La cause qui a retardé la publication de cet écrit importe fort peu, et même serait assez difficile à expliquer : il suffira donc de prévenir que l’ouvrage ne vient pas d’être composé, et qu’il aurait dû être imprimé beaucoup plus tôt.
Notre réponse sera catégorique ; peu nous importe que le fait matériel ait eu lieu, il nous suffit qu’Esther porte les marques évidentes de l’intention. […] Il suffit de feuilleter Esther pour ratifier notre jugement. […] Mais toute la finesse d’observation possible, toute la philosophie, toute la raison du monde ne sauraient suffire à produire une bonne nouvelle. […] Quand il sera las des jouissances civilisées, trois vaisseaux emporteront la partie la plus précieuse de ses meubles de voyage et on brûlera le reste ; le reste qui suffirait à enrichir plusieurs familles de grands seigneurs. […] Chacun de ses articles célébra en quelque sorte, la découverte d’un homme de génie perdu, et je ne veux pas railler, Dieu m’en préserve, mais il me semble que je ne dépasse pas les limites de l’exacte vérité en disant qu’il suffisait qu’un pauvre poète fût bien obscur, bien méconnu pour que M.
Vivent les gens d’esprit pour suffire à tout !
Il a enfermé, d’une main singulièrement délicate, des sentiments exquis dans des vers achevés ; il faut autre chose dans le bruit du moment, mais cela suffit pour rester.
Ces trois Ouvrages suffisent pour faire regretter la perte de M.
Il suffit que l’orage politique ait fait trêve, pour que la société revienne à ce qui l’intéressait dans ses bons moments.
L’épisode qu’on va lire, et dont le fond est emprunté à la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791, a un air de circonstance qui eût suffi pour empêcher l’auteur de le publier.
Observons cependant, à propos de Térence, que le possible qui suffit à la vraissemblance d’un caractere ou d’un évenement tragique, ne suffit pas à la vérité des mœurs de la comédie. […] M. de la Motte prétend même que l’unité de personnage suffit à l’épopée, par la raison, dit-il, qu’elle suffit à l’intérêt : mais c’est-là ce qui reste à examiner. […] Ne suffit-il pas qu’il s’amuse ? […] Il suffit au laboureur de se nourrir de ses moissons. […] La vertu qui se suffit, est une vertu plus qu’humaine : il n’est donc ni prudent ni juste d’exiger que la vertu se suffise.
Ici les événements ont suffi. […] Elle ne suffit pas. […] Cela ne suffirait pas à expliquer l’ensorcellement. […] Cette vérité ne suffit pas. […] L’action ne lui suffit pas.
Qu’on y lise un prétexte, cela suffira.
L’Ouvrage dont nous parlons a exigé la plus grande assiduité & les plus grands efforts de patience ; ce qui suffit pour obtenir grace à son Auteur sur plusieurs inexactitudes échappées à son attention.
Mais il suffirait, pour y reconnaître Shakespeare, de quelques traits de morale qui attestent sa profonde connaissance du cœur humain. […] Je ne citerai qu’un exemple des effets de ce système ; il suffira pour les faire tous pressentir. […] La vanité même n’y suffirait pas ; Falstaff sait prendre son parti de toutes les hontes ; au point où il en est arrivé, il ne cherche même plus à les dissimuler. […] Si le poëte n’a pas donné à l’usurpateur cette physionomie odieuse qui produit la haine et les passions dramatiques, il suffit de lire l’histoire pour en comprendre la cause. […] Shakspeare les a prises ordinairement dans ses personnages mêmes ; et il lui suffisait ici d’avoir à peindre un roi élevé sur le trône.
Si l’on cherche maintenant ce que Pascal a pu penser de ce chevalier qui le régentait si rudement, il est difficile de ne pas croire qu’il a eu en vue M. de Méré dans la définition qu’il donne des esprits fins par opposition aux esprits géométriques , de ces « esprits fins qui ne sont que fins, qui, étant accoutumés à juger les choses d’une seule et prompte vue, se rebutent vite d’un détail de définition en apparence stérile et ne peuvent avoir la patience de descendre jusqu’aux premiers principes des choses spéculatives et d’imagination, qu’ils n’ont jamais vues dans le monde et dans l’usage. » On retrouve presque en cet endroit de Pascal les termes mêmes du chevalier et sa prétention perpétuelle à dénigrer la géométrie, sous prétexte qu’un coup d’œil habile suffît à tout36. […] chaque morceau en est exquis, chaque détail suffit pour engager. Je ne me flatte pas d’avoir rompu toute l’enveloppe, et je n’y ai pas visé le moins du monde ; j’ai lu, j’ai glissé, et il m’a suffi de cet à-peu-près facile pour apprécier du moins, au milieu de tout ce qui m’échappait, la façon de dire vite et bien, la touche légère, l’élégante familiarité, cette nouveauté qui n’est pas tirée de trop loin et qui rencontre aisément ce qu’elle cherche (curiosa felicitas, comme Pétrone lui-même a dit d’Horace), en un mot, ce cachet qui a caractérisé de tout temps les écrivains maîtres en l’art de plaire. […] Or le chevalier vieillissant se convertit tout de bon, et ce ne fut pas, comme La Rochefoucauld, à l’extrémité, et pour faire une fin ; il suffit de lire les écrits de ses dernières années pour voir quel bizarre amalgame se faisait, dans son esprit, de son ancien jargon d’honnête homme avec ses nouveaux sentiments de dévot. […] Quantité de choses sont nécessaires pour être heureux, mais une seule suffit pour être à plaindre ; et ce sont les plaisirs de l’esprit et du corps qui rendent la vie douce et plaisante, comme les douleurs de l’un et de l’autre la font trouver dure et fâcheuse.
« Quoique nous regardions communément la vie mentale et la vie corporelle comme distinctes, il suffit cependant de s’élever un peu au-dessus du point de vue ordinaire, pour voir que ce ne sont là que des subdivisions de la vie en général, et que toute ligne de démarcation qu’on tire entre elles est arbitraire. […] L’hypothèse expérimentale suffit aussi à expliquer le progrès des plus basses aux plus hautes formes de la raison. […] Il sait qu’il ne suffit pas de doubler toutes les dimensions ; mais il n’arrive à cette conclusion négative qu’en tenant compte d’un grand nombre d’éléments et de rapports déterminés, de plusieurs lois précises enseignées par la physique et la mécanique. […] Un simple exemple suffit. […] Cependant il ne suffit pas d’une succession de changements pour que la conscience se constitue.
On se demande si le goût du pittoresque à outrance suffit à l’expliquer. […] Elle est, cela suffit ; et les renonciations de quelques-uns ne l’éteindront pas. […] Qui expliquera l’étrange plaisir qu’on prend parfois à désirer l’absorption du moi dans l’être, c’est-à-dire à désirer le néant ou à croire qu’on le désire La perfection de la forme et la curiosité du fond suffiraient à faire goûter le poème de Baghavat ; mais voulez-vous y trouver un charme poignant ? […] Mais il la voit si bien et la traduit par des assemblages de mots si merveilleux que cela suffit à le consoler ; et cette consolation est sans duperie.
Évidemment, la science ne pouvait exercer une telle séduction que sur des gens très ignorants, car c’est le propre du savoir humain lorsqu’il est raisonnable, de voir les limites de son maigre royaume ; mais pour cette génération française de la fin de l’Empire, la science était une fatalité tangible, une divinité souverainement bienfaisante, qu’il suffisait de toucher pour être sauvé. […] En effet, chez les écrivains dont la sensibilité n’est pas encore émoussée, quelques expressions, quelques phrases rapides suffisent à peindre les objets. […] Son talent seul, qui était médiocre, sa pensée qui était celle d’un enfant — sa correspondance le prouve bien — n’eussent point suffi à l’imposer, mais la foule, comme cela a lieu dans ces tristes temps de démocratie, donna son opinion la première et y soumit les artistes. […] Ils s’imaginent que pour traduire un poète ou un philosophe d’une langue dans une autre, il suffit de les savoir passablement toutes les deux.
Il ne suffit pas en effet de savoir ce qui est ou ce qui a été pour dire ce qui sera ; si l’on reconnaît à l’homme le pouvoir de modifier par une conduite raisonnée, soit sa propre destinée, soit celle du groupe auquel il appartient, il faut bien admettre, au-delà et au-dessus de la science, se dégageant d’elle et la dépassant, un idéal qui tend à se réaliser par cela seul qu’il est conçu, qui est ainsi de la réalité en puissance, ou pour mieux dire encore, en voie de formation. […] Il ne lui a plus suffi d’interroger la conscience ; elle a senti la nécessité de connaître les résultats où chaque science particulière aboutit, de relier les phénomènes physiques aux phénomènes moraux, de rattacher par exemple la psychologie à la physiologie. […] Il existe des laboratoires comme des Revues de philosophie expérimentale, et cela seul suffirait à démontrer que le nombre des faits acquis augmente incessamment en ce domaine comme dans tous ceux que nous venons de parcourir. […] On me pardonnera d’être bref sur ce point : j’ai, voici déjà bien longtemps119, développé les raisons que le naturalisme a eues de se définir lui-même « la science appliquée à la littérature. » Il me suffira de les résumer.
Ce nouveau principe suffit-il à expliquer tout ? […] Enfin, une seule proie ayant suffi à nourrir les larves des hyménoptères pendant toute la durée de leur développement, on peut dire, avec M. […] Pour qu’un acte soit voulu, d’une volition véritable, suffit-il, comme Spencer et Münsterberg le croient, que cet acte soit simplement précédé de l’image du mouvement à accomplir et du souvenir des sensations musculaires ou autres qui l’accompagnent ? […] Chez l’hypnotisé, c’est précisément la représentation suggérée par l’hypnotiseur qui, à elle seule, suffit pour nécessiter le mouvement ; ni la représentation, ni le mouvement ne sont pour cela œuvre de volition vraiment personnelle.
et cela leur suffit. […] C’est l’objection qui aura tort, et quelques textes suffiront à le prouver. […] Nous ne la connaissons pas, cette diversité ; l’apparence en tombe seule sous nos sens ; mais nous pouvons affirmer qu’elle existe ; et sans nous embarrasser ici de subtilités assez inutiles, c’est ce qui nous suffit pour être en droit d’affirmer, ou de « poser », ainsi qu’on dit, « l’objectivité du monde extérieur. » Il n’y a pas, on le sait, de problème que la philosophie, depuis son origine, ait plus souvent agité, ni, si l’on en croyait du moins les historiens, résolu plus diversement, et, certes, c’est un bel exemple de l’art de compliquer ou d’embrouiller les questions. […] Mais cela lui a suffi pour entrevoir ce qu’il y avait de verbalisme ou de logomachie dans ces systèmes tant vantés.
Tout le monde paraît riche parce que tout le monde a de l’argent ou de la fausse monnaie ; mais peu de jours suffisent pour démêler l’un et l’autre. […] Peu de jours n’y suffisent pas, comme Bernis alors pouvait le croire. […] Si le roi veut faire respecter sa couronne et sa nation à Venise, il faut qu’il y envoie toujours un homme de bon sens, ce qui suffît, mais un homme d’une âme élevée et de mœurs décentes ; car on n’impose à une nation très libertine, on peut même dire débauchée, que par des mœurs opposées.
Tout ce livre, d’une teinte morale sombre, est comme une suite d’élancements mystiques, bibliques, patriotiques, humains et fraternels : il a l’inconvénient de ressembler plus d’une fois à de la prédication en vers ; mais, par son esprit et par son ardeur, il suffirait à montrer combien Cowper s’élève au-dessus de l’ordre des poètes descriptifs et pittoresques proprement dits. […] Tu n’as point de somptueux atours ; tu n’as pas besoin, comme la Nuit, de relever des traits ordinaires par des grappes de diamants : une étoile ou deux luisant sur ton front te suffisent, sans compter que la lune t’appartient non moins qu’à elle, une lune modeste, non étalée d’en haut avec faste, mais attachée pourtant dans sa pleine rondeur à un pli de sa ceinture de pourpre. […] Le dôme, quoique mobile dans toute sa longueur quand le vent l’agite, a suffi pourtant jusqu’ici, et interceptant dans leur chute silencieuse les flocons pressés, a conservé un sentier pour moi.
C’est son refrain perpétuel dans ses préfaces qui, à mesure qu’il avance en âge, ne sont plus qu’une longue lamentation : « Il ne suffit pas toujours, disait-il, de faire un bel ouvrage pour en acquérir de la réputation à son auteur, il lui faut encore des amis affectionnés et puissants en crédit pour l’établir dans l’opinion du monde : le peuple n’est pas capable de lui-même d’en connaître le mérite. » Marolles s’estime ainsi victime du mauvais vouloir ou de l’indifférence, à son égard, des principaux oracles de l’opinion ; il croit volontiers à la conspiration du silence. […] Il suffisait que Marolles fît une chose pour qu’elle cessât bientôt d’être considérée. […] Il suffirait de dire que ce serait son avis, pour dire que ce serait le mauvais, et ceci sans hyperbole.
Par la ressemblance ou le contraste, il nous suffit du nom de Béranger rapproché de celui de Collé, pour nous donner plus d’une vue et faire jaillir plus d’une étincelle. […] Ne suffît-il pas d’y être honnête, attentif, complaisant ? […] Sur cette prétendue amertume de Collé, et sur les autres imputations de ce genre auxquelles la publication de son Journal avait donné cours, Mlle Pauline de Meulan a fait une très-juste remarque : « Pour être amer, il ne suffit pas de censurer, il faut censurer avec amertume.
Ces signalements de notre façon suffiraient pour les faire reconnaître : mais tout lecteur digne d’Oberman n’aura besoin de guide autre que lui-même, dès qu’il s’y sera plongé. […] Que les sages de tous les temps et de tous les lieux, Bouddha, Zoroastre, Confucius, Pythagore, même Jésus, se soient rencontrés dans l’unité de quelques lois métaphysiques, dans l’enseignement de quelques hautes maximes, cela lui suffit pour déterminer son adhésion. Que les Parsis, les Hindous, les races d’Orient, se soient rencontrés dans certaines croyances, diversement produites, de chute et de réparation, de sacrifice et d’attente, de baptêmes, de confessions, de nativités singulières, cela lui suffit encore, mais cette fois pour rejeter ; de sorte que la conformité d’opinion de quelques sages lui paraît une preuve déterminante en morale, et que la convergence universelle des peuples vers certaines croyances ou pratiques lui paraît une objection victorieuse contre toute religion.
Mais pourtant ici l’initiative humaine est en première ligne et moins sujette aux causes générales ; l’énergie individuelle modifie, et, pour ainsi dire, s’assimile les choses ; et d’ailleurs, ne suffit-il pas à l’artiste, pour accomplir sa destinée, de se créer un asile obscur dans ce grand mouvement d’alentour, de trouver quelque part un coin oublié, où il puisse en paix tisser sa toile ou faire son miel ? […] Non, bien moins suffit : voyez Horace, comme il s’accommode, pour rêver, d’un petit champ, d’une petite source d’eau vive, et d’un peu de bois au-dessus, et paulùm sylvae super his foret ; voyez La Fontaine, comme il aime s’asseoir et s’oublier de longues heures sous un chêne ; comme il entend à merveille les bois, les eaux, les prés, les garennes et les lapins broutant le thym et la rosée, les fermes avec leurs fumées, leurs colombiers et leurs basses-cours. […] Ce défaut de cuirasse, en fait de métaphore, n’est pas d’un grand inconvénient ; il suffit qu’il n’y ait pas contradiction ni disparate.
Il suffisait dans chaque ville de deux ou trois jeunes imaginations un peu vives pour donner l’éveil et sonner le tocsin littéraire. […] Voilà des rimes et un rhythme qui, ce semble, suffiraient à dater la pièce à défaut d’autre indication. […] Rêveur, capricieux, fugitif ou plutôt fugace, un rien lui suffit pour l’attarder ou le dévoyer.