Ce maniaque de génie ne s’est pas trompé sur tout. […] dans l’avenir, sur quelques-unes des questions les plus vivaces, il n’est pas sûr que, des deux, ce soit Lamennais qui passe pour s’être le plus trompé.
Étienne, je me trompe ; car la lettre finit par ce post-scriptum qui n’a l’air de rien et qui est tout : « Voici le Marquis de Carabas. […] j’espère que vous en aurez avant peu. » Je ne sais si je me trompe, je trouve beaucoup de délicatesse à ce qui semble peut-être à d’autres en manquer.
Lorsqu’il s’agit d’auteurs anciens, mais surlesquels la tradition ne se prononce pas parce qu’ils sont de second ou de troisième ordre, il est moins sûr, et il peut se tromper ou donner dans l’à-peu-près. […] Saint-Marc Girardin, il s’est trompé en réimprimant un ouvrage de l’évêque de Belley Camus, et en proposant à notre admiration le roman de Palombe.
Jean-Jacques Rousseau, qu’on cite toujours comme exemple de faiseur d’utopies politiques, ne s’est pas trompé lorsqu’il a tant de fois décrit, appelé de ses vœux et deviné à l’avance cette classe moyenne de plus en plus élargie, vivant dans le travail et dans l’aisance, dans des rapports de famille heureux et simples, dans des idées saines, non superstitieuses, non subversives, ce monde qui fait penser à celui de Julie de Wolmar et de ses aimables amies, et dont les riantes demeures partout répandues, dont les maisons « aux contrevents verts » peuplent les alentours de notre grande ville et nos provinces. […] Condorcet lui-même, dont le nom se présente d’abord comme celui de l’apôtre puni de son zèle et le plus cruellement déçu dans son ardente poursuite, ne s’est pas tant trompé qu’il semble, et quoiqu’il se mêlât à sa foi dans l’avenir un fanatisme que je n’aime nulle part, il n’a pas désespéré du progrès en mourant, et il a bien fait.
Gœthe n’était pas un physicien, un géomètre ; mais il était un naturaliste, il avait à un haut degré le génie de l’histoire naturelle, le sens et le tact du monde organique, et, de ce côté, en se confiant en sa force, il ne se trompait pas. […] Aussi ses rapports personnels avec Gœthe, tout en étant bons et parfaitement convenables, s’en trouvaient quelquefois un peu gênés : « Tieck, disait Gœthe à ce propos, est un talent d’une haute signification (très-significatif, c’était encore un des mots favoris de Gœthe), et personne ne peut mieux que moi reconnaître ses mérites extraordinaires ; mais si on veut l’élever au-dessus de lui-même et l’égaler à moi, on se trompe.
Qu’elle consente à se relâcher un peu de l’absolu de la forme et de la rigueur affirmative, à s’interdire envers les adversaires une chaleur de réfutation trop facile, et qui déplace toujours les questions ; qu’elle permette autour d’elle à bien des faits de détail de courir plus librement sous le contrôle naturel d’un empirisme éclairé, et elle aura permis qu’on s’appuie souvent avec avantage sur elle sans s’y ranger nécessairement ; elle aura fourni un contingent utile à une œuvre pratique d’intelligence et d’indépendance qu’elle est digne d’apprécier ; car chez elle aussi, si je ne me trompe, et derrière ces grands développements de croyances, la maturité personnelle et l’expérience secrète sont dès longtemps venues142. […] cette tolérance, cette union conservatrice, cette ligue de bon vouloir et de bon sens, si regrettable et si loin de nous en politique, il est plus facile de provisoirement l’établir en littérature ; et si les symptômes ne nous trompent, et pour peu que quelque activité y aide, on serait à même, à l’heure qu’il est, de l’accomplir.
Des auteurs d’esprit s’y sont trompés ; ils ont mis en action, selon le précepte, des animaux, des arbres, des hommes, ont caché un sens fin, une morale saine sous ces petits drames, et se sont étonnés ensuite d’être jugés si inférieurs à leur illustre devancier : c’est que La Fontaine entendait autrement la fable. […] Puis, quand on avait épuisé les désordres, les erreurs, et qu’on revenait à la vérité suprême, on trouvait un asile tout préparé, un confessionnal, un oratoire, un cilice qui matait la chair ; et l’on n’était pas, comme de nos jours, poursuivi encore, jusqu’au sein d’une foi vaguement renaissante, par des doutes effrayants, d’éternelles obscurités et un abîme sans cesse ouvert : — je me trompe ; il y eut un homme alors qui éprouva tout cela, et il manqua en devenir fou : cet homme, c’était Pascal.
Un bon écrivain peut se tromper quelquefois, ô Edmond Lepelletier, sans que les cochons cessent pour cela d’être des cochons. […] Il n’y a pas à craindre que Bourget, Huysmans ou Léon Daudet soient chrétiens dans les deux cents premières pages de leur prochain roman. » Je me trompais.
La Princesse Georges L’égalité de l’homme et de la femme devant l’adultère, le droit de mort donné à l’épouse trahie, aussi bien qu’au mari trompé : telle est l’idée que M. […] Son mari la trompe avec la comtesse Sylvanie de Terremonde, une amie intime, à qui elle dit tu, qui loge dans l’hôtel contigu au sien, presque sous le même toit… La trahison est double ; c’est un poignard à deux tranchants qu’elle a dans le cœur.
Chez les petites filles, c’est une menace qu’un jour elles ne lisent des romans ; et vous ne vous trompez pas beaucoup sur ce point ; elles ne liront guère autre chose. […] Il faut se tenir en garde contre eux, si l’on ne veut pas se préparer une vieillesse triste, puisque les, livres sont nos derniers amis, et qui ne nous trompent pas, et qui ne nous reprochent pas de vieillir.
II Ainsi, ne nous y trompons pas et insistons tout d’abord sur ce caractère : — Conseil essentiellement pratique, petit catéchisme de l’amour à l’usage de la jeunesse, manuel d’entraînement de la femme vertueuse, introduction à la vie du ménage et recette infaillible de bonheur domestique, individuel et social, voilà le livre de Michelet ! […] pour éviter de dire : « le Poisson », ne vous y trompez pas !
On peut dire, sans craindre de se tromper et d’être démenti par l’histoire du xixe siècle en Europe, que tous les grands poètes contemporains ont été de grands prosateurs. […] Il fut Pascal, sans Port-Royal, sans cilice, sans conclusion, sans consolation ; — Pascal sous une forme douce, sous cette forme de la résignation qui ne trompe ni Dieu ni personne, et qui est la forme la plus poignante que je sache du désespoir !
On le juge aussi soigneux dans ses fautes que dans ses réussites ; lorsqu’il se trompe, il est exempt de reproche ; il a employé toute sa force ; ce sont les circonstances ou quelque invincible illusion philosophique qui l’ont perdu. […] Il s’est trompé pourtant, et plus d’une fois.
Elles ne s’y trompent pas les deux Marie-Alice, les deux mères d’Hubert Liauran. […] Thérèse de Sauve, ayant trompé son mari pour un homme qu’elle aime, en vient à tromper son amant pour un homme qu’elle n’aime pas. […] Ce sont comme des vertus qui se trompent d’adresse. […] C’était une affectation qui ne trompait personne. […] Mais, d’un autre côté, on se tromperait si l’on croyait que M.
Un grand virtuose, quoiqu’on ait pu parfois s’y tromper, est nécessairement un homme très sensible. […] Vous voyez bien qu’il se trompait, le superbe Olivier qui « voulait mourir, ne pouvant plus aimer ». […] Enfin, quand je parlais de la froideur du néo-hellénisme en littérature, je me trompais sans doute. […] Au reste, s’il se trompe, c’est par de fortes raisons, et fortement déduites. […] Zola croit prêcher d’exemple, il se trompe.
Il nous trompe ! […] Mais il se trompe. […] Cette fois, ils se trompent. […] Seillière le dit et ne se trompe pas. […] … Mais ce tragique-là vous a vite lassés, ou je me trompe.
A ceux pourtant qui lui reprocheraient trop amèrement de s’être trompé, n’a-t-il pas droit de répondre aussi d’un seul mot : « A tel jour, à telle heure, j’ai sauvé la patrie !
Non, non, Amour, ce dis-je, n’ayez honte : Plus clairvoyants que vous s’y trompent bien.
Presque en même temps, une dame modestement vêtue, aux manières élégantes et simples, descend dans l’auberge, qui ressemble décidément, à ne pas s’y tromper, au terrain vague, rendez-vous si commode de tous les personnages du vieux théâtre.
Mais ne vous y trompez pas ; avec tous les défauts et tous les travers de son école, il est artiste, il est poète ; il a un tour à lui, un style, un goût, une façon de voir et de sentir.
Et qui pourrait affirmer que l’espèce de trahison du roi envers cette même madame de Montausier, lorsqu’il trompa la reine et elle sur ses relations avec madame de Montespan, l’incurable maladie qui accabla madame de Montausier lorsqu’elle fut détrompée, et enfin sa mort, qui arriva pendant que l’Amphitryon de Molière amusait la cour et le public par le spectacle d’un mari malheureux ; qui oserait assurer, malgré les apparences, que ces faits n’eurent aucune influence sur l’esprit du roi ?
J’ai la plus haute opinion de celui-là ; il peut me tromper.
Nos poëtes ne peuvent se tromper impunément aujourd’hui sur le choix du tems et du lieu de leurs pieces.
On voit bien que j’ai parlé seulement ici des peintres et des poëtes qui se trompent de bonne foi.
Il se sent à certains égards très inférieur à Vinet ; il n’ose se dire son ami ; il ne veut point non plus le tromper sur l’état de ses sentiments par rapport aux croyances religieuses. […] Il ne s’ensuit pas qu’il soit arrivé au port ; mais ce qu’il y a de bon, c’est que, sur ce point, il ne veut pas plus se tromper qu’il ne cherche à tromper les autres. […] Je m’y trompe quelquefois. […] Des femmes, des enfants, des rois, Attila, Charlemagne, Arthus, le pape Grégoire VII, se soulèvent de leur couche de pierre, et accusent le Christ de les avoir trompés : « Malheur ! […] Toutes ont trompé leur destination.
C’est un érudit qui, ayant été malade, découvre la vie lorsqu’il entre en convalescence et se met alors à mépriser la culture ; puis qui, au lieu d’être reconnaissant à sa jeune femme qui l’a bien soigné, la trompe, la laisse seule et va courir les mauvais lieux, tandis qu’elle agonise à son tour. […] Mais on pouvait s’y tromper en lisant le catalogue de la vente, établi par Édouard Champion, en tête duquel André Gide déclare : « … J’ai pris le parti de me séparer de livres acquis en un temps où j’étais moins sage, que je ne conservais que par faste ; d’autres enfin qui me sont demeurés chers entre tous aussi longtemps qu’ils n’éveillaient en moi que des souvenirs d’amitié. » Pour les morts, Mallarmé, Moréas, Barrès, Heredia ou autres, comme ils n’avaient pu dans leur tombe se brouiller avec Gide, on entendait bien qu’ils succombaient à la réforme somptuaire. […] S’il me considère comme un politicien qui loue ou condamne les œuvres littéraires selon les opinions de l’auteur, il se trompe très lourdement, et cela prouve qu’il ne me lit pas, ce que je lui permettrais au surplus, à condition qu’il ne parlât pas de moi. […] Il emmène en Suisse son nouveau secrétaire et une certaine Laura, femme d’un professeur nommé Douviers, qu’elle a trompé avec Vincent Molinier, autre neveu du même Édouard. […] Jean-Jacques s’est trompé : il a un imitateur en M.