Le style se trouve du même coup achevé et artificiel. […] Ils avaient pris le style correct et noble en même temps que le bon ton et les belles façons. […] Telles mœurs, tel style. […] Trente ans avant Rousseau, Thompson avait exprimé tous les sentiments de Rousseau, presque dans le même style. […] Il exagère et déclame, il cherche les effets de style, il mêle les deux garde-robes, la grecque et la chrétienne.
S’il est une chose reconnue, c’est l’utilité de la lecture pour se former l’esprit, l’imagination et le style. […] Enfin, pour résumer ce qu’il faut attendre de ces écrivains sans rhétorique, voici ce que nous disions de Voltaire, qui représente ce genre de style : « Ma conviction profonde est que même ce style-là est assimilable par le travail et qu’un esprit littéraire ne peut sortir d’une longue lecture de Voltaire sans en retenir le ton. […] En propres termes à ceci : que la lecture ne forme ni ne modifie le style. Le style est un produit physiologique, ce qui signifie sans doute que chacun écrit avec son tempérament, vérité qui n’est pas précisément très neuve et dont on se serait moqué, si c’était moi qui l’eusse découverte. […] On déclarait plus haut que la science ne « pouvait établir aucune théorie » ; mais on entreprend sérieusement toute une théorie scientifique du style, sur laquelle, d’ailleurs, nous aurons occasion de revenir.
Le style de Gustave Flaubert excelle par des mots justes, beaux et larges, assemblés en phrases cohérentes, autonomes et rhythmées. […] Dès qu’il parle de l’une d’elles, son style s’adoucit, chatoie et chante. […] Et cette sobre exactitude est la moitié de son art et de son style. […] Que M. de Goncourt se plut à laisser libre carrière à son style en une œuvre spéciale et suprême, LaFaustin ! […] Il fut impossible de reconnaître dans son langage des traces de style romantique.
Ils désapprouvaient dans le style l’austérité qui annonce des mœurs difficiles, âpres, tristes ou sévères. […] De là ce style oratoire qu’on trouve même dans leurs plus sages historiens. […] Joubert sur la critique et sur le style, de ses jugements sur les divers écrivains : il y paraît neuf, hardi, vrai presque toujours. […] Marmontel, dans ses Éléments de littérature, m’a fourni ensuite l’article « Style », morceau excellent. […] Le style du premier est plus poli, celui du second plus coloré.
Berruyer qui a employé le style du Roman dans la plus grave de nos histoires. […] On y cherche en vain les graces & l’élégance, l’élévation & la chaleur du style. […] Son style est plein de simplicité & de netteté ; mais il manque souvent de pureté & d’agrémens. […] Son style pourroit être plus châtié & plus élégant. […] Son style est clair, simple sans pourtant donner dans la bassesse.
Le style est aussi une résultante. […] Par là même, c’est une nécessité de décomposer ce que contient ce terme vague et général de style. […] On reconnaîtra, je suppose, à Lamartine un style fluide et musical, tout aussi bien que l’on convient que le fer est ductile et sonore. […] J’oserais presque parler des propriétés physiques d’un style. […] Le mot de style est si vaste, si imprécis qu’on peut se poser encore à ce propos une foule d’autres questions.
voyez même son Machiavel, qui a porté le sentiment du beau jusque dans les crimes de son style ! […] On s’étonne qu’aucun peuple civilisé ait pu supporter les cynismes de style de ce Juvénal. […] Cette littérature courait à sa perte en se dénationalisant trop sur les pas des imitateurs du style italien et du style espagnol. […] Toute la fin de cette épître est écrite avec la vigueur du style cornélien, avec la limpidité du style racinien, avec la propriété acérée du style de Molière. […] On est, à tous ces titres, un admirable artisan de style, mais on n’est pas créateur, c’est-à-dire poète.
A côté de ce charmant passage qui unit l’exactitude de chaque détail à la fraîcheur et au souffle, et que Buffon, reparlant du style, aurait écrit, j’aurais, dans le même discours, et dans le style de M. […] Un tel mot cité me paraît la juste médaille du style de M. […] Il y a donc, sous sa régularité excellente de style et de doctrine bien des accidents piquants, divers, qui font de lui un homme plein de détails fins à peindre, et qui doivent être charmants à goûter. […] Sauf deux ou trois formes de locutions peut-être, et qu’encore bien peu de Français aujourd’hui sont à même de relever dans son style. […] Ces petits glaçons mythologiques sont demeurés là dans son style on ne sait comment.
N’est-ce pas dire qu’il y a un style ? […] Thiers a donc en réalité un style : son style, c’est le nu. […] C’est là le style de M. Thiers ; ce n’est pas là le style qui fait penser, mais c’est le style qui fait voir. […] Se passer de style, n’est-ce pas mille fois plus artiste que d’avoir un style ?
Cela produisit un style singulier, inconnu jusqu’alors en France, le style abstrait. […] Or, ce style et cette inclination sont les ressorts mêmes de l’éclectisme. […] Écoutez ce passage, sentez ce style, et dites si un Français de 1815 pouvait y résister. […] Cousin imite aujourd’hui leur style ; or, chacun sait qu’en France la clarté est le plus puissant argument. […] Nous admirons déjà moins les abstractions, les obscurités, le style solennel, les phrases à queue, les barbarismes.
La question de l’emploi des clichés dans le style est la partie de notre enseignement qui a été le plus attaquée. […] Il faut comprendre aussi que l’expression qui est à l’état de cliché dans un style, peut se trouver dans un autre à l’état d’image renouvelée. […] Pour la pratique du style, il y aurait là matière à des avis motivés que M. […] » Or, non seulement je ne le proscris pas, ce genre de phrases, mais j’ai déclaré formellement ceci, de peur qu’on ne se méprenne : « Cela ne veut pas dire qu’on doive proscrire ces expressions, Il y a des cas où il les faut, où elles sont très belles et où rien ne peut les remplacer… On peut se permettre ces locations et on les trouve chez les meilleurs écrivains ; mais c’est la continuité qui crée la banalité et le caractère incolore du style. » Pourquoi nos adversaires tronquent-ils toujours notre pensée et ne rapportent-ils que la moitié de nos opinions ? Notre doctrine se résume donc à ceci : nous posons en principe qu’il faut éviter les clichés et le style banal ; nous donnons de ce genre de style des exemples aussi étendus que possible, et finalement nous condamnons, non pas remploi de ces expressions, mais leur emploi continu.
On a dit de son style qu’il semblait alors étrangement pesant et traînassier. […] J’admets volontiers qu’Amyot, tout instruit qu’il était, n’ait toutefois été que ce qu’on peut appeler un grand humaniste, un Rollin ayant le génie du style. […] D’autres, comme Montaigne, on l’a vu, ont parlé du style de Plutarque comme d’un auteur « épineux et ferré ». […] Ajoutons enfin que le lecteur moderne prête lui-même au style d’Amyot plus de bonhomie qu’il n’en a en réalité. C’est l’effet de tout style vieilli de paraître naïf et enfant ; et Amyot, de son temps et dans sa nouveauté, ne paraissait pas tout à fait tel à cet égard que nous le sentons aujourd’hui.
Mais parmi ces éléments mêmes qui sont les parties extérieures et communes de toute œuvre réaliste, il en est deux, l’exactitude de la vision et la richesse du style, que M. […] Huysmans est seul à posséder, l’art de rendre véridiquement la conversation, d’écrire en style parlé les dires d’un concierge, ou les bavardages de deux artistes ; assurément le réalisme de M. […] Huysmans a contracté quelques-unes des particularités de son style. […] Huysmans tire les dernières beautés de son style, qui se trouve joindre ainsi le délicat au populaire. […] Et toutes ces propriétés cachées d’une âme muette, se manifestent en ce corps des intelligences littéraires, le style.
Rousseau est un des écrivains du dix-huitième siècle dont le style a le plus de charme, parce que cet homme, bizarre à dessein, s’était au moins créé une ombre de religion. […] Buffon surprend par son style ; mais rarement il attendrit. […] Et néanmoins rendons justice à ce grand peintre de la nature : son style est d’une perfection rare. […] Le christianisme a mis au dedans du style du premier, le charme, l’abandon et l’amour ; et au dehors du style du second, l’ordre, la clarté et la magnificence. […] Le style de ces hommes est sec, l’expression sans franchise, l’imagination sans amour et sans flamme ; ils n’ont nulle onction, nulle abondance, nulle simplicité.
Le style de Quinaut est beaucoup plus facile que celui de Despréaux, comme le style d’Ovide l’emporte en facilité sur celui de Perse. […] On peut dire que la Bruyere a un style ferme, & que d’autres écrivains n’ont qu’un style dur. […] Les ouvrages didactiques reprouvent ce style. […] Le style fleuri ne doit pas être confondu avec le style doux. […] On sait assez qu’il faut un style grave, pur, varié, agréable.
Par l’étude des procédés et du métier, par l’anatomie et la décomposition du style, j’ai essayé de renouveler un enseignement qui s’épuisait dans la banalité et la routine. […] En revanche, si je reconnais avoir été trop sévère pour les clichés et les phrases toutes faites, je persiste néanmoins à penser qu’un style où il n’y aurait que cela ne serait pas un bon style. […] Après tout, ce sont encore des enseignements de style que j’ai dégagés de ce conflit, et l’on daignera remarquer que je soutiens ici la cause de mes lecteurs bien plus que ma propre cause. […] Ou il faut renoncer à enseigner le style, ou il faut se décider à étudier les procédés et le métier.
Ce qu’il a écrit contre les Jésuites, est de la même magie de style, de la même éloquence, sans pouvoir néanmoins y méconnoître une amertume, un acharnement, bien éloignés de ce ton qui fait valoir les raisons & prouve l’impartialité. […] Arnaud, à cause du titre, qui tient du style du P. […] Cet Historien n’a pas lu sans doute tous les Ouvrages de ce Docteur ; il en a composé incontestablement tant d’autres où le style du P. […] Il s’efforce de justifier les emportemens de son style par l’autorité de l’Ecriture & des Saints Peres : mais on peut dire avec justice que cette Dissertation ne prouve autre chose, sinon qu’il est des esprits, pour ainsi dire, ambidextres, prêts au pour & au contre, & qui ont le talent d’en imposer un moment, par cette métamorphose que Juvénal leur reproche, Qui nigra in candida vertunt. Nous le répéterons encore, il est fâcheux que la force, la chaleur & l’énergie du style de cet Homme célebre aient été consacrés à soutenir des rivalités, dont il ne tenoit qu’à lui de se défendre.
Ce principe d’utilité, qui a donné, si je puis m’exprimer ainsi, tant de corps à la littérature des Anglais, a retardé cependant chez eux un dernier perfectionnement de l’art, que les Français ont atteint ; c’est la concision dans le style. […] Les vers blancs n’offrant que très peu de difficultés, les Anglais ont réservé pour la poésie tout ce qui tient à l’imagination ; ils considèrent la prose comme la langue de la logique, et le seul objet de leur style est de faire comprendre les raisonnements, et non d’intéresser par des expressions. […] Quelques auteurs anglais, cependant, Bolingbroke, Shaftesbury, Addison, ont de la réputation comme bons écrivains en prose : néanmoins leur style manque d’originalité, et leurs images de chaleur : le caractère de l’écrivain n’est point empreint dans son style, et le mouvement de l’âme ne se fait point sentir à ses lecteurs. […] Les débats parlementaires sont plus animés que le style des auteurs en prose. […] Le style déclamateur, qui sert si bien les idées fausses, est rarement admis par les Anglais : et comme ils donnent une moins grande part aux considérations morales dans les motifs qu’ils développent, le sens positif des paroles s’écarte moins du but, et permet moins de s’égarer.
Nourri de la lecture de Montaigne &c de Charron, il s’étoit formé un style vif, nerveux, concis, & l’avoit épuré en se l’appropriant. […] Ses pensées se gravent aussi facilement dans la mémoire que nos meilleurs vers : preuve non équivoque de l’énergie & de l’harmonie de son style. […] Diderot a donné sur la morale est écrit d’un style vif & énergique, mais de tems en tems louche, dur & négligé. […] Son style est noble & plein de vigueur. […] Le pinceau d’une femme se fait remarquer dans le style, & la solidité d’un homme dans les réfléxions.
On reconnaît ceux du bel âge de la France à la fermeté de leur style, au peu de recherche de leurs expressions, à la simplicité de leurs tours, et pourtant à une certaine construction de phrase grecque et latine qui, sans nuire au génie de la langue française, annonce les modèles dont ces hommes s’étaient nourris. […] Ces derniers sont remarquables par une sorte de brusquerie de pensée et de style, qui leur est particulière. […] Aucun homme n’a su donner plus de variété à son style, plus de formes diverses à sa langue, plus de mouvement à sa pensée. […] Cette pensée est supprimée dans la petite édition de Pascal avec les notes ; les éditeurs n’ont pas apparemment trouvé que cela fût d’un beau style. […] Ne serait-ce point que nous exprimons des pensées communes en style recherché, tandis que les écrivains du siècle de Louis XIV disaient tout simplement de grandes choses ?
Par là comme par le style, bien ou mal, ils ont innové. […] Ils prêtent à leurs personnages lettrés, comme il est naturel, ce style et cet esprit. […] Stylistes, ils ne le sont point du tout à la façon des autres ; ils dédaignent dans le style tout ce qui ne sert pas à faire voir ou à faire sentir Mais, quand on parle de leur style, il faut distinguer entre leurs livres. […] On dirait souvent qu’ils nous livrent le travail préparatoire de leur style, non leur style même, parce que l’impression de l’artiste se fait sentir plus immédiate et plus vive dans l’ébauche intempérante que dans la page définitive, et qu’ils craignent, en châtiant et terminant l’ébauche, d’en amortir l’effet. […] Madame Gervaisais, avec son style forcené, ne nous en offre pas moins, de la Rome catholique, une image extrêmement frappante et qu’on n’oublie pas.
Car personne, en matière de genres, ou de gaufriers, n’est moins inventeur que Chateaubriand, qui ne renouvelle tout que par le style, le style d’une âme et le style d’une forme. […] Et les deux styles se ressemblent. […] Mais lettres et pamphlets sont du même style, ce style est celui du même homme. […] C’est un style d’héritier. […] C’est un style de poète orateur.
Le style qui sauve tout, le style qui empêche, dans Mme de Staël, qu’Oswald avec ses bottes à glands, Corinne avec sa harpe, ne soient des gravures de l’Empire ; le style conservera-t-il les inventions de Mme Sand, — de cette femme qui n’eut pour tout génie d’invention que d’être mal mariée, bohème et démocrate, et qui n’a jamais que ces trois sources d’inspiration : le mauvais ménage, le cabotinisme et la mésalliance, par haine du noble et amour de l’ouvrier ? Le style, qui est le mérite le plus généralement admis des mérites de Mme Sand, est-il vraiment, comme on l’a dit, un style de génie ? […] Comme son style est coulant ! […] Il ne s’agit plus d’invention, de combinaison et de caractère, il s’agit de la vie et de la couleur du style de Mme George Sand, si incroyablement vanté ! […] la vie, la couleur de ce style, la voilà !
Mais quand on le voit, dans différentes Brochures, réduire tantôt à trente les bonnes Fables de l’Esope François, tantôt à une cinquantaine, & en dernier lieu * lui en accorder, comme par grace, quatre-vingt ; quand on lui entend dire que ce Poëte n’a rien inventé, qu’il n’a qu’un style, qu’il écrivoit un Opéra du même style dont il parloit de Jeanot Lapin & de Rominagrobis ; que son génie n’étoit nullement propre à la Poésie sublime, & que tout cela pouvoit excuser Boileau de n’avoir pas fait mention de lui, & de ne l’avoir jamais compté parmi ceux qui fai soienthonneur au Siecle de Louis XIV ** : il est impossible de ne pas croire que, dans une critique aussi peu judicieuse, il n’a eu d’autre objet que de s’égayer par des paradoxes. […] On l’accuse encore d’avoir toujours le même style. […] En un mot, quand il seroit vrai que Lafontaine n’eût jamais eu qu’un style, il seroit toujours certain qu’il a eu celui du génie. […] Mais c’est précisément par la variété & le charme inexprimable de son style, que ce Poëte mérite, de l’aveu de tous les gens de goût, d’être placé parmi les Ecrivains du premier ordre. « Le style de Lafontaine, dit celui de ses Panégyristes que l’Académie de Marseille a couronné, est peut-être ce que l’Histoire littéraire de tous les siecles offre de plus étonnant.
Andromaque, Athalie ; Un style fatigant par sa monotonie ; Point de verve, d’élan ; rien qui vise à l’effet. […] Le style de sa prose est trop simple et trop clair. […] C’est ainsi que pensaient et Molière et Regnard ; Mais notre romantisme a brisé ces barrières, Confondu tous les goûts, les styles, les manières. […] Un classique rira de leur style emphatique, Et du fatras pompeux de leur métaphysique. […] Le style romantique a dès le consulat Ouvert l’académie et le conseil d’État.
Quelques-uns de ces esprits qui sentent le style se récrièrent, dans le premier mouvement d’une sensation très vive, mais ce fut tout. […] Il a du style deux fois : — il en a de spontanéité ; il en a aussi de réflexion. […] Qui a style a personnalité. […] Mais, comme l’auteur, ce style n’en est pas moins resté capitaine, et toute cette philosophie énervante n’a pu ni le dégrader ni même l’affaiblir. […] Le capitaine d’Arpentigny peut, avec ce style-là, être chiromancien tout à son aise, il peut être nécromancien, il peut être astrologue, il peut être tout ce qu’il lui plaira.
La pureté du style ne peut aller plus loin que dans les chefs-d’œuvre du siècle de Louis XIV ; et, sous ce rapport, ils doivent être toujours considérés comme les modèles de la littérature française. […] Une société aristocratique est singulièrement favorable à la délicatesse, à la finesse du style. […] C’est dans le cercle resserré d’un petit nombre d’hommes supérieurs, soit par leur éducation, soit par leur mérite, que les règles et le goût du style peuvent se conserver. […] Il en est de même du style ; il faut toujours qu’il ait de la noblesse dans les objets sérieux. […] L’auteur qui a porté au plus haut degré de perfection, et le style, et la poésie, et l’art de peindre le beau idéal, Racine, est l’écrivain qui donne le plus l’idée de l’influence qu’exerçaient les lois et les mœurs du règne de Louis XIV sur les ouvrages dramatiques.
Le style de Sophocle étoit grand & élevé. […] Il est bien éloigné de ce style prosaïque, froid & négligé, que nous confondons mal à propos avec le style simple & naturel qu’exige l’églogue en général. […] Le style de Segrais a un peu vieilli. […] Mais quelle élégance, quelle urbanité dans le style ! […] Mais elle est écrite d’un style élégant & soutenu.
Ce n’est que graduellement, et par une étude de plus en plus délicate, qu’on est arrivé à bien savoir, non seulement les circonstances et les faits littéraires des diverses époques, mais à en sentir le style et à le respecter. […] On sait maintenant et l’on sent, pour peu qu’on y prenne garde, en quoi le style de la première époque de Louis XIV diffère du style moyen du milieu du règne, et en quoi ce règne finissant a déjà sa manière confinant au xviiie siècle. […] Walckenaer n’eût aucun souci de ce qu’on appelle proprement style ; il lui arrivait quelquefois de s’en préoccuper, et il y a de lui telle page où il a visé évidemment au tableau. J’en veux citer un qui, dans son genre, a de la grâce, et qui est un joli exemple de ce style d’après Louis XVI, dans lequel il entre une réminiscence très sensible de Bernardin de Saint-Pierre, avec un peu de Marmontel. […] Cette lettre, je le répète, est un assez joli et assez naturel échantillon du style élégant comme on le concevait dans les premières années du siècle, avant l’effort de régénération de la langue à ses vraies sources : mais entre cette élégance et celle de Louis XIV, on conviendra qu’il y a tout un monde.
La politique est la mère des phrases vides, de la déclamation, des idées troubles, du mauvais style et des passions injustes : or, M. […] Ou bien est-ce à son style que vous en avez ? […] Et, encore un coup, ce n’est point dans son style que cette « lourdeur » me serait sensible, mais plutôt, à la grande rigueur, dans son badinage. […] Sarcey à son enveloppe mortelle, et vous voyez son style à travers sa physiologie. […] Les mots importants, significatifs, doivent se détacher, être comme « lancés », non seulement par l’acteur, mais d’abord par l’écrivain, de façon à passer la rampe. « Il y a un style de théâtre comme il y a un style d’oraison funèbre, un style de traité de philosophie, un style de journal. » Souvent la situation initiale suppose des événements antérieurs qui ont quelque chose d’extraordinaire et d’invraisemblable.
Il suit presque toujours la méthode d’Aristote, & s’explique avec le style de Platon. […] Gibert eût l’esprit & le style de M. […] Cet écrit est à peu-près du même mérite que le précédent ; il est rempli d’idées fausses & écrit d’un style encortillé. […] Tout est écrit de ce style pédantesque. […] Rien n’y sent la sécheresse didactique ; le style est toujours plein d’agrément & de noblesse.
Les uns croient ajouter à l’énergie du style, en le remplissant d’images incohérentes, de mots nouveaux, d’expressions gigantesques. […] D’autres littérateurs veulent nous persuader que le bon goût consiste dans un style exact, mais commun, servant à revêtir des idées plus communes encore. […] Qui reconnaîtrait, en effet, le style de Rousseau ? […] Je le répète, un style commun n’a rien à craindre de ces attaques. Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs.
Le souci de relever le style par l’éclat ou l’agrément des figures trahit le rhéteur, l’homme qui n’écrit que pour faire dire qu’il écrit bien. […] La règle absolue et souveraine de la propriété des expressions s’étend aux figures comme à toutes les autres parties du style. […] Lisez et relisez Bossuet, ce maître incomparable : jamais son style n’a une plus exacte propriété que dans ces métaphores, ces hyperboles, ces mouvements et ces figures qui se pressent sur ses lèvres. […] Au reste, on sera peut-être moins tenté de rechercher ou d’accueillir les figures sans nécessité ou pour le pur ornement, si l’on remarque d’abord que l’emploi des figures inutiles est un des caractères de la préciosité, ensuite que le style peut être expressif, éclatant, émouvant, presque sans figures. […] En second lieu, des termes simples, exacts, nus, peuvent former un style expressif et plein, par la précision même et la netteté du sens qui résulte de leur juste emploi, quand ils sont maniés par un homme qui pense et qui sait les employer à faire penser.
Le xviie siècle, qui était un siècle beaucoup plus social qu’individuel, avait un style, comme une politesse et une étiquette. […] Excepté quatre écrivains tout au plus : La Fontaine, La Bruyère, madame de Sévigné et Saint-Simon, tout le monde écrit à peu près du même style au xviie siècle, et encore madame de Sévigné n’écrit si bien que parce qu’elle oublie d’écrire, et Saint-Simon n’a sa verve du diable que parce qu’il ferme les deux battants de son cabinet à son siècle et s’enferme tête à tête avec la postérité ! […] … La littérature implique le style et la langue. […] Ce fut un dompteur de difficultés ; seulement il ne prit pas dans ses fortes mains, qui auraient pu fermer la gueule des lions, cette petite chose ailée qu’on appelle le style, et, parce qu’il ne l’avait pas, il restera, malgré sa verve d’invention, un grand dramaturge inférieur, quelque chose comme le Shakespeare des portières. […] Il avait jusque dans le plus mauvais de son talent, laborieux et déréglé, comme dans son caractère, quelque chose de magnanime, et pourtant il ne sera point compté parmi les grands artistes ; car qui n’a pas de style doit périr.
On ne voit là aucun de ces artifices de style où ne brille que l’esprit de la personne. […] Il manque d’ailleurs au traité de Nicole l’attrait d’un style original. […] Pourquoi cette perfection de la langue générale n’est-elle pas ce style dont on a dit que seul il fait vivre les écrits ? […] Mais le style n’est original qu’à proportion de l’importance et du degré d’intérêt des idées. […] Tel est le style de Nicole, dans ce petit traité si substantiel, et tel est aussi le style de ses Essais de Morale, qu’on lirait plus s’ils étaient moins longs.
Les dates, les citations, les annotations, les textes prodigués, les commentaires intercalés, infestent le style. […] Il le dit, et en style piquant. […] Cette opposition perpétuelle du texte vrai et du texte mutilé est la meilleure leçon de style ; on y voit clairement et sans phrases ce que c’est que le génie : c’est comme si l’on comparait le tableau d’un grand maître avec le carton de ce tableau. […] Cousin s’enfonce dans ces noires galeries, il songe au retour, et d’un élan, sans qu’on s’y attende, le voilà remonté dans la philosophie, dans la haute histoire, dans le grand style, dans le monde supérieur où il eût dû toujours vivre, et qui est le seul digne de sa science et de son talent. […] Il apprit, en écoutant le langage exquis des gens de cour et des gens du monde, la différence du style enflé et du style noble, du style vague et du style élevé ; il se dépouilla d’une certaine rouille philosophique qu’il avait contractée en théologie, et comprit que, lorsqu’on faisait le portrait de personnes si élégantes et si mondaines, il ne fallait pas y apporter les habitudes philosophiques que la Sorbonne conservait dans ses argumentations d’apparat.
Je n’ai pas, en fait de style, un respect superstitieux pour la tradition. […] Sainte-Beuve, c’est l’étrangeté du style. […] Ce qui me frappe surtout dans le nouveau style de M. […] Ce style est bon à voir de loin ; il lui faut la perspective comme aux décorations d’opéra. […] Il faut donc, si l’on veut jouir du style de M.
Rivarol l’a appelé un « barbare effroyable en fait de style ». […] Mirabeau sortait d’une famille où l’on avait un style original, énergique, pittoresque, un style à la Saint-Simon, ou, pour nommer les choses comme elles le méritent, un style à la Mirabeau. […] Il commença lui-même par écrire dans ce style altier et féodal une Notice sur son aïeul, qu’il rédigea du temps de sa détention au château d’If (1774·) ; il avait vingt-cinq ans. […] Les grammaires ne donnent pas le style ; mais si Gabriel-Sophie a ton âme, elle trouvera aisément un Gabriel ; ils s’aimeront comme nous nous aimons, et je te réponds qu’elle écrira bien. […] As-tu bien le front de comparer mon style à celui de ce Rousseau, l’un des plus grands écrivains qui fut jamais ?
Un tissu d’énigmes leur serait une lecture divertissante ; et c’est une perte pour eux que ce style estropié qui les enlève soit rare, et que peu d’écrivains s’en accommodent. […] Ils ont tous deux connu la nature, avec cette différence que le premier d’un style plein et uniforme, montre tout à la fois ce qu’elle a de plus beau et de plus noble, de plus naïf et de plus simple ; il en fait la peinture ou l’histoire. […] Marot, par son tour et par son style, semble avoir écrit depuis Ronsard : il n’y a guère, entre ce premier et nous, que la différence de quelques mots. […] Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin : on lit Amyot et Coeffeteau ; lequel lit-on de leurs contemporains ? […] Dans quelques-unes de ses meilleures pièces il y a des fautes inexcusables contre les mœurs, un style de déclamateur qui arrête l’action et la fait languir ; des négligences dans les vers et dans l’expression qu’on ne peut comprendre en un si grand homme.
Espèce d’interjection qu’on n’emploie que proverbialement et dans le style très-familier. […] Transposition que de nos jours on trouverait un peu forcée, mais qui se pardonnait alors dans le style familier. […] Le beau premier, le fin premier, mots reçus dans l’ancien style pour dire simplement le premier. On le disait encore de nos jours dans le style familier. […] Et puis tout d’un coup l’amour-propre lui fait prendre le style le plus pompeux et le plus poétique.
. — Son vocabulaire, sa grammaire, son style. — Son procédé, ses mérites, ses défauts. […] La chose est visible, et du premier coup d’œil, pour la langue et le style. […] Ordonnance, suite, progrès, transitions ménagées, développement continu, tels sont les caractères de ce style. […] Voir dans le Lycée de Laharpe, après l’analyse de chaque pièce, les remarques de détail sur le style. […] Sur le caractère oratoire de ce style, cf.
Plus de style noble : « un style familier, comique, tragique, et parfois épique », toujours selon les termes de Vigny. […] Hugo ont été sauvés par le lyrisme du style. […] Mais le style est solide dans son prosaïsme, la pensée concentrée, ramassée en couplets vigoureux, en vers d’une belle venue. […] Mais le romantisme avait nettoyé la scène : unités, conventions, style, il avait tout bousculé. […] Le drame de passion rejetait le vêtement littéraire, et s’en allait chercher les scènes populaires, où le public n’a pas besoin de style.
La manie philosophique est venue renforcer la bonne opinion qu'il avoit de ses talens, & a achevé de répandre sur ses idées & sur ses expressions une morgue empesée & sentencieuse, qui défigure totalement son style. […] Ils n'offrent à l'esprit qu'un Recueil de réflexions pleines d'enflure & de phrases si peu liées les unes avec les autres, qu'on pourroit en renverser l'ordre sans déranger l'économie du style. […] Ils savent que rien n'est beau que le vrai ; que chaque chose doit être revêtue des couleurs qui lui sont propres ; que trop de faste dans le style est une preuve certaine de la stérilité de l'esprit ; que le naturel seul a droit de plaire, de saisir, de toucher. […] Selon ce Juge, aussi éclairé que délicat en matiere d'éloquence, les beautés recherchées, la fausse richesse, le brillant passager du style, bien loin de subjuguer l'ame de l'Auditeur ou du Lecteur, l'éblouissent & l'émoussent par un fade plaisir. […] On pourroit dire d'abord que c'est beaucoup pour une espece de Discours préliminaire ; mais on fait volontiers grace à cette exubérance de richesses, en faveur des jugemens, des analyses profondes, des justes critiques, des tableaux énergiques, de l'érudition choisie, & sur-tout du style moins maniéré & moins roide, qui regnent dans cette nouvelle Production.
Taine conçoit l’histoire comme Guy de Maupassant concevait le style et les descriptions. […] Il force l’expression pour donner de la couleur à son style ; surtout il répète continuellement ses idées. […] Sienkiewicz et aussi de Flaubert qui avait cette conception d’un art et d’un style marmoréen. Je m’imagine que le style n’est qu’une imitation de la parole et qu’il n’a de beauté qu’autant qu’il en garde la liberté, le mouvement, le naturel. […] Il n’imaginait pas un style, nous dit Guy de Maupassant, mais le style, c’est-à-dire une façon unique d’exprimer sa pensée.
Victor Hugo, est normale pour tous les passages où il développe quelque réflexion, et constitue le procédé de son style descriptif. […] A ces deux formes de son style, la répétition et l’image, M. […] De là, des hachures de style, l’abus de l’apostrophe, les phrases sans verbe, le style monosyllabique et sibyllin des grands passages. […] En effet, toute la richesse du style de M. […] Si ce poète simplifie la réalité, il la grossit, en vertu de cette même habitude de pensée verbale, qui a façonné son style et ses conceptions.
VII Quant au style dans lequel ces drames sont écrits, il égale et surpasse même en images, en pureté, en harmonie, tout ce que nous admirons dans les anciens et dans les modernes ; et si le mécanisme, la propriété de termes, la transparence de métaphores, l’harmonie de sons, la richesse de nuances, la pureté élégante de diction, sont les preuves sensibles de la perfection de mœurs, de civilisation et de philosophie chez un peuple, le style des poèmes et des drames de l’Inde atteste évidemment une littérature primitive idéale, ou une littérature parvenue à une perfection idéale aussi par la collaboration de siècles sans nombre ; car les langues se forment presque aussi lentement que le granit. […] Ainsi, par une analogie aussi morale que physique entre les impressions de l’œil et les impressions de l’esprit, analogie tout à fait conforme à l’harmonie que la nature a établie entre nos différents sens, et entre ces différents sens et notre âme, il y a dans cette littérature une gamme de style, comme une gamme de couleurs, et comme une gamme de sons ; en sorte que les genres de style adoptés par tel ou tel écrivain peuvent se caractériser d’un mot, en style bleu, style rouge, style rose, style jaune, style gris, comme nous caractérisons nous-mêmes, par une analogie d’une autre espèce, nos genres de style, en style élevé, style bas, style brûlant, style tempéré, tant l’esprit humain a besoin d’images pour se faire comprendre. Cette assimilation des styles aux couleurs qui impressionnent les yeux, ou aux saveurs qui impressionnent le palais, dénote dans l’Inde primitive une réflexion déjà très-exercée des choses littéraires. […] L’Inde admet également, dans la classification de ses genres de style, l’analogie empruntée aux saveurs qui flattent ou blessent le palais : ainsi, dans les écrivains indiens de cette époque, le sucre est le symbole de la douceur ; l’amertume du sel est celui de la colère. […] Nous allons l’analyser rapidement, en citant seulement les fragments caractéristiques du style de ce grand poète.
Souvent la beauté ou la nouveauté des idées couvre les vices du style. […] Le janséniste Epictète est aussi dur dans ses maximes que Plutarque dans son style. […] Appien d’Alexandrie a redit des Romains, d’un style pauvre et petit, ce que d’autres en avaient dignement écrit ; et les morceaux d’Appien de Nicomédie sur la Bithynie et autres sujets historiques particuliers, ne valent pas mieux ni pour le fonds ni pour le style. […] Il traitera de l’invention, de l’élocution ou du style, du style historique, du style oratoire, du style didactique, du style épistolaire ; des différentes parties de l’oraison, l’exorde, l’exposition, la démonstration, la réfutation, la péroraison ; du récit, du pathétique, de l’action, ou des différentes parties de la déclamation, le geste et la voix ; de la poésie dramatique, du dialogue, de la tragédie, de la comédie, du poème lyrique et du poëme pastoral, de l’élégie, de l’ode, de l’idylle, de l’épître, de la satire, de la fable, du madrigal, de la chanson ou vaudeville et de l’épigramme. […] La verve et le style dur et cahoté de Lucrèce.
Eugène Le Roy composait des œuvres auxquelles rien n’est comparable, par la sincérité ou le style. […] Pierre Louÿs, son style lucide, d’une si insaisissable fluidité lui ont valu une suite nombreuse. […] Eugène Morel doit figurer hors-pair, par sa sobriété, son impartialité, son style. […] Il a beaucoup de talent et il en aurait plus encore s’il n’obéissait pas à son style. […] La critique a été unanime à reconnaître leur originalité, et l’harmonie de leur style.
Bienfaisance, réforme, espérance, l’amour du bien, un optimisme brillant et assez aimable, ce sont les caractères moraux qui le distinguent, et le tout se traduit volontiers dans un style élégant, un peu mou et trop adouci. […] Son compagnon dressa les deux observations en style médical. […] Ce n’est pas de lui qu’on dira qu’il avait le style étranglé, comme l’appelait Voltaire. […] L’idée qu’il s’était formée du style académique a contribué à égarer Pariset et à le faire abonder dans les exagérations de sa nature. […] Au moment même où vous vous moquez des perruques, n’en mettez pas du moins à votre style.
Le coup avait été si fort, que le contrecoup lointain l’emporta jusque dans la poésie ; son récit fut un drame, presque lyrique ; son style sévère et contenu s’épancha tout d’un coup en images passionnées et pressées. […] Devant des parents et des fonctionnaires, il osa dire, en style de poëte : « Le sommet de la vie vous en dérobe le déclin ; de ses deux pentes, vous n’en connaissez qu’une, celle que vous montez. […] Cousin, comme tous les philosophes du siècle, il se tenait continuellement guindé dans le style abstrait et vague. […] Jouffroy avait trop de gravité dans le style ; à force d’être digne, il devenait monotone. […] Tout le reste est du même style.
Mais la pensée, la composition et le style sont restés à peu près invariables. […] Mais, ni par l’érudition, ni par le sens historique, ni par le don si rare de connaissance, d’expertise littéraire, ni par le prix de son style, il ne fut un grand critique. […] Pour nous, plus que la trivialité pâteuse de son style, nous déplorons le tour spécial qu’il a donné à une forme de roman, j’ai dit tout fi l’heure, admissible. […] Et cette inconsistance logique n’est pas pour attacher à un récit qui ne se sauve point par la délicatesse des détails et la magie du style. […] Que parlez-vous d’art et de style ?
La pureté du style, l’élégance des expressions n’ont pu faire des progrès après Racine et Fénelon ; mais la méthode analytique donnant plus d’indépendance à l’esprit, a porté la réflexion sur une foule d’objets nouveaux. […] L’harmonie du style en prose a fait de grands progrès ; mais cette harmonie ne doit point imiter l’effet musical des beaux vers : si l’on vouloir l’essayer, on rendrait la prose monotone, on cesserait d’être libre dans le choix de ses expressions, sans être dédommagé par la consonance de la poésie versifiée. […] Du moment où la littérature commence à se mêler d’objets sérieux ; du moment où les écrivains entrevoient l’espérance d’influer sur le sort de leurs concitoyens par le développement de quelques principes, par l’intérêt qu’ils peuvent donner à quelques vérités, le style en prose se perfectionne. […] Celui qui écrit sans avoir agi ou sans vouloir agir sur la destinée des autres, n’empreint jamais son style ni ses idées du caractère ni de la puissance de la volonté. Vers le dix-huitième siècle, quelques écrivains français ont conçu, pour la première fois, l’espérance de propager utilement leurs idées spéculatives ; leur style en a pris un accent plus mâle, leur éloquence une chaleur plus vraie.
Son style, toujours élégant et noble, s’élève au-dessus du style ordinaire de l’histoire ; mais il ne se permet nulle part ces mouvements, ces tours périodiques et harmonieux, qui semblent donner plus d’appareil aux idées et un air plus imposant au discours. […] Ainsi, sous Louis XIV on mettait un grand prix à l’éloquence ; harangue, compliment, sermon, tout ce qui appartenait ou semblait appartenir au style et aux formes oratoires, fixait l’attention. […] Sous un règne où tout avait une certaine pompe, où le souverain en imposait par la dignité, où l’admiration publique, sentiment presque habituel, devait élever les expressions comme les idées, il semble que la manière oratoire devait être plus à la mode qu’un style moins soutenu, et par conséquent moins rapproché de la dignité du maître. Placez deux orateurs, l’un à la cour d’un roi de Perse, l’autre à celle d’un roi de Sparte, il faudra que leur style soit différent. […] L’éloge funèbre des officiers est d’un genre différent : le style en est plus oratoire, et la philosophie plus forte.
Ce qui reste inaltérable, c’est le style pur et majestueux, la fraîche imagination de l’auteur. […] Le style n’en est pas seulement décharné, il est rocailleux. […] Les juges de Balzac censurent ordinairement son style. […] Ils vécurent si unis, fondant leurs styles et leurs pensées, que le public les prenait pour un seul écrivain. […] Quel style, quelle invention, quels caractères y aura-t-il que ce fleuve débordant d’encre n’inonde et ne ruine !
Son œuvre : le style. […] Le tempérament de Molière n’explique pas seul qu’il n’ait pas soumis son style au goût du grand monde : il avait d’autres raisons. Le style fin et discret ne passe guère la rampe. Le style intense, chargé, emporté de Molière, est merveilleusement efficace. […] Regnard399 est un vaudevilliste qui a du style, un Duvert qui aurait le vers de Molière.
Bignon, je crois, dont la phrase d’ailleurs, pleine et nombreuse et vraiment académique, semblait de si bon style à feu Louis XVIII. […] Saint-Marc Girardin et son style beaucoup plus leste préoccupaient aussi vivement M. […] Le pinacle, en quelque sorte, de sa construction théorique, est Buffon et son Discours sur le style. […] Nous avions cru toujours que c’était rendre plus d’hommage au grand style de Chactas, que de l’admirer plus librement. […] Un poëte de Lausanne, énumérant nos auteurs, s’est échappé à dire dans une Épître familière : Monsieur Saint-Marc au style dégagé, Monsieur Nisard au style rengorgé.
Du style des Caractères, et du jugement qu’en a porté Suard. — § VII. […] Du style des Caractères, et du jugement qu’en a porté Suard. […] Où les mots égalent les pensées, c’est le même style que celui de tous les grands écrivains du dix-septième siècle. […] « Il n’y a peut-être pas, dit Suard, une beauté de style propre à notre idiome dont on ne trouve des exemples et des modèles dans cet écrivain. » Le style de La Bruyère, toutes les fois que sa pensée est juste et relevée, ressemble au style des grands écrivains dont Suard l’a distingué. […] La Bruyère doit donc être lu avec précaution ; mais là où son style est proportionné aux choses, nul écrivain ne saurait être lu de trop près, ni trop étudié.
Je prends donc mon parti sur le style comme sur les choses. […] Son style, comme sa vie même, a contracté quelque chose des vices de sa première éducation et des mauvaises compagnies qu’il a hantées d’abord. […] Rousseau, quelque temps, a été laquais ; on s’en aperçoit à plus d’un endroit de son style. […] On a depuis renchéri sur ce style, on a cru le faire pâlir et le surpasser ; on y a certainement réussi pour quelques effets de couleurs et de sons. Toutefois, le style de Rousseau reste encore le plus sûr et le plus ferme qu’on puisse offrir en exemple dans le champ de l’innovation moderne.
. — Ce livre des Confidences, dont il s’agit, est un des livres de poésie les plus substantiels que je connaisse ; l’auteur, malgré la science qu’il déploie, habite véritablement dans sa passion ; il y est, pour ainsi dire, en plein milieu ; mais il y est tantôt dans un brouillard épais, tantôt dans un marais sans rivage, quelquefois comme enchaîné dans un bloc immense ; ce qui lui manque essentiellement, c’est le style, selon l’acception la plus large du mot, le style qui choisit, qui détermine, qui compose, qui figure et qui éclaire. […] Son œuvre, en style de lapidaire, peut assez bien se comparer à un diamant d’une bonne grosseur, d’un fort poids, d’une matière riche, mais non pas d’une belle eau ; sans transparence et sans limpidité ; avec de chauds éclairs intérieurs qui ont peine à jaillir par une surface embrouillée et grenue. […] Lefèvre est, sous ce point de vue du style, un des plus instructifs exemples à consulter ; les défauts, les taches continuelles, qui s’y allient sans remède a une inspiration toujours réelle et sincère, font bien nettement comprendre le mérite du facile et du simple les beaux vers purs, qui se détachent çà et là isolés, entretiennent ce sentiment de regret. […] L’auteur affecte le genre de Swift, de Jean-Paul surtout ; il exalte celui-ci et a le style blasonné de la sorte ; mais combien c’est pire en français ! […] Son style ressemble assez à une traduction soignée et empesée d’un bon roman d’outre-mer ; on dirait parfois d’une page de Shelley ou d’Hazlitt qu’il aimé tant à citer.
La Bruyère, dans une remarque souvent citée, a dit : « L’on écrit régulièrement depuis vingt années : l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux tours, secoué le joug du latinisme et réduit le style à la phrase purement françoise : l’on a presque retrouvé le nombre, que Malherbe et Balzac avoient les premiers rencontré, et que tant d’autres depuis eux ont laissé perdre. L’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Certes Fléchier, plus qu’aucun, avait réussi à donner ou à rendre au style toutes ces qualités requises par La Bruyère, et ce n’était pas l’esprit non plus qui lui avait manqué pour l’y ajouter insensiblement. […] Ces Mémoires de Fléchier, au pis, peuvent s’appeler une Gazette des Tribunaux de ce temps-là, avec l’avantage du style en sus, et même avec celui de la singularité des causes. […] Je pourrais ajouter plus d’une remarque de style sur cette langue à la fois si pure de source, si droite d’acceptions, et qui a pourtant bien des latitudes et des licences dans son atticisme. […] Fléchier a dit cela au sujet de Camus, évêque de Belley, qu’il lisait beaucoup ; il comparait son style spirituel et folâtre à une source abondante et mal ménagée dont le bon prélat s’amusait à faire des jets d’eau, tandis qu’on en aurait pu faire un canal charmant et utile.
Les rhéteurs seuls ont pu inventer cette platitude du vêtement et du corps, pour dire le style et la pensée. […] Pour notre part, nous ne croyons pas plus à l’écrivain sans pensée qu’au penseur sans style… Kant lui-même a du style, quand, par rareté, il a raison. […] Le style d’un homme, lorsque cet homme n’est pas assez fort pour le faire avec sa seule manière de sentir, a ses origines. […] L’origine du style de Donoso Cortès est saint Augustin dans ses Confessions. […] On s’en souvient : ils avaient, au dix-huitième siècle, mis partout leurs trois dieux, Voltaire, Rousseau et Franklin, qu’ils appelaient le Flambeau de l’humanité dans le style du temps, sérieux et comique, déclamatoire et plat.
Le style, un style unique de trait, de tour et de mouvement, — le style, cette magie d’Alcine et d’Armide ! […] Seul, Boileau, chagrin et chagrinant, avait dit de ce style que La Bruyère, en écrivant ses Caractères, s’était épargné ce qu’il y a de plus difficile, — la peine des transitions. […] Il eût fallu entrer dans le vif de ce talent, bien plus senti qu’il n’est jugé, caractériser ce prestigieux écrivain, le plus piquant du xviie siècle, qui, à force de style, s’est fait croire un grand moraliste, quoique son observation aille plus au costume qu’à la personne, à la convention sociale qu’au tréfonds de la nature humaine, — en cela inférieur à La Rochefoucauld, qui n’a pas tout dit non plus, mais qui a vu plus loin que La Bruyère dans la misère constitutive de l’homme, et, comme le Pouilleux de Murillo, a mieux écrasé notre vermine au soleil. […] Leur style est mêlé de fiel et d’absinthe.
. — Constructions insolites et néologismes J’ai eu déjà plusieurs fois occasion de parler d’une des causes les plus actives du mauvais style, l’ignorance de la langue. […] De là la monotonie et la sécheresse du style, lorsqu’on veut mettre ses idées par écrit ; de là, lorsqu’on veut faire un effort de pensée, de sentiment, d’expression, l’emploi de tours incorrects, de mots barbares ; de là la création de tours et de mots nouveaux, que l’usage n’autorise pas. […] Ce style plaît, et touche fortement, parce qu’il est à la mode, et parce qu’on sort à peine de la grande rhétorique, des périodes artistement combinées, majestueusement développées, de la phrase ample et oratoire que Rousseau et Chateaubriand avaient su plier à l’expression du pathétique et du pittoresque, et que les plus illustres romantiques ont si adroitement, si puissamment maniée. Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative. […] « Quiconque veut se faire un style durable, disait très bien Joubert, ne doit en user qu’avec une extrême sobriété. » C’est dans la langue commune, héréditaire, vraiment nationale, langue de nos pères qui sera la langue de nos fils, dans cette partie immuable du vocabulaire que Pascal a transmise à Racine et que Voltaire a livrée à Chateaubriand, qu’il faut chercher les expressions qui rendent nos idées.
Il est fâcheux, après cela, que la monotonie trop continue du style, qu’une narration lente & trop timide, affoiblissent, en quelque sorte, aux yeux des Lecteurs délicats, le mérite de cet excellent Ouvrage. […] Ils ont été imprimés séparément, & on peut les regarder comme des chef-d’œuvres de raison, de critique, de style, par la pureté, la précision, la force & l’élégance qui y regnent. […] Si M. l’Abbé Ducreux, Auteur des Siecles Chrétiens, avoit un style moins inégal, ce seroit à lui qu’il appartiendroit de continuer cette Histoire, puisqu’au style près, ses Siecles Chrétiens annoncent toutes les qualités qu’on exige dans un Historien de l’Eglise.
Il n’a pas eu le même succès lorsqu’il a voulu écrire en François ; ses différentes Traductions, ainsi que ses Vies des Poëtes Grecs, sont d’un style pesant, inexact, & trop sec. […] La Fable en est romanesque ; point de vraisemblance dans les incidens, des situations forcées, des caracteres peu prononcés ou peu soutenus, des Scènes assez théatrales, des mouvemens très-pathétiques, un style assez noble & quelquefois élégant, voilà ce qu’elle offre à la critique & à l’éloge. […] L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet. […] Trop de penchant à mettre de l’esprit dans ses pensées, trop d’affectation dans la symétrie du style, trop de goût pour les antithèses, ne pourroient produire & n’ont peut-être déjà que trop produit de mauvaises copies, parce qu’il est plus facile d’imiter l’esprit des grands Orateurs, que leur génie.
Les Lettres du Chevalier d’Her*** sont aujourd’hui regardées, avec raison, comme l’antipode du style épistolaire. […] Le talent particulier qu’il a eu de mettre à la portée de tout le monde les matieres les plus abstraites, de revêtir de la clarté & des agrémens du style les sujets les plus ingrats ; de répandre dans ses Ouvrages les connoissances les plus étendues sans affectation, avec ordre & dans la plus grande précision ; de dominer, par l’aisance de son esprit, tout ce qui se présentoit sous sa plume, dans les genres les plus opposés & les plus difficiles ; lui assure la gloire d’une intelligence prompte, fine, profonde, & celle du mérite rare d’avoir su communiquer aux autres, sans effort, ce qui paroissoit, avant lui, au dessus de la pénétration du commun des Lecteurs. […] Il étoit Philosophe dans toute l’étendue du terme, & cependant il fut toujours éloigné de ce ton dogmatique, de ce style avantageux, de cet orgueil apprêté, de cette aigreur de ressentiment, de cette intolérance presque fanatique, qui fait le caractere dominant de ceux qui ne sont Philosophes que dans le sens actuel. […] La finesse, les graces, l’abus de l’imagination, la subtilité de l’esprit dans le style : le même esprit doué de la plus grande pénétration, étincelant des plus vives lumieres, enrichi des plus vastes connoissances ; tels sont les défauts & les qualités qui fixeront le jugement qu’on doit porter de M. de Fontenelle, comme Littérateur & comme Philosophe.
D’ailleurs, quelque vivante que soit notre Langue pour la plupart de nos mauvais Ecrivains, le grand usage qu’ils sont à portée d’en avoir a-t-il pu les garantir des vices du style & de la médiocrité qui caractérise toutes leurs Productions ? […] De plus, n’avons-nous pas vu paroître dans notre Siecle des Ouvrages agréablement écrits en style marotique, & même dans le style des treizieme & quatorzieme Siecles, quoique les façons de s’exprimer d’alors soient, pour ainsi dire, totalement étrangeres & mortes pour nous ? […] Ses Réflexions sur l’Eloquence, celles sur la Poésie, ses Instructions pour l’Histoire sur-tout, sont des Productions didactiques aussi distinguées par la précision & la netteté du style, que par la sagacité des observations & la solidité des préceptes.
La diction de tout l’ouvrage est digne d’un Académicien, pure & concise, mais moins élégante, moins coulante, moins douce que celle de Rollin ; & il regne dans le style un certain ton métaphysique qui y répand un peu de sécheresse. […] Le public a vu avec plaisir les préceptes de nos plus grands maîtres réunis dans un seul corps d’ouvrage ; & comme on n’a pas touché au style des morceaux qu’on a rassemblés, il y a de la variété dans chaque chapitre. […] Le style n’est pas d’ailleurs entiérement exempt de néologisme & d’affectation. […] Il y a dans cet ouvrage de la netteté, de la précision, & le style est d’un Ecrivain exercé.
Le style est l’homme même et l’autre formule, de Hello, le style est inviolable, disent une seule chose : le style est aussi personnel que la couleur des yeux ou le son de la voix. […] Il s’agit du style : c’est demander si M. […] Albalat les supprime excellemment ; il juge avec raison qu’il n’y a que deux sortes de style : le style banal et le style original. […] À propos du style politique, M. […] Bon ou mauvais, le style ne se corrige pas : le style est inviolable.
Style et éloquence de Calvin. […] Personne, ni même Calvin, n’aurait pu en 1540 écrire de ce style en français, sans s’assurer le secours du latin. […] C’est pourtant Bossuet qui a dit : « Calvin a le style triste ». […] La chose se voit moins dans l’Institution, où le style a retenu de la hauteur et de la noblesse de la phrase latine. […] Calviu est bien l’auteur de la version de 1560 ; mais vingt ans de prédication improvisée ont donné à son style une fluidité molle et prolixe qui est bien inférieure à la rudesse de la traduction de 1541.
De ce four, pour nous servir de ce terme assez plaisant, sont sortis différens Ouvrages, tous marqués au même défaut de coction & de maturité : des Héroïdes, qui, avec de l’aisance & de la douceur, manquoient absolument de cette énergie, de cette chaleur, de cette variété, de ces mouvemens qui font vivre le style & annoncent le Poëte vivant : des Poëmes, des Odes, des Epîtres, sans verve, sans goût, & dont l’unique effet a été de faire partager la honte de leur médiocrité aux Académiciens qui ont couronné plusieurs de ces Pieces : des Tragédies, qui, à l’exception de Warwick, ne s’élevent pas au dessus des Productions scholastiques ; & encore sur ce Warwick, M. de la Harpe peut-il dire, mille bruits en courent à ma honte. […] Outre que le style en est communément froid & compassé, les pensées en sont triviales ou peu justes, & ne sont point liées ensemble. […] Qui pourroit n’être pas révolté de le voir recueillir soigneusement les éloges qu’il a reçus de M. de Voltaire dans des Lettres particulieres ; de lui entendre répéter, au sujet de son Eloge de Fénélon, que c’est-là le style des Grands Maîtres , que c’est le Génie du grand Siecle passé, fondu dans la Philosophie du Siecle présent ; &, au sujet de sa Mélanie, que l’Europe attendoit cette Piece avec impatience ? […] C’est pourquoi nous avertirons M. de la Harpe de s’attacher plus qu’il n’a fait à renforcer & égayer son style, à enrichir & à déniaiser son érudition, à aiguiser & à dégauchir son discernement ; d’être plus adroit, lorsqu’il voudra louer ses propres Ouvrages ; de ne pas se trahir, en affectant pour les autres le mépris qu’on a tort, sans doute, d’avoir pour lui ; enfin, de ne pas confondre, pour son repos, le langage d’une juste censure, avec celui de la jalousie. […] La correction du style peut-elle racheter les défauts de l’intrigue & des caracteres ?
Le style est excellent, les ménagements infinis, les gestes parfaits, les habits de la bonne faiseuse ; mais on n’a rien dit, et pour toute action on a fait antichambre. […] Cette passion ôte au style toute pudeur. […] Il note les émotions comme elles viennent, violemment, puisqu’elles sont violentes, et que, l’occupant tout entier, elles lui bouchent les oreilles contre les réclamations du bon style et du discours régulier. […] Il y gagne la force ; car il y prend le droit d’aller jusqu’au bout de sa sensation, d’égaler les mouvements de son style aux mouvements de son cœur, de ne ménager rien, de risquer tout. […] Ce style bizarre, excessif, incohérent, surchargé, est celui de la nature elle-même ; nul n’est plus utile pour l’histoire de l’âme ; il est la notation littéraire et spontanée des sensations.
Pas une dissonance de style ne rompt dans la suite la tonalité de ces débuts-thèmes. […] Elle a causé ce style rigide, riche et sombre comme une pesante draperie de soie, sans exemple dans la prose anglaise. […] Les descriptions montrent des choses et des scènes fictives ; le style se déroule en formes multiples, volontairement adapté aux émotions que le conteur veut suggérer. […] Les sombres allégories du Palais hanté, du Ver conquérant, de la Cité en la Mer voilent les images de la Folie, de la Mort, du Jugement dernier, sous la noire dentelle de leur style. […] L’originalité et l’horreur dans l’imagination de Poe, son amour de l’artifice dans le style, les plans, la brièveté, l’analyse, sont irréductibles.
Mais le caractère de mon style, étant le mouvement, la chaleur et l’improvisation, ne comporte pas ces perfections élégantes et ce poli des surfaces qui, dans les styles vraiment classiques, sont l’œuvre du temps. […] C’est donc au public et non à moi de caractériser le style des Girondins. […] Le style doit-il procéder autrement ? […] Cela ne prouve pas que ce livre a du style, mais cela fait présumer qu’il a de la vie. […] Marat en était la rage ; il avait les soubresauts de la brute dans la pensée, et les grincements dans le style.
La poésie ne dure que par le style et par la raison. […] La poésie peut exister en puissance indépendamment du style, mais pour se réaliser dans une œuvre d’art elle a besoin d’une certaine forme, elle vit dans une étroite dépendance du style ; dès qu’elle sort de l’âme pour se manifester, le style en devient une face si importante, que l’on peut expliquer, par cette importance de la forme, l’erreur de ceux qui n’admettent entre la poésie et la prose d’autre distinction que celle du style. […] Qu’est-ce que le style ? […] Le style est autre chose que la langue ; la langue appartient à tous, le style est personnel ; la fameuse définition de Buffon, « le style c’est l’homme même », nous présente le style comme le côté de l’œuvre qui exprime l’individualité de l’écrivain. […] Lequel a dominé au dix-huitième siècle de ces deux éléments du style ?
Bourbon, homme fort savant, qu’il avait appris de lui à juger du mérite des auteurs, à distinguer les styles et les caractères, à faire la différence entre le bien et ce qui n’en est que l’apparence. […] C’est dans ce style majestueux que Balzac s’en plaint à Ménandre (Costar ou Chapelain), et qu’il fait intervenir les desseins secrets de la Providence dans l’histoire de sa vanité blessée. […] Quand l’ouvrage parut, la Sorbonne en approuva solennellement « le style relevé, les paroles choisies, l’éloquence vraiment chrétienne. » Le public resta froid. […] Où Balzac déploie tout l’appareil oratoire, Pascal ne mettra que le style vif de la conversation, sans chercher l’éloquence, et sans l’éviter. […] Les lettres de Goulu sont d’un bon style.
Mais en passant à l’état de style et de poésie proprement dite, elles ont subi le plus souvent d’étranges violences. […] L’harmonie du style est soutenue dans M. […] Hugo l’incorrection et les licences du style. Son style pourtant ne blesse jamais la grammaire ni le vocabulaire de la langue, et ne présente ni mots ni tours inusités. […] Des fautes de langage ne rendront jamais une pensée ; et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat. » Quant à la composition même de ses odes et à l’invention lyrique, que M.
Ce fut le sabbat du style. […] Ainsi pour le style de M. […] Puis, votre style ! […] mon style manque de gravité ? […] Indigence absolue de style et d’idées.
Ces Histoires particulieres sont intéressantes par le plan, la méthode, les agrémens & la pureté du style ; l’Historien n’est blâmable que d’y avoir hasardé quelques anecdotes dont on a reconnu la fausseté. […] Il s’étoit sans doute trop familiarisé avec le style romanesque, en écrivant sa propre Histoire, sous le nom de la Comtesse des Barres, pour éviter ce défaut dans des occasions plus importantes. Le style de son Histoire de l’Eglise est fort au dessous de la gravité du sujet ; les récits qu’il y fait entrer, la déparent entiérement.
Il a pourtant raison sur un point : c’est que les critiques s’en prenaient uniquement à son style, quand c’était en réalité sa pensée qui était en cause. […] Par exemple, quand La Rochefoucauld dit : « L’esprit est souvent la dupe du cœur », ne serait-il pas accusé de style précieux s’il avait écrit de nos jours ? […] « Qu’on me trouve un auteur célèbre qui ait approfondi l’âme, et qui, dans les peintures qu’il fait de nous et de nos passions, n’ait pas le style un peu singulier ? […] Ce n’est point par le style qu’il pèche ; à la bonne heure ! […] Dès la première phrase, Marianne, qui prend la plume, se fait prier et craint de gâter son histoire en l’écrivant : « Car où voulez-vous que je prenne un style ?
Il s’est fait le défenseur de la liberté des mœurs et de celle du style. […] Écrivain de bon ton, de si bon ton, il écrit un style pur, immaculé, virginal, que ne pollue aucun contact, un style propre, repassé, glacé, qui, en souvenir de Bourget, se fait blanchir à Londres — ou à Genève… M. […] Ernest-Charles est admirable c’est lorsqu’il parle de la langue française et lorsqu’il découvre une œuvre étrangère proclamant la précellence de notre langue, lorsqu’il combat le style trop hâtif. […] Son style est concis et son accent vif. […] La lucidité un peu vide de sa critique, son ardente bonne volonté, des facultés d’enthousiasme intelligent, un style clair, vivant n’ont pas empêché M.
Et véritablement celui-ci a su dominer, par la supériorité de son esprit, les matieres les plus ingrates, & répandre sur les plus abstraites la clarté & les agrémens du style ; tandis que M. de Condorcet n’offre, dans les sujets les plus faciles, qu’un style aride, sentencieux, plein de morgue, & dépourvu de toute espece d’intérêt. […] Quand on s’exprime avec cette élégance & cette politesse, n’est-on pas bien autorisé à dire que les Trois Siecles sont écrits d’un style de laquais ? […] Thomas, Marmontel, Saint-Lambert, & plusieurs autres illustres dont la Philosophie s’honore ; il prétend de l’autre, que j’ai beaucoup trop loué Jacques Abadie, qu’il traite de déclamateur qu’on ne peut lire ; M. l’Abbé de la Bletterie, dont il trouve le style ridicule ; M.
S’il n’y a pas de la finesse dans ses éloges & dans ses critiques, il y a du moins de la simplicité & du naturel dans son style. […] Ce recueil a voûté des recherches pénibles ; & le style s’en ressent un peu. […] Le style est en général pur, net & précis ; mais on y désire plus de finesse & d’énergie. […] Il y a des vues & du style.
Après avoir lu le consciencieux article qu’il a bien voulu consacrer à mon Travail du style, j’ai lieu de me féliciter que mes théories ne l’aient point tout à fait courroucé, et je suis encore en doute si, au fond, il n’y est pas pleinement converti. […] Ernest Charles est plus clairvoyant, quand il dit à propos de notre dernier volume, le Travail du style. « Ce livre ne nous enseigne pas le style ni le moyen de nous en procurer par le travail, mais il déroule les efforts héroïques des écrivains passés. » C’est cela même : Exposer les exemples de travail des grands écrivains et tirer des leçons de leurs refontes et de leurs ratures ; tel est le but. […] Nous avons rnême affirmé (Travail du style, p. 11) qu’il faut avoir du talent et être déjà écrivain pour refondre et se corriger). « M.
Il est à croire que la maturité de l’âge eût corrigé en lui quelques défauts de style, & une certaine affectation de pointes que le bon goût réprouve. […] Il a su donner à chacun de ses sujets, avec autant de jugement que de grace, la vraie tournure du style qui leur convenoit, & le Lecteur délicat ne s’apperçoit pas que ce soient des Productions de Collége. […] L’Histoire de la Conquête d’Angleterre par Guillaume Duc de Normandie, celle de Philippe - Auguste & celle de Charles VIII, satisferont toujours les Lecteurs, pourvu qu’on n’y exige autre chose que tout ce qu’on peut trouver dans les autres Historiens, & qu’on fasse grace à la diffusion du style, en faveur de l’intérêt que l’Auteur a répandu dans sa maniere d’écrire & de présenter les événemens.
Il l’a depuis étendu & comme refondu pour en faire sa grande histoire, où l’on ne sçait ce que l’on doit le plus admirer de l’érudition, de la netteté, & de l’ordre dans lequel les matieres sont traitées, & de la solidité de jugement, ou des graces du style de l’auteur. […] in-12., est curieuse ; mais le style n’est pas toujours pur, & il s’éloigne souvent du simple & du naturel. […] in-12. : production immortelle, malgré un grand nombre d’erreurs, écrite d’un style enchanteur, & d’autant plus admirable, que les matieres qu’il traitoit sont plus séches. […] Il y a aussi beaucoup à profiter dans la lecture des Mêlanges de M. d’Alembert : philosophe profond qui a toute la finesse de Fontenelle, toutes ses connoissances & une force de style que Fontenelle n’avoit point. […] On peut assurer que l’auteur y a fort bien analysé ses idées ; son livre est méthodique, instructif, suffisamment orné de figures & du style le plus analogue au sujet.
Buffon était un athlète, mais son style ne le dit pas. […] Mais je ne puis accepter, sous le couvert de la physiologie, l’abus continuel de cette qualité, ce style si souvent chatouilleux et dissolvant, énervé, rosé, et veiné de toutes les teintes, ce style d’une corruption délicieuse, tout asiatique comme disaient nos maîtres, plus brisé par places et plus amolli que le corps d’un mime antique. […] Il y a trois choses à considérer dans un roman : les caractères, l’action, le style. […] Quant au style, il l’a fin, subtil, courant, pittoresque, sans analogie aucune avec la tradition. […] Quant au style, c’est chez elle un don de première qualité et de première trempe.
Le style est le côté faible du talent d’Henry Murger. […] Chacun se forge une définition à soi, un sens à son usage exclusif. — Je viens d’écrire : « Le style est le côté faible, etc. » Eh bien ! me voilà forcé d’expliquer ce que j’entends par le style. […] Et je le trouve fort conséquent, quoi qu’on dise, d’aimer d’un amour égal Ingres et Delacroix : l’homme de style explique parfaitement le critique d’art. […] … Ce détail me paraît horriblement poétique… Il me semble que ce style est trop net, trop châtié… (Avec un soupir.
Le style qui ressemblera le plus à celui de Nicole, « un style grave, sérieux, scrupuleux », ce sera le style du père Bourdaloue. […] et puis vous avez d’autres qualités, mais vous n’avez pas pour vous ce style, le style abondant, fluide, et enveloppant du Père Malebranche. […] Si le style de Descartes mérite les éloges qu’on en fait quelquefois ? […] Weiss dans son Éloge de Regnard] ; — il est « vivant », ce qui le distingue du style de Boileau, lequel, bien que coulant de la même veine, demeure cependant « livresque » ; — enfin, et comme étant constamment prosaïque, ce qui le distingue du style de La Fontaine, le style de Molière est éminemment réaliste ou « naturaliste ». […] Mesnard, Étude sur le style de Racine]. — Autres qualités du style de Racine ; — harmonie, mouvement, couleur, plasticité [Cf.
Son style redevient oratoire. […] Le style de Zola est vulgaire. […] Enfin, il y a son style, l’incantation de son style. […] Comme Zola, il se crée un style — un style passe-partout qu’il appliquera un peu à la grosse. […] Et alors, le style de Proust ?
Ce style a reparu sur le théâtre même, où Molière l’avait si bien tourné en ridicule. […] Le style du Cocu imaginaire l’emporte beaucoup sur celui de ses premières pièces en vers ; on y trouve bien moins de fautes de langage. […] Le style de Térence est pur, sentencieux, mais un peu froid ; comme César, qui excellait en tout, le lui a reproché. […] Quiconque lit, doit sentir ces beautés, lesquelles même, toutes grandes qu’elles sont, ne seraient rien sans le style. […] Mais si l’on veut connaître la différence du style de Plaute et du style de Molière, qu’on voie les portraits que chacun fait de son Avare.
Il a cultivé différentes branches de la Littérature ; & ses Productions, soit didactiques, soit historiques, soit morales, annoncent en général l’homme instruit, l’observateur éclairé qui connoît les hommes, & sait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur sont propres ; mais trop de diffusion, quelquefois de la sécheresse, & assez souvent un ton peu naturel, défigurent son style, & l’excluent du nombre des bons Ecrivains. […] Quant à ses petites Poésies, elles seroient plus piquantes, si les apostrophes & les exclamations n’y étoient pas trop répétées, si le style en étoit aussi doux & aussi moëlleux, que la versification en est vive & serrée. […] Outre que le plan en est défectueux & la marche de l’Histoire trop lente, trop méthodique, le style en est communément sec & monotone.
De tous les Ministres Protestans, de l’autre Siecle, qui ont écrit chez l’Etranger, il est celui dont le style est le plus pur & le plus modéré. […] Ces Histoires sont écrites d’ailleurs d’un style, tantôt simple & tantôt noble, tantôt grave & tantôt rapide, selon la différence des objets qui se présentent. […] Alletz, principalement, offre une bigarrure de style qui déplaît, par la différence qui se trouve entre un article & un autre article, soit pour le ton, soit pour l’expression.
Je n’ignore pas, Monsieur, ce que cette alliance avec le Réalisme peut avoir de pénible et de douloureux pour un écrivain d’un style pur, pour un ancien élève de l’École normale. […] Certes, il ne peut trouver mauvais que vous l’appeliez le père du « bon style » et que vous invitiez la jeunesse littéraire à venir faire ses dévotions sur sa tombe. […] Gautier, qui n’a certes aucune parenté de style avec M. […] ces gens-là, tout le monde vous les abandonne ; fustigez les paillasses du Romantisme tant que vous voudrez, personne ne s’y oppose ; mais ne concluez pas de leurs pantalonnades de style au principe mauvais et à l’abolition urgente du Romantisme ! […] Entre autres monstruosités, vous y verrez ceci : « Le style n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. » Et encore : « Traitez votre pensée comme Dieu traite ses montagnes, — du granit dessous, des fleurs dessus (pages 92 et 95). » La doctrine romantique sur l’idée et le style est tout entière dans ces deux lignes.
Les lettres de ses personnages sont telles que ceux-ci les eussent écrites, peu de composition, peu de style. […] Nul doute qu’Hervieu n’ait dû se forcer pour descendre à leur style, mais il y est exactement parvenu. […] Hervieu troquait sa manière coulante, son style d’esprit et sa fantaisie contre une écriture voulue plus mâle et plus magistrale. […] J’entends que sa plus rare qualité est peut-être la vertu de son style, sans lointain ni recul, immédiat, perpétuel présent d’indicatif, qui ne fait ni ne demandé crédit. Et vous entendez aussi que la vertu de ce style correct, précis, clair comme du La Bruyère, n’est rien auprès du genre de mérite intellectuel, de netteté, de sûreté et d’économie dont cette écriture même est le signe tangible.
Scudo est ce qu’on appelle, en style de presse « une autorité musicale ». […] Son style n’a pas de sexe avec les œuvres qu’il lui arrive de fêter le plus. […] En admettant les idées de l’écrivain en matière de style (et j’en suis à cent lieues !) […] Veuillot n’use pas son style à ces sornettes. […] Il a la grâce, il a la force, il a le cœur, il a le style.
Art et style de Pascal. — 5. […] Le style des Pensées : abstraction et réalité, raisonnement et poésie. […] Je ne sais pas de style qui ait plus de pénétration à la fois et d’envolée. […] J’aurais à parler maintenant du style de Pascal : il faut être, a-t-il dit quelque part, « pyrrhonien, géomètre, chrétien » ; et son style, comme son génie, est tout cela, et tire ses qualités de cette triple essence : une analyse aiguë, un raisonnement puissant, une dévotion passionnée, voilà les éléments qui s’amalgament étrangement et font le style le plus fort, le plus suggestif, et le plus séduisant qu’il y ait. […] Ce style de savant est un style de poète.
Il est vrai que le souvenir de leur sexe peut également se retourner contre elles… En somme, soit que l’idée d’un autre charme que celui de leur style agisse sur nous, soit qu’au contraire l’effort de leur art et de leur pensée nous semble attenter aux privilèges virils, il est à craindre que nous ne les jugions avec un peu de faveur ou de prévention, qu’elles ne nous plaisent à trop peu de frais dans les genres pour lesquels elles nous semblent nées (lettres, mémoires, ouvrages d’éducation), et qu’elles n’aient, en revanche, trop de peine à nous agréer dans les genres que nous considérons comme notre domaine propre (poésie, histoire, critique, philosophie). […] Et ce n’est ni par une finesse ni par un éclat extraordinaire, ni par la perfection plastique que votre style se recommande, mais par des qualités qui semblent encore tenir de la bonté et lui être parentes ; car il est ample, aisé, généreux, et nul mot ne semble mieux fait pour le caractériser que ce mot des anciens : lactea ubertas, « une abondance de lait », un ruissellement copieux et bienfaisant de mamelle nourricière, ô douce Io du roman contemporain ! […] Et voici, je crois, une question qui se rattache à celle-là et qui, si elle peut être résolue, doit l’être de la même façon : pourquoi, à considérer l’ensemble de notre littérature, les femmes sont-elles restées sensiblement en deçà des hommes dans l’art de colorer le style ou de le ciseler et d’évoquer par des mots des sensations vives et des images précises ? […] Et pourquoi tous les progrès du style pittoresque et plastique se sont-ils accomplis en dehors d’elles, par J. […] Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle.
Le meilleur Ouvrage de l'Abbé de Vertot est, sans contredit, l'Histoire des Révolutions Romaines ; le style en est noble, élégant ; la narration rapide, & pleine de chaleur ; les portraits en sont intéressans, quoique tracés, la plupart, d'imagination ; les réflexions, naturelles, mais peu profondes. […] La négligence du style, en plusieurs endroits, fait assez sentir que son Auteur n'étoit pas fait pour les Ouvrages de longue haleine. On se souvient de cette Anecdote, qui prouve si fort combien l'Abbé de Vertot étoit peu scrupuleux sur la vérité des circonstances, quand la fiction pouvoit contribuer à l'agrément de son style.
Grâce au style, elle devient agréable. — Deux assaisonnements particuliers au xviiie siècle, la gravelure et la plaisanterie. […] Aucun des dons par lesquels on peut frapper et retenir l’attention ne manque à ce style, ni l’imagination grandiose, ni le sentiment profond, ni la vivacité du trait, ni la délicatesse des nuances, ni la précision vigoureuse, ni la grâce enjouée, ni le burlesque imprévu, ni la variété de la mise en scène. […] Enfin, sauf dans les Confessions, son style nous fatigue vite ; il est trop étudié, incessamment tendu. […] Au dix-huitième siècle, il en était autrement, et, pour tout écrivain, ce style oratoire était justement le costume de cérémonie, l’habit habillé qu’il fallait endosser pour être admis dans la compagnie des honnêtes gens. […] — Remarquez les phrases toutes faites, le style d’auteur habituel aux enfants, dans Berquin et Mme de Genlis.
De là ce mot qui définit seul la littérature française : la France n’a pas un caractère, elle en a plusieurs ; la France n’a pas un style, elle en a mille ; de là aussi sa puissance sur l’esprit humain, l’universalité. […] Il ne donna pas de chef-d’œuvre littéraire à la langue, excepté dans le badinage, mais il lui donna la liberté de style, et avec la liberté, dix langues pour une. […] Les styles pesants sont le témoignage des esprits lourds qui ne peuvent se débarrasser de la lourdeur des mots. […] C’est le style éloquent dans l’acception la plus haute du mot. […] Ce style, c’est l’éloquence parlée par la page muette ; c’est la plume prenant la voix.
Si les mots suivants ont la même vertu, le style est comme un flambeau qui, promené successivement devant toutes les parties d’une grande toile, fait passer devant nos yeux une suite de figures lumineuses, chacune accompagnée par le groupe vague des formes qui l’entourent et sur lesquelles la clarté principale a égaré quelques rayons. […] Il n’ose être sincère, montrer la chose toute nue, parler sans apprêt, en bonhomme, retomber du haut du style passionné dans les petites idées communes qui viennent ensuite. […] Il n’a point suivi « les beaux esprits » qui poursuivaient l’élégance à tout prix, et faisaient mourir leurs héros en style académique. […] Il a aimé le rythme vrai, comme tout à l’heure le style vrai ; il a été artiste jusqu’au fond, dans la versification, comme dans le dictionnaire ; il n’a songé qu’à rendre son idée sensible, et il a eu raison, car c’est la meilleure moitié de l’art. […] Ces mots si particuliers et si pittoresques, ces tournures si simples, ce mètre si imitatif et si varié, cette exacte imitation de la nature n’ôtent pas à son style la liaison et l’unité, qui rendent l’art supérieur à la nature.
Il se voit quelques disparates dans ce premier pamphlet de Courier, un peu de mélange encore de ce style qui veut être tout simple, abrupt et d’un rustique raffiné, avec la phrase réputée élégante et harmonieuse. […] « Toujours le style te démange », a dit le vieux Joachim Du Bellay. […] Son style est un combiné de tous ces styles ; c’est de l’Amyot plus court, plus bref et plus aiguisé ; c’est du Montaigne moins éclatant et plus assoupli. […] Cette légère incohérence du rôle, et que toute l’habileté du jeu ne saurait couvrir, se retrouve un peu dans l’expression même, qui reste sensiblement artificielle et sans une complète fusion ; style de campagnard manié par un docte. […] Sa traduction peut paraître très exacte, et fidèlement calquée sur l’original, mais par cela même que c’est si exact, et en ce style vieilli après coup, il s’y répand et il y règne un air de parodie.
Il est fort facile et fort vrai de dire que La Fontaine se pénétra du style de Marot, de Rabelais, et le reproduisit avec originalité ; mais de Marot et de Rabelais à La Fontaine il n’y a pas moins de cent ans d’intervalle ; et, quelque vive sympathie de talent et de goût qu’on suppose entre eux et lui, une si parfaite et si naturelle analogie de manière, à cette longue distance, a besoin d’explication, bien loin d’en pouvoir servir. […] Marot, le premier, en disciple reconnaissant et respectueux, voulut sauver de l’oubli quelques-uns de ceux qu’il appelait ses maîtres : il restaura à grand’peine et publia Villon ; il donna une édition du Roman de la Rose, dont il rajeunit, comme il put, le style. […] Il y avait quatre-vingts ans environ que le sonnet italien avait détrôné le rondeau gaulois, les ballades et les chants royaux : Voiture, Sarasin, Benserade, y revinrent, et cherchèrent de plus à reproduire le style des maîtres du genre. […] De tant de richesses amassées au jour le jour, sans efforts et sans dessein, déposées et fondues ensemble dans le naturel le plus heureux du monde, s’était formé avec l’âge cet inimitable style, à la fois trop complexe et trop simple pour être défini, et qu’on caractérise en l’appelant celui de La Fontaine. Que Boileau n’ait pas rougi d’avancer (comme Monchesnay et Louis Racine l’assurent) que ce style n’appartient pas en propre à La Fontaine, et n’est qu’un emprunt de Marot et de Rabelais, nous répugnons à le croire ; ou, s’il l’a dit en un instant d’humeur, il ne le pensait pas.
Encore Béranger n’a-t-il qu’un style travaillé et factice. […] Molière, trop pressé, forcé de se plier au ton convenable, gêné par l’alexandrin monotone, n’a pas toujours atteint le style naturel. […] Même en ses polissonneries il se préservait de tout mot grossier, il gardait le style de la bonne compagnie. […] Le même homme persifle en gamin les petites gens qu’on foule, et dans le Paysan du Danube atteint le style d’un Démosthènes, pour invectiver contre les tyrans. […] De là le charme de son style.
Ils ont séduit la gloire par le style et ils l’ont trompée. Otez le style, que reste-t-il de ces grands hommes ? […] Granier de Cassagnac l’avait attaquée dans un livre que tout le monde a lu et où elle était abordée avec l’audace d’aperçus et le grand style qu’on lui connaît. […] Son style, de tournure pédantesque où le je, haï de Pascal, tient une place énorme ; son style, nombreux et fade, n’a guères que la clarté de ses embarras et la gravité de son vide. […] Il n’a pas le style qui fait pardonner tant de choses, et, par-dessus tout cela, il est ennuyeux.
Dans les Ouvrages de prose, le style étoit l’objet dont on s’embarrassoit le moins : pourvu que l’expression ne fût point barbare, qu’elle rendît la pensée de l’Auteur, on croyoit avoir le talent d’écrire. […] Il a enrichi la langue à la vérité, il l’a anoblie, il l’a subjuguée ; mais la recherche déplacée de son style le rend boursoufflé ; la magnificence de l’expression le rend forcé & gigantesque ; la délicatesse des tours le rend affecté ; l’usage immodéré des figures le rend ridicule ; enfin son affectation continue d’élégance & de noblesse, dans les choses qui en exigent le moins, le rend souvent absurde & pénible à la lecture. […] Les réflexions excellentes répandues dans ce dernier Ouvrage, les sages préceptes de morale & de politique, les exemples bien choisis y peuvent faire oublier les fautes du style, & fournir des instructions à ceux qui voudront instruire les autres.
Le style de la Bruyere sera toujours un style original. […] D’ailleurs la perfection du discours exige de la liaison dans les idées, de la variété dans les tours, de l’harmonie dans le style ; & si on eût été convaincu de cette vérité, nous n’aurions pas tant de Penseurs, dont les plus longs Ouvrages peuvent se réduire en morceaux détachés, qu’il est facile de transposer à son gré, sans rien déranger de l’économie du discours, précisément parce qu’il n’y a aucune économie.
Tout est digne d’éloge dans cet Ouvrage, plan habilement dessiné, distribution des matieres rangées avec méthode, principes établis avec clarté, raisonnemens déduits avec justesse & fortement enchaînés, style simple, lumineux & toujours soutenu. […] C’est cette inaction du cœur qui donne au style de ce Moraliste de la froideur & de la sécheresse, quoiqu’il offre assez constamment de la pureté, de l’élégance, & de la clarté. […] Ces Productions polémiques, fruit de l’esprit de parti qui égare le jugement & aigrit le style, tendent naturellement à l’oubli ; à plus forte raison, quand elles ne consistent que dans des discussions dépourvues de justice, d’exactitude & d’éloquence.
Il faut le louer aussi d’avoir donné le premier l’exemple d’un style simple et utile, le style des affaires. Je vois bien que ce style a été employé de nos jours avec avantage. […] Mais enfin, s’il y a quelque part un bon style de tragédie philosophique, c’est celui-là. […] C’est ce qu’on appelle, en style parlementaire, une majorité de coalition. […] Plus loin, vous comparez le style de ce conseiller de Louis XI à celui de M.
Qu’est-ce que le style ? […] Il n’est pas absolument nécessaire qu’un grand homme qui a un style écrive toujours bien ; car bien écrire et avoir un style sont deux choses. […] Esterhazy a un style. […] X… se distingue par le style qu’il a ou, plus exactement, parce qu’il n’a pas de style. […] Le style et l’application au style sont une preuve de médiocrité intellectuelle des écrivains.
Elle avait raison, et ce style est exquis de naturel — de naturel laborieusement exprimé, mais enfin de naturel effectivement réalisé. C’est la perfection — pour la première fois manifestée — du style mondain, point artiste, qui tire toute sa valeur de ses propriétés intelligibles. […] La délicatesse de la culture mondaine affine l’esprit et le style des auteurs, et de là vient, avec la richesse du genre, l’agrément des œuvres : il en est peu que la forme au moins ne fasse lire ; et beaucoup sont vraiment et solidement exquises. […] Retz écrivit ses Mémoires après 1671 : mais tout y est antérieur à 1660, esprit et style. […] Mme de la Fayette361, que La Rochefoucauld estimait la femme la plus vraie qu’il eût connue, était une fine et adroite personne, très intelligente et point sentimentale, dont le style est, avec celui de Bussy, et mieux encore, la perfection du style mondain : elle a un style aisé, vif, sans affectation, sobre et net, lumineux plutôt qu’outré, sans passion ni grands éclats ni ampleur de geste, avec une pointe sèche de gaieté, et une malice aiguë, parfois meurtrière.
Le style de La Bruyère est très travaillé, très curieux, très varié. […] Avec cela, style et langue sont chez lui complexes, un peu disparates : il a un style spirituel et une langue d’homme du monde ; il a aussi un style objectif, et une langue d’artiste, à qui tous les mots sont bons, pourvu qu’ils fournissent de la couleur. […] A certain égard, le style de La Bruyère fait la transition entre les deux siècles. Quoiqu’il manie la période excellemment, sa forme préférée, c’est le style aiguisé, incisif, le trait rapide et qui perce : on n’a pas de peine à passer de là à Montesquieu. […] Avec tout cela, ce style n’est point factice : il sort naturellement d’une imagination toute pénétrée de la poésie homérique, et échauffée d’une sincère admiration.
Voici l’explication du style de Huysmans. […] Cet éclat pénétrant du style qui nous force à voir par des clartés nouvelles et inédites, les détails de sa pensée a étonné des lecteurs d’En route, ceux du moins qui sont mal familiers des habitudes littéraires de Huysmans. […] Et nous eussions lamenté s’il eût adopté pour un roman chrétien le style cireux de la rue Saint-Sulpice. […] Descaves, en particulier, une singulière puissance de style, leur « système » est intéressant. […] Descaves est proche de ce maître, par la vigueur précieuse de son style.
Il y a mandé les doctrines les plus opposées, et en vertu de sa modération, vertu moderne, et de ce style modéré qui est le style de la maison dans laquelle il juge, il a tout arrangé à l’amiable entre la Scolastique et la Philosophie, entre les ténèbres du Moyen Âge et les lumières de cet Âge-ci, entre la foi et la raison… Les esprits absolus n’accepteront probablement pas les décisions onctueuses, gracieuses et officieuses de M. […] Avec son style naturellement sans couleur, ce style blanc et doux que l’abstraction a blanchi encore, il n’a fait aucun mal aux yeux des hommes à conserves qui avaient à le juger, et ils ont tous apprécié infiniment cette flanelle… Certainement, pour manquer le prix, il fallait s’y prendre de toute autre manière. […] C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas.
Reportez-vous à la même époque en France, et vous trouverez autant de façons de construire la phrase, d’entendre l’invention de l’image, l’alliance de mots, autant de styles qu’il y a d’éminents prosateurs. Alors, dans la vaste unité de la prose française, se distinguent sans confusion possible le style de Montesquieu, le style de Voltaire, les styles de Buffon, de Diderot, de Jean Jacques, de Condorcet, aussi dissemblables entre eux que des arbres d’espèce diverse dans une même forêt. […] Les Prosateurs du seizième siècle viennent à nous non sans quelque désordre, mais comme ils sont équipés, comme ils sont armés pour cette lutte du style et des idées où ils feront triompher la Patrie ! […] De notre temps si la Prose s’altère sur quelques points, c’est pour s’enrichir par tant de conquêtes : rappelons-nous la comédie élargissant son domaine, le roman agrandi suscitant ses véritables chefs-d’œuvre, l’histoire faisant de son champ jadis étroit tout un monde d’explorations et de découvertes, la critique vraiment fondée et promue à la dignité d’un genre original où cinq à six hommes supérieurs ont véritablement créé, l’érudition réconciliée avec le beau style et devenue l’une des provinces de la haute littérature, la politique rendant parfois de mauvais services à la pureté de la langue, mais produisant aussi dans la presse et à la tribune d’admirables écrits de polémique et de non moins admirables discours, la philosophie et la religion enfin pour de nouveaux besoins et avec de nouveaux interprètes se créant aussi une langue nouvelle. […] On les connaît enfin, mais qui sait, sans parler du dix-neuvième siècle où la France a vu naître les trois plus grands lyriques qui aient jamais existé et toute une pléiade à leur suite, qui sait qu’au seizième et au dix-septième siècle notre poésie a suscité la plus riche floraison et qu’il s’est alors produit des chefs-d’œuvre d’émotion, de grâce, d’esprit, de style, à défrayer des anthologies aussi étendues que celles de Céphalas et de Planude5 ?
M. de Voltaire en trouve le style trop foible ; il ajoute que l’Auteur n’intéresse pas, qu’il n’est pas Peintre *. […] Cet Ecrivain n’a d’autre mérite que celui de la méthode, de la simplicité, de l’exactitude, & de la clarté ; mais M. de Voltaire, en bon Juge du style historique, n’auroit-il pas dû préférer ces qualités au brillant, à l’enthousiasme, à l’esprit de systême, qui forment précisément les mauvais Historiens ? Pouvoit-il ignorer que le premier devoir d’un Historiographe est d’être en garde contre son imagination ; qu’un esprit réfléchi est plus judicieux qu’un esprit plein de chaleur ; qu’il est plus essentiel de s’occuper à chercher, à démêler, à établir, à présenter la vérité, qu’à la défigurer en la chargeant d’ornemens ; qu’une histoire doit être regardée comme irréprochable, quand la narration est claire, suivie, exacte, quand les faits n’offrent rien de falsifié ou d’exagéré ; le style, rien d’artificieux & de passionné ; la chronologie, rien d’obscur ni d’embrouillé ?
Un tel Livre devoit être accueilli par les esprits éclairés & par les honnêtes gens ; aussi tous les Lecteurs sensés en ont-ils fait cas, & le nombre des Editions qu’il a eu en prouveroit le mérite, quand même la tournure, l’invention & le style ne le rendroient pas intéressant. […] « Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur style, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. » GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17.. […] in-8°, plein de recherches curieuses & très-instructives, mais défigurées par beaucoup de citations parasites, & par un style plus Provençal que François.
— Idée moderne de la poésie. — Idée moderne du style. […] Cette originalité et cet instinct divinateur, il les a dans le style comme dans les idées. […] En quoi consiste cette réforme du style ? […] De là un nouveau style. […] En cela consiste la grande révolution du style moderne.
— Du langage noble La propriété des termes est, à vrai dire, l’unique et universelle règle du style : celle où tout se résume et qui contient tout. […] Vous qui commencez à écrire, ne déguisez pas la platitude de la pensée sous la prétention du style : parlez platement, tant que vous ne penserez pas mieux. […] Ne comptez pas sur les synonymes pour diversifier votre style. […] Habitant les patois ; quelques-uns aux galères Dans l’argot ; dévoués à tous les genres bas ; Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas, Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ; Populace du style au fond de l’ombre éparse ; … N’exprimant que la vie abjecte et familière, Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Voici une fable où La Fontaine retrouve ses pinceaux et sa poésie, ce mélange de tours et cette variété de style qui est propre. […] Cette transposition, au lieu de ont rajeuni l’herbe, était autrefois admise dans le style le plus noble ; elle n’est plus reçue que dans le style familier, et encore faut-il en user sobrement. […] Cette fable n’est guère remarquable que par la simplicité du ton et la pureté du style.
Ce n’était qu’une belle imitation de Sophocle, on crut avoir retrouvé Racine ; il en avait bien l’imagination, il était loin d’en avoir le style. […] C’est le brillant de la pièce fausse égal à la splendeur du diamant, auquel la foule charmée se trompe, et que les lapidaires du style peuvent seuls discerner. […] Le drame en est terrible, le style inspiré, le vers oriental comme le site et le soleil d’Arabie. […] Mais, malgré toutes ces qualités très-remarquables du style historique de Voltaire, dans la Vie de Charles XII comme dans le Siècle de Louis XIV, ses deux monuments, ce style ne dépasse jamais l’agrément et ne s’élève pas au sublime, qui est la région élevée de la grande histoire. […] Ses connaissances et son style décoraient leur faiblesse politique.
La couleur est dans un tableau, ce que le style est dans un morceau de littérature. […] Mais de tous les temps le style et la couleur ont été des choses précieuses et rares. C’est le style qui assure l’immortalité à un ouvrage de littérature ; c’est cette qualité qui charme les contemporains de l’auteur, et qui charmera les siècles à venir.
Son style. […] Son style se gâta plus tard. […] Sa composition, son style, ses rythmes. […] Il en va de même pour le style. […] La république est une dépouille. » Ceci est déjà du style, mais non pas du style poétique.
Malherbe et Balzac étaient venus et avaient donné des exemples de haut style, l’un du style lyrique le plus. […] Il lui reproche comme une erreur, non pas précisément d’avoir pensé que, pour enrichir la langue, il ne fallait rejeter aucune des locutions populaires, mais bien d’avoir voulu les introduire et les admettre dans toute espèce de style, même dans le discours élevé. Il suppose, avec plus de subtilité sans doute que de fondement, et il a l’air de croire que Malherbe n’affectait ainsi en sa prose toutes ces phrases populaires que pour faire éclater davantage la magnificence de son style poétique par le contraste de deux genres si différents. […] Il sera toujours vrai aussi que les règles que je donne pour la netteté du langage ou du style subsisteront sans jamais recevoir de changement. » Encore une fois, il est évident qu’à cette date il s’est passé un grand fait sensible et manifeste à tous ; que tous ceux qui étudiaient et pratiquaient la langue ont eu conscience de sa formation définitive, de son entrée dans l’âge adulte et de sa pleine virilité. […] Entendons-nous bien : je ne parle pas de la langue de Molière, plus riche, plus ample et plus diversement composée ; mais quand on se place au point de vue de Racine, au centre de son œuvre, et qu’on le considère, ainsi que l’ont fait Voltaire et tous ceux de son école, comme le dernier terme de la perfection dans le style, on n’a pas alors à signaler de meilleur préparateur que Vaugelas.
Une seule observation générale nous suffira : c’est qu’on peut rattacher les grands et beaux styles du siècle de Louis XIV à deux procédés différents, à deux manières opposées. Malherbe et Balzac fondèrent dans notre littérature le style savant, châtié, poli, travaillé, dans l’enfantement duquel on arrive de la pensée à l’expression, lentement, par degrés, à force de tâtonnements et de ratures. C’est ce style que Boileau a conseillé en toute occasion ; il veut qu’on remette vingt fois son ouvrage sur le métier, qu’on le polisse et le repolisse sans cesse ; il se vante d’avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles. Racine, en effet, est le plus parfait modèle de ce style en poésie ; Fléchier fut moins heureux dans sa prose. […] Montaigne et Regnier en avaient déjà donné d’admirables échantillons, et la reine Marguerite un charmant en ses familiers mémoires, œuvre de quelques aprés-disnées : c’est le style large, lâché, abondant, qui suit davantage le courant des idées ; un style de première venue et prime-sautier, pour parler comme Montaigne lui-même ; c’est celui de La Fontaine et de Molière, celui de Fénelon, de Bossuet, du duc de Saint-Simon et de Mme de Sévigné.
De plus, Montesquieu écrivain a, avant tout, comme son compatriote Montaigne, de l’imagination dans le style ; il s’exprime par images ; presque à tout coup il enfonce des traits, il frappe des médailles. N’allons donc point tout d’abord heurter sans nécessité contre la statue d’airain de Montesquieu l’œuvre de M. de Tocqueville, c’est-à-dire d’un talent éminent, judicieux, fin, honnête, mais doublé d’une âme si anxieuse et si scrupuleuse, et servi d’un style ferme, solide, ingénieux, mais de peu d’éclat. […] Le style s’y anime et se rehausse de figures ; on croirait lire deux chapitres de considérations de Montesquieu s’appliquant à notre histoire. […] — À propos de quelques critiques de style que son ami lui adressait dans le même temps, il répondait, avec une docilité et une modestie exemplaires : « Ce n’est pas la perception et la conviction du mal que tu signales qui me manquent. Je sais qu’il y a entre mon style et le style des grands écrivains un certain obstacle qu’il faudrait que je franchisse pour passer de la foule dans les rangs de ceux-ci. » Il va trop loin et il n’est pas du tout juste avec lui-même en se mettant dans la foule ; il est au premier rang des écrivains de notre temps qu’on appelle distingués.
Ce sont en premier lieu les monuments généralement publics, qui ne sont qu’une reproduction plus ou moins exacte des monuments anciens, ou qu’un amalgame de différents styles à peine rehaussé de quelques détails, dus à l’imagination de l’artiste. […] Toutefois, si sincère que soit leur désir du mieux, si abondante qu’apparaisse leur fantaisie, ils ne sont pas parvenus à se débarrasser entièrement de la tradition, à renouveler totalement leur art, à créer en un mot un style moderne. […] Réduite à la copie des styles traditionnels, à la plate virtuosité, au style neutre, aux recommencements stériles, on a pu croire que son unique destin consistait à détailler les gloires du grec, du gothique, du roman, du renaissant. […] Ayant créé un style moderne, il ne s’est pas borné à en reproduire la formule dans chacune de ses œuvres. […] Son art puissamment organique marque une révolution en architecture, la rupture avec la tradition surannée, la création d’un style, le point de départ d’une conception nouvelle.
Il en est ainsi de toutes les grandes passions ; mais comme elles doivent avoir dans le style leurs gradations & leurs nuances, l’acteur doit les observer à l’exemple du poëte ; c’est au style à suivre la marche du sentiment ; c’est à la déclamation à suivre la marche du style, majestueuse & calme, violente & impétueuse comme lui. […] Si c’est un berger qui raconte, le style & le ton de l’églogue en récit ne differe en rien du style & du ton de l’églogue dialoguée. […] Le style de la lettre est libre, simple, familier. […] Du style. […] Par-là son style ne se soûtient jamais, ni dans le familier, ni dans l’héroïque.
Il a voulu faire l’Anglais, mais sans bredouillement et sans grimace, en style très français, très ferme et très pur. […] … Francis Wey a le ferme bon sens qui devient, en toutes choses, très vite le grand sens, et il a aussi cette mâle finesse de la prudence qui n’est pas la prudence femelle, celle de la lâcheté… Son style, à la trame serrée, étoffée à pleine main, solide, et dont je me permettrai de dire qu’on en sent le grain comme celui d’un maroquin étincelant qui prend et retient la lumière, est bien le style qui convient à un esprit net, avisé (que les sots croiront retors parce qu’il est avisé), sagace enfin, et dont la sagacité naturelle a été aiguisée par l’étude première et continuée de toute sa vie, — l’étude de l’Histoire. […] j’ai toujours cru qu’on ferait un fameux écrivain avec seulement quatre styles, qu’on mêlerait adroitement : le style d’Alceste, de Philinte, des deux Marquis et de Célimène.
Ce principe a faussé à plusieurs places le style de M. […] mais n’a pourtant pas empêché le style de son livre d’être, dans son ensemble, d’une solidité de trempe, d’un acéré de fil et d’une clarté profonde, dont M. […] Si le style n’était qu’une chose très-travaillée et très-bien faite, affinée, polie et brillante, comme un acier quelconque, tournant souplement dans ses charnières, ou glissant moelleusement le long de ses rainures, l’auteur du Malheur d’Henriette Gérard n’aurait peut-être rien à désirer ; mais pour être véritablement supérieur, le style doit se composer de plus d’éléments qu’il n’en tient sous la plume de M. […] Le sien et le leur manquent également de transparence, de couleurs fondues et de souffles dans la lumière ; et voilà comme tous trois ils portent jusque sur leur style, qui est pourtant le meilleur d’eux-mêmes, la peine d’avoir méprisé l’idéal.
Cette préface de M. de Balzac a le malheur de ressembler, au style près, à l'une des nombreuses préfaces de Paul et Virginie. […] Il y a une page (450, 460) sur la passion du poète, amant de la courtisane, sur son amour qui vole, bondit, rampe ; et cette page me résume et me figure tout ce style même, qui ressemble souvent au mouvement brisé d’une orgie, à la danse continuelle et énervée d’un prêtre de Cybèle. […] A côté des portions bien observées, qu’exprime un style trop complice de son sujet, l’auteur a laissé échapper de singulières inadvertances : en un endroit, Marion Delorme se trouve être une courtisane du xvie siècle, par opposition à Ninon, qui est du xviie ; ailleurs, la vie de Mazarin est donnée comme bien autrement dominatrice que celle de Richelieu, lequel meurt à la fleur du pouvoir : cela devient fabuleux. […] On avait mis dans un beau bassin propre de Versailles des poissons qui bientôt y mouraient : « Ils sont comme moi, disait-elle, ils regrettent leur bourbe » ; ce que M. de Balzac paraphrase ainsi : « Ils regrettent leurs vases obscures. » Eh bien, il a dans son expression, là même où l’on ne peut le contredire par une autorité historique, beaucoup de ces sortes d’impropriétés : ce style, sans cesse remué, s’alanguit et s’étire.
Plusieurs Critiques respectables & éclairés nous ont reproché d’avoir traité avec trop d’indulgence ses Mélanges de Littérature : de n’avoir pas assez insisté sur les défauts de sa métaphysique souvent obscure, imperceptible, entortillée ; sur les inégalités de son style, tantôt foible, tantôt plein de morgue, & presque toujours froid & bourgeois ; de n’avoir pas mis sous les yeux du Lecteur le contraste qui résulte de la médiocrité de ses productions, & du ton de mépris qu’il affecte, dans toutes les occasions, pour ce qu’il appelle le bas peuple des Poëtes, des Orateurs, des Historiens. […] Il paroît, sur-tout dans son Abus de la critique en matiere de Religion, qu’il s’attache plus aux raisons, ou, pour mieux dire, à couvrir ses raisons, qu’aux graces de style. […] On ne doit cependant pas condamner cette réserve : il auroit pu faire comme beaucoup d’autres Philosophes, ses subalternes, ne garder aucune mesure, déclamer à outrance, insulter sans égard, prodiguer des épithetes dures, traiter de style de laquais les Ecrits anti-philosophiques, qualifier de libelles les Ouvrages où l’on venge l’honneur outragé de quelques Gens de Lettres, &c. […] Si la profondeur des vues, l’intelligence du plan, l’ordonnance des distributions, l’exposition des matieres, l’exactitude des regles, la vigueur des pensées, l’heureuse aisance des tours, la noblesse du style, eussent été capables d’animer les Exécuteurs de ce grand dessein, comme tous ces traits réunis ont réussi à attirer les suffrages & les souscriptions ; toute l’Europe seroit en possession du trésor des Sciences qu’elle attendoit, & M.
Au fond, ces deux choses ne sont qu’une ; car, pour Wagner, la conception du poème et la langue ne font qu’un, de même que pour lui le style de la phrase musicale et le style de la phrase parlée ne sont que deux aspects d’une même pensée. […] Je ne saurais dire dans quel style cela est écrit. […] Au fond il y a un manque uniforme de toute espèce de style. […] Non seulement le style de M. […] Voilà pour le style ; on verra comment M.
À part la note poétique, Chateaubriand tenait plus de ce maître du style ; mais, quand la pompe des paroles est éloignée, la justesse de l’esprit éclate toujours dans Chateaubriand. […] Il ne vit que par son style ; ôtez le style, il ne reste que l’architecte du sophisme ; on est obligé, en lisant, de le reconnaître pour un immense lettré, mais non pour un véritable grand homme. […] Le cerisier de Thonon vivra plus que le château de Combourg ; mais, au Vicaire savoyard près, toutes les autres œuvres de Chateaubriand sont très-supérieures comme style à Jean-Jacques Rousseau. […] Dieu seul reste grand dans son style, et quelque ombre de cette grandeur divine reste attachée à l’écrivain lui-même et le rend grand comme lui. […] On ne peut rien comparer à l’explosion de ce style en 1800.
Mais, du moins, dans le style de Janin on sent un écrivain qui aime la langue avec ses entrailles. […] … Les biographies des hommes auxquels il a consacré ce volume sont-elles au moins des œuvres de style, si elles ne sont pas des œuvres de critique ? […] le style de Villemain ! […] C’est toujours le style palement et froidement élégant de Villemain, ce style cultivé, travaillé, d’un goût sobre comme doit l’être l’indigence, ce style classique qui veut être pur comme la bégueule veut être vertueuse et qui souvent ne l’est pas plus qu’elle, ah ! […] nous en avons assez, de ce style-là !
. — Quel style convient aux gens du monde. — Mérites de ce style. — Inconvénients de ce style. — Addison critique. — Son jugement sur Le Paradis perdu. — Accord de son art et de sa critique. — Limites de la critique et de l’art classiques. — Ce qui manque à l’éloquence d’Addison, de l’Anglais et du moraliste. […] Ces exercices furent partout, au siècle dernier, un brevet d’entrée dans le beau style et dans le beau monde. […] Pour la première fois, Addison réconcilia le vertu avec l’élégance, enseigna le devoir en style accompli, et mit l’agrément au service de la raison. […] Il exige la science du style comme la science des façons. […] C’est pourquoi il y a quelque froideur dans le style d’Addison, quelque monotonie.
Autant que la pensée, le style et la composition littéraire souffrirent des habitudes de l’École. […] Se créer un style personnel et improviser sur n’importe quel sujet sont deux talents de nature différente et presque opposée. […] De là est né ce qu’on nomme « le style académique ». C’est un style fleuri, élégant, ingénieux. […] Alphonse Daudet raille quelque part166 « ce style académique avec des un peu », des « pour ainsi dire », qui font à tout moment revenir la pensée sur ses pas, comme une dévote qui a oublié des péchés à confesse, un style orné d’arabesques, de paraphes, de beaux coups de plume de maître à écrire. » Et il faut avouer que la raillerie ne porte point à faux.
Le style est d’un langage marotique hérissé de grec, et qu’on croirait forgé à l’enclume de Chapelain ; on ne sait pas où les prendre, et j’en dirais volontiers, comme Saint-Simon de M. […] Le style de Rousseau, au contraire, ne se tient nullement et ne forme pas une seule et même trame. […] A vrai dire, le style de Rousseau n’existe pas. […] Son style a de la gravité, quelque noblesse, mais peu d’images, peu de consistance, nulle originalité ; il y a de beaux traits, mais ils sont pris. […] Il a aiguisé une trentaine d’épigrammes en style marotique, assez obscènes et laborieusement naïves ; c’est à peu près ce qui reste aussi de Mellin de Saint-Gelais35.
J’ai dit : dans les œuvres de style et d’art. […] C’est ce qui constitue le style. […] Un trop beau style est comme une vitre colorée qui change l’aspect vrai des objets. […] Il ne faut donc point s’étonner si le costume lui-même se marque dans le style. […] De là le style du statuaire, si accusé, si en relief, qui donne tant aux muscles !
Le Palais retardait fort sur les deux autres lieux et était décidément arriéré ; le parler y sentait le style de greffier et de notaire. […] Il nous l’a prouvé dans sa Préface, et il ne le montre pas moins dans le chapitre final où il s’est réservé de traiter en détail de la pureté et de la netteté du style, deux qualités qu’il prend soin de distinguer et qui se complètent sans, se confondre. […] Malherbe, qui a si bien montré dans ses vers « le pouvoir d’un mot mis en sa place », n’a pas le même soin dans sa prose, et il n’a jamais connu la netteté du style, soit pour la situation des mots, soit pour la forme et la mesure des périodes. […] Tous ces défauts de style et de diction si ingénieusement définis par Vaugelas, toutes ces longueurs, ces lourdeurs, ces enchevêtrements, ou ces à peu près, on les trouverait réunis dans les écrits de ses adversaires, si l’on avait le temps de s’arrêter à eux. […] La Mothe-Le-Vayer, né en 1588 à Paris, avait été d’abord substitut du procureur général : on s’en apercevrait peut-être à son style qui sent quelque peu le Palais et le Parlement.
En beaucoup d’opinions comme en style, il se rejoint assez aisément à Montaigne. […] D’Olivet trouve à La Bruyère trop d’art, trop d’esprit, quelque abus de métaphores : « Quant au style précisément, M. de La Bruyère « ne doit pas être lu sans défiance, parce qu’il a donné, mais « pourtant avec une modération qui, de nos jours, tiendroit « lieu de mérite, dans ce style affecté, guindé, entortillé, etc. » Nicole, dont La Bruyère a paru dire en un endroit qu’il ne pensoit pas assez 148, devait trouver, en revanche, que le nouveau moraliste pensait trop, et se piquait trop vivement de raffiner la tâche. […] C’est la première fois qu’à propos d’un des maîtres du grand siècle on entend toucher cette corde délicate, et ceci tient à ce que La Bruyère, venu tard et innovant véritablement dans le style, penche déjà vers l’âge suivant. Il nous a tracé une courte histoire de la prose française en ces termes : « L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux tours, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement françoise ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avoient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Cet esprit, que La Bruyère ne trouvait pas assez avant lui dans le style, dont Bussy, Pellisson, Fléchier, Bouhours, lui offraient bien des exemples, mais sans assez de continuité, de consistance ou d’originalité, il l’y voulut donc introduire. […] A l’appui de cette opinion, qui n’est pas récente, sur le caractère de novateur entrevu chez La Bruyère, je pourrais faire usage du jugement de Vigneul-Marville et de la querelle qu’il soutint avec Coste et Brillon à ce sujet : mais, le sentiment de ces hommes en matière de style ne signifiant rien, je m’en tiens à la phrase précédemment citée de D’Olivet.
Ces trivialités, je l’accorde, sont relevées par le style ; la langue que manie M. […] Le style le sauve, dira-t-on ; eh ! sans doute, le style est d’un artiste, et je ne compare pas M. […] Flaubert, il y a soixante ans, n’eût pas décrit Carthage dans le style d’Esménard, au lieu de la décrire dans le style de M. […] Son style est ferme, coloré, plein de ressources ; il manque pourtant de souplesse.
Taine, un chapitre de Roodbu sur la peinture, les recherches de Posnettbv sur la littérature de clan, de Parker sur l’origine des sentiments que nous associons à certaines couleurs, de Rentonbw et de Bainbx sur les formes du style. […] William Renton est l’auteur d’une « Logique du style » (The Logic of style.
Eugène Sue, qui a de la couleur et de l’expression pour tout mérite — le fracas des événements dans ses romans les plus vantés n’en étant point un à nos yeux — ne pouvait devenir un homme de style, car on ne le devient pas, on l’est. […] Sue comme inventeur et comme observateur de nature humaine, les œuvres littéraires doivent avoir un style pour durer et pour que la Postérité s’en soucie. […] Tels seront Le Juif Errant, les Péchés capitaux, et tant d’autres machines romanesques, dépourvues de ce qui fait la vie des inventions les plus heureuses et les plus puissantes, la lumineuse atmosphère d’un style à travers laquelle on les voit se mouvoir et se dérouler. […] Sue, ont tout pris aux Liaisons dangereuses de Laclos et à la Delphine de Mme de Staël, les deux plus beaux livres du dix-huitième siècle ; mais le style, le style a été oublié.
Gautier n’y fût juste ce qu’il a été dans son roman d’aujourd’hui du Capitaine Fracasse, c’est-à-dire un faiseur d’images inanimées, quoiqu’elles parlent et se remuent, et qui passent devant nous sans nous intéresser ni nous plaire, à travers un style que ses amis peuvent appeler un tour de force ou de souplesse, mais que je hais comme un parti pris. […] Théophile Gautier, à qui ces sortes de travestissements sont faciles (rappelez-vous la préface de Mademoiselle de Maupin), a voulu, non pour la première fois, mettre en masque ce qu’il a de mieux, ce qui fait sa personnalité littéraire, c’est-à-dire son style, et il a déplorablement réussi. […] — et il a eu un style qui, en définitive, n’a pas été plus à lui que ses personnages, décalqués, tous, de quelque souvenir. […] Théophile Gautier, eut un jour la fantaisie d’art de faire un livre du passé dans le style du passé, et, dans le passé, il prit, pour se couler tout vivant dans son génie, le plus difficile génie auquel l’imitation pût atteindre. […] Pendant le temps, le trop long temps qu’il a mis à nous écrire, dans un style qui sent à la fois son Pierre Gringoire et son Trissotin, cette chronique bravache, galante et coquebine du Capitaine Fracasse, il pouvait nous donner un recueil de vers comme La Comédie de la Mort, ou un voyage comme les voyages d’Espagne ou d’Italie.
Töpffer y a beaucoup et même savamment butiné ; ce qui fait (chose rare là-bas) que son style a de la fleur. […] Quant à la langue, on conçoit que l’effet de ces mélanges y reste plus sensible, et que, de tous ces styles continuellement versés et déteignant l’un sur l’autre, il résulte une couche superficielle un peu neutre, précisément ce style mixte que nous accusons. […] Il le fit dans une brochure écrite en style soi-disant gaulois ou très-vieilli. […] Ce que je puis dire, c’est que ces idiotismes, ménagés et bien pétris dans un style simple, me font l’effet d’un pain bis qui sent la noix. […] L’exécution générale du style, dans ce que j’appelle l’idylle, reste à la fois naturelle et neuve, pleine de particularités et d’accidents, riche d’accent et de couleur ; c’est un style dru, il sent son paysage.
Bossuet : sa vie, son caractère, son style, sa langue. — 3. […] Son style paraît dur, parce que la vérité et la logique le règlent, impérieux, parce qu’il explique la tradition, et non sa pensée individuelle : mais, en cela au moins, son style n’est pas l’image de son caractère. […] Son style tire sa perfection de son absolue et candide probité. […] Tout Bossuet passe dans son style, et de là vient, comme nous le verrons, que l’orateur se double sans cesse d’un poète. […] Le style reste terne et pâteux, parfois négligé et inexact : moins vif, moins spirituel, moins coloré ou brûlant que l’idée.
quelle finesse de sentiment et quel style ! […] Il est important de faire ici quelques réflexions sur le style de la tragédie. […] On peut distinguer de deux sortes de style dans la poésie, le style d’imagination, et le style de sentiment et de pensées. […] Rien n’est si froid que le style ampoulé. […] Le style lyrique doit donc être énergique, naturel et facile.
Le style en est vague et discret. […] Le style manque à M. […] Il donne à de jeunes écrivains leur style, sinon leur substance même. […] Ghéon a reconnu que je possédais de grands dons de style.
Il suffira de quelques conseils bien simples, bien évidents pour former le style ; quand l’esprit saisit bien, quand le cœur sent bien, quand on a échappé à la tyrannie paresseuse de la mémoire, on n’écrit jamais mal et l’on est tout près de bien écrire. L’art d’écrire s’apprend donc en même temps qu’on apprend la littérature, l’histoire, les sciences, par cela même qu’on les apprend, en même temps qu’on avance dans la vie, par cela même qu’on vit : l’étude et l’expérience sont les vraies sources de l’invention et du style. […] La plénitude expressive du style est l’effet naturel d’une masse d’impressions accumulées.
Langue et style de Montaigne. — 2. […] Il appelle son style « comique et privé, serré, désordonné, coupé, particulier ; sec, rond et cru, âpre et dédaigneux, non facile et poli234 » : jamais style en effet n’a été moins apprêté, moins bouffi, moins solennel, plus familièrement alerte. […] Partout s’échappe sa franche et personnelle sensibilité, atténuant les saillies de haut style par le laisser-aller du langage domestique et quotidien, relevant la négligence du parler populaire par la chaude sincérité de l’accent, d’une façon tout originale et inimitable. […] Ce qui est bien de Montaigne, c’est le style, c’est l’emploi des tours et des mots que l’usage ou la liberté de son temps lui fournissaient. […] En fait de style, sa règle est déjà : rien n’est beau que le vrai : et c’est par la beauté des choses qu’il estime la beauté des mots.
Reste la question de style. […] Le style dramatique et le style lyrique obéissent à des lois diverses. […] Le style des Étoiles, quoique plus abondant que le style du Lac, n’est pas moins précis. […] Mais il y a un abîme entre le style d’Hernani et le style de Ruy Blas. […] Il fait de la verbosité la première loi du style.
Avec sa méthode, son style se modifiait aussi. […] On a prétendu que le style coloré que nous admirons en lui ne lui était pas naturel, qu’en entrant à l’École normale on lui reprochait son style terne et abstrait ; qu’il s’est créé un style nouveau, à force d’étude et de volonté, en se nourrissant de Balzac et de Michelet. […] Sans doute, la volonté a joué, chez ce robuste génie, un rôle dans la formation de son style comme dans celle de ses idées ; mais il y a un accord trop profond entre son style, sa méthode et sa doctrine pour que son style n’ait pas été produit par une nécessité intime de sa nature. […] Ce style tient de la chimie et de la technologie. […] Son style est peut-être le côté le plus original de son génie.
Il auroit été peut-être à souhaiter que l’auteur eût plus soigné son style, & qu’il y eût une plus grande proportion entre ses divers articles. […] Un lecteur équitable passera l’éponge sur le goût germanique de cet Ecrivain, qui s’arrête un peu trop à des minuties, & sur une certaine sécheresse inséparable des petits détails dans lesquels son style est noyé. […] A l’égard de la forme, je vous dirai qu’en approuvant le genre épistolaire dont le reviseur ou le compilateur s’est servi, j’aurois voulu qu’il en eût proscrit l’enflure, l’affectation, la déclamation, le ton de collège, la superfluité des mots & les répétitions importunes ; ce qui n’empêche pas que le style en général ne soit assez bon. […] Ainsi je ne crains point de vous citer quelques ouvrages sur l’Egypte & sur quelques autres parties d’Afrique qui vous plairont plus par les faits que par le style. […] Le style, quoique fort, auroit pu être plus soigné ; & l’auteur auroit dû oublier quelquefois qu’il étoit Jacobin.
Il parvint d’abord à en imiter parfaitement le style ; mais dans la suite, il y ajouta ces grâces piquantes que donne la cour, et ces beautés mâles que donne la philosophie. […] Son style a quelquefois de l’affectation et de la recherche. […] Son obscurité n’était qu’un défaut, sans avoir rien de piquant ; elle tenait seulement à un embarras de style. […] Presque à chaque page on rencontre des traits de la mythologie ancienne, et souvent son style même tient plus du coloris du poète que de l’orateur. […] L’indignation que le vice donne aux âmes dignes d’éprouver ce sentiment affermit quelquefois son style, et lui communique un degré de force qu’il n’a pas toujours.
Rejetez-le en arrière, jusque dans le xviie siècle, son style aura les mêmes caractères. Je ne sais personne à qui la définition « le style, c’est l’homme » puisse plus justement s’appliquer. […] Ferdinand Brunetière Depuis Rivarol et le prince de Ligne, personne n’a causé comme M. d’Aurevilly ; car il n’a pas seulement le mot, comme tant d’autres, il a le style dans le mot, et la métaphore, et la poésie.
Ce n’est pas assez d’avoir de l’esprit, de savoir bien sa langue, d’écrire d’un style sentencieux & imposant ; il faut des remparts plus solides pour se garantir des insultes du temps. […] Le style qui y regne, annonce, nous en convenons, une plume exercée, le ton d’un Critique pénétrant, qui croit démêler le principe des actions & apprécier justement les hommes ; mais des Critiques plus pénétrans retrouvent trop souvent le Romancier dans l’Historien, le Bel-Esprit académique dans l’Ecrivain, l’homme à prétention dans le Moraliste. […] que le style, en un mot, n’en soit brusque, tranchant, sans aucune liaison, & par-là, d’une aridité qui fatigue, & démontre combien l’affectation d’esprit & de philosophie desseche le cœur & les Lettres ?
Ce style enchanteur n’appartenoit qu’à Madame de Sevigné ; & celui qui croiroit, en écrivant une Lettre, devoir ou pouvoir l’imiter, se tromperoit lourdement. […] Le style n’a rien d’ailleurs qui puisse se faire remarquer, si l’on excepte ses deux Lettres contre les solitaires de Port-Royal. […] On a fait un grand nombre de recueils de Lettres, pour former le style de ceux qui veulent en écrire.
Lerminier par le style et l’imagination, M. […] Sa raison n’en souffrira pas et rien n’est plus sain que son style. […] C’eût été incompatible avec le style français qui ne peut se mouvoir dans les basses sphères sans cesser d’être littéraire. […] Il y avait déjà dans le style de Lebrun un grand progrès quant à la simplicité et au naturel. […] On annonçait que le grand style, le vrai style, le suprême style allait naître, style à ciselures, style chatoyant et miroitant, empruntant au ciel son azur, à la peinture sa palette, à l’architecture ses fantaisies, à l’amour sa lave, à la jalousie ses poignards, à la vertu son sourire, aux passions humaines leurs tempêtes.
Que le style poétique soit naturellement fertile en images, qu’il les permette nombreuses et les exige souvent, ce n’est pas ce qui fait doute ; mais la question ne se pose pas dans ces termes avec M. […] Le procédé propre à l’art du style est d’emprunter à tous les arts, soit pour les couleurs, soit pour la forme, soit pour les sons, mais sans se borner à aucun de ces moyens, et surtout en les dominant et les dirigeant tous par la pensée et le sentiment, dont l’expression la plus vive est souvent immédiate et sans image. […] Mais cette conviction si entière rend le style trop conforme à elle-même. Le style dans ce procédé constant, si par bonheur on n’y dérogeait pas quelquefois, n’aurait plus rien de la souplesse naturelle et du libre mouvement de la vie ; il ne serait plus qu’un vernis, qu’un émail, qu’une écaille universelle. […] Quelle que soit l’abondance de saillies de l’écrivain humouriste, son ironie prolongée, dans l’absence de toute passion, ne saurait défrayer un volume et n’y sauve pas la froideur, en même temp que l’excessif ragoût du style engendre vite le dégoût.
Sans doute un homme est ce qu’il est, et la critique, qui examine l’Histoire des soixante ans d’un point de vue exclusivement littéraire, n’a pas la prétention de carrer la tête de Castille et de la lui faire autre qu’il ne l’a, mais, fataliste, — par parti pris ou par cette adhésion de l’esprit à laquelle Malebranche, ce pauvre diable de génie qui faisait là une pauvre diablesse de définition, reconnaissait la vérité et aurait pu tout aussi bien reconnaître l’erreur, — mais, fataliste, puisqu’il l’est, pourquoi Hippolyte Castille n’a-t-il pas le style de sa pensée ? […] Son style manque de la rigueur incisive et glacée qui serait de conséquence ici, et de conséquence obligée pour un homme, comme il l’est, friand d’unité. On y rencontre, dans ce style qui devrait être inexorable, beaucoup de taches d’humanité. […] C’est comme dans la chanson du Méchant, de Gresset : … Le style n’y fait rien ; Pourvu qu’il soit méchant, il sera toujours bien ! […] Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu !
Si la vue de l’auteur des Moines d’Occident s’élève ou si son style s’avise de briller, c’est qu’un autre que lui regarde par son œil et écrit par sa main ! […] Légendes, peintures, réfutations, miracles racontés de manière à couper l’insolent sifflet des rieurs, aperçus, domination petite ou grande de l’histoire de quelque côté que ce soit, rien n’appartient en propre et en premier à M. de Montalembert, si ce n’est ce qui appartient toujours à tout homme dans tout livre, — le style qu’il y met. Or, le style de M. de Montalembert ne fut jamais très littéraire. C’est un style d’orateur doué pour principale qualité de cette espèce de force dans l’idée et l’expression vulgaires, qui explique, du reste, tout l’ascendant de l’orateur. […] Sans le geste de la phrase, qui d’ailleurs ne varie pas et qui remue toutes ces idées assez communes, débitées partout sur la chute de l’empire romain, sur les Barbares, sur les premières grandeurs morales du christianisme, vous n’avez plus là, sous le nom de M. de Montalembert, que le style et les aperçus du Correspondant, c’est-à-dire de la Revue des Deux-Mondes, en soutane.
— Changement de sujet et de style. — Explosion violente et accent personnel. — Maud. […] Retour de Tennyson à son premier style. — In Memoriam. […] — Le monde fantastique et pittoresque. — Comment Tennyson retrouve les songes et le style de la Renaissance. […] J’ai traduit bien des idées et bien des styles, je n’essayerai pas de traduire un seul de ces portraits-là. […] Il semble qu’un archéologue puisse refaire tous les styles, excepté le grand, et celui-ci a tout refait, jusqu’au grand style.
Où le fond est si léger, comment le style serait-il excellent ? […] Parlez-moi plutôt de la langue de Regnard que de son style. […] Les œuvres de l’esprit ne demeurent que par le style, et quel drame s’est élevé jusqu’au style ? […] Aussi manque-t-il à son théâtre ce qui fait durer les ouvrages d’art, le style. […] Tout vient de la nature et de l’habitude qui sont tout l’homme, d’où vient à son tour le style.
Hugo lui-même, en faisant une guerre acharnée à ceux qu’il appelait les gâcheurs de plâtre, a contribué, non seulement à sauver de la destruction beaucoup d’édifices du passé, mais à changer le goût des architectes de son temps ; il leur a enseigné à opérer des restaurations intelligentes et même à créer un style d’architecture analogue au style du romantisme littéraire. […] Les sujets traités, les caractères généraux, le style offrent chez les uns et les autres de frappantes ressemblances. […] On arrivait au moment où, suivant la coutume, un nouveau style dégénère entre les mains des imitateurs et des outranciers en un pitoyable jargon. […] Le mot de style n’a-t-il point passé de l’une à l’autre ? Ne dit-on pas d’une pendule, d’un fauteuil qu’ils sont de style Louis XVI ou de style Empire ?
Quand un écrivain a une personnalité, il a aussi un style étroitement déterminé par elle. […] Ou bien ce style évoque encore l’image d’un de ces admirables lévriers qu’aime M. […] De là cet accent rageur que prend le style de M. […] Jamais pourtant l’esthétique du style par-dessus tout, du style, vêtement de l’idée plus important que l’idée elle-même, n’avait été appliquée de façon si résolue, et avec autant de talent. […] Il nous montre à quelle beauté peuvent atteindre les jeux mêlés des idées et du style.
Mais dans le beau et le sublime, et dans tout ce qui y participe en quelque sorte que ce soit, on sort des temps, on ne dépend d’aucun, et, dans quelque siècle qu’on vive, on peut être parfait, seulement avec plus de peine en certains temps que dans d’autres. » Il devint un admirable juge du style et du goût français, mais avec des hauteurs du côté de l’antique qui dominaient et déroutaient un peu les perspectives les plus rapprochées de son siècle. Bien avant De Maistre et ses exagérations sublimes, il disait de Voltaire : « Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. » « Voltaire avait l’âme d’un singe et l’esprit d’un ange. » « Voltaire est l’esprit le plus débauché, et ce qu’il y a de pire, c’est qu’on se débauche avec lui. » « Il y a toujours dans Voltaire, au bout d’une habile main, un laid visage. » « Voltaire connut la clarté, et se joua dans la lumière, mais pour l’éparpiller et en briser tous les rayons comme un méchant. » Je ne me lasserais pas de citer ; et pour le style, pour la poésie de Voltaire, il n’est pas plus dupe que pour le caractère de sa philosophie : « Voltaire entre souvent dans la poésie, mais il en sort aussitôt ; cet esprit impatient et remuant ne peut pas s’y fixer, ni même s’y arrêter un peu de temps. » « Il y a une sorte de netteté et de franchise de style qui tient à l’humeur et au tempérament ; comme la franchise au caractère. […] « Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus. » C’est le sentiment de cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle fait, selon lui, la beauté unique du style : « Racine : — son élégance est parfaite ; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile. » « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? […] la voici ; elle lui échappe à la fin de cette même lettre : « Il me reste à vous dire sur les livres et sur les styles une chose que j’ai toujours oubliée : achetez et lisez les livres faits par les vieillards qui ont su y mettre l’originalité de leur caractère et de leur âge. […] Et sur les formes particulières des styles, sur Cicéron qu’on croit circonspect et presque timide, et qui, par l’expression, est le plus téméraire peut-être des écrivains, sur son éloquence claire, mais qui sort à gros bouillons et cascades quand il le faut ; sur Platon, qui se perd dans le vide, mais tellement qu’on voit le jeu de ses ailes, qu’on en entend le bruit ; sur Platon encore et Xénophon, et les autres écrivains de l’école de Socrate, qui ont, dans la phrase, les circuits et les évolutions du vol des oiseaux, qui bâtissent véritablement des labyrinthes, mais des labyrinthes en l’air, M.
Dialogue et style. — 5. […] Il l’a suivi, malheureusement, aussi dans certains détails de son style. […] Loin de parler de galimatias, pour quelques endroits où la construction a vieilli, ce qu’il faut louer, c’est la netteté, la facilité du style poétique de Corneille. Ce style n’a rien de plastique, et ne vise pas aux effets artistiques, sensibles, pittoresques. […] J’ai déjà dit que Corneille avait surtout l’imagination mécanique : il ne voit, et son style ne note que les forces qu’il met en action.
L’auteur expose d’abord dans cet ouvrage, à peu-près comme il a fait depuis dans l’Encyclopédie, au mot figure, ce qui constitue en général le style figuré, & montre combien ce style est ordinaire, non-seulement dans les écrits, mais dans la conversation même. […] C’est ce qu’on remarquera à tous les articles qui ont rapport à l’éloquence, à la poésie, & aux différens styles qu’exigent les différens genres d’écrire. […] Il n’étoit pas question de prouver sérieusement que le style des néologiques est vicieux ; cela n’auroit servi de rien. […] Le style barbare des anciennes formules commence à se glisser dans les papiers publics. […] En un mot, Monsieur, la langue paroît s’altérer tous les jours ; mais le style se corrompt bien davantage.
La rare pureté du style de l’écrivain, ses principes, sa forte éducation classique, passèrent, à dater de ce jour, pour de l’étroitesse d’idées, de l’aridité de sentiment, de la pruderie universitaire. […] Lisez-les, vous verrez si c’est là du style ou du procédé de corsaire ! […] C’est du style parfaitement littéraire, d’un mérite fort mince, il est vrai, mais après tout un de ces styles convenables, corrects, comme il s’en confectionne beaucoup à Londres, et qui se ressemblent tous les uns aux autres, comme toutes les vignettes anglaises et toutes les écritures anglaises se ressemblent. […] Quant au procédé qui est encore plus l’homme que le style, la perfidie est assez corsaire, elle ! […] La pensée y brille d’autant plus que le style est plus correct et plus sévère, et c’est la seule différence qu’il y aurait entre M.
Le style d’Amyot, avec une prodigieuse abondance, a beaucoup plus le tour et la marche de notre langue. […] Après ces deux écrivains, qui tous deux, pour le style même, sont encore célèbres, la langue tendit insensiblement à un nouveau caractère. […] De là l’emphase et les grands mots, et les citations des anciens, et la magnificence du style portée dans des affaires pour lesquelles, sous peine d’être ridicule, il fallait le style du monde le plus simple. […] On voulut y suppléer en les multipliant, en les répétant, en attachant un très grand nombre de phrases accessoires à la phrase principale, en créant un faux style périodique, qui marchait toujours escorté de détails et de choses incidentes, qui, au lieu de se développer avec netteté, offusquait la vue par des embarras, et dans sa lenteur n’avait qu’une fausse gravité sans noblesse. […] Le style se débarrassa de ses entraves ; la pensée fut libre, la marche rapide, et le langage put se prêter avec souplesse à suivre tous les mouvements de l’âme, comme un danseur qui accompagne la mesure et suit l’instrument sans que rien le gêne, au gré de son oreille ralentit ou précipite ses pas.
On pense que ce négligé volontaire donnera l’air naturel au style. […] Que de fois arrive-t-il que, faute de se connaître, on écrit d’un style qui ne représente pas la personne qu’on est ! […] Ce jugement qu’on porte sur soi doit servir de règle et d’épreuve dans la recherche des idées et des expressions, mais sans étroitesse et sans minutie : il en est du style comme des mines et des gestes ; vouloir faire transparaître son Ame à tous moments est le comble de l’affectation et l’antipode du naturel. […] Aussi voyait-on autrefois que des femmes à qui l’on n’avait appris que le catéchisme et des révérences, des gentilshommes qui ne savaient que danser et se battre, mettaient fort mal l’orthographe, mais avaient plus d’idées et un meilleur style que bien des académiciens de notre temps.
Cela n’avait pas calmé les inquiétudes de style du romancier. Se débattant plus avec la forme qu’avec l’idée, il revenait constamment à la charge contre son adversaire le style, se mesurant avec lui d’estoc et de taille pour le vaincre2. […] Gloriole d’enfant, orgueil considérable, inquiétudes plus considérables encore sur la durée de son œuvre et l’enveloppe d’un style qui ne lui semblait pas assez résistante pour traverser victorieusement les modes de la langue française, me paraissent former le véritable fonds de Balzac écrivain. […] Gustave Planche me contait un jour qu’ayant hasardé quelques critiques sur le style parfois tourmenté de Balzac, celui-ci l’avait prié de noter, plume à la main, les fautes qui le choquaient.
On relit encore pour jouir du détail, pour jouir du style. […] Comme l’orateur, dans l’épreuve de l’Officiel qu’on lui soumet, corrige le style et la langue de son improvisation, à relire nous corrigeons notre improvisation de lecture. Nous faisons attention à la langue, au style, au rythme, aux procédés et artifices de composition et de disposition des idées. […] On s’aperçoit, au bout de vingt ans, de trente ans, de quarante ans, qu’il y a des qualités de style qu’on n’avait pas aperçues, des qualités de composition dont on ne s’était point douté, parce que, du temps de la première lecture, on ignorait l’art.
Le style même n’a point l’intempérance que vous pourriez supposer chez un si fervent adorateur de Victor Hugo. […] De rares couplets font exception et rappellent un moment que le romantisme a pourtant passé par là… pour le reste (je ne vous livre là qu’une impression), le style et la versification de M. […] Son style a la solidité, la vigueur de la belle langue classique, avec un éclat, une couleur, un mouvement tout modernes.
On est sur-tout fatigué d’y voir régner un style énigmatique, qui obscurcit les choses les plus claires, en voulant les expliquer par principe & les prouver par raisonnemens. […] Un style délicat & correct, un petit ton de minauderie, une morale légere & tout-à-fait du bel air, les rendent un Code amusant pour les têtes frivoles, sans qu’il puisse prétendre au suffrage des ames sensées. […] un Roman, où la monotonie des incidens, l’uniformité des ressorts, l’afféterie du style, l’imbécillité des personnages, forment un contraste perpétuel avec le bon sens, le bon goût, & la nature des objets qu’on y traite !
Le style deviens sec, moins nerveux que tendu, Et, pour vouloir trop dire, on n’est plus entendu. […] Sans s’attacher à cet appareil scientifique, à ces phrases prétendues sentencieuses, à ce contour pénible de pensées qu’on appelle du nerf, & qui ne donne au langage que de la gêne & de l’obscurité ; son style est simple, noble, ferme, lucide, correct, toujours plein de sentiment quand le sujet l’exige. […] Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes.
La seconde est écrite du style qui lui convient. […] Son imagination, vive & judicieuse tout ensemble, répand la chaleur & la vie sur tous les objets ; le style en est clair, simple, méthodique, plein de grace & de dignité. […] Pour écrire en style divers, Ce rare esprit surpassa tous les autres.
— Son style. — Ampleur de son éloquence. — Richesse de ses images. — Lyrisme et sublimité de sa diction. […] Chez un écrivain sincère, les doctrines annoncent le style. […] C’est la vision qui le révèle, et c’est le style de la vision qui doit l’exprimer. […] Changez de style, ou plutôt, si vous le pouvez, changez d’émotion. […] Son fils, le prince de Galles, lui répond respectueusement du même style.
Le style est un ordre et un mouvement. […] Dès lors, qui dit style dit action. […] Et précisément, dans cette technique générale du style, le vers, qui est comme le style du style, occupe une place privilégiée. […] Comparons ces deux couples d’expressions : le style dorique et le style gothique, — le style de Bossuet et le style de Flaubert. […] Style pur et technique pure.
M. de Voltaire critique ces deux vers comme d’un style ignoble et bas. […] C’est ce sentiment qui anime ici son style, et lui inspire cette invocation. […] c’est un des charmes du style de La Fontaine. […] Dans ce style familier, on peut supprimer il et dire fallut au lieu de il fallut. […] Cette fable écrite du style le plus simple, et bien moins ornée que les précédentes, n’est pas d’une grande application dans nos mœurs ; mais elle en avait beaucoup dans nos anciennes démocraties.
Vous n’aurez ni l’observation, ni le style, sans lesquels il n’y a pas non seulement de comédie mais d’œuvre littéraire quelconque, ni art, ni vérité. […] Μ. de Girardin observe comme les hommes à système, qui ont leur idée sur les yeux ; et quant à son style… Qui osera dire que c’est un style (littérairement), que ce hachis de mouton de Dindenaud socialiste servi depuis vingt-cinq ans dans La Presse ? […] Le style qui recouvre un pareil comique ne le dépare pas. […] Eh bien, le style de Μ. de Girardin n’a pas cette simplicité éblouissante !
Et, cependant, c’est lui qui a écrit, avec un style que nous avons vu luire ailleurs et dont il est le grippe-soleil : « Les poètes, dans les coups de vent de l’action, dans les flamboiements du style, réfléchissent, tourbillons pensifs, salamandres de l’art ! […] « Le style — écrit Vacquerie — n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. […] Le style et lui ont été élevés ensemble.
Ajoutez-y ce style que nous connaissons, ce style pompeux, sonore, gongorique, qui est aux autres styles célèbres contemporains ce que la grosse caisse est aux autres instruments, dans une musique militaire. Lorsque de ce style, qui est son genre de prose, M. […] Au travers de ce style inouï qui fait abus des fleurs qui parlent et des oiseaux bleus, commissionnaires de l’Amour, il y a cependant quatre vers qui reviennent sans cesse, mêlés à la prose de M.
. — Rochester, sa vie, ses poëmes, son style, sa morale. […] Sir William Temple. — Sa vie, son caractère, son esprit, son style. […] Les écrivains à la mode. — Leur langage correct, leurs façons galantes. — Sir Charles Sedley, le comte de Dorset, Edmund Waller. — Ses sentiments et son style. — En quoi il est poli. — En quoi il n’est pas assez poli. — Culture du style. — Manque de poésie. — Caractère de la poésie et du style classiques et monarchiques. […] Son style est travaillé et pénible. […] Ce sont des exercices de style.
Ayant entendu le 8 décembre 1700, jour de la Conception, le sermon du père Maure de l’Oratoire prêché aux Récollets de Versailles, « notre prélat en a loué, dit Le Dieu, la pureté du style, la netteté, les tours insinuants et pleins d’esprit ; mais il n’y a trouvé ni sublimité ni force ; il le tient même au-dessous de son confrère le père Massillon. » Mais ce n’est pas un jugement définitif, et l’on voit que, le vendredi 4 mars 1701, « il entendit à Versailles le sermon de la samaritaine prêché par le père Massillon, dont il fut très content. » Toutefois, il reste vrai pour nous que Bossuet et Massillon ne sont pas tout à fait de la même école d’éloquence sacrée, Bossuet étant de ceux qui y veulent à chaque instant la parole vive, et Massillon au contraire disant, quand on lui demandait quel était son meilleur sermon : « Mon meilleur sermon est celui que je sais le mieux. » Les jugements de Bossuet sur Fénelon sont encore plus sévères, et ils sont décidément injustes. […] Dès qu’il parut et qu’il en eut vu le premier tome, il le jugea écrit d’un style efféminé et poétique, outré dans toutes ses peintures, la figure poussée au-delà des bornes de la prose et en termes tout poétiques. Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur. Comme j’en faisais la lecture, j’ai dit que j’avais Sophronyme (Les Aventures d’Aristonoüs) et les Dialogues (des morts), que je trouvais d’un style plus supportable que Télémaque. Il est vrai, dit M. de Meaux, mais aussi ce style est-il bien plat ; et pour les Dialogues, ce sont des injures que les interlocuteurs se disent les uns aux autres.
Dans ce livre, M. de Goncourt a de nouveau consigné toutes les originales beautés de son art, l’acuité de sa vision, la délicatesse de son émotion et la science de sa méthode, la sorte particulière de style qui procède de cette sorte particulière de tempérament. […] Et de l’effort que chaque artiste fait à rendre ce qui le frappe et le touche, provient son style individuel, la particularité de son vocabulaire et de sa syntaxe, qui révèle, le plus sûrement la qualité intime de son intelligence. […] Grâce aux infinies ressources de son style et au biais particulier de sa manie observante, il est parvenu à saisir quelques-uns des faits profonds et obscurs de notre vie cérébrale. L’organisation de ses sens et de son style, ressemble à ces instruments infiniment complexes mais infiniment sensibles de la physique moderne qui saisissent des phénomènes et permettent des approximations inconnues aux anciennes machines. […] De là les paillettes, l’ingéniosité, le coloris adouci et pimpant de son style, la fréquence des scènes élégantes et des personnages point abjects, le contournement amoureux de sa phrase, la gaieté de son humeur, et la tendresse de son émotion !
Son Discours sur l’Histoire universelle est un chef-d’œuvre, qui réunit tout à la fois ce que le génie a de plus sublime, la politique de plus profond, la morale de plus sage, le style de plus vigoureux & de plus brillant, l’art de plus étonnant. […] Dans tous ses Ouvrages on remarque une plénitude de savoir qui donne du nerf à ses idées, de la vigueur à ses raisonnemens, de l’embonpoint à son style, & lui fournit ces preuves abondantes & solides qui naissent du concours des autorités. […] Son style n’a trouvé que des admirateurs.
Tous deux ne différaient pas moins par la manière dont ils concevaient la forme et le style, ou la façon de s’exprimer. […] Je voudrais un style plus simple ; mais, dans ce cas, les provinciaux l’achèteraient-ils ? Je suppose qu’il fait ses romans en deux temps ; d’abord raisonnablement, puis il les habille en beau style néologique, avec les patiments de l’âme, il neige dans mon cœur, et autres belles choses. De son côté, M. de Balzac trouvait qu’il manquait quelque chose au style de Beyle, et nous le trouvons aussi. […] En paraissant mépriser le style, il en était très préoccupé.
Le beau style ! […] Son mauvais style l’a érigé grand homme ; il a réussi par ses défauts. […] Le style de M. de Biran n’est pas le galimatias double ; ce n’est que le galimatias simple. […] C’est un esprit vigoureux, très-vigoureux, puisque avec ce style il n’est pas devenu imbécile. […] Contenu par Condillac, de Tracy, amateurs de faits et écrivains précis, il a commencé par l’étude des faits et le style précis.
Il y a dans le récit de cette vision un accent qui rappelle le style des prophètes. […] Giusti imite le style de la Divine Comédie, comme Paul-Louis Courier imitait le style d’Amyot et de Montaigne. […] Bulwer d’avoir cherché à racheter la vulgarité de sa fable par l’élévation du style. […] Quant au style de ses ouvrages, je suis forcé de le condamner. […] Le style de Claudie est pareil au style du Champi ; c’est la même naïveté et parfois aussi, je dois le dire, le même enfantillage.
Son style a des intonations. […] Quel style que le sien ! […] La convention s’étale et les agréments de ce style semblent un fard. […] Le style en est alerte. […] Ces recherches techniques individualisent le style de M.
Il a tracé, en quelques pages d’un style négligé, mais poignant, le tableau de ses souffrances. […] Le style de Notre-Dame est incontestablement supérieur au style de Han d’Islande, de Bug-Jargal, du Dernier Jour d’un condamné ; mais ce style, j’ai regret à le dire, s’est enrichi aux dépens de la pensée. […] Jules Sandeau sont écrits d’un style pur et châtié. […] Ai-je besoin de dire ce que je pense du style de M. […] C’est ce qui arrive nécessairement toutes les fois que le style manque d’unité.
Il écrivait des sermons, pour la cathédrale de Chambéry ou de Turin, du style élégant, succulent et onctueux de nos grands prédicateurs. […] Ses sauvageries de style étaient des appâts tendus à la curiosité. […] Le style de Bossuet était retrouvé au fond de la Suisse. […] Le style, nouveau aussi par sa sculpture lapidaire, était à la hauteur de l’esprit. […] Mais ce vengeur rajeunissait par la jeunesse de son style la vieillesse des choses.
Le secret de leurs pensées et de leur style se renferme dans la singularité de leur conception. […] Cette faculté, qui relève toutes les autres, accomplit le talent de l’orateur, soit dans le style simple, soit dans le style sublime, soit dans le style tempéré, ou moyen entre les deux premiers. […] Je décomposerai les formes de chaque genre et de chaque style qui leur convient. […] Ses ressorts, ni ses rôles, ni ses catastrophes, ni son style, ne sont ceux de Melpomène : il ne dégrade donc pas le ton de la tragédie. […] Le sentiment et le style sont le génie de l’un ; l’élévation des choses et l’étendue des plans, le génie de l’autre.
Il y a un contraste choquant entre la pompe de ses pensées, le fracas de son style et la mesquinerie de ses plans. […] C’est une impropriété de style. […] Ce style est de l’eau claire : voilà pourquoi les partisans de Voltaire vantent prodigieusement sa clarté. […] Ce style est faible et dur. […] Si on veut rejeter ces rodomontades sur la nature du style oriental, je répondrai que le goût défend d’imiter, sur notre scène tragique, le style oriental en ce qu’il a de comique.
Il aurait pu morne, discrètement, lui donner des leçons de style. […] Ce style est vivant. […] Le style est une chose et la parole en est une autre. […] Encore est-il qu’il me faut bien reconnaître que le style de Calvin est de tous les styles du xvie siècle celui qui a le plus de style. […] Il a, de tous les styles, celui qui est le plus impersonnel.
Ce travail achève l’invention et crée le style : les choses, rapprochées, se limitent, se déterminent, se précisent ; les mots qui les représentaient font place à d’autres qui les montrent mieux. […] Pour l’écrivain, le dessin et le plan de l’œuvre ne valent que si l’on passe à l’exécution, et ne se complètent à vrai dire que dans l’exécution : tant qu’il ne l’a pas toute écrite, elle reste flottante et vague, à l’état de pure possibilité : il ne peut donner à chaque chose sa place propre et sa juste grandeur que par le style : la seule mesure de l’idée, c’est le mot. […] Si les mots suivants ont la même vertu, le style est comme un flambeau qui, promené successivement devant toutes les parties d’une grande toile, fait passer devant nos yeux une suite de figures lumineuses, chacune accompagnée par le groupe vague des formes qui l’entourent, et sur lesquelles la clarté principale a égaré quelques rayons.
Ne sera-t-il donc pas permis de dire que des vers, prétendus philosophiques, sont froids & rampans ; de relever des défauts de poésie, de versification, de style & de goût ; de se plaindre d’une langueur & d’une monotonie assommantes dans un Ouvrage (le Poëme des Saisons) dont l’agrément, la chaleur & la variété devoient faire tout le prix, sans avoir à craindre une détention ignominieuse, quand on n’offense, ni la Religion, ni le Gouvernement, ni les mœurs ? […] Clément est moins gênée, plus flexible, plus variée ; elle fait enchaîner ses périodes d’une maniere différente, rouler son style avec autant de noblesse que de simplicité, & se ménager des repos qui contribuent à l’harmonie. […] Ceux qui s’intéressent au succès de ses travaux, autant qu’à l’avantage du Public, sont portés, par ces deux motifs, à désirer qu’au talent de l’analyse, il pût réunir un style plus flexible, plus agréable, plus varié.
André Lemoyne mérite une mention spéciale parmi les fins ouvriers de style. […] Collin est excellente, son style est ferme et franc. […] Victor Hugo garde seul aujourd’hui les grandes intuitions et ce cachet des maîtres, un style bien à lui. […] S’il s’agit du style seulement, le style de La Rochefoucauld, « juste et court », comme le définit Mme de Sévigné, est bien de la même famille que celui de César. […] La littérature française n’a rien d’une plus forte et plus lumineuse concision de style.
Leurs idées peuvent être fausses, leur style peut être inculte, mais leur sentiment les sauve et les immortalise quand leur âme a touché l’âme de leur siècle. […] Il est intime parce qu’il est confiant, il est nu parce que son style et lui ne font qu’un, il dit tout parce que son entretien est un tête-à-tête avec lui-même ou avec son lecteur. […] Il écrivit presque en même temps l’Émile, livre d’un style admirable et d’une conception insensée. […] La magie de son style le dérobait à toute atteinte des lois ; tous ses lecteurs devenaient ses complices, pendant que ce livre était dans leurs mains. […] Il y a peu de vraie morale, mais il y a une ardente piété dans son style.
Est-il vrai que les provenances diverses des trois ordres « s’accusent dans la conception et dans le style » ? […] Le style même d’Euripide est déjà romantique. […] Cela ne l’empêche point de s’exprimer comme auraient pu faire Guiche et Lauzun en soignant leur style. […] Dans Iphigénie, c’est un sacrifice humain que l’on discute en si beau style. […] Joignez le style, si exact, si souple, si hardi, si élégant, si lié, avec je ne sais quelle grâce incommunicable.
Fuyez, La Motte, Fontenelle, et vous tous, poètes et gens du nouveau style ! […] Notre poète courait, en ce temps, après ce style qu’il a attrapé dans la suite. […] En revanche, je l’ai dit, Marais est un ennemi déclaré du style des Fontenelle et des La Motte. […] Marais, citant une de ces pièces, — une espèce de circulaire pour justifier l’exil du maréchal de Villeroy, gouverneur de Louis XV (août 1722), — trouve que « le style n’a pas la dignité nécessaire en pareil cas. » La critique de détail qu’il en fait est plus minutieuse que convaincante. […] Ce n’était pas un sectateur du style raffiné ni un écrivain néologique que Massillon, un des beaux noms littéraires de la Régence.
Une des conditions du génie critique dans la plénitude où Bayle nous le représente, c’est de n’avoir pas d’art à soi, de style : hâtons-nous d’expliquer notre pensée. Quand on a un style à soi, comme Montaigne, par exemple, qui certes est un grand esprit critique, on est plus soucieux de la pensée qu’on exprime et de la manière aiguisée dont on l’exprime, que de la pensée de l’auteur qu’on explique, qu’on développe, qu’on critique ; on a une préoccupation bien légitime de sa propre œuvre, qui se fait à travers l’œuvre de l’autre, et quelquefois à ses dépens. […] De style, il en avait sans s’en douter, sans y viser, sans se tourmenter à la lutte comme Courier, La Bruyère ou Montaigne lui-même ; il en avait suffisamment, malgré ses longueurs et ses parenthèses, grâce à ses expressions charmantes et de source. […] Je fais cas de l’une et l’autre main : Tous deux ont un bon style et le langage sain. […] Bayle partit donc en style de la façon du xvie siècle, ou du moins de celle du xviie libre et non académique ; il ne s’en défit jamais.
Le style. […] Griffin développe sa personnalité et la manifeste en un style subjectif et particulier, M. de Régnier détruit la structure apparente de la sienne pour la subordonner à des lignes objectives et atteindre le Style. Car, comme il est un William Shakespeare et un Jean Racine, il est deux sortes de styles. […] Mais outre ce style entièrement subjectif il en existe un autre, celui que l’on désigne ordinairement par ce mot. […] Car il s’est trouvé des hommes pour fondre en un seul et indestructible métal les styles et le Style, le génie et le talent.
. — Genre de vérités ; beautés de la langue et du style de Montesquieu. […] Le style, c’est proprement ce qui est personnel à l’écrivain dans la langue commune. On ne lit pas Montesquieu sans être très attentif à son style, et il faut dire qu’il ne nous aide pas à oublier l’auteur. Ce style nous tient tout près de lui. […] Cela me mène à l’épithète qui caractérise le style de Montesquieu : c’est un style flatteur.
Ce sera assez pour nous de causer librement de Boileau avec nos lecteurs, de l’étudier dans son intimité, de l’envisager en détail selon notre point de vue et les idées de notre siècle, passant tour à tour de l’homme à l’auteur, du bourgeois d’Auteuil au poëte de Louis le Grand, n’éludant pas à la rencontre les graves questions d’art et de style, les éclaircissant peut-être quelquefois sans prétendre jamais les résoudre. […] Boileau seul, conseillé de son bon sens, osa défendre l’expression ; mais il la défendit bien moins comme nette et franche en elle-même que comme reçue dans le style noble et poli, depuis que Vaugelas et d’Ablancourt l’avaient employée. […] Le style de Boileau, en effet, est sensé, soutenu, élégant et grave ; mais cette gravité va quelquefois jusqu’à la pesanteur, cette élégance jusqu’à la fatigue, ce bon sens jusqu’à la vulgarité. […] En général, Boileau, en écrivant, attachait trop de prix aux petites choses : sa théorie du style, celle de Racine lui-même, n’était guère supérieure aux idées que professait le bon Rollin […] Il nous est impossible pourtant de ne pas préférer le style de Regnier ou de Molière.
Il écrit d’un bon style, avec une simplicité sérieuse, sans flamme et sans éclat. […] Un jour il prit la plume, et de son style de poète il essaya de faire passer son enthousiasme dans l’âme du jeune Louis XIII. […] La forme du livre est un peu confuse, mais vivante, avec son style éclatant parfois de verve rabelaisienne, souvent illuminé de grâce poétique, abondant même en chaude et vigoureuse éloquence. […] C’est le commencement du style rococo : mais ce n’est autre chose que la fin du lyrisme. […] Régnier eut le don du style : peut-être est-ce là le principal de son génie.
Le style de Louis XIV n’a pas cette brièveté vive et brusque qui caractérise les pages originales de Napoléon, ce que Tacite appelle « imperatoria brevitas » : ce caractère incisif du conquérant et du despote, ce rythme court, pressé, saccadé, sous lequel on sent palpiter le génie de l’action et le démon des batailles, diffère complètement du style plus tranquille, plus plein et, en quelque sorte, héréditaire de Louis XIVo. […] Henri IV, ce premier roi Bourbon, a gardé dans son style vif quelque chose de guerroyant et de gascon que Louis XIV n’a plus. Le pitoyable Louis XV, qui ne manquait pas d’esprit et dont on cite quelques mots piquants, avait dans l’habitude de la conversation des longueurs sans fin et du rabâchage ; c’était le style bourbonien dans ce qui était déjà son affaiblissement et son ramollissement. Le seul Louis XIV nous offre ce style dans toute sa vraie plénitude et sa perfection, et comme dans sa juste et royale stature. […] [1re éd.] ce caractère incisif du conquérant, ce rythme court et pressé sous lequel on sent palpiter le génie de l’action, diffère complètement du style plus tranquille, plus plein et, en quelque sorte, héréditaire de Louis XIV.
Sarcey — sa personne, sa critique et son style — est une impression de rotondité. […] S’il est obligé de répéter après d’autres des vérités connues, il semble qu’il les découvre, tant il sait les rajeunir par la vivacité de l’impression, par le style, par l’accent. […] Il avait encore une certaine grossièreté de sentiment moral et des instincts de mauvais sujet qui lui appartenaient bien en propre et à quoi correspondait, dans son style, un goût marqué pour les grossièretés de langage. […] Avec une syntaxe irréprochable, une extrême propriété de termes, un vocabulaire excellent, il vous a des hardiesses de style qui vont très volontiers (oh ! […] Taine, toutes œuvres que caractérisent la conception mécanique de l’âme humaine, un mépris superbe de l’homme, un style sec et tranchant, circonscrit dans la notation impassible des effets et des causes.
Plus tard, quand il imite la Psyché d’Apulée, il n’atteint qu’un style faux, à demi naïf et à demi fade. […] Il essayait des dizains, des ballades, des rondeaux, des virelais ; il revenait à la source gauloise, au style naïf, au petit vers leste et campagnard, qui aime les mots francs, qui dit en courant toutes les choses vraies. […] Au-dessus de lui résonne la grave mélodie du style noble et des grands vers. […] Encore faut-il qu’elle ne persévère point d’un bout à l’autre dans le même style, mais qu’elle change, qu’elle ondule, par toutes sortes de tours sinueux, de la joie à la tristesse, du sérieux à la plaisanterie. […] Toutes les grâces de ce style sont « légères. » Il s’est comparé lui-même « à l’abeille, au papillon » qui va de fleur en fleur, et ne se pose qu’un instant au bord des roses poétiques.
— autour de la pensée du romancier et presque toujours au moment où on le voudrait sérieux et sincère, — par exemple, quand il s’agit des détails de l’éducation religieuse de sa Mme Bovary, l’ouvrage n’offre à l’esprit qu’une aridité désolante, malgré le vif de sa douleur et de son style. […] Quant au style par lequel on est peintre, par lequel on vit dans la mémoire des hommes, celui de Madame Bovary est d’un artiste littéraire qui a sa langue à lui, colorée, brillante, étincelante et d’une précision presque scientifique. […] Il doit être un matérialiste de doctrine comme il l’est de style, car une telle nature ne saurait être inconséquente. […] Son style a, comme son observation, le sentiment le plus étonnant du détail, mais de ce détail menu, imperceptible, que tout le monde oublie, et qu’il aperçoit, lui, par une singulière conformation microscopique de son œil. Cet homme, qui voit comme un lynx dans l’âme ombrée de sa madame Bovary, et qui nous fait le compte des taches qui bleuissent ici, noircissent là, cette belle pêche tombée, aux velours menteurs, est un entomologiste de style qui décrirait des éléphants comme il décrirait des insectes.
J’aime qu’il en soit de la langue, du style de tout grand écrivain, comme du cheval de tout grand capitaine : que nul ne le monte après lui. […] Toujours le style te démange, a dit spirituellement Du Bellay, traduisant l’Adieu aux Muses de Buchanan : il s’agit du poëte, de l’écrivain qui se plaint de sa maladie. Rien de plus juste : ce malheureux goût de style et d’art est comme une gale qui s’attache à vous et gâte toute votre vie. […] Au moment où vous commencez à l’être, voilà le style qui vous démange ; plus de laisser-aller, plus de joie.
Son style, qui ressemble parfois à une boucle de strass, mais sans ardillon, son style, taillé à facettes qui voudraient bien couper et qui ne coupent pas, a de vieilles lueurs connues, des images ressassées, empruntées presque toutes au langage de la guerre, puisque c’est la guerre, le pamphlet ! […] Et je pourrais multiplier, si je le voulais, les exemples de ce style lâché qui est le style de Cormenin et des Orateurs ; mais j’en ai dit assez pour qu’on en ait l’idée et pour qu’on perde celle qu’on avait jusqu’ici gardée de lui, comme écrivain.
Il a ce gros style qu’on appellera dans cinquante ans style Revue des Deux-Mondes, comme on dit le style, réfugié, ce style que chacun met sur sa pensée à cette Revue, et qui ressemble à une casaque pendue dans l’antichambre pour le service de tous les dos.
Avec quelle grâce il revient au style familier, dans les vers suivans : V. 13…. […] Voilà deux vers qui ne dépareraient pas le poème écrit du style le plus haut et le plus soutenu. […] C’est le style de la pratique ; et ce mot de chacune, au lieu de chaque, fait très-bien en cet endroit.
La liberté fort grande du style contemporain et parisien ne lui suffisait pas. […] Style de Balzac. […] Changez les habitudes de conduite et de pensée : à l’instant toutes les règles de style se trouvent changées. […] Il y a donc un nombre infini de bons styles ; il y en a autant que de siècles, de nations et de grands esprits. […] On aimait plus l’expression que la chose exprimée, et le style que l’âme.
Le style n’a rien de cette fougue et de ces irrégularités qu’il aura quelquefois, mais qu’il n’a pas toujours et nécessairement chez Saint-Simon. […] Ce jugement a été arrangé et modifié à plaisir, comme tout le style en général dans ces éditions de d’Argenson. […] La forme de Saint-Simon tranchait trop avec les habitudes du style écrit, au xviiie siècle, et on en parlait à peu près comme Fénelon a parlé du style de Molière et de cette « multitude de métaphores qui approchent du galimatias. » Tout ce beau monde d’alors avait fait, plus ou moins sa rhétorique dans Voltaire. […] Il faut bien s’entendre sur le style de Saint-Simon ; il n’est pas le même en tous endroits et à toute heure. […] Respectons le texte des grands écrivains, respectons leur style.
Dumas est un remarquable conteur ; il sait intéresser le lecteur par les qualités d’une imagination brillante qui, au don heureux de l’invention dramatique, joint la verve, l’action, la rapidité du récit, l’agilité d’un style qui court à son but et s’arrête peu pour décrire, encore moins pour prouver, car l’auteur n’a pas de systèmes ; mais cependant avec tous ces avantages, ses succès n’auraient pas été aussi grands s’il ne s’était pas servi de ces trois mobiles : la glorification de la personnalité humaine, les peintures hardies qui troublent les sens, les lieux communs du scepticisme voltairien. […] Par suite de cette même habitude d’improvisation, son style, semblable à ces plantes éphémères qui naissent à la surface du sol, n’a ni couleur ni caractère… [Histoire de la littérature française sous la Restauration (1853).] […] Eugène Lintilhac Charles VII chez ses grands vassaux ; Kean et Caligula (qui fit créer le verbe caliguler dans le sens de se dépenser beaucoup et de n’amuser guère), pour ne citer que les plus fameux de ces drames innombrables bâclés par Dumas père, avec une si remarquable entente de la scène, qu’une demi-douzaine d’entre eux supportent encore fort bien l’épreuve de la représentation, en dépit de l’improvisation du style, laquelle reste sensible même à la représentation. […] Dans cette imitation, Dumas a mis son individualisme de plébéien, son tempérament d’athlète sensuel et bon, son imagination puissante et foncièrement scénique, son style vivant et lâché.
Je l’ai déjà signalée, mais je veux la donner comme elle la donne elle-même, à sa première page, dans ce style qui a vieilli, mais qui ne s’est pas bonifié en vieillissant : « Ô vous que la nature et l’art ont favorisés ! […] Son livre, qui contient à peu près une vingtaine de types de l’observation la plus commune, est un écrin de cailloux que tout le monde peut, en se baissant, ramasser à ses pied, et le style du livre n’en fait pas, certes, des pierreries ! C’est ce style faux, guindé, prétentieux, plein de cailletage, mortel à la gaieté, qu’il veut inspirer, et dont la sécheresse n’empêche pas la prolixité. Quand on songe que c’est ce style-là, et pas un autre, que Mme Sophie Gay nous a donné dans les quatorze volumes de ses Œuvres complètes, on se demande vraiment par quel phénomène d’organisation on peut être à la fois si abondante et si aride.
Il n’a que les idées de ce genre de professeur, il en a le style, mais il n’a rien de plus. […] C’est cette moyenne, dont nous parlions au commencement de ce chapitre, monnaie courante de style et d’idées, mais après laquelle on ne courra pas. […] mais qui n’a pas de relief, et qui pourrait porter aussi bien la date du règne de Louis-Philippe, par exemple, que celle du règne de Napoléon III, l’homme qui l’a écrite étant identiquement le même professeur moyen, le même élève de l’École normale du milieu de la classe, qui pouvait l’écrire, il y a vingt ans, exactement de ce même style, — la construire exactement avec les mêmes renseignements, — y professer exactement les mêmes admirations pour les mêmes personnes, Casimir Delavigne et Béranger, — et, finalement, la saupoudrer de la même fleur d’érudition facile, cueillie dans tous les livres que la fonction met aux mains et force à feuilleter. […] Lenient, qui n’est, lui, qu’un de ses professeurs moyens, — utiles à leur place, mais sans supériorité accusée, — se révélera-t-il un jour à l’étonnement de tout le monde comme un écrivain ayant un style à lui, des idées à lui et une valeur propre et déterminée ?
S’il redevient obscur, il n’aura pas du moins vécu obscur… La Vie de Bohême, quand elle parut, cette suite de pochades écrites en un style qui est plus de l’argot que du français, sur des tables de brasserie et de café, entre beaucoup de pipes et de petits verres, parut une délicieuse fantaisie à beaucoup d’esprits et même à la Critique, qui devait pourtant s’y connaître. […] Je pourrais pousser plus loin ces rapprochements qui se font si positivement écho, mais l’espace me manquerait, et je voudrais signaler encore le style de M. […] C’est le style lâché, déboutonné, effiloché, bohême enfin, dans toute sa beauté de paillon et de haillon. […] Dans ses Nuits d’hiver comme dans sa Vie de Bohême, il n’a pas plus d’inspiration personnelle qu’il n’a de style à lui, pour recevoir l’inspiration des autres.
C’est un esprit de bon sens, mais de gros sens ; de main rude, de force réelle, mais commune, qui a du tempérament et quelquefois de la chaleur, mais sans aucune délicatesse, sans aucune nuance et sans aucune imagination dans le style, ce Boccace à revers… Ah ! […] III Certes, c’est de toutes les maladresses la plus malheureuse, si ce n’est pas la plus malheureuse de (toutes les prétentions, que d’avoir prononcé ce nom de Boccace à propos de ces Amours d’Italie, sans idéalité et sans fini, sans fantaisie joyeuse ou sereine, sans style enfin ; sans tout ce qui fait de Boccace le (conteur italien incomparable ! […] IV Il est donc évident qu’il n’est point un Boccace, qu’il n’a aucun des dons exquis de ce roi des conteurs dont le style tient de la musique et l’imagination de l’arc-en-ciel. […] Charles Didier est un conteur à événements qui a l’habitude de la plume, mais il n’a jamais eu, ce prosateur, d’étoffe ferme et étoffée, dans l’imagination ou dans le style, ni les enchantements passionnés ou rêveurs, ni les belles indolences d’attitudes ou les vivacités éprises, ni les grâces armées et désarmées de la causerie ou du récit, ni les gaietés d’alouette dans un ciel heureux, ni les mélancoliques lenteurs des cygnes sur les bassins tranquilles, que doivent avoir, pour réussir dans la pensée et le langage, les peintres ou les poètes des Décamérons !
Malgré les attaques de ses Adversaires, on peut dire que cet Ouvrage est le plus méthodique, le plus utile, & le plus complet qui ait encore paru sur cette matiere ; il seroit beaucoup meilleur, si le style en étoit plus correct, plus égal, & moins diffus. Cet Auteur paroîtra moins répréhensible, si l’on fait attention que le sujet qu’il a traité exigeoit moins que tout autre l’appareil du style & l’élégance des expressions.
Benjamin Constant est un homme à peu près de votre âge, passionné pour la liberté, d’un esprit et d’un talent en première ligne ; il a marqué par un petit nombre d’ouvrages écrits d’un style énergique et brillant, pleins d’observations fines et profondes ; son caractère est ferme et modéré ; républicain inébranlable et libéral. […] II Le style et la langue de Benjamin Constant méritent qu’on en parle, ne fût-ce qu’en courant. […] Que l’on ne dise donc jamais qu’il écrivait comme Voltaire, car il commença par un véritable style métaphysique, helvétique, mélange d’abstrait et de concret, et dont Rœderer lui-même se raillait. […] Chateaubriand, avec son style de mauvais goût qu’il redouble dans ses brochures politiques, nous aurait déjà réveillés cent fois, stimulés, impatientés : Benjamin Constant, à force de glisser, échappe à l’attention. […] Quand l’orage arrive, la poussière est de la fange. » Il a dans le style de ces soubresauts d’imagination et qui ne se soutiennent pas ; cela me fait l’effet des poissons volants et qui, n’étant point faits pour voler, retombent bientôt.
Jugement d’ensemble sur Voltaire : caractère, esprit ; style ; l’ironie voltairienne ; l’art de conter. […] Son style est exactement à la mesure de son intelligence, un style analytique, précis, limpide, qui résout ou fond toutes les difficultés, tout en lumière avec très peu de chaleur, merveilleusement adapté à l’expression des idées, c’est-à-dire de la nature dépouillée de ses formes concrètes et rendue intelligible par l’abstraction. Ce style manque d’éloquence, de poésie, de pittoresque. […] Son style n’est nullement artiste. […] Voltaire prend le style d’un pasteur fanatique ; mais c’est encore pis que d’être sincèrement fanatique, et pour son compte.
Ne lui disputons pas d’ailleurs le mérite d’une certaine imagination de style, et par moment d’un heureux choix de mots ; mais dans ses plus beaux vers on ne sent ni une raison émue ni un cœur touché. […] J’entre volontiers dans la colère de Voltaire s’écriant : « Quel faux dans les sujets, et quelles contorsions dans le style ! […] Quand la Harpe, d’accord avec les critiques de Voltaire sur le défaut d’invention de la Henriade, y vante les beautés de style, que veut-il nous persuader ? […] Ils sont inventés, car ils vivent ; et par quoi vivent-ils, sinon par les beautés du style ? […] On en trouva le style naturel, parce qu’il était bourgeois.
Il étudiait les langues, il réfléchissait sur les principes et les instruments de nos connaissances, il visait à la gloire du style. […] Voltaire avait mis Rivarol au défi de réussir ; il lui avait dit en plaisantant qu’il ne traduirait jamais Dante en style soutenu, « ou qu’il changerait trois fois de peau avant de se tirer des pattes de ce diable-là ». […] Il vise, en traduisant, à ce style soutenu déclaré impossible ; et, dans cet effort, il ne songe qu’à s’exercer, à prendre ses avantages, à rapporter quelques dépouilles, quelques trophées en ce qui est du génie de l’expression. […] Ce remarquable Discours, qui dépassait de bien loin par le style et par la pensée la plupart des ouvrages académiques, valut à Rivarol l’estime de Frédéric le Grand et obtint un vrai succès en France et en Europe. […] Son style fait parfois l’effet d’une étoffe lustrée qui bruit et reluit.
Les différences qui existent dans leur talent et dans le système de leur style s’apercevront un jour dans leurs élèves, mais tous tiendront plus ou moins à la grande et primitive école. […] Où se trouvait alors, est-il vrai de dire, ce rayon, ce sentiment du style poétique, si l’on excepte Le Brun, qui en avait l’instinct, l’intention, et André Chénier naissant, qui allait le retrouver ? […] Ce qui est vrai à mon sens, c’est que le genre de style poétique de Boileau et même de Racine avait besoin d’être modifié après eux pour être vraiment continué. […] De style neuf et souverainement construit, il n’en eut pas. […] Il affecte assez fréquemment dans son style ces tours précieux qui ressemblent aux mines des coquettes.
Il y a un genre d’ornementation gothique qu’on appelle le gothique fleuri ; le style du père Béquet était du français fleuri. On juge de son attrait pour M. de Chateaubriand, le grand génie de cette magnifique corruption du style. […] Parce qu’indépendamment des beautés réelles de ce style, ce style était neuf, et qu’il y a dans la nouveauté une primeur de sensations qui est à elle seule une beauté littéraire. De même que chaque peuple, chaque civilisation et chaque siècle portent leurs pensées, ils portent aussi leur style. M. de Chateaubriand nous révélait le style du dix-neuvième siècle : style composite, comme le genre d’architecture auquel on applique ce nom ; style qui mêle tous les genres, qui associe le raisonnement, l’éloquence, l’élégie, le lyrisme, la peinture, la poésie, et qui recouvre le tout d’un vernis magique de paroles musicales pour faire illusion souvent sur le peu de solidité du fond.
Et il faut même dire qu’elle s’est adaptée au nouveau style plus vite que le lyrisme. […] « Distinguons le style d’une œuvre de sa situation. Le style ou volonté crée, c’est-à-dire sépare. […] Certaines œuvres de Flaubert ont du style ; aucune n’est située. Le théâtre de Musset est situé et n’a pas beaucoup de style.
Le Napoléon des dernières années y est parfois avec des traits où M. de Lamartine a combiné son style nouveau et quelque chose de ses anciennes préventions ; il a retraduit dans sa manière moderne son ancienne poésie. […] Il arrivait sans être attendu, comme s’il eût voulu surprendre ou devancer une révolution. » Voilà de l’excellent style d’histoire. Tout à côté, voulant peindre M. de Metternich dans une négociation : « M. de Metternich était sincère, dit l’historien, car il était intéressé. » Voilà encore de l’excellent style d’observation et de portrait. […] Dans un style ordinaire, réfléchi et raisonnable, que de pensées ainsi resteraient grandes ou charmantes ! […] Parlant de Napoléon avec rigueur, et en ceci, je crois, avec une souveraine injustice, il dira : « Il y avait un arrière-souvenir de la Terreur de 1793 dans le gouvernement de cet homme, qui avait vécu, grandi et pratiqué les hommes de ce temps. » M. de Lamartine a dû méditer cette pensée avant de l’écrire, mais il n’a certainement pas relu sa phrase, car le style en est grammaticalement impossible.
Avec du talent pour écrire l’Histoire, il ne s’est attaché qu’à des Vies particulieres, dont on ne peut blâmer que le style quelquefois inégal, & souvent trop diffus. Ce style est plein d’ailleurs d’intérêt, de chaleur, & de naturel.
Ce Conte, écrit d'un style aussi singulier qu'agréable, est, selon M. de Voltaire, un exemple, qui montre qu'on peut très-bien conter d'une autre maniere que Lafontaine. Les autres Poésies de M. de Sénecé, qui, pour la plupart, consistent dans des Epigrammes, offrent quelquefois des beautés neuves, & un style piquant, fruit agréable du tour original de son imagination qu'il avoit reçu de la Nature.
Et le style y répond. Style bien à nous ! […] L’art d’écrire lui manque, non le style. […] son système de style le lui défend. […] Car la première et la plus certaine condition de salut pour une œuvre littéraire, c’est le style ; la seconde, le style encore, et la troisième, toujours le style.
l’élégance, la pureté de style, la force comique, et l’invention. […] Dans ces sortes d’invocations, et dans les chants des chœurs, l’élégance du style d’Aristophane brille de tout son éclat : il ne néglige aucun des agréments et des parures fleuries qui rehaussent la diction et les grâces de son esprit varié. […] Le ridicule, les mœurs, le vraisemblable, le nécessaire, le style, et le dialogue naturel ou satirique, sont les seules conditions du comique de cette espèce : elles ne vont qu’à six. […] Il exclut les scènes de pur ornement, les détails superflus, les tirades prétentieuses, les portraits inutiles, et l’enflure ambitieuse du style. […] Ce n’est pas tout : le vraisemblable porte ses qualités sur le style autant que sur la composition, et réclame les convenances relatives aux mœurs, à l’esprit, à la profession de chaque personnage.
Si son style manque quelquefois de précision & d’élégance, il est du moins toujours clair & correct. […] Au mérite de la fidélité, le Traducteur réunit la correction & la noblesse du style. […] Une plume d’or, en effet, si elle avoit pu influer sur le style, auroit mieux convenu à du Bartas, avant la composition de son Poëme.
Peut-être cet Auteur s’est-il persuadé que l’obscurité dans les pensées & dans le style seroit propre à donner du prix à ses Productions ? […] Les Principes de la Philosophie morale ne sont qu’une Traduction très-libre de l’Essai sur le mérite & la vertu de Mylord Shafstersbury.Sans vouloir discuter ici le mérite de l’Original, c’est assez de faire remarquer qu’il ne s’agissoit pour le Traducteur, que d’employer un style clair, précis, & correct ; c’est ce que M. […] N’y remarque-t-on pas une confusion d’idées indigestes, communes, extravagantes, & par-dessus tout, un style froid, dur, rebutant ?
Il n’avoit eu ni le tems de se former le style, ni celui de peser les faits dans une balance exacte. […] Mais il lui ressemble encore moins par le style. […] L’érudition de l’auteur est immense ; mais son style est dur, amer, & ses phrases épuisent la poitrine.
On doit laisser aux purs savants, géomètres, astronomes, physiciens, le soin d’établir les formules, d’énoncer dans un style approprié soit les rapports des quantités abstraites, soit les relations des phénomènes et les évaluations numériques qui les déterminent. […] Sainte-Beuve aurait mille fois raison de dire que le style des Laplace est le seul qui convienne à ce genre de sujets. […] Par un contraste singulier, elle règne encore dans le style au moment où le poète veut qu’elle ne règne plus dans les idées : De la cour d’Apollon, que l’erreur soit bannie. […] Pour le bien comprendre, il est utile, presque nécessaire, d’avoir le texte latin ouvert à côté ; l’éclat poétique s’éteint dans l’excessive condensation du style ; l’élan, le mouvement du poète latin s’embarrasse dans la rime, qui l’arrête ou le brise. […] Il y a dans ces strophes et dans beaucoup d’autres une fermeté, une simplicité de style, qui nous montrent déjà M.
En retranchant de cette Histoire quelques digressions inutiles, certains détails trop minutieux ; en mettant plus de correction, d'élégance & de précision dans le style, il eût pu la rendre encore plus digne du succès dont elle jouit. […] Ce dernier Ouvrage offre un style plus précis & plus soigné, une érudition mieux digérée, & des recherches plus savantes & mieux présentées.
Ecrits d'un style, tantôt maniéré, tantôt lâche, & toujours froid, l'Orateur y semble méconnoître le ton convenable aux différens sujets qu'il traite. […] D'ailleurs les morceaux qu'il a empruntés des sources, ne sont pas assez bien adaptés à son style, pour qu'on ne s'apperçoive pas d'une bigarrure qui déplaît à tout Lecteur délicat.
Saint Jérôme, le plus passionné des Pères, avait bien retenu de l’Antiquité profane et des ardeurs de sa jeunesse un accent qui retentissait dans son style ; mais, pénétré de Jésus-Christ jusqu’à la moelle des os, le saint diminuait en lui les restes du poëte et du voyageur. […] Mais, si chrétien qu’il fût, l’homme était demeuré ; il se remuait tout vivant dans la magie de son style, et jamais le Christianisme n’avait eu pour prophète une âme où le monde eût tant d’éclat et Jésus-Christ tant de grandeur. […] Le style y gagne ; il est court-vêtu en quelque sorte, sermo succinctus ; il s’y voit je ne sais quel air cavalier et beaucoup de désinvolture. […] Il y aurait bien ici quelque chose à dire pour le style et pour le rapport des images ou des expressions entre elles : un mélange de deux mondes, qui, tombant dans une âme, la saisit sous une double étreinte… Ce n’est pas très-régulier ni d’une analogie bien suivie. C’est du style d’orateur pittoresque, jeté tout cru sur le papier.
Car justement ce qui fait qu’une poésie devient populaire, est insérée dans les recueils de morceaux choisis, dans les Abeilles ou les Corbeilles de l’enfance, ce sont bien sans doute des mérites réels, mais c’est aussi une certaine banalité dans le sentiment, la composition ou le style. […] D’abord ce n’est point là le style ni la manière d’un « ciseleur ». […] Le style de M. […] Il n’est pas de style plus laborieux et plus cherché, de gentillesse plus emberlificotée. […] L’âme et le corps se chamaillent en style familier et bourgeois, comme pourraient faire M. et Mme Denis sur l’oreiller conjugal.
L’essentiel lui est, en présence d’un livre, devant un écrivain, d’indiquer « l’humanité » dont celui-ci témoigne, la vision, qu’il veut donner et celle qu’il a réussi à communiquer ; de préciser la nouveauté du thème choisi, le mérite de la composition, l’originalité du style ; en un mot, de limiter, à sa jauge, la valeur de l’œuvre qu’il pèse : le critique doit aimer, pour la bien mener, cette besogne d’appréciateur, d’expert, de « gourmet », il doit avoir le goût du jugement. […] Elle vante son style, « comme c’est bien écrit, etc. — Non, madame, ce n’est pas bien écrit. » Et me voilà citant Poirier et Les Lionnes pauvres. […] » Je ne lui demande ni esprit, ni poésie, ni style. De style, on n’en trouverait guère dans mes chroniques littéraires. […] Il importe peu que j’écrive plus mal que le romancier, ou même que je n’écrive pas du tout : ce n’est pas de mon style qu’il s’agit, mais du sien.
Comme tous les livres de cet ordre, qui tentent tous les esprits, même les plus débiles, parce qu’ils n’exigent pas de composition résolue, accusée, sévère, il doit périr et périra, et ce qu’il a de style ne le sauvera pas. […] Du Camp est, en effet, volontairement ou involontairement, parle style, un des échos les plus semblables de Théophile Gautier. […] Or, l’une de ces convictions, et même la plus forte, doit être assurément de croire qu’il possède, lui, Maxime du Camp, l’expression plastique, et la couleur, et la technique de l’auteur d’Émaux et Camées, et qu’il joue avec la puissance de son maître avec tout ce style, difficile à manier, d’un Dictionnaire des Arts et Métiers qui fait le beau ! Eh bien, c’est ce style dont nous pouvons dire : « J’ai vu mieux », que nous retrouvons dans le livre sur la Hollande, où rien, absolument rien de l’auteur ne rachète les défauts inhérents au genre d’ouvrage qu’il a entrepris ! […] Le livre de du Camp, imité par le style, faux par la pensée et vide par le tout, est un livre qui n’ira pas loin, même dans les ateliers.
Lafitau, offre plus de légéreté dans le style, que de vérité dans les faits, & ce sera par un esprit d’impartialité. Au contraire, nous dirons qu’on y trouve le vrai, qui doit être la base de tout Ouvrage historique, & avec le vrai, de l’ordre, de la clarté, du développement, un style noble, convenable à l’Histoire, & une modération dont on ne doit jamais s’écarter.
LAMBERT, [Claude-François] Abbé, né à Dôle, mort à Paris en 1765, a composé des Romans, où le style du besoin & de la faim se fait sentir à chaque page ; & des Histoires, qu’on ne lit guere que pour les noms & les dates. […] Ces discours, au nombre de seize, sont écrits comme le reste de l’Ouvrage, c’est-à-dire que le style en est lourd & dissus, que les réflexions en sont triviales, les détails ennuyeux, les faits mal exposés.
Ou dirait un auteur préparant des échantillons de son style pour tous les collectionneurs d’autographes. […] On se connaît en style épistolaire dans notre pays : aussi Mme de Sévigné y a-t-elle trouvé ses meilleurs juges, et, parmi les femmes, les plus favorables et les plus compétents. […] Elle ne se défiait pas du précieux, parce que sa mémoire le lui glissait à son insu, et que, tout en écrivant de ce style qui veut donner aux choses plus de prix qu’elles n’en ont, aucun effort ne l’avertissait qu’elle n’était plus dans son naturel. Un usage conservé de l’hôtel de Rambouillet l’entretint dans ce tour d’esprit, même après qu’elle eut admiré dans les écrits de Port Royal un style proportionné aux choses. […] Saint-Simon est un réformateur, et par là il ressemble à Fénelon, duquel il diffère essentiellement par le style.
S'ils ajoutent que Corneille n'a que neuf ou dix Pieces restées au Théatre, nous répliquerons que celles de ce Poëte qui ont été rejetées, sont bien supérieures aux Tragédies de M. de Voltaire, qui ont eu le même sort, malgré le charme du style. […] Ses Drames lyriques sont de la plus pauvre invention, & d'un style entiérement opposé à celui qui convient à ces sortes de Pieces : Samsom, Pandore, le Temple de la Gloire, n'ont servi qu'à le mettre un peu au dessus de l'Abbé Pellegrin, quand il ne s'agira pas de Jephté. […] Soit qu’il écrive en vers ou dans le style ordinaire, il a presque toujours la même vivacité, le même esprit, les même graces, la même harmonie. […] L’Histoire de Charles XII & celle du Czar Pierre ne seront jamais des Histoires, que pour les Esprits légers, qui préferent l’agrément de la narration & les étincelles du style, au récit noble & grave qui doit caractériser le véritable Historien. […] Ses pensées, ses expressions, ses jugemens, si on les compare les uns les autres à mesure qu'ils se présentent, sont moins de lui, que du Génie qui l'inspiroit alors : peu d'Auteurs, au style près, paroissent moins appartenir en propre à eux-mêmes : à force d'avoir tous les caracteres, il n'en a aucun.
Ses Héros sont bien pris dans la nature : il ne s’éloigne en rien de la vraisemblance, & pour la premiere fois son style est plaisant sans être burlesque. […] Ces Mémoires, au surplus, doivent servir de modele quant au style. […] On ne doit ni imiter son style, ni peut-être le blâmer. […] Son style, quoiqu’en général assez pur, n’a point cette couleur vive & fraîche qu’exigent les ouvrages d’imagination. […] On a fait un juste accueil aux productions de Madame Ricoboni, à la délicatesse de style & à l’onction de sentiment qui les caractérisent.
Cette Collection seroit intéressante, si un amas trop confus de matériaux jetés au hasard, si la fadeur, l’inégalité, l’incorrection & la platitude du style ne la rendoient rebutante pour le Lecteur le plus avide & le plus curieux. […] Richer, Avocat au Parlement de Paris, a évité l’un & l’autre excès dans l’Ouvrage qu’il a publié sous le même titre & fait sur le même plan, & où le mérite d’un style noble & précis se trouve réuni à l’intérêt des matieres.
Ses Sermons,quoique très-estimables, quoique d’un style naturel, oratoire, & assorti aux différens sujets, ne sont pas la partie la plus frappante de son mérite. […] L’érudition, la sagacité, la méthode, y marchent d’un pas égal, revêtues du genre de style convenable à ces sortes de discussions.
Sans valoir la millième partie du bruit qu’on lui a fait, Renan a bien ce qu’il faut, semble-t-il, pour illusionner, je ne dis pas les évêques, dont les mains calmes et consacrées doivent savoir exactement le poids ou la légèreté de l’erreur, mais du moins ce gros public, dont l’instinct est faillible, — mauvais juge d’une science assez grande pour tromper et d’un style assez travaillé pour paraître beau. […] ni science quelconque suspecte, ni style quelconque douteux. […] Quand on le lit, on dirait la perversité d’Eugène Sue ramolli, avec l’innocence de style d’Hippolyte Lucas ! […] … Le livre qu’il commet n’est ni médiocre ni mauvais ; il est nul, puisque l’on n’y trouve que des idées qu’on a vues ailleurs et qui y sont noyées dans un style bien moins ridicule qu’ennuyeux.
Tant qu’un style simple & naïf aura de quoi plaire, ses Ouvrages seront lus avec plaisir par ceux qui aiment à retrouver les traces de l’ancienne aménité Françoise. […] Elle mérite encore plus nos éloges par un style piquant & familier, qui semble donner un nouveau coloris aux Héros qu’il peint, & qui, sans affoiblir leur caractere ni changer la physionomie, les naturalise en quelque façon parmi nous.
Le style des Lettres prétendues interceptées n’est pas celui des personnages qu’il fait parler ; il est celui de l’Auteur, c’est-à-dire, qu’il est plat, froid, sans justesse, sans variété. […] Cet Auteur est aujourd’hui chargé de la rédaction du Courrier d’Avignon, qui, comme on sait, n’offre que des nouvelles surannées, écrites d’un style qui n’est pas capable de dédommager du défaut de nouveauté.
Il est vrai que la maniere de penser, de disserter, de moraliser, est un titre assuré pour plaire aux tristes Penseurs de notre temps ; mais encore faudroit-il savoir assaisonner ses pensées, ses dissertations, sa morale, les embellir des graces du style, & les présenter ainsi parées au Lecteur, qui n’estime que ce qu’il peut goûter. Par malheur, le génie de M. de Lacroix est morne, sec, empesé, pédantesque, & ne sort de sa gravité que pour lancer des pointes & des jeux de mots plus désastrueux encore que son style ordinaire.
Personne n’a mieux rendu les caracteres d’une morale sage, sensible, & embellie par les graces du style. […] On ne peut reprocher à Madame Lambert, que des négligences dans le style, & un ton qu’il falloit un peu plus rapprocher de la nature.
Par cette raison, on n'y trouve point cette franchise, ce naturel & cette facilité, qui font l'ame & l'agrément du style épistolaire. […] Cet Ouvrage d'ailleurs est écrit d'un style affecté, qui dépare ce qu'il y a de bon.