Le sujet, si mince, prend tout de suite de l’agrément, et en quelque sorte un intérêt de curiosité, par l’idée de donner aux discours des personnages la forme et le ton des charlatans de la foire. […] Un statuaire qui fait une statue, et voilà tout ; ce n’est pas-là le sujet d’un Apologue : aussi cette prétendue fable n’est-elle qu’une suite de stances agréables et élégantes. […] C’était un sujet sur lequel il était aisé de faire de beaux ou de jolis vers. […] Je ne sais comment La Fontaine a pu faire une aussi mauvaise petite pièce sur un sujet de morale si heureux : tout y porte à faux.
pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ? […] Léon Aubineau, dans sa Vie de Benoît-Joseph Labre, ne soit pas un écrivain selon mon cœur, mais un glaçon du xviie siècle, assez incorrectement taillé, je luisais gré pourtant d’avoir eu la hardiesse d’aborder ce sujet, qui aurait fait peur à un catholique moins convaincu que lui. […] sera un sujet de jolies plaisanteries impertinentes pour ce grand seigneur en fait de grands noms, qui prendra des airs de marquis avec le pauvre Labre et ne lui dira peut-être pas : « Tarte à la crème ! […] Assurément, il n’y a pas à faire ici de critique littéraire ; ce serait même ridicule dans un sujet pareil.
Mais le grand observeur, dont un pareil sujet chaussait admirablement les facultés incomparables, mais cette tête qui pensait à tout ne pensa point précisément à ces Mémoires d’une femme de chambre, qui auraient si bien trouvé la place d’un chef-d’œuvre de plus parmi les chefs-d’œuvre de La Comédie humaine, et il nous a laissé, à nous qui vivons après lui, l’occasion de bénéficier, si nous pouvons, de cette distraction de son génie. […] Eugène Sue, qui avait des reins, Eugène Sue, ce portefaix littéraire, a manqué les Mémoires d’une institutrice, encore un titre plein de choses, un type et un sujet heureux ! […] ; mais les Mémoires d’une femme de chambre, quel livre supérieur par le sujet à tous les autres ! […] Le sujet seul du livre suffit pour exciter la curiosité, et, le croira-t-on ?
La paix de 1623, avec les protestants du royaume, et la prise de La Rochelle en 1629, furent encore le sujet d’un très grand nombre de panégyriques et d’éloges. […] Lorsque dans une monarchie il s’élève un sujet qui, par les circonstances ou ses talents, obtient un grand pouvoir, aussitôt les hommages et les regards se tournent de ce côté ; tout ce qui est faible est porté, par sa faiblesse même, à admirer ce qui est puissant ; mais si ce sujet qui commande, a une grandeur altière qui en impose, si par son caractère il entraîne tout, s’il se sent nécessaire à son maître en le servant, si à cette grandeur empruntée qu’il avait d’abord, il en substitue une autre presque indépendante, et qui, par la force de son génie, lui soit personnelle ; si, de plus, il a des succès, et que la fortune paraisse lui obéir comme les hommes, alors la louange n’a plus de bornes. […] Ils avouent que l’abaissement des grands était nécessaire ; mais ceux qui ont réfléchi sur l’économie politique des États, demandent si appeler tous les grands propriétaires à la cour, ce n’était pas, en se rendant très utile pour le moment, nuire par la suite à la nation et aux vrais intérêts du prince ; si ce n’était pas préparer de loin le relâchement des mœurs, les besoins du luxe, la détérioration des terres, la diminution des richesses du sol, le mépris des provinces, l’accroissement des capitales ; si ce n’était pas forcer la noblesse à dépendre de la faveur, au lieu de dépendre du devoir ; s’il n’y aurait pas eu plus de grandeur comme de vraie politique à laisser les nobles dans leurs terres, et à les contenir, à déployer sur eux une autorité qui les accoutumât à être sujets, sans les forcer à être courtisans.
La Rue fut l’orateur de la cour, dans cette époque qui succéda à quarante ans de gloire, lorsque Louis XIV, malheureux et frappé dans ses sujets comme dans sa famille, ne comptait plus au-dehors que des batailles perdues, et voyait successivement dans son palais périr tous ses enfants. […] La Rue fit couler des larmes et par la force de son sujet et par les beautés que son génie sut en tirer. […] Le même orateur a traité deux autres sujets moins pathétiques, sans doute, mais non moins intéressants, ce sont les éloges funèbres de deux grands hommes ; l’un était ce maréchal de Luxembourg, élève de Condé ; impétueux et ardent comme lui, mais vigilant et ferme comme Turenne, quand il le fallait ; persécuté par les ministres, et servant l’État ; fameux par les victoires de Fleurus, de Leuze, de Steinkerque et de Nerwinde, et qui, de dessus un champ de bataille, écrivit à Louis XIV cette lettre : « Sire, vos ennemis ont fait des merveilles ; vos troupes encore mieux : pour moi, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres ; vous m’avez dit de prendre une ville et de gagner une bataille, je l’ai prise et je l’ai gagnée. » L’autre, qui avait un genre de mérite tout différent, était ce maréchal de Boufflers, fameux par la défense de Lille, appliqué et infatigable ; d’ailleurs excellent citoyen, et dans une monarchie, capable d’une vertu républicaine. […] La morale même qui est le principal mérite de l’ouvrage, y paraît rétrécie ; quelquefois elle a plus l’air de la finesse que de la grandeur ; d’autres fois elle couvre et éclipse le sujet.
Le désordre, & souvent l’oubli total du sujet, sont les défauts ordinaires d’un grand nombre de nos Prédicateurs modernes. […] Ses Sermons, peu éloquens à la vérité, sont du moins solides ; & ses sentimens trouvent un nouveau sujet d’éloge, dans le zele qu’il a eu de contribuer au succès des Prédicateurs d’un talent supérieur au sien.
Ses Vers pouvoient être agréables pour la Société qui fournissoit les sujets ; mais on n’auroit pas dû les rendre publics, car la lecture en est insoutenable. […] L’illustre Evêque de Meaux n’avoit certainement en vue que le fond du sujet & les mœurs des personnages ; car il étoit trop connoisseur pour l’admirer du côté du style, qui est partout foible & prosaïque.
Cet homme a la rage de choisir de grands sujets, des sujets qui demandent de l’invention, des caractères, du dessin, de la noblesse, toutes qualités qui lui manquent.
Delavigne ; les tableaux du peintre sont d’excellents sujets de tragédie pour le poète, et les tragédies du poète seraient d’excellents sujets de tableaux pour le peintre ; chez tous les deux, même exécution pénible et patiente, même couleur plombée et fatiguée, même recherche de la fausse correction et du faux dramatique. […] Casimir Delavigne n’était qu’un versificateur élégant, minutieux et habile jusque dans le choix de ses sujets, qu’il prenait toujours dans l’ordre d’idées dont la vogue lui promettait un succès facile.
L’ouvrage amusa bien du monde dans le temps par la singularité du sujet, & par celle du génie de l’auteur, l’abbé Boileau. […] Quelqu’un lui demandant à propos, de son livre des Attouchemens impurs & de toutes les matières licencieuses qu’il y traite, comment il avoit pu choisir de tels sujets : Je ne sçais , répondit l’abbé, mais je n’ai jamais pratiqué rien de pareil. […] L’Arétin traitoit en même-temps des sujets de dévotion.
Tandis que dans l’Occident tout penchait vers sa décadence, tandis que les malheurs de l’empire, les invasions des Barbares, le mélange des peuples, le despotisme ou l’incapacité des princes, la terreur des sujets, l’esprit d’esclavage, le contraste même de l’ancienne grandeur, qui ajoute toujours à la petitesse présente, corrompaient le goût, et rétrécissaient à la fois les esprits et les âmes, on vit paraître un homme né avec une imagination brillante et forte, et à qui, peut-être, pour avoir les plus grands talents, il ne manqua que d’être né dans un autre siècle : c’était Claudien. […] En général, on voit un homme d’un grand talent, qui, à chaque ligne, lutte contre son sujet et contre son siècle ; mais trop souvent son siècle le gâte, et son sujet l’endort.
Je prie ceux qui par hasard parcourront ces lignes de regarder ce que je dis à ce sujet comme un effet de ma reconnaissance pour le maître auquel je rapporte le peu que je sais, et non comme une louange de ma propre personne. […] Ces réflexions, dit-il, l’avaient déterminé à passer à pieds joints sur les difficultés extrinsèques compensées bien certainement par les mérites personnels du sujet. […] Peut-être n’auraient-ils pas montré de semblables répulsions, si le sujet choisi eût été de qualité proportionnée à la leur. […] On prit pour une tentative ce qui ne fut autre chose qu’un discours au sujet des difficultés s’opposant au pape désigné, et l’on fit ressortir ces difficultés avec une certaine énergie. […] Après son oraison, il répondit brièvement qu’il se reconnaissait indigne d’une charge si sublime à laquelle auraient dû être élevés de si nombreux et de si méritants sujets qui étaient dans le Sacré-Collège.
Il aborde ici des sujets d’une plus grande élévation et d’une généralité supérieure. […] De pareils sujets ont de l’envergure. […] Le désir est leur unique sujet. […] Leurs sujets sont très minces, leur technique dramatique sans nouveauté ni force. […] Sujets qui, par leur simplicité, atteignent la grandeur.
Cependant sa conscience a été sollicitée d’autre part, et d’une façon plus étroite encore, par le sujet lui-même. […] Il n’a point hésité à aborder ces questions complexes de l’art et de la civilisation sous leurs faces diverses, multipliant les horizons toutes les fois que la perspective se déplaçait, et acceptant toutes les indications que le sujet, dans sa nécessité rigoureuse, lui offrait.
Pour se tirer d’un pareil sujet, il eût fallu la force d’idées, de couleurs, et d’imagination de Rubens, et tenter une de ces machines que les Italiens appellent opera da stupire. […] Avant que de prendre son pinceau, il faut avoir frissonné vingt fois de son sujet ; avoir perdu le sommeil ; s’être levé pendant la nuit, et couru en chemise et pied nu jeter sur le papier ses esquisses, à la lueur d’une lampe de nuit.
Il fallait une tête telle que celle de Corneille, pour tirer d’un sujet aussi ingrat tant de richesses dramatiques. […] Pourquoi les chrétiens étaient-ils les sujets les plus soumis et les plus fidèles des empereurs mêmes qui les persécutaient ? […] Un sujet tragique bien touchant, bien intéressant, n’a-t-il pas aussi l’agrément qui lui convient ? Le sujet de Pompée est héroïque et pathétique tout à la fois ; il émeut le cœur, il élève l’âme ; il a tout l’agrément que doit avoir un sujet de tragédie : il est aussi agréable dans le genre pathétique, que le sujet du Menteur dans le genre comique. […] Le grand Corneille ne daigna pas même revendiquer le sujet et le plan de Rodogune ; il laissa tranquillement Gilbert jouir de son larcin.
Sachez bien que, sur pareil sujet, je ne prétends pas à l’originalité. […] Les adolescents lisent volontiers les traités médicaux sur des sujets délicats. […] Il n’y a pas un de ses ouvrages dont le sujet lui appartienne. […] Mais ce sujet, comment le traitera-t-il ? […] Michaut, ait dérobé son sujet à Corneille : procédé qui, d’ailleurs, n’eût point choqué en ce temps-là, les sujets fournis par la mythologie ou l’histoire appartenant à tout le monde, et les exemples étant alors nombreux de deux auteurs traitant, la même année, le même sujet de pièce.
Gustave Kahn Le sujet de ce poème, car l’Esprit qui passe est bien une sorte d’épopée à la fois enchaînée et variée, c’est-à-dire composée de poèmes simplement juxtaposés d’après une unité de sujet, de rythme et de mouvement, en somme la forme actuelle du poème, ce serait la vie en un poète de l’Esprit, se cherchant dans le passé pour prendre conscience de lui-même.
Une imagination aussi vive & aussi brillante que celle de M. le Chevalier de Boufflers, n’auroit pas dû s’abaisser jusqu’à embellir le langage du vice ; elle est assez riche de son propre fonds, pour se faire admirer dans d’autres sujets. […] Le joli Conte de Nanine, qui a fourni le sujet de l’Opéra de la Reine de Golconde, prouve que M. le Chevalier de Boufflers n’est ni moins facile, ni moins agréable dans sa prose, que dans ses vers.
Les uns y ont puisé le sujet d’une Comédie ou d’un Opéra comique ; les autres, le sujet d’une Fable, d’une Nouvelle ou d’un Roman.
Mais dites-moi, mon ami, quand on a la composition d’un sujet par Rubens présente à l’imagination, comment on peut avoir le courage de tenter le même sujet.
Bossuet ne se montre nulle part avec la même physionomie ; il prend pour ainsi dire celle de char que sujet. […] La preuve qu’il ne s’y plaît pas exclusivement, c’est qu’on n’en rencontre jamais dans les sujets qui ne les inspirent pas. […] Le besoin du moment, les devoirs périodiques du saint ministère ne lui laissent pas le choix des sujets. […] Bossuet commence par être le sujet d’un article pour un auteur de mémoires graveleux, et l’occasion d’une pointe pour un poète à la mode ! […] Elle veut pour sujets de ses enseignements des rois, des personnages historiques, des fortunes éclatantes, de grands exemples.
Pour le fond des choses, pour le choix des sujets, liberté sans contrôle ! […] Cela ne se serait pas appelé un sujet, du temps que ce n’était pas le poète qui fécondait le sujet, mais le sujet qui fécondait le poète ; à présent, cela s’appellera de la poésie ; car on aime mieux un poète sans sujet qu’un gros sujet sans poète. […] Le sujet du roman est simple et plein d’intérêt. […] Mais ce grand sujet où est-il ? […] Le sujet de la pièce était : les Avantages de l’étude.
Lebrun venait en première ligne ; c’était en effet de nos jours, sous la Restauration, en renom comme en date, la première transition de l’ancienne forme tragique à une forme, à un sujet et à un langage plus récents. […] Sa nouveauté, sans avoir besoin de théorie, était aussitôt comprise, assortie par le sujet au génie français, au pathétique populaire. […] Il y avait là un sujet vivant, le poëte y court. […] C’était un sujet à tenter l’auteur d’Adélaïde Du Guesclin et de Tancrède. […] … L’auteur de Marie Stuart lui fournit le sujet d’une foule d’idées que je n’ai entendu exprimer à personne.
Quatre époques importantes font la manière et le sujet des quatre volumes que l’on publie, et dans lesquels tous les genres de poésie sont représentés, excepté la poésie dramatique. […] Les poètes connus viendront dans l’âge suivant ; mais le plus souvent, au lieu de s’appliquer à de dignes et sévères sujets, ils s’amuseront alors à des inventions purement romanesques, aux romans dits d’aventures. Quand l’art ou la main-d’œuvre se perfectionne, on est déjà en décadence ou en déclin pour l’inspiration et le choix des sujets. […] Guizot a très-bien dit, et au sujet même de ce généreux poète si méprisé par Malherbe : « Les hommes qui font les Révolutions sont toujours méprisés par ceux qui en profitent. » Il fut très-aisé ensuite, à ceux qui rabattirent de l’effort premier de Ronsard, de faire fi de lui et de lui reprocher la violence même de cet effort devenu, après lui et grâce à lui, inutile. […] Il l’est dans tout ce qui vient de source et qui sort involontairement de sa plume, pièces légères, satires, boutades, débuts de chants, vers saillants nés proverbes, qui lui échappent en tout sujet, et qui courent le monde.
Si c’est seulement sous ce dernier point de vue qu’elles acquièrent toute leur valeur, elles n’en ont pas moins déjà, sous le premier, une extrême importance, en caractérisant dès l’origine le sujet à considérer. […] Cet ordre sera le sujet spécial de la prochaine leçon. […] Sans cette condition, il est bien difficile de sentir et impossible de juger les réflexions philosophiques dont ces sciences seront les sujets. […] Je n’ai pas besoin d’insister davantage en ce moment sur un sujet qui reviendra fréquemment dans toute la durée de ce cours, et à l’égard duquel je présenterai spécialement de nouvelles considérations dans la prochaine leçon. […] En réalité, le sujet de toutes nos recherches est un ; nous ne le partageons que dans la vue de séparer les difficultés pour les mieux résoudre.