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35. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

. — Souvenirs personnels et silhouettes contemporaines (1883). — Poésies posthumes (1884). […] Gustave Planche Auguste Barbier occupe un rang glorieux dans la poésie contemporaine ; ce rang, il ne le doit qu’à ses œuvres, car la critique n’a pas eu besoin d’intervenir et d’expliquer à la foule le sens et la valeur des paroles du poète. […] [Portraits contemporains, tome II (1869).]

36. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Pour cet essai de reconstruction d’une société si proche tout à la fois et si éloignée de nous, nous avons consulté environ quinze mille documents contemporains : journaux, livres, brochures, etc. […] François Barrière, qui, dans le Journal des Débats les a payés de deux années de veilles, et qui a bien voulu donner à leur travail historique l’autorité d’une critique compétente et presque d’un témoignage contemporain. […] Ainsi tout le siècle tient dans ces quatre études, qui sont comme les quatre âges de l’époque qui nous a précédés et de la France d’où sont sortis le siècle contemporain et la patrie présente. […] Elle associera à cette vie, qui dominera le siècle ou le subira, la vie complexe de ce siècle ; et elle fera mouvoir, derrière le personnage qui portera l’action et l’intérêt du récit, le chœur des idées et des passions contemporaines. […] Ses traditions circulent, ses idées vivent, ses aspirations s’agitent, son génie lutte dans le monde contemporain.

37. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël Au contraire, les peintres qui travaillent aujourd’hui tirent plus de secours de l’art, que Raphaël et ses contemporains n’en pouvoient tirer. […] Raphaël et ses contemporains ont vêcu dans des temps où l’Asie orientale et l’Amerique n’étoient pas encore découvertes pour les peintres. […] Il est vrai que Raphaël et ses contemporains n’étudioient pas la nature seulement dans la nature même.

38. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Sont-ce les liberalitez des souverains et les applaudissemens des contemporains qui forment des peintres et des poëtes illustres ? […] Avant Raphaël et ses contemporains, le martyre d’un saint n’émouvoit aucun des spectateurs. […] que les grands peintres furent toujours les contemporains des grands poëtes leurs compatriotes. enfin, les grands artisans d’un païs, ont presque tous été contemporains. Non-seulement les plus grands peintres de toutes les écoles ont vécu dans le même temps, mais ils ont été les contemporains des grands poëtes leur compatriotes. […] Ils furent contemporains de Vitruve le plus illustre des architectes romains.

39. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

On est, en effet, tous contemporains, amis ou rivaux, dans son époque, comme un équipage à bord d’un navire, à bord d’une aventureuse Argo. […] Villemain au milieu des chaleureux et systématiques de son âge ; ainsi eût été parmi ses contemporains plus ardents M. […] Parmi les hommes qui, presque contemporains de M. […] Edmond Biré, qui s’est amusé à recueillir, à collectionner nombre de petites inexactitudes des auteurs contemporains, m’apprend que M. […] On les retrouvera dans l’un des volumes suivants de ce recueil de Portraits contemporains.

40. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Combien cette réflexion n’est-elle pas vraie des étrangers contemporains, puisqu’elle est vraie de ceux qui sont morts même depuis longtemps ? […] Aux yeux de ses contemporains, la grossièreté même de ses imitations était son plus beau trait. […] C’est par l’imagination que nous admirons les contemporains, et de là nos illusions ; c’est par le jugement, quelle que soit la prévention qui le sollicite, que nous les critiquons ; et de là cette sorte d’infaillibilité de la critique. […] ou se jugea-t-il plus sévèrement que ses contemporains ? […] Ainsi Ronsard ne paraît le plus souvent se connaître que par l’opinion qu’avaient de lui ses contemporains, et ne se juger que par le bruit qu’il faisait.

41. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Mais outre cette critique réfléchie et lente des Warton, des Ginguené, des Fauriel, qui s’assied dans une silencieuse bibliothèque, en présence de quelques bustes à demi obscurs, il en est une autre plus alerte, plus mêlée au bruit du jour et à la question vivante, plus armée en quelque sorte à la légère et donnant le signal aux esprits contemporains. […] Quand la critique n’aiderait pas à ce triomphe du poëte contemporain, il s’accomplirait également, je n’en doute pas, mais avec plus de lenteur et dans de plus rudes traverses. […] Les grands poëtes contemporains, ainsi que les grands politiques et les grands capitaines, se laissent malaisément suivre, juger et admirer par les mêmes hommes dans toute l’étendue de leur carrière. […] On entrevoyait à peine ce que deviendrait chez le poëte cette inspiration personnelle élevée à la suprême poésie, en lisant la pièce intitulée Promenade, qui est contemporaine des Ballades, et la Pluie d’été, qui est contemporaine des Orientales ; le sentiment en effet, dans ces deux morceaux, est trop léger pour qu’on en juge, et il ne sert que de prétexte à la couleur.

42. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Odysse Barot Histoire de la littérature contemporaine en Angleterre. […] Eh bien, c’est ce traducteur de Carlyle, qui s’est interrompu lui-même et dont la traduction étincelle des beautés de l’original, qui nous donne aujourd’hui une histoire de la littérature anglaise, et, malgré son titre, qui dit faux en disant : « de la littérature contemporaine », une histoire intégrale de la littérature en Angleterre, commençant à la première chronique saxonne et au premier poème normand, et allant jusqu’au dernier journal anglais de l’heure présente, jusqu’à la dernière feuille de chou, comme disent avec tant de distinction ces charmants journalistes, ces fameux lapins du journalisme qui se mangent leurs journaux entre eux ! […] IV Voilà donc, dégagées de leur expression, qui manque d’audace, mais non de clarté pour ceux qui savent voir, les idées qui circulent et palpitent sous la peau de ce livre intitulé : Histoire de la littérature contemporaine en Angleterre 29. L’auteur a écrit dans son titre : contemporaine, quoique ce fût l’histoire de toute la littérature anglaise à toutes les époques qu’il écrivait, parce que, pour lui, le démocrate et le socialiste moderne, l’important, c’est la littérature contemporaine, qui roule le socialisme, le matérialisme, le positivisme, et toutes les menaçantes horreurs de ce temps dans ses flots !

43. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Hugo n’a pas d’idées originales : il n’en sera que plus apte à représenter pour la postérité certains courants généraux de notre opinion contemporaine. […] Toutes ces épopées symboliques, non historiques, sont réellement des mythes, où les formes de la réalité, imaginée ou vue, ancienne ou contemporaine, s’ordonnent en visions grandioses et fantastiques. […] Leconte de Lisle sont puissamment objectives, d’une intensité de couleurs, d’une énergie de reliefs890, à quoi rien dans la poésie contemporaine ne saurait se comparer. […] Bourget, Essais de psychologie contemporaine, Brunelière, la Statue de Baudelaire, Rev. des Deux Mondes, 1er sept. 1892. […] Bourget, Essais de psychologie contemporaine ; Brunetière, Évol. de la poésie lyrique, 13e leçon.

44. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Paul Desjardins nous parlait l’autre jour du cinquième volume des Origines de la France contemporaine. […] Même lorsqu’il s’agit d’un écrivain contemporain, voyez plutôt ce que M.  […] Les Contemporains, de M.  […] Sully Prudhomme pour lui marquer sa place dans la poésie contemporaine et achever de caractériser son originalité. […] Paul Bourget dans ses Essais de psychologie contemporaine, et M. 

45. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

, cette imagination m’irrite plus qu’elle ne m’attire… Voyez nos grands romanciers contemporains : leur talent ne vient pas de ce qu’ils imaginent, mais de ce qu’ils rendent la nature avec intensité… Tous les efforts de l’écrivain tendent à cacher l’imaginaire sous le réel… Vous peignez la vie : voyez-la avant tout telle qu’elle est, et donnez-en l’impression. […] Voilà justement pourquoi Boileau ne se lasse pas de proposer les anciens à l’imitation de ses contemporains. […] Mais Boileau, sur ce point, ne pense pas autrement que ses contemporains : et ces contemporains, qui ne sont pas suspects de s’être reposés dans la banalité, c’est Corneille et Racine, c’est Descartes, Bossuet, La Fontaine, c’est La Bruyère, c’est Pascal ; tous ont écrit ou agi comme s’ils pensaient que la nouveauté n’est pas une condition nécessaire de l’originalité. […] Tout fait contient sa loi : mais nul ne s’en doute jusqu’au jour où quelque savant s’avise le premier de la formuler ; quoi de plus neuf, et quoi de plus ancien, que cette loi, contemporaine de l’univers, et qui n’avait point trouvé encore d’intelligence pour la contempler ? […] Pour peindre l’homme, il faut bien peindre des Romains, des Français, des Anglais : et si le poète qui représente Alexandre ou César ne sait pas ou ne daigne pas leur faire des âmes antiques, il en fera, sans y penser, ses contemporains.

46. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Guyau dans un livre d’ailleurs excellent, les Problèmes de l’esthétique contemporaine. […] Outre Les Problèmes de l’esthétique contemporaine (1884), et L’Art du point de vue sociologique (1889), il est l’auteur en particulier de l’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction (1884) et de L’Irréligion de l’avenir (1887). […] Ribot, La Psychologie allemande contemporaine (1879), rééd. […] La petite typologie proposée par Hennequin, assez originale, constitue un des premiers efforts de théorisation contemporains de ces débats. […] Une note de l’article de la Revue contemporaine qu’Émile Hennequin consacra à Flaubert (octobre 1885) nous apprend que le critique suisse entra en contact avec Féré pour mieux connaître les phénomènes inconscients d’acquisition du langage (p. 169).

47. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Tite-Live usa de cette faveur avec mesure, avec décence ; il garda une honnête liberté de jugement dans les parties les plus récentes et presque contemporaines de son histoire. […] Cet historien, non pas précisément orateur, mais cet historien éloquent, que Cicéron désirait chez les Romains, et que ses contemporains auraient voulu obtenir en lui, ce fut Tite-Live qui le devint trente ou quarante ans plus tard. […] Pour éclaircir ma pensée, je prendrai un exemple chez un de nos premiers historiens contemporains. […] Taine plus de sévérité dans les jugements contemporains, je dirai qu’ayant connu Stendhal, l’ayant goûté, ayant relu encore assez récemment ou essayé de relire ses romans tant préconisés (romans toujours manqués, malgré de jolies parties, et, somme toute, détestables), il m’est impossible d’en passer par l’admiration qu’on professe aujourd’hui pour cet homme d’esprit, sagace, fin, perçant et excitant, mais décousu, mais affecté, mais dénué d’invention. J’en conclus que, s’il est si difficile, même de près, de saisir la qualité dominante chez un de nos contemporains, il est bien plus difficile, ou, pour mieux dire, tout à fait impossible de prétendre la retrouver et surtout la contrôler, la rectifier avec certitude, à une telle distance, chez les personnages de l’histoire de Tite-Live ou chez l’historien lui-même.

48. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

La célébrité qu’on peut acquérir par les écrits est rarement contemporaine, mais alors même qu’on obtient cet heureux avantage, comme il n’y a rien d’instantané dans ses effets, d’ardent dans son éclat, une telle carrière ne peut, comme la gloire active, donner le sentiment complet de sa force physique et morale, assurer l’exercice de toutes ses facultés, enivrer enfin par la certitude de la puissance de son être. […] Il y a dans tous les caractères des défauts qui jadis étaient découverts, ou par le flambeau de l’histoire, ou par un très petit nombre de philosophes contemporains que le mouvement général n’avait point enivrés ; aujourd’hui celui qui veut se distinguer est en guerre avec l’amour-propre de tous ; on le menace du niveau à chaque pas qui l’élève, et la masse des hommes éclairés prend une sorte d’orgueil actif, destructeur des succès individuels. […] Un danger présent a pu contraindre le peuple à retarder son injustice ; une mort prématurée en a quelquefois précédé le moment ; mais la réunion des observations, qui font le code de l’expérience y prouve que la vie si courte des hommes, est encore d’une plus longue durée que les jugements et les affections de leurs contemporains. […] … Oui, la gloire contemporaine leur est soumise, car c’est l’enthousiasme de la multitude qui la caractérise ; le mérite réel est indépendant de tout, mais la réputation acquise par ce mérite n’obtient le nom de gloire qu’au bruit des acclamations de la foule. […] Les géomètres, ne pouvant être jugés que par leurs pairs, obtiennent, d’un petit nombre de savants, des titres incontestables à l’admiration de leurs contemporains ; mais la gloire des actions doit être populaire.

49. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il a fait une rude et décisive guerre au naturalisme français : il a anéanti les prétentions tapageuses en confirmant les durables titres du roman contemporain. […] Rod970, néo-chrétien, et critique, moral comme un protestant, cosmopolite comme un Genevois, fait de vigoureux romans, un peu lourds, un peu ternes, nets du moins, solides, intéressants, où il sait faire apparaître en des effets pathétiques le fond des âmes contemporaines et la nature des problèmes les plus troublants. […] Ibsen et le Théâtre contemporain ; J. […] Lemaître (né en 1853) : les Contemporains, 5 séries, 1886 et suiv. ; Impressions de théâtre, 8 séries, 1888 et suiv. […] l’Armature. (1893), qui est en train de prendre une des premières places dans le roman contemporain.

50. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

À consulter sur la plupart des écrivains de l’époque contemporaine : J. Lemaître, les Contemporains, 5 vol., in-18. […] Il se tua en juillet 1870 : de tout temps il avait, me dit-on, considéré le suicide comme un moyen de sortir des situations sans issue.Éditions : Du rôle de la famille dans l’éducation, 1857, in-8 ; les Anciens Partis, 1860, in-8 ; Quelques Pages d’histoire contemporaine, 4 séries. in-18, 1862-66 ; Études sur les moralistes français, 1864. in-18 ; la France nouvelle, 1868, in-18.A consulter : O. […] About (1828-1885), Lorrain, au sortir de l’École Normale alla à l’École d’Athènes, d’où il a rapporté cette satire plus amusante que juste ou charitable, la Grèce contemporaine (1855). […] Après la guerre, il fonda le xixe siècle , journal républicain.Éditions : Romans et nouvelles : Tolla, Hachette, in-16 ; Mariages de Paris (1856), in-16 ; le Roi des Montagnes (1856), in-16 ; Trente et Quarante (1858), in-16 ; l’Homme à l’oreille cassée (1861), in-16 ; le Nez d’un notaire (1862), in-16 ; les Mariages de province (1868) in-16. — Pamphlets et articles de journaux : la Question romaine, Bruxelles, gr. in-8, éd. française 1861 ; Rome contemporaine (1860). in-8 ; le xixe  siècle , publ. p.

51. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

Alors seulement, la place d’André Chénier pourra être marquée dans le rang des lettrés contemporains. […] On continuera à louer en lui ces images vives et brillantes que sa muse a répandues ; toutefois on ne le considérera plus comme notre seul et premier peintre poétique ; on n’oubliera pas que La Fontaine, Racine, Fénelon, et même Boileau, avaient ouvert, bien avant lui, la pure et vraie source des comparaisons et des images, sans jamais tomber dans la prodigalité ; on n’oubliera pas non plus que Chénier vécut dans un siècle descriptif et que ce don de peindre ou même de colorier les objets, qu’il a perfectionné sans doute, a pourtant été celui de plusieurs de ses contemporains. […] [Portraits contemporains (tome V, 1844).]

52. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Très jeune encore, quoique sa Croisade 8 ne soit pas son début dans la vie littéraire, Bouniol, dont nous ne connaissons que ce volume, n’a aucune des pentes contemporaines dans l’expression ou dans la pensée. […] Notre poète, au contraire, avec cette heureuse idée d’une Croisade contre les mœurs contemporaines, a fait poser devant lui une société tout entière, et l’a saisie par tous ses vices et tous ses ridicules, comme le terrible chêne saisit par les cheveux Absalon ! […] Ma Croisade ou les mœurs contemporaines (Pays, 20 juillet 1854) 8.

53. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Retracer ce triste épisode de notre histoire contemporaine ne sera point, nous le croyons, une tâche inutile. […] On peut pressentir dès à présent, jusqu’à un certain point, quelles réponses a dû y faire la littérature contemporaine. […] L’histoire contemporaine l’explique. […] C’est là le grief qui a fourni à la littérature contemporaine le plus d’invectives et de déclamations. […] Il commence par nous dire à quelles doctrines contemporaines il l’a emprunté ; et cet aveu n’est pas sans importance.

54. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Le grand Corneille se distingue par sa finesse : il ne se rattache guère au comique contemporain que par l’Illusion comique. […] la lourdeur du provincial, l’ignorance pédante des médecins, que d’autres détails encore sont pris dans le vif de la société contemporaine ! […] De ces originaux Molière fait des types, parce qu’il saisit toujours le caractère humain dont ils sont la déformation contemporaine. […] Ce type contredisait le portrait contemporain, et lui barrait la route. […] La femme n’est pas pour lui ce petit animal instinctif, illogique, et déconcertant, que nos contemporains aiment à représenter.

55. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Il n’est pas un prosateur ni un poëte de renom parmi nos contemporains dont M.  […] Mais ce n’était pas aux contemporains seulement que M.  […] Vinet, et qui se trouve au tome II des Portraits contemporains.

56. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

On arrive sans trop de peine à savoir si elle a réussi auprès des contemporains et en quelle mesure, si elle a obtenu un succès lent ou rapide, disputé ou presque unanime, éphémère ou durable. […] Il est par là en harmonie avec les contemporains de la Constituante et de la Convention. […] Les historiens qui ont vu dans Rousseau et les philosophes, ses contemporains, les précurseurs et, pour mieux dire, les préparateurs de la Révolution française ; les moralistes qui attaquent ou recommandent un livre, parce qu’il leur paraît susceptible de corrompre ou d’améliorer les mœurs ; les législateurs qui punissent les provocations au crime commises et propagées par le journal ; tous ces hommes ont reconnu implicitement la répercussion que les âmes ont sur d’autres âmes, l’espèce de suggestion qui s’opère par l’intermédiaire de la parole ou de l’écriture.

57. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Science et Philosophie Taine, dont j’ai parlé, Renan, dont je parlerai, l’Anglais Darwin921, qui ne m’appartient pas, voilà les trois grands modificateurs des esprits contemporains : c’est d’eux, de l’un plus, de l’autre moins, assez souvent de tous les trois tant bien que mal amalgamés et fondus, c’est d’eux que nous tenons la plupart de nos idées générales. […] Mais l’œuvre qu’il faut tirer hors de pair, c’est l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard927 : œuvre de science pure qui est définitivement établie comme une œuvre maîtresse de la philosophie contemporaine, et qui joint au large intérêt du fond la solide simplicité de la forme. […] Dans cette Cité antique qui révèle la force des institutions religieuses parmi les sociétés antiques, je sens passer le même courant d’idées contemporaines que dans les études de Renan sur le christianisme ou de M.  […] Fouillée : la Philosophie de Platon (1869) ; la Liberté et le déterminisme (1873 et 1884) ; l’Idée moderne du droit (1878) ; la Science sociale contemporaine, 1880, in-18, Hachette […] Toutes ces œuvres, écrites depuis un demi-siècle ou trois quarts de siècle, comptent encore pour nous dans la littérature contemporaine.

58. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chantavoine, Henri (1850-1918) »

. — Les Satires contemporaines (1880). — Ad Memoriam (1884). […] En 1880, il a fait paraître les Satires contemporaines, qui devraient plutôt s’appeler les « Satires inoffensives » et qui ne sont guère que des fantaisies plus malicieuses que méchantes ; puis, en 1884, Ad Memoriam, œuvre de poésie personnelle et intime qui exprime la tristesse d’un rêve brisé !

59. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

Que dire de ces phrases, qu’on lit dans des romans contemporains ? […] Comme Ronsard disait que, pour lire sa Franciade, il fallait être Grec et Latin, de même, par l’abus des mots spéciaux, il faut être charpentier, mineur, ou maçon, pour entendre certains chapitres de romans contemporains. […] Brunetière, après avoir cité une description d’un romancier contemporain, je puis voir effectivement toutes ces choses… Ce sont des tableaux… dont nous n’avons pas besoin d’avoir vu les modèles, pour louer la ressemblance, puisqu’ils ne sont, après tout, que des associations nouvelles d’éléments anciens, de formes familières et de couleurs accoutumées… Nous sommes rentrés ici dans la vérité de l’art, qui consiste à décrire les choses les plus particulières par les termes les plus généraux, et d’autant plus généraux, qu’il s’agit de nous communiquer l’impression de choses plus particulières. » Il semble que nous soyons ramenés au fameux précepte de Buffon, qui recommande d’avoir attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux.

60. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Pour rester dans le domaine de la littérature, les grands hommes sont ceux qui apportent quelque chose de neuf et d’original ; ceux qui sont vraiment créateurs de formes, de sentiments, d’idées, de types, non encore réalisés ; ceux, comme dit le poète36, Dont les pas inventeurs ouvrirent les sentiers ; ceux ainsi qui devancent leurs contemporains, qui deviennent bientôt des modèles pour leurs admirateurs, qui sont le point de départ d’une longue vague d’imitation, précisément parce qu’ils ont été de puissants agents d’innovation. […] On peut donc dire que, pour agir sur ses contemporains, un grand homme doit marcher avec eux. […] Quelle que soit d’ailleurs sa destinée, son action sur ses contemporains est très faible et souvent à peu près nulle.

61. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ce genre, il est vrai, répond le mieux, et de la façon peut-être la plus attrayante, à toutes nos curiosités comme à la plupart des élans intellectuels ou sentimentaux qui dominent notre société contemporaine. […] Maurice Barrès a été frappé de l’importance exceptionnelle prise dans la vie intellectuelle contemporaine par l’idée sociale. […] C’est aussi le parlementarisme qui est pris à partie dans les Morts qui parlent, où le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé étudie l’histoire contemporaine en philosophe. […] C’est là certainement l’un des bienfaits les plus précieux que lui devra la littérature contemporaine. […] Si, par ailleurs, il nous introduit dans un milieu contemporain, il apporte tous ses soins à creuser profondément la psychologie de ses héros en lui prêtant quelques nuances surannées, qui les rendent plus originaux.

62. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement »

Avertissement En réimprimant une fois encore ces Portraits contemporains, je m’attacherai, tout en y ajoutant çà et là quelques mots et parfois une ou deux pages, à les maintenir dans leur première mesure : ce ne sont point des portraits complets et définitifs, ce sont des portraits faits à une certaine date, à un certain âge ; ils nous rendent aussi fidèlement que je l’ai pu les originaux, tels qu’ils étaient à ce moment, ou tels qu’ils me parurent. […] Bon nombre enfin de ces articles, qui étaient contemporains du modèle au moment où je les écrivais, sont devenus posthumes à l’heure où je les réimprime et où il m’est donné, une dernière fois, de les relire.

63. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

[Portraits contemporains (1832).] […] Il restera une foule de ces vers admirables qui n’empêchent pas les poèmes d’être médiocres, et qui sont les dernières fleurs dont se parent les poésies mourantes ; il restera le souvenir de grandes facultés poétiques, supérieures à ce qui en sera sorti ; il restera le nom harmonieux et sonore d’un poète auquel son siècle aura été trop doux et la gloire trop facile, et en qui ses contemporains auront trop aimé leurs propres défauts. […] [Les Contemporains, 4e série (1899).] […] Les contemporains, ravis, écoutaient comme lui, comme lui se laissaient bercer, et si grand était le charme, qu’ils éprouvaient l’envie de diviniser cette lyre invisible toujours d’accord avec eux. […] C’était son infériorité à l’égard de ses grands contemporains.

64. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Le théâtre contemporain est ce qu’il est, mais il est lui-même. Le théâtre contemporain a pour devise : Sum, non sequor. […] Le théâtre contemporain n’a pas plus suivi Shakespeare qu’il n’a suivi Eschyle. […] Il est aisé de voir que le théâtre contemporain a, bien ou mal, frayé sa voie propre entre l’unité grecque et l’ubiquité shakespearienne. V Écartons, pour y revenir plus tard, la question de l’art contemporain, et rentrons dans le point de vue général.

65. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

C’est là une note nouvelle, un écho du roman contemporain. […] [Les Contemporains (1886).] […] Moins politique que Béranger ; moins subtil et moins précieux, moins alambiqué que Sainte-Beuve ; plus sincère, comme connaissant mieux les choses dont il parlait, les ayant observées de plus près, plus attentivement, les goûtant, les aimant davantage, il a vraiment, en ce sens, étendu le champ de la poésie contemporaine ; il y a comme acclimaté des sujets qu’on en croyait indignes pour leur simplicité ; et il a surtout, en les traitant, presque toujours évité l’écueil du prosaïsme ou celui de l’insignifiance. […] Non seulement il nous donne à nous, ses contemporains, un plaisir dramatique que nous ne connaîtrions plus sans lui, mais il est certain que la postérité prêtera grande attention à la part de son œuvre oh ce parnassien a continué le mouvement romantique.

66. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Le théâtre français contemporain des Gelosi On a vu quelle vive et fringante allure avait prise la comédie sur le théâtre des Gelosi. Le théâtre français contemporain était bien éloigné d’égaler sous ce rapport les Italiens. […] Cette ancienne Farce française, d’une composition généralement très simple, à qui tout sujet était bon, contes, fabliaux, proverbes, anecdotes contemporaines, ne pouvait se comparer sans doute aux pimpants imbroglios de la commedia dell’arte.

67. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Et ce travail, que nous avons vu se poursuivre, ce travail critique de la libre pensée appliqué à l’histoire, a tellement mordu sur nous tous, esprits contemporains, que nous ne lisons plus aujourd’hui nos anciens historiographes déconsidérés et que nous ignorons profondément les mérites de ces hommes, à qui nous serons obligés d’aller redemander quelque jour la vraie trame de l’histoire, disparue sous les festons dont on l’a brodée et les couleurs menteuses dont on l’a peinte. […] Voilà toute la question pour nous et pour tous ceux qui ont encore dans la tête une idée sociale, échappée à l’universelle pourriture de l’individualisme contemporain. […] Nous souhaiterions qu’en matière d’histoire de France, l’État prît l’initiative d’une réserve, et qu’en créant des fonctions d’Historiographes, ces Gardes-nobles de l’Histoire, il sauvât notre histoire à nous, cette dernière forteresse morale de tout peuple, et empêchât qu’elle ne fût prise d’assaut par la tourbe des pamphlétaires contemporains, démagogues, fonctionnaires expulsés, prétendants anonymes, transfuges colères qui s’y cachent, la mettent au pillage et s’en font un asile !

68. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Il est clair aussi que Balzac est, avec Stendhal, l’ancêtre du réalisme contemporain. […] Jugeons donc un peu la médiocrité contemporaine précisément par ce qui en sort. […] Tous les éléments du naturalisme contemporain sont ainsi réunis. […] Bourget, Etudes de psychologie contemporaine, pp. 204, 216.) […] Renard, Etudes sur la France contemporaine, p. 21.

69. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Leconte de Lisle, avec je ne sais quoi de plus ample, de plus chaud et de plus flottant ; un assez long fragment de poésie narrative et descriptive, les Conquérants de l’or, inséré dans le tome second du Parnasse contemporain, contient quelques pages splendides. […] [Les Contemporains (1886-1889).] […] Lucien Muhlfeld Un des livres du siècle (Les Trophées) est éclos, ce m’est l’escompte d’une joie historique de m’en sentir contemporain.

70. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Ils les ont imitez, non pas comme Ronsard et ses contemporains les avoient imitez, c’est-à-dire servilement, et comme Horace dit que Servilius avoit imité les grecs. […] Je le dirai ici en passant, ce n’est point parce que les auteurs latins du second siecle et ceux des siecles suivans, se sont servis de mots nouveaux, ou qu’ils n’ont pas construit leurs phrases suivant les regles de leur grammaire, que leur stile nous paroît tellement inferieur à celui de Tite-Live et de ses contemporains. […] Il est si vrai de dire que ce sont les jeux de mots et l’abus des métaphores, qui, par exemple, défigurent la prose de Sidonius Apollinaris, que les loix faites par Majorien et par d’autres empereurs contemporains de cet évêque, paroissent faites du temps des premiers Cesars, parce que les auteurs de ces loix astreints par la dignité de leur ouvrage à ne point sortir d’un stile grave et simple, n’ont pas été exposez au danger d’abuser des figures et de courir après l’esprit. […] Les loüanges que Despreaux a données à Moliere et à Racine, concilieront autant de suffrages à ces deux poëtes dans l’avenir, qu’elles peuvent leur en avoir procuré parmi les anglois et parmi les italiens nos contemporains.

71. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

L’autre : Les Philosophes français du dix-neuvième siècle (non y compris l’auteur, bien entendu), est encore, sous une autre forme, une histoire de l’intelligence, mais de l’intelligence en acte, puisqu’il s’agit des systèmes et des plus beaux esprits philosophiques contemporains. […] de ne rien comprendre aux philosophies contemporaines, il est descendu en lui-même pour y chercher l’affirmation qui ne s’y trouve pas, mais là précisément a été le mal : il est descendu en lui-même, comme les philosophies contemporaines. […] Taine est effectivement, sous des formes qui veulent être gaies et amusantes avant tout, un soufflet bien et dûment appliqué sur les deux joues de la philosophie contemporaine.

72. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Tout cela est si gros de visée, et dans le détail, comme on le verra, si blessant pour les idées acquises, si révoltant au premier abord, pour les éducations et les impressions contemporaines, que la Critique, fût-elle persuadée que la vérité est ici du côté de l’audace, doit, dans l’intérêt même du livre, s’interdire d’abord tout ce qui en dépasserait l’analyse complète et fidèle. […] Il collationne les traits des voyageurs contemporains les plus distingués, et partout il rencontre, sur toutes les latitudes, cette notion d’esprit si désagréable à la philosophie, l’ennemie née du surnaturel. […] Nul livre dans la littérature contemporaine n’est, sur les phénomènes magnétiques à l’ordre du jour, plus renseigné que celui-là, et nul ne mérite d’être compté davantage aux yeux de ces sortes d’hommes, sans hardiesse et sans puissance logique, qui ne veulent jamais voir que les faits seuls dans toutes les questions. […] Pendant que la philosophie s’embrouille sans conclure ou… se tait, pendant que sur cette question des esprits, de tradition comme Dieu et comme la chute de l’homme par toute la terre, le panthéisme, l’éclectisme et le rationalisme nient l’histoire et ferment les yeux aux faits contemporains, le catholicisme se lève et vient dresser devant la science embarrassée le problème éternel qu’il a toujours résolu, lui, de, la même manière, à toutes les époques de son histoire.

73. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Sa méthode est difficile à pratiquer à l’égard des contemporains et l’une des faiblesses de la critique actuelle, c’est précisément qu’elle ne s’occupe que du dernier livre paru. […] Et j’ai le respect le plus profond pour les travaux d’un Joseph Bédier et pour le labeur consciencieux de nombreux universitaires qui sont généralement d’excellents critiques quand ils veulent bien ne pas parler de leurs contemporains. […] L’effort critique des écrivains contemporains, qui est sérieux et suivi, paraît intéresser les lecteurs des journaux et des revues. […] Tous nos correspondants se sont accordés sur la difficulté de faire de longs articles dans les journaux contemporains. […] Jacques Morland rend hommage aux travaux « consciencieux de nombreux universitaires qui sont généralement d’excellents critiques quand ils veulent bien ne pas parler de leurs contemporains ».

74. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

L’étude ou la méditation ne trouvent plus leur place dans la vie contemporaine. […] Rejeter en bloc le xixe  siècle est une plaisanterie, et l’on ne voit guère lequel de nos contemporains pourrait la soutenir sans renier le meilleur de soi-même. […] Ce sont précisément ceux-là que l’étranger lit et admire le plus, d’abord parce que les contemporains sont toujours plus accessibles à la majorité des lecteurs, et aussi parce qu’ils représentent cette France moderne qui a conquis les sympathies du monde. […] Or, ce n’est pas cette espèce de révolutionnaires qui menacent de détruire aujourd’hui les statues de nos gloires contemporaines. […] Sur une classe de Rhétorique, il y a bien trois élèves qui connaissent le nom d’Anatole France, et un seul peut-être sachant que cet illustre maître est notre contemporain.

75. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 475-476

D’Assouci, qui, selon l’Historien du siecle de Louis XIV, en avoit donné l’exemple, étoit contemporain de Chapelle, & par conséquent il est difficile de décider lequel de ces deux Poëtes en a fait usage le premier. […] On auroit trouvé que François Habert, contemporain de Marot, est le premier de nos Poëtes qui ait employé les rimes redoublées, comme on peut en juger par le morceau que nous avons cité à son article.

76. (1886) Le naturalisme

Leurs auteurs étaient contemporains de Herrera, de Mendoza, et des Luis. […] Les héros de ces romans, tout en portant des noms grecs, turcs et romains, parlaient et sentaient comme des Français contemporains des Précieuses. […] Ses contemporains firent de Chateaubriand un demi-dieu. […] Avec son influence immense sur les lettres contemporaines, voilà ce que l’avenir reconnaîtra encore à Zola. […] Je ne sais si aucun romancier contemporain ensorcellera le public comme l’auteur du Scandale.

77. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Question que je ne prétends nullement trancher en ce moment, non plus que celle-ci : les idées démocratiques, dont l’expansion triomphale sur les deux rivages opposés de l’Atlantique est un des faits les plus saillants de la période contemporaine, n’auraient-elles pas rencontré dans toute une vaste région un terrain favorable à leur éclosion ? […] L’admiration de la France contemporaine pour le roman russe a témoigné d’une amitié naissante entre la troisième République et l’Empire des Tsars. […] Il importe de fixer les dates où chacun de ces envahissements commence, arrive à son maximum, décline, reprend ou s’arrête ; et alors on peut constater un parallélisme régulier entre l’histoire linguistique et l’histoire politique ; Malherbe, contemporain et protégé de Henri IV, représente comme lui une réaction nationale. […] Cousin, l’amoureux de Mme de Longueville, a travaillé et réussi parfois à écrire comme les contemporains de son héroïne. […] Au milieu de cette masse énorme d’imitations, il n’en faut pas oublier une espèce particulière qui est de toute époque ; je veux parler de l’action que des écrivains contemporains et courant la même carrière exercent l’un sur l’autre.

78. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Ce qu’il dit de ses intentions et de ses projets est fabriqué à Sainte-Hélène, et d’ordinaire démenti par les documents contemporains. […] Ceux de son contemporain de lettres n’ont pas été davantage sans échecs ni mécomptes, encore moins sans impérialisme. […] Et ce royaliste littéraire n’est pas impunément le contemporain de Napoléon. […] Et par un contemporain de Napoléon. […] Ce curieux communisme petit-bourgeois est le communisme d’un compatriote et d’un contemporain de Béranger.

79. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Pour beaucoup de nos contemporains, la religion est évanouie, la science est lointaine ; par la littérature seule leur arrivent les sollicitations qui les arrachent à l’égoïsme étroit ou au métier abrutissant. […] Au reste, je ne me suis point inquiété d’être neuf, ni de faire des découvertes ; et je ne désirerais rien plus vivement, au contraire, que d’avoir en général rencontré les idées que la plupart de mes contemporains auraient à la lecture des mêmes ouvrages. […] L’entreprise est délicate, surtout pour l’époque contemporaine. […] J’ai donc indiqué sur chaque écrivain de quelque importance les principaux ouvrages à consulter, m’attachant de préférence à signaler les recherches qui fournissent des renseignements positifs auxquels nulle finesse d’intelligence ne peut suppléer, et parmi les études des critiques, indiquant surtout les contemporains dont le jugement littéraire se trouve en relation avec toutes les idées et les besoins du temps présent.

80. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Catulle Mendès a dit, avec finesse, dans sa Légende du Parnasse contemporain, que M.  […] Lorsque tant de contemporains font de la peinture avec des mots, voici un poète qui s’en sert pour faire de la musique. […] Elles vivent, dès à présent, par la profonde impression qu’elles produisirent sur un grand nombre d’esprits contemporains.

81. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Désaugiers, Marc-Antoine-Madeleine (1772-1827) »

Alphonse de Lamartine Désaugiers, contemporain de Béranger, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris. […] [Portraits contemporains (1869).]

82. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

La critique spontanée se confond avec la critique des contemporains, des écrivains contemporains, et son mouvement suit le leur comme le mouvement de l’ombre suit celui du corps. […] Voyez, dans les Contemporains de Jules Lemaître, les Rabusson et les Grenier. […] Certes Lemaître a écrit son principal ouvrage de critique sur les Contemporains, mais notez que ces contemporains sont généralement ses aînés, ceux de la génération précédente, comme les personnages des Essais de psychologie contemporaine de M.  […] Ce qui apparaît de nouveau avec Fénelon, c’est Homère contemporain du monde homérique, contemporain d’hommes vivants et d’hommes simples. […] Les Essais de psychologie contemporaine de M. 

83. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

écoutons un contemporain. […] De l’histoire littéraire au XIXe siècle La plus belle conquête de la critique contemporaine c’est l’histoire des littératures. […] La critique trouva son enthousiasme dans sa science, et le lecteur ravi à lui-même revécut la vie des aïeux et fut pour un instant contemporain des anciens jours. […] Puis il rapporte à ses contemporains, avides de cette manne céleste, la nourriture de l’âme qu’on nomme l’idéal. […] Elle me fait ancien par la pensée, pour que je goûte une œuvre antique, je ne serai plus choqué de la rudesse héroïque de l’Iliade : me voici par votre exposition savante, contemporain des fiers combattants d’Homère.

84. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Comment donc les contemporains n’auraient-ils pas lu le Télémaque avec passion ? […] Fournel, Les Contemporains de Molière, Paris, 1863-1875. […] Desboves, Étude sur Pascal et les Géomètres contemporains, Paris, 1878]. […] Fournel, Les Contemporains de Molière, Paris, 1863-1875. […] J., L’Art poétique de Boileau commenté par ses contemporains, Lille, 1888.

85. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Les émotions personnelles n’y ont laissé que peu de traces ; les passions et les faits contemporains n’y apparaissent point. […] Enfin, pour le compte de l’époque contemporaine, j’affirme qu’il y a aussi loin de Prométhée à Mercadet, que de la lutte contre les dieux aux débats de la police correctionnelle. […] J’étudierai dans cet esprit l’œuvre des poètes contemporains. […] Désormais l’Art est forcément désintéressé des préoccupations contemporaines ; la rupture est définitive entre la foule et lui. […] Alfred de Vigny, semblable en ceci au plus grand nombre des poètes contemporains, n’avait aucun sens intuitif du caractère particulier des diverses antiquités.

86. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

L’intérêt que tout drame à thèse offre aux contemporains ne suffit pas à expliquer de pareils succès ; il y a autre chose : le goût du théâtre. […] Nous-mêmes, n’en faisons-nous pas autant, à l’égard de bien des contemporains, sans le savoir ? […] Et tous les contemporains de Molière en sont restés là. […] Que Molière ne fut pas pour ses contemporains ce qu’il est pour nous. […] Nous voyons tout cela chez nos contemporains, mais nous acceptons les œuvres du passé comme si la Providence les avait voulues telles !

87. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

. — Les Uns et les Autres, souvenirs contemporains (1864). […] Chez tous deux, l’art des vers est un don gratuit et naturel ; pour tous deux, « diversité, c’est la devise » ; ils courtisent, en passant, Melpomène ; ils décorent leurs impressions de voyage des ornements de la métrique et du bel esprit ; ils brassent et rebrassent en mille façons leurs imaginations amoureuses, et, dans leurs livres galants, comme dans les rues d’Abdère affolée, résonnent les litanies voluptueuses de « Cupidon, prince des hommes et des dieux » ; diseurs raffinés, railleurs aisés, complimenteurs faciles, tous deux fuient la solitude, s’égaient à répandre leurs qualités aimables, et s’évertuent à propager, devant les assemblées brillantes, le mérite et la renommée de leurs contemporains et de leurs prédécesseurs.

88. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

On a dit souvent et justement que le succès violent de tel nouveau venu était moins dû à son originalité qu’à sa contemporanéité : on l’acclamait, non pour les nouveautés dont il pouvait étonner, mais pour le mérite d’avoir formulé avec lumière ce que ses contemporains songeaient obscurément : de la sorte, il faisait passer de l’inconscient au conscient les idées de plusieurs ; il enrichissait et il agréait. […] 4º Et en même temps encore, par le respect que les hommes qu’elle estime professent pour le parlementarisme national, pour les campagnes électorales, et, par les simulacres que cette jeunesse s’offre de ces jeux (conférence Molé, association des Étudiants…), elle s’assimile le goût de la propagande populaire, de la prédication morale et sociologique, elle désire répandre sa bonne parole, et conformer sur le modèle, par elle jugé le meilleur, ses contemporains ductiles. […] Le premier est séduisant par l’élégance raffinée et fatiguée qu’il indique, et pour un épris d’art et d’histoire c’est toujours un enviable refuge : un contemporain, M.  […] Notre métaphysique contemporaine vit sur Kant et le kantisme. […] C’est un livre d’histoire contemporaine, de la plus actuelle, de la plus urgente.

89. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mme Daudet ne se rattache à aucun maître contemporain. […] Jules Barbey d’Aurevilly ne veut point paraître notre contemporain. […] Les Contemporains (art. « Alphonse Daudet »). […] Jules Lemaître (Les Contemporains), de M.  […] Les Contemporains, art. « De Glouvet ».

90. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Je viens de vous lire et j’en suis tout ragaillardi, car — rare exception chez nos contemporains — vous êtes un poète gai. […] Jean de Mitty Goudeau avait fondé les Hydropathes, cette réunion de poètes qui marque une date amusante dans les annales de l’art contemporain, et fait partie du premier Chat-Noir, ce milieu fécond qui fut, pour beaucoup, le tremplin de la célébrité.

91. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

De près, quand on repasse, en étudiant l’histoire, par les mêmes traces exactement que les contemporains, quand on le fait avec un esprit de suite et de patiente impartialité, on est saisi d’effroi et de tremblement, on éprouve quelque chose de leurs anxiétés et de leurs angoisses ; on voit l’abîme et on le côtoie avec eux ; on est oppressé, on est soulagé à l’heure de la délivrance, on est reconnaissant. […] Il marchanda ; le front lui blêmit, a dit un contemporain, et, quand il voulut ensuite y revenir sous main et par voies obliques, l’échelle n’y était plus. Un des insignes bonheurs de Henri IV fut (et je parle toujours d’après des contemporains), que Henri III, un peu avant de mourir et depuis son attentat de Blois, dans l’extrémité où il se vit réduit par la révolte des principales villes, eut besoin de lui, fut contraint, au vu et su de toute la France, de capituler avec lui, de le rappeler à son service, d’en faire son bras droit et son chef d’avant-garde. […] L’impression des contemporains est que, si Mayenne avait gagné la partie en ces journées et avait vaincu l’armée royale, le mouvement populaire aidant et l’avénement de Henri IV ayant réveillé toutes les colères de la Ligue, il n’avait qu’à se saisir de la couronne, il était roi ; il l’était en vertu d’un mouvement français égaré, et sans avoir eu trop besoin de Philippe II. […] Ce que fut, après de telles fatigues et de si longues guerres, après des guerres intestines où l’on s’était vu sur un qui-vive perpétuel et où l’on était presque partout à l’état de frontière, — ce que fut enfin le soulagement et la libre respiration des peuples quand on se sentit tout de bon en paix, en sécurité, sans plus avoir à s’occuper même de Picardie surprise et de siège d’Amiens, il faudrait l’avoir éprouvé pour le dire ; c’est du témoignage des contemporains qu’il le faut entendre.

92. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Malheureusement, la plupart de nos contemporains n’ont retenu que les méthodes analytiques comme propres à la critique. […] Écoutons-le fulminer contre les productions industrielles : « L’industrialisme exaspéré, viciant même des écrivains dignes de ce nom, est une des causes qui nuisent à l’influence, dans le monde, de notre littérature contemporaine, l’une des plus grandes si je ne me trompe, et je revendique l’honneur de l’avoir marqué l’un des premiers. » M.  […] Je ne lui connais guère qu’une supériorité sur nos contemporains les plus notoires et les moins estimés ; c’est qu’il est mort. […] Tel qu’il est, ce précis d’Histoire contemporaine, dans sa spécialité nettement circonscrite, est une œuvre séduisante. […] Ses Portraits français intéressent surtout par le style gracieux et sûr, mais ses monographies de contemporains, bien que s’abstenant volontairement de dénigrer, n’en dénotent pas moins une clairvoyance peu commune, et, parce qu’il sourit souvent, il ne faudrait point conclure à l’indulgence aveugle de ce critique.

93. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Il n’a toute sa valeur qu’en parlant des contemporains. […] Mieux vaut, à son avis, être mièvre comme lui, que brutal comme tant de nos contemporains. […] Cherchez, parmi les contemporains, son auteur favori. […] Il a ainsi agi dans le sens du mouvement littéraire contemporain. […] Elle a ouvert de larges échappées sur certaines faces de l’époque contemporaine ; M. 

94. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Nous ne le saurions pas par la vie si difficile du romancier, par ses lettres, par le témoignage de ses contemporains, qu’une page de ses épreuves d’imprimerie suffirait à le démontrer. […] Un contemporain de Balzac me disait avoir vu certaines épreuves soumises à des coupes sombres, au milieu desquelles avaient disparu des beautés de détail qui étaient perdues pour toujours. […] Je songe aux calligraphies de maître d’écriture qu’Alexandre Dumas envoyait aux journaux, du vivant de son contemporain si tourmenté.

95. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Je ne veux pas être une pensée mutilée, fragmentaire, dans l’universelle raison, un être isolé dans la communauté des hommes : j’entends servir la société et non point par goût des louanges, ni par désir d’être aimé, ni par sympathie pour mes contemporains, mais parce que le monde est un et que je veux me conformer à ses lois, qui sont d’ailleurs harmonieuses avec ma raison.‌ […] Mes livres, qui sont écrits pour une minorité, n’enseignent rien que le déterminisme scientifique et la soumission d’un Marc-Aurèle ou d’un Spinoza ; mes obsèques religieuses, qui sont un argument mieux saisissable par la foule, contribueront à approcher mes contemporains de cette haute moralité. […] L’auteur des Origines de la France contemporaine est un logicien qui nous souhaite un bien religieux parce que l’anarchie et le manque de tradition sont le mal de notre pays depuis cent ans, et qui préfère le protestantisme au catholicisme par haine de la centralisation excessive et par respect de l’individu.‌

96. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

Il a réussi à charmer certains de ses contemporains ; il a déplu à certains autres ; il a trouvé, pendant un laps de temps plus ou moins long, des admirateurs et des imitateurs. […] Ces faits me paraissent pouvoir être rangés sous trois chefs différents : 1° Les caractères de cette œuvre, les traits particuliers qui la ; distinguent ; 2° Quelques-unes des causes qui ont contribué à la rendre, telle qu’elle est ; 3° Quelques-uns des effets qu’elle a produits, soit sur les contemporains, soit sur la postérité.

97. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Tel Voiture, tel Balzac, tels encore les poètes leurs contemporains. […] Vous le voyez donc, la dette de Molière envers Corneille n’est pas plus considérable qu’envers Desmarets ou tout autre des contemporains de Corneille. […] Il convient cependant de noter qu’au regard même des contemporains, les comédies de Molière sont pleines de personnalités, de personnalités directes, et généralement offensantes. […] Mais déjà, dans son Iphigénie, pouvons-nous, Mesdames, et les contemporains de Racine pouvaient-ils prendre au sérieux ce sacrifice humain qui fait le ressort même du drame ? […] Mais ce que ses contemporains ont surtout applaudi, dans son Rhadamiste, comme dans son Électre, ou comme dans son Atrée, c’est l’art d’exciter la terreur.

98. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est en ces termes que Voltaire argumente contre Pascal ; et en effet toutes ces questions ne l’intéressent plus, lui, Voltaire, ni ses contemporains. […] Ses contemporains, à l’exception du seul Vauvenargues, ne sont pas d’un autre avis. […] Vous avez dit, non ce que vous aviez à dire, mais ce que vous avez cru qui plairait à vos contemporains. […] Qu’est-ce que les contemporains ont pensé de toutes ces nouveautés ? […] I ; Portraits contemporains, 1844, t. 

99. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Tout ce que je voudrais, à propos de ce souvenir, de cette carte de visite poétique adressée à quelques amis et à un petit nombre de lecteurs d’élite, ce serait de marquer dans la littérature contemporaine la place d’un poète auquel il me semble qu’on n’a pas jusqu’ici rendu pleine justice. […] Vraiment il plane et n’effleure que la surface brillante de l’univers, comme un dieu innocent et ignorant de ce qui est au-dessous, ou plutôt comme un être paradoxal et fantasque, un porte-lauriers pour de bon qui se promène dans la vie comme dans un rêve magnifique et à qui la réalité, même contemporaine n’apparaît qu’à travers des souvenirs de mythologie, des voiles éclatants et transparents qui la colorent et l’agrandissent. […] [Les Contemporains (1886-1889).] […] [Le Théâtre contemporain (1888).]

100. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Cela suffit à expliquer pourquoi les Poèmes antiques et les Poèmes barbares n’ont jamais obtenu de vogue parmi les lecteurs qui sont emprisonnés dans le domaine de la sensation, et pourquoi leur place est plus haute parmi ceux qui pensent ; si haute, que la poésie contemporaine en est dominée tout entière. […] [Nouveaux essais de psychologie contemporaine (1885).] […] [Les Contemporains (1886-1889).] […] Leconte de Lisle dans l’évolution de la poésie contemporaine qu’en disant qu’il y a réintégré le sens de l’épopée.

101. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

N’y a-t-il pas quelque exagération à considérer leurs ouvrages comme un des « principaux aspects » de la pensée contemporaine, ou à insinuer que leur époque a vécu et vivra peut-être grâce à eux ? […] La doctrine du néant pèse d’un poids lourd sur nos sociétés contemporaines, et quand M.  […] Elles suffisent à établir pour combien de ses contemporains, et des plus savants, des plus délicats, l’auteur des Émaux et Camées est resté lettre close. […] Dans ses Essais de psychologie contemporaine 153, M.  […] L’organisation précise et un peu monotone des sociétés contemporaines les exaspérait aussi bien que la médiocrité de conception ou de style dans un ouvrage d’imagination.

102. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

La description de ses souffrances ainsi idéalisées par le souvenir et la narration de ses impressions personnelles, diluées dans le torrent des sensations contemporaines, parut aux lecteurs semblable à la musique d’opéra dont on écoute l’air sans prêter attention aux paroles. Il parla la langue imagée et sentimentale qu’entendaient ses contemporains ; il épiça son récit des condiments connus et goûtés à l’époque. […] Sainte-Beuve fait erreur, le monde de René était découvert avant Senancour et Chateaubriand, mais l’honneur de le marquer de son sceau revient à Chateaubriand ; il sut se servit de la langue, des images et des passions du jour, et personnifier ce monde sentimental et idéal que les contemporains portaient dans leur cœur et dans leur tête. […] Une œuvre littéraire, alors même qu’elle n’aurait aucune valeur artistique, acquiert une haute valeur historique, du moment que le succès l’a consacrée ; le critique matérialiste peut l’étudier avec la certitude de saisir sur le vif les impressions et les opinions des contemporains. […] Jamais Racine et Hugo n’auraient été proclamés par leurs contemporains des grands génies, si leurs œuvres, ainsi que des miroirs, n’avaient reflété les hommes de leur milieu social, avec leur manière de voir, de sentir, de penser et de s’exprimer.

103. (1914) Boulevard et coulisses

Parler de cette époque, c’est donc remonter au-delà des temps contemporains et arriver dans une zone déjà historique. […]   Pendant que nous errions d’une salle de rédaction aux coulisses d’un théâtre, d’un café à un cercle, je n’ignore pas que beaucoup d’autres de nos contemporains se livraient à des travaux plus importants. […] C’est un des gros problèmes contemporains. […] Quelque opinion que l’on ait sur les doctrines qui en sortirent, on ne peut nier leur retentissement et l’impression qu’elles firent sur les esprits contemporains. […] Ce sont les tendances de presque toute la littérature contemporaine.

104. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je me plains d’être omis comme un simple zéro dans la liste des critiques contemporains qui comptent. […] Qu’il s’agisse des contemporains ou de la postérité, vraiment, dès qu’on le cherche, on ne le trouve plus. […] Paul Bourget lui a fait une belle place dans ses Essais de psychologie contemporaine. […] Polybe, contemporain des événements, n’en souffle mot. […] Pierre du Ryer, contemporain de Corneille, fut un poète illustre de son temps.

105. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Nous avons déduit ici la forme de sentiment que marquent toutes les imprécations des littérateurs contre leurs contemporains et, d’une façon caractéristique, la correspondance récemment publiée de G. […] Parmi les poètes contemporains, M.  […] Ce dernier romancier est surtout un observateur minutieux et menu de la vie contemporaine. […] S’il marque dans ses œuvres plus de sentimentalité et une sentimentalité plus morale que ce n’est le cas chez nos autres romanciers contemporains, cela n’a pourtant rien d’anormal ou d’essentiel. […] Le succès de ce livre, celui des autres romans est dû sans doute en partie à ce que leur auteur est plus communicatif, plus ému et plus sainement, dans ses livres, que la plupart des écrivains contemporains.

106. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Qui pouvait en juger parmi ses contemporains, ivres d’engouement, et parmi ses successeurs, aveugles d’injustice ? […] Ce fut pour ses contemporains une révélation. […] Un observateur philosophe reconnaîtrait là une des formes littéraires d’un certain cosmopolitisme contemporain. […] Est-ce qu’un problème intéressant d’esthétique contemporaine ne se pose pas à cet endroit ? […] Il est arrivé que Stendhal a choisi en effet un champ, et que nos romanciers contemporains en ont choisi un autre.

107. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il fut le contemporain des règnes de Jean le Bon et de Charles V, et d’une grande partie de celui de Charles VI, époque agitée, souvent malheureuse, et dans laquelle il trouva moyen de ne prendre que son plaisir. […] Sa nature vive, mobile, toujours à la fenêtre, se peint bien dans la pièce de vers d’où ces détails sont tirés, et où il nous rappelle plus d’une fois La Fontaine (le La Fontaine des commencements et encore contemporain de Voiture). […] Une fois appliqué à l’histoire, à la chronique contemporaine, il va trouver sa pâture et faire merveille. […] Ce qui était le plus important à l’âge et à l’époque de Froissart, c’était précisément d’amasser ces matériaux, de les posséder et de les disposer dans toute leur étendue et dans leur richesse ; et c’est ce qu’il a fait avec un zèle, une ardeur infatigables, et avec un sentiment élevé du service qu’il rendait à ses contemporains et à la postérité en conservant ainsi la mémoire des grands événements et des nobles prouesses. […] L’âge des chansons de geste était proprement passé, et la grande chanson de geste contemporaine du xive  siècle devait être la chronique pure, la chronique émancipée, et elle devait s’écrire en belle, facile et abondante prose.

108. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Vous avez connu les troubles de la sensualité la plus curieuse et la plus savante — et les émotions de la sympathie la plus pure et de la plus chaste pitié… Ainsi vous goûtez dans ces livres le charme limpide des poèmes ingénus et le charme pervers des extrêmes recherches de l’esthétique contemporaine  ce qui est au commencement des littératures et ce qui est à la fin. […] Et le poète vous insinue peu à peu l’âme qu’il a lui-même, une âme qui serait contemporaine de l’humanité naissante et de l’humanité vieillie, et qui aurait parcouru la surface entière du globe terrestre ; âme amoureuse et triste, toujours inquiète et toujours frémissante. […] Et cet officier de marine qui ignorait presque, si on l’en croit, la littérature contemporaine, qui n’avait pas lu une page ni de Flaubert, ni des Goncourt, ni de Daudet, se révéla d’emblée comme un des premiers entre les écrivains pittoresques et comme un des peintres les plus surprenants qu’on eût vus des choses exotiques. […] Et, comme il a grandi librement, en dehors de toute école littéraire, il lui a été donné d’avoir à la fois l’acuité de perception des plus subtils de ses contemporains et quelque chose de la simplicité de forme des écrivains primitifs. […] et que ne cherchez-vous à lui assigner son rang dans la littérature contemporaine ? 

109. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Mais il est de ceux, déjà bien extraordinaires, qui laisseront des pages et je ne sais guère de contemporains capables de nous donner l’équivalent de La Femme Pauvre. […] Je me contenterai de demander à Marchenoir pourquoi, s’il a « ce qu’il mérite », il rugit si souvent et si fort contre l’injustice des contemporains à son égard. […] Charles Godard publie sur l’Occultisme contemporain, le Fakirisme ou le Brahmanisme de petits livres vulgarisateurs. […] Son historique de l’occultisme contemporain, par exemple, est d’une clarté intéressante. […] Nouveaux essais de psychologie contemporaine.

110. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Seulement, comme il avait plus de profondeur qu’aucun de ses contemporains on le critiquait et on le trouvait trop modéré, parce qu’on ne le comprenait pas. […] Soyez l’interprète, l’avocat de cette grande époque, et réveillez dans ma conscience le goût de ces sortes de vérités que j’oublie trop, j’y donne les mains ; mais, pour me toucher, il faut que vous partagiez ma passion, car vouloir que je sois un contemporain de Bossuet qui accorde quelque chose à Voltaire et à Montesquieu, voilà qui est impossible : ce n’est pas là la réalité. […] Nisard sur la littérature contemporaine depuis Chateaubriand jusqu’à nos jours, que l’on voit la différence de la nouvelle critique classique avec la critique de l’école impériale, fermée à toutes les beautés nouvelles et aussi injuste qu’aveugle pour les hardiesses heureuses de la littérature de notre temps. […] Nisard lorsqu’il juge les œuvres contemporaines ? […] L’abus du détail dans les descriptions, les sentiments trop particuliers et trop raffinés, les paradoxes de l’utopie, le spécial introduit dans l’histoire, enfin la disproportion de l’imagination et de la raison, c’est-à-dire la prépondérance de la forme sur le fond, et quelquefois le contraire, — tels sont les défauts qui ne permettent pas à la littérature contemporaine de se considérer comme classique.

111. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Puis je remarquai que les auteurs les plus vigoureux, les plus originaux, allaient au théâtre ou avaient du moins une tendance à dialoguer fortement leurs romans ; d’autre part, l’élément romantique et lyrique me frappait de plus en plus dans les origines du roman contemporain, jusque chez Flaubert lui-même ; j’esquissai tout naturellement, pour la littérature française du xixe  siècle, la série : lyrisme, épopée, drame. […] Croce ; il est un des esprits les plus puissants, les plus originaux, de la critique et de la philosophie contemporaines. […] Les contemporains d’une œuvre de valeur relative, frappés par l’exactitude du détail, par la justesse extérieure du portrait, par les allusions aux mœurs du jour, flattés dans leurs défauts mêmes, les contemporains sont trop partie intéressée pour être de bons juges ; ils confondent aisément ce qui n’est que photographie instantanée avec ce qui est œuvre d’art. […] , de moyen âge, de temps moderne et d’époque contemporaine !

112. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

J’aurais voulu t’offrir une esquisse ou une miniature de la pensée contemporaine. […] Ce que le maître avait indiqué, c’était la nécessité de rétablir, dans la pensée contemporaine, une idée religieuse. […] Ses premiers vers sont à peu près contemporains du beau temps de l’école parnassienne. […] Ce caractère le distinguait de la plupart des écrivains contemporains. […] Conséquence : le grand désordre de la vie contemporaine.

113. (1925) La fin de l’art

C’est dans les écrits contemporains que se constate surtout cette absence de sentiment. […] Ce n’était pourtant pas le vulgaire roman, mais des souvenirs contemporains et j’en attendais quelque plaisir. […] C’est d’ailleurs la plus connue, celle où se délectent la plupart de nos contemporains, celle qui passe aussi pour représenter le mieux ce qu’on nomme l’esprit français. […] De Diderot, c’est au contraire la partie vivante : nous le possédons plus réellement que ses contemporains eux-mêmes. […] Bientôt même on ne se le demande plus et, comme il n’exprime plus une seule idée contemporaine, on le néglige puis on l’oublie.

114. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Je m’applique à tailler dans le vif, à disséquer des principes, afin de mettre à nu le cerveau contemporain et le nœud vital de notre poésie française si tendrement aimée. […] Il réduit donc l’Iliade à douze chants, et l’adapte aux besoins contemporains. […] Là une infinité de sentiers magiques s’entrecroisent et l’artiste contemporain s’y égare avec délices52. […] D’autre part, je n’aurais pas risqué de me faire attribuer un brevet de pédantisme, si je n’avais trouvé dans les œuvres des artistes contemporains la confirmation de ma doctrine. […] Guido Villa, La Psychologie contemporaine, p. 469.

115. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

La Poésie Contemporaine (1884-1896). […] Études de Littérature Contemporaine, Perrin, 1898. — Charles Maurras. […] Vigié-Lecocq : L’Amour dans la poésie contemporaine, Mercure de France, janvier 1897. — E. […] 1901. — Trois Contemporains critique, Deman-Bruxelles, 1901. — Le Jardinier de la Pompadour, roman. […] in-8º. — La Poésie tchèque contemporaine, essai.

116. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

Robert de Bonnières est assez connu du public comme romancier et comme essayiste, comme peintre mordant et aigu, de la société contemporaine. […] Remonter à la tradition du conte français en vers est, d’un contemporain de MM. 

117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bourget, Paul (1852-1935) »

. — Essais de psychologie contemporaine (1883). […] — Cruelle énigme (1885). — Nouveaux essais de psychologie contemporaine (1885). — Poésies : Au bord de la mer ; La Vie inquiète, petits poèmes (1885). — André Cornélis (1886). — Un crime d’amour (1886). — Mensonges (1887). — Études et portraits (1888)

118. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Le critique, juge et conseiller de ses contemporains, aura dès lors, la possibilité de dire aux auteurs avec une autorité singulièrement accrue : — Prenez garde ! […] Voir les lettres que nous avons échangées à ce sujet : Études sur la France contemporaine, pp. 52-62.

119. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Dumas du côté du mysticisme, et ces raisons lui sont-elles communes avec beaucoup de ses contemporains ? […] Certes, il était sensible à cette mainmise sur la pensée contemporaine. […] Cela seul lui donne une place unique parmi les analystes contemporains. […] Ce sont là quelques cas heureux et réussis du cosmopolitisme contemporain. […] Ce sont des nuances de maladie ; mais cette maladie est une des formes du vaste cosmopolitisme contemporain.

120. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris. […] Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

121. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris. […] Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine, qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

122. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

L’œuvre de celui qui contribua à nuancer considérablement le modèle de « l’associationnisme » (Reid, Dugald-Stewart), a été introduite en France par Théodule Ribot, dans son ouvrage synthétique, et fondateur pour le renouvellement de la psychologie française d’inspiration spiritualiste, intitulé La Psychologie anglaise contemporaine (Librairie philosophique de Ladrange, 1870). Hennequin rendra compte en février 1885, dans La Revue contemporaine, de la parution de la traduction française des Émotions et la volonté, donnée chez Alcan par P.

123. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Pourquoi ne pas reconnaître plutôt que toute une portion de la jeunesse contemporaine traverse une crise ? […] A l’endroit des contemporains, M.  […] Pareillement le dilettantisme est un produit logique de notre société contemporaine. […] La seconde méthode consistait à prendre la légende comme un simple prétexte à l’énoncé de théories et d’idées contemporaines. […] C’était l’époque où il composait son admirable Histoire des Origines de la France contemporaine.

124. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Enfin, — et par rapport à la rapidité de succession des idées ou des formes d’art dans nos littératures modernes, dans nos littératures contemporaines surtout, — l’immobilité de la littérature du Moyen Âge en fait un dernier caractère. […] Une différenciation des classes, dont l’origine lointaine se retrouverait dans le progrès de la civilisation générale, semble à peu près contemporaine de la dernière phase de la différenciation des genres. […] Que d’ailleurs, à ce titre même, et en raison de ce qu’ils contiennent de réalité vivante, d’actualité contemporaine de Louis XI ou de Charles VII, les Mystères nous soient de précieux documents pour l’histoire des mœurs, on n’en disconvient pas. […] On aurait tort, comme on l’a fait, de comparer Commynes à son contemporain Machiavel. […] Froissart] ; — ni d’un historien moraliste ; — c’est-à-dire capable de tirer des faits une signification qui les dépasse ; — C’est ce qui le distingue de son contemporain Machiavel, entre autres traits ; — et sans rien dire de son ignorance du latin ou de de la tradition classique. — Ses qualités d’écrivain ; — et ce qu’elles retiennent de l’esprit du Moyen Âge.

125. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Dans les derniers temps de sa vie, Villemain, qui était (en date seulement) le premier critique du siècle, a publié un choix d’études sur la littérature contemporaine, et quoique ce choix ressemble à un pêle-mêle et que la plupart des travaux qu’il remet en lumière aient déjà paru, la Critique (ce n’est point la nôtre), qui a tant de fois salué M.  […] … Les contemporains de Villemain, ceux qui furent les témoins de ses succès d’université, de concours publics, d’académie, de toute cette gloire, charmante mais éphémère comme une aurore, crurent à un petit Pic de la Mirandole retrouvé. […] Ici, l’Arthémise inquiète de l’Université mêle ses pleurs à ceux de l’Arthémise parlementaire désolée, au sein de cette pauvre Académie, devenue l’asile de toutes les afflictions contemporaines. […] Villemain ne peut intéresser que ses contemporains. […] et c’est ainsi que, sans conviction et sans idées, il est entraîné par le courant du sophisme contemporain qui veut humaniser les êtres surnaturels dans l’histoire, pendant que la philosophie tend à diviniser les hommes.

126. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Le premier devoir, en effet, la première vérité à observer en ces sortes d’études, c’est la mesure et la nuance de ton, la discrétion de détails, le sentiment toujours attentif et un peu mitigé, qui règnent dans le commerce du critique avec les contemporains qu’il honore et qu’il admire. […] Rien donc ne saurait valoir ni devancer pour l’instruction de la postérité les lumières de ce dépouillement posthume, et telle n’a jamais été notre prétention, relativement aux contemporains dont nous anticipons l’histoire. […] Un sentiment plus grave, plus recueilli, a inspiré ces courts et rares essais consacrés à des génies contemporains. […] Cela est tellement vrai que, seul des poëtes contemporains, il aurait pu, à la rigueur, se passer de l’impression, du moins pour une bonne moitié de son œuvre. […] On y sent réunis et mélangés le contemporain des conquêtes, le républicain de l’avenir, et le successeur du Parisien Villon.

127. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sarcey est comme qui dirait le bonhomme Richard de la presse contemporaine. […] Car, bien qu’ils soient contemporains, il y a un siècle entre les deux. […] Nul de nos contemporains n’a été aussi souvent comparé à un éléphant. […] A plus forte raison est-il incapable d’apprécier beaucoup les extrêmes raffinements, un peu maladifs, de la littérature contemporaine, notamment l’impressionnisme de M.  […] De là, dans l’ancien théâtre et, sous une autre forme, dans le théâtre contemporain, la convention des récits, de l’exposition, des confidents, des monologues.

128. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Ainsi, dans les chansons de geste contemporaines des croisades, la première qualité des personnages offerts à notre admiration, c’est la force. […] Corneille est le contemporain des jansénistes de la première heure qui sacrifient sans hésiter les plaisirs du monde et les affections les plus légitimes au désir de vivre en communion avec Dieu, qui prêchent et pratiquent les préceptes les plus sévères. […] Il est le contemporain des précieuses, qui aiment sans doute la galanterie, mais qui tiennent pour l’amour platonique, qui poussent la pudeur jusqu’à la pruderie, qui proclament, comme Armande dans Les femmes savantes, la suprématie de l’esprit sur la matière, de la raison sur la partie animale. […] Louis XIV se partage entre ses favorites et son confesseur ; on remarque en lui, à certains moments, le combat de l’amour et du jubilé, suivant l’expression d’une malicieuse contemporaine ; mais c’est l’amour qui triomphe, sans préjudice de brusques accès de dévotion, jusqu’au jour où le grand roi vieilli fera décidément pénitence avec Mme de Maintenon. […] Puis Philippe de Comynes raconte avec une sérénité parfaite, sans un mot de blâme, sans un cri d’indignation, les trahisons, les perfidies, dont abonde l’histoire contemporaine, les trafics de conscience dont il a été le témoin et le complice en qualité de conseiller du roi Louis XI.

129. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Les témoignages contemporains, qui seuls pourraient nous éclairer sur la véracité des ennemis de Furetière, ne confirment en rien leurs imputations. […] Cette fidélité rigoureuse de peinture a accrédité le préjugé que tout le mérite du roman de Furetière consistait dans une suite de caricatures et d’allusions personnelles intéressantes pour les seuls contemporains. […] Francis Wey dans un article de la Revue contemporaine (Juillet et Août 1852), dont nous nous sommes appuyé plus d’une fois dans la première partie de cette notice. […] Cependant, plus tard, quand l’honneur et l’existence même de la compagnie eurent été engagés par l’imprudente vivacité de Furetière, il engagea le chancelier à employer son autorité pour le réduire au silence. » (Francis Wey, Revue contemporaine.)

130. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Sans cette unique durée vécue, sans ce Temps réel commun à tous les Temps mathématiques, que signifierait de dire qu’ils sont contemporains, qu’ils tiennent dans le même intervalle ? […] Tous ces Temps mathématiques différents seraient contemporains, en ce que tous tiendraient dans la même durée psychologique, celle de l’observateur en S. […] Comme celle-ci s’allonge ou se rétrécit selon la vitesse du système, on obtient ainsi, contemporains les uns des autres, des Temps multiples. […] Évidemment non, car si l’égalité des lignes de lumière O₁B₁, et O₁″B₁, nous avertit que les moments O″₁ et B₁ sont bien contemporains, si donc O₁″B₁, conserve bien le caractère d’une ligne d’espace rigide, si par conséquent O″₁B₁, représente bien l’un des bras de l’appareil, au contraire l’inégalité des lignes de lumière O₁A₁, et O₁′A₁, nous montre que les deux moments O₁″ et A₁, sont successifs.

131. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Les badauds contemporains qui virent passer cette gloire l’avaient-ils crue éternelle ? […] En présence d’un mérite si mince et si solitaire, on comprendrait à peine, même pour une heure, la béotienne admiration des contemporains de La Grange-Chancel, si l’on ne savait que l’admiration des hommes n’est le plus souvent ni générosité ni justice, mais joie grossière de se retrouver, soi et sa passion, dans l’œuvre d’un écrivain qui vous fait miroir, comme le ruisseau le faisait à cet imbécille de Narcisse ! […] Il l’a vu à travers tous les applaudissements contemporains, et c’était la meilleure manière de le mal voir et de le juger de travers.

132. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Je demande bien pardon de mettre de pareils mots l’un en face de l’autre, même par horreur des idées qu’ils expriment, mais j’en renvoie le sacrilège à la Philanthropie contemporaine qui, à force d’amour pour l’auguste liberté des hommes, est parvenue à faire de son Dieu la prostituée du genre humain ! […] Telles sont la philosophie et l’histoire de cet optimiste faux chrétien qui croit, dit-il, à la Providence divine, comme il croit à la destinée, comme il croit à ce dix-neuvième siècle, qui a réveillé l’infini, comme à la science, comme à tout, et qui a le mysticisme de toutes ces sornettes contemporaines, lesquelles formeront un jour une logomachie à faire pouffer de rire nos descendants ! […] Saint-René Taillandier n’est pas le plus mauvais écrivain du groupe littéraire dont il fait partie, de ce groupe obscur, sans couleur, sans sonorité, de peu de nerf, qui s’en va laissant sa critique sur les écrits contemporains et qu’on pourrait appeler très bien « les colimaçons de la littérature », car ils portent aussi leur maison sur le dos et ils la traînent partout, comme les écrivains de la Revue des Deux-Mondes, qui ne sont jamais nulle part que des écrivains de la Revue des Deux-Mondes !

133. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Dans de telles circonstances, on comprend que Lefèvre-Deumier ait gardé dix ans un recueil qui n’a pas, d’ailleurs, l’accent des poésies contemporaines. […] Lefèvre-Deumier a encore cet avantage sur beaucoup de ses contemporains, mieux que lui pourtant avec la gloire, de n’avoir pas fait des vers pour des vers ! […] Touchant aux lakistes contemporains par une extrémité de son talent, et par l’autre aux affectés de tous les temps et de tous les pays, il a du moins la passion mêlée à tout cela, et si on l’applaudissait chez les Cathos, les Madelons et les Philamintes des vieilles sociétés grimacières, il y étoufferait !

134. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Roitelet, verselets, poésies et poète, vaudraient aujourd’hui cent pour cent de plus dans leur inspiration et leur manière, par cela seul qu’ils n’auraient pas trempé dans l’air ambiant de la poésie contemporaine ! […] C’est une loi du temps et de tous les temps que quand des poètes grands ou petits, vrais ou faux, immortels ou éphémères, ont été la chimère de leur époque, comme dit saint Bernard. — l’admiration ou la mystification de leurs contemporains, — ils laissent sur l’imagination publique des teintes dont elle reste colorée. […] Lire peu les livres contemporains, qui ont déteint sur l’imagination publique et qui l’ont imprégnée, fermer ses livres, se faire un lazaret contre eux et leurs influences, enfin reconquérir cette originalité première, cette hermine bien tachée, mais qui n’en mourra pas, voilà quels doivent être la tactique et le but de M. 

135. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Ponsard, auquel il fait penser, cet autre heureux aussi de la poésie contemporaine, et pour les mêmes raisons que M.  […] Bouilhet, qui s’est faite dans les grands Romantiques contemporains, a fini par trop influer sur sa pensée, car il ne faut pas être bien élevé, à ce point de n’avoir plus en soi qu’une excellente éducation pour toute personnalité ! […] Je crois même qu’il y a quelque part dans les Festons de ce talent qui a bu la poésie contemporaine, non comme une organisation, pour en vivre, mais comme une éponge, pour s’en emplir et s’en gonfler, oui, je crois qu’il y a un petit filon d’originalité qu’on pourrait sauver, qui n’a pas été noyé encore et qui pourrait devenir, en le dégageant, une individualité complète, et tout à l’heure je le dirai… Mais présentement, la personnalité de M. 

136. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Ses contemporains, ses amis de dix ans déjà, perdent, en M.  […] Auguste Préault sur cette sympathique figure de poète, et que n’eût point rejeté l’auteur des Portraits contemporains et des Premiers Lundis. c’est qu’il y a eu un très beau portrait, genre Titien, de Fontaney par le peintre Louis Boulanger.

137. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Le doute contemporain. […] Edmond Scherer et les contemporains. […] Seul peut-être parmi ses contemporains, M.  […] Il est le contemporain de M.  […] La réaction contemporaine.

138. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et tous les contemporains sont d’accord avec celui-ci. […] Conformistes, c’est-à-dire s’ajustant aux préjugés et à l’idéal de la bourgeoisie, nos écrivains contemporains ? […] Berl inflige à toute la littérature contemporaine dans son réquisitoire. […] En cela, l’intellectualisme contemporain est sans doute plus matérialiste qu’il ne le croit. […] Dans la littérature contemporaine, il n’en va pas toujours ainsi : l’écrivain tend à ne réfléchir et à ne réagir — et encore — que sur lui-même.

139. (1925) Portraits et souvenirs

Joseph Vianey relève pour certains sonnets des Trophées leurs sources contemporaines dans tels passages de Hugo ou de Leconte de Lisle. […] Citerai-je Ronsard, que ses contemporains eux-mêmes prirent soin d’éclaircir de commentaires ? […] Moréas occupe une très haute place dans la poésie contemporaine et son œuvre en résume quelques-unes des aspirations les plus profondes. […] Mais ses sympathies s’arrêtaient là, et, pour le reste des rimeurs contemporains, il les enveloppait dans le même dédain souriant et brutal. […] Le premier chapitre des Essais de psychologie contemporaine de Paul Bourget (1883) est consacré à Baudelaire.

140. (1890) Dramaturges et romanciers

On sent dans certaines scènes que l’auteur est contemporain de M.  […] Ce pardieu est déjà et mérite de rester célèbre dans la littérature contemporaine. […] Que sont la plupart des poètes anglais contemporains ? […] En voulez-vous un exemple tout contemporain ? […] Personne parmi les écrivains dramatiques contemporains n’a mieux démêlé que M. 

141. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Car la postérité confirme les arrêts des contemporains bien plus fréquemment qu’elle ne les casse. […] Répondre d’avance à un état futur de l’imagination française, c’était quelque chose d’autrement rare et beau que de satisfaire la fantaisie et d’exprimer les sentiments de la société contemporaine. […] Tous les critiques contemporains ont senti et ont regretté ce qu’un souci excessif des vérités de la philosophie ôte à la poésie du noble penseur Sully-Prudhomme de couleur brillante et de grâce légère. […] Pas plus que l’art dramatique, ou même moins encore, l’éloquence, qui s’adresse aux hommes assemblés, ne peut se passer de la faveur actuelle du public contemporain et vivant. […] La postérité, loin de casser en règle générale le jugement des contemporains sur les grands hommes « nés trop tôt », le confirme dans l’immense majorité des cas.

142. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais ce que l’on ne peut nier, c’est que Dante, et Pétrarque, et Boccace n’aient mérité d’être appelés les « premiers des modernes » que pour avoir été marqués de quelque signe qui les distinguait de leurs contemporains, et que nous allons tout à l’heure essayer de préciser. […] Les contemporains s’y sont trompés d’abord. […] Mais quand on en pèse tous les termes « comme aux balances des orfèvres » ; et, d’autre part, quand on les confronte avec les événements de l’histoire du temps ; lorsque l’on sait enfin qu’ils sont contemporains de cette politique d’apaisement dont le souvenir demeure inséparable des belles années du règne d’Henri IV, il semble qu’ils revêtent une signification nouvelle. […] Les Odes, les Hymnes et les Poèmes. — Que ce sont les Odes et les Hymnes qui ont fondé de son vivant la réputation de Ronsard. — Les contemporains s’y sont-ils mépris ? […] Examen du Traité de la sagesse. — Pour ne rien dire des anciens, trois contemporains y sont copiés sans scrupule : Bodin [Cf. 

143. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Le résultat de cette première émotion fut la Biographie de Benjamin Constant dans la Galerie des Contemporains illustres, par un Homme de rien. […] J’ai répondu quelques mots à M. de Loménie, et cette réponse peut se lire au tome III, page 373, de mes Portraits contemporains (1846).

144. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Les recompenses du souverain viennent à la suite de l’attention des contemporains. […] Qu’on juge donc de l’ardeur que les peintres et les poëtes avoient alors pour perfectionner leurs talens, par l’ardeur que nous voïons dans nos contemporains, pour amasser du bien et pour parvenir aux grands emplois d’un état. […] Si l’on considere quelle étoit la situation de Rome quand Virgile, Pollion, Varius, Horace, Tibulle et leurs contemporains firent tant d’honneur à la poësie, on verra que de leur temps cette ville étoit la capitale florissante du plus grand et du plus heureux empire qui fut jamais.

145. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Il n’avait à se venger de rien devant la postérité… Il dédaigna même de tendre son livre à ses contemporains comme une sébile dans laquelle ils pussent mettre leur sou de gloire. […] déshonoré en l’écrivant… Un immense mensonge s’est étendu sur elle, comme la nuée, pleine de feu, qui devait pleuvoir sur Sodome… L’auteur des Ruines de la Monarchie française — de cette histoire d’où il ressort pour conclusion la thèse historique de la vérité absolue de la Monarchie — ne sera pas même discuté par les petits traîneurs de fétus qui fourmillent dans le journalisme contemporain. […] … L’auteur des Ruines, quand on les niait, en affirmait, dans son livre, la dangereuse ubiquité, comme aucun livre contemporain ne l’a affirmée.

146. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Avisée comme un vieux diplomate et prudente comme un vieux médecin, l’Académie ne se compromettait point par un démenti direct donné aux idées contemporaines qu’elle eût fait affoler davantage, et elle n’en mettait pas moins tout doucement les compresses de glace de l’Histoire sur la tête de la Philosophie, pour la guérir de la fièvre cérébrale qui la dévorait. […] Chastel passe de cette merveilleuse histoire, qui met toutes les notions du progrès en arrière de nous et non pas en avant, aux applications contemporaines, et c’est alors que le rationaliste moderne, ce double-fond du protestant, commence de montrer cette longue oreille que la dépouille lumineuse de ces lions de sainteté et de doctrine, les Chrysostôme, les Basile, les Pacôme, ne saurait entièrement cacher. […] Chastel dans les généralités historiques qui ne touchent pas le sol embrasé, le sol volcanisé que nous sentons frémir sous nos pieds… Lui, le catholique, qui n’a pas de liaison d’idées avec l’ennemi, qui ne met point, plus ou moins, sa main dans la sienne, est discret, agressif, incompatible avec les doctrines socialistes contemporaines, et il ajoute souvent un trait à tous ceux qui les ont percées de toutes parts.

147. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Les contrastes de ses manières d’agir avec l’opinion contemporaine révèlent la profondeur de sa pensée. […] Telle est la conclusion et le profit qu’on peut tirer de la grande étude contemporaine faite par Cassagnac. […] L’histoire contemporaine est vivante. […] Les jugements qu’il porte sur eux, non seulement attestent cette volonté de s’abstraire de son temps qui fait la moralité d’une histoire contemporaine, mais, nous ne craignons pas de l’affirmer, ils seront, à bien peu de choses près, l’opinion de l’avenir. […] Je veux clore ce chapitre sur ses œuvres en parlant du puissant contemporain mort maintenant.

148. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Le mouvement de son horloge est contemporain du flux de sa conscience. […] Mais les événements contemporains de celui-là, qui se passent en M′ et P′, sont-ils déterminés aussi ? […] Selon que le système S′ a une vitesse ou une autre, ce ne sera pas le même événement en M′, ni le même événement en P′, qui sera contemporain de l’événement en N′. […] Ce sont bien des événements qui sont contemporains pour lui, dans son système à lui ; comme aussi ce sont bien des événements qui sont contemporains, pour l’observateur en N′, dans son propre système. […] Alors, à mesure que croît la vitesse de S′, l’observateur en N rejette plus loin dans le passé du point M′ et projette plus loin dans l’avenir du point P′ — par les numéros qu’il leur marque — les événements, s’accomplissant en ces points, qui sont contemporains pour lui dans son propre système, et contemporains aussi pour un observateur situé dans le système S′.

149. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

On a bien voulu pourtant nous mettre en cause : dans une biographie de Benjamin Constant, qui fait partie de la Galerie des Contemporains illustres par un Homme de rien, le spirituel auteur (M.de Loménie) a cru devoir, en se déclarant le champion de Benjamin Constant, faire de nous un adversaire de l’illustre publiciste, et nous prendre à partie sur les notes et réflexions qui accompagnaient les lettres produites, comme si elles étaient en désaccord criant avec les textes mêmes. […] Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé. Pourtant tout biographe contemporain a, quoi qu’il fasse, ses complaisances ; nous le savons mieux que personne, et nous savons bien aussi que les complaisances de M.de Loménie seraient volontiers les nôtres. […] J’en vis d’autant plus avec mes Égyptiens et mes Scandinaves, qui quelquefois me paraissent des contemporains, quand je trouve chez eux des opinions absurdes ou du moins grossières. […] Était-ce donc la peine, en débutant, de venir intenter un procès en forme contre un travail par lequel, M.Gaullieur certainement, et moi peut-être après lui (puisqu’on veut m’y mêler), nous pouvions croire avoir bien mérité de l’histoire littéraire contemporaine et des futurs biographes de Benjamin Constant en particulier ?

150. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Seuls restent contemporains en S′ les événements, contemporains en S, qui sont situés dans un même plan perpendiculaire à la direction du mouvement. Deux autres événements quelconques, contemporains en S, sont séparés en S′ par équation secondes du système S′, si l’on désigne par l leur distance comptée sur la direction du mouvement de leur système, c’est-à-dire la distance entre les deux plans, perpendiculaires à cette direction, qui passent respectivement par chacun d’eux. […] Mais, aux moments différents où elles marquent dans mon système la même heure, il se passe aux points, H₁′, H₂,′ H₃′ de mon système des événements qui, dans le système S, étaient marqués légitimement comme contemporains : je conviendrai alors de les appeler contemporains encore, pour ne pas avoir à envisager d’une manière nouvelle les rapports de ces événements entre eux d’abord, et ensuite avec tous les autres.

151. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Depuis Démétrios, les personnages du roman historique restent nos contemporains. […] L’optimisme, la joie saine et franche, c’est ce que Marius-Ary Leblond veulent réaliser dans le roman contemporain qu’ils ont raison de trouver trop triste. […] XII. — Le roman de la vie contemporaine et le roman psychologique. […] Eekhoud, Hugues Rebell, Beaubourg, etc., c’est que nous considérons que leur réputation, venue au lendemain de l’enquête de Jules Huret, est déjà trop lointaine pour que nous considérions leurs talents comme représentatifs de l’esprit contemporain. […] Reboux par sa Maison des Danses) témoignent d’une impartialité moins rare qu’on ne croirait chez nos contemporains.

152. (1902) Le critique mort jeune

Elle apportait encore un original tableau de la décadence du style contemporain. […] Le titre même n’en est-il pas une métaphore comme les aimait l’auteur des « Origines de la France contemporaine » ? […] La Bible toute seule, toute nue, n’était pas assimilable pour ses contemporains. […] Ceux de nos contemporains qui sont antiromantiques sont donc en même temps, et pour les mêmes raisons, contre-révolutionnaires. […] Il emploie tout son talent à la rappeler à nos contemporains qui l’oublient volontiers.

153. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

les mœurs contemporaines n’en ont-elles pas aussi ? […] Toute la littérature contemporaine est inquiète et malade. […] Cette vie contemporaine qu’ils racontent, on sent qu’ils y tiennent par les entrailles ; ils frissonnent eux-mêmes de cette fièvre qu’ils décrivent. […] La sensation, l’intuition du contemporain, du spectacle qui vous coudoie, du présent dans lequel vous sentez frémir vos passions et quelque chose de vous…, tout est là pour l’artiste… Un siècle qui a tant souffert, le grand siècle de l’inquiétude des sciences et de l’anxiété du vrai…, un siècle comme cela, ardent, tourmenté, saignant, avec sa beauté de malade, ses visages de lièvre, comment veux-tu qu’il ne trouve pas une forme pour s’exprimer ? […] Avec tout cela, les romans de MM. de Goncourt sont considérables dans la littérature contemporaine.

154. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Parfois une anecdote contemporaine l’inspire, comme dans le Curé et le mort : parfois il reçoit le sujet de quelqu’un qui le lui donne à mettre en vers ; jamais de lui-même il n’a inventé sa matière. […] Cette forme expressive et souple, qui se défait et se refait sans cesse, qui se coule librement, sans aucune contrainte technique, sur la pensée ou le sentiment, n’est-ce pas la perfection de ce que quelques-uns de nos contemporains s’évertuent à chercher ? […] C’est une question si La Fontaine a été estimé de ses contemporains à sa valeur. […] Tout cela manquait à ses contemporains : de là ces accents qu’on trouve parfois chez eux, si amers sous la grâce souriante des formes.

155. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Voltaire, pour le définir en passant, est un imbécile malpropre19. » Ernest Hello nous rappelle, comme Pascal, à notre néant et veut humilier notre orgueil, mais ce péché satanique d’orgueil, qu’il dénonce chez les autres, a pris, sans qu’il s’en doute, racine chez lui et il offre un magnifique exemple de la vanité contemporaine. […] Puisque le poète a retrouvé sa patrie dans la formule de Wagner, la mélancolie n’est plus de saison et vraiment l’Église contemporaine est par trop dénuée de sens esthétique. […] Schuré oppose au parti pris de stagnation de l’Église contemporaine la parole de Saint Thomas : « La foi est le courage de l’esprit qui s’élance en avant, sûr de trouver la vérité. » Il estime avec Charles Morice que l’ère des révélations n’est pas close et que, seuls, les poètes ont le privilège d’ouïr et d’interpréter les voix du Mystère. […] À leur exemple, beaucoup de nos contemporains se mêlent de maléfices et de conjurations.

156. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

On aimait aussi les violentes oppositions de mots, les fortes antithèses comme les Rayons et les Ombres de Victor Hugo, quoique je ne sache pas que l’on ait alors même rien fait de mieux dans ce genre que l’Âme noire du Prieur blanc, de notre contemporain Saint-Pol-Roux le Magnifique. […] Ernest La Jeunesse, dont le premier volume s’intitulait avec une allitération assez étrange déjà : les Nuits, les Ennuis et les Âmes de nos plus notoires contemporains. […] On pourrait trouver encore, soit dans notre littérature contemporaine, soit dans la littérature étrangère ou celle des temps passés, bien des originalités dans le choix des titres. […] Certes c’est un moyen parfois efficace d’attirer et de fixer la curiosité des contemporains.

157. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Que dirait-on d’un critique littéraire qui placerait Dostoieski en première ligne du mouvement des lettres contemporaines ? […] Raffaëlli, dominé d’une sympathie humaine qui est belle en soi et qui vivifie son grand talent, voudrait borner cet art à nous donner de notre race et de nos contemporains, une série d’effigies caractéristiques, propre à nous les faire connaître intimement et par conséquent aimer, admirer, ou haïr et ridiculiser.

158. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

En Angleterre déjà, dans nos clubs français, ce livre est compté, parmi tous les écrits contemporains, comme faisant seul autorité, à force d’exactitude, de discernement, de compétence sur la matière. […] Dans la littérature contemporaine, qui cherche des cadres et des fonds pour repousser tous les sujets et toutes les idées qui manquent de saillie, personne n’avait encore eu cette idée-là.

159. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Les vers sur la disgrâce de « l’altière Vasthi » sont l’indispensable préambule du récit d’Esther : les contemporains y virent une allusion que peut-être le poète n’y avait pas mise. […] Chacune de ses pièces nous offre un sujet antique ou exotique approprié au goût des contemporains de Louis XIV et par suite nous présente à la fois l’homme des temps lointains ou des « pays étranges », l’homme du XVIIe siècle et l’homme de tous les temps. […] Les contemporains eux-mêmes sentaient cette contradiction : les uns trouvaient Pyrrhus trop doucereux, les autres trop violent (Voy. […] Les personnages les plus exotiques, vrais au fond, ont donc l’air de contemporains de Louis XIV, qui (avec le même langage et la même allure que les gentilshommes de cette époque) auraient seulement en plus quelques sentiments extraordinaires et originaux. […] La névrose et ses mystères ont parfois dispensé nos contemporains de présenter le développement suivi d’un caractère ou d’une passion.

160. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

La littérature contemporaine, qu’on dit si éparse et sans drapeau, ne se donne plus rendez-vous qu’à de funèbres convois. […] Là-dessus les souvenirs des contemporains ne tarissent pas ; quand une fois le nom de Nodier est prononcé devant le bon Weiss (aujourd’hui inconsolable), devant quelqu’un de ces amis et de ces témoins d’autrefois, tout un passé s’ébranle et se réveille, les histoires, les aventures s’enchaînent et se multiplient, l’Odyssée commence. […] Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur.

161. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Deux moyens de preuve, les miracles et l’accomplissement des prophéties, pouvaient seuls, d’après l’opinion des contemporains de Jésus, établir une mission surnaturelle. […] Ses connaissances sur ce point n’étaient nullement supérieures à celles de ses contemporains. […] Ce serait manquer à la bonne méthode historique que d’écouter trop ici nos répugnances, et, pour nous soustraire aux objections qu’on pourrait être tenté d’élever contre le caractère de Jésus, de supprimer des faits qui, aux yeux de ses contemporains, furent placés sur le premier plan 761.

162. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Dorat et le marquis de Bièvre sont les contemporains de Jean-Jacques. » (Mais où est le Molière qui a suivi les Voiture de la décadence de l’antiquité, quel est le Jean-Jacques, qui d’ailleurs n’était qu’un rhéteur aussi, qui ait été le contemporain des Dorat et des de Bièvre de cette vieille société païenne ?) […] La preuve — affirme-t-il — qu’une telle satire n’est pas possible, c’est que, par leur prédominance intellectuelle, les professeurs contemporains sont en voie de tout envahir parmi nous, comme, parmi les Anciens, d’autres professeurs avaient tout envahi, et comme si ce n’était pas ce mal même que, dans son livre, Grenier a si admirablement signalé !

163. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Or, le jardin de M. l’abbé Gorini, que je tiens à ce qu’il achève, est le jardin public — trop public — de l’histoire contemporaine, un potager d’erreurs de toute sorte, et dans lequel précisément ce vigoureux sarcleur d’abbé Gorini a retourné plus d’une plate-bande pour le compte de M.  […] Je ne sais pas ce qu’il dirait, mais je dis, moi, que c’est dommage de n’avoir pas fait descendre avec un peu d’art dans la publicité, la grande et commune publicité, une érudition trop concentrée entre érudits par la forme même qu’elle a revêtue, une érudition qui ne fût allée à rien moins, sous une forme plus agréable ou plus habile, qu’à discréditer profondément et une fois pour toutes l’histoire contemporaine en tout ce qui touche à l’Église. […] Cette critique, qui s’en prend aux textes et qui s’est faite aussi fine aussi déliée, aussi imperceptible à l’œil nu ou inattentif, que ce tas d’erreurs, qui, pour peu qu’on les voie, nous aveuglent bien souvent comme la poussière, cette critique aiguë, suraiguë, à mille coups d’aiguille qui percent et déchiquètent à force de percer, l’Histoire contemporaine n’en a soufflé mot.

164. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Avant qu’on sût bien — nous, du moins, qui ne fûmes pas ses contemporains, — ce qu’il fut en réalité, cet illustre poète d’une époque finie ; avant la savante édition de Prosper Blanchemain, laquelle complète et résume toutes les éditions antérieures, on pouvait croire, et moi-même je l’ai cru longtemps, que Ronsard n’était plus qu’un nom et qu’une date, une de ces comètes qui ne font que passer dans une littérature et dont parlent entre eux les astronomes. […] Et ce que je dis là s’est produit sans nulle exception, sans nulle interruption, pendant trente-sept ans, et continue de se produire encore, depuis Victor Hugo jusqu’à Leconte de Lisle, le chef de la meute de ces bassets poétiques qui jappent maintenant et qui se sont appelés si fastueusement : le Parnasse contemporain, quoiqu’ils n’eussent rien de Parnasse et encore moins de contemporain !

165. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Tous les contemporains se montrent unanimes là-dessus. […] ce temps où nos destinées auraient pu s’unir pour toujours, si le sort nous avait créés contemporains. » Et plus loin, parlant de sa mère : « Il lui fallait l’être l’unique, elle l’a trouvé, elle a passé sa vie avec lui. […] Mais nous reviendrons au long sur les rapports vrais de ces deux contemporains illustres. […] Suard, dans ce salon neutre et conciliant d’un homme d’esprit auquel il avait suffi de vieillir beaucoup et d’hériter successivement des renommées contemporaines pour devenir considérable à son tour. […] J’ai ouï parler aux contemporains d’un local rue de Provence, près la rue du Mont-Blanc.

166. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

C’est pour les croisades d’abord qu’on eut l’idée d’appliquer la forme des chansons de geste à des faits contemporains, assez extraordinaires et lointains pour exciter une vive curiosité. […] Si peu chimérique et romanesque qu’il soit, Villehardouin est contemporain de Chrétien de Troyes : aussi a-t-il son grain d’imagination. […] Par là, les vrais contemporains de Villehardouin, les représentants littéraires de l’état d’âme qu’il exprime dans l’histoire, c’est Garin, ou Bernier. […] Faits passés, depuis le commencement du monde, faits contemporains, jusqu’aux extrémités de la terre alors connue, on veut tout savoir, il se rencontre des gens pour tout écrire. […] Mais ce furent surtout les faits contemporains, les grandes crises ou les grands hommes de l’Église qui firent le passage de la légende poétique à la biographie historique.

167. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Comme ses contemporains, il se soumet sans peine aux règles venues de l’antiquité ; seulement sa soumission est spontanée et il n’oublie pas plus que Molière ou Racine que « la grande règle de toutes les règles est de plaire183 ». […] Mais les vrais contemporains du roi Louis XIV sont si exclusivement partagés entre l’admiration d’eux-mêmes et celle des Grecs et des Romains que la grande controverse littéraire du temps sera la querelle des anciens et des modernes. […] Il est sensible dans la conception de l’univers que se font les contemporains de Louis XIV ou, ce qui revient au même, dans la philosophie qui domine parmi eux et qui est celle de Descartes. […] La première scène des Femmes savantes n’est pas seulement une attaque contre les survivantes de la société précieuse ; elle est encore une charge à fond contre les théories du philosophe qui fut leur contemporain et leur inspirateur. […] D’une part, des écrivains, qui sont les contemporains proprement dits de Louis XIV, qui représentent le goût dominant de sa génération et de sa cour ; Boileau, Racine, Bossuet sont les chefs de cette petite troupe.

168. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Désiré Nisard, l’idée vient-elle d’un esprit d’élite, il est vrai, dans la littérature contemporaine, mais d’un esprit rigoureux, presque austère et même un peu sec ? […] Et on restait, malgré des travaux importants de littérature et d’histoire qui auraient dû changer ou du moins faire réfléchir l’opinion prévenue, on restait sous cette absurde idée de bégueulisme à propos du talent le moins bégueule qui ait jamais existé, à propos de l’esprit le plus correct, c’est la vérité, mais le plus aimable, le plus doué de cet agrément que les agréables ou les formidables de la littérature contemporaine ont osé lui refuser… pendant trente ans ! […] Cet esprit, de principes si sévères qu’on l’a accusé d’être un puritain en littérature, n’a point, quand il touche aux œuvres contemporaines et aux hommes vivants, l’implacabilité qui est le caractère de toute justice qui doit frapper et courageusement frappe… Excepté ce coup de feu et de jeunesse, justifié par les guerres du temps, contre une masse, d’ailleurs, contre toute une littérature dans laquelle le nom d’un seul écrivain fut prononcé, et au milieu de quelle revanche d’éloges ! […] Nisard est une exception dans la littérature contemporaine. […] Nisard, comme historien, comme appréciateur d’un ordre élevé en littérature, a mieux aujourd’hui que des qualités personnelles à mettre en balance avec les autres critiques contemporains.

169. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère Nous accorderons, d’abord, comme il est juste, qu’Homère a dû suivre les sentiments vulgaires, et par conséquent les mœurs vulgaires de ses contemporains encore barbares ; de tels sentiments, de telles mœurs fournissent à la poésie les sujets qui lui sont propres. […] La vie de Rienzi par un auteur contemporain nous représente au naturel les mœurs héroïques de la Grèce, telles qu’elles sont peintes dans Homère.

170. (1864) Le roman contemporain

Ces exemples du passé sont un avertissement pour le roman contemporain. […] Pour le roman contemporain, c’est un maître, presque un ancêtre. […] C’est un esprit profondément contemporain. […] Feydeau et quelques autres romanciers contemporains. […] C’est ainsi que le roman contemporain a pu revêtir plusieurs physionomies et tenir de plusieurs genres.

171. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

— les Contemporains et les Impressions de théâtre. […] Quelles données, sinon celles des mœurs contemporaines ? […] Les contemporains de Léonard jugeaient de même, quand ils lui préféraient Michel-Ange […] C’est la nouvelle forme que revêt, dans son avatar contemporain, l’ancien roman à thèse. […] Pas plus que l’opinion contemporaine, et quelle ironie que la prétendue justice de l’histoire !

172. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Mais sa méthode éthique, qu’il emprunta à Loyola, et sa manière d’ironie, qui semble dérobée à Saint-Simon, ne manquèrent de séduire quelques contemporains. […] On commençait à se libérer de la poétique, étroite et dogmatique, du Parnasse contemporain. […] Ces deux poètes furent à peu près contemporains et sensiblement du même âge. […] Par ses ouvrages, il aura surtout délivré la jeunesse contemporaine de la redoutable influence de Baudelaire. […] Albert Mockel, Propos de Littérature qui est avec Maurice Griveau le plus subtil de nos esthéticiens contemporains.

173. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Cet élève distingué de la première École normale, ce contemporain et ami intime de Victor Cousin, de bonne heure prosateur distingué, poète élevé et touchant, esprit mûr, est enlevé à la fleur de l’âge, à vingt-neuf ans, en 1820 ; il emporte avec lui les regrets, les adieux funèbres éloquemment exprimés de ses amis. […] Deux des neveux de Loyson, l’un ecclésiastique savant et distingué, professeur plein de doctrine et de mérite, l’autre prédicateur éloquent, dont la parole a de la flamme et des ailes, ont rajeuni ce nom et l’ont remis en circulation dans une partie de la jeunesse contemporaine. […] C’est en cela que Loyson est fort supérieur à Casimir Delavigne, son contemporain, et à côté de qui il débuta dans les concours de l’Académie française. […] L’article a été recueilli dans le tome II des Portraits contemporains, édition de 1860.

174. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Comme nous le verrons ci-après, les psychologues contemporains réduisent en général les trois derniers groupes à deux : sensations musculaires, sensations organiques ; les premières qui ont rapport aux muscles et qui nous révèlent la tension ou l’effort ; les secondes qui ont rapport au bon et au mauvais état des organes. […] Il est remarquable que les psychologues anglais contemporains, qui ont si largement profité des plus récents progrès de la physiologie, n’ont rien emprunté à la linguistique. […] Depuis Aristote qui disait : « Nous ne pensons pas sans images, et ce sont des images que les mots », jusqu’au groupe presque contemporain des idéologues, l’école sensualiste a compris de tout temps l’importance du langage. […] Stewart et leurs contemporains.

175. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Ce rêveur triste, chaste et doux, mais si personnel, et dont la rêverie n’est — comme vous le verrez — ni celle de Chateaubriand, ni de Gœthe, ni de Sénancour, ni de Ballanche, ni d’aucun des grands Tristes contemporains, ne souffrit guères que d’une unique souffrance, très délicate, mais infiniment rare, et qui fera son exclusive originalité. […] je crains fort, pour mon compte, que les amis de Guérin, qui avaient pris pour lui faire trompette un hautbois tortueux aussi peu sûr de ses sons, ne se repentent maintenant d’un choix déterminé par le nom seul de l’instrumentiste ; mais ce que je sais de science certaine, c’est que Guérin n’avait nul besoin que l’auteur des Consolations, qui n’est nullement celui des affirmations et des certitudes, affirmât, sous réserve de s’abuser, un genre de génie que Guérin était bien de force à affirmer tout seul, et que l’auteur des Portraits contemporains ajoutât au mou de ses affirmations le mou de sa manière, en donnant, pour éclairer son œuvre, ce médaillon, vaporeux et gris, d’une biographie, qui, cependant, n’est pas sans charme (le charme du sujet), mais dans lequel je ne trouve que le profil fuyant et énervé de cette individualité poétique, — plus poétique que son talent même ! […] Laissons-le d’abord entrer dans l’imagination contemporaine.

176. (1903) Le problème de l’avenir latin

Pourtant sa réalité apparaît saisissante dès qu’on examine d’un peu près l’histoire européenne et l’état du monde contemporain.‌ […] Et tous deux expliquent le monde contemporain. […] Il est nécessaire que nos observations contemporaines se fondent sur le bloc entier de l’histoire européenne. […] En dépit d’apparences contradictoires, ils ne font pas, à proprement parler, partie de la civilisation occidentale contemporaine.‌ […] Ne semble-t-il pas juste que ce reste d’Orient que nous constituons dans le monde contemporain finisse d’exhaler son anachronique parfum ?‌

177. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

[Le Théâtre contemporain (1890).] […] [Le Théâtre contemporain (1890).]

178. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Ces réalistes contemporains, dont Courbet est l’épais champion en peinture, et qui n’ont pas encore trouvé de Courbet littéraire dans leurs rangs, ne prennent point en suspicion des facultés absentes ; au contraire. […] Le xviiie  siècle a si souvent été décrit, vanté, retourné par les écrivains ennuyés du xixe qui voulaient s’amuser un peu, et qui, dans leur maussade époque, n’en avaient jamais l’occasion, que l’imagination s’est blasée et qu’il est bien difficile de faire renaître un intérêt quelconque pour une société dans les entrailles de laquelle tous les chiffonniers de la littérature contemporaine, ces chercheurs souvent sans lanterne, ont donné leur coup de crochet.

179. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Nous pouvons le croire, si nous le voulons ; et Diderot, obscur encore aujourd’hui pour nous, n’a pas sans doute été plus clair pour ses contemporains. […] Peu de chose, et beaucoup moins (sans doute que les contemporains n’en ont su. Mais les contemporains de Rousseau, eux, n’ont rien su de Mme de Warens ; et, sans les Confessions, nous ignorerions peut-être jusques à son nom même. […] Quels furent-ils, c’est-à-dire, qu’y eut-il en eux de différent de Ieurs contemporains, d’original, d’unique ? […] Renan doit avoir sa place dans l’histoire ou plutôt dans l’évolution contemporaine.

180. (1923) Au service de la déesse

La société contemporaine, et telle que la peint à grands traits M.  […] Un grand nombre de nos contemporains sont préservés de la littérature à merveille. Puis, ceux d’entre nos contemporains qui ont accoutumé de lire, ne lisent pas un écrivain tout seul. […] Contemporain de Scan on, notre d’Aubignac s’amuse aux dépens des héros et des dieux. […] Mais il déplore que le mysticisme contemporain refuse les disciplines de la raison.

181. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

. — Evolution poétique de la prose contemporaine. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains : la morale esthétique, p. 326. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains. […] Voir pour plus de détails, dans nos Problèmes de l’esthétique contemporaine, le livre consacré à l’esthétique du vers. […] Bourget, Essais de psychologie contemporaine, p. 159, p. 161.

182. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

De tous les poètes contemporains, M.  […] Il semble manquer de ce que l’école contemporaine possède à un si haut degré : l’oreille musicale. […] L’histoire contemporaine s’impose à nous, elle influence plus ou moins tous nos jugements littéraires. […] L’art contemporain est malade ; il souffre, il est inquiet, altéré, consumé. […] Car elle est seule contemporaine des événements, et elle est vraie, de la vérité de la prose.

183. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Verlaine dont la jalousie des camarades « arrivés » feint de mépriser le talent, est selon moi un des poètes les mieux doués de notre littérature contemporaine. […] Anatole Baju ; ces jeunes gens sont les fauteurs du honteux tapage fait autour du silencieux et modeste travail des poètes contemporains.

184. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

On remarquera, en effet, que je m’attarde volontiers à ce qu’il y a de mieux dans la littérature contemporaine. […] Mon livre sur la critique contemporaine, si je le fais jamais, comprendra deux parties. […] Ils ne sont pas vos contemporains. […] Il veut « non présenter un catalogue, une chaîne, mais simplement certains anneaux de la chaîne, sinon les plus reluisants, du moins les plus significatifs, dans chaque génération — romantique, parnassienne, contemporaine ». […] Pour la génération contemporaine, il n’est, plus suffisamment guidé et ses choix tâtonnants sont parfois bien invraisemblables.

185. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Tout l’artificiel de la vie contemporaine m’a été soudainement révélé. […] Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français »   2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. )   3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française »   4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste !  […] Il a le don de saisir avec prestesse les traits fugitifs de la comédie contemporaine, de s’en amuser et d’en amuser les autres : pas l’ombre de prétention, une bienveillance très philosophique, au fond une indifférence absolue.

186. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Étudions, sans autre préambule, quelques-uns de ceux que les contemporains prennent pour des poètes. […] Il faut une bravoure inconnue des contemporains pour dire que le vide des Trophées crie le vide de cet esprit et de cette âme. […] Les contemporains aiment récompenser les bons élèves qui abaissent les maîtres à la portée de toutes les sympathies.

187. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Il est vrai que le sujet, unique et varié, de ces diverses œuvres, était la question d’histoire contemporaine qui nous passait le plus près du cœur, puisque c’était l’histoire de la France en Afrique et la destinée de sa conquête ; mais, il faut être juste, ce n’est pas le prodigieux intérêt d’un pareil sujet qui fut exclusivement la cause du succès du général Daumas. […] En effet, il n’y avait pas dans cet ouvrage que des détails de mœurs à animer, des faits à grouper et à décrire, enfin de la tapisserie historique à nous dérouler avec ses premiers plans et ses perspectives ; il y avait aussi de véritables questions d’histoire à toucher, à pressentir ou à résoudre, d’autant plus difficiles et plus hautes, ces questions, que l’histoire qu’écrivait Daumas n’était pas faite, mais qu’elle se faisait, et qu’il fallait pour récrire la sagacité des historiens contemporains, — les premiers des historiens quand ils sont un peu supérieurs, — qui jugent les événements et leurs résultats dans le coup de la mêlée, tandis que les historiens d’une époque finie les jugent tranquillement après coup. […] Nous, chrétien, nous oserions prendre sur notre conscience la responsabilité du mot audacieux, échappé à un des plus éloquents penseurs que le Catholicisme contemporain ait produits : « L’armée est à la France ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ est à la sainte Trinité, car, de même que le sang de Jésus-Christ est dans le pain de l’Eucharistie, dans le pain que mange la France il y a du sang de l’armée ! 

188. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Est-ce un fantaisiste, — le mot dit tout, — et un fantaisiste de la grande espèce, à fleur double, comme vous n’en trouveriez pas certainement un second dans toute la littérature contemporaine ? […] Telle était donc la situation d’Auguste Vacquerie dans les lettres contemporaines, et cette situation, il ne l’a jamais niée. […] à part l’imprévu déconcertant de la forme, nous avons vu souvent passer dans les publications contemporaines les idées qui traversent le livre de Vacquerie, mais jamais nulle part nous ne les avons vues avec cette bouffissure, cette contorsion, ce déhanché, ces airs simiesques.

189. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Il a laissé, presque dès son début, des traces trop vives et trop profondes dans l’opinion contemporaine, pour qu’on pût oublier de réunir les écrits dus à cette plume brillante que la mort a si tôt brisée, et qu’il eût brisée lui-même, s’il avait vécu davantage, tant elle satisfaisait peu son âme sainte ! […] Les éditeurs de Donoso ont publié avec son ouvrage principal, l’Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, qui a fixé sa gloire et qui la gardera, beaucoup de discours, d’articles de journaux, de lettres datées de diverses époques, et il en est plusieurs de celle-là où comme tant de ses contemporains, Donoso Cortès, trop fort d’esprit pour n’avoir pas le respect du catholicisme, reculait encore devant la pratique, cet effroi des lâches, sans laquelle il est impossible au penseur le plus fort de se justifier tout son respect. […] C’est dans la radieuse clarté de cette vue complète que Donoso écrivit l’Essai, qui est tout ensemble la plus profonde apologie du dogme catholique et une attaque contre les doctrines contemporaines dont le but est d’abattre ce dogme et de le ruiner.

190. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

» avait déjà, dans son Étude sur la sophistique contemporaine, repoussé et condamné éloquemment toute cette philosophie dont la vanité ne saurait diminuer l’horreur… Il ne pouvait donc, dans son nouvel ouvrage, invoquer ou rappeler les procédés qui y conduisent. […] Pour nous, vu le temps où nous sommes et les singulières dominations de la pensée contemporaine, nous dirons que jamais peut-être meilleur service ne fut rendu à la cause de la vérité. […] L’auteur de la Connaissance de Dieu fait très bien observer que le joug rejeté trop longtemps de la théologie n’en a pas moins laissé son empreinte sur toutes les idées des penseurs contemporains, même les plus impatients et les plus révoltés, et c’est ainsi, par exemple, que l’Esquisse d’une philosophie, par Lamennais, n’est qu’une fausse application du dogme de la Trinité, et que le système de Hegel n’en est qu’une interprétation absurde.

191. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

des littérateurs contemporains sont descendus trop bas. […] Sur ce point, un illustre exemple contemporain me paraît tout à fait édifiant. […] Le regard de nos contemporains est large. […] Comme Pascal, de qui pourtant il apparaît si loin, Shelley est notre contemporain. […] de parodier un seul de leurs immédiats contemporains.

192. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Voulons-nous établir que les contemporains de Molière l’ont méconnu ? […] Nos contemporains sont nos contemporains, c’est-à-dire nos juges naturels, ceux dont nous souhaitons d’abord de conquérir le suffrage et d’enlever les applaudissements. […] On peut le dire, pas un de ses contemporains n’essuya de tels dégoûts, ni ne connut cette dernière des angoisses. […] Ce sont là des titres que l’histoire de la littérature française contemporaine se doit à elle-même de ne pas contester. […] Toute notre littérature contemporaine en vient, et de jour en jour, à mesure que s’éteint le bruit des vieilles querelles, nous voyons plus clairement la liaison et le rapport.

193. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

La véritable pièce historique de Voiture est sa lettre écrite en 1636 après son retour en France, à l’occasion de la reprise de Corbie sur les Espagnols, qui s’en étaient emparés quelques mois auparavant ; il y embrasse d’un coup d’œil sensé et supérieur tout l’ensemble de la politique du cardinal de Richelieu, et, se mettant au-dessus des misères et des animosités contemporaines, il en fait à bout portant un jugement tout pareil à celui qu’a confirmé la postérité. […] [NdA] C’est ce qu’ont dit les contemporains de Voiture, et je m’en tiens là-dessus à l’impression qu’il nous ont transmise. Aujourd’hui qu’on veut savoir de chaque époque toute chose mieux que les contemporains, on essaie de contredire la tradition sur ce point ; on objecte que Voiture a lui-même parlé de son père dans une lettre, et n’a pas craint de comparer sa naissance, pour la roture, à celle d’Horace ; qu’il a logé chez son père dans un passage de la cour à Amiens… Je répondrai que la lettre dans laquelle Voiture parle de son père est un billet à Costar, et que tout ce qui est censé adressé par Voiture à celui-ci est suspect d’arrangement. […] Il faut bien que les contemporains aient cru voir sur le visage de ce charmant homme une certaine grimace quand il parlait de son père ou quand on lui en parlait, pour qu’ils l’aient dit. « Il faisait son possible, dit Tallemant, pour cacher sa naissance à ceux qui n’en étaient pas instruits. » J’en reste donc là.

194. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

La difficulté est surtout sensible lorsqu’on est soi-même contemporain, ou de ceux qui, nés au lendemain d’une grande époque, ont reçu des générations vivantes et passionnées pour ou contre le souffle embrasé, et qui ont été baignés dès le berceau dans l’un ou l’autre des deux courants contraires. Les contemporains, en effet, s’ils ont les avantages de leur position, en ont aussi les inconvénients : s’ils savent quantité de points, ils en ignorent une infinité d’autres ; le détail leur dérobe l’ensemble, les arbres les empêchent de voir la forêt ; de plus, ils sont juges et parties ; ils souffrent, ils combattent, ils succombent ou ils triomphent ; vainqueurs ou vaincus, ils aiment ou ils haïssent : comprendre purement et simplement l’objet de leur enthousiasme ou de leur colère est ce dont ils se soucient le moins. […] Après avoir été contemporains ou fils des contemporains, après avoir passé nous-mêmes par les passions ou les suites d’impressions successives, par les flux et reflux des jugements contradictoires, complétons-nous jusqu’à la fin.

195. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

On comprendrait mal le caractère de l’action qu’exercèrent les doctrines de Boileau après sa mort, si l’on n’examinait quel succès elles eurent auprès de ses contemporains. […] Il n’y a qu’à mesurer de combien Boileau dépasse Bouhours : on connaîtra à quel point il a pu gagner sa cause auprès de ses contemporains. […] Cette disposition des contemporains à l’égard de l’œuvre de Boileau dura après la mort de Boileau, et se transmit aux générations suivantes : de là le caractère que prit l’influence de Despréaux au xviiie  siècle. […] Chénier, en réalité, ne se distingué de ses contemporains que parce qu’il retourne aux sources du grand art classique.

196. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

Dans les autres professions on se contente ordinairement d’être le premier de ses contemporains. […] Ils veulent que le public croïe voir une grande distance entr’eux et ceux de leurs contemporains qui paroîtront les suivre de plus près.

197. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Quintilien dit que Seneque ne cessoit point de parler mal des grands hommes qui l’avoient précedé, parce qu’il voïoit bien que leurs ouvrages et les siens étoient d’un goût si different, qu’il falloit que les uns ou les autres déplussent à ses contemporains. En effet, ces contemporains ne pouvoient point admirer les faux brillans et le stile hérissé de pointes des écrits de Seneque, qui annoncerent la décadence des esprits, tandis qu’ils continueroient d’admirer le stile noble et simple des écrivains du siecle d’Auguste.

198. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Renan dans l’ensemble de nos opinions, dans la pensée contemporaine. […] Peut-être se contenta-t-il moins soi-même, mais quel empire il prit sur ses contemporains !

199. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

C’est un des chapitres importants pour la connaissance de la France contemporaine. […] Il devait même fournir le livre VII de son dernier tome des Origines de la France contemporaine.

200. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Il ne se peut de plus belles pages, en fait de considérations contemporaines, que ce qu’on va lire et qu’il écrivait à M.  […] Les libres jugements que j’v porte et sur mes contemporains et sur moi-même rendraient cette publication impraticable, quand même il serait dans mon goût de produire ma personne sur un théâtre littéraire quelconque, ce qui assurément n’est, pas. » Ainsi il y a de lui un livre commencé sur la Révolution de 1848 ; les Œuvres dites complètes aujourd’hui ne le sont que provisoirement : il restera encore beaucoup à y ajouter, et pour la Correspondance et pour les fragments d’histoire. […] Je ne puis songer qu’à un sujet contemporain. […] Mais quel sujet contemporain choisir ?… » Et il va énumérer les sujets qui ont successivement passé devant ses yeux. — Un sujet contemporain direct ?

201. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Leur fantôme se pliera docile à ns caresses et s’il nous faut un semblant de vérité, prions la première venue de nos contemporaines d’aider à l’illusion, en remplissant pour un moment leur personnage. […] Je ne réclame De vous que vos regards meurtris… L’amour est de « l’égoïsme à deux », prétendait Mme de Staël, mais les contemporains font l’économie du partage, autant par prudence que par orgueil : Je repousse le cœur qui m’attend et m’appelle, Et je suis cette nuit amoureuse de moi, De mes yeux sans espoir, de ma voix immortelle. […] En somme, Jean de Tinan est né blasé comme l’élite de ses contemporains. […] * *   * Jean de Tinan nous a donné pour raisons de la passivité indolente de ses contemporains : l’excès de fatigue qui ne leur permet plus d’appareiller pour les aventures du large13 et l’excès de lucidité qui les empêche de s’y leurrer. […] Combien de ses contemporains pourraient dire la même chose et bien que Baudelaire avance : Que la beauté du corps est un sublime don Qui de toute infamie arrache le pardon ils semblent peu convaincus et respirent mal hors des sentiers battus.

202. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

en d’autres termes, sont-ils successifs ou sont-ils contemporains ? […] 1° Quand nous lisons, la parole intérieure et les idées qu’elle éveille paraissent d’ordinaire contemporaines ; si quelque intervalle les sépare, il est inappréciable ; la parole intérieure est immédiatement comprise. […] Sans doute, la parole intérieure paraît rigoureusement contemporaine de la pensée qu’elle exprime lorsque nous inventons sans effort, soit que nous rêvions de sujets futiles sur lesquels l’invention est toujours aisée, — ce qui est le cas le plus fréquent, — soit que, nous attachant à des problèmes difficiles, nous nous trouvions en verve et heureusement inspirés. […] Ce processus a eu un premier terme, qui était en apparence contemporain de la première conception de l’idée : une expression provisoire, soit trop brève, soit inexacte, soit équivoque et obscure, soit entachée de plusieurs défauts en même temps, nous était venue tout d’abord à l’esprit. […] S’agit-il, au contraire, d’un texte de notre langue maternelle, d’un texte français, par exemple, et non d’un texte ancien, que nous serions tentés de traduire en langage d’aujourd’hui, mais d’un texte contemporain, — s’il est facile à entendre, le sens immédiatement conçu sera définitif ; — s’il est difficile, pour le bien comprendre nous ne chercherons pas à le traduire : nous nous contenterons de relire après avoir lu et de relire après avoir relu ; le sens se déterminera, se précisera, se corrigera et s’enrichira peu à peu sans que l’expression varie ou s’accroisse par des commentaires.

203. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Lorsqu’il s’agit de contemporains à qui l’on doit le meilleur de sa pensée, c’est un devoir de reconnaissance. […] Quelques-uns des contemporains de Renan se sont crus ses disciples parce qu’ils ont imité les chatoiements et les caresses de son style, ses ironies et ses doutes. […] La puissance de son imagination, la magie de son style donnaient à l’histoire de la vieille Rome la réalité de l’histoire contemporaine. […] Bourget dans ses Essais de psychologie contemporaine et de J.  […] Il y a réfléchi… Ses Questions contemporaines… Ce n’est donc pas avec trop d’étonnement que nous avons appris sa candidature en Seine-et-Marne.

204. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Henri Meilhac. — Une triste originalité du théâtre contemporain. — La vertu de Célimène. — Casuistique féminine […] Mais le secret de la Vie, il ne peut le demander qu’à la contemplation assidue des choses et des hommes contemporains. […] La peinture est donc, par excellence, l’art plastique de la société contemporaine. […] Féval d’écrire une étude sur le roman contemporain. […] Littré dans une étude officielle sur l’histoire et la philosophie contemporaines.

205. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Souvent ils meurent, un peu comme aux époques primitives, avant que leurs œuvres soient toutes imprimées ou du moins recueillies et fixées, à la différence de leurs contemporains les poëtes et littérateurs de cabinet, qui vaquent à ce soin de bonne heure ; mais telle est, à eux, leur négligence et leur prodigalité d’eux-mêmes. […] Les hommes illustres ses contemporains, Despréaux, Racine, Bossuet, Pascal, sont bien plus spécialement les hommes de leur temps, du siècle de Louis XIV, que Molière. […] Comme acteur, ses contemporains s’accordent à lui reconnaître une grande perfection dans le jeu comique, mais une perfection acquise à force d’étude et de volonté. « La nature, dit encore Mademoiselle Poisson, lui avoit refusé ces dons extérieurs si nécessaires au théâtre, surtout pour les rôles tragiques. […] Aussi se chargeoit-il toujours des rôles les plus longs et les plus difficiles. » Tous les contemporains, De Visé, Segrais, sont unanimes sur ce succès prodigieux obtenu par Molière dès qu’il consentait à déposer la couronne tragique de laurier pour laquelle il avait un faible17. […] C’est ce qui est arrivé à notre célèbre contemporain en ses drames.

206. (1891) Esquisses contemporaines

Les Essais de psychologie contemporaine en sont un exemple accompli. […] Cela est rendu manifeste par l’exemple contemporain. […] Le protestantisme contemporain n’est pas non plus sans reproche. […] Essais de psychologie contemporaine, tome II. […] Charles Morice, dans la Revue contemporaine, du 25 mars 1885.

207. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

[Poètes et artistes contemporains (1862).] […] [Portraits contemporains (1869).]

208. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

Hartley Dans une étude sur la psychologie anglaise contemporaine, Hartley ne peut figurer qu’à titre de précurseur. […] Il n’en faut pas moins reconnaître que, outre qu’il a posé la loi d’association, Hartley a devancé sur un point important les théories de ses contemporains.

209. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Les poètes ses contemporains étaient loin de ratifier les jugements du public. […] La vie de Prévost offre aussi quelque chose d’étranger aux mœurs de ses contemporains. […] C’est un témoignage écrit de la tendance et des opinions des contemporains. […] À le considérer comme écrivain, Duclos se rapproche aussi beaucoup de ses contemporains. […] Éclairé par le mépris profond qu’il avait pour ses contemporains, il a su prédire une grande partie de nos malheurs.

210. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

S’il voulait philosopher et moraliser, il avait la profondeur de Scribe, son contemporain, une autre incarnation du même esprit. […] Et ce fut lui peut-être qui réalisa pour les contemporains l’idéal de l’orateur universitaire : il avait la parole vivante et brillante, la phrase ample et facile, relevée de traits fins ou spirituels. […] Par son éloquence imagée, pathétique, abondante en grands mouvements, il remuait de forts et vagues sentiments au fond des cœurs : ses sermons faisaient des effets analogues à ceux que produisaient nos grands lyriques, lorsqu’ils entreprirent d’agiter, à l’aide de la poésie et du roman, les inquiétudes morales et sociales de leurs contemporains. […] Sa parole claire, nerveuse, chaude, s’adapte finement à l’état des consciences contemporaines ; comme Lacordaire, le P. […] Souvenirs contemporains, 2 vol. in-8, 1862.

211. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

La petite flamme bleue des génies capricieux et charmants qu’il a dans l’esprit, cet homme de délicate fantaisie la promène et la fait ramper sur des sujets abjects et répugnants, sous prétexte de mœurs contemporaines à reproduire, — car son roman de Jack porte le sous-titre de Mœurs contemporaines ; et la Critique, en voyant cette application à contresens de facultés destinées à des sphères d’observation plus hautes, la Critique, qui n’est pas impassible comme Daudet voudrait l’être, a toute la tristesse du regret. […] C’est un conteur d’une grâce émue et légère, qu’aucun romancier contemporain n’a au même degré que lui. […] Alphonse Daudet avait des liaisons littéraires dangereuses, qui devaient produire la camaraderie des idées… Dans son roman de Jack, il tendait, sans en avoir, je crois, le sentiment bien net, vers cette corruption du Réalisme contemporain, si tentant, non pour lui, mais pour les imaginations sans idéal et les talents sans invention et sans noblesse. […] Qui n’aurait pas d’audace serait moins artiste… Parisien, trop Parisien peut-être, et trop jeune encore pour ne pas s’éprendre et s’enivrer de choses contemporaines, il a osé son pan de fresque après l’immense fresque du Maître des Maîtres, qui — même inachevée — fait croire à l’imagination que Balzac a peint tout, quand, interrompu par la mort, il lui restait tant à peindre encore ! […] Même pour ceux-là qui ne croient plus à elle, la Royauté fut une si grande chose qu’on ne raconte pas ce qu’elle est devenue sans porter involontairement sur sa pensée la réverbération de sa grandeur et de la misère de sa fin ; mais quand, au lieu d’être un historien qui raconte, on veut être un artiste qui crée et combine des effets saisissants, des effets d’art, pathétiques ou impitoyables, dans ce navrant sujet d’histoire contemporaine, la tentative ne fait pas le génie, non !

212. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Puis la lutte des partis, après la Restauration, profita aux études historiques : les libéraux s’efforcèrent de fonder leurs revendications et les droits nouveaux sur le développement antérieur de la nation ; ils allèrent chercher jusqu’aux temps féodaux et aux invasions barbares les germes de l’état contemporain, ou les titres de la souveraineté populaire et surtout de la suprématie bourgeoise. […] Ayant ainsi rendu compte de la destruction des institutions féodales et monarchiques, Tocqueville avait projeté de montrer comment la France nouvelle s’était reconstruite des débris de l’ancienne : c’est à peu près le vaste dessein que Taine a réalisé dans ses Origines de lu France contemporaine. […] Les passions contemporaines l’ont saisi : l’historien se surcharge d’un démocrate forcené, qui a les prêtres et les rois en abomination. […] La nature, si dure et si immorale au sentiment de beaucoup de nos contemporains, est pour Michelet une inépuisable source de joie, de force et de foi : il y renouvelle sa vie morale.

213. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Un barbarisme contemporain qui veut dire… Si vous voulez des renseignements précis, allons ensemble à Cette échoppe aux vitres poussiéreuses qui se dresse là-bas avec de faux airs de temple. […] Henry Murger n’a étudié qu’un des mille côtés des mœurs contemporaines. […] les systèmes, les affreux systèmes, comme ils ont amoindri, dans leur logique implacable et sotte, une des organisations les plus puissantes du Roman contemporain ! […] Et, dût-il s’en fâcher tout rouge, nous répéterons que la littérature contemporaine lui doit de fort poétiques pages : on n’est pas parfait.

214. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Comme il n’était pas accoutumé à ces témoignages d’admiration de la part de ses contemporains, il conclut à une contrefaçon et s’empressa de prévenir le public de la fumisterie dans Le XIXe Siècle. » Je n’ai rien à changer à ces lignes. […] Qu’on le veuille ou non, il y aura donc des écoles et tout littérateur qui, sous prétexte d’indépendance, ne voudra pas faire partie de l’une d’elles, n’aura aucune influence sur ses contemporains. […] Les Jeunes, en général, semblent au contraire viser la grande simplicité antique, celle de La Fontaine, de Racine et du « Faits divers » contemporain. […] Le Symbolisme est un anachronisme, quelque chose comme le bouddhisme que des esprits malins et aigris contre le siècle jettent à leurs contemporains en manière de raillerie et de dérision.

215. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

On complète, on contrôle les documents personnels par les témoignages des contemporains. […] Ne mettons en regard, si l’on veut, que les deux premières, puisque la troisième n’existe encore que pour un nombre infime de nos contemporains. […] Comme on retouche le portrait moral qu’on tracerait de lui d’après l’Emile ou le Contrat social, quand on consulte ses Confessions ou les récits des contemporains !

216. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il est aisé de noter chez la majorité de ceux qui ont agi le plus sur leurs contemporains une sensibilité extrême et souvent féminine. […] J’ai les bras raccourcis aussi bien que les jambes, et les doigts aussi bien que les bras ; enfin je suis un raccourci de la misère humaine. » Qui sait si cette apparence simiesque ne fut pas une des causes qui déterminèrent le succès de Scarron, si elle ne contribua pas à faire de lui la vivante expression du goût littéraire contemporain ? […] Qu’on se rappelle la peste de Marseille, contemporaine des orgies débridées de la Régence.

217. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

ces grands hommes savaient que poème ou roman, discours ou tragédie, cela était de l’art, et du même art, le seul, celui que tous ils pratiquaient, librement, mais également — et nos contemporains l’ignorent… ou du moins semblent l’ignorer : ils savent qu’ils sont romanciers, ou poètes, ou dramaturges, — mais que ce sont trois métiers différents. […] Que si pèse trop cette forme, à force de persuasive beauté, sur des contemporains, des descendants trop faibles, elle annihile en eux tout pouvoir nouveau de création. […] Mais il vécut si solitaire, si dénué de théories, si absorbé par le culte exclusif de la beauté, que parmi ses contemporains on ne sait lui donner de place.

218. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

où sont allées et la Revue Indépendante, et la Revue Contemporaine, et la Revue Européenne, sa sœur ennemie ?… On me dit que la Revue Contemporaine n’a pas rendu l’esprit et je le crois bien, mais cela veut dire qu’elle n’est pas morte… Presque soufflée un jour par le mécontentement d’un ministre, elle a protégé assez adroitement contre ce vent tout-puissant son petit bout de bougie et elle s’obstine à existe. […] Je voudrais vous parler un peu de cette illustration contemporaine.

219. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Homme d’analyse, avant tout, et d’investigation patiente et prudente, il cherche dans tous les faits attestés par les historiens contemporains de son histoire, la trace de cette merveilleuse influence de Rome, qui s’étendit sur les Barbares et qui les pénétra, pour se les assimiler. […] Fustel de Coulanges, c’est le raisonnement historique, c’est le sens critique qu’il porte dans l’interprétation de tous les faits contemporains de son histoire. Et je dis contemporains, car, dans une époque confisquée par l’esprit moderne, il n’a pensé à prendre son histoire que dans les écrivains des six premiers siècles.

220. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Savez-vous comment ils sont placés vis-à-vis de ces réalistes qu’ils méprisent, et qui sont l’expression dernière du matérialisme littéraire contemporain ? […] Venu tard dans le mouvement qu’il suit et qui va s’arrêter, on peut prendre Banville pour le dernier des romantiques contemporains. […] … Regardez ce qui se trouve au fond de toutes les poésies contemporaines, et ôtez-le des poésies de Banville, et vous allez voir ce qui va rester !

221. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Ce qu’il avait écrit dans la première et au sein d’une retraite d’étude et d’intimité ne parut que trente ans plus tard, et il se trouva, par son influence au milieu de la Restauration, contemporain de Lamartine, de Victor Hugo, de Béranger. […] Les plus grandes places de poëtes sont dues, à coup sûr, à ceux qui ont mis de puissantes facultés d’imagination, de sensibilité et d’intelligence, au service des intérêts et des sentiments d’un grand nombre de leurs concitoyens et de leurs contemporains ; qui les ont soutenus, animés, récréés, ennoblis ; qui les ont aidés à pleurer, à espérer, à croire, soit dans un ordre purement héroïque et humain, soit par rapport aux choses immortelles.

222. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Cet article et les suivants, extraits de la Revue des Deux Mondes, à la date des 1er novembre 1838 et 15 février 1839, sont la continuation des bulletins littéraires, déjà reproduits en partie à la fin du tome II des Portraits contemporains (Pensées et Fragments, pages 524 et 530). Ces deux fragments, auxquels nous renvoyons le lecteur, et qui servaient d’en-tête auxdits bulletins de la Revue des Deux Mondes, se terminent l’un et l’autre, dans les Portraits contemporains, par trois points de suspension.

223. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Quoi qu’il en soit, le personnage de Francischina ou Fracischina eut et conserva à Paris une popularité plus grande que celui de Ricciolina : c’est le nom de Francisquine qu’adopta cette Anne Begot qui faisait le rôle de la femme de Tabarin ou de Lucas sur les tréteaux de la place Dauphine, « comédienne ordinaire de l’île du Palais », comme on appelait ces acteurs en plein vent, commère dessalée, aussi preste à la riposte et probablement plus « forte en gueule » que sa devancière et sa contemporaine de la commedia dell’arte 22. […] Fournel, Les Contemporains de Molière, tome II, page 220.

224. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Elles donnent le goût du beau à ceux qu’elles ont intéressés, et ils ne songent plus qu’à retrouver des sensations d’art analogues à celles qu’ils ont éprouvées en lisant Horace, Virgile, Corneille et Racine, et c’est pour cela, disons-le en passant, qu’il faut toujours, au lycée, amener l’élève jusqu’aux auteurs presque contemporains, pour que, entre les grands classiques et les bons auteurs de leur siècle, il n’y ait pas une grande lacune qui les ferait désorientés en face des bons auteurs de leur siècle et qui les empêcherait de les goûter, par où ils seraient de ces humanistes qui ne peuvent entendre que les auteurs très éloignés de nous, gens respectables et peut-être même enviables, mais qui sont privés de grandes et saines jouissances. […] Mais il n’en est pas moins que mesurer les distances aide singulièrement à évaluer les hauteurs et, s’il n’est pas mauvais de connaître les prédécesseurs et les contemporains de Corneille pour bien entendre, pour entendre distinctement combien il est nouveau et combien il est grand, à toutes les époques il en est de même, et il faut pousser des reconnaissances dans le pays des médiocres pour revenir aux grands avec une faculté renouvelée d’admiration.

225. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mais on veut que d’un âge à l’autre il y ait eu continuité dans la tradition comme dans le temps, et que la même raison oratoire ait gouverné l’esprit des contemporains de Bossuet et celui des contemporains de Voltaire. […] On pourrait ainsi chercher et retrouver Marivaux comme dispersé chez la plupart de ses contemporains. […] Et ce qui demeure en tout cas bien certain, c’est que les contemporains de Marivaux ne se sont point, eux, mépris au caractère de sa morale. […] Les contemporains ne s’y sont pas trompés, ni surtout les contemporaines. […] Seulement, au lieu de l’antique mythologie, c’est l’histoire moderne, c’est l’histoire contemporaine qui dessine le cadre de l’action.

226. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Telle est la part concrète du héros, et que nous touchons du doigt, par où il nous devient un contemporain et un frère : Mme de Noailles l’a délibérément rejetée ; elle s’est placée en dehors de la réalité. […] Parce que telle nature répugne, de façon invincible, aux images que lui viennent proposer les spectacles de la vie contemporaine, allons-nous en conclure qu’elle ne saurait trouver l’éveil de sa sensibilité ? […] Tandis qu’un auteur comme Mme de Noailles emprunte aux civilisations disparues certaines de ses images pour les situer dans un décor contemporain, Mme Renée Vivien ferait plus volontiers le contraire. […] Ce sera la Femme de lettres, telle que nous la propose, en groupement serré, la production contemporaine. […] Ce n’est pas qu’on ne rencontre, dans notre littérature contemporaine, des figures féminines issues d’une même veine poétique.

227. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

. — Elle ne la nie que comme sensation contemporaine. — Le travail hallucinatoire ordinaire n’est enrayé que sur un point. — L’image survivante apparaît comme sensation non présente. — Causes de son recul apparent. — Toute image occupe un fragment de durée et a deux bouts, l’un antérieur, l’autre postérieur. — Circonstances qui la rejettent dans le passé. — Circonstances qui la projettent dans l’avenir. — Exemples. — Déplacements successifs et voyages apparents de l’image pour se situer plus ou moins loin dans le passé ou l’avenir. — Elle se situe par intercalation et emboîtement. […] II Pour nous en convaincre, considérons des exemples ; ceux qui nous ont servi pour comprendre l’apparence nous serviront pour comprendre la rectification. — Soit une comédienne excellente qui simule très bien la douleur ; devant elle, nous arrivons presque à l’illusion ; un spectateur novice ou passionné y arrive tout à fait ; témoin ce soldat de garde qui, sur un théâtre d’Amérique, voyant jouer Othello, cria tout d’un coup : « Il ne sera pas dit que devant moi un méchant nègre ait tué une femme blanche » ; sur quoi il ajusta l’acteur et d’un coup de fusil lui cassa le bras. — Nous n’allons pas si loin ; mais quand la pièce est très bonne et imite de très près la vie contemporaine, aujourd’hui encore, dans une première représentation, les exclamations supprimées, les rires involontaires, cent vivacités montrent l’émotion du public. […] Mais elle ne la nie que sur un point ; elle nie seulement que l’autre lui soit contemporaine. […] Il faut qu’un nouveau détail intervienne pour donner, après les coups multipliés de bascule en avant, un coup de bascule en arrière, ce qui l’emboîte et l’intercale entre deux futurs. « Je verrai mon peintre, pas aujourd’hui, ni demain, mais après-demain, pas après-demain dans la matinée, mais dans l’après-midi, en sortant de la bibliothèque, avant de rentrer pour dîner. » — Dans ce jeu perpétuel qui a cessé de nous étonner parce que nous en vivons, l’image glissante est effectivement contemporaine de la sensation ou de l’image qui la fait glisser, et cependant il semble qu’elle soit située en avant ou en arrière. […] Ou bien, après une suite de sollicitations répétées, elles atteignent le détail et la précision de la sensation réelle, en suspendant les sensations contemporaines et les souvenirs ordinaires, mais pour une seconde, par une extase fugitive qu’interrompt au bout d’un instant le retour à l’état normal, et qui alors est déclarée illusoire ou interne, parce que l’effort de volonté interne dont elle est issue surgit de nouveau avec elle dans la mémoire de l’observateur. — Supprimez ces particularités répressives et la rectification qui s’ensuit ; suspendez pour plusieurs heures ou plusieurs minutes les sensations ordinaires et la cohésion des souvenirs enchaînés, comme cela se rencontre dans le sommeil naissant ou complet ; faites, comme il arrive alors, que l’image décolorée et vague se complète, se circonstancie et se colore ; ce qui, à l’état de veille, eût été déclaré simple idée devient hallucination hypnagogique, puis rêve intense. — D’autre part, prolongez cette extase momentanée ; faites que, par un accident organique, elle se répète d’elle-même subitement, sans être attendue ni voulue, en dépit de la volonté ; vous aurez les hallucinations de Nicolaï, et, si le patient n’a pas la raison très ferme, vous aurez les visions d’un fou comme en renferment les hôpitaux, ou d’un mystique comme en fournissent l’Inde et le moyen âge22.

228. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

On en compte de trois sortes : ceux qui continuent à enregistrer les faits contemporains, à l’exemple des chroniqueurs ; ceux qui exploitent quelque partie de l’héritage de l’antiquité ; ceux enfin qui en appliquent les méthodes et les immortelles leçons à améliorer le présent et à préparer l’avenir : les auteurs de Mémoires, les érudits et les écrivains politiques. […] C’est une critique contemporaine qui n’a pas cessé d’être juste163. […] Avant ce siècle, ainsi qu’il résulte des livres tant savants qu’écrits en langue vulgaire, l’idée de l’humanité est à peine touchée ; et, dans cette universelle préoccupation du présent, elle ne paraît guère qu’un souvenir involontaire qui se glisse parmi les pensées données aux choses contemporaines. […] Enfin, voyez, par tant d’exemples où Montaigne et ses contemporains pensent au hasard et sans objet, combien cette curiosité et cette jalousie de son libre arbitre peut tromper d’excellents esprits. […] De très-bons esprits contemporains de Montaigne, lui en faisaient des critiques.

229. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Rêverie d’un poète françaisbq Un poëte français contemporain, exclu de toute participation aux déploiements de beauté officiels, en raison de motifs divers, aime, ce qu’il garde de sa tâche pratiquée ou l’affinement mystérieux du vers pour de solitaires Fêtes, à réfléchir aux pompes souveraines de la Poésie, comme elles ne sauraient exister concurremment au flux de banalité charrié par les arts dans un faux-semblant de civilisation. — Cérémonies d’un jour qui gît au sein inconscient de la foule : presque un Culte ! […] (Traduit par Édouard Du jardin) Bibliographiebu Wagner et l’Esthétique Allemande, par Edouard Rod (article publié dans la Revue Contemporaine du 25 juillet 1885). […] Edouard Rod, partant de ce principe de Wagner que « chaque art tend à une extension indéfinie de sa puissance, que cette tendance le conduit finalement à sa limite, et que cette limite il ne saurait la franchir sans tomber dans l’incompréhensible, le bizarre et l’absurde » accuse une école poétique contemporaine d’avoir voulu confondre des arts différents : mais la question serait si les poètes de cette école ont franchi ou seulement atteint la limite de leur art, ou, pour mieux dire, quelle est, justement, cette limite de leur art. […] Conte publié dans le dernier numéro de la Revue Contemporaine (25 juillet). […] Il fonde la Revue contemporaine en 1885 et publie en 1888 les Études sur le xixe  siècle, ouvrage dans lequel il consacre un chapitre à Wagner et l’esthétique allemande.

230. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Il était né avec assez de talent pour se conquérir ainsi une place parmi ses contemporains et exercer par son exemple une réelle influence. […] S’il a voulu ajouter que l’humanité qu’il fallait observer et peindre était l’humanité contemporaine, vivante, et qu’il importait pour cela de s’affranchir aussi complètement que possible de toutes les conventions des écoles et de tous les pastiches du passé, d’être surtout et avant tout naïf et sincère : tout en approuvant fort ce programme, je ne vois pas bien encore où serait la grande innovation. […] Il n’est point exact, ainsi qu’il le prétend, qu’il ait le premier essayé de se mettre en face de l’humanité réelle et vivante ; mais ce qui est exact, et il convient de lui accorder cette originalité, c’est qu’il a sa psychologie et son observation particulières, qu’il voit la vie contemporaine et s’efforce de la représenter à sa manière, avec un parti pris, brutal si l’on veut, mais décidé. […] Il l’a avertie que ce n’était pas tout l’art et toute l’humanité que la Cité-Dorée, la Boule-Noire ou la rue de la Goutte-d’Or, qu’il y avait autre chose dans Paris que Belleville ou le quartier Mouffetard, et que le roman contemporain n’aurait vraiment donné sa mesure que lorsqu’il aurait su représenter une Parisienne de nos jours avec toute l’élégance de sa vie et toute la délicatesse de ses sensations. […] Il y a deux cents ans passés que Boileau, l’homme qui certes prétendit le moins à l’honneur d’avoir inventé quoi que ce soit, disait en son Art poétique aux auteurs comiques ses contemporains : Que la nature donc soit votre étude unique.

231. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Dès les premières pages des prétendus mémoires, comment se peut-il admettre qu’une personne du xviiie  siècle, une douairière à peu près contemporaine de Mme du Deffand7, et qui doit avoir sinon les mêmes principes, du moins le même ton et la même langue, vienne nous parler théologie en des termes qui ne datent que de 1814 au plus tôt, et nous dise en raillant et réprouvant les protestants d’Allemagne : C’est un mélange inouï de vide et d’informe, de mielleux, d’arrogant et de niais, de mystique, d’érotique et de germanique enfin, qu’on trouve inconcevable et qui ne saurait s’exprimer. […] L’homme d’esprit qui l’a compilé avait vu le succès des mémoires de Saint-Simon et celui (excusez le rapprochement) des Mémoires d’une contemporaine ; il s’était dit : « Et moi aussi je ferai une manière de Saint-Simon pour le xviiie  siècle, et pour cela je me déguiserai en douairière. Je ferai une Contemporaine, mais royaliste et de qualité, la contemporaine de l’ancien grand monde. » Il aimait les coiffes ; il avait reçu les confidences de quantité de vieilles dames d’autrefois, et savait à ravir le menu de ce haut commérage.

232. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget serait de faire pour lui ce qu’il a fait pour les dix écrivains qui figurent dans ses Essais de psychologie contemporaine. […] De même encore, il affecte de connaître et d’aimer les derniers raffinements du luxe contemporain ; il s’en voudrait d’avoir ignoré un seul détail de la plus élégante façon de vivre inventée par les derniers civilisés. […] » Toutes ses enquêtes sur les sentiments originaux de ses contemporains lui servent à rechercher en même temps le sens et le but de la vie. […] La Vie inquiète ; Edel ; les Aveux ; Essais de psychologie contemporaine ; Nouveaux essais ; l’Irréparable ; Cruelle énigme ; Crime d’amour ; André Cornélis (chez A.

233. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Un des plus sévères contemporains de Louis XIV, Saint-Simon, qui ne le vit et ne le connut que dans les vingt-deux dernières années de sa vie, au milieu des analyses pénétrantes qu’il a données sur lui dans tous les sens, a dit : Il était né sage, modéré, secret, maître de ses mouvements et de sa langue. […] Gravité et douceur, tous les contemporains sont d’accord pour noter ces deux traits apparents, bien que la douceur ait fait place de plus en plus à la gravité. […] De même, dans mainte réflexion morale qu’il entremêle à la politique, Louis XIV se montre un digne contemporain de Nicole et de Bourdaloue. […] Tout s’y déroule avec calme et suite dans une netteté parfaite, et qui répond tout à fait à ce que les contemporains (Mme de Caylus, Mme de Motteville, Saint-Simon) nous ont dit de cette propriété unique et de cette noblesse aisée des paroles du roi : « ses discours les plus communs n’étaient jamais dépourvus d’une naturelle et sensible majesté 57 ».

234. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Eschyle contemporain de Pindare. […] Pindare n’aurait pas eu plus grand précurseur, s’ils n’étaient tous deux contemporains ; et, dans l’époque qui les réunit, Pindare n’a pas eu d’autre rival. […] Par une singularité dont il n’existe pas d’exemple ailleurs, les premiers poëtes tragiques, Phrynicus, Eschyle, Sophocle, eurent pour successeurs immédiats au théâtre leurs fils, oubliés de l’avenir, mais plusieurs fois couronnés par les contemporains. […] Cette prédominance exclusive du théâtre d’Athènes, à l’époque même où le drame ressemblait le plus au dithyrambe, explique assez comment Pindare, contemporain d’Eschyle, dut chercher une autre voie et s’abstenir du théâtre, malgré l’erreur du compilateur Suidas, qui, en dénombrant ses ouvrages, lui attribue dix-sept tragédies.

235. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Chose étonnante que toute cette première période de la carrière oratoire de Bossuet ait été éclipsée tout entière et comme éteinte aux yeux de la postérité par l’éclat de la seconde période, et que des historiens de Bossuet eux-mêmes, tels que M. de Bausset, se soient figuré qu’elle avait été peu comprise, peu appréciée par les contemporains de la jeunesse du grand orateur ! […] C’est à M. le cardinal de Luynes que l’on a entendu plusieurs fois attester ce fait : il l’avait appris à Meaux des contemporains de ce grand homme, tandis qu’il était grand vicaire de son successeur.

236. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Son esprit de savant accoutumé à considérer l’immensité des périodes géologiques et la lenteur des transformations de l’univers n’avait pas la fièvre, l’impatience, les révoltes, les illusions puériles, les faciles espérances qui échauffaient les esprits de ses contemporains : il ne croyait pas aux brusques renversements qui renouvellent le monde, il ne croyait pas surtout toucher de la main l’ère de la raison universelle et du bonheur parfait. […] Il faisait de l’utilité sociale, du goût contemporain, la mesure de tout bien et de toute beauté.

237. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Caractère verbal, général de toute la littérature poétique, française, contemporaine, avec adjonction de variations individuelles ; verbalisme de Swinburne. […] Il serait facile d’en faire la démonstration par les faits sociaux et historiques de l’époque contemporaine ; ils se sont traduits notamment par l’incapacité politique du peuple ouvrier ; par rabaissement intellectuel des classes aisées ; par le romantisme plus ou moins accusé de toute la littérature française notable actuelle.

238. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Les manuscrits contemporains sont criblés de fautes énormes. […] Alexandre Dumas fils lance cette épigramme à l’adresse des boursicotiers : « Les affaires, c’est l’argent des autres. » Emile Augier, contemporain de la fièvre de spéculation qui sévit sous le second Empire, revient dix fois à la charge contre les agioteurs. […] Un contemporain déclare qu’il aimerait mieux avoir fait une seule de ses odes que de posséder le duché de Milan. […] C’étaient : Alphonse Karr, le bibliophile Jacob, la duchesse d’Abrantès, la Contemporaine (Ida Saint-Edme). […] A ne voir que l’apparence, la presse semble être la reine de l’opinion et par conséquent du monde contemporain.

239. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Arrivons enfin au vaudeville contemporain. […] Rien ne sera plus facile d’ailleurs, car c’est souvent à l’état pur qu’on les rencontre dans la comédie classique, aussi bien que dans le théâtre contemporain. […] Le vaudeville contemporain use de ce procédé sous toutes ses formes. […] Mais, quels que soient les personnages entre lesquels des situations symétriques sont ménagées, une différence profonde paraît subsister entre la comédie classique et le théâtre contemporain. […] Ainsi procèdent souvent les auteurs contemporains.

240. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

J’ai protesté plus d’une fois contre cette manière de louer Corneille, dont la part est sans doute assez belle, sans qu’on la grossisse aux dépens de celle de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. […] Rigal ; et j’ajoute que c’est ce que l’on y verrait encore mieux, s’il y avait aussi parlé des successeurs immédiats et des contemporains de Hardy. […] Ne l’oublie-t-on pas trop quand on reproche si vivement à nos romanciers contemporains qu’ils s’inspirent de l’événement du jour ou du scandale de la veille ? […] L’âge d’or que ses contemporains, à l’imitation des Romains ou des Grecs, mettaient toujours dans le passé, c’est dans l’avenir qu’il nous en montre la vision confuse. […] C’est que le Discours de la méthode, qui parut en 1637, n’a modifié en aucune façon l’idéal d’art ou de style des écrivains contemporains.

241. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Ce jugement est partial, injuste, et la postérité comme les contemporains n’ont pas voulu le ratifier. […] Quelques auteurs dramatiques contemporains du grand poëte, obtenaient au théâtre, en même temps que lui, de temps à autre, des succès. […] Il se vengeait de l’injustice de ses contemporains par l’amour-propre le plus excessif. […] Contemporains de Pierre Corneille. […] Contemporains de Racine.

242. (1925) Comment on devient écrivain

Parmi nos centaines d’auteurs contemporains, à peine quelques noms originaux méritent-ils de survivre. […] M. d’Alméras a publié deux volumes d’interviews où nos contemporains les plus notoires ont raconté les difficultés de leurs débuts. […] Examinant notre école de romans contemporains, Rosny, Benoit, Hamp, Colette, Bourget, Hermant, Duvernois, etc., M.  […] Ce besoin de renouvellement ne tourmente pas nos romanciers contemporains.‌ […] Les contemporains lui préférèrent toujours Pradon.‌

243. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Si nous devons enfin sortir de ce point de vue pour nous élever à une conception plus compréhensive, la psychologie est impuissante pour le savoir et pour nous le dire ; car elle suppose l’égalité essentielle des moi contemporains ; car elle opère sur un moi quelconque actuel ; et ce n’est jamais dans un moi quelconque que se découvre l’idée d’un progrès futur de l’humanité. […] Alors l’homme élu. dans les entrailles duquel toutes les souffrances de l’humanité doivent retentir ; qui doit sentir en son sein s’amasser douloureusement un amour immense ; qui doit concevoir en sa tête féconde la forme nouvelle, plus large et plus heureuse, de l’association humaine ; cet homme vraiment divin, ce poëte, cet artiste, ce révélateur fils de Dieu, est déjà né ; que ce soit Moïse, Orphée, Jésus, Confucius ou Mahomet, il grandit, se développe miraculeusement, se perfectionne avant tous ses contemporains ; véritable fruit providentiel, il mûrit et se dore sous un soleil encore voilé pour d’autres, mais dont la chaleur lui arrive déjà, à lui, parce qu’il est au foyer de l’univers, et qu’il ne perd pas un seul des rayons de Dieu. […] Mignet. — En réimprimant en 1869 les Portraits Contemporains, M. 

244. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Il a fait un livre intitulé la Famille, dont nous parlerons quand nous aborderons les moralistes contemporains. […] Il avait la vie qui n’est pas la passion d’une minute, le pétillement, bientôt éteint, de telle ou telle idée contemporaine. […] En effet, qu’est-ce que cela fait à la Postérité, — et même aux contemporains après dix ans, — l’horrible peine qu’on prend pour leur composer un chef-d’œuvre ?

245. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Eugène Sue avaient passé parfaitement inaperçues, l’auteur aurait dû se résigner au rôle modeste de romancier, et ne plus tenter d’enseigner la sagesse à ses contemporains. […] Sue applique au passé une expression qui n’a jamais signifié qu’une pensée contemporaine de la parole. […] Reste à savoir si le xixe  siècle, si la France contemporaine acceptera l’éloge que lui décerne M.  […] Ni l’histoire, ni la société contemporaine ne peuvent se montrer sur la scène sans interprétation. […] Quoiqu’il fût contemporain de Sophocle, il ne se proposait pas le même but, et n’employait pas les mêmes moyens pour agir sur son auditoire.

246. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Et de même que les œuvres du moyen âge paraissent aux contemporains de Louis XIV barbares, grossières, surannées et sont flétries par eux du nom de gothiques, de même les plus belles cathédrales de l’ancienne France sont victimes de leur goût dédaigneux. […] Pour peu qu’on parcoure un musée ou qu’on feuillette une collection d’estampes, on voit se dresser en pied devant soi des êtres qu’on retrouve dans les pièces ou les romans contemporains. […] C’est lui qui les vivifie ; si les études en sont la base, le sentiment en est l’âme. » Et les contemporains le félicitent de faire sentir et penser le marbre, de le rendre capable d’exprimer les affections douces et tendres aussi bien que les émotions vives et fortes. […] L’hôtel de Rambouillet, avant d’être le rendez-vous de l’aristocratie contemporaine, fut une nouveauté par son ordonnance. […] Lahire fut un compagnon de Charles VII, un contemporain de Jeanne d’Arc.

247. (1886) Le roman russe pp. -351

Par certains côtés, Stendhal est un écrivain du dix-huitième siècle, à la fois en retard et en avance sur ses contemporains. […] Vous rappelez-vous comment le jeune homme dépeint son découragement et celui de ses contemporains, vers 1796 ? […] Soumarokof fournit la Cour de tragédies ; ses contemporains l’avaient surnommé le Racine russe ; ils auraient dit plus exactement : le Campistron. […] Quel rapport y a-t-il entre notre poésie contemporaine et la poésie populaire ? […] Je vous écris expressément pour vous dire combien j’ai été heureux d’être votre contemporain, et pour vous exprimer ma dernière, instante prière.

248. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Elle n’est pas pour eux, comme pour les personnages du roman contemporain, ce qui leur peut arriver de pire. […] Peut-être écrira-t-on l’histoire du théâtre contemporain sans trouver l’occasion de nommer ni Montjoie, ni Dalila, ni le Sphinx. […] Le naturalisme contemporain s’est chargé de faire lui-même l’opinion sur son propre compte. […] Mais l’influence dure encore, et, pour la retrouver partout, il ne faut que jeter un coup d’œil sur la littérature contemporaine. […] Le symbolisme contemporain nous est venu de là.

249. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Le rôle de simple narrateur nous va mieux, et ne mène pas moins directement à notre but, qui est de faire apprécier d’un plus grand nombre notre célèbre contemporain. Littérairement, d’ailleurs, nous nous sommes dit qu’écrire ces détails sur un homme bien jeune encore, sur un poëte de vingt-neuf ans, à peine au tiers de la carrière qu’il promet de fournir, ce n’était, pour cela, ni trop tôt ni trop de soins ; que ces détails précieux qui marquent l’aurore d’une belle vie se perdent souvent dans l’éclat et la grandeur qui succèdent ; que les contemporains les savent vaguement ou négligent de s’en enquérir, parce qu’ils ont sous les yeux l’homme vivant qui leur suffit ; que lui-même, avec l’âge et les distractions d’alentour, il revient moins volontiers sur un passé relativement obscur, sur des souvenirs trop émouvants qu’il craint de réveiller, sur des riens trop intimes dont il aime à garder le mystère ; et qu’ainsi, faute de s’y être pris à temps, cette réalité originelle du poëte, cette formation première et continue, dont la postérité est si curieuse, s’évanouit dans une sorte de vague conjecture, ou se brise au hasard en quelques anecdotes altérées. […] Il passa cette année, non plus aux Feuillantines, mais rue Cherche-Midi, en face l’hôtel des Conseils de guerre, à étudier librement, à lire toute sorte de livres, même les Contemporaines de Rétif, à apprendre seul la géographie, à rêver et surtout à accompagner chaque soir sa mère dans la maison de la jeune fille qu’il épousa par la suite, et dont en secret son cœur était déjà violemment épris. […] Voilà jusqu’à ce jour les principaux faits de cette vie du poëte ; il nous reste seulement à en caractériser plus en détail deux portions qui se mêlent intimement à la chronique fugitive de notre poésie contemporaine : ce sont les deux périodes que j’appellerai de la Muse française et du Cénacle.

250. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Tout le moyen âge lui échappe, comme à presque tous ses contemporains : il voit le xvie  siècle moins nettement que Chapelain ou Colletet. […] Sous l’influence de certains préjugés contemporains, il a posé certaines bornes étroites au domaine, et certaines restrictions fâcheuses à l’exactitude de l’imitation artistique. […] Mais il vaut la peine d’y faire attention pour consoler ceux qui ont cru le génie français opprimé par le culte de l’antiquité : la raison ne reçoit de loi que d’elle-même ; et, du moment que c’est la nature qu’on aime dans l’antiquité, il pourra bien arriver que parfois (comme dans l’épopée ou l’églogue) on reçoive pour vraie nature ce qui n’existera pas hors des œuvres anciennes ; mais il arrivera bien plus communément qu’on trouvera dans les œuvres anciennes la nature contemporaine, crue éternelle ; et si elle n’y est pas, on l’y trouvera cependant. […] Il y a un point où le naturalisme classique diffère beaucoup de celui de nos contemporains.

251. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

n’a pas engendré qu’une déroute de principes : on l’a bien senti au flot de désespérance qui a envahi l’âme contemporaine, quand elle a dû, en présence de sa nudité misérable, se reconnaître tardivement le jouet du plus stérile orgueil de l’esprit. […] Il faudrait pouvoir suivre l’auteur des Essais de psychologie contemporaine dans les logiques et successifs développements de son esprit affiné et élégant, curieux et circonspect, vite éclairé et déçu, mais, par un fonds d’orgueil, dont la première marque, et la plus expressive, est une aveugle puissance de révolte, parallèle à l’amour-propre le plus ombrageux, — assombri d’insatisfaction précoce ; le suivre surtout dans cette jeunesse troublée, qui fut par instants inquiète, et terriblement, mais non pas mal confiante, soucieuse de tout pour en jouir et aussi pour en souffrir, quelque inclination qu’elle ait failli affirmer pour un dilettantisme qui n’a jamais été que littéraire, faite pour le boulevard beaucoup moins que pour la cellule de couvent, pour l’absorption réfléchie de toutes les jouissances, comme, et peut-être mieux, pour l’ascétisme monacal. […] France est, au surplus, le plus placide et le moins sentimental de nos contemporains. […] Tout au plus ne réussissons-nous pas à nous défendre d’un certain trouble, en voyant notre impuissance d’en savoir plus long sur les dispositions sensibles, les nuances d’âme du plus paradoxal de nos écrivains contemporains, d’un auteur aimable et, apparemment, non moins normal, qui nous a présenté l’œuvre la plus originale, la plus déconcertante à la fois, la plus inattendue et la plus agréable, qui nous a tenu, avec cordialité, les propos les plus désolants, et qui, en nous secouant du plus ample désespoir, a eu aussi bien l’air de se mettre en peine pour nous en démontrer la logique que celui de tenir à nous en inspirer le mépris raisonné.

252. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Outre Baudelaire, Dierx et Heredia, trois hommes existaient dont t’œuvre, isolée dans la Littérature contemporaine, proposait un principe de nouveauté. […] Son isolement au milieu de l’inattention contemporaine lui permettait, nous semblait-il, toute liberté. […] Ils se font les contemporains volontaires de ce passé fabuleux. […] Mais, sans aller plus loin, je tenais à signalera à votre attention cette réforme prosodique, non seulement pour son importance littéraire, mais parce qu’elle est une marque curieuse de l’état d’esprit contemporain et que c’est bien un trait d’individualisme que d’avoir voulu créer une métrique pour ainsi dire individuelle.

253. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Son poëme se divise en quatre masses principales ou chants : 1° le Campo Santo à Pise ; c’est le vieil art toscan catholique au Moyen-Age que l’auteur y ranime dans la personne et dans l’œuvre du peintre Orcagna, contemporain de Dante ; 2° le Campo Vaccino, ou le Forum romain ; solitude, dévastation, mort ; la majesté écrasante des ruines encadrant la misère et l’ignominie d’aujourd’hui ; 3° Chiaia, la plage de Naples où pêchait Masaniello : c’est un mâle dialogue entre un pêcheur sans nom, qui sera Masaniello si l’on veut, et Salvator Rosa ; les espérances de liberté n’ont jamais parlé un plus poétique langage ; 4° Bianca, ou Venise, c’est-à-dire cette divine volupté italienne que l’étranger du nord achète et profane comme une esclave. — Telle est la distribution générale du poëme, à laquelle il faut joindre, pour en avoir l’idée complète, un prologue et un épilogue, puis, dans l’intervalle de chaque chant, un triple sonnet sur les grands statuaires, peintres et compositeurs, Michel-Ange, Raphaël, Cimarosa, etc. ; l’ordonnance en un mot ne ressemble pas mal à un palais composé de quatre masses ou carrés (les quatre chants), avec un moindre pavillon à l’extrémité de chaque aile (prologue et épilogue), et avec trois statues (les sonnets) dans chaque intervalle des carrés, en tout neuf statues. […] Barbier, en un mot, porte une empreinte originale et prend sa place tout d’abord entre les plus éclatantes productions de notre poésie contemporaine.

254. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains. […] Qu’on ne croie pas, au reste, que cette manière de voir contraire le moins du monde l’admiration si justement décernée au plus enchanteur des génies contemporains : elle la laisse subsister tout entière, et ne fait que l’interpréter diversement.

255. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

À la parution de livres récents1, il fut facile de discerner chez les lettrés contemporains un revirement soudain de l’opinion. […] Que le lecteur veuille bien songer qu’entre les naissances des jeunes hommes qui commencent à écrire et celles des écrivains précédents, un grand fait de l’histoire contemporaine a eu lieu, la guerre de 1870-71, à laquelle succédèrent les ensanglantements de la Commune.

256. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Non seulement les œuvres qu’elle avait produites figuraient certainement, et pour une grande part, dans les « deux cent quarante volumes de comédies », que mentionne l’inventaire de sa bibliothèque ; mais il voyait, il fréquentait assidûment les artistes contemporains qui en étaient les représentants. […] Les dominant par la forte éducation qu’il avait, comme tous ses contemporains, puisée chez les grands maîtres de l’antiquité, il put se servir de ce qu’il avait sous la main, en restant toujours supérieur.

257. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Prenez Byron, prenez Manzoni, prenez Lamartine, Victor Hugo, Béranger, et voyez s’il en est un qui ait su se défendre de la grande obsession de la pensée contemporaine : l’Empereur et l’Empire ! […] Plus passionné et plus sincère dans son admiration et dans ses sympathies pour l’Empire que les autres poètes ses contemporains, il n’est point de ceux-là chez lesquels l’inspiration, cette conscience d’un moment, vient donner un démenti à la conscience éternelle et à tous les sentiments de la vie.

258. (1887) Essais sur l’école romantique

De tous les ouvrages qui survivent, il n’en est guère qui n’aient eu à lutter contre les contradictions et l’insouciance contemporaines. […] Il y a des choses que j’ai crues au sujet de la poésie contemporaine, que je ne crois plus, et d’autres choses que je ne croyais pas, auxquelles j’ai foi maintenant. […] vous savez ce que cela signifie dans le vocabulaire de nos gloires contemporaines ! […] De quelque côté qu’on le regarde, comme sa figure se détache nettement du milieu de toutes les figures contemporaines ! […] La critique contemporaine n’obtiendrait pas de nos poètes le sacrifice d’une page ; elle n’obtiendrait pas de M. 

259. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Grâce à un enseignement plus conforme aux nécessités contemporaines, les lettrés sont au courant du mouvement scientifique. […] Elle nous rend impossible la compréhension de la vie contemporaine, et l’on ne saurait s’imaginer l’influence néfaste qu’elle eut sur la récente littérature. […] On saura plus tard que l’auteur des Rougon-Macquart a pu écrire pendant trente ans, et que sa pensée est restée méconnue de ses contemporains. […] Guy de Maupassant avec la fugue lyrique et le large talent d’Émile Zola, un auteur d’historiettes plaisantes avec le grand poète épique de la vie contemporaine. […] Et il a tiré de la Vie contemporaine, ayant hiérarchisé, par la science, ses fortes sensations, un nouvel art classique, eurythmique et solide.

260. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Bourget aura mis sa marque sur la sensibilité contemporaine. […] Jules Lemaître reproduit un aspect de l’âme contemporaine. […] C’est ainsi que l’œuvre de génie se fait la contemporaine de tous les âges. […] Il n’ignore pas où portent les doutes et les recherches de ses contemporains. […] Contemporains, II, p. 224.

261. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

L’homme qui, en Belgique, se montra l’adversaire avoué, irréconciliable de Wagner et qui mit à le combattre une opiniâtreté aveugle de sectaire, était précisément celui que sa haute culture intellectuelle et sa profonde science musicale rendaient le mieux apte à deviner le génie novateur, à le faire comprendre et admirer de ses contemporains. — Mais combien de fois, en matière musicale, n’a-t-on pas vu ceux qui devaient faire la lumière, employer leurs efforts à répandre l’erreur ? […] Chap. 1er : Conception et Exposition du drame musical (jeunesse, vocation, premières œuvres de Wagner, séjour à Paris, jugement de Wagner sur ses contemporains, la théorie du drame musical. […] IV : conclusion ; aperçu général du système wagnérien ; influence de Richard Wagner sur la musique contemporaine. […] Parlant de la première scène du premier acte de Goettterdaemmerung : « Ces trois personnages, dit madame Fuchs, ont un entretien aussi long que dénué d’intérêt. » Des phrases similaires abondant dans un volume font preuve que l’auteur, trop préoccupé de musique à la façon contemporaine, a mal vu « d’intérêt » du drame wagnérien. […] C’est un chef-d’œuvre au sens absolu du mot, car la beauté de l’idée poétique s’unit à une perfection déformes et à une simplicité mélodique inusitées dans l’œuvre de Wagner. » Cet ouvrage, en résumé, est curieux comme l’expression, très fine et très sûre, de la façon dont l’œuvre de Wagner apparaît à l’élite de notre public musical français contemporain.

262. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

La Jeune Bourgeoisie, le titre sous lequel mon frère et moi annoncions le roman, avant qu’il fût terminé, ne définissait-il pas mieux l’analyse psychologique que nous tentions, en 1864, de la jeunesse contemporaine ? […] Aujourd’hui que le Roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la forme sérieuse, passionnée, vivante, de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient, par l’analyse et par la recherche psychologique, l’Histoire morale contemporaine ; aujourd’hui que le Roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises. […] Préface de la première édition (1877)8 Mon frère et moi, il y a treize ans, nous écrivions en tête de Germinie Lacerteux : Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’Histoire morale contemporaine ; aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises. […] Les lecteurs se plaignent des dures émotions que les écrivains contemporains leur apportent avec leur réalité brutale ; ils ne se doutent guère que ceux qui fabriquent cette réalité en souffrent bien autrement qu’eux, et que quelquefois ils restent malades, nerveusement, pendant plusieurs semaines, du livre péniblement et douloureusement enfanté. […] Maison Quantin, 1886, un volume des Chefs-d’œuvre du roman contemporain, illustré de dix compositions par Jeanniot, gravées par Muller, petit in-4º.

263. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il s’indigna jadis contre ceux de ses contemporains qui étalent leur satisfaction devant un bon repas. […] Certes Lemaître a écrit son principal ouvrage de critique sur les Contemporains, mais notez que ces contemporains sont généralement ses aînés, ceux de la génération précédente, comme les personnages des Essais de Psychologie contemporaine de M.  […] Paul Bourget (nous relevons tous plus ou moins des Essais de Psychologie contemporaine). […] Les premiers sont gauches devant les œuvres contemporaines, les seconds devant les œuvres classiques. […] Curtius voit justement en Balzac un vrai contemporain de Saint-Simon et de Comte, du romantisme allemand aussi.

264. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Dans son Éloge de Gaubius, médecin et professeur de Leyde, il nous le montre survivant à ses autres collègues contemporains, et, jusque dans les chaires voisines de la sienne, n’étant plus entouré que de disciples, réunissant enfin toutes les jouissances d’une vieillesse robuste, savante et respectée ; et il continue par cette réflexion pleine de charme : Il est donc dans les différents âges de la vie des consolations et des récompenses pour ces hommes courageux qui se dévouent tout entiers au travail et à l’étude. […] M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61. […] C’est le témoignage qu’ont rendu de lui tous les contemporains.

265. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

En regard de ces misérables billets écrits en zigzag après boire, et signés Tourlourirette, mettez donc le portrait de cette Louise-Bénédicte, dont Mlle de Launay, qui ne la flatte pas, disait : « Personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle… Sa plaisanterie est noble, vive et légère. » — Et sans remonter aux autres petites Cours d’une date antérieure, si l’on compare seulement Berny à ses rivales contemporaines, à la Cour du prince de Conti à l’Isle-Adam, à celle du duc d’Orléans à Villers-Cotterets, quelle différence encore, quelle distance ! […] Richelieu était alors dans tout son éclat, dans tout le brillant de cette poudre aux yeux dont il eut l’art d’éblouir ses contemporains, même à la guerre. […] Les contemporains, apparemment, n’y virent pas si clair.

266. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Ils subissent la crise d’indépendance de l’individualisme contemporain. […] * *   * La juste irritation soulevée par les abus, la pédanterie, le manque de tact de bien des critiques contemporains ne doit pas faire oublier que l’esprit humain comporte la faculté critique, et que par conséquent ce genre littéraire a droit à être représenté. […] Un organisme critique véritable ne peut plus se compromettre et se gaspiller en des articulets hâtifs ; il lui faut ou se taire, ou aborder de suite les hautes régions contemporaines de l’essai, de ce genre admirable, presque abandonné en France, et que la force des choses va y remettre en honneur.

267. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Mais la poésie contemporaine (et je suppose ici réalisées toutes les promesses, sans doute inconscientes, qu’elle contient), a pris conscience de sa véritable nature. […] Des contemporains lui ont apporté avec la musique toute la fonction de temps qui la caractérise ; les poses trop raides se sont peu à peu animées, il y a eu des gestes et, à ce changement, la Poésie n’a point déchu, car elle s’est emparé de son propre bien. […] Les autres, épris du geste, vont plus « de l’avant », même un peu trop, et, si l’on devait à l’instar des anciens considérer la génération contemporaine comme une École, ce schisme très réel en serait le défaut.

268. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

À coup sûr, l’avenir lui sera plus juste que ses contemporains. […] On n’écrit pas. » III Sans doute, entre la critique de la postérité, soit des esprits assez distants pour rentoiler leurs souvenirs de lecture sur une trame historique adventice, et la critique non même du lendemain mais du matin ou de la veille, dont l’exactitude chaleureuse vaut d’abord en tant que d’intéressante information : citations heureuses presque encore inédites, découpées des « bonnes feuilles », anecdotes sur l’auteur, première impression non refroidie, adresse du libraire… sans doute entre ces deux critiques n’y a-t-il point une place nécessaire pour une tierce et intermédiaire, la nôtre, très contemporaine encore, et point toute fraîche cependant, advenant après, ai-je entendu dire, cent soixante-treize articles imprimés sur les Trophées de José-Maria de Heredia. […] Un des livres du siècle est éclos, ce m’est l’escompte d’une joie historique de m’en sentir contemporain.

269. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Properce le remplaça ; et, dans l’ordre du temps, je vins en quatrième après eux. » Ailleurs enfin Ovide, plus malheureux et plus découragé que jamais, semble épuiser, dans une dernière élégie, la suite des grands poëtes dont il se félicite d’être le contemporain, Marsus, Rabirius, Macer, vingt autres encore. Il a même cette fois sur sa liste un poëte lyrique : mais ce poëte n’est pas Titius ; c’est Rufus, nom tout à fait inconnu comme le précédent, et nouvel exemple de l’erreur fréquente des admirations contemporaines. […] Si vous voulez citer un autre nom, ce sera celui de Cæsius Bassus, que nous avons connu naguère ; mais il est aujourd’hui bien dépassé par des génies encore vivants. » Flatteuse espérance, que les contemporains ne se refusent pas, qui vaut mieux que les détractions de l’envie, mais qui souvent ne trompe pas moins !

270. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ils suivent, avec une pitié parfois inquiète, l’évolution de l’art contemporain. […] On dirait que l’état d’âme de la jeunesse contemporaine est, maintenant, ce qui le préoccupe par-dessus tout. […] Hervieu regarde ses contemporains et il a raison. […] Hervieu, lui, traverse d’un pas égal et d’une mine calme la cohue bariolée où nos contemporains et nos contemporaines s’aiment, se haïssent, se bousculent à tort et à travers. […] diront les grincheux que la jeunesse contemporaine agace par sa prodigieuse aptitude à l’« éreintement ».

271. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Rien de partiel et de partial comme dans le roman historique trop contemporain. […] Nous nous en défendons parce que nous le savons ; ses contemporains l’ignoraient. […] Cette extravagance n’étonnait pas ses contemporains. […] Le peintre des mœurs contemporaines se démode avec ces mœurs. […] Cette volte-face de l’âme contemporaine, vous la devanciez dans votre thèse.

272. (1901) Figures et caractères

Il fut le contemporain de tous les temps. […] Il souffrit des passions éternelles et des soucis contemporains. […] Il mit cette vertu extraordinaire de son cerveau au service des idées contemporaines. […] Leurs contemporains ont omis de nous renseigner à leur sujet. […] Ils la racontent ou la décrivent, ils se font les contemporains volontaires de ce passé fabuleux.

273. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il semble que le Dante ait tellement saisi l’imagination de ses contemporains, quand il a paru, qu’aussitôt ils ont oublié tout le reste. […] Il eut pour inspiration la pensée commune de ses contemporains. […] Les monuments contemporains manquent. […] Historiquement, la barbarie du style vaut mieux pour nous donner l’image et comme le reflet de la vie contemporaine. […] La citation exacte serait un mensonge ; car, pour les contemporains, ces impiétés apparentes n’étaient pas ce qu’elles seraient pour nous.

274. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Le Médecin de campagne, le Curé de village, l’Envers de l’histoire contemporaine sont des apologies de la discipline religieuse. […] Ce qui distingue déjà toute cette époque, c’est une véritable maladie mentale que nous retrouverions dans la France contemporaine : une abolition du sens de la durée. […] Les « vies romancées », pour employer l’expression contemporaine, vont se multipliant. […] Il rappelle que dans les Origines de la France contemporaine, il a « toujours accolé la qualification morale à l’explication psychologique ». […] Pascal et lui, autre coïncidence, étaient contemporains.

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

[Portraits contemporains (1835).] […] Je voudrais essayer de montrer, en m’en tenant aux cinq morceaux dont j’ai cité les titres, en quoi ces œuvres d’un art raffiné traduisent quelques-unes des plus profondes aspirations de l’âme contemporaine.

276. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

A comparer ensemble les écrits, d’ailleurs si dissemblables, de Rousseau, de Buffon, de Diderot, de Thomas, on s’aperçoit bien vite que tous ces écrivains, qui furent contemporains, ont la phrase ample, périodique, largement déroulée, et l’on conclut sans témérité aucune que la prose oratoire, dans la seconde moitié du xviiie  siècle, a joui d’une vogue éclatante. […] La supposition initiale se consolide à mesure qu’on avance ; on en cherche la confirmation dans les témoignages des contemporains ; dans les lois déjà connues qui président à la marche de l’esprit humain, et l’on finit par avoir, au lieu d’une opinion dont on doutait soi-même, une conviction raisonnée qui s’impose.

277. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Ce geste émane donc, puisqu’on le voit accompli, d’un pouvoir antérieur au fait même de l’intelligence et qui crée l’intelligence avec le phénomène ; il est corrélatif et contemporain du geste métaphysique, qui fragmente l’unité essentielle, où se manifesté l’action d’un principe irrationnel, et où éclaté une intervention tout arbitraire. […] C’est que les instincts naturels, — sentiment de la famille, amour de la liberté individuelle, attachement aux biens immédiats et à la vie présente, — formes de l’égoïsme élémentaire, représentants d’une réalité antérieure à la genèse des sociétés humaines et contemporaine des premiers stades de la biologie, c’est que ces instincts réagissent maintenant contre la contrainte que leur imposa la croyance.

278. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mme Sand, qui est la reine indiscutée du bas-bleuisme contemporain, a voulu faire le bonheur d’une de ses sujettes. Mais elle a beau me parler de l’héroïque sincérité de l’âme ardente et forte dont elle recommande le volume présent au public ; elle a beau m’exalter cette âme indépendante et fidèle, qui n’oublie aucun de ses amours en les variant et qui ne combat rien dans son âme par la très morale raison que le temps qu’on perd à combattre contre soi, on ne fait pas Corinne, si on fait Mme de Staël, je me connais trop en logomachie pour ne pas reconnaître les idées, les façons de dire, les affectations du bas-bleu moderne, cette espèce à part et déjà si commune et pour être infiniment touché du spectacle que me donnent, à la fin de cette préface sur laquelle on a compté, ces deux antiques Mormones du bas-bleuisme contemporain dont l’une couronne l’autre de roses à feuilles de chêne, avec un geste tout à la fois si solennel et si bouffon !

279. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il est certain que plus tard, quand paraîtront les œuvres complètes des écrivains contemporains, il n’y aura pas une seule édition où la correspondance n’occupera pas par elle-même plusieurs tomes. […] Mais c’est là une conception étrangère à tous ceux de nos contemporains qui sont dominés par cette idée que la vie n’est pas autre chose qu’un marchandage. […] Peut-être aurait-il pour conséquence de priver quelques bibliophiles de documents contemporains. […] Ajoutons que dès à présent un grand nombre de marchands ont la délicatesse de ne pas mettre en vente une correspondance importante d’un contemporain sans le consulter au préalable. […] Sur certains écrivains presque contemporains, comme Lautréamont, nous n’avons aucun document34.

280. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

En relisant mes primes lignes, je revis ma vie contemporaine d’elles, sans trop d’étonnement. […] Tous ses contemporains illustres, Victor Hugo, Lamartine, Sainte-Beuve, l’honorèrent de nombreuses marques de sympathique admiration. […] Ledru-Rollin paie ses dettes. » Ces paroles que j’emprunte à Victor Hugo d’après Barbey d’Aurevilly, un contemporain qu’il n’y a nul motif de suspecter, étaient prononcées au lendemain de la révolution de 1848. […] Notes sur la poésie contemporaine Fragments de conférences faites à Bruxelles et à Charleroi. […] Les contemporains n’étaient pas suffisants pour ces Messieurs.

281. (1883) Le roman naturaliste

Et, quant au roman, c’est là surtout la crainte qu’inspire une étude attentive des plus bruyants de nos romanciers contemporains. […] Alphonse Daudet, à quelques-uns des romanciers anglais contemporains, à Dickens en particulier. […] Il y a pourtant mieux encore, et même quand il traite le roman contemporain, M.  […] Cette imperceptible veine, je croirais assez volontiers que le roman contemporain est en train de la découvrir. […] Daudet, parmi les jeunes romanciers contemporains, est du très petit nombre de ceux qui seraient dignes de vouloir vivre, survivre, et durer.

282. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Vapereau, qui a collé des étiquettes sur le dos de tous ses contemporains, l’intitule « statisticien français ». […] Les plus élégantes phrases des Essais de psychologie contemporaine datent de ce temps-là. […] Maupassant a été sincère envers ses contemporains et envers lui-même. […] Albert Vandal et le prince de Talleyrand, aux origines de la France contemporaine ; qu’il reprenne enfin, avec M.  […] Il imita, sans toutefois les égaler, la plupart de ses contemporains, de ses maréchaux, de ses soldats.

283. (1924) Critiques et romanciers

Ses contemporains le fâchent par leur défaut de futilité. […] Les Contemporains sont tout pleins d’idées ; mais de quelles idées ? […] En guise de préface pour la sixième série des Contemporains, il a groupé quelques-unes de ses reparties. […] Romantique, l’est-il encore, dans les premiers Contemporains ? […] Le romancier peint les mœurs contemporaines.

284. (1876) Romanciers contemporains

Sandeau, mais encore dans tout le roman contemporain. […] Reybaud mérite une place à part dans la galerie du roman contemporain. […] About est un des rares écrivains contemporains chez lesquels faire beaucoup a pu se concilier avec faire bien. […] L’étonnement fut grand lorsque par la Grèce contemporaine se révéla soudainement M.  […] Émile Zola est un des romanciers contemporains sur le talent desquels on peut faire le plus de fonds.

285. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Une première méthode que nous trouvons parmi les artistes contemporains, c’est celle de nos « naturalistes ». […] Ceci nous amène à parler d’un autre excès que nos contemporains n’ont pas toujours évité. […] Ainsi, s’il faut en croire tous les poètes contemporains et la plupart de ceux qui, de nos jours, se sont occupés de métrique, V.  […] Quels « rimeurs » que Clément Marot et ses contemporains, et comme ils dépassaient nos parnassiens modernes ! […] Les exemples deviennent plus curieux encore si, au lieu de les emprunter à des maîtres, on les recueille chez les jeunes poètes contemporains.

286. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Raynouard et de Népomucène Lemercier, il abordait avec bonheur ce genre délicat de la biographie contemporaine, et contribuait pour sa part à l’élargir. […] Il ne se bornait pas aux simples faits principaux ni à l’analyse des ouvrages, ni même à la peinture de la physionomie et du caractère ; il voulait tout savoir, renouer tous les rapports du personnage avec ses contemporains, le montrer en action, dans ses amitiés, dans ses rivalités, dans ses querelles ; il visait surtout à ajouter par quelque page inédite de l’auteur à ce qu’on en possédait auparavant. […] En réalité pourtant, on a beau chercher à se le dissimuler, plus on s’éloigne des choses, et moins on en a connaissance, j’entends la connaissance intime et vive ; tous ces je ne sais quoi que les contemporains possédaient et qui composaient la vraie physionomie s’évanouissent ; on perd la tradition pour la lettre écrite. […] Il y a plus : je me suis amusé à parcourir les historiens contemporains et auteurs de mémoires, de Thou, d’Aubigné, Cheverny, Le Grain ; tous, au moment où ils parlent de la tenue des États de 1593 et durant cette tenue même, mentionnent la gaie satyre et farce piquante qu’en firent ces b ons et gentils esprits et ces plumes gaillardes , l’honneur de la France. […] Les contemporains eux-mêmes antidatent et font la faute : quel plus bel hommage !

287. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Encore y a-t-il plus de bon sens à montrer un Antony dans la vie contemporaine, parce qu’Antony représente au moins un état de l’imagination française en 1830. […] Puis, comme il faisait sur l’histoire de son temps, sur les faits divers de la vie contemporaine, le poète médite sur ses lectures, sur les histoires des temps disparus ; et, sous les noms de ses acteurs, c’est lui qui parle. […] Scènes contemporaines et scènes historiques, par le vic. de Chamilly (lire Le 18 brumaire). […] Royer, Histoire du théâtre contemporain, 2 vol. in-8 ; Paris, 1878.

288. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Marianne, un moment délaissée, raisonne là-dessus ; elle se dit en se donnant l’explication du volage : Homme, Français et contemporain des amants de notre temps, voilà ce qu’il était ; il n’avait, pour être constant, que ces trois petites difficultés à vaincre… Son cœur n’est pas usé pour moi, ajoutait-elle, il n’est seulement qu’un peu rassasié du plaisir de m’aimer, pour en avoir trop pris d’abord. […] Tous les contemporains, Voisenon, Marmontel, Grimm, s’accordent à dire que vers la fin, et sentant que son moment de faveur était passé, Marivaux était incommode et épineux dans la société par trop de méfiance ; il entendait finesse à tout ; « on n’osait se parler bas devant lui sans qu’il crût que ce fût à son préjudice ». […] Quand on a aujourd’hui à parler de lui après cent ans, on rencontre encore des esprits justes et amis qui le possèdent en entier, et qui vous disent en le soignant, comme on ferait d’un contemporain : « Prenez garde de n’en pas trop mal parler ! 

289. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

About, la Grèce contemporaine, savez-vous que c’est un amusant et un charmant livre, instructif aussi, prophétique même (l’événement l’a prouvé), et plein de bon sens sous ses airs d’étourderie ? […] Grenier, en tête de son livre, a eu la loyauté et la modestie de nous recommander trois autres livres, excellents, dit-il, et déjà faits sur la Grèce moderne : l’un des trois est cette Grèce contemporaine de M.  […] Edmond About dans la Grèce contemporaine.

290. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet a donné carrière à ses sympathies de moyen âge, en les relevant et les rachetant par ses vues philosophiques sur l’avenir du monde, sur la guerre dont il voit en Napoléon le dernier grand représentant, et sur la démocratie dont il le considère également comme le héros : « La poésie, dit-il, n’a pas seulement pour but de représenter Napoléon tel qu’il s’est montré aux contemporains. […] Napoléon nous apparaît nécessairement aujourd’hui dans une tout autre perspective qu’il n’apparaissait aux contemporains. […] Les formes sous lesquelles le passé apparaît aux hommes de notre temps, voilà pour le poëte la vraie réalité. » Il semblerait, d’après ce passage, que nous soyons autre chose que les très-proches contemporains de Napoléon.

291. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Il n’est pas cause des œuvres contemporaines de son œuvre : il est très peu cause (cause directe, bien entendu) des œuvres qui ont paru après son œuvre. […] Il est demeuré étranger au souci de ses contemporains, qui travaillaient la forme : il n’a ni la phrase troussée de Voiture ni l’ample période de Balzac. […] Tallement des Réaux, les Historiettes des contemporains de Henri IV et de la Régence ; et Saint-Evremond, la lettre connue au comte d’Olonne.

292. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Nos contemporains sont adroits comme des singes. […] D’autres fois on s’applique à ébouriffer ses contemporains ; on contredit brusquement, sans crier gare, le sens commun et les impressions les plus naturelles. […] Sur ce corps élastique et grêle, sur cette fausse maigreur qui est au théâtre un élément de beauté, car par elle les attitudes se dessinent avec plus de netteté et de décision, la toilette contemporaine, insensiblement transformée, prend une souplesse qu’on ne lui voit pas chez les autres femmes, et comme une grâce et une dignité de costume historique.

293. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

« Cette grossière interprétation du rôle devint la tradition, et Augé, grand, beau, bien fait, très aisé dans son jeu, au dire d’un contemporain, d’une gaieté un peu basse, naturel et inexact dans son débit, estropiant les vers, Augé s’y conforma en l’exagérant encore. […] C’est égal, si quelque auteur contemporain mettait au théâtre un personnage aussi incohérent, aussi visiblement double que le Tartuffe de Molière, que diriez-vous, ô mon maître Sarcey ? […] (Au surplus, des traits que nous jugeons grossiers et ridicules pouvaient fort bien toucher un bourgeois qui, sans doute, comme beaucoup de ses contemporains, lisait encore régulièrement la Vie des Saints.

294. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Cette façon d’agir n’a d’ailleurs aucune importance, car je constate que l’influence de la noble assemblée sur la littérature contemporaine est nulle, radicalement nulle. […] La liberté de pensée et les convictions d’écrivain d’un Flaubert ou d’un Baudelaire sont d’une autre sorte que celles de nos petits auteurs contemporains. […] La presse contemporaine qui sait la valeur de la marque recrute aujourd’hui ses Leaders de la pensée quotidienne parmi les membres de la Docte assemblée.

295. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Je m’y emploie par délassement et pour me prouver, comme votre Baudelaire le faisait avec plus de génie, que je ne suis pas inférieur à mes contemporains que je méprise. […] Il y verra une façon élégante de bafouer ses contemporains. […] Je n’ignore pas qu’on risque à se discréditer en faisant parler les morts d’une façon désobligeante pour leurs contemporains.

296. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Toujours est-il que le caractère remarquable de la société contemporaine est précisément cet effort d’appliquer la science à l’amélioration de la destinée humaine. […] Il s’agit de savoir si le philosophe n’est jamais que la mouche du coche, résumant sous une forme vague et abstraite les solides découvertes des savants, ou s’il est, non pas sans doute un révélateur tombé du ciel sans précédents et sans contemporains, mais au moins un précurseur anticipant sur l’avenir, et généralisant d’avance ce que la science positive réalisera et démontrera. […] Le livre de M. de Rémusat sur Bacon est l’un des plus intéressants, des plus instructifs et des mieux faits de la philosophie contemporaine.

/ 2006