bienveillantes pour l’humanité ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Education sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou qui essaient, de susciter une mélancolie sans cause. […] La plupart des commerçants, des politiciens, des médecins, choisissent les livres, les tableaux, les morceaux de musique opposés de ton et de tendance aux dispositions dont ils doivent user dans leur vie active. […] Sur la théorie qui identifie l’art et le jeu, voir nos Problèmes de l’esthétique contemporaine, livre Ier.

1881. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Il n’a jamais caché de quelle extraction était sa pensée, et, sur ce point, nulle équivoque n’est possible : Zola appuie son œuvre et sa réforme sur la science expérimentale, et, en particulier, sur le livre fameux de Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. […] Nous ne pouvons douter qu’il ait pleinement tiré parti de cela, lorsque nous lisons ses livres, car chaque volume de la série des Rougon-Macquart est une orgie de vision matérielle.‌ […] Il a connu toutes ces choses, non comme matériaux pour faire des livres, mais pour satisfaire ses instinctives passions personnelles. Et en les connaissant, il a amassé un trésor d’expériences où il puisa lorsqu’il vint à faire des livres, et qui leur donne ce troublant parfum spécial qu’exhalent seules les choses qui ont été vécues personnellement dans l’éloignement du passé. […] Meunier, le fabricant de chocolat, et imagina en lui-même la luxueuse installation de l’intérieur, découvrant plusieurs années après, que sa description était peu éloignée de la réalité ; avant d’écrire Nana, il obtint une introduction auprès d’une demi-mondaine, avec laquelle il eut le privilège de déjeuner ; sa laborieuse préparation au prodigieux récit de la guerre de 1870, dans La Débâcle, se compose purement de livres, de documents et d’expériences de seconde main ; quand il voulut décrire le travail, il alla dans les mines et dans les champs, mais il ne semble pas qu’il ait jamais fait un travail manuel d’un seul jour.

1882. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Le livre était sur toutes les tables et presque sur toutes les toilettes. […] Il était près, assure-t-il, de lui répondre ; il s’est ressouvenu aussitôt de son Histoire, de cette Histoire élégante et froide, où il est tracé « un tableau si odieusement faux de la félicité du monde », à cette écrasante époque de l’établissement romain : Je n’ai jamais pu lire son livre, ajoute-t-il, sans m’étonner qu’il fût écrit en anglais ; à chaque instant j’étais tenté de m’adresser à M.  […] À ce moment, il y a un léger mouvement de baisse, une légère impression d’ennui qui de la lecture du livre a presque passé sur l’auteur : (10 août). […] Pour mon compte, c’est des livres que j’aime à tirer mes connaissances, et je ne demande à la société que des égards polis et des manières faciles5.

1883. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Du temps de Gabriel Naudé, qui fait toute une énumération dans son Mascurat, on comptait plus de mille ou douze cents femmes qui avaient composé des livres. […] Une de ces difficultés, c’est, dit-elle, que « la plupart des gens sont gâtés aujourd’hui par la lecture de quantité de livres vains et frivoles, et ne peuvent souffrir ce qui n’est pas dans le même goût. […] [NdA] La vraie définition du livre de Florus me paraît être : « une Biographie laudative, brillante et sommaire, du Peuple romain ». […] avec quelle application elle lisait les livres de son père et de sa mère, notant les endroits délicats ou ingénieux !

1884. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

D… doit publier demain. » Puis, quand il inventait, ou du moins quand il composait et combinait réellement un livre avec des éléments ramassés de toutes parts et qu’il s’en pouvait dire très spécieusement l’auteur, alors en revanche, et comme par compensation, M. de Courchamps ne le signait pas, mais il se couvrait d’un autre nom que le sien, d’un nom connu, autorisé, et il s’exposait dès lors à ce qu’on lui démontrât qu’il n’avait pas le droit d’y attacher ce nom-là, et que c’était bien le sien, cette fois, qu’il y aurait dû mettre. […] Celui-ci lui envoie en manière d’hommage les livres qu’il publie, même quand ils sont pleins de chiffres : « Ce qui est à ma portée, dit-elle, me paraît dolent et plein de désir. » Là s’arrête son épigramme. […] De qui sont-ils donc, et de quelle manière peut-on se rendre un compte vraisemblable de ce singulier livre ? […] Lorsque d’Alembert venait lui demander un matin de vouloir bien lui prêter la somme de « vingt-deux livres dix sous », elle lui prêtait cette somme juste, ni plus ni moins.

1885. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

C’est l’éditeur qui est Panurge : il lance son livre et tous les moutons de sauter. Ils ont tous sauté pour Royer-Collard depuis le livre de M. de Barante ; ils ont tous sauté pour Mme Swetchine depuis les volumes de M. de Falloux. […] L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné à un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. » S’il est vrai qu’il y eut une lutte dans le cœur de la jeune fille, et un sacrifice pénible à consommer pour obéir à la décision de son père, si cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage, en flétrissant du premier jour l’avenir, la jeta par volonté et de parti pris dans les voies austères du devoir et de la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans ce passage du livre de M. de Falloux. […] Charles Eynard, de Genève, qui dédiait autrefois son livre de Madame de Krüdnerà M. de Falloux et qui avait été en correspondance suivie avec Mme Edling, a été interrogé, et M. 

1886. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il n’y obtint qu’un bénéfice de 800 livres qu’il résigna après quelques années de jouissance, au profit, dit-on, de la demoiselle Marie Poncher de Bretouville qu’il avait aimée et qui se faisait religieuse. […] Pour verve unique, il avait la haine des sots livres. […] La raison fut son génie ; c’était en lui un organe délicat, prompt, irritable, blessé d’un mauvais sens comme une oreille sensible l’est d’un mauvais son, et se soulevant comme une partie offensée sitôt que quelque chose venait à la choquer. » Cette même raison si sensible, qui lui inspirait, nous dit-il, dès quinze ans, la haine d’un sot livre, lui faisait bénir son siècle après Phèdre. […] Il y a peu de livres qui aient plus agréablement exercé la mémoire des hommes, et il n’y en a certainement point qu’il fût aujourd’hui plus aisé de restituer, si toutes les copies et toutes les éditions en étoient perdues. »

1887. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Un livre vraiment utile au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance, plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme : ce sont les Évangiles. […] Un livre qu’on a eu bien de la peine à se procurer, un livre qu’on tire précieusement du lieu obscur où on le tenait caché, va remplir ces heures de silence. […] Les romans sont les livres des malheureux : ils nous nourrissent d’illusions, il est vrai ; mais en sont-ils plus remplis que la vie ?

1888. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Il ne peut plus se contenir ; la détente est lâchée ; il ajoute : « On peut ne pas aimer mes livres, et je ne trouve point cela mauvais ; mais quiconque ne m’aime pas à cause de mes livres, est un fripon : jamais on ne m’ôtera cela de l’esprit. » L’esprit était donc déjà atteint. On se sent humilié pour ce qu’on appelle talent humain ou génie, de penser que c’est à partir de ce temps que Rousseau a écrit quelques-unes de ses plus divines pages, les premiers livres des Confessions, la cinquième promenade des Rêveries. […] Certes, il est impossible de mieux représenter l’état moral et physiologique de Rousseau ; et, avec un hôte d’une sensibilité si maladive, ainsi livré à la solitude « sans occupation, sans livres, sans société (hors celle de cette misérable Thérèse), et sans sommeil », Hume aurait moins dû s’étonner du résultat.

1889. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

En y regardant bien toutefois, si le livre a été écrit par un homme sensé et qui ait connu l’homme véritable, on trouvera encore à profiter dans l’étude de ces modèles qui ont été proposés aux générations précédentes. […] Mieux vaut lire un homme que dix livres : « Le monde est un pays que jamais personne n’a connu au moyen des descriptions ; chacun de nous doit le parcourir en personne, pour y être initié. » Voici quelques préceptes ou remarques, qui sont dignes de ces maîtres de la morale humaine : La connaissance la plus essentielle de toutes, je veux dire la connaissance du monde, ne s’acquiert jamais sans une grande attention, et je connais bon nombre de personnes âgées qui, après avoir été fort répandues, ne sont encore que des enfants dans la connaissance du monde. […] C’est un livre riche. […] Cicéron écrivit un beau traité sur la vieillesse, mais il ne prouva point son livre par les faits ; ses dernières années furent très malheureuses.

1890. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

C’est un joli livre dans le genre de Duclos, et qui peint bien l’aspect des mœurs à sa date. […] Le livre est froid et mérite peu d’être relu. […] Ce livre, qui a titre L’Époque sans nom, et qui commence par une lettre adressée à M.  […] Voulant expliquer, par exemple, pourquoi le connétable de Luynes, pour le moins aussi digne d’être haï et méprisé que le maréchal d’Ancre, n’a pas encouru la même impopularité dans sa mémoire, il dira énergiquement : « C’est qu’il mourut au sein de sa grandeur, qui se continuait dans une famille riche et puissante ; et il faut toujours au vulgaire l’autorité d’un revers pour lui faire mépriser tout à fait les enfants de la fortune : il ne comprend guère que les dénouements. » Mais le plus souvent sa malice se recouvre, et plus d’un lecteur qui parcourrait le livre avec bonhomie pourrait la laisser échapper.

1891. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Et ce secret, qu’il cherche et qu’il arrache de toutes parts, jusque dans les entrailles, il nous le livre et nous l’étale, je le répète, dans un langage parlant, animé, échauffé jusqu’à la furie, palpitant de joie ou de colère, et qui n’est autre souvent que celui qu’on se figurerait d’un Molière faisant sa pâture de l’histoire. […] Saint-Simon, au premier bruit de la rechute et de l’agonie, court donc chez la duchesse de Bourgogne, et y trouve tout Versailles rassemblé, les dames à demi habillées, les portes ouvertes, un pêle-mêle confus, et une des occasions les plus belles qu’il ait jamais rencontrées de lire à livre ouvert dans les physionomies des acteurs : « Ce spectacle, dit-il, attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme. » Et il se met à exercer sa faculté de dissection et d’analyse sur chaque visage en particulier, en commençant par les deux fils du moribond, par leurs épouses, et ainsi par degrés sur tous les intéressés : Tous les assistants, dit-il avec une jubilation de curieux qui ne se peut contenir, étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la Cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien ; ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur, ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes pour cacher leur élargissement et leur joie. […] Salomon a dit quelque part dans le livre des Proverbes : « Comme on voit se réfléchir dans l’eau le visage de ceux qui s’y regardent, ainsi les cœurs des hommes sont à découvert aux yeux des sages. » Mais il est difficile de rester prudent et sage quand on lit à ce degré jusqu’au fond dans l’âme des autres hommes ; il est difficile, même lorsqu’on n’en abuserait point pour des fins intéressées et sordides, de ne point haïr, de ne point mépriser, de ne point marquer ses propres antipathies et ses instincts ; et le faible de Saint-Simon comme homme, de même qu’une partie de sa gloire comme peintre, est de s’être livré avec passion et flamme à tous les mouvements de réaction que cette seconde vue, dont il était doué, excitait en lui. […] Après avoir ainsi épuisé avec une curiosité avide et subtile, et une richesse de langue inimaginable, toutes les formes, toutes les postures et les attitudes plus ou moins naturelles ou contraintes de cette vaste désolation de Versailles, il revient alors à ses deux princes et princesses du premier salon, et aux physionomies de première qualité qu’il nous livre également dans toutes leurs nuances.

1892. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Pourtant il ressemblait beaucoup à sa mère, cette propre sœur des Corneille ; il disait, avec cette indifférence qui lui était particulière en toute chose, et que la pudeur filiale elle-même n’atteignait pas : « Mon père était une bête, mais ma mère avait de l’esprit ; elle était quiétiste ; c’était une petite femme douce qui me disait souvent : Mon fils, vous serez damné ; mais cela ne lui faisait point de peine. » — Pour maintenir quelque rapport de ressemblance entre Fontenelle et son oncle illustre, une seule remarque est essentielle, et je la livre à ceux qui aiment à réfléchir sur ces liens délicats. […] Il (Newton) a laissé, dit-il, en biens meubles environ trente-deux mille livres sterling, c’est-à-dire sept cent mille livres de notre monnaie. […] Ce livre des Mondes offre, en quelque sorte, deux aspects, et il aboutit par une double influence à deux ordres d’écrits tout différents. […] Quand un orfèvre l’eut examinée, il se trouva que c’était une feuille d’or appliquée à la dent avec beaucoup d’adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l’orfèvre.

1893. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Il ne faut ces jours-là qu’un prétexte et un accident pour que la société, la morale publique et générale, bravée dans ses principes, dans ses préjugés les plus respectables, se soulève à la fin et se livre à des représailles souvent brutales, mais en partie méritées. […] « Les femmes courent après Mlle de Lenclos, disait Mme de Coulanges, comme d’autres gens y couraient autrefois. » Et là-dessus Mme de Sévigné écrivait à M. de Coulanges : « Corbinelli me mande des merveilles de la bonne compagnie d’hommes qu’il trouve chez Mlle de Lenclos ; ainsi elle rassemble tout sur ses vieux jours, quoi que dise Mme de Coulanges, et les hommes et les femmes. » Aucun livre ne nous rend mieux ce qu’était dans les derniers temps le salon de Mlle de Lenclos, que le Dialogue sur la musique des anciens, par l’abbé de Châteauneuf : c’est une conversation qui se tient chez elle, et où on l’entend dire son mot avec goût, avec justesse, et en excellente musicienne qu’elle était. […] Elle sembla pressentir ce que serait bientôt cet enfant, et elle lui légua par son testament 2 000 francs pour acheter des livres. […] Je conseille de relire, à ce propos, ce que dit si sensément et si énergiquement Jean-Jacques Rousseau au livre V de l’Émile, dans le passage qui commence ainsi : « Je ne sache que la seule Mlle de L’Enclos, etc., etc. » et la note qui précède.

1894. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard à concevoir l’histoire de la littérature française d’une manière originale et féconde, et lui a inspiré une idée qui est comme la trame de tout son livre et qui lui assure une valeur philosophique. […] Cette pensée fondamentale de l’auteur donne à son livre une grande force et une grande unité ; on peut trouver sans doute que cette manière abstraite de juger les œuvres et les écrivains conviendrait mieux à un métaphysicien qu’à un critique. On ne cherchera pas dans son livre les analyses biographiques et psychologiques d’un Sainte-Beuve, ni la critique précise et pratique d’un La Harpe ou d’un Voltaire, ni les grandes vues de littérature comparée d’un Villemain, ni les applications morales d’un Saint-Marc-Girardin, ni les méditations individuelles d’un Sacy. Non ; l’esprit de ce livre, sa force, son intérêt, c’est la théorie.

1895. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Il ne se pose pas majestueusement en restaurateur de la science ; il ne déclare pas, comme vos Allemands, que son livre va ouvrir une nouvelle ère au genre humain. […] Il y a donc une science des sciences : c’est cette science qu’on appelle logique, et qui est l’objet du livre de Stuart Mill. […] Elle pèse dix livres : cela signifie qu’il faudra pour la soulever un effort moindre que pour un poids de onze livres, et plus grand que pour un poids de neuf livres, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation musculaire. […] Tous pouvez considérer ce mémento comme un livre de notes où vous vous reportez quand vous voulez rafraîchir votre mémoire ; mais ce n’est point du livre que vous tirez voire science : vous la tirez des objets que vous avez vus. […] Il y a un livre entier sur la méthode des sciences morales ; je ne connais pas de meilleur traité sur ce sujet.

1896. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Il n’y a toujours que peu ou pas de publications : on a donné, dans la Collection des Documents du Gouvernement, les Lettres de Henri IV (un ou deux volumes pour commencer) ; on en a cité une charmante à Marie de Médicis sur Plutarque : Qui l’aime, m’aime, charmante épigraphe à mettre à un petit nombre de ces livres selon le cœur. […] Ces demoiselles de Saint-Cyr, contemporaines de madame de Caylus, sont de vraies lorettes comme on dit ; il semble que Dumas ait détaché un chapitre du livre qu’il publie sous ce titre.

1897. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Dans le feuilleton des Débats du 21 août, vous pouvez voir qu’il y a eu une brochure de l’archevêque de Paris24, qu’il y a fait allusion sur la fin et répondu au livre de Quinet et Michelet (Des Jésuites). […] A travers cela, il se mariait richement, il faisait sa fortune : 80 000 livres de rentes, s’il vous plaît.

1898. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Quoi qu’il en soit de ce reproche, la couleur du livre, car il en a une, est la plus convenable possible, parce qu’elle est la plus patriotique. […] A cela, pourtant, le blâme, ne saurait trouver à reprendre : au milieu de tant de périls qui tonnent sur la Révolution, la couleur du livre, sans cesser d’être nationale, est devenue militaire, et comme telle est restée pure, aussi pure que les couleurs de notre drapeau.

1899. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Voici un petit livre qui a fait quelque bruit en son temps, et dont on a parlé durant cinq ou six mois en 1829, si je ne me trompe. […] Sainte-Beuve n’aurait qu’à se féliciter devoir prolonger, pour lui, l’épreuve qui décide du sort des livres.

1900. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Le même principe, fécond en conséquences, s’applique à ces affections comme à tous les attachements du cœur ; si l’on y livre son âme assez vivement pour éprouver le besoin impérieux de la réciprocité, le repos cesse et le malheur commence. […] L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.

1901. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Malheur à ceux que leur évolution trop lente livre au voisin qui subitement s’est dégagé de sa chrysalide et sort le premier tout armé ! […] Nous avons encore, piqués sur le papier et classés par dates, les échantillons des robes que la reine Marie-Antoinette a portées et, d’autre part, nous pouvons nous figurer l’habillement d’un paysan, décrire son pain, nommer les farines dont il le composait, marquer en sous et deniers ce que lui en coûtait une livre.

1902. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Rome, après la conquête, importe chez nous ses lois, sa langue, ou plutôt ses langues : elle installe dans les prospères écoles, elle déploie dans l’abondante littérature de la Gaule romaine sa sévère langue classique, ennoblie d’hellénisme, solidement liée par les rigoureuses lois de sa syntaxe et de sa prosodie ; elle livre à la masse populaire le rude, instable, usuel parler de ses soldats, de ses marchands et de ses esclaves, ce latin que, dès le temps d’Ennius, la force de l’accent et de vagues tendances analytiques commençaient à décomposer. […] Dans l’époque moderne, la Révocation de l’Édit de Nantes a jeté en Hollande un petit monde de théologiens érudits et militants, qui firent pour un temps de ce pays étranger un grand producteur de livres et de journaux français.

1903. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Elle a reflété dans ses livres toutes les chimères de son temps ; et, comme elle était femme, elle a ajouté à son rêve celui de tous les hommes qu’elle a aimés. […] Au lieu que les autres, le plus souvent, voient la nature de haut, et l’arrangent, ou lui prêtent leurs propres sentiments, elle se livre, elle, aux charmes des choses et s’en laisse intimement pénétrer.

1904. (1890) L’avenir de la science « XX »

Mais les ouvriers commettent souvent une faute vraiment impardonnable : c’est d’abandonner le genre où ils pourraient exceller pour traiter des sujets où ils ne sont pas compétents et qui exigent une tout autre culture que celle des petits livres d’école. […] Letronne a plus gagné en faisant des livres élémentaires médiocres que par les admirables travaux qui ont illustré son nom.

1905. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Ce livre a une saveur tragique. […] Ce livre, à mon sens, n’est pas beau.

1906. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Ils écrivirent qu’elles avoient mal pris le sens de son livre ; que le roman étoit une allégorie soutenue ; que, par cette rose, l’objet des vœux de l’amant, il falloit entendre la sagesse, ou l’état de grace, ou la sainte Vierge, ou bien l’éternelle béatitude. […] La vérité est que le Meun, en composant son livre, ne pensoit à rien de tout cela ; qu’il se proposoit uniquement de faire un ouvrage de galanterie.

1907. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Son livre, néanmoins, parut un attentat contre les idées reçues en Italie. […] Il dit franchement, dans son livre, à un jeune homme qui s’est longtemps tourmenté pour réussir dans ces trois choses : Vous avez donné sept ans à l’étude de Cicéron ; hé bien !

1908. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Avant-propos Le livre que nous publions ici, dans cette bibliothèque hospitalière, libéralement ouverte à toutes les écoles de philosophie, est la réimpression amplement développée de deux articles qui ont paru dans la Revue des Deux-Mondes, aux mois de juin et juillet 1865. Ils sont le complément des études critiques que nous avons entreprises sur le matérialisme contemporain, et pourraient avoir leur place dans le livre que nous avons publié sous ce titre, il y a quelques années, et qui a été accueilli avec bienveillance par les esprits de bonne foi dans tous les partis.

1909. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Les plus belles choses qu’un auteur puisse mettre dans un livre sont les sentiments qui lui viennent, par réminiscence, des premiers jours de sa jeunesse. […] Mais dans le livre qui a placé Montesquieu au rang des hommes illustres, il a magnifiquement réparé ses torts, en faisant l’éloge du culte qu’il avait eu l’imprudence d’attaquer.

1910. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Quintilien explique si bien la nature et l’usage des images et des figures dans les derniers chapitres de son huitiéme livre, et dans les premiers chapitres du livre suivant, qu’il ne laisse rien à faire que d’admirer sa penetration et son grand sens.

1911. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Ainsi les poëtes loüent avec raison le poëme de Lucrece sur l’univers, comme l’ouvrage d’un grand artisan, quand les philosophes le condamnent comme un livre rempli de mauvais raisonnemens. C’est ainsi que les sçavans en histoire blâment Varillas, parce qu’il se trompe à chaque page, quand les lecteurs qui ne cherchent que de l’amusement dans un livre, le louent à cause de ses narrations amusantes et de l’agrément de son stile.

1912. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Puisque je suis amené à parler de La Fontaine, je citerai quelques fables de lui auxquelles certains détails des contes et fables indigènes nous font penser : Livre VIII, 3. […] Livre II, 15 (Cf.

1913. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Une correspondance familière fait un livre médiocre, soit, mais elle constitue une précieuse biographie. […] Au séminaire il a connu les premières ivresses cérébrales dont est tout soulevé le beau livre qu’il écrivit peu après sur l’Avenir de la Science.

1914. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

C’est le livre des vieillards, des philosophes, des citoyens, des courtisans, des princes. […] « En attendant, dit-il, je consacre ce livre en l’honneur d’Agricola mon beau-père ; et dans ce projet ma tendresse pour lui me servira ou d’excuse, ou d’éloge45. » Alors il parcourt les différentes époques de la vie de son héros, peignant partout comme il sait peindre, et montrant un grand homme à la cour d’un tyran, coupable par ses services même, forcé de remercier son maître de ses injustices, et obligé d’employer plus d’art pour faire oublier sa gloire, qu’il n’en avait fallu pour conquérir des provinces et vaincre des armées.

1915. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Mes journées étaient toujours trop courtes, je lisais au moins sept ou huit heures, à présent je ne puis plus ouvrir un livre. […] Je sais que vous avez de l’amitié pour moi et que vous aimiez cet ami incomparable : c’est ce qui fait que je me livre avec vous à ma douleur. […] La lettre suivante, datée du 25 juin, peut jeter quelque jour sur ce singulier incident : « Je me hâte de vous envoyer Corinne, c’était à vous que l’auteur voulait que son livre parvînt avant tout autre en Italie. […] Elle répondit qu’elle était prête à ôter tout ce qui pouvait donner offense, mais qu’elle n’ajouterait rien à son livre pour faire sa cour. […] Cet homme vivait solitaire entre ses livres, sa plume et ses chevaux, signe de noblesse.

1916. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

N’étant guère actionné que par l’amour, il fit de l’amour l’action de tous les livres qui prétendaient à le représenter. […] Dès le début du siècle, la langue espagnole était familière à la plupart des gentilshommes et des dames : mais les livres pénétraient plus lentement, et ce n’est guère avant 1630 qu’on sent une forte action du génie castillan sur la littérature française. […] Enfin l’esprit castillan s’est offert à nos courtisans dans une idée que dégageaient, non plus les fictions des livres, mais les vies réelles ou légendaires de quelques individus comme Villamerliana : idée de politesse héroïque et de gravité hautaine même dans la facétie. […] Comme la société est très intelligente et très avide du plaisir littéraire, on voit éclore alors une prodigieuse abondance de sonnets, de rondeaux, d’élégies, de chansons, de stances, dont la galanterie en général fait le fond, puisqu’il était établi qu’il ne pouvait y avoir d’honnête homme sans amour, ni d’honnête livre. […] Charlemagne, 42 chants, 1664 ; Carel de Sainte-Garde, Childebrand, 16 livres, 1666 (devenu en 1679 Charles Martel) ; ajoutez Saint-Amaut.

1917. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Il serait intéressant de rechercher depuis 1865, à travers ses recueils divers, les Stances et Poèmes, Les Épreuves, Les Solitudes, Les Vaines Tendresses, la trace de cette préoccupation constante : elle se marque surtout dans la traduction en vers du premier livre de Lucrèce (1869) et dans le petit poème, peu connu et très digne de l’être, Les Destins (1872). […] Le petit livre des Destins, publié il y a six ans, sort déjà du cadre ordinaire des poésies de M.  […] Ce sont tous mes instincts poussant des cris d’alarme ; En moi-même se livre un combat sans vainqueur Entre la foi sans preuve et la raison sans charme. […] Que l’espèce à l’espèce avec âpreté livre. […] Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines !

1918. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

comme il s’en est bien corrigé, et que ceux qui lisent aujourd’hui son livre Du vrai, du bien et du beau, auraient peine à comprendre qu’il ait pu hésiter à se montrer à tous si naturellement éloquent ! […] Scherer dans l’examen du livre du Pape et des autres écrits du grand théocrate ! […] Lamennais avait de bonne heure cultivé ce genre, il avait composé des hymnes Aux Morts, À la Pologne ; il avait terminé son livre Des maux de l’Église par un épilogue dans le même style.

1919. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

. — Le livre de Job. — De l’origine du langage. — Histoire générale des langues sémitiques. — Averroës, etc. […] Mais cet enseignement philosophique ne lui allait pas ; et dans son morceau sur l’Avenir de la métaphysique, à l’occasion d’un livre de M.  […] Renan était désigné par l’Académie des Inscriptions pour une mission érudite en Italie ; il y prépara son livre d’Averroës et de l’Averroïsme (1852), qui fut d’abord son sujet de thèse pour le doctorat.

1920. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

On sait bien ce qu’est un poëte dans ses livres ou dans le monde, et même dans l’intimité ; on ne sait pas, on ne peut savoir ni soupçonner, à moins de l’avoir vu de près, ce que c’est qu’un poëte dans un journal, dans une Revue. […] L’âme, l’inspiration de toute saine critique, réside dans le sentiment et l’amour de la vérité : entendre dire une chose fausse, entendre louer ou seulement lire un livre sophistique, une œuvre quelconque d’un art factice, cela fait mal et blesse l’esprit sain, comme une fausse note pour une oreille délicate ; cela va même jusqu’à irriter certaines natures chez qui la sensibilité pénètre à point dans la raison et vient comme aiguiser celle-ci en s’y tempérant. La haine d’un sot livre fut, on le sait, la première et la plus chaude verve de Boileau.

1921. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il l’avoue quand il invite la Volupté à venir loger chez lui, lui disant qu’elle ne sera pas sans emploi, « qu’il aime le jeu, les vers, les livres, la musique, la ville, la campagne, enfin tout. » Il n’est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu’aux sombres plaisirs d’un coeur mélancolique. […] Il n’a eu garde d’ouvrir son livre par l’atroce peinture d’une peste ; il est à cent lieues du sérieux italien et des barbaries du moyen âge. […] A vingt ans, la lecture de quelques livres pieux l’avait jeté au séminaire.

1922. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

livres. […] À Baraillon, tailleur… 5108 » À Fortier, tailleur… 3571 » Au sieur Lulli et à la demoiselle Hilaire, pour leurs habits… 900 » Aux comédiens de la troupe du Palais-Royal, pour leurs habits… 4400 » À Dufour, pour la fourniture des bas… 1177 » À Detienges, pour la fourniture des rubans… 535 » À la veuve Vaignard, pour masques, mannes, cadenas et autres ustensiles… 1835 » À Ducreux, pour les perruques, barbes, etc… 687 » À Rabache, pour six perruques de crin… 76 » À Lenoir, plumassier, pour les plumes… 603 1 À Blanchard, pour les gants… 89 16 À Brécourt65, pour la fourniture des pierreries… 220 » À Balard, imprimeur, pour les livres… 1022 » Pour les escarpins des danseurs… 420 » Pour les logements des danseurs, musiciens et concertants, pour la répétition du ballet de Chambord à Saint-Germain, et pour une nuit à Saint-Dier… 535 10 Pour toutes les nourritures, tant pour le voyage de Chambord que pour la répétition du ballet à Saint-Germain, et pour les comédies de l’Hôtel, à Versailles… 7916 10 (Dans lesquelles 7916 liv. 10 s. les comédiens du Palais-Royal, pour les nourritures et frais par eux faits, tant au voyage de Chambord qu’aux répétitions de Saint-Germain, entrent pour 3442 liv. 10 s.) […] 1578 2 Pour toutes les serrures à fermer les loges… 70 » À Sauvage, pour la menuiserie faite à Saint-Germain… 266 8 À Ducreux, pour fourniture de 80 aunes de toile pour boucher les fenêtres des musiciens, comédiens, etc., et autres frais… 180 3 À Paysan, pour la poudre, pommade, y compris ses peines, celles de ses garçons, et les frais de leur voyage à Chambord… 210 » Pour toutes les voitures généralement quelconques… 9008 » Pour trois bannes qui ont servi à couvrir les charrettes où étaient les habits… 50 8 Pour tous les Suisses qui ont servi, tant à Chambord qu’à Saint-Germain, à garder les portes du théâtre… 153 » Au sieur de Lulli, pour ses copistes, leur entretien et nourriture, la somme de… 800 » Pour les ports, rapports et entretiens d’instruments… 196 » Pour les dessins et peines du sieur Gissez… 483 » Pour les peines d’avertisseurs, huissiers et autres gens nécessaires… 300 » Aux concierges de Chambord et de Saint-Germain, à raison de 100 liv. chacun… 200 » Pour tous les menus frais imprévus, suivant le mémoire ci-attaché… 403 » Somme totale du contenu au présent état… 49404 18 Nous, Louis-Marie d’Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, certifions avoir ordonné la dépense contenue au présent état, et l’avoir arrêtée pour Sa Majesté à la somme de quarante-neuf mille quatre cent quatre livres dix-huit sous.

1923. (1842) Essai sur Adolphe

Or il y a dans ce livre une vertu singulière et presque magnétique qui nous attire et nous appelle chaque fois que nous sommes témoins ou acteurs dans une crise morale de quelque importance. […] qui sait si le livre n’eût pas perdu à ce jeu dangereux l’autorité lumineuse de ses enseignements ? […] Or il n’y a pas une de ces austères vérités qui ne soit écrite dans Adolphe en caractères ineffaçables : c’est un livre plein d’enseignements et de conseils pour ceux qui aiment et qui souffrent.

1924. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

On compte 400 Christs de sa main et un buste de l’empereur François-Joseph63 — Il suffit de voir les aveugles lire avec leurs doigts les livres imprimés en relief presque aussi rapidement que nous lisons les livres imprimés à l’encre, pour comprendre tout le discernement que notre toucher eût pu avoir et qu’il n’a pas64. — Ainsi l’atlas musculaire et tactile est demeuré en nous rudimentaire. […] L’opération ressemble à la digestion ou à la marche ; en apparence, rien de plus simple ; au fond, rien de plus compliqué. — Il y a devant moi, à trois pieds de distance, un livre relié en cuir brun, et j’ouvre les yeux. […] Voir l’admirable livre de Helmholtz, surtout la troisième partie, Die Lehre von den Gesichts-Wahrnehmungen. […] Voir première partie, livre I, ch.  […] Voir première partie, livre I, ch. 

1925. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Tel mot, qui ne frappe point le lecteur, fait un effet profond sur le spectateur ; il y a des choses qu’on lit mais qu’on ne veut point entendre, et d’autres qui feraient fermer un livre et qu’on accepte à la scène. […] Son livre est un acte de foi, un hymne à l’avenir. […] On sent très bien que la vision première fut épique ; l’adaptation à la scène brutalise la psychologie du roman et l’affaiblit à la fois ; nous n’avons que l’utilisation d’un livre célèbre. […] Il y aurait un livre à écrire sur ce sujet que j’esquisse par quelques dates, par quelques mots. […] La littérature est le livre d’or où s’inscrit depuis mille ans la dette sacrée que la France et l’humanité ont l’une envers l’autre.

1926. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Les Géorgiques furent sur les toilettes comme un volume de l’Encyclopédie ou comme le livre de l’Esprit  ; on crut lire Virgile. […] On fit des cartons à ces endroits, le livre parut, et tout le monde lut Clément. […] A Darmstadt, il avait visité incognito les jardins du prince dessinés et calqués dans le temps, livre en main, sur le poëme. […] L’apparition de ce livre fut un événement politique42. […] Les livres de Delille se tiraient d’ordinaire à vingt mille exemplaires, pour la première édition.

1927. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Voilà les grandes idées sur lesquelles s’arrête Newton en achevant son livre, et auxquelles il se fie plus encore qu’à ses mathématiques. […] Je n’ai point à résumer ici la Mécanique céleste, et je remarque seulement qu’elle débute par un premier livre sur les lois générales de l’équilibre et du mouvement. […] Le cinquième, le sixième et le septième livres sont destinés à expliquer de quelle manière l’animal naît ; le temps où il commence à se reproduire, celui où il cesse de le pouvoir faire et la durée totale de sa vie. On connaît par la lecture des sept premiers livres comment le corps de l’animal existe et comment il se multiplie ; les deux derniers apprennent comment l’animal vit et comment il se conserve. […] Le premier livre de l’Histoire des animaux commence par une belle et savante anatomie de l’homme, destiné à servir de type à la construction des animaux inférieurs à l’homme.

1928. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il découvrit dans un livre un jeune homme pauvre et souffrant, le seul rival que la nature pouvait lui opposer, Schiller ; il l’appela à Iéna, puis à Weimar, tourna sur lui l’amitié du grand-duc, travailla en commun avec lui, en fit son frère, et lui prêta la moitié de son génie. […] Jamais livre n’eut, en si peu d’années, un si grand nombre d’éditions. […] Werther resta et restera le charbon de feu des livres. […] — Vous avez pleinement raison, dit Goethe, et voilà pourquoi le livre encore maintenant a sur un certain moment de la jeunesse la même action qu’il a eue autrefois. […] Tout le monde se souvient des chapitres délicieux dans les premiers livres des Confessions de saint Augustin, de J.

1929. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Le poète y souhaite « pour la France une littérature qu’on puisse comparer à une ville du moyen âge », et si on lui demande ce qu’il a voulu faire lui-même dans son livre, il répond : une mosquée, « la mosquée orientale, au dôme de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ». […] Plus profonde serait l’influence de la littérature sur l’architecture, s’il fallait en croire une prophétie sibylline que Victor Hugo, rapprochant la cathédrale de Paris du premier livre imprimé, a condensée dans une formule de style lapidaire : Ceci tuera cela. […] Il y avait autant de taches de couleur que de taches d’encre sur les marges de ces beaux livres sans cesse feuilletés. » En fournissant ainsi des sujets, des motifs, des types à la peinture, il se peut que la littérature l’ait parfois poussée hors de son vrai chemin ; qu’elle ait incité les artistes à chercher l’intérêt ailleurs que dans la combinaison des tons et des jeux de lumière, je veux dire dans la représentation de scènes pathétiques, émouvantes. […] Elles répondent aux théories doctrinaires, à toute cette littérature politique et historique qui s’épanouit en gros livres, en discours, brochures et innombrablables articles de journaux. […] Et (voyez toujours la coïncidence) modes et pièces de théâtre, romans et livres de philosophie légère, maîtres à danser et perruquiers sont en ce temps-là pour la France de grands articles d’exportation.

1930. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Que le royalisme de Hugo fût de circonstance ou d’origine maternelle, peu importe ; il est certain qu’il était grassement payé, et c’était heureux, car le public achetait avec modération ses livres : les éditeurs de Han d’Islande lui écrivaient en 1823 qu’ils ne savaient comment se débarrasser des 500 exemplaires de la première édition, qui restaient en magasin. […] Livre II. […] Et pour protéger la République contre les républicains le journal de Victor Hugo entre en campagne contre Caussidière parce qu’il n’est pas « la tête, mais la main » ; contre Louis Blanc, parce que « son crime, ce sont ses idées ; ses livres, ses discours ; ses complices, ce sont ses trois cent mille auditeurs !  […] Dans son livre l’événement semble n’être qu’un coup de foudre dans un ciel serein, que l’acte de violence d’un seul individu. […] En accumulant les colères sur les individus, sur Napoléon et ses acolytes, il détourne l’attention populaire de la recherche des causes de la misère sociale, qui sont l’accaparement des richesses sociales par la classe capitaliste ; il détourne l’action populaire de son but révolutionnaire, qui est l’expropriation de la classe capitaliste et la socialisation des moyens de production. — Peu de livres ont été plus utiles à la classe possédante que Napoléon le Petit et Les Châtiments.

1931. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est cette noblesse exagérée des sentiments qui lui a maintenu longtemps le génie chevaleresque poussé jusqu’à la folie et jusqu’à la caricature, dont son don Quichotte, son livre populaire, a été, sous la plume de Cervantès, l’amusante et déplorable dérision. […] Il ne regarda de la vie que les livres ; il s’attira de bonne heure la haine des mauvais écrivains, l’amitié des illustres. […] C’est une page à déchirer de ce livre où manquera éternellement la page du cœur. […] Dante, le Tasse, Pétrarque, Arioste étaient pour lui des livres fermés ; il ne pouvait juger ces grands esprits dont il ignorait la langue. […] Enfin M. de Cambrai me paraît beaucoup meilleur poète que théologien ; de sorte que, si, par son livre des Maximes, il me semble très peu comparable à saint Augustin, je le trouve, par son roman, digne d’être mis en parallèle avec Héliodore, l’auteur du roman grec de Théagène et Chariclée.

1932. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Le plus grand nombre des livres se fait pour ceux qui savent lire à peine. […] Le succès de ce livre fut aussi grand que légitime. […] Le parti qui adoptait ce livre se faisait quelques illusions sur sa véritable portée. […] Écrivons-le sur la première page de notre livre. […] Ce livre n’est pas écrit avec des chiffres morts, avec des lettres inanimées, avec des lignes géométriques, il est écrit avec des couleurs, des harmonies, des créatures vivantes ; ce n’est pas un livre de science, ce n’est pas une démonstration géométrique, c’est une œuvre d’art, c’est un livre de poésie.

1933. (1903) Propos de théâtre. Première série

J’ai pris plaisir à trouver encore dans le livre de M.  […] Le livre de M.  […] Il y a bien autre chose, dans le livre de M.  […] Et c’est un livre. […] On la trouvera en partie dans le livre de M. 

1934. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Sous ce masque transparent, il nous livre le secret de sa vie, son idéal. […] C’est ce progrès que fit Dante en lisant le livre de Boëce. […] Il y rétablit le gouvernement des Noirs ; il livre la ville à ses soldats. […] Ils allument les bûchers ; ils y jettent les livres et les hommes. […] À deux ou trois reprises, il reprendra l’étude des livres saints.

1935. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens. […] Marivaux, se mettant à écrire, ne se pique pas en général de faire un livre qui ressemble à d’autres livres ; il prétend n’observer que la nature, mais l’observer comme il l’entend, la distinguer autant qu’il lui est nécessaire, et la rendre dans toute la singularité de son propre coup d’œil. […] Il vous dira qu’en matière de critique, au lieu de se hâter et de se prononcer d’un ton d’oraclen : Cela ne vaut rien, cela est détestable, un habile homme, après avoir lu un livre, doit se contenter de dire : Il me plaît ou il ne me plaît pas ; car plus on a d’esprit, et plus on voit de choses, et plus on distingue autour de soi de sentiments et de goûts particuliers qui diffèrent du nôtre : « Ah !

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