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1576. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Jules Lemaître Des morceaux d’orphéon, des poésies récitées, presque des fables.

1577. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 13-15

Colletet laissa un fils, [François, né en 1628] qu’il ne faut confondre avec son pere que du côté de la Poésie & de la pauvreté.

1578. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

François pour la Poésie, méritoient d’être accueillis du Patriarche de nos Poëtes.

1579. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 544-546

Il ne nous reste de lui qu’un Poëme médiocre, intitulé, l’Institution du Prince, composé pour M. de Vendôme, dont il étoit alors Précepteur, & quelques Pieces fugitives insérées dans le Recueil qui a pour titre, Délices de la Poésie Françoise.

1580. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 506-508

Ses Poésies, qu’on ne lit plus, consistent en des Satires, dont le sujet est moral & critique ; en plusieurs Epigrammes, Madrigaux, Stances, Ballades, parmi lesquelles on trouve plusieurs Pieces d’un très-bon goût, si on fait grace à quelques expressions surannées.

1581. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Il ne reste donc plus d'autre ressource au désir que nous aurions de l'excuser, que de solliciter, en faveur de sa Critique, la même indulgence que nous avons réclamée en faveur de sa Poésie.

1582. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Son indifférence, à cet égard, alloit si loin, que le savant Abbé Fraguier, son Censeur, lui fit des reproches dans l’Approbation qu’il donna au Recueil de ses Poésies.

1583. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Poésie, tome III, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1905, p. 1-2.

1584. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Il lui est arrivé en histoire ce qui lui arrive toujours en poésie : c’est qu’en déclamant contre la religion, ses plus belles pages sont des pages chrétiennes, témoin ce portrait de saint Louis : « Louis IX, dit-il, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être, à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.

1585. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

C’est qu’il y avait des combats de poésie et des couronnes pour le vainqueur.

1586. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Le premier, le fils d’Éson reconnut qu’elle était tombée dans le mal sacré, et, d’une voix caressante, il lui tint ce langage… » L’admirable comparaison des deux arbres est du genre de celles qui abondent dans les littératures anciennes, qui sont assez rares dans les littératures modernes, mais dont en particulier la poésie française dite classique s’est scrupuleusement préservée. […] e Nemours prit la parole… » Voilà ce qu’est proprement le goût français ; on indique, on court, on sous-entend ; on a la grâce, la discrétion, la finesse, tout jusqu’à la poésie exclusivement. […] Réfugiée à bord du vaisseau des Argonautes, elle en redescend pour guider de nuit Jason par la forêt, et sous l’œil du dragon, qu’elle endort, à la conquête des dépouilles du bélier divin : cette scène encore est toute semée de belles images et de poésie. […] Se rappeler une situation assez semblable dans une des poésies lyriques de Schiller, l’Attente. […] On lit ainsi encore dans les Lettres portugaises, mais toujours à l’image près, toujours avec cette différence de l’analyse délicate à la poésie : « Vous me dites hier au soir de jolies choses, et j’aurois souhaité que vous eussiez pu vous voir vous-même dans ce moment comme je vous voyois… Vous vous seriez trouvé tout autre qu’à votre ordinaire.

1587. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

C’étoit un poëte qu’elle expliquoit, car elle n’aimoit pas la prose, et elle n’a pas lu Cicéron ; mais comme elle se plaisoit fort à la poésie, elle lisoit particulièrement Virgile et Horace ; et comme elle avoit l’esprit poétique et qu’elle savoit tout ce qui convenoit à cet art, elle pénétroit sans peine le sens de ces auteurs. » Un peu plus loin, il revient sur les mérites de M. […] C’étoit un grand personnage, quoi que ses envieux en aient voulu dire : il ne savoit pourtant pas toutes les finesses de la poésie ; mais Mme de La Fayette les entendoit bien. » La personne qui préférait à tout et sentait ainsi les poëtes était à la fois celle-là même qui se montrait vraie par excellence, comme M. de La Rochefoucauld plus tard le lui dit, employant pour la première fois cette expression qui est restée : esprit poétique, esprit vrai, son mérite comme son charme est dans cette alliance. […] Dans la teneur de la vie, elle était surtout sensée ; elle avait le jugement au-dessus de son esprit, lui disait-on, et cette louange la flattait plus que le reste : ici, la poésie, la sensibilité intérieure reprennent le dessus, quoique la raison ne manque jamais. […] Racine, par contre-coup, y est un peu légèrement traité avec sa comédie de couvent : « Mme de Maintenon, pour divertir ses petites-filles et le roi, fit faire une comédie par Racine, le meilleur poëte du temps, que l’on a tiré de sa poésie où il est inimitable, pour en faire, à son malheur et celui de ceux qui ont le goût du théâtre, un historien très-imitable. » Mme de La Fayette avait été d’un monde qui préféra longtemps Corneille à Racine ; elle avait aimé et pratiqué dans Zayde ce genre espagnol, si cher à l’auteur du Cid, et que Racine et Boileau avaient tué. […] La jolie édition elzévirienne de ses Poésies (1663) offre ce nom à chaque page : dizains, ballades, églogues, élégies, lui sont coup sur coup adressés.

1588. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux ! […] Thiers seul a fait le poème ; ce poème, quoique écrit dans la prose la plus nue et souvent la plus vulgaire, s’élève quelquefois, non par les mots, mais par la composition, à la plus haute poésie ; c’est bien mieux que la poésie des paroles, c’est la poésie des faits ; cette poésie des faits, la meilleure de toutes, résulte de la composition et non des phrases.

1589. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La beauté est la royauté de la nature, peu importe qu’elle soit née, comme Cléopâtre, sur un trône, ou, comme la Vénus antique, de l’écume de l’onde, ou, comme lady Hamilton, de la lie des vices ; dès qu’elle paraît elle règne ; dès qu’elle sourit elle enchaîne ; que l’on soit Phidias, Raphaël, Dante, Pétrarque, César, Nelson, lord Byron, Bonaparte, Chateaubriand, elle consume Phidias de la passion de reproduire le beau dans le marbre ; elle divinise Raphaël sous le regard de la Fornarina, et elle le fait mourir, comme le phénix, dans la flamme de deux beaux yeux ; elle allume à douze ans dans le Dante un foyer inextinguible d’un seul rayon de sa Béatrice ; elle sanctifie Pétrarque dans la mystique adoration de Laure ; elle arrête d’une caresse, en Égypte, ce César que ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Afrique, ni l’Espagne n’avaient la puissance d’arrêter ; elle corrompt Nelson dans les délices de Naples et contrebalance dans le cœur de son héros la gloire de Trafalgar ; elle fait oublier, à Ravenne, la poésie à lord Byron dans la contemplation de cette poésie vivante qu’on appelle la Guicioli ; elle fait oublier à Chateaubriand son ambition, son égoïsme et sa vieillesse dans le rayonnement déjà amorti de Juliette. […] Une amitié passionnée unissait dès leur adolescence lady Élisabeth Harvey à la première duchesse de Devonshire ; cette première femme du duc de Devonshire était sans scrupules, femme de bruit, de passion, de beauté, de talent, de poésie et de politique. […] Passionnée pour le Génie du Christianisme, qui lui avait révélé la poésie de sa foi, elle aurait donné tous les spectacles pour le spectacle de ce beau front d’où était sortie cette renaissance de la religion antique. […] Cette aimable femme fut la préface de ma poésie.

1590. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Quant au timide compromis, qui cherche à concilier un surnaturalisme affaibli avec un état intellectuel exclusif de la croyance au surnaturel, il ne réussit qu’à faire violence aux instincts scientifiques les plus impérieux des temps modernes, sans faire revivre la vieille poésie merveilleuse, devenue à jamais impossible. […] Il y a autant de bonhomie et de crédulité, mais beaucoup moins de poésie, à discuter lourdement des fables qu’à les accepter en bloc. […] La ligne entre tout croire et ne rien croire est alors bien indécise et pour le lecteur et pour l’auteur ; on peut incliner vers l’un ou vers l’autre, suivant les heures de rationalisme ou de poésie, et l’œuvre conserve au moins un incontestable mérite comme œuvre d’art. […] Voilà pourquoi de toutes les études la plus abrutissante, la plus destructive de toute poésie et de toute intelligence, c’est la théologie. […] Comparez le miracle des Hébreux, grave, sévère, sans variété comme Jéhovah ; le miracle évangélique bienfaisant et moral, le miracle talmudique dégoûtant de vulgarité, le miracle byzantin terne et sans poésie, le miracle du Moyen Âge gracieux et sentimental ; le miracle espagnol et jésuitique, matérialiste, amollissant, immoral.

1591. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je n’étais évidemment pas né pour cette poésie à personnages et à combinaisons savantes qu’on appelle le drame. […] J’ai voyagé, puis je suis rentré dans la maison paternelle à la campagne, où l’ennui et l’oisiveté me rongent, et où j’essaye d’évaporer en poésie cet ennui de mon âme. […] Corneille est l’héroïsme, Racine est la poésie, Shakespeare est le drame. […] La présence du roi et des princes, cette autre maison de Juda pour la France restaurée, et restaurant avec elle la religion et la poésie de Louis XIV, ajoutait à la puissance de l’impression quelque chose de tendre, d’antique, de miraculeux. […] Or, souvenez-vous de la définition que nous avons admise en commençant ces Entretiens : La poésie est l’émotion par le beau.

1592. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

L’homme ne sait plus dire un seul mot sur le berceau ni sur la tombe ; la statistique y a remplacé la religion et la poésie : quand un homme naît, quand un homme meurt, on inscrit son nom sur un registre. […] Mais, je le reconnais, la poésie de la parole est venue fleurir dans vos ruines ; elle est venue, seule, célébrer des funérailles. […] Et la France, après avoir produit et répandu sur l’Europe la philosophie du doute, la poésie du doute lui était bien due, quelque douloureuse qu’elle fût. Pour la première fois notre langue a enfin connu la poésie lyrique. Ce ne sont plus, comme dans les siècles précédents, quelques accents délicats et purs, quelques retours heureux à l’antiquité, de l’analyse et de l’éloquence ; c’est la poésie elle-même qui a paru.

1593. (1904) Zangwill pp. 7-90

« Me voici donc à l’aise, libre de rechercher toutes les causes qui ont pu former mon personnage et sa poésie » ;… Toutes les causes qui ont pu former son personnage et sa poésie, quelle prodigieuse audace métaphysique sous les modestes espèces d’un programme littéraire ; mais pour aujourd’hui passons. […] Plus de grandeur ni de puissance ; l’air sauvage ou triste s’efface ; la monotonie et la poésie s’en vont ; la variété et la gaieté commencent. […] Une raie de peupliers solitaires au bout d’un champ grisâtre, un bouleau frêle qui tremble dans une clairière de genêts, l’éclair passager d’un ruisseau à travers les lentilles d’eau qui l’obstruent, la teinte délicate dont l’éloignement revêt quelque bois écarté, voilà les beautés de notre paysage ; il paraît plat aux yeux qui se sont reposés sur la noble architecture des montagnes méridionales, ou qui se sont nourris de la verdure surabondante et de la végétation héroïque du nord ; les grandes lignes, les fortes couleurs y manquent ; mais les contours sinueux, les nuances légères, toutes les grâces fuyantes y viennent amuser l’agile esprit qui les contemple, le toucher parfois, sans l’exalter ni l’accabler. — Si vous entrez plus avant dans la vraie Champagne, ces sources de poésie s’appauvrissent et s’affinent encore. […] C’est ainsi que l’esprit reproduit la nature ; les objets et la poésie du dehors deviennent les images et la poésie du dedans. […] Sur ce point, je m’écarte des conceptions, merveilleuses du reste de poésie et d’idéal, où s’éleva le génie grec.

1594. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

En général, imitations jalouses et maladroites de Voltaire, ces poésies de Diderot, libertines et quelquefois impies, mais honnêtes, car il mettait l’honnêteté partout, ce sophiste et ce blagueur de vertu (le mot est bas, mais il dit une bassesse), ont les prudences de l’impuissant qui commence dans le vieux roquentin. […] En résumé, ces piètres poésies ne valent pas la peine que la Critique, qui les timbre, en passant, du fameux mot de Rabelais, les ramasse pour les regarder. […] Il ne tombera pas par l’horrible fatras qu’il traîne à ses pattes embourbées, mais par cette poésie qui, de temps en temps, a soulevé ses ailes. […] Gœthe a fait de cette froideur une poésie. […] Tous les têtards de la poésie moderne grouillent dans le frai des théories de Gœthe, et Gautier, qui a cherché à le reproduire chez nous, est fait avec son albumine.

1595. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il faut lui mesurer la poésie au pèse-gouttes. […] Son Victor Hugo, dans le Rapport sur les progrès de la poésie, est un morceau achevé. […] S’il s’afflige quelquefois, c’est à cause de l’abandon où nous laissons la poésie. […] Son enfance fut ainsi ennoblie par une sorte de poésie aimable et triste que ne connaissent pas les autres Parisiens, plus ou moins hantés par l’obsession trépidante des omnibus et des tramways. […] J’aurais voulu montrer, par l’histoire de ce romancier, comment une destinée provinciale peut se parer de poésie.

1596. (1902) Le critique mort jeune

Faut-il avouer ce qu’au fond il aime le mieux en poésie ? […] Il ne faut pas plus rougir d’être insensible à la grande poésie que de rester sourd à la musique. […] Faguet préfère, c’est une poésie abstraite, savante, un peu recherchée et où domine l’intelligence. […] Ainsi il nous prouve que conserver la possession de soi-même ne signifie pas, loin de là, renoncer à la passion ni à la poésie. […] Jammes est aussi furieusement naïf que dans ses poésies.

1597. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il paraît avoir désigné d’abord l’impression des paysages vaporeux et de la poésie songeuse du Nord, par contraste avec les paysages à vives arêtes et la poésie à lignes précises de nos contrées latines. […] Un fait pareil peut être constaté dans le recueil de poésies de l’Américain Edgar Poe. […] Taine devant une page de prose ou de poésie. […] Nostalgique et frémissante, elle prend un recueil de poésie dans le casier où reposent ses livres préférés. […] La poésie se fait psychologique et, comme les jeunes gens le proclament, parisienne et moderne.

1598. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Enfin, c’est lui qui édita les poésies d’André Chénier. […] Car la poésie doit s’occuper plutôt de généralités, et l’histoire de détails particuliers. […] Il paraît que cette poésie plongeait Chateaubriand dans l’exaltation la plus tendre. […] Une excellente emphase qu’il faut approuver, car Shakespeare, de cette façon, observe simplement la nature de la haute poésie. […] C’est qu’il a vécu à une époque de déclin et de langueur pour la poésie.

1599. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Par malheur, Bertrand ne composa pas en ce moment assez de vers de la même couleur et de la même saison pour les réunir en volume ; mécontent de lui et difficile, il retouchait perpétuellement ceux de la veille ; il se créait plus d’entraves peut-être que la poésie rimée n’en peut supporter.

1600. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Leur probité prononce l’éviction des autres arts de la poésie.

1601. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Alphonse Lemerre Après avoir publié ses poésies dans plusieurs journaux, M. 

1602. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Sainte-Beuve Si l’on considère aujourd’hui le talent et les poésies d’Hégésippe Moreau de sang-froid et sans autre préoccupation que celle de l’art et de la vérité, voici ce qu’on trouvera, ce me semble : Moreau est un poète ; il l’est par le cœur, par l’imagination, par le style, mais, chez lui, rien de tout cela, lorsqu’il mourut, n’était tout à fait achevé et accompli.

1603. (1891) [Textes sur l’école romane] (Le Figaro)

Il nous faut une poésie franche, vigoureuse et neuve, en un mot, ramenée à la pureté et à la dignité de son ascendance.

1604. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Il est vrai que son Poëme des Passions n’est pas tout à fait dans le goût des Poésies du beau siecle d’Auguste.

1605. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Son pinceau vraiment tragique l’éleve au dessus de tous ceux qui ont cultivé, après lui, & même de son temps, ce genre de Poésie où il est si difficile de réussir.

1606. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Les autres Poésies légeres de M.

1607. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Poésie, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1912, p. 7-10.

1608. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Poésie, tome II, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1909, p. 177-179.

1609. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Poésie, tome IV, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 5-8.

1610. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Il m’a semblé qu’il y avait du goût, même de la poésie, dans cette composition ; du luxe, de la couleur, qu’une urne dont je n’ai pas parlé et qui est parmi les fruits, et que le vase étaient bien peints ; le vase de belle forme et de belle proportion, le ramage de verdure jetté avec élégance, et les fleurs et les fruits bien disposés pour l’effet.

1611. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

. — Savez-vous quel volume de poésies a, dans ces dernières années, remporté le prix de la faveur publique ?

1612. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

Corollaire : que l’ancien droit romain à son premier âge fut un poème sérieux, et l’ancienne jurisprudence une poésie sévère, dans laquelle on trouve la première ébauche de la métaphysique légale.

1613. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Il y en a pour l’esprit, dans ces nobles et beaux écrits qui, répandus, traduits, interprétés, apportent la philosophie, l’éloquence et la poésie de l’antiquité restaurée et des Renaissances environnantes. […] À travers les éclats de la verve et les splendeurs de la poésie perce la tristesse foncière. […] Monuments, statues et peintures, théâtre, éloquence et poésie, de Sophocle à Racine, ils ont coulé toute leur œuvre dans le même moule, et produit la beauté par le même moyen. […] Pour poésie, quelques sentiments peu compliqués, toujours naturels, point raffinés, intelligibles à tous ; pour éloquence, un raisonnement continu, un vocabulaire limité, les plus hautes idées ramenées à leur origine sensible, tellement que des enfants peuvent comprendre cette éloquence et sentir cette poésie, et qu’à ce titre elles sont classiques. […] Titres ridicules aujourd’hui, parce qu’ils nous rappellent les fadeurs interminables de d’Urfé ou les gentillesses maniérées de Florian ; titres charmants, si l’on regarde la sincère et surabondante poésie qu’ils recouvrent.

1614. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Le Cid est une œuvre de poésie, mais sa prompte influence s’est fait sentir sur toute la langue, et tout au moins son succès coïncide avec un progrès notable dans la prose. […] Ç’a été l’honneur du xviie  siècle, que la poésie a donné le signal et le branle, même à la prose : celle-ci en a gardé quelque chose de plus libre, de plus large et de plus généreux, qui disparaît trop dans le siècle suivant. […] Le Cid est une pièce de jeunesse, un beau commencement, — le commencement d’un homme, le recommencement d’une poésie et l’ouverture d’un grand siècle.

1615. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Qu’ils réussissent dans l’art et dans la poésie, s’ils le peuvent ; tous nos vœux les accompagnent ; mais il y a sur ce point peu de conseils à donner. […] Parmi les morceaux d’une histoire littéraire plus lointaine et plus désintéressée, il faut mettre au premier rang la notice sur Camoëns, vrai petit chef-d’œuvre où la curiosité de l’étude et l’exquis de l’érudition viennent se fondre dans un sentiment bien délicat de cette chevaleresque poésie. […] Marmontel n’est compromis aujourd’hui, dans sa renommée littéraire, que par ses ouvrages de poésie, de théâtre, par ses contes et ses romans ; s’il n’avait laissé que sa critique, il serait un nom des plus respectés.

1616. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Tout ce que nous avons étudié jusqu’ici, les chansons de geste, les romans gréco-romains, byzantins ou bretons, la poésie lyrique, l’histoire même, est au moins par essence et par destination une littérature aristocratique : c’est aux mœurs, aux sentiments, aux aspirations des hautes parties de la société féodale que répondent les œuvres maîtresses et caractéristiques de ces divers genres. […] Dès le xiie , la poésie aristocratique devient une chose de plaisir et de luxe : c’est l’âge des romans antiques et bretons. Cependant l’esprit bourgeois, qu’on voyait poindre dès les temps épiques dans les gabs du Pèlerinage de Charlemagne, commence à se faire sentir par des contes ironiques ou plaisants, par des fabliaux, et par quelques branches de Renart : il s’épanouit au xiiie par la prodigieuse fécondité de ces deux genres, tandis que se déploie la noble et fine galanterie de la poésie lyrique de cour.

1617. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Le genre dominateur de la littérature, entre 1850 et 1890, a été le roman, comme, dans la première moitié du siècle, la poésie lyrique. […] Il se pourrait bien que la vraie poésie réaliste, que nous cherchions précédemment, ce fût lui qui l’eût trouvée. […] in-12 de Poésies. — A consulter : R.

1618. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

La Poésie, la Peinture, la Sculpture, l’Architecture, la Musique, la Danse, les différentes sortes de jeux, enfin les ouvrages de la nature & de l’art, peuvent lui donner du plaisir : voyons pourquoi, comment & quand ils les lui donnent ; rendons raison de nos sentimens ; cela pourra contribuer à nous former le goût, qui n’est autre chose que l’avantage de découvrir avec finesse & avec promptitude la mesure du plaisir que chaque chose doit donner aux hommes. […] Notre maniere d’être est entierement arbitraire ; nous pouvions avoir été faits comme nous sommes ou autrement ; mais si nous avions été faits autrement, nous aurions senti autrement ; un organe de plus ou de moins dans notre machine, auroit sait une autre éloquence, une autre poésie ; une contexture différente des mêmes organes auroit fait encore une autre poésie : par exemple, si la constitution de nos organes nous avoit rendu capables d’une plus longue attention, toutes les regles qui proportionnent la disposition du sujet à la mesure de notre attention, ne seroient plus ; si nous avions été rendus capables de plus de pénétration, toutes les regles qui sont fondées sur la mesure de notre pénétration, tomberoient de même ; enfin toutes les lois établies sur ce que notre machine est d’une certaine façon, seroient différentes si notre machine n’étoit pas de cette façon.

1619. (1890) L’avenir de la science « II »

Il me semble aussi difficile de comprendre le vrai point de vue de la science sans avoir étudié ces savants primitifs que d’avoir le haut sens de la poésie sans avoir étudié les poésies primitives. […] En poésie, il substitua la composition artificielle à l’inspiration intime, qui sort du fond de la conscience, sans aucune arrière-pensée de composition littéraire.

1620. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

pourquoi le railler et, j’ose le dire, le fustiger comme vous le faisiez, en ce qui est de la poésie, au lieu de le favoriser en le conseillant avec sympathie et le dirigeant ? […] Mais, dans un article sur les obsèques de Sautelet (16 mai), Carrel lui-même ne disait-il pas, en voulant expliquer l’âme douloureuse de son ami : La génération à laquelle appartenait notre malheureux ami n’a point connu les douleurs ni l’éclat des grandes convulsions politiques… Mais, à la suite de ces orages qui ne peuvent se rencontrer que de loin à loin, notre génération a été, plus qu’une autre, en butte aux difficultés de la vie individuelle, aux troubles et aux catastrophes domestiques… Et pourquoi, s’il en était ainsi de cette génération, pourquoi interdire à la sensibilité particulière et sincère son expression la plus naturelle et la plus innocente qui est la poésie lyrique, consolation et charme de celui qui souffre et qui chante, et qui ne se tue pas ? […] Ce caractère restrictif et négatif, à l’article de la poésie moderne, n’est point particulier à Carrel ; il le partageait avec la plupart des hommes de l’école historique et politique ; mais il faut qu’il l’ait ressenti bien vivement pour s’être complu si fort à l’exprimer.

1621. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Il semble, à la manière dont il débute, qu’il a senti toute la majesté du spectacle ; que, lui aussi, il va prendre l’essor, qu’il va embrasser de l’aile le champ de la nature, de la poésie et de la tradition, dût-il s’y mêler pour lui quelques nuages. […] Je ne veux pas faire tort à Volney ; je ne prétends point lui imposer la poésie : ce n’est point à Lamartine parcourant les mêmes lieux et les revêtant de ses couleurs trop vastes et de son luxe trop asiatique ; ce n’est pas à Chateaubriand, plus sobre et plus déterminé de contours, mais pittoresque avant tout, que je le comparerai : c’est à un savant de son temps, à un observateur et à un physicien du premier ordre, à l’illustre Saussure visitant, le baromètre et le marteau du géologue à la main, les hautes cimes des Alpes qu’il a comme découvertes. […] Je ne crois nullement, comme l’a dit un esprit d’ailleurs judicieux, que Les Ruines constituent un type dans notre littérature : mais c’est en effet un livre qui, par le ton, est bien le contemporain de certaines formes de David en peinture, de Marie-Joseph Chénier et de Le Brun en poésie.

1622. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On voit la poésie malade poussée dans une petite voiture par un vieux Célestin jovial et méticuleux qui la mène à l’hôpital. […] La poésie du dix-huitième siècle et, malgré Buffon, sa prose donnent l’impression d’une littérature d’aveugles ; non seulement la mémoire visuelle semble partout abolie, mais on dirait que même la vision oculaire est un sens rare ou encore en enfance. […] La poésie, en somme, et l’art, quel qu’il soit, a pour outil premier l’oeil.

1623. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

André Beaunier est l’auteur d’un recueil d’études sur la Poésie Nouvelle : en réalité une apologie du symbolisme. […] Il est regrettable qu’il ne continue point à écrire d’autres pages rapides, intelligentes, brillantes, simples comme celles des Notes sur la Russie, des Bonshommes de Paris et de la Poésie Nouvelle. […] Pierre de Bouchaud, maintenant, aux marbres de Versailles, préfère les marbres d’Italie, mais tour à tour ils eurent son admiration et provoquèrent ses livres concis et lyriques où la critique d’art et d’histoire se fleurit de poésie.

1624. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Remarquez, à travers la plus grande intelligence de l’art, qu’il est sans idéal, sans verve, sans poésie, sans mouvement, sans incident, sans intérêt. […] Doyen serait son écolier dans l’art, mais il serait l’écolier de Doyen en poésie. […] Mais comme presque tout le monde se connoit en poésie et que très peu de personnes se connoissent en peinture, il m’a semblé que Doyen avoit eu plus d’admirateurs que Vien.

1625. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Loutherbourg Il en est de la poésie ainsi que de la peinture. […] C’est un spectacle d’incidens divers qui n’impliquent aucune contradiction ; l’artiste est donc obligé d’y montrer d’autant plus de poésie, de verve, d’invention, de génie qu’il est moins gêné par les règles. […] Quel esprit, quelle poésie y a-t-il là-dedans ?

1626. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

Pour nous, elles ont un caractère plus sacré encore, car c’est le secret d’une tristesse naïve sans draperie, sans spectateurs et sans art ; et il y a là une poésie naturelle, une grandeur instinctive, une élévation de style et d’idées, auxquelles n’arrivent pas les œuvres écrites en vue du public et retouchées sur les épreuves d’imprimerie… Il a été panthéiste à la manière de Goethe sans le savoir, et peut-être s’est-il assez peu soucié des Grecs, peut-être n’a-t-il vu en eux que les dépositaires des mythes sacrés de Cybèle, sans trop se demander si leurs poètes avaient le don de la chanter mieux que lui.

1627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Une poésie doit être une vertu.

1628. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rebell, Hugues (1867-1905) »

René Boylesve Toutes les fois qu’il sera question de cet élargissement, de cette aération, de cette humanisation de la poésie, on devra se reporter aux magnifiques Chants de la Pluie et du Soleil, de Hugues Rebell, qui me paraissent, en ce sens, le plus fort mouvement initial.

1629. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

On a recueilli les Poésies qu’il avoit composées avant l’âge de dix ans, & elles forment un volume in-4°. avec tous les vers qui lui furent adressés.

1630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

Mais ce Poëte a oublié volontiers ces petits triomphes, pour s’attacher à un Ouvrage plus capable d’établir & d’étendre solidement sa réputation, quoique l’exécution n’ait pas entiérement répondu à l’idée qu’on avoit conçue de son talent pour la Poésie héroïque.

1631. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Son Poëme, intitulé les Sens, est un Recueil de bévues, où la Poésie & la Philosophie sont également profanées.

1632. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Frères de la poésie, les beaux-arts vont être maintenant l’objet de nos études : attachés aux pas de la religion chrétienne, ils la reconnurent pour leur mère aussitôt qu’elle parut au monde ; ils lui prêtèrent leurs charmes terrestres, elle leur donna sa divinité ; la musique nota ses chants, la peinture la représenta dans ses douloureux triomphes, la sculpture se plut à rêver avec elle sur les tombeaux, et l’architecture lui bâtit des temples sublimes et mystérieux comme sa pensée.

1633. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Il y a là-dedans de la poésie, de la passion, des chairs, du caractère.

1634. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Les poésies conjugales de Vittoria Colonna ne cherchaient leur écho et leur gloire que dans le cœur d’un époux toujours adoré, le marquis de Pescaire ; les lettres de madame de Sévigné ne briguaient d’autre prix que la tendresse d’une fille. […] Cette lacune universelle, dans la littérature de tous les pays et de tous les âges, est au moins une présomption contre l’aptitude des femmes à la haute poésie exprimée en vers. […] Le vers français, dont nous avons accusé ailleurs le vice et la puérilité trop musicale dans notre poésie rimée, est cependant la dernière expression de la condensation, de l’harmonie, de la vibration, de l’image, de la grâce ou de l’énergie dans la parole humaine. […] L’Italie les borna aux délices de la poésie et de l’amour, ces consolations des pays esclaves ; la sociabilité française, vice et qualité de la nation, les multiplia et les étendit à tous les sujets, depuis la galanterie et la littérature jusqu’à la politique et à la philosophie.

1635. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Joignez qu’Horace a, le premier, introduit dans la poésie latine les plus belles variétés de strophes grecques, sans compter certaines combinaisons de vers qui lui sont, je crois, personnelles. […] Cinq ou six fois du moins, Vigny a su inventer, pour les idées les plus profondes et les plus tristes, les plus beaux symboles et les mythes les plus émouvants, et fondre de telle sorte la pensée et l’image que les objets sensibles sont, chez lui, tout imprégnés d’âme, que la forme précise et rare y est suggestive de rêves infinis, et que ses vers, signifiant toujours au-delà de ce qu’ils expriment, retentissent en nous longuement et délicieusement, y parachèvent leur sens et s’y égrènent en échos lents à mourir… Et c’est, comme vous savez, une poésie de cette espèce, plus libre seulement et plus fluide, mais pareillement évocatrice, que poursuivent les derniers venus de nos joueurs de flûte. […] * * * Le bon hagiographe Pouvillon a pieusement extrait de cette histoire miraculeuse tout ce qu’elle comportait de poésie, d’humanité et d’évangélisme. Poésie méridionale, lumineuse et précise.

1636. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Fortoul est, jusqu’à présent, connu surtout dans la critique ; il y a porté de la verve, de la poésie, mais aussi, il faut le dire, de la fougue, des préoccupations systématiques. […] L’auteur, qui prend part à la discussion, est seul de ce dernier avis, et, pour l’appuyer, il demande la permission de lire à la compagnie un manuscrit de sa composition ; c’est Simiane, ou la poésie de la vie privée, le premier des deux romans.

1637. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Quant à ceux qui méprisent la science comme ils méprisent la haute poésie, comme ils méprisent la vertu, parce que leur âme avilie ne comprend que le périssable, nous n’avons rien à leur dire. […] Cela est immoral ; cela est une conception étroite et finie de l’existence ; cela ne peut partir que d’une âme dépourvue de religion et de poésie 50.

1638. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Byron, qui fut non seulement le plus grand poëte des temps modernes, mais la poésie elle-même dans sa réalité, c’est-à-dire, un mystère, est resté un mystère comme la poésie.

1639. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Ce sont eux qui ont le plus retenu de la poésie du livre. […] Il est donc éminemment poète, si de percevoir une âme dans les objets matériels, et la vie dans la mort, et le passé dans le présent, cela est une grande part de la poésie, est presque la poésie même. […] Je ne sais pas bien si le Voile est « du théâtre », mais je suis sûr que c’est de la poésie. De la poésie silencieuse. […] Bien que le Voile soit assurément de la poésie, il se pourrait que ce fut aussi « du théâtre ».

1640. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Est-ce par ces lectures qu’ils pensaient le détourner de la poésie, ou le munir d’avance contre les passions ? […] C’est beaucoup moins de plaisirs qu’il est curieux et avide que de littérature, de poésie, — et de gloire. […] Çà et là de magnifiques éclairs de poésie ou de passion. […] Corneille, à qui Racine avait soumis sa tragédie, avait déclaré que le jeune homme était doué pour la poésie, non pour le théâtre. […] La poésie devait être vraiment sa vie et son tout.

1641. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

À coup sûr, cette apologie ne serait pas austère ni rebutante ; l’auteur connaissait, autant que la poésie de la nature, la poésie des passions ; son livre serait un trésor de suaves descriptions et d’émotions distinguées. […] La poésie des cloîtres, des cimetières, des cérémonies chrétiennes (à l’imitation de Thomas Gray, par exemple), n’était pas non plus inconnue. […] Dante, Arioste et Milton n’ont-ils pas aussi bien réussi en politique qu’en poésie ? […] En revanche, c’est une condition excellente pour la poésie. […] Mais les tableaux de l’adolescence de celui-ci sont d’une poésie somptueuse et sont un délice pour l’imagination.

1642. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Nos jeunes académiciens qui vont applaudir Lucrèce ne se doutent pas plus de cela que les vieux, tant il y a d’ignorance chez nos lettrés officiels sur notre poésie contemporaine : à part Lamartine et quelque chose de Hugo, ils n’ont rien lu.

1643. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Arthur Ponroy qui a publié incognito un volume de poésies intitulé : Formes et Couleurs, où il y a quelques beaux vers, mais de l’école de Victor Hugo, d’ailleurs avec beaucoup de prétention et d’emphase.

1644. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Cette poésie-là me paraît comme de l’albâtre assez artistement travaillé, mais pâle, sans couleur ; la vie et le sang n’y circulent pas.

1645. (1874) Premiers lundis. Tome II « Achille du Clésieux. L’âme et la solitude. »

En abordant, comme il le fait dans ses derniers morceaux, une poésie plus soutenue et plus figurée, M. du Clésieux aura à se garder de perdre la clarté simple de ses premiers essais.

1646. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Nul frisson ne court plus aux feuillages, Le soleil ne jette aucun rayon, Tout est calme… Et c’est bien, dite avec grâce par lui-même, l’impression finale que donne la poésie de M. 

1647. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Stuart Merrill Des Pæans et des Thrènes aux Chevaleries sentimentales, la route est longue et bellement bordée des plus rares fleurs de la poésie.

1648. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

Les poésies légeres étoient aussi de son ressort.

1649. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 358-361

Si l’on ne recherche dans les Poésies que le grand, le beau, les graces, la délicatesse, on ne fera pas grand cas des siennes ; mais si quelques traits d’esprit, de naturel, d’ingénuité sont capables, comme nous le croyons, de trouver grace aux yeux du Lecteur le plus difficile, la Muse Limonadiere pourra être regardée comme la dixieme, en laissant toutefois un très-grand intervalle entre elle & ses nobles Sœurs.

1650. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés.

1651. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Panard offre une Collection agréable de petites Poésies, où l’esprit & le sentiment brillent sans affectation.

1652. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Avant sa conversion, il avoit publié un Commentaire sur les Poésies d’Anacréon.

1653. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

À la vérité, les deux scènes ne se peuvent comparer, ni pour la composition, ni pour la force du dessin, ni pour la beauté de la poésie ; mais le triomphe du christianisme n’en sera que plus grand, puisque lui seul, par le charme de ses souvenirs, peut lutter contre tout le génie d’Homère.

1654. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Autre vice de ces compositions, c’est qu’il y a trop d’idées, trop de poésie, de l’allégorie fourée partout, gâtant tout, brouillant tout, une obscurité presque à l’épreuve des légendes.

1655. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

une poésie rythmée avec un art où l’esprit et l’oreille combinent le sens et la musique dans un accord merveilleux ? […] Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette. […] D’ailleurs la poésie en est si belle, si harmonieuse, le ton aimable et sublime de l’antiquité y domine si continuellement, les peintures des mœurs y sont si naïves et si particularisées qu’elles suffisent pour rendre témoignage de leur authenticité. […] Le moyen de s’imaginer que des sauvages de l’Orient, tels que les Chinois, eussent écrit des annales, composé des poésies, approfondi la morale et la religion avant que les Grecs, maîtres et docteurs de l’Europe moderne, eussent seulement appris à lire ! […] C’est une beauté morale, encore plus attrayante que celle de la tête de Platon, où l’on ne sent que la poésie et l’éloquence, divinités de l’imagination, tandis que dans la tête de Confucius on sent la raison, la piété et l’amour des hommes, triple divinité de l’âme.

1656. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Cette maturité du cœur est très sensible dans M. de Chateaubriand ; sa poésie en mûrissant devint sentiment. […] » XXV Pendant ces absences, madame Récamier lui conservait ou lui recrutait d’anciens ou de nouveaux amis, pour que son salon le rappelât et le retînt par tous les agréments du cœur, de la poésie, de l’art. […] — Voilà ce seuil que Chateaubriand, vieilli et infirme de corps, mais valide d’esprit et devenu tendre de cœur, foula deux fois par jour pendant trente années de sa vie ; ce seuil qu’abordèrent tour à tour Victor Hugo, d’autant plus respectueux pour les gloires éteintes qu’il se sentait plus confiant dans sa renommée future ; Béranger, qui souriait trop malignement des aristocraties sociales, mais qui s’inclinait plus bas qu’aucun autre devant les aristocraties de Dieu, la vertu, les talents, la beauté ; Mathieu de Montmorency, le prince de Léon, le duc de Doudeauville, Sosthène de La Rochefoucauld, son fils ; Camille Jordan, leur ami ; M. de Genoude, une de leurs plumes apportant dans ces salons les piétés actives de leur foi ; Lamennais, dévoré de la fièvre intermittente des idées contradictoires, mais sincères, dans lesquelles il vécut et il mourut, du oui et du non, sans cesse en lutte sur ses lèvres ; M. de Frayssinous, prêtre politique, ennemi de tous les excès et prêchant la modération dans ses vérités, pour que sa foi ne scandalisât jamais la raison ; madame Switchine, maîtresse d’un salon religieux tout voisin de ce salon profane, amie de madame Récamier, élève du comte de Maistre, femme virile, mais douce, dont la bonté tempérait l’orthodoxie, dont l’agrément attique amollissait les controverses, et qui pardonnait de croire autrement qu’elle, pourvu qu’on fût par l’amour au diapason de ses vertus ; l’empereur Alexandre de Russie, vainqueur demandant pardon de son triomphe à Paris, comme le premier Alexandre demandait pardon à Athènes ou à Thèbes ; la reine Hortense, jouet de fortunes contraires, favorite d’un premier Bonaparte, mère alors bien imprévue d’un second ; la reine détrônée de Naples, Caroline Murat, descendue d’un trône, luttant de grâce avec madame Récamier dans son salon ; la marquise de Lagrange, amie de cette reine, quoique ornement d’une autre cour, écrivant dans l’intimité, comme la duchesse de Duras, des Nouvelles, ces poèmes féminins qui ne cherchent leur publicité que dans le cœur ; madame Desbordes-Valmore, femme saphique et pindarique, trempant sa plume dans ses larmes et célébrée par Béranger, le poète du rire amer ; madame Tastu, aux beaux yeux maintenant aveugles, auxquels il ne reste que la voix de mère qui fut son inspiration ; madame Delphine de Girardin, ne disputant d’esprit qu’avec sa mère et de poésie avec tout le siècle, hélas ! morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris. […] Ampère voyage, pareil à l’esprit errant, des déserts d’Amérique aux déserts d’Égypte, sans trouver le repos dans le silence ni l’oubli dans la foule, et rapportant de loin en loin dans sa patrie de la science, de la poésie, de l’histoire, qu’il jette, comme les fleurs de sa vie, sur le cercueil de son amie.

1657. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

VIII La poésie, cette fleur de l’âme, l’enivra la première. […] Les riches natures, comme César, Cicéron, Brutus, Solon, Platon, commencent par l’imagination et la poésie : c’est le luxe des sèves surabondantes dans les héros, les hommes d’État, les orateurs, les philosophes. […] La poésie est l’arsenal de l’orateur. […] Plutarque affirme que sa poésie égala son éloquence. […] Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes.

1658. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

À la fin du siècle l’esprit critique l’a souvent emporté sur l’admiration qui peut-être est la seule originalité créatrice de l’homme : mais dans la critique de cette époque quelle poésie se recèle, quelle ferveur ! […] Supportable en poésie, ce manque extrême de mesure me fait juger sévèrement, et m’empêche d’aimer certains, et des plus réputés prosateurs de ce siècle. […] … Il est avant tout le siècle de la poésie qui n’avait jamais avant lui atteint de si rayonnants sommets ; il est celui du roman qui a pris avec lui un essor merveilleux ; il est celui de la pensée, toujours insatisfaite, mais toujours plus émancipée et toujours plus inquiète de vérité ; c’est lui qui nous a assuré dans l’univers cette suprématie intellectuelle qui est notre plus sûre gloire, la seule qui ait survécu à la guerre et à la victoire. […] Souverain dans le roman, dans l’histoire, dans la critique, le xixe  siècle domine de plus haut encore dans la grande poésie. […] Baudelaire, sur les bancs du collège, répondait à son professeur qui attaquait devant lui le romantisme : « Le romantisme est la dernière création poétique, donc la seule belle. » Voilà l’évidence et si notre tradition à nous, commence à Baudelaire, c’est parce que la poésie que son art a créée est la seule actuelle, la seule qui vive encore, tandis que Victor Hugo et Racine ont rejoint Homère dans les Musées que sont les classes.

1659. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Éloquence, poésie, tout le style est là, et il n’y a ni éloquence ni poésie où le comique ne naît pas des caractères. Voilà pourquoi les délicats en fait de poésie, ceux mêmes qui ne souffrent pas que Thalie soit une muse, ne refusent pas à Molière le nom de grand poète. […] L’imitation de Molière est si féconde, qu’il en a bien pris à deux auteurs de cette première moitié du siècle de quitter la poésie légère, pour s’aventurer, sur les pas de ce guide, dans la haute comédie. […] De la poésie dramatique, XIII.

1660. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Seulement, il faut louer les hommes de spiritualité et de poésie comme Audin, qui, pour remplir un devoir ou donner de la dignité à leur existence, ont le courage de se soumettre, — sans se diminuer, — à cette effroyable monotonie ! […] Comme tous les artistes puissants, à force de creuser dans ce gypse, dans cette prose, dans cette réalité abaissée, il devait finir par retrouver cette poésie cachée dans les entrailles de toutes choses, même les plus antipoétiques à ce qu’il semble, et qui est la poésie tirée de sa gangue, — ce diamant d’une eau si pure, — le plus intime de la vérité ! […] Mais ce n’est pas uniquement l’esthétique du catholicisme, cette grande poésie des sens purifiée, qui exalte son enthousiasme et enlève son admiration. […] Ces premiers traits, jetés sur un papier que le vent du désert a tourné, et qui furent écrits sur le pommeau de la selle ou sur la pierre de quelque chemin écarté, ressemblent à ces quadri d’André Chénier, base de prose d’où sa poésie s’envolait, trépieds préparés afin que le feu du ciel pût y descendre.

1661. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

La jeunesse est l’âge de la poésie. […] Sa poésie était bien différente, selon qu’il avait plus ou moins fêté Bacchus. […] que c’est vide et insignifiant, malgré les prétentions au grandiose et à la poésie ! […] Le manuscrit de ses poésies est à la bibliothèque du Vatican. […] « Dante et Giotto ouvrent cette ère glorieuse, et ressuscitent la poésie et les arts du dessin.

1662. (1903) Propos de théâtre. Première série

Cette opinion est erronée et rend inintelligible le développement de notre poésie dramatique. […] Sa scène des stances et sa scène avec Pauline au quatrième acte ont été des merveilles de passion, d’ardeur extatique et de poésie. […] Et là encore, c’est du côté de la poésie qu’il va, non du côté de l’histoire. […] La poésie, elle, agrandit tout d’une manière naturelle, sans rien déformer, ni gonfler, ni boursoufler. […] Et pour être sincère et complet, je reconnais qu’il y a même, dans Corneille, de beaux vers de poésie pure, de temps en temps.

1663. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Le logis et la classe sont en guerre : d’un côté, l’on prêche le positif ; de l’autre, on vous pousse ou l’on vous poussait au jeu de poésie. […] Jehannin l’aîné, l’ayant provoqué un jour à un cartel de débauche et de poésie, il en sortit cette Ode trop vantée. […] La suite de cette scène entre l’oncle et le neven poète, et quand celui-ci fait entendre sa noble profession de foi, est de tous les temps ; elle est encore du nôtre, car les familles n’ont pas changé, et le duel à mort entre la bourgeoisie et la poésie recommence à chaque génération. […] Aussi, lorsque dans le recueil des Poésies diverses de Piron (Londres, 1779) on a mis les Trois Manières de Voltaire, et autres contes de la même veine, on a fait un contre-sens. […] Piron vieux, presque aveugle, se convertit tout de bon et signala sa pénitence par des Poésies sacrées et des paraphrases des Psaumes, qu’on s’est avisé de nos jours de vouloir réhabiliter, et dont on est parvenu à citer quelques strophes passables ; c’est tout ce qu’on a pu.

1664. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Bientôt cette curiosité raffinée et délicate le conduisit aux médailles. « Il y a une parenté, dit-il, entre elles et la poésie », car elles servent à commenter les anciens auteurs ; telle effigie des Grâces rend visible un vers d’Horace. […] Depuis longtemps déjà il aboutissait à la poésie du monde, je veux dire aux vers corrects de commande et de compliment. […] La poésie des grandes inductions philosophiques est faible auprès de la persuasion intime enracinée par tant de descriptions positives et détaillées. […] Ils ont toujours en main leur manuel de poésie : si vous êtes conforme au patron établi, vous avez du génie ; sinon, non. […] Ils réduisent le génie à l’éloquence, la poésie au discours, le drame au dialogue.

1665. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

A la chimère d’une perfection impossible il faut imputer les erreurs littéraires de Fénelon, et, en particulier, ses étranges théories sur la langue et la poésie françaises. […] Le charme de la poésie n’est pas seulement dans la difficulté vaincue ; il naît surtout de cette beauté singulière qui résulte de la propriété des termes jointe à l’exactitude de la rime. […] Voit-on Molière trouver notre poésie tyrannique ? […] Dans une lettre à Cideville, du 13 août 1731, Voltaire signale le parti qu’on tirait de ces doctrines contre la poésie en général. « Cette opinion de M. de Fénelon, dit-il, a favorisé le mauvais goût de bien des gens, qui, ne pouvant faire des vers, ont été bien aises de croire qu’on n’en pouvait réellement pas faire dans notre langue… Il condamnait notre poésie parce qu’il ne pouvait écrire qu’en prose ; il n’avait aucune connaissance du rythme et de ses différentes césures, ni de toutes les finesses qui varient la cadence de nos grands vers.

1666. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

Chez lui, pas de ces hésitations et de ces tâtonnements par lesquels ont passé à leurs débuts tant d’écrivains en prose et en vers, qui plus tard sont devenus célèbres ; au contraire, il sut en un moment, comme d’instinct et par révélation, ce métier laborieux, compliqué et difficile de la poésie, si divers et si inépuisable, qu’on met toute sa vie à l’apprendre.

1667. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

. — La Poésie populaire (1896). — Les Chevaux de Diomède (1897). — D’un pays lointain (1897). — Le Vieux Roi (1897). — Le Livre des masques, 2e série (1898). — Les Saintes du Paradis, petits poèmes (1898). — Esthétique de la langue française (1899). — Le Songe d’une femme (1899). — Oraisons mauvaises (1900).

1668. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Les questions se posent en foule : Quelles sont les conditions favorables au développement du lyrisme, de l’humour, de la poésie épique ?

1669. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 104-107

Le Lieutenant de la Connétabie l’avoit dédié au Grand-Maître de la Poésie Françoise, M. de Voltaire.

1670. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

En tête des dialogues si vrais et si passionnés qui forment la partie la plus entraînante des poésies d’Homère, imprimez le mot tragédie, et à l’instant ces dialogues, qu’ils admiraient comme de la poésie épique, les choqueront et leur déplairont mortellement comme tragédie. […] Je disais un jour à un de ces messieurs : vingt-huit millions d’hommes, savoir : dix-huit millions en Angleterre, et dix millions en Amérique, admirent Macbeth et l’applaudissent cent fois par an. — Les Anglais, me répondit-il, d’un grand sang-froid, ne peuvent avoir de véritable éloquence, ni de poésie vraiment admirable ; la nature de leur langue, non dérivée du latin, s’y oppose d’une manière invincible. […] À ce mot beaucoup de gens sincères avec eux-mêmes, et qui croyaient leur âme fermée à la poésie, respirent ; pour la trop aimer, ils croyaient ne pas l’aimer. […] (brillants privilèges de la poésie), les raisons de sentir une beauté de la nature ; or dans le genre dramatique ce sont les scènes précédentes qui donnent tout son effet au mot que nous entendons prononcer dans la scène actuelle. […] Le personnage tombe à n’être plus qu’un rhéteur dont je me méfie pour peu que j’aie d’expérience de la vie, si par la poésie d’expression il cherche à ajouter à la force de ce qu’il dit.

1671. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

L’excès de la sottise en poésie, comme l’excès de l’injustice en politique, amène et prédit les révolutions. […] Les images y sont rares, toujours soutenues ; la poésie audacieuse, la vraie fantaisie, n’y ont point de place ; ses éclats et ses écarts dérangeraient la politesse et le train régulier du monde. […] Pour qu’une belle poésie naisse, il faut qu’une race rencontre son siècle. […] Cette poésie n’est qu’une prose plus forte. […] Telle est la poésie de ces âmes sérieuses.

1672. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Ernest La Jeunesse De Franc-Nohain, quelque chose échappera toujours un peu, sa poésie, son ironie, son rythme ou sa fantaisie.

1673. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

On s’est plaint, jadis, des avocats en politique : et en poésie, donc !

1674. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Entre les sciences, les unes sont filles de la nécessité ou du besoin, telles sont la médecine, la jurisprudence, les premiers éléments de la physique et des mathématiques ; les autres naissent de Tàisance et peut-être de la paresse, telles sont la poésie, l’éloquence et toutes les branches de la philosophie spéculative.

1675. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Il a, en poésie, les théories les plus hautes et les plus étroites. […] Ne vous étonnez point, ma cousine, qu’une poésie aussi condensée exige parfois un bout de commentaire.) […] Un volume de poésie de Lamartine. […] Un volume de poésie de Victor Hugo. […] C’est une poésie beauceronne, et je vous assure que cela est rare, les vers du pays de Beauce !

1676. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Voilà où en était descendu son noble amour, son culte pour celle qu’il avait d’abord appelée sa madone. » Toute poésie a disparu, toute émotion d’ordre intellectuel et sentimental. […] La poésie ne tient pas tout entière dans le lyrisme, ni surtout dans une certaine sorte de lyrisme, dans les effusions sentimentales et dans le rêve. […] Car ce sentiment d’une communion avec tous les êtres est par excellence un. sentiment poétique, et celui-là même qui défraie une bonne partie de la poésie des anciens. […] La poésie de la nature. […] Il a de la poésie, du charme, non sans quelque vigueur.

1677. (1897) Aspects pp. -215

Mais comment oublier l’homme en lui puisque sa poésie n’était que le commentaire de tout son être ? […] Léon Dierx : Poésies complètes, 2e volume (chez Lemerre). — M.  […] D’abord, par ce fait que tous les peuples, à toutes les époques ont eu une poésie, nous sommes obligés d’admettre que la poésie constitue un moyen d’expression de la vie inhérent à l’espèce. […] La poésie, qui est synthèse, usera d’images et de musique. […] Jullien ne soit irrémédiablement fermé à la poésie.

1678. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

» Ce n’est qu’un coin du tableau, mais au charme de poésie qui s’en dégage, on peut juger de la valeur de la composition tout entière. […] J’ai cru devoir détacher du bloc des nombreux livres de poésies du jour, ce morceau remarquable qui révèle une véritable puissance de conception et de mise en scène, sous une rare pureté de forme. […] Il s’agit de la poésie ; présentement. […] Il y a de tout dans Typhonia, dont l’auteur a voulu faire un microcosme et qui, pour parler juste, sans être tout un monde, contient un tohu-bohu de rêves faits de poésie et de philosophie, et d’un idéal toujours élevé, malgré l’étrangeté de leur forme. […] Cette qualité si rare, il l’a conservée, et c’est ce qui a fait dire à Théophile Gautier : « Sa poésie est ondoyante et diverse comme l’homme de Montaigne.

1679. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Il avoue d’abord que Chateaubriand fut une des mains puissantes qui lui ouvrirent l’horizon de la poésie moderne. […] Cette révélation donna malgré moi le ton à plusieurs des essais de poésie vague et informe que j’écrivais au hasard dans mes heures d’adolescence. […] Tout le monde a lu les célèbres poésies dites de Clotilde de Surville. […] Gaston Hompsy a publié un recueil de poésies accompagnées de commentaires curieux. […] Cette description est belle, vivante, vibrante de poésie élevée.

1680. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ce que nous traitons de « défroque surannée » a passé pour poésie. […] Nous goûtons, dans la même minute, deux poésies, deux mythologies, deux humanités. […] Il n’est point de poésie supérieure à cette mascarade des âges qui met aux pensées d’un siècle les habits d’un autre. […] Car la poésie ne voit pas nécessairement les hommes meilleurs ni la destinée plus équitable. […] Le romanesque est la poésie des adolescents et des femmes.

1681. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

La « poésie » de Scribe était toute en J. […] Il ne comprend pourtant que la Guerre des dieux, les Galanteries de la Bible, les Déguisements de Vénus et les Poésies érotiques, c’est-à-dire le tiers ou le quart des poésies complètes. […] Les Poésies érotiques valent mieux. […] C’est ainsi qu’il loue chez Augier « une imagination tournée vers la poésie, vers le pathétique ». […] Cela est si bien une poésie de jeunes filles, une poésie de catéchisme de persévérance, une poésie de voiles de tulle, de bannières, de couronnes de roses blanches et de rubans bleus !

1682. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Viennet, debout, se retourne, regarde et de cet air militaire qu’il a toujours, et qui lui sied, il répond fièrement : “Je vis, la poésie classique n’est pas morte.”

1683. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Les Italiens mettent tant de poésie dans l’amour, que tous leurs sentiments s’offrent à vous comme des images, vos yeux s’en souviennent plus que votre cœur.

1684. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

Léon Deschamps Cinq volumes de science pure, quatre volumes de science sociale, quinze volumes de poésie, telle est l’œuvre publiée de Strada, notoirement inconnue du public.

1685. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

La Poésie illumine tout ce qu’elle touche.

1686. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Où prendrons-nous le parallèle, et la poésie chrétienne a-t-elle assez de moyens pour s’élever à ces beautés ?

1687. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Les sciences s’y trouvent réduites à trois : la poésie, l’histoire, la philosophie.

1688. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Toutes n’ont pas la grandeur du Vice, la poésie de la Monstruosité.

1689. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

La nature avait fait en lui un poète de décadence dans une prose qui était le récitatif de la poésie, un orateur d’académie ; elle en avait fait, au contraire, un homme d’État de premier rang et de première influence, nié par les partis et perverti par ses propres rancunes. […] La lecture de ces deux civilisations, la Bible, l’Évangile, l’Odyssée dans les mains, est un cours d’histoire, de poésie, de jeunesse en action, qui retrempe l’âme dans l’âpre senteur de l’Archipel. Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau. […] Éternelle jeunesse de la poésie de l’histoire, de la nature, de l’amour, se répercutant dans la jeunesse du navigateur !

1690. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le français, l’italien, le grec, le latin, l’histoire, la théologie, la poésie, la musique, la danse se partageaient, sous les plus savants maîtres et sous les plus grands artistes, ses études. […] Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse.

1691. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Imprimez, disoit derniérement à un Libraire, un des plus zélés serviteurs de la Philosophie, connu dans Paris pour l'espion du Chef de la Secte, imprimez, sous le nom de l'Abbé Sabatier, un Recueil de Poésies les plus libertines, & dont les noms sont inconnus : ce Recueil aura du débit, je vous jure. […] Si l'Homme de génie, en Littérature, est celui-là seul qui a reculé les bornes d'un Art ; M. de Voltaire, qui n'a pas été plus loin, ni si loin qu'Homere, Virgile & le Tasse dans l'Epopée, que l'Arioste dans la Poésie Héroïque, que Corneille, Moliere, Quinault, J. […] Rousseau, dans la Tragédie, la Comédie, l'Opéra, la Poésie lyrique ; M. de Voltaire, dis-je, ne sera jamais placé au rang des Hommes de génie, que par l'enthousiasme ou la mauvaise foi. […] Oui, dit-il, M. de Voltaire vir est omnimodè doctus ; la Poésie, l'Histoire, la Physique, les Mathématiques, la Médecine, l'Histoire Naturelle, la Critique, tout est de son ressort.

1692. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Combien de nations et de races (si l’on excepte cette première race hellénique si privilégiée entre toutes et uniquement douée) sont ou ont été plus ou moins semblables en cela aux Romains, c’est-à-dire n’ayant par elles-mêmes, en fait de poésie ou de littérature, qu’un premier développement rudimentaire, agreste et qui ne dépassait pas une première poussée sauvage ! […] Mais avec la marche des siècles, après les révolutions et les cycles laborieusement accomplis, les astres se rejoignent et redeviennent cléments ; l’harmonie, la suprême beauté se retrouve ; elle éclate, elle resplendit dans le monde des arts, dans cette Rome aimable et raphaélesque de Léon X : dans un ordre moins brillant, mais plus estimable peut-être, dans l’ordre moral et de la parole éloquente, de la poésie sincère et convaincue, elle reparaît en France sous le règne de Louis XIV. […] Quand je parlerai de Boileau, je ne louerai que modérément la poésie ou la pensée de ses satires, et même la pensée de ses épîtres ; nous verrons pourtant bien au net sa qualité rare, à titre de poète, dans quelques épîtres et dans Le Lutrin ; mais surtout je vous le montrerai tout plein de sens, de jugement, de probité, de mots sains et piquants et dits à propos, souvent avec courage, — caractère armé de raison et revêtu d’honneur, et méritant par là, autant que par le talent toute l’autorité qu’il exerça, même à deux pas de Louis XIV.

1693. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Boileau, vieux, discourait volontiers à tout propos, un peu abruptement, et parlait seul à la façon d’un Royer-Collard ; mais les sujets étaient circonscrits ; il se renfermait dans la poésie et les Lettres pures. […] L’admiration de Marais pour Boileau est absolue d’ailleurs, et n’excepte pas les derniers fruits de sa veine et les œuvres de sa vieillesse, pas même la triste Satire de l’Équivoque, si critiquée à sa naissance et si tombée depuis, conception étroite et bizarre, où toute l’histoire de l’humanité est renfermée dans celle de la casuistique ; l’amitié, en ceci, abuse Marais et lui fait d’étranges illusions : « J’ai vu l’Équivoque manuscrite, écrit-il à une amie (mars 1711) ; c’est un chef-d’œuvre non seulement de la poésie, mais de l’esprit humain. […] Mais ces imaginations trop confinées au seuil domestique, rétrécies d’horizon, qui n’avaient quasi rien vu qu’à travers les vitres d’une étude et en sortant des dossiers, prenaient aisément le change sur les couleurs, sur les tableaux, sur la matière et l’exécution de la poésie.

1694. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il est fils d’Arouet, ci-devant notaire et receveur des épices de la Chambre des comptes, qui n’a jamais pu guérir son fils de la poésie. […] Marais continuera d’être très attentif et très vigilant sur le chapitre de Voltaire, et il aura l’honneur de le bien comprendre, au moins dans sa première moitié, celle de la poésie. […] Je l’ai lu : c’est un ouvrage merveilleux, un chef-d’œuvre d’esprit, beau comme Virgile, et voilà notre langue en possession du poëme épique comme des autres poésies.

1695. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

En parlant des facultés extraordinaires de son jeune ami Lambert, M. de Balzac a dit : « J’ai longtemps ignoré la poésie et toutes les richesses cachées dans le cœur et sous le front de mon camarade. […] Il devine les mystères de la vie de province, il les invente parfois ; il méconnaît le plus souvent et viole ce que ]ce genre de vie, avec la poésie qu’elle recèle, a de discret avant tout, de pudique et de voilé. […] Je lis, dès la première page d’Eugénie Grandet, cette phrase : « S’il y a de la poésie dans l’atmosphère de Paris où tourbillonne un simoun qui enlève les cœurs, n’y en a-t-il donc pas aussi dans la lente action du sirocco de l’atmosphère provinciale, qui détend les plus fiers courages, relâche les fibres et désarme les passions de leur acutesse ? 

1696. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

De plus, quand on a un art à soi, une poésie, comme Voltaire, par exemple, qui certes est aussi un grand esprit critique, le plus grand, à coup sûr, depuis Bayle, on a un goût décidé, qui, quelque souple qu’il soit, atteint vite ses restrictions. […] Enfin il n’avait pas d’art, de poésie, par-devers lui. […] Il a dit de Nicole et l’on peut dire de lui que « sa coutume de pousser les raisonnements jusqu’aux derniers recoins de la dialectique le rendoit mal propre à composer des pièces d’éloquence. » Ce désintéressement où il était pour son propre compte dans l’éloquence et la poésie le rendait d’autre part plus complet, plus fidèle dans son office de rapporteur de la république des lettres.

1697. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

« Il ne faut pas pourtant s’imaginer qu’au milieu de ses études et de ses occupations sérieuses, Laurent fût insensible à cette passion qui, dans tous les temps, a été l’âme de la poésie, et qu’il a représentée dans ses propres écrits avec tant de philosophie et sous des aspects si variés. […] Ordinairement, c’est l’amour qui fait les poëtes ; mais, chez Laurent il paraît que ce fut la poésie qui fit naître l’amour. […] Cette passion devint le sujet habituel de ses vers, et il nous reste de lui un nombre considérable de sonnets de canzoni, et d’autres compositions poétiques, dans lesquels, à l’exemple de Pétrarque, tantôt il célèbre la beauté de sa maîtresse et les qualités de son esprit en général, tantôt il s’arrête sur une des perfections particulières de sa figure ou de son âme, d’autres fois il s’attache à décrire les effets de sa passion ; il les peint et les analyse avec toute la finesse et toute la grâce possibles, jointes à une grande perfection de poésie et quelquefois même à une philosophie profonde.

1698. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Ensuite nous regarderons, dans Boileau, les grandes théories d’art qui nous expliquent les créations de l’éloquence et de la poésie classiques, dans ce qu’elles ont de propre à l’égard de l’œuvre des autres siècles, et dans ce qu’elles ont entre elles de commun. […] Il nous aide à nous figurer l’état d’esprit de ce public qui admirera un peu pêle-mêle Benserade, La Fontaine, Perrault, Boileau, plus sensible aux qualités effectives des œuvres qu’aux principes spéculatifs des théoriciens, plus sensible surtout à la convenance qu’à l’art, à la vérité qu’à la poésie, et parfaitement satisfait de toute œuvre qui parle clairement à son intelligence : il ne cherche dans les livres que des idées, et ses idées ; il ne se préoccupe guère des anciens. […] Au fond, elle saisit mieux les idées que la poésie.

1699. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Ainsi, dans cette pastorale, tout arrive en son lieu, à son moment ; tout sert à l’impression dernière de pureté, d’innocence et de poésie, la plus douce et la plus douloureuse qu’il ait été donné à un livre de produire. […] Toutes les nouveautés durables de la première moitié du dix-neuvième siècle, en poésie, en histoire, en critique, ont reçu de Chateaubriand ou la première inspiration ou l’impulsion décisive. […] La littérature comparée s’était renfermée jusqu’alors dans les trois langues classiques ; il l’étendit aux langues modernes et, par-delà ces langues, aux idiomes primitifs de l’Orient et du Nord, et il forma un idéal nouveau de poésie de toutes les grandes œuvres et de tous les grands noms.

1700. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Il ne faut pas craindre de nommer les choses et les époques par leur nom ; et le nom sous lequel le xviiie  siècle peut le plus justement se désigner à beaucoup d’égards, pour le goût, pour le genre universellement régnant alors dans les arts du dessin, dans les modes et les usages de la vie, dans la poésie même, n’est-il pas ce nom galant et pomponné qui semblait fait exprès pour la belle marquise et qui rimait si bien avec l’amour ? […] En poésie, ce n’est pas Bernis seulement qui est tout Pompadour, c’est Voltaire dans les trois quarts de ses petits vers, c’est toute la poésie légère du temps ; c’est la prose, Marmontel dans ses Contes moraux, Montesquieu lui-même dans son Temple de Gnide.

1701. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Remarquez, messieurs, qu’hier encore vous traitiez cette abolition d’utopie, de théorie, de rêve, de folie, de poésie. […] Il ne fut plus question d’abolir le supplice capital ; et une fois qu’on n’eut plus besoin d’elle, l’utopie redevint utopie, la théorie, théorie, la poésie, poésie.

1702. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

On lui a fait récemment une sorte de reproche d’avoir passé sous silence toute la littérature du xixe  siècle, dans ses branches les plus fertiles et les plus brillantes de la poésie et du roman. […] M. de Sacy est de l’Académie, et à ce titre il a charge, pour sa part, d’entendre et de juger chaque année nombre de pièces de poésie et de prose qui y sont adressées pour les concours.

1703. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan avait reçu notamment une très vile impression des idées et des vues de Herder ; cette espèce de christianisme ou de fonds religieux supérieur, qui admet toutes les recherches, toutes les conséquences de la critique et de l’examen, et qui, avec cela, laisse subsister le respect, même l’enthousiasme ; qui le conserve et le sauve en le transférant en quelque sorte du dogme à l’histoire, à la production complexe et vivante, le rasséréna et le tranquillisa beaucoup ; il sentait que, s’il eût vécu en Allemagne, il eût pu trouver des stations propices à une étude indépendante et respectueuse, sans devoir rompre absolument avec des choses ou des noms vénérables, et à l’aide d’une sorte de confusion heureuse de la poésie avec la religion du passé. […] On s’écria, on dénonça : lui, il resta calme, il se déroba à la polémique comme à un exercice inférieur, et il remonta d’un degré plus haut dans son point de vue, jusqu’à ne pas craindre même de rencontrer un léger nuage, — le nuage d’or de la poésie.

1704. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Ne demandez pas la pure poésie à Hamilton. […] Quelques Réflexions en vers, qu’on trouve à la fin de ses poésies, attestent, en effet, qu’il eut son jour de repentir sincère, comme La Fontaine.

1705. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses. […] Il y a de la démagogie dans cette poésie en liberté ; l’auteur de Hamlet « sacrifie à la canaille ».

1706. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Les observations qu’on est allé faire à la course, ces impressions qu’on a quémandées à des pays traversés et le plus souvent entrevus, si elles ne sont pas de vaines poussières soulevées par les pas de celui qui les rapporte au logis, qu’on les utilise et qu’on les localise dans des œuvres déterminées d’art, de poésie ou d’histoire, — rien de mieux sans doute. […] Il a chanté les mécaniques, puis fait encore d’autres poésies qu’il a intitulées Convictions, titre turbulent qui, par parenthèse, ferait bien sourire Gautier dans sa barbe placide.

1707. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Traduire un poète étranger, c’est accroître la poésie nationale ; cet accroissement déplaît à ceux auxquels il profite. […] C’est de la poésie en excès.

1708. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

ma critique n’a de valeur que parce qu’elle n’est pas œuvre de complaisance : j’ai pu quelquefois être indulgent pour des jeunes gens qui débutaient dans les lettres ou la poésie ; mais ici ce n’est pas le cas.

1709. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Très tardivement et très modestement aussi, au moment où il est de rite de ne parler de cet autre dieu mort qu’avec un léger sourire, il s’avoue l’un des épigones d’Hugo le Père, par qui, tout jeune, enfermé dans un collège de l’Île-de-France, ou mieux, comme il dit, « dans la cage de Loyola », il eut, impérieuse et inoubliable, la révélation de la poésie lyrique : Et soudain c’était dans nos ombres Un éblouissement pareil À celui des prisonniers sombre Qui remontent vers le soleil, Quand, frémissants, malgré le maître, Les pensums et ses quos ego.

1710. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

Le Bonhomme Misère, trois actes en vers, montre, dans un cadre de légende du moyen âge, que ce poète est aussi un philosophe à ses heures, mais qu’en somme c’est, chez lui, la poésie qui l’emporte.

1711. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

. — Poésies, poèmes en prose (1890). — Briséis, avec Catulle Mendès (1897).

1712. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

Pierre Quillard a réuni ses premières poésies sous un titre qui serait, pour plus d’un, présomptueux : La Gloire du Verbe.

1713. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

Ainsi, je ferai voir qu'ils ont essentiellement nui à la Littérature par l'esprit Philosophique, par leur mépris pour les Anciens, par les plaies cruelles qu'ils ont faites à la Poésie ; enfin, par les haines qu'ils ont fait éclore entre les Savans.

1714. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Alzire, malgré le peu de vraisemblance des mœurs, est une tragédie fort attachante ; on y plane au milieu de ces régions de la morale chrétienne, qui, s’élevant au-dessus de la morale vulgaire, est d’elle-même une divine poésie.

1715. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Les deux premières propositions ont été amplement développées dans notre examen de la poésie : nous ne nous occuperons donc que de la troisième.

1716. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre.

1717. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Duqueylar, de famille noble, avait reçu une excellente éducation ; il était bon humaniste, lettré, aimant beaucoup la poésie. […] On étudiait, on admirait même la réforme théâtrale qu’avait introduite Alfieri ; on traduisait les poésies de Klopstock, les drames de Shiller et de Kotzebue, le Werther de Goëthe, et l’on se plaisait à comparer les poésies d’Homère avec celles d’Ossian. […] C’était le moment où les poésies d’Ossian, lues et vantées par Bonaparte, étaient devenues à la mode en France. […] Son goût pour les lettres et pour la poésie est peut-être celui qui a contribué à lui faire perdre le plus de temps et à altérer le plus sa santé. […] Les poésies sont suivies, dans l’édition des œuvres de Girodet, de deux morceaux en prose, l’un sur le Génie, l’autre sur la Grâce, dans lesquels la pompe académique remplace souvent les idées neuves ou fortes.

1718. (1881) Le roman expérimental

Cette transformation de la foi en poésie est ce qui le caractérise. […] D’abord, je connais l’argument des lyriques : il y a la science et il y a la poésie. […] Il a fallu nous rabattre sur la poésie dramatique et sur la poésie lyrique, qui, dans les rhétoriques anciennes, occupaient un rang secondaire. […] Donc la poésie, le vers n’est pas indispensable à l’immortalité. […] Et Béranger, un de ses confrères en poésie, qu’en fait-il ?

1719. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Et voilà qu’un beau jour sa poésie ne le délivre plus. […] Sa poésie germe comme la vigne des coteaux de Milly. […] Beaucoup de poètes de sa sorte ruineraient à jamais la poésie. […] Sa poésie lui est toute spéciale. […] N’est-ce pas une grâce de la poésie d’accaparer ainsi la mémoire ?

1720. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

On peut distinguer de deux sortes de style dans la poésie, le style d’imagination, et le style de sentiment et de pensées. […] Le style d’images est ce qui fait la différence de la poésie et de la prose ; il sert à exprimer les plus communes, d’une manière non commune ; il donne de la noblesse, de la grâce à tout. […] En nous conduisant de la compassion à la crainte, elle trouve un moyen d’intéresser notre amour-propre par un sentiment d’autant plus vif du contre-coup, que l’art de la poésie ferme nos yeux sur une surprise aussi avantageuse, et fait à l’humanité plus d’honneur qu’elle ne mérite. […] La passion qu’il a préférée est de toutes la plus féconde en images et en sentiments, celle où se succèdent avec le plus de naturel toutes les nuances de la poésie, et qui réunit le plus de tableaux riants et sombres tour-à-tour. […] Mais, avec ces quatre petits vers, la musique fera en un instant plus d’effet, que le divin Racine n’en pourra jamais produire avec toute la magie de la poésie.

1721. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Ces contes sont un peu risqués et cette poésie est parfois d’une ardeur toute tropicale. […] La poésie fangeuse de M.  […] C’est que la Bretagne est toujours et malgré tout, en travail de poésie et de religion. […] La gloire militaire est la poésie des illettrés. Or, nul ne peut vivre sans poésie.

1722. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Autant je tiens à le voir et à l’entendre dans la poésie lyrique, autant je voudrais qu’il fût discret dans l’épopée. […] Cette poésie d’outre-tombe ajoutera-t-elle beaucoup à la renommée du Maître ? […] La Poésie proteste : Fuyons loin de cet homme grossier, sans idéal ! […] Peut-être en est-il de même de ses passions et de ses regrets en poésie. […] Poésie du devoir accompli, de la résignation aux petites nécessités de la vie bourgeoise ; poésie de la prose honnête, que fait ton chantre aujourd’hui ?

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Baour-Lormian avait cherché des prétextes et des thèmes d’exécution ; on a eu la période d’Ossian et de la poésie nuageuse, celle de Joseph et des sujets bibliques.

1724. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Un troisième volume, non encore paru, donnera des poésies lyriques et plus intimes, tout à fait inédites.

1725. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Il se tentait dans l’art, dans la poésie, dans les diverses branches de la pensée, quelque chose de nouveau à quoi le public n’était pas encore accoutumé ; il a fallu bien des efforts pour qu’il y fût définitivement conquis.

1726. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

» Et, en effet, je sentais bien moi-même, dans l’œuvre d’Aubanel, de la grandeur, de la simplicité, de la poésie, et une flamme partout répandue.

1727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

Daudet, Alphonse (1840-1897) [Bibliographie] Les Amoureuses, poésies (1858). — La Double Conversion, poème (1861). — L« Dernière Idole, théâtre de l’Odéon (1862). — L’Œillet blanc, Comédie-Française (1865). — Les Absents, opéra-comique (1865). — Le Frère aîné, drame en un acte (1868). — Le Petit Chose, roman (1868). — Le Sacrifice, comédie en trois actes (1869). — Les Lettres de mon moulin (1869). — Les Lettres à un absent (1871). — Lise Tavernier, drame en un acte (1872)

1728. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

Il paraît que le morceau délicieux où l’impératrice de la Chine traîne, parmi les rayons, sur son escalier de jade-diamanté par la lune, les plis de sa robe de satin blanc, est une orchestration très adroite d’une poésie de Li-Taï-Pi et la traduction heureuse d’un morceau parfaitement authentique.

1729. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Pottecher, Maurice (1867-1960) [Bibliographie] Rimes perdues, poésies, sous le pseudonyme de Claude Alitte (1890). — La Peine de l’Esprit, drame philosophique (1891). — Le Chemin du Mensonge, légendes, nouvelles et contes (1896, réédité 1898). — Le Diable marchand de goutte, pièce en trois actes (1895). — Morteville, drame en trois actes (1896). — Le Sotrè de Noël, farce rustique en trois actes, en collaboration avec Richard Auvray (1897). — Liberté, drame en trois parties. — Le Lundi de la Pentecôte, comédie en un acte (1898). — Chacun cherche son trésor, comédie en trois actes, en vers et en prose, musique de Lucien Michelot (1899). — Le Théâtre du Peuple, renaissance et destinée du théâtre populaire (1899). — L’Exil d’Aristide, conte (1899). — Le Chemin du repos, poèmes (1890-1900) [1900].

1730. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Ses autres poésies paroîtront également médiocres à ceux qui préferent le naturel à l’affectation du Bel-Esprit.

1731. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Lorsque, avec la grandeur du sujet, la beauté de la poésie, l’élévation naturelle des personnages, on montre une connaissance aussi profonde des passions, il ne faut rien demander de plus au génie.

1732. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Les Génies de la poésie, de l’histoire, de la physique et de l’astronomie, sujets de dessus de portes, dont on se propose de faire une tapisserie ; c’est un charivari d’enfants.

1733. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

En général, il y a dans tous ces morceaux peu d’invention et de poésie, nul enthousiasme ; mais une délicatesse et un goût infinis.

1734. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Noirot »

Ces Leçons de philosophie 9 viennent d’être publiées par un élève de Noirot, Tissandier, auteur d’un ouvrage sur la poésie et les beaux-arts qui n’est aussi que le développement de la doctrine de l’abbé Noirot.

1735. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Il convenait que l’originalité de cette poésie fut en rapport avec l’originalité de l’écrivain. […] Il composait ses dessins avec cette poésie du cœur, et de la main qui attachait un souvenir à chaque fenêtre et une intention à chaque branchage. […] La poésie était son premier goût. […] On ne fait pas la poésie, on la trouve dans son cœur. […] Voilà les deux poésies possibles, ça ne va pas plus loin que cela !

1736. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

La poésie, a dit le poète viennois Grillparzer, est la suppression des limitations de la vie. […] Jamais Wagner n’a parlé de la subordination d’un art à l’autre, de la musique servant la poésie. […] Wagner. — La musique imitative ; la musique psychologique. — Sur les rapports de la musique et de la poésie. […] Or, les belles apparences du monde des rêves, dans la création desquelles tout être humain est artiste, sont la prémisse de tout art plastique et aussi de toute poésie. […] La chanson populaire nous apparaît comme un miroir musical, comme la mélodie primordiale qui cherche une vision de rêve analogue dans la poésie.

1737. (1911) Études pp. 9-261

Cette poésie conduite entraîne dans son nombre tous les mots. […] Poésie pleine d’amour. […] Cette poésie ne rassure pas ; elle ne verse pas d’illusions. […] J’entrevois des drames formés par de courts rayons étincelants comme des glaives croisés, une poésie fervente et brève comme l’Été. […] Les Poésies d’André Walter, La Tentative Amoureuse, El Hadj, Le Voyage d’Urien, racontent ses premières découvertes.

1738. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Seulement, poésies ou prose, ce n’étaient là que les fragments d’un tout, qu’une traduction, qui visait aux intérêts composés de la gloire, ne pouvait et ne devait pas briser. […] Auprès de Roméo, ce jeune homme divin, comme n’en ont pas revu et comme n’en reverront jamais tous les Décamérons de l’Italie, voici l’étincelant Mercutio, la poésie de l’Esprit, comme Roméo est la poésie de l’Âme ! Voici Tybalt, le fougueux Tybalt, qui est, lui, la poésie du Sang, — du Sang qui demande à couler ! […] Le Pauvre Tom, dans lequel toutes les misères du Moyen Âge se reflètent avec une si incroyable poésie, a donné à Walter Scott l’idée de tous ces fous et de toutes ces folles qui passent dans ses romans avec des yeux et des propos si étranges ; mais comme le Pauvre Tom a bien plus de mordant et de hardiesse !

1739. (1914) Une année de critique

Sa poésie en prend l’aspect d’une traduction rythmée, et ce défaut formel s’ajoute aux défauts inséparables du genre où il s’essayait. […] Et j’ajouterai : quelques poésies délicieuses. […] J’en aime la poésie tout ensemble intime et solennelle. […] La poésie, l’ironie, sont les deux formes achevées du vrai. […] Poésie, ironie, hors de là, point d’art, sinon squelettique et prêt à tomber en poussière.

1740. (1922) Gustave Flaubert

Malheur à cette aridité de la civilisation qui dessèche et étiole tout ce qui s’élève au soleil de la poésie et du cœur !  […] De cette idée qu’il n’y a pas de sujet sort en effet la poésie de Boileau comme celle de La Fontaine. […] Elle aussi hait la poésie bourgeoise et l’art domestique, qui serait précisément le gouvernement de sa maison. […] Ne sens-tu pas que cette poésie est complète et que c’est la grande synthèse ? […] Mais si l’analyse psychologique est une chose, Salammbô relève d’une certaine poésie, qui en est une autre.

1741. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Et en effet, dans ce frais bassin du Léman si couronné de splendeur par la nature, il n’y a pas telle chose que la gloire, et la plante de poésie, même venue en pleine terre, a partout besoin de ce soleil un peu factice, sans lequel son fruit mûrit, mais ne se dore pas complétement. […] Dans cette série, il faut distinguer essentiellement les quatre premiers livres d’un Traité du lavis à l’encre de Chine ; qu’on ne s’effraye pas du titre technique : le lavis à l’encre de Chine n’y est que l’occasion ou le prétexte de recherches libres sur des principes d’art et de poésie. […] Par la poésie au moins et par la littérature, la Suisse allemande, dès Haller et Gessner, s’est bien plus exprimée elle-même que la Suisse française ne l’a fait encore. […] Et quel moment mieux choisi, si on l’avait choisi, pour oser toutes les expériences de couleur et de poésie dans le langage !

1742. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Villiers de l’Isle-Adam, la poésie, de M.  […] Qu’il suffise de rappeler qu’un lecteur animé de dispositions bienveillantes et humanitaires ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Éducation sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou essayent de susciter une mélancolie sans cause. […] Ou sait combien le nombre de ceux que touche la grande poésie lyrique est restreint, et il ne sera point erroné d’attribuer ce fait à la noblesse d’âme qu’exige autant la compréhension que la création de ces œuvres. […] Que l’on néglige les cas de la Renaissance en France et du XVIIIe siècle en Angleterre où des causes politiques et perturbatrices sont en jeu ; ce qui s’est passé à Rome dès le premier éveil de la littérature, ce qui s’est passé en France au XVIIe siècle pour la tragédie, au XVIIIe pour la philosophie et pour le roman, au XIXe pour la poésie lyrique, ne peut être éclairé par aucune des lois de l’ancienne critique sociologique.

1743. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Il a fait un livre d’une teinte grise, livre le plus dénué de poésie et de couleur, mais d’une observation générale des plus vraies et tristement éternelle. […] Il y a, par endroits, des intentions et comme des velléités de retour au sentiment pur et à la poésie.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Mais il le lui conseillait en des termes d’un bien beau choix, et avec une poésie digne de son objet : Comment voulez-vous, en effet, lui disait-il, que j’aie quelque confiance en moi, si vous n’en avez pas en vous, vous que je regarde comme si éminemment douée ! […] Si sévères que nous puissions être envers celui qui s’est trahi à nous dans toutes ses contradictions morales et ses misères personnelles, n’oublions jamais ce qu’on doit d’admiration à un tel peintre, à celui qui, à ce titre, est et demeure le premier de notre âge : car c’est le même homme exprimant comme on vient de le voir toute la poésie de la Rome catholique, qui a su peindre avec un égal génie et une variété d’imagination toujours sublime la forêt vierge américaine, le désert d’Arabie, et les ruines historiques de Sparte63 !

1745. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

A vrai dire, on ne s’intéresse plus guère à l’antique Carthage que par deux choses diversement immortelles, l’une vraie et l’autre mensongère : Hannibal et Didon ; celle-ci, la création la plus touchante que nous ait laissée la poésie des Anciens ; celui-là, à cause des obstacles de toute nature qu’il rencontrait sur sa route glorieuse et du génie qu’il mit à les vaincre, offrant « le plus beau spectacle que nous ait fourni l’Antiquité » : c’est encore Montesquieu qui dit cela. A part ces deux grands noms, des plus beaux, il est vrai, et des plus présents entre tous ceux de la poésie et de l’histoire, on sait très-peu et l’on s’inquiète peu aussi de Carthage et de son intérieur.

1746. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Ce sont ces sentiments qu’elle voulut voir développés sur la scène autant pour sa consolation que pour son amusement. » On sait en effet, par l’intéressante histoire qu’a tracée d’elle madame de La Fayette, combien Madame et son royal beau-frère s’étaient aimés dans cette nuance aimable qui laisse la limite confuse et qui prête surtout au rêve, à la poésie. […] Quant à l’Antiochus, il est suffisant. — Ainsi, pour conclure, nous devons à mademoiselle Rachel non-seulement le plaisir, mais aussi l’honneur d’avoir goûté Bérénice, et il ne tient qu’à nous, grâce à elle, de nous donner pour plus amateurs de la belle et classique poésie en 1844 qu’on ne l’était en 1807.

1747. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Aux phénomènes imposés s’en peuvent adjoindre d’autres, suggérés, et c’est le charme de la poésie. […] Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut.

1748. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Les candidats, interrogés, développent : « Qualités de clarté, de poésie et de mesure tout ensemble. » Alors Rabelais, Diderot et Hugo, Balzac et Baudelaire et Verlaine n’en sont pas, du palmarès ? […] La poésie des Alexandrins n’était pas populaire ; elle a son prix cependant.

1749. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Aussi écrivait-il en tête d’un de ses recueils de poésies ce titre significatif : Emaux et Camées. […] D’autres, des rêveurs, comme Verlaine, jaloux de donner à leur poésie le vague de la musique, composeront en vers imprécis, flottants et en quelque sorte fluides, ce qu’ils nommeront des Romances sans paroles.

1750. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer l’édition des Poésies de Maucroix, ce camarade et ce second indispensable, j’allais dire ce miroir involontaire de La Fontaine. […] Walckenaer publia en 1840 un ouvrage dont le sujet est cher à tous ceux qui ont retenu quelque chose des études de l’Antiquité, une Histoire de la vie et des poésies d’Horace, en deux gros volumes.

1751. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

A une époque où le souvenir du romantisme remplit les romans réalistes et les scènes brutales, de grands chocs tragiques et sanglants, de raffinements maladifs, M. de Goncourt a conservé le sens des choses naturellement charmantes, de la poésie dans les incidents journaliers, des âmes délicates de naissance, de ce qui est vif, simple et gai. […] Jamais réaliste ne s’est avancé plus loin au bord de la vérité, à la rencontre de la grande poésie.

1752. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

C’est un malheur de notre poésie, que, dès qu’on voit le mot hommes à la fin d’un vers, on puisse être sûr de voir arriver à la fin de l’autre vers, où nous sommes, ou bien tous tant que nous sommes. […] Mais ce qui est au-dessus de tout, c’est ce trait de poésie vive et animée, qui suppose que des arbres coupés et, pour ainsi dire, mis à mort, vont revivre sur les bords du Styx.

1753. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et, lui-même, ayant pillé Shakespeare, il eût sans doute bien fait de ne pas détourner ses contemporains de l’une des sources de poésie les plus profondes et les plus pures qu’il y ait au monde. […] Forts de l’autorité de Newton, qui a quelque part traité la poésie de « niaiserie ingénieuse », les géomètres demanderont bientôt ce que « prouve » une tragédie ? […] De cet endroit de Candide rapprochons un passage du Discours sur l’histoire universelle [Cf. partie III, ch. 5] : « Une des choses qui faisait aimer la poésie d’Homère est qu’il chantait les victoires et les avantages de la Grèce sur l’Asie. […] Notre siècle semble vouloir introduire les discussions froides et didactiques dans les choses de sentiment. » Et, en effet, de la manière qu’il définit lui-même l’esprit philosophique, c’est à savoir par le goût de « l’analyse » et de la « combinaison » comment, je ne dis pas la poésie ou l’éloquence, mais l’observation psychologique elle-même y résisteraient-elles ? […] Haraszti, La Poésie d’André Chénier, traduit du hongrois par l’auteur, Paris, 1892.

1754. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Ils aspirent aux jouissances de l’art, si puissantes à concilier et à purifier les âmes, que de longs ressentiments ont aigries ; et s’ils paraissent commencer en cette voie une sorte de révolution, celle-là du moins se passera tout entière dans la région des idées, dans le domaine de la poésie, et c’est d’ailleurs presque seulement de l’époque de la Restauration qu’elle date, et par des hommes de la Restauration qu’elle est tentée.

1755. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Et c’est ce qui élève Béranger au-dessus de tous les poètes contemporains : en fait d’art et de poésie, une pareille universalité d’admiration est décisive et dispense de tout autre argument.

1756. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

— Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle (1889). — I.

1757. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

. — Poésies complètes (1896). — Œuvres de Jean-Arthur Rimbaud (1898)

1758. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 189-194

Les Poésies des Chaulieu, des Voltaire, des Gresset, ne subsisteront jamais que par ces heureux & véritables principes de vie.

1759. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Seroit-on bien reçu à dire que personne n’étoit plus capable de remplacer l’Abbé Desfontaines ; que, né avec autant d’esprit que son prédécesseur, il l’a emporté sur lui du côté du talent de la Poésie, & qu’on peut en juger par son Ode sur la Journée de Fontenoy, & par d’autres Pieces connues ; que les Auteurs Grecs & Latins lui étoient aussi familiers que ceux du siecle de Louis XIV ; qu’il a réuni la connoissance de plusieurs Langues étrangeres au mérite de bien écrire dans la sienne ; qu’il s’est montré supérieur dans l’art de faire l’analyse d’un Ouvrage, & sur-tout d’une Piece de Théatre, quand il a voulu s’en donner la peine ?

1760. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Transplantés à Rome, les jeunes dieux de l’Hellade s’immobilisent et se glacent : avec la sève de la terre natale, toute poésie vivante s’est retirée d’eux.

1761. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

En poésie, ces flèches partent, atteignent et blessent.

1762. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Dans les ouvrages de La Tour, c’est la nature même, c’est le système de ses incorrections telles qu’on les y voit tous les jours ; ce n’est pas de la poésie, ce n’est que de la peinture.

1763. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

. — Toutes ces imperfections de la poésie homérique que l’on a tant critiquées répondent à autant de caractères des peuples grecs eux-mêmes. — 5.

1764. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La poésie ne mourra pas tant qu’il y aura sur la terre un homme et une femme. […] Ô sainte poésie des choses, avec quoi se consoler de ne pas te sentir ? […] Plus peut-être que la poésie, la musique est évocatrice et rajeunissante. […] L’art, la poésie, voilà les créations vraiment divines qu’il a jetées dans le torrent des choses. […] Je me demande, avec inquiétude, ce que va dire le lecteur bien portant de cette poésie débile, anémiée, valétudinaire, voilée de crêpes.

1765. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Ses pièces sont comme une source de poésies de toute nature. […] Cette occupation, disait-il, ne lui permettait pas de sacrifier à la poésie dramatique. […] L’un était toujours en défiance de lui-même, l’autre disait à qui voulait l’entendre, qu’il avait pour la poésie les plus heureuses dispositions. […] La nature lui avait donné en partage un talent des plus extraordinaires pour la poésie. […] Il revint donc en France, se remit à la poésie et au théâtre, consacra sa vie à l’étude des muses, et versifia jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

1766. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

En parlant de Goethe, il faut nous défaire de quelques-unes de nos idées françaises par trop simples, et consentir à nous mettre avec lui dans cet état, pour ainsi dire, d’enthousiasme prémédité, qui ressemble un peu dans l’ordre de la poésie à ce que Descartes a fait dans la sphère philosophique. […] Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir désormais uniquement à la nature : elle seule est d’une richesse inépuisable ; elle seule fait les grands artistes. » Ce que Werther dit là de la peinture, il l’entend également de la poésie : « Il ne s’agit que de reconnaître le beau et d’oser l’exprimer : c’est, à la vérité, demander beaucoup en peu de mots. » Et il cite en exemple une rencontre qu’il a faite, le jeune garçon de ferme amoureux de la fermière veuve, et amoureux tendre, timide, passionné : Il faudrait te répéter ses paroles mot pour mot, si je voulais te peindre la pure inclination, l’amour et la fidélité de cet homme. […] Je suis presque aussi heureux que deux personnes qui s’aiment comme vous ; il y a en moi autant d’espérance qu’il y en a chez des amoureux ; j’ai même depuis pris plaisir à quelques poésies et autres choses pareilles.

1767. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il y a gagné, sans cesser d’être le poète distingué et élevé que l’on connaît, de devenir un littérateur proprement dit, un critique expert en bien des matières, et non confiné à celles de poésie. […] Toutes les fois, en effet, que j’avais à parler de poésie, soit des poëtes modernes, soit de ceux de l’Angleterre que M.  […] Né dans la zone méridionale de la France, il savait d’instinct les langues et les poésies du midi.

1768. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Napoléon disparu et ce qui résultait immédiatement de son action politique étant à peu près apaisé, son exemple a passé dans le domaine de l’imagination, de la poésie, et y a fait école et contre-coup. […] Mais ce que je veux noter, ce qui me semble fâcheux et répréhensible, c’est qu’en passant à la région de pensée et de poésie, l’idée obsédante du grand homme a substitué presque généralement la force à l’idée morale comme ingrédient d’admiration dans les jugements, comme signe du beau dans les œuvres. […] Il y a éloquence, poésie surabondante, comme il y a eu prodiges de valeur et coups d’éclat ; mais c’est la force encore qui tient le dé et qui gradue les jugements.

1769. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

M. de Genoude, lui ayant parlé à Paris de mon admiration pour son talent, lui inspira le désir de me connaître ; un matin, la conversation étant tombée entre eux sur la poésie, à propos des Psaumes, Genoude se prit à lui réciter une Méditation, de moi, sur le même sujet, que je venais de lui adresser à lui-même à propos de sa traduction. […] Je ne réclamai pas contre une erreur qui ne venait que d’une complaisance, et ayant fait paraître moi-même alors les premières pages de mes poésies, attaquées et défendues avec acharnement, j’abandonnai la Revue à elle-même avant de l’avoir commencée. […] IV Mais il m’avait rendu un grand service quelques semaines avant l’apparition de mes premières poésies.

1770. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Par leurs chefs-d’œuvre, par l’influence de ceux de Molière sur un genre si voisin du sien, et par les immortelles leçons de Boileau, la tragédie française est devenue classique, c’est-à-dire régulière et terrible, correcte et pathétique, vraie et sublime ; d’autant plus admirable, qu’elle unit la grâce à la force, la bienséance à l’audace, la raison enfin, puisqu’il faut le dire, à la poésie. […] On exige des vers, parce que c’est le langage de la poésie, ou plutôt même celui des passions portées au degré d’enthousiasme que la tragédie suppose, exaltées par les situations critiques et fortes où elle les place, et qui excluent également la platitude et l’emphase. […] Enfin le style du premier admettra tour à tour l’emphase de la poésie et les familiarités de la prose ; celui du second, soumis à des lois austères, restera toujours poétique, sans jamais cesser d’être l’expression la plus naturelle et par conséquent la plus élégante des pensées et des sentiments de chaque personnage.

1771. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Le bas-relief, image et analogie ordinaire des spectacles de la poésie hellénique, fait place cette fois à ces tapisseries de haute lice où s’entre-heurtent, sur leurs palefrois caparaçonnés, des paladins masqués de leurs cribles, où s’alignent, épaule contre épaule, des chevaliers aux profils barrés par les longues lances qu’ils tiennent en arrêt. […] La poésie de la plainte naissait d’elle-même sur les lèvres de ces prêtresses du deuil ; une Muse douloureuse entrait dans leur âme et leur inspirait des chants pathétiques ; le lit funéraire était leur trépied. […] Ici l’art disparaît, le son étouffe la parole, la poésie fait place à une musique déchirante qui tire de chaque mot la note du cri, l’éclat du sanglot.

1772. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Lorsqu’elle l’analyse, il disparaît ; mais il est, par là même, essentiellement du domaine de la poésie. […] Il y a de la vérité dans ces deux manières de voir ; mais suivant qu’on adopte l’une ou l’autre, l’amour doit occuper, dans la poésie comme dans la morale, une place différente. […] Mais lorsque l’amour, au contraire, est, comme dans la poésie allemande, un rayon de la lumière divine qui vient échauffer et purifier le cœur, il a tout à la fois quelque chose de plus calme et de plus fort : dès qu’il paraît, on sent qu’il domine tout ce qui l’entoure.

1773. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Un jour, — pose-t-il, — la science remplacera tout : la vertu, les arts, la poésie : « Alors, un homme vertueux » (textuel), « un grand artiste, seront choses vieillies et inutiles. » Les savants, au contraire, — les Renan et les Berthelot de ce temps-là, — vaudront davantage. […] … Sceptique enchanté, d’ailleurs, qui va jusqu’à faire la poésie de son scepticisme : « Un trait, — dit-il encore, dans ce livre de l’Antechrist ; — un trait qui caractérise les grands hommes européens, — (il se nommerait, s’il osait !) […] un grand écrivain, si réellement l’auteur de l’Antechrist en avait eu le génie, se serait ému et exalté à cet instant inouï de l’Histoire et aurait pu arriver à des résultats d’effet sublime, mais il n’a été et il ne pouvait être qu’ingénieusement médiocre, surtout à cette lumière de l’Apocalypse de saint Jean à travers laquelle il regarde Néron et Rome, et dont il cherche, mais en vain, à pénétrer l’impénétrable poésie surnaturelle.

1774. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Les routes parcourues par Fromentin ont perdu de leur poésie ; Medéah, El-Aghouat, Alger, Blidah, sont devenus des pays pleins d’auberges, où les poètes ne rêvent plus. […] Mais les purs artistes savent où s’arrête le mouvement d’amour d’une âme qui voit ; ils savent où commence le métier d’auteur et où finit la poésie sentie et vécue, et ils ne franchissent pas la limite. […] Tous les sels irritants de la mer ont exaspéré ce que l’air saisit, avivé le sang, injecté la peau, gonflé les veines, couperosé la chair blanche, et les ont, en un mot, barbouillés de cinabre. » Et puis, quelquefois, les deux manières se fondent, l’ancienne et la nouvelle, et nous avons des tableaux à la fois doux et puissants, fouillés avec des coins d’incertitude par où s’échappe le rêve, mélange de critique technique et de poésie, qui comptent parmi les plus belles pages de la littérature française.

1775. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Quoi qu’il en soit, la littérature ne fleurit vraiment que dans un groupe constitué normalement, susceptible d’évolution et fortement conscient ; ailleurs, c’est la vie pratique, calculatrice, au jour le jour, sans foi et sans poésie, parce que sans âme. […] C’est précisément dans la poésie, dans l’art en général, que nous constatons cette tendance irrésistible de l’homme vers l’humanité, de l’esclave vers la liberté, du relatif vers l’absolu. […] Gœthe a dit un jour : « La poésie c’est la délivrance. » Donnons à ces mots un sens que Gœthe ne renierait pas : l’art est le défi superbe que l’esprit lance à la matière périssable ; il est le chant d’espoir d’une humanité qui marche à la liberté.

1776. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Hugo dit encore en parlant de Lucrèce sans la nommer : « La chose que l’on joue à l’Odéon. » — Thiers, qui est classique et ultra-classique en poésie comme presque tous les historiens de l’École moderne, lesquels ne veulent pas deux choses nouvelles à la fois, a dit à M.

1777. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Ce sont là de nobles et touchantes associations qui font remonter la poésie à son origine.

1778. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Le madrigal, plus simple et plus noble en son tour… Si Boileau avait songé que tous ces genres n’avaient rien de commun que d’être des genres de poésie, et qu’ils ne se reliaient point l’un à l’autre, mais chacun à part à l’idée générale de ce second chant, destiné à exposer les règles des genres secondaires, il se serait épargné bien de la peine et n’aurait pas fait la joie de ses ennemis.

1779. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

C’est ce qui fait aussi que la plus belle poésie puisse se contenter du langage de tout le monde et de tous les jours, et qu’« une douzaine de mots ordinaires, assemblés d’une façon ordinaire9 », puissent ravir l’âme et la pénétrer jusqu’au fond.

1780. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

. — L’Hiver en méditation ou les Passe-Temps de Clarisse, suivi d’un opuscule sur Hugo, Richard Wagner, Zola et la Poésie nationale (1896). — Églé ou les Concerts champêtres, suivi d’un épithalame (1897). — La Route noire (1900). — La Tragédie du nouveau Christ (1901).

1781. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Dans les premiers, il avoit puisé l’analyse & la justesse ; dans les seconds, l’éloquence & la sublimité ; dans l’Histoire, l’ordre & la simplicité de la marche ; dans les Poëtes, la vivacité des images, la hardiesse des expressions ; cette riche abondance, & principalement cette harmonie secrete du discours, qui, comme il le disoit lui-même, sans avoir la servitude de la Poésie, en conserve souvent toute la douceur & toutes les graces.

1782. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Celui-ci ne prit ni femme, ni abbaye, ni emploi ; il se livra, à son talent pour la poésie, qui lui fit une grande réputation.

1783. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

Et ce Temps revenu sur ses pas pour rendre Euridice à la vie et à son époux, n’est-il pas d’une belle poésie ?

1784. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Est-ce là le moment de faire un ridicule étalage des couleurs de la poésie ? […] Fleury fut enchanté de la morale, mais trouva quelque chose à reprendre à la poésie. […] Ce pauvre homme est cependant le Pindare et l’Horace de la poésie française. […] Il me semble même qu’on ne donne pas assez au mérite de l’invention dans la poésie dramatique. […] Le jeu et le talent de l’actrice ajoutent à ce morceau beaucoup de poésie qui n’est pas sur le papier.

1785. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Après avoir préludé, comme Shakespeare, par quelques poésies de jeunesse et d’amour, Corneille essaya plusieurs chemins dramatiques. […] Le deuxième poète, Tristan, avait plus d’âme et de poésie que Mairet ; mais il se ressentait aussi du goût du temps. […] Mais ce n’est pas tout : continuons de prendre pour ainsi dire sur le fait la formation des procédés de la poésie Cornélienne. […] On sait aujourd’hui que le vrai Cid ne ressemble guère à celui de la légende et de la poésie. […] Les destinées de notre théâtre, de notre poésie tout entière, du génie français lui-même, eussent été changées.

1786. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Par le loisir, il conquiert luxe, religion, poésie, peinture, danse, et cet usage somptuaire de l’intelligence, la pensée. […] La poésie, les phrases balancées, signes de primitivité et, dans notre civilisation, régressions personnelles. […] Il ne s’agit que de l’homme ici, et voici le chapitre de la poésie. […] Il est inutile d’objecter que la poésie, en tout cas, a pris un autre ton depuis ces temps primitifs. […] Les plus belles poésies humaines sont des appels à l’amour ou des lamentations sur l’amour perdu : le reste n’est peut-être que rhétorique.

1787. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Tout est envahi, les sens d’abord, les yeux éblouis par la blanche chair frémissante, mais aussi le cœur d’où la poésie déborde… Admirable débauche d’imagination et de verve, inquiétante pourtant ; un pareil tempérament peut mener loin. […] Agrippa d’Aubigné se soûlait de poésie et de carnage… M.  […] Le seul tolérable fut Coriolan, parce que la poésie s’agitait en lui sous la forme de la trahison ; mais ses remords me le rendent odieux. […] Leur poésie, irrésolue, oscille des chansons canailles aux idylles bébêtes. […] De là ces élans de poésie sentimentale, qui dirigent vers le ciel les yeux bleus des misses.

1788. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Sainte-Beuve est intolérable… Les poésies de M.  […] Avec ses splendeurs de verbe, la poésie de Leconte de Lisle n’a-t-elle pas pour principe, elle aussi, une évocation rigoureusement scientifique des hommes d’autrefois, des animaux, des paysages ? […] C’est une poésie qui s’apparente à celle des chansons populaires, dont elle a le mouvement, le réalisme sans grossièreté, le pittoresque coloré et l’émouvante ingénuité. […] Admirateur passionné de cette poésie populaire, il comprit, qu’il fallait non pas en essayer une contrefaçon, mais en recevoir une leçon de naturel et de vérité. […] De lyrique, la poésie se fait analytique, comme le roman, comme le théâtre.

1789. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

L’Arioste n’y avilit pas la poésie jusqu’au libertinage, mais il l’amollit jusqu’à la volupté ; le feu de sa jeunesse coule dans ses stances. […] Seulement nous n’étions plus mollement accoudés, pour l’entendre, sous une grotte sonore rafraîchie par un jet d’eau : mais le soir, à l’heure où la gondole remplace la calèche dans les lagunes de Venise, nous laissions le gondolier louvoyer à son caprice entre les îles, aux dômes dorés par le soleil couchant, qui se détachent comme des faubourgs à l’ancre de la ville, à l’embouchure de la vaste mer ; et, à demi couchés sur les bancs, au branle de la barque, nous demandions au professeur un chant de poète pour compléter toute cette poésie du soir à Venise. […] La chevalerie seule fournit de pareils textes de poésie aux trouvères du moyen âge chrétien. […] On passe de là, avec une surprise que les mœurs seules du temps expliquent, à un chant rempli tout entier par l’histoire du petit chien qui sème les perles, conte de fées dont les détails égalent Boccace en grâce et le surpassent en poésie.

1790. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Par quelle suite de phénomènes psychologiques s’accomplit cette éclosion, je ne le chercherai pas dans une étude consacrée à un art, non à un artiste ; je reproduirai seulement quelques alinéas d’une étude que j’ai publiée, il y a un an, dans la Revue de Genève, sur Wagner et la poésie française contemporaine, où j’analysais, en me servant du livre de Wagner intitulé Beethoven, comment après les œuvres anti-musicale de sa jeunesse, Wagner avait pu arriver à ces œuvres de pure musique qui couronnent sa vie. […] Donc il va entasser tous ces procédés d’art, musique, poésie, décoration paysagique et mimique, à l’exemple des anciens, pour produire l’illusion de la vie ; alors s’imposait à lui la forme dramatique théâtrale, la plus capable traditionnellement d’atténuer le disparate de ces inconciliables réunis. […] Et, bons wagnéristes, n’enquérez plus au cours du spectacle bayreuthien une alliance de poésie, de musique et de mimique ; n’espionnez pas Gurnemanz s’il exprime par un geste ce que sa parole n’a pas dit et rougissez de vous être intéressé aux mines de quelque cabotin ; n’affirmez plus, non, n’affirmez plus que la musique du Parsifal n’est pas supérieure au livret ou aux décors ; qui vous croirait ? […] Ainsi employa-t-il l’instrument qu’il s’était pendant vingt-cinq ans préparé (vingt-cinq ans de cette vie, exemple des vingt-cinq siècles de l’histoire de l’art), la musique, mais une musique riche de toutes les puissances détournées de toutes les sensations, et pour nos faiblesses d’intelligences commentée d’un somptueux appareil de légende, de poésie et de décorations architecturales et chorégraphiques, — cet instrument, l’art de la musique, étayé de divers artifices de littérature et de plastique.

1791. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

S’il me reste quelque chose à dire sur la poésie des ruines, Robert m’y ramènera. […] La poésie et la philosophie sont les deux bouts de la lunette. […] Je lui dirais en deux mots sur la poésie de son genre : Monsieur Robert, souvent on reste en admiration à l’entrée de vos ruines ; faites ou qu’on s’en éloigne avec effroi, ou qu’on s’y promène avec plaisir. […] Il y a plus de poésie, plus d’accidens, je ne dis pas dans une chaumière, mais dans un seul arbre qui a souffert des années et des saisons que dans toute la façade d’un palais.

1792. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Cet apologue heureusement développé offre la peinture et la poésie de la basse-cour au naturel, et nous montre dans un cadre bien rempli le genre de talent des prédécesseurs de La Fontaine. […] C’est ainsi qu’à distance les âges héroïques se rencontrent, et que les poésies, si inégales et si différentes qu’elles soient, se répondent par certains accents et par le cœur.

1793. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

On est plus disposé à passer cet excès à saint François de Sales, en raison de son siècle, et aussi à la faveur d’une certaine poésie franche qui s’y mêle et qui ne se donne que comme poésie.

1794. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Celui qui venait de développer dans une belle et lumineuse narration la marche et les progrès de la plus parfaite des sciences, cette série et cette gradation ascendante des grands hommes, Hipparque, Copernic, Galilée, Kepler et Newton, celui-là même s’amuse à noter le ton qui différencie les poésies fugitives des divers siècles ; comme quoi Chapelle, plus débauché que délicat, a peint un siècle où les mœurs n’étaient pas déguisées, et où le langage gardait de la grossièreté dans la franchise ; comment Chaulieu, venu après, appartenait à une époque plus polie, où l’on était déjà aimable, où l’on était encore passionné ; comment Gresset, enfin, n’a plus retrouvé ces sources du génie de Chaulieu : Il est venu, dit Bailly, lorsque la galanterie penchait vers son déclin. […] Bailly a, ce me semble, une idée peu juste, en vertu de laquelle il juge très défavorablement de ces peuples anciens et les déclare incapables des inventions scientifiques, qu’il estime peut-être supérieures elles-mêmes à ce qu’elles étaient en effet : quand il voit chez eux des fables accréditées et prises au pied de la lettre, il croit que tout cela a dû commencer par être une poésie allégorique, et que ce n’est que par une sorte de corruption et de décadence qu’on en est venu à prêter graduellement à ces fables une consistance qu’elles n’avaient pas d’abord dans l’esprit des inventeurs : en un mot, il croit à une sorte d’analyse antérieure à une réflexion philosophique préexistante à l’enfance et à l’adolescence humaines si aisément riches de sensations et toutes fécondes en imagesj.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Cette famille revendique l’honneur d’avoir donné des grands maîtres à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des cardinaux à l’Église, et un troubadour au beau ciel languedocien. « Garins d’Apchier, disent les manuscrits cités par Raynouard, fut un gentil châtelain du Gévaudan, vaillant et bon guerrier, et généreux, et bon trouvère et beau cavalier ; et il sut tout ce qu’on peut savoir du bel art de galanterie et d’amour. » Il passe même pour avoir inventé une forme nouvelle de poésie. […] « Rien que les larmes, disait-elle, font croire à l’immortalité. » — Et de ses lectures : « Ce n’est pas pour m’instruire, c’est pour m’élever que je lis. » Mlle de Guérin, dans sa piété de plus en plus épurée, caressait pourtant une idée encore terrestre, c’était de voir recueillis en un volume les productions, les essais trop épars de ce frère chéri et qui, tout à la poésie, n’avait pas eu le temps de songer à la gloire.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Lorsqu’il eut quitté la Suisse, il le tenait au courant de ses études qu’il allait diversifiant sans cesse ; il était d’un certain âge déjà lorsqu’il s’appliqua au sanscrit ; il s’occupait à la fois de la langue et des poésies provençales, mais le sanscrit au premier abord éclipsa tout : Voilà, écrivait-il de Paris à Favre en 1815 en lui parlant de livres indiens très rares qu’il avait fait acheter à Londres, voilà mes confessions en fait de folies érudites. […] On a publié depuis sa mort des poésies françaises de sa façon, presque toutes dirigées contre nous ; elles ne tournent que contre lui, tant elles décèlent une absence complète de goût et de sentiment français !

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il y a peu à gagner pour la science, mais beaucoup pour la poésie, pour l’élévation de l’âme et la contemplation de la nature. […] Il use habituellement et de préférence d’un vers que je connais bien pour avoir essayé en mon temps de l’introduire et de l’appliquer, l’alexandrin familier, rompu au ton de la conversation, se prêtant à toutes les sinuosités d’une causerie intime. « Ta poésie chante trop, écrivait-il à sa sœur Eugénie, elle ne cause pas assez. » Il se garde de la strophe comme prenant trop aisément le galop et emportant son cavalier ; il ne se garde pas moins de la stance lamartinienne comme berçant trop mollement son rêveur et son gondolier.

1798. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Il est sensible à nos chansons ; il aime la poésie : elle adoucira son cœur, et le rendra aussi aimable qu’il est fier. » Alors Philomèle continua seule : «  Que ce jeune héros croisse en vertu, comme une fleur que le printemps fait éclore ! […] Il fit de cette magique poésie un charme pour conjurer tout réveil de Néron.

1799. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

On raconte que la poésie idyllique ou bucolique, comme on l’a entendue depuis, fut inventée en Sicile par un berger poète, Daphnis : c’est le beau bouvier Daphnis qui, chez Théocrite, remporte le prix du chant et gagne contre Ménalque la flûte à neuf tuyaux ; c’est lui qui chante ce ravissant couplet où se résume tout le thème, où respire toute la félicité et la douceur du genre : « Que ce ne soit point la terre de Pélops, que ce ne soient point des talents d’or que j’aie à cœur de posséder, ni, au jeu de la course, d’aller plus vite que les vents ! […] Egger (1862), le chapitre intitulé : De la Poésie pastorale avant les poètes bucoliques.

1800. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il n’est rien de tel, pour exalter et nourrir l’admiration, que ces poëtes inachevés et inépuisables ; car on veut dorénavant que la poésie soit dans le lecteur presque autant que dans l’auteur. Depuis que la critique est née et a grandi, qu’elle envahit tout, qu’elle renchérit sur tout, elle n’aime guère les œuvres de poésie entourées d’une parfaite lumière et définitives ; elle n’en a que faire.

1801. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

J’aimerais que, dans les explications qu’on donne de Virgile, on fit désormais ce rapprochement, qu’on rattachât ces noms fraternels de l’histoire et de la poésie ; qu’on liât entre eux ces deux mémoires pour en faire une plus vivante immortalité. […] Rousset, je ne crois pas que la poésie soit de trop pour ajouter à l’idée de son héros parfait une dernière auréole et pour projeter sur cette intéressante figure je ne sais quel reflet d’une imagination attendrie.

1802. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Il lui envoya l’article qu’on va relire sur l’Enseignement des jeunes filles à la Sorbonne et les Leçons de poésie de M.  […] Nous, nous avons trop vécu de la vie assujettie et productive, de la vie prosaïque et mercenaire, et la Poésie, cette maîtresse jalouse, s’en est enfuie.

1803. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

C’est le cas de Dalembert mathématicien illustre, esprit indépendant, au-dessus de l’ambition et de l’intérêt, ami de son repos jusqu’à l’égoïsme, et jusqu’à renoncer à l’expression publique de ses idées, excitant les autres sous main à se compromettre, et gardant lui-même un silence prudent : critique étroit, fermé à l’art, à la poésie, philosophe intolérant, affolé de haine contre la religion et les prêtres ; écrivain lourd et pâteux, sans tact, d’une inélégance innée, et d’une sécheresse qui se dissimule mal par l’emphase et la fausse noblesse. […] Les jugements sont des équations, et les termes qu’on assemble sont des objets abstraits, idéaux : nulle part on n’aperçoit mieux que chez Condillac pourquoi l’esprit français au xviiie  siècle élimine de sa pensée toute réalité concrète, les formes par conséquent de la vie et la matière de l’art, et pourquoi la poésie ne peut plus être qu’un jeu intellectuel, réglé par des conventions arbitraires.

1804. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et sans doute, dans son tête-à-tête avec Elmire, il débute assez lourdement par l’emploi du « jargon de la dévotion » ; mais, insensiblement, il sait tourner ce jargon en caresse, et le rapproche enfin de la langue vaguement idéaliste que l’amour devait parler, cent cinquante ans après Molière, dans des poésies et romans romanesques et qui a plu si longtemps aux femmes… Mais, en outre, il a de la finesse et de l’esprit, et des ironies, et des airs détachés qui sentent leur homme supérieur et qui sont d’un véritable artiste en corruption. […] Brunetière qui veut que la poésie lyrique de notre siècle ne soit que l’éloquence de la chaire transformée… En tout cas, il y a ici dans les discours de l’ardent gredin une grâce, équivoque sans doute, mais qui ne laisse pas d’être enveloppante, et une flamme trouble, mais chaude.

1805. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Ainsi qu’il arrive souvent dans les natures très élevées, la tendresse du cœur se transforma chez lui en douceur infinie, en vague poésie, en charme universel. […] La poésie du précepte, qui le fait aimer, est plus que le précepte lui-même, pris comme une vérité abstraite.

1806. (1903) Zola pp. 3-31

Les Contes à Ninon étaient insignifiants comme fond, d’une assez agréable poésie de romance, caressante et fade, comme forme. […] Le sens pittoresque est devenu en lui cette couleur grosse et criarde qui fait comme hurler les objets au lieu de les faire chanter, comme disent les peintres, dans une harmonie et comme une symphonie générale selon leurs rapports avec les autres objets qui les entourent. — L’objet matériel animé d’une vie mystérieuse, qui est peut-être l’invention la plus originale des romantiques et d’où est venue toute la poésie symbolique, est devenu chez Zola, souvent, du moins, une véritable caricature lourde, grossière et puérile et la « solennité de l’escalier » d’une maison de la rue de Choiseul a défrayé avec raison la verve facile des petits journaux satiriques. — La simplification de l’homme, réduit à une passion unique et dépouillé de sa richesse sentimentale et de sa variété sensationnelle, est devenue, chez Zola, une simplification plus indigente encore et plus brutale ; chaque homme n’étant plus chez lui qu’un instinct et l’homme descendant, en son œuvre, on a dit jusqu’à la brute et il faut dire beaucoup plus bas, tant s’en fallant que l’animal soit une brute et que chaque animal n’ait qu’un instinct.

1807. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

La religion, la philosophie, la poésie, contribuèrent à perfectionner les mœurs et les lois, mais toujours d’une manière spontanée, sans que l’on s’aperçût encore que l’homme peut par la science se rendre maître de la nature et de la société elle-même, et donner à ses progrès une direction choisie et voulue. […] Or, ce qui caractérise la science, c’est la méthode : c’est par la précision et la rigueur des méthodes que la science se distingue de la poésie, de la littérature, de la religion, de l’inspiration enfin et du sentiment ; c’est par la diversité des méthodes autant que des objets que les sciences se distinguent les unes des autres.

1808. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Au reste, la poésie dramatique fit plus de progrès depuis 1635 jusqu’en 1665 ; elle se perfectionna plus en ces trente années-là, qu’elle ne l’avait fait dans les trois siècles précédents. […] On appelle aussi pièces de poésie certains ouvrages en vers d’une médiocre longueur.

1809. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ainsi, dans sa lettre sur Théodore de Banville, après lui avoir servi de toutes sortes d’éloges, ne finit-il pas par lui dire que lui, Banville, en ses Poésies funambulesques, a fait de l’Apollon du Belvédère un Polichinelle, et, pour qu’on n’en ignore ! […] Nous avions bien cru, nous, que la poésie de clown de Banville était désossée, mais nous ne savions pas qu’elle fût bossue !

1810. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Les abstractions s’entre-choquent ; des formes obscures passent devant l’imagination troublée ; dans le cerveau s’agite et roule une ronde d’êtres métaphysiques, grandioses et vides, poésie confuse et sublime que réclament toutes les jeunes têtes d’Allemagne, et qui, avec la bière, suffit pour les remplir à vingt ans. […] Il a dépouillé sa poésie, il est resté simple orateur ; son style est devenu plus mesuré ; et cependant sa jeunesse parfois lui revient ; il s’enflamme encore ; on sent alors qu’il oublie ses auditeurs ; il voit son idée se lever devant lui ; il s’éprend d’amour pour elle ; il retrouve son enthousiasme ; il écrit cette phrase dont j’entends d’ici l’accent transporté et poétique.

1811. (1891) Esquisses contemporaines

La poésie de la nature est la seule que permette le positivisme. […] Il y en a qui pourraient lutter d’éclat, de poésie, d’intimité, avec celles mêmes de la Vie de Jésus. […] On pleure mieux dans la communion silencieuse des choses que dans le tumulte des grandes villes ; les larmes y revêtent une poésie qui n’est pas sans douceur. […] Elle touche à toutes les branches de la littérature : poésie, roman, nouvelles, études, critique, elle se développe régulière et mesurée comme une belle architecture. […] Les allures de ce dialogue sont graves et pressantes ; le décor en est mélancolique, tout imprégné de la poésie sévère qui pare les champs de bataille au soir de la défaite.

1812. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Un jour que M. de Ségur était assis vis-à-vis d’elle dans sa voiture, elle lui témoigna le désir d’entendre quelques morceaux de poésie légère qu’il avait composés.

1813. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

La probité et la candeur respirent dans son théâtre mi-héroïque et mi-bourgeois et en font presque toute la poésie.

1814. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

De petits Auteurs froids & composés auront beau disserter, raisonner, subtiliser, ressasser ces mots imposans de vûes justes & fines, de discernement sûr, de sentiment, de convenance, de sensibilité ; le Héros de notre Tragédie sera toujours en droit de dire, au sujet de ses sentimens & de sa Poésie : Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

1815. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Larcher ne s’est pas borné à des Critiques ; on a de lui une excellente Traduction de l’Electre d’Euripide, de quelques Poésies de Pope, & de plusieurs morceaux des Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, dont il se propose de publier la suite.

1816. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Voici encore un exemple de l’artifice et du naturel avec lequel La Fontaine passe du ton le plus simple à celui de la haute poésie.

1817. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Quand le christianisme n’aurait donné à la poésie que le Paradis perdu ; quand son génie n’aurait inspiré ni la Jérusalem délivrée, ni Polyeucte, ni Esther, ni Athalie, ni Zaïre, ni Alzire, on pourrait encore soutenir qu’il est favorable aux Muses.

1818. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Champfleury ; Desnoireterres10 I C’est surtout quand on vient de lire les poésies de Hebel11, que les Contes d’été 12 de Champfleury doivent paraître une lecture insipide et glacée !

1819. (1923) Au service de la déesse

Jean Carrère s’attaque donc à des poètes ; ou à des prosateurs, mais qui ont inventé, qui ont répandu autour d’eux une poésie ; un philosophe, Rousseau : mais il ne réfute pas les idées, il condamne la poésie de Rousseau. […] Il est beaucoup plus aventureux d’évaluer l’influence d’une poésie. […] La poésie de la campagne, c’est à la ville qu’on l’invente. […] D’ailleurs, cette manie est, en meilleurs termes, le génie même de l’image, trésor de toute poésie. […] Dès que la machine intervient, la poésie s’en va.

1820. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Après un dîner d’adieux donné par ses amis Renouville, les peintres, il prit le bateau à Civita-Vecchia, rangea les côtes de l’antique Latium, salua le cap de Circé, rasa le rivage de la Grande-Grèce, fit une pause de quelques heures à Naples, toucha encore à Malte, une bien agréable étape ; et en tout, « après six jours, nous dit-il, de houle et de calme, de malaise et de gaieté, de coliques et de poésie », il abordait au Pirée le 11 mai : il était en possession de son rêve. […] … « Ithaque est un rocher stérile et nu : et c’est pour cela même que la poésie des Anciens en a fait le symbole de la patrie. […] Me voici à Florence au xve  siècle : j’ai fait une leçon sur les érudits, l’autre sur les architectes et les sculpteurs ; la prochaine sera consacrée aux peintres, particulièrement à Masaccio ; puis j’indiquerai la renaissance de la poésie en langue vulgaire. […] Avec Jules II et Léon X, je passerai de Florence à Rome, où je m’occuperai moins des obscurs essais de la poésie que des chefs-d’œuvre des beaux-arts. […] Me voici engagé dans un parallèle de l’auteur de Werther et de Vérité et Poésie avec l’auteur de René et des Mémoires d’outre-tombe.

1821. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

S’il peint un paysage, il apercevra les cenelles qui parsèment de leurs grains rouges les haies dépouillées, la petite vapeur qui s’exhale d’un ruisseau lointain, les mouvements d’un insecte dans l’herbe ; mais la grande poésie qu’eût saisie l’auteur de Valentine et d’André lui échappera. […] Présenter un sentiment comme divin, incliner devant lui toutes les institutions, le promener à travers une suite d’actions généreuses, chanter avec une sorte d’inspiration héroïque les combats qu’il livre et les assauts qu’il soutient, l’enrichir de toutes les forces de l’éloquence, le couronner de toutes les fleurs de la poésie, c’est peindre la vie qu’il enfante comme plus belle et plus haute que les autres, c’est l’asseoir bien au-dessus de toutes les passions et de tous les devoirs, dans une région sublime, sur un trône, d’où il brille comme une lumière, comme une consolation, comme une espérance, et attire à lui tous les cœurs. […] Les hommes sont raffinés aujourd’hui, ils ont lu beaucoup de poésies élégiaques ; leur sensibilité est plus vive ; on ne peut plus les tromper avec la grossière impudence de Tartufe. […] Ce coin du feu où ils vont passer la soirée est un sanctuaire, et les tendresses de famille sont la seule poésie dont ils aient besoin. […] Mais la poésie et la vie de famille prouvent qu’ils n’y réussissent qu’à demi.

1822. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

« J’emploierai donc, disais-je à ces amis, ma première jeunesse à la poésie, cette rosée de l’aurore au lever d’un sentiment dans l’âme matinale ; je ferai des vers, parce que les vers, langue indécise entre ciel et terre, moitié songe moitié réalité, moitié musique moitié pensée, sont l’idiome de l’espérance qui colore le matin de la vie, de l’amour qui enivre, du bonheur qui enchante, de la douleur qui pleure, de l’enthousiasme qui prie. […] En poésie, je n’ai été qu’une main novice qui fait rendre par un attouchement léger quelques accords à un instrument à cordes dont le doigté n’est pas une vraie science, mais une inhabile improvisation de l’âme. […] Cette malheureuse prévention de poésie que je traînais dès cette époque après moi, comme un lambeau de pourpre qu’un roi de théâtre traîne en descendant de la scène dans la foule ébahie d’une place publique, me causait un immense embarras. […] Le vulgaire, trop jaloux de sa nature pour reconnaître deux facultés dans un même homme, me jetait sans cesse à la face cette accusation hébétée de poésie. […] Homère, dont la poésie divine n’est que le bon sens en relief, illustré par le génie du langage et de la couleur, aurait évidemment bien gouverné plus de peuples que les rêveries prosaïques de Platon n’en auraient corrompu et anarchisé.

1823. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Après avoir lu les secrètes infortunes du père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettant votre insensibilité sur le compte de l’auteur, en le taxant d’exagération, en l’accusant de poésie. […] Enfin, là règne la misère sans poésie ; une misère économe, concentrée, râpée. […] Mlle Victorine Taillefer, jeune personne pâlie par l’infortune, car le bonheur est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fond. […] Quoique complètement neuf à la poésie des sites, j’étais donc exigeant à mon insu, comme ceux qui, sans avoir la pratique d’un art, en imaginent tout d’abord l’idéal. […] Je descendis, l’âme émue, au fond de cette corbeille, et vis bientôt un village que la poésie qui surabondait en moi me fit trouver sans pareil.

1824. (1925) La fin de l’art

Parmentier est une invention de François de Neufchâteau dont Rivarol disait que sa poésie était une prose à laquelle les vers s’étaient mis. […] Apollinaire risque de longs poèmes dénués de ces petits signes qu’on nous a habitués à croire indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en poésie qui procède moins par analyse intellectuelle que par accumulation d’impressions. […] Comme elle était fort jolie, on lui trouva l’air inspiré dès qu’elle chanta et sa poésie passa d’abord pour aussi belle que ses beaux cheveux blonds. […] Sainte-Beuve, qui avait presque toujours le mot juste, même sur ses contemporains, avait bien dit que sa poésie était, autant que d’un poète, la poésie d’une femme du monde.

1825. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Enfin, parmi tous les sentiments de l’âme individuelle ou collective qu’il analyse, le romancier doit tenir compte du sentiment qui inspire toute poésie, je veux dire : Je sentiment de l’harmonie entre l’être et la nature, la résonance du monde visible dans l’âme humaine. Le roman réunit, donc en lui tout l’essentiel de la poésie et du drame, de la psychologie et de la science sociale. […] Car le vrai roman est de l’histoire et, comme la poésie, « il est plus vrai que l’histoire même ». […] toute la poésie de la vieillesse, du passé se souvenant, est là : la fleur et la solitude, mais c’est presque de la mise en scène pour cette figure de vieille femme. […] Mais ce réalisme-là est aussi vieux que la réalité, et sa poésie est l’éternelle, la première en date ; dans leurs meilleures inspirations, les poètes de tous les temps et de tous les pays n’en ont point connu d’autre.

1826. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Beau cantique, tout à fait de poésie et de parfum, qui avait jailli de son âme à une heure d’enthousiasme, et devint la sérénade de sa vie, l’aubade de l’éternité. […] Les offres tentantes ne lui ont pas manqué ; mais il ne voulait devoir à la poésie que l’aisance modeste qui assure l’indépendance. […] Nul causeur, sauf Michelet, n’a su allier à ce point la poésie de l’esprit. […] Il en veut aux progrès scientifiques, qui nous donnent des gens aveugles et sourds aux miracles de cette poésie qui divinise la terre des hommes. […] L’un d’eux lisait des poésies norvégiennes dans les textes originaux.

1827. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Voir aussi Huet, Poésies latines et Mémoires.

1828. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame.

1829. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

Nulle éloquence, nulle poésie ne peut se passer de simplicité, puisqu’en somme la simplicité n’est que l’équivalence rigoureuse du mot et de l’idée, la parfaite convenance de la forme et du fond.

1830. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

Mais c’est assurément de la poésie : Où est ma mère ?

1831. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

La poésie le possède tout entier.

1832. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Revenons aux idées religieuses, si nous attachons quelque prix aux œuvres du génie : la religion est la vraie philosophie des beaux-arts, parce qu’elle ne sépare point, comme la sagesse humaine, la poésie de la morale, et la tendresse de la vertu.

1833. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Mais voulez-vous être remué ; voulez-vous savoir jusqu’où l’imagination de la douleur peut s’étendre ; voulez-vous connaître la poésie des tortures et les hymnes de la chair et du sang, descendez dans l’Enfer du Dante.

1834. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

l’affreuse, mais la belle poésie !

1835. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

La Revue Indépendante vient de publier une édition auto-lithographique de ses poésies, éparses jusqu’ici en maintes revues ; le poète avait fait paraître en 1876 une idylle : L’Après-midi d’un Faune.

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