il s’agit de nos plaisirs, non de la plus grande commodité de celui qui aspire à nous les donner ; et ces plaisirs sont fondés sur une illusion qu’il doit craindre d’affaiblir, et dont il ne restera rien du tout, s’il prétend nous transporter à sa guise sur tous les points du globe, ou nous faire vivre, ainsi que ses personnages, plusieurs mois ou plusieurs années en deux ou trois heures.
Il vécut ce qu’il devait peindre.
Balzac vivait encore, que déjà, sous la plume d’une mère, d’une femme de génie, des lettres de famille, qui ne voulaient être rien de plus, allaient faire oublier les exercices épistolaires de Balzac et de Voiture.
Il ne remarque dans le paysage que ce qui intéresse les mœurs et la situation de ceux qui l’habitent ; il fait vivre de la même vie la scène et les acteurs.
Ainsi leur grammaire est surtout défectueuse, parce qu’ils ne savaient que leur langue : or les grammaires particulières ne vivent que par la grammaire générale, et la grammaire générale suppose la comparaison des idiomes.
Les écailles lui tombèrent des yeux et, soudainement, il s’aperçut qu’il avait vécu jusqu’à ce jour dans un rêve, qu’il était seul, qu’aucun lien n’existait entre le public pour lequel il écrivait et lui, entre ce théâtre dont le dégoût couvait dans son cœur depuis le premier jour de son entrée et le poète, le musicien, qui avait rêvé autre chose qu’un « établissement pour l’exploitation de l’art » ; même les « serrements de mains de ses amis » le laissaient sans consolation.
Ses réflexions sur les différens Princes ne tendent qu’à prouver que les plus méchans ont vécu dans la prospérité, & les plus vertueux dans l’infortune.
Le sombre dégoût de sa race lui ôte d’ailleurs tout désir de vivre : il l’envoie, avec lui-même, aux Enfers dans un souhait forcené ; — « Les Dieux nous pressent d’en finir.
Mais à la mort du peintre, ne voilà-t-il pas que le marchand de vin apprend le gros prix de ses peintures, et depuis ce jour, le ménage qui a de quoi vivre cependant, mène une existence désespérée, répétant à tous ceux qui veulent les entendre : « Pourquoi qu’il n’a pas dit qu’un portrait de lui, se vendait 100 000 francs ?
Notre société est assez large pour tout contenir, et le catholicisme lui-même y pourrait vivre à l’aise, s’il le voulait.
Bérénice se résigne à vivre sans Titus ; Monime à épouser Mithridate ; Atalide à voir Bazajet s’unir à Roxane ; Esther n’aime point Assuérus.
Elle n’est pas assujettie à puiser éternellement l’existence dans le sein maternel de la sensation ; après l’allaitement quotidien des premières années, elle persiste à vivre dans des conditions nouvelles ; on la dirait douée, comme un animal adulte, d’une vitalité qui lui est propre.
Tu vivais de sa vie et tu meurs de sa mort.
Une plume d’institut, qui remue et copie et compare des textes dans l’anxiété d’une critique qui ne s’est jamais permis qu’une seule négation bien articulée, — celle-là à laquelle il doit tout et après laquelle il doute de tout… Comme les esprits qui vivent sur une idée, faute d’en avoir deux, M.
si Proudhon avait vécu, ce vieux Proudhon qui n’était pas tendre et qui voulait qu’on ne volât que les autres, comme, d’un tour de bâton, il l’eût fait lever !!
Et cela est si certain et si démontré, dans la conscience même de tous ceux qui vivent de la vieille organisation universitaire et anglicane, que les résistances opposées dernièrement au libre mouvement anglo-catholique ont contracté ce caractère décharnement qu’un grand danger inspire autant que la peur.
Vivre, pour l’esprit, c’est essentiellement se concentrer sur l’acte à accomplir.
La tendre Blanche est une jeune fille sentimentale et littéraire, obligée de vivre avec des parents qui ne la comprennent pas. […] Le fils, officier de hussards, a besoin de luxe pour vivre de pair avec les seigneurs ses camarades, et son tailleur prend au père trois cents guinées par an sur neuf cents qui font tout le revenu de toute la famille.
C’est un roman (L’Atelier Chantorel) où sous un nom supposé, il raconte son enfance, sa jeunesse, son passage à l’École des Beaux-Arts, son apprentissage du métier d’architecte ; et l’intéressant bouquin est presque, tout le temps, soutenu par de la vie vécue. […] où je me privais de cigarettes, pour qu’elle puisse manger… Et dire qu’à douze ans j’avais un domestique et un cheval… et qu’à quinze ans, je n’avais plus un sou… et qu’il fallait faire vivre une mère et un frère… et dix-huit cents francs, comme chien de commissaire de police, pour tout cela… » La sonnette du théâtre coupe la monographie de mon collaborateur.
Et voilà ce qui ne se comprendrait pas si nous ne savions que nous vivons précisément dans le retournement diamétral des partis ; et généralement si nous ne savions que les partis politiques sont les diamétralement contraires aux mystiques dont ils prétendent être les prolongements. […] Pas même de cette flétrissure qui marque les plus grands saints et qui est d’avoir vécu et d’avoir été homme et d’avoir éprouvé l’ingratitude des hommes et d’avoir, qui sait, connu sa propre ingratitude (quelques-uns exceptés). […] Il fallait qu’il survécût comme il avait vécu. […] Et il fallait qu’il fût temporellement éternel comme il avait vécu et comme il était mort. […] Ce monde moderne a fait à l’humanité des conditions telles, si entièrement et si absolument nouvelles, que tout ce que nous savons par l’histoire, tout ce que nous avons appris des humanités précédentes ne peut aucunement nous servir, ne peut pas nous faire avancer dans la connaissance du monde où nous vivons.
et, s’il eût vécu alors, n’aurait-il pas dévoilé à Louis-Philippe la ruine qui se cachait sous cette apparente consolidation de son trône ?
J’ai personnifié partout les événements dans les acteurs ; c’est le moyen d’être toujours intéressant, car les hommes vivent et les choses sont mortes, les hommes ont un cœur et les choses n’en ont pas, les choses sont abstraites et les hommes sont réels.
Admirable symbole de ces âmes sobres d’ici-bas, qui ne vivent que du beau et pour le beau.
C’est qu’on ne comprend pas qu’une nation ait pu tomber assez bas pour supporter un tel misérable, ni comment des gens comme Tacite ont pu vivre sous ses pareils.
Un annélide peut perdre une partie de ses organes et continuer de vivre.
La larve, devenant insecte parfait, a beau se métamorphoser, elle conserve l’image de cette proie dont elle a vécu pendant son état larvaire ; elle la reconnaît, elle a une préférence pour elle, qui va même jusqu’à un « exclusivisme absolu ».