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523. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Les ténèbres les plus épaisses nous environnoient, nous en sortons ; que ce ne soit pas pour y rentrer volontairement. […] Le dégoût, la sécheresse, l’indigence, la crainte des persécutions, & surtout la paresse font sortir les trois quarts & demi de la carriére, dès qu’ils y ont fait les premiers pas. […] Il est aisé de les juger & de voir qu’ils ont de petites âmes sort vaines, fort étroites, & des cerveaux sans lumieres utiles. […] L’Auteur que les critiques ont déconcerté, doit sortir de la carriere. […] Or l’art n’est point sorti du premier moule.

524. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

On sort de son œuvre comme d’un bain de jeunesse et de santé, plus vaillant, meilleur, presque en confiance avec cette compagne si peu sûre qui s’appelle l’humaine destinée. […] Le « nom infini de l’amour » sort toujours de ses lèvres.

525. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Eh bien, voici un écrivain qui ne rabâche pas les idées ou les descriptions de ses maîtres, et qui pourrait bien devenir un jour un grand romancier : Charles Barbara, — un jeune homme qui s’est battu avec la vie et peut-être avec son talent, pour le faire sortir ! […] Comme un homme atteint d’une folie terrible, il passe ses jours, les minutes de ses jours, à enterrer son crime et à le déterrer, n’allant jamais qu’à moitié de cette horrible besogne, réveillé toujours à temps, épouvanté de ses mains qui creusent, soit pour cacher la vérité, soit pour la faire sortir ; et c’est ainsi qu’écartelé à deux idées d’une égale énergie, qui le déchirent sans le tuer et ne peuvent pas plus sur cette organisation vigoureuse que le rasoir du bourreau sur les articulations de Damiens, il offre le spectacle le plus émouvant qu’un artiste puisse offrir à la contemplation intellectuelle.

526. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

On était souvent en guerre ; l’empereur qui jouissait en paix des dépouilles du monde, souvent ne sortait point de son palais ; mais des généraux qui avaient quelquefois la hardiesse d’être de grands hommes, lui gagnaient des batailles : il était établi que ces batailles n’avaient été gagnées à trois cents lieues de lui, que par ses auspices invincibles. Ainsi on ne disait mot du général, et on prononçait dans le sénat un panégyrique en l’honneur du prince ; mais si par hasard l’empereur sortait de Rome en temps de guerre, pour peu qu’il lui arrivât, comme à Domitien, ou de voir de loin les tentes des armées, ou de fuir seulement l’espace de deux ou trois lieues en pays ennemi, alors il n’y avait plus assez de voix pour célébrer son courage et ses victoires ; à plus forte raison, quand l’empereur était un grand homme, et qu’à la tête des légions il faisait respecter par ses talents la grandeur de l’empire.

527. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Sabatar (j’ai dit que c’était le nom du gentilhomme à qui elle appartenait) sortit dehors pour recevoir son message. […] Le cavalier arriva à minuit ; il trouva la mère et la fille enfermées, qui déploraient à larmes communes et avec une vive douleur la dureté de leur sort. […] Elle sort par des fontaines qui se ferment au robinet. […] Un canal d’eau claire, qui en fait le tour, sort d’un bassin d’eau qui est à l’entrée, et se rend dans un autre qui est au bout. […] Celui des Lesqui sortit le premier, et trouva ses chevaux au même lieu où il avait mis le pied à terre.

528. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

L’enfant en sort ainsi deux fois né, après le temps qui aurait été celui de la grossesse naturelle. […] Le bruit les réveille et l’ivresse les gagne ; ils sortent, à pas contraints, de leurs antres, comme à l’appel d’une troupe de charmeurs. […] Il est aperçu par des pirates qui louvoyaient le long du rivage. — Quelle riche proie que ce bel éphèbe, fils de roi, sans doute, sorti d’un palais plein d’airain et d’or ! […] Par une exception assez rare, la vengeance du dieu est cette fois indulgente et douce : des mariniers changés en poissons ne sortent presque pas de leur élément. […] Bacchus sortit taré de cette horrible aventure, surveillé comme un dieu suspect : on ne le toléra plus qu’au grand jour, et longtemps il fut réduit à la portion congrue de son culte.

529. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;             Ô sort ! […] Cet argument inouï dormait au fond de l’absurdité humaine, mais ces derniers temps l’en ont fait sortir. […] Le vers sort de lui sans que la pensée y soit pour quelque chose. Il en sort abondant, pressé, nombreux, accablant, sous toutes les formes, dépliées ou repliées, tendues ou rompues, que peut prendre le vers. […] Hugo cesse d’être ce génie qui, à côté de la plus éblouissante hyperbole, a des simplicités d’eau pure dans une jatte de bois, quand il sort de sa vraie veine, cette veine que rien ne peut remplacer.

530. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Quand sortira-t-il de la coulisse ? […] vous sortez si tôt ?  […] j’ai cru qu’il ne sortirait jamais ! […] Il sort. […] Comment sortir de la ?

531. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

on n’entend pas. » — « Ce n’est pas faute d’oreilles », riposta Piron à haute voix ; et sur l’immense colère que souleva une pareille saillie, il dut sortir de la salle au plus tôt. […] Jehannin l’aîné, l’ayant provoqué un jour à un cartel de débauche et de poésie, il en sortit cette Ode trop vantée. […] — Il avait son esprit au bout des doigts ; il en sortait des étincelles. […] Si le sort des armes m’eût été contraire, je vous avouerais ma turpitude comme je me jacte. […] A peine sentait-il la démangeaison, il se grattait vite et le bourgeon lui sortait.

532. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Elle a l’œil vitreux, l’air innocent d’une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d’ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. […] Alors je vais, quand il fait beau, dans les Champs-Élysées, après avoir demandé aux femmes de chambre si mes filles sortent. […] Est-ce contre les lois que j’aille voir mes filles, le soir, au moment où elles sortent de leurs maisons pour se rendre au bal ? […] Quand vous serez père, quand vous direz, en oyant gazouiller vos enfants : C’est sorti de moi ! […] Loin d’adoucir mon sort, mon frère et mes deux sœurs s’amusèrent à me faire souffrir.

533. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

. «… Au sortir d’une conversation où j’aurai, par l’excès de mes dédains, étonné des âmes éteintes, j’irai dévorer en pleurant quelque puéril récit d’amour… Un son de voix, un regard, me jettent dans des chimères de tendresse et de mélancolie d’où je ne puis plus sortir. […] Mais s’il y a une destinée humaine par-delà la mort, quelle qu’elle doive être pour moi, je serais fou de redouter un sort qui me sera forcément commun avec des milliards d’individus de mon espèce. » Cela ne l’eût point rassuré. […] Jamais Louis Veuillot n’a lié le sort de la vérité éternelle à celui d’aucune puissance passagère. […] Il penserait que le rationalisme révolutionnaire, étant plus près de porter ses derniers fruits, est plus près de se juger lui-même par là, et que de sa tragique banqueroute peut sortir notre salut. […] Voilà mon sort fixé, je ne serai pas religieuse.

534. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La description qu’il donna, à cette époque, du Carnaval à Rome, sortit de cette méthode de travail bien plus que d’une impression sincère. […] Nous avons vu qu’il n’y avait, sous ce manteau trop sculptural, ni le grand poète dramatique, ni le grand poète lyrique, ni le grand romancier, ni le grand philosophe, et nous allons continuer de sortir des plis majestueux de ce manteau les autres prétentions qui s’y carrent. […] « Le sort de ce fou — (il l’appelait fou, preuve qu’il ne lui ressemble pas, ) — me touche, parce que c’est le mien », — ce qui est impudent et comique. — « Il est vrai que je sais un peu mieux me tirer d’affaire », reprend-il avec le sourire satisfait de l’homme entendu. […] Du reste, c’est le sort de cette théorie d’avoir vengé les gens d’esprit, insultés par l’outrageante fortune de Gœthe. […] Lewes, n’est ni un savant, ni un critique, ni un philosophe ; c’est tout simplement un biographe, et, je l’ai déjà dit, dont la biographie sort de l’autobiographie de Gœthe comme un enfant sort de sa mère.

535. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il sort de Paris le 15 juillet 1792 avec son frère le comte de Chateaubriand. […] Quel songe n’est point sorti de ce cœur si triste ?  […] Il sort de ce cœur des flammes qui manquent d’aliment, qui dévoreraient la création sans être rassasiées, qui te dévoreraient toi-même. […] » Et il rappelle tout cela devant la petite Cymodocée, qu’on ne fera sortir qu’au moment de l’épisode de Velléda. […] Il croyait voir l’ombre de son aïeul sortir du tombeau et lui reprocher cette alliance sacrilège.

536. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Mais le cours des destinées humaines est tel, et l’ironie des événements, l’indifférence du sort est si parfaite en soi et si profonde que, de cette révolution essentiellement mauvaise dans son principe, est sorti, après quelque temps, un nouvel état de choses paisible, animé et assez reflorissant pour qu’à dix-sept ans de distance, et en nous relisant aujourd’hui, cet excès de plaintes nous étonne un peu nous-même et amène sur nos lèvres un triste sourire (1864).

537. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Que j’envie le sort de ceux qui n’ont d’aventures à conter à personne ! […] Ignominieusement refoulés vers ce peuple dont ils étaient sortis, et qui leur tendait les bras, les guerriers s’y jetèrent au premier appel.

538. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Sorti de l’École, il continuerait à ne briller, par lui-même, que d’un éclat tempéré. […] J’ai rencontré tant d’hommes supérieurs et originaux qui n’en sortaient pas !

539. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle, Voyez le jour pour le troubler ; Que l’affreux désespoir, que la rage cruelle, Prennent soin de vous rassembler : Avancez, malheureux coupables, Soyez aujourd’hui déchaînés, Goûtez l’unique bien des cœurs infortunés, Ne soyez pas seuls misérables.

540. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Les origines C’est d’une petite imprimerie du boulevard Saint-Germain, où s’éditait alors un journal littéraire d’avant-garde, que sortirent Les Déliquescences de Vicaire et de Beauclair, aimable parodie faite pour « embêter » les camarades, et dont on sait le succès inouï et inattendu ; les auteurs en restèrent stupéfaits et se refusèrent à une lucrative réimpression de la plaquette, en face du torrent de sottises inopinément déversé sur de tranquilles écrivains, leurs amis. C’est de cette imprimerie de Lutèce que sortirent également les premiers volumes de la nouvelle « École » ( !) 

541. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Le commerce et les finances sortaient d’une crise épouvantable ; le sol entier, restitué à des mains industrieuses, allait être fécondé. […] Pour exécuter un tel projet, il fallait sortir de chez soi et de dessus les cartes, voyager tout de bon, voir le monde : il y songea sérieusement. […] Enlacés dans cette Charte en s’y agitant, ils s’y enlacent tous les jours davantage, jusqu’à ce qu’ils y étouffent ou qu’ils en sortent : comment ? […] En une seule circonstance, il sortit de son indifférence habituelle à cet égard, et fit une éclatante exception pour M. de Lamartine. […] Cousin partage pour les mêmes raisons cet avantage-là) qui, sortis du pouvoir et de la politique, ont le moins de chance de s’ennuyer en regrettant.

542. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Groult se disposant à les porter dans la voiture, la femme qui venait de les lui vendre, lui disant : « Il y a encore une condition… ce sont mes aïeux… et je ne consentirai à les laisser sortir, que la nuit tombée. » Et la vendeuse promenait dans les vignes son vendeur jusqu’au crépuscule. Ne trouvez-vous pas quelque chose de joliment superstitieux, dans l’arrangement de cette femme, pour que ces portraits de famille ne puissent pas se voir sortir de chez eux ? […] » Une cravate blanche entre deux âges, faisant bassement sa cour à Vitu, lui dit, pendant qu’on sort pour l’entr’acte, parlant de la pièce : « C’est un monsieur qui marche contre un mur, et qui met le pied dans tout ce qu’il trouve !  […] Un jour qu’il s’était rencontré avec Gavarret, et qu’il s’était montré très causant, très charmant, quand il fut sorti, après un long silence, Royer-Collard s’écriait : « Un homme fatal cependant, l’homme qui sort d’ici, le premier ministre qui a acheté un député français à beaux deniers comptants !  […] Il dit que la prison est supportable trois mois, mais que, passé ce terme, il se développe chez le prisonnier un besoin de sortir qui s’accentue tous les jours, et il déclare que le travail est impossible en prison : le travail ne pouvant s’obtenir que dans une séquestration volontaire et non forcée.

543. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

C’est là une des privations intellectuelles, une des injustices du sort dont il faut également les plaindre, qu’ils soient grands ou petits, princes du peuple ou cardeurs de laine dans une capitale ! […] Il venait de sortir des prisons de la Terreur. […] Il en était sorti sans regret, expulsé par la Révolution. […] Ces poèmes soulèvent la toile de l’entrée de la tente dans le désert, ils entrouvrent la porte de la maison dans la cité antique ; ils y surprennent, dans la vie commune et dans le secret de toutes les familles, une poésie qui sort de terre comme la fontaine de Siloé, dans la Bible, sort de l’antre, sans fracas, sans tonnerre et sans éclair, semblable à un hôte qui vient à petit bruit. […] « Les serviteurs obéissent ; les uns sortent de la remise le rapide chariot, les autres amènent les mules et les rangent sous le joug.

544. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

L’un d’eux, le Parlement, simple rejeton sorti du grand chêne, a cru parfois posséder une racine propre ; mais sa sève était trop visiblement empruntée pour qu’il pût se tenir debout par lui-même et fournir au peuple un abri indépendant. […] D’autres, qui ne sont point sortis de leur domaine, y couvent dans la gêne, l’oisiveté et l’ennui leurs ambitions aigries par l’impuissance. […] — Voyez par contraste le luxe des prélats qui ont un demi-million de rente, la pompe de leurs palais, les équipages de chasse de M. de Dillon, évêque d’Evreux, le confessionnaux garnis de satin de M. de Barrai, évêque de Troyes, l’innombrable batterie de cuisine en argent massif de M. de Rohan, évêque de Strasbourg. — Tel est le sort des curés à portion congrue, et il y en a beaucoup qui n’ont pas la portion congrue, que la mauvaise volonté du haut clergé en exclut, qui, avec leur casuel, ne touchent que 400 à 500 livres, qui réclament en vain la maigre pitance à laquelle ils ont droit par le dernier édit. « Une pareille demande, dit un curé, ne devrait-elle pas être acceptée de bon gré par MM. du haut clergé qui souffrent des moines jouir de 5 à 6 000 livres de rente par chaque individu, tandis qu’ils voient les curés, au moins aussi nécessaires, réduits à la mince portion, tant pour eux que pour la paroisse ?  […] Je vois en eux des sergents qui, comme leurs pareils dans l’armée, ont perdu l’espoir de jamais devenir officiers. — C’est pourquoi il y en a chez qui la colère déborde : « Nous, malheureux curés à portions congrues ; nous, chargés communément des plus fortes paroisses, telles que la mienne qui a, jusqu’à deux lieues dans les bois, des hameaux qui en feraient une autre ; nous dont le sort fait crier jusqu’aux pierres et aux chevrons de nos misérables presbytères », nous subissons des prélats « qui feraient encore quelquefois faire par leurs gardes un procès au pauvre curé qui couperait dans leurs bois un bâton, son seul soutien dans ses longues courses par tous chemins ». […] Il se contente d’être économe pour lui-même ; il inscrit sur son journal un raccommodage de montre, et laisse la voiture publique, aux mains de Calonne, se charger d’abus nouveaux pour rentrer dans l’ancienne ornière, d’où elle ne sortira qu’en se disloquant.

545. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

J’entrai sur les pas du duc de Rohan dans une maison obscure de la rue du Pot-de-Fer, au fond d’une cour, au rez-de-chaussée ; un bourdonnement d’enfants qui répètent leurs leçons sortait des fenêtres basses, comme un bourdonnement de ruches qui font le miel au printemps. […] » m’écriai-je au milieu du rire de l’auditoire », et combien la société de tels socialistes ferait envier aux hommes le sort de la brute ruminante, qui va du moins paître en liberté et en paix l’herbe qu’elle ne mesure qu’à sa faim ! […] « — N’y a-t-il point, dis-je au concierge, un moyen de sortir d’ici par quelque cour de service ouvrant sur une ruelle de derrière, et qui me permettrait d’atteindre inaperçu un quartier solitaire et vide ? Quand je serai sorti, vous ouvrirez sans danger au peuple, et le peuple, ne me voyant plus, se retirera paisiblement sans aucune violence de curiosité. […] Vous ne voudrez gâter ni ce passé ni cet avenir, j’en suis sûr ; faites donc de mon livre ce que vous voudrez : il ne peut sortir de vos mains que de la lumière !

546. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Je me gardai bien de lui dire que c’était un jeune cousin nommé Hyeronimo, là tout près dans la montagne de Lucques ; je ne voulais pas mentir, mais je lui laissai entendre que j’étais un de ces pifferari du pays des Abruzzes, où les enfants viennent au monde tout instruits et tout musiciens, comme les petits des rossignols sortent du nid tout façonnés à chanter dans les nuits et tout pleins de notes qu’on ne leur a jamais enseignées par alphabet ou par solfège. […] CLV La foule de leurs amis se pressait à la porte de la ville ; on sortait de toutes les maisons et de toutes les boutiques pour leur faire fête ; les fenêtres étaient garnies de jeunes filles et de jeunes garçons qui jetaient des œillets rouges sur les pas des bœufs, sur le ménétrier et sur le char ; nous en étions tout couverts ; on battait des mains et on criait : Bravo ! […] À chaque air nouveau qui sortait, avec des variations improvisées, sous mes doigts, cela m’excitait, monsieur, et je crois bien qu’après l’air au pied de la Madone, je n’ai jamais joué si juste et si fort de ma vie. […] CLXI Je tirai le verrou, je poussai la porte, j’entrai, toute tremblante, dans la petite chambre à voûte basse, éclairée le jour par une large meurtrière, qu’un triple grillage séparait du ciel ; le vent qui sortit de la chambre, quand la porte s’ouvrit, et des chauves-souris, qui battaient leurs ailes aveugles contre les murs, faillirent éteindre la lampe que je tenais dans ma main gauche pour m’éclairer jusqu’au lit. […] Cinq ou six couples de jolies colombes bleues roucoulaient tout le jour sur les margelles de l’auge, à côté du puits, offrant ainsi, comme une moquerie du sort, une image d’amour et de liberté, au milieu des victimes de la captivité et de la haine.

547. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

En ce que, s’ils diffèrent par la famille, la maison, la nation, ils sont au moins sortis d’une race commune. […] En Europe les Aryens se sont encore mêlés : au nord avec des Mongols, au sud avec des Sémites ; les races Slaves et Romanes sortirent de ces mélanges. […] De là sortaient, après les premières rencontres avec les Romains sur les frontières du pays, maintes invasions très violentes ; c’était la suite naturelle des vieilles migrations Aryennes. […] Ici non plus la morale n’est pas prêchée ; mais l’esprit de la religion chrétienne y trouve nécessairement sa pleine expression, parce que l’homme idéal sorti de la plus pure nature humaine est, avec une complète force et vérité, représenté dans Parsifal. […] S’élevant des profondeurs de la « fosse mystique », la pâte sonore qui en sort ne ressemble en rien à ce qu’on peut entendre dans une salle classique.

548. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Au contraire j’accorde, selon sa puissance, sympathie ou admiration à quiconque sort des voies battues et cueille des fleurs que nul passant ne piétina. […] Quand elle sort de son généreux silence, c’est pour nous apporter, à un an de distance, deux livres qui sont enfin des beautés achevées. […] Facile et naturelle, cette poésie sort sans bouillonnement d’une source généreuse. […] Artiste enfin complet, elle peut non seulement se dire tout entière, mais encore, sans risque de tomber, sortir de son âme, créer par art des êtres qui lui sont étrangers et les agiter en gestes naturels qui lui déplaisent. […] Elle sent qu’elle va devenir mère et elle affirme que les prochaines aurores seront belles, et belles les prochaines destinées… Cependant, à l’écart, la foule des esclaves délibère sur le sort du poète et décide qu’il sera crucifié.

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