L’égalité démocratique prise du plus bas possible devait, selon mes vues, réaliser un niveau social tel qu’il ne restât plus sous le soleil que les Bourbeux et les Croupissants. […] Cette admirable femme avait accroché son manteau, comme Saint Goar, à un rayon de soleil, et le soleil couché, le manteau est retombé par terre. […] Cette chose me faisait, à moi, l’effet d’un viol en public, en plein soleil, au conspect d’une canaille en rut. […] Le soleil est le DIEU particulier de notre planète ! […] Les vieilles flèches d’or du classique soleil des académies se confondent dans l’imagination populaire avec le ruissellement divin de son chant.
. — Lhermitte : de vieilles rues normandes, au puissant écrasis de pastel, balafrées en leur ombre bleuâtre, de coups de soleil dorés. […] Encore une aquarelle de la tonalité la plus distinguée, l’Apparition du Christ sur le lac de Tibériade, cette aquarelle rendant le gris de perle matutineux d’un paysage, avant la montée dans le ciel du soleil. […] Je croyais que son enthousiasme pour le livre, venait de son provençalisme, mais non : ce Bonnet est un lyrique en prose, et c’est la première fois qu’on a la poésie contenue dans le cerveau d’un paysan, mais d’un paysan, en un endroit de France, où le soleil ensoleille les cerveaux. […] Quelques bibelots, au sertissement de matières colorées, translucides, en cette fabrication, habituelle à l’article de l’Empire du Lever du Soleil, sont accrochés au mur. […] Et le plafond s’éclaire sous un grand foukousa, du rose d’un soleil couchant à Tokio, dans lequel s’élancent des bambous verts, au vert tendre d’une pousse arborescente dans le mois de mai, et coupés par un nuage, où volent de blanches grues.
Mais maintenant c’est l’instant trouble que justifie la prédiction d’Hugo, orgueilleuse métaphore : « Après le coucher du soleil ne luiront que de petites étoiles » ! […] Plein soleil. […] Et quand le soleil sourit Chacun s’en enivre. […] …………………………… (L’Ombre de Mistral, muette toujours, se résorbe dans les rais du soleil.) […] Tu railles, tu te dérobes, Voici le soleil….
Maxime du Camp (il est juste de s’en souvenir en jugeant le poète) est avant tout un voyageur, un voyageur consciencieux, infatigable, qui voit tout des lieux lointains qu’il visite, et qui de cette Haute Égypte, de cette Nubie presque inaccessible, rapporte non seulement des images brillantes, propres à orner des pages de récits, mais les empreintes positives des lieux et des monuments obtenues à l’aide des procédés modernes courageusement appliqués sous le soleil. […] Car enfin si j’énumère dans ma pensée les différents écrivains et poètes qui ne sont point sans doute les cinq hommes forts proclamés par lui, mais qui, malgré cela, ont leur place au soleil, je trouve des talents élevés et distingués qui, lorsqu’ils s’expriment en vers, veulent dire chacun quelque chose et s’attachent à rendre de leur mieux des impressions, des sentiments. […] Et par aucun soleil mon œil n’est altéré.
Moréas et Gustave Kahn, mais riche et sapide autant qu’elles, sa vivante variété eût, je crois, séduit le grand Théophile Gautier : Le pays était plantureux et riche en vins, Gai du soleil qui dans la mer se mire Et le port Était vivant matin et soir, De la foule bigarrée ; Toute l’heure de marée Était de bon espoir, D’accueils, d’adieux : Il entrait des navires de tous les horizons, De Carthage, de Rome et d’Orient Et du Nord et de l’Ouest mystérieux ; Il partait des vaisseaux vers tous les cieux — Avec leurs voiles claires, comme en riant. […] Non pas qu’il recherche savamment l’équilibre des plans lumineux pour créer ainsi de lointaines et aériennes perspectives ; mais par le sentiment né d’un coloris clair et sain, en ses récits comme à la surface des eaux, la brise passe d’un vol libre ; ils fleurent les parfums des prairies, respirent de l’aurore à l’égal du jour souple des bois et de strophe en strophe s’étendent et s’éjouissent de vivre ainsi qu’un paysage caressé par une bruine de soleil. […] Vielé-Griffin se plaît parmi des sites joyeux, la tranquille Touraine se devine aux vers du Porcher ; ailleurs sont des visions de bois dans le soleil, de jardins fleuris, de ports bigarrés, d’hommes qui vont et viennent ; puis un village, des routes animées de chevaux qui galopent sous des grelots, et là-bas dans la campagne des groupes de maisons paisibles où la vie doit être bonne.
Il faut noter deux époques très distinctes dans la vie de Mme Récamier : sa vie de jeunesse, de triomphe et de beauté, sa longue matinée de soleil qui dura bien tard jusqu’au couchant ; puis le soir de sa vie après le soleil couché, je ne me déciderai jamais à dire sa vieillesse. […] Avec son instinct de pureté et de bonté céleste, elle le sentait bien elle-même : aussi, elle si admirée et si adorée, on ne la vit point regretter la jeunesse, ni ses matinées de soleil, ni ses orages, même les plus embellis.
Notre beau soleil m’a calmé ; j’ai parcouru les grandes ruines de Rome ; j’ai été voir reverdir les arbres, éclore les fleurs parmi les majestueux débris de cette reine du monde. […] Rien n’y éclate : le sentiment sous forme voilée est partout présent, comme dans ces tièdes matinées où une brume légère, qui n’est pas un nuage, dissimule pourtant le soleil. […] Il se mêlait de plus de choses, il se mettait plus en avant ; un rayon du soleil d’Athènes l’animait. […] Mais j’ai beau tourner mes yeux vers le soleil, c’est dans les brumes de Caen que je lis Dante, et sans autre espoir que celui d’aller lire Shakespeare dans les brumes de Londres. […] Les conséquences suivent de soi : comment tout l’homme n’inclinerait-il pas insensiblement, même au prix de quelques concessions, du côté où le talent qu’il porte trouve son espace, sa nourriture, son air et son soleil ?
S’il a commencé par admirer les voitures au défilé des Champs-Élysées par un beau soleil, il arrive bientôt à les envier. […] Je les attends au passage, le cœur me bat quand les voitures arrivent, je les admire dans leur toilette, elles me jettent en passant un petit rire qui me dore la nature comme s’il y tombait un rayon de quelque beau soleil. […] Quand je m’assis sous mon noyer, le soleil de midi faisait pétiller les ardoises de son toit et les vitres de ses fenêtres. […] Çà et là, s’élèvent des masses de gravier sur lesquelles l’eau se brise en y formant des franges où reluit le soleil. […] « Quoique madame de Mortsauf n’eût prononcé qu’un mot au bal, je reconnus sa voix qui pénétra mon âme et la remplit comme un rayon de soleil remplit et dore le cachot d’un prisonnier.
Il n’y a que lui aussi qui puisse trouver des arguments en faveur du mouvement du soleil autour de la terre. […] Lisez le chapitre des couleurs 603 : il y décrit des positions et des rapports de tons dans un lever ou un coucher de soleil, des colorations de nuages, blanc sur blanc, ombres sur ombres, avec une exactitude qu’envierait un peintre.
Théophile Gautier Chacun a lu Mirèio, ce poème plein d’azur et de soleil, où les paysages et les mœurs du Midi sont peints de couleurs si chaudes et si lumineuses, où l’amour s’exprime avec la candeur passionnée d’une idylle de Théocrite, dans un dialecte qui, pour la douceur, l’harmonie, le nombre et la richesse, ne le cède en rien au grec et au latin. […] Georges Rodenbach Le Midi a appelé Mistral magnifiquement l’Empereur du Soleil.
salués d’applaudissements de triomphe, des milliers de savants s’emploieront à des investigations physiques presque infinitésimales ; à rechercher la composition atomique et la structure microscopique du corps ; à explorer les formes innombrables de la vie animale et végétale, invisibles à l’œil tout seul ; à découvrir des planètes qui ont parcouru, inconnues pendant des siècles, leurs orbites obscurs ; à condenser, par la puissance du télescope, en soleils et systèmes, ce qui était regardé récemment encore comme la vapeur élémentaire des étoiles ; à traduire en formules numériques l’inconcevable rapidité des vibrations qui constituent ces rayons, si fermes en apparence que les plus forts vents ne les ébranlent pas ; à mettre ainsi en vue les parties les plus mystérieuses de l’univers matériel, depuis l’infiniment loin jusqu’à l’infiniment petit ; mais l’analyse exacte des phénomènes de conscience, la distinction entre les différences, si fines pourtant et si petites, des sentiments et des opérations ; l’investigation attentive des enchaînements les plus subtils de la pensée, la vue ferme mais délicate de ces analogies mentales qui se dérobent au maniement grossier et négligent de l’observation vulgaire, l’appréciation exacte du langage et de tous ses changements de nuances et de tous ses expédients cachés, la décomposition des procédés du raisonnement, la mise à nu des fondements de l’évidence : tout cela serait stigmatisé comme un exercice superflu de pénétration, comme une perte de puissance analytique, comme une vaine dissection de cheveux, comme un tissage inutile de toiles d’araignées ? […] Soyez sûr qu’ici l’investigation infatigable, la minutieuse analyse, la recherche exacte, la distinction attentive des choses qu’on peut confondre, le soin scrupuleux dans l’étude des procédés, la précision à enregistrer les résultats, sont aussi bien placés, aussi fructueux, aussi importants, aussi indispensables, aussi élevés en dignité, si vous voulez, qu’ils le sont (je le dis sans vouloir les déprécier) quand il s’agit de rechercher d’invisibles étoiles, de calculer les millions d’ondulations imperceptibles d’un rayon de soleil, de peser les atomes des éléments chimiques, d’observer les cellules des corps organiques, d’étudier l’anatomie des cousins et des mites, et même de rechercher les caractères spécifiques et les habitudes particulières de mollusques et d’animalcules273. » M.
Car dans leur rêve, des naufs vermeilles par la mort du Soleil, aux cordages de soie, aux voiles pleines et blanches comme des seins, appareillaient vers la Cythère lointaine et bleue… Par quelle aberration en vint-on à faire disparaître l’assonance au profit de la rime ? […] Ils n’adornèrent leur chapelle que de vitraux aux couleurs somptueuses et violentes ; étoles, surplis et chasubles n’en étincelèrent que d’or vif et les ostensoirs sur l’autel ne fulgurèrent jamais qu’aux feux d’un soleil pérennel ; car, vers les heures de crépuscule, se dosaient les grandes portes aux fidèles avides de mystère.
Adam presse ensuite d’un baiser pur les lèvres fécondes de la mère des hommes…… Cependant le soleil était tombé au-dessous des Açores ; soit que ce premier orbe du ciel, dans son incroyable vitesse, eût roulé vers ces rivages ; soit que la terre, moins rapide, se retirant dans l’orient, par un plus court chemin, eût laissé l’astre du jour à la gauche du monde. […] l’univers naissant, les mers s’épouvantant pour ainsi dire de leur propre immensité, les soleils hésitant comme effrayés dans leurs nouvelles carrières, les anges attirés par ces merveilles, Dieu regardant encore son récent ouvrage, et deux Êtres, moitié esprit, moitié argile, étonnés de leur corps, plus étonnés de leur âme, faisant à la fois l’essai de leurs premières pensées, et l’essai de leurs premières amours.
— dit-il — peut cependant être regardé par la pensée, comme par les yeux l’abime et le soleil. » Car ils ont beau se mettre un instant les pieds en l’air, comme Hérodiade dansant devant Hérode, ces culs-de-plomb, pour se faire légers ! […] « Pour éviter le vertige, — continue Paul Meurice, — il suffit d’une rampe de bois entre le regard et l’abîme ; pour éviter l’éblouissement, il suffit d’un verre dépoli entre la prunelle et le soleil Pour dissiper le mystère, — (le mystère de la sainte Trinité, excusez du peu !)
Si on lui voulait un titre explicatif, plus complet et plus lourd, il faudrait l’appeler : Un lever de soleil sur des Idées. Lever de soleil qui fait place à un jour. […] Il semble qu’un soleil se lève, qu’une terre se dessine, et que de vastes épaisseurs d’êtres, de souvenirs, de durée, se découvrent. […] L’ancienne Parque n’avait pas d’yeux pour le soleil et ne le « soutenait » que de son être entier. […] le soleil !
Le soleil, déjà très bas, s’abaissait encore ; donc c’était le soir décidément. […] On eût dit une de ces nuits d’Afrique pendant lesquelles le soleil semble continuer à briller derrière une gaze bleue. […] Nous causions tous les matins, sur un banc vert, au soleil, de nos rhumatismes et de nos deuils. […] Les pâleurs de l’aube ont fait place à l’éclat du soleil levant. […] Les astres disparaissent à ses yeux, le soleil même meurt et s’éteint pour lui : Le soleil était là qui mourait dans l’abîme.
Le dernier vers du poëme dantesque célèbre l’amour qui meut le soleil et les étoiles. […] ne pourrai-je donc, où que je sois, contempler la splendeur du soleil et des étoiles ! […] Déjà le soleil, descendu très bas à l’horizon, plongeait à demi dans les flots. […] Pour tout le moyen âge, elle est l’emblème de la vertu contemplative, et le soleil qui l’éclaire n’est autre que Dieu lui-même, le soleil des intelligences, comme dit l’Ecclésiaste, l’astre de vérité qui éclaire tout homme venant en ce monde. […] Les oiseaux fêtaient le retour du soleil.
Mais toi, Caïrbar, toi, fils de Torman, tu es l’amour de Morna ; tu as pour moi la douceur d’un rayon de soleil qui luit sur la colline dans un jour d’orage ! […] Fille plus belle que l’Esprit des collines, lorsque, sur un rayon du soleil, il traverse les plaines silencieuses de Morven ; penche ta belle tête sur les flots. […] Ils plaisent à mon oreille comme la douce ondée du printemps, lorsque le soleil luit sur la plaine, et que les nuages légers volent sur la cime des montagnes. […] Ils sont pour moi comme le calme du matin et la fraîcheur de la rosée qui humecte les collines lorsque le soleil ne jette sur leur penchant que des rayons languissants et que le lac est bleuâtre et tranquille au fond du vallon. […] « Oscar, j’étais jeune comme toi lorsque la belle Fainasollis s’offrit à moi, ce rayon du soleil, cette douce lumière d’amour, la fille du roi de Craca.
Elle a disparu, cette maison de Bourbon, qui n’avait pas son égale sous le soleil, au dire de Bossuet, et nous avons gardé ce magasin de phrases toutes faites, et dont on se sert pour se féliciter les uns les autres. […] Grâce à Dieu, grâce au soleil fécondant de 4789, et grâce à la Liberté, l’auguste déesse, cet animal n’existe plus sur le sol de la France, il est devenu tout à fait un homme, et sa voix compte, et sa voix donne l’empire ! […] quelles sont les autres qui doivent prendre place à son soleil ? […] Tant que vous êtes jeune, vous êtes au-dessus des rumeurs qui s’attachent aux choses débattues ; nul ne songe à vous demander qui vous êtes, et ce que vous venez chercher en cette arène ouverte à la jeunesse, à l’espace, au soleil, à la force, à l’espérance, à la beauté ? […] Or, le triomphe se peut-il rencontrer dans cette critique baveuse, inquiète, malsaine, impotente, semblable à ces lourds nuages qui se posent sur la lumière du soleil sans un moment d’éclaircie ?
« Il était à peu près neuf heures du soir ; le soleil se couchait par un temps superbe ; le faible vent qui nous poussait expira dans la voile que nous vîmes badiner. […] « Le soleil, qui, dans les zones tempérées, se précipite à l’occident et ne laisse après lui qu’un crépuscule fugitif, rase ici lentement une terre dont il semble se détacher à regret. […] Le soleil était descendu sous l’horizon ; des nuages brillants répandaient une clarté douce, un demi-jour doré qu’on ne saurait peindre et que je n’ai jamais vu ailleurs. […] Julien, dans l’un de ses discours (je ne sais plus lequel), appelle le soleil le dieu aux sept rayons. […] « Mais l’anathème doit frapper plus directement et plus visiblement sur l’homme : l’ange exterminateur tourne comme le soleil autour de ce malheureux globe et ne laisse respirer une nation que pour en frapper d’autres.
Des festons de vignes, étincelantes comme de l’acier bruni, ou rouges comme l’airain frappé du soleil, suspendaient leurs guirlandes aux grands arbres de la rive. […] L’atmosphère était tiède ; le disque du soleil était couleur de feu. […] Le soleil reparaissait enfin ; quelques notes éparses, échappées aux habitants des bois, nous annonçaient l’éveil de la nature ; le daim traversait le courant et nous apprenait que bientôt la neige couvrirait les champs ; çà et là le toit bas et l’habitation isolée du colon révélaient une civilisation naissante. […] Est-ce que le sang, cette séve de la terre, n’y pleut pas des feuilles et des brins d’herbe dont il est la rosée actuelle, plus abondamment en un jour de leurs sanguinaires conflits, que sous le soleil dans les combats du cygne et du vautour dont Audubon nous trace quelques pas plus loin la ravissante et tragique histoire. […] Je suivais un vieux sentier indien ; le soleil s’abaissa sous l’horizon, sans que j’aperçusse un toit, un abri, un asile que ma lassitude cherchait.
Mais restez ce soir avec nous, et j’enverrai Jupiter le chercher au lever du soleil. […] « Fais passer le scarabée par la cavité de l’œil gauche et laisse-le descendre de toute la longueur de la ficelle, mais sans le lâcher… » Et le nègre, conformément aux ordres de son maître, dit Edgar Poe, laissa descendre le scarabée, « qui étincelait, comme un point d’or bruni, aux derniers rayons du soleil couchant, dont quelques-uns éclairaient encore faiblement la hauteur sur laquelle nous étions ». […] Qui ne se souvient du magnifique « fragment » sur cet ami de Londres que Byron appelle « Auguste Darvell », et de sa mort, sans raison apparente de mourir, à vingt pas des ruines d’Éphèse, un soir, au coucher du soleil ? […] Ce rayon du soleil couchant atteignant, comme un point d’or bruni, le scarabée suspendu au tulipier de la montagne américaine, a rallumé dans notre souvenir cet autre rayon de soleil couchant qui teignait le plumage rose de la cigogne perchée sur les ruines d’Éphèse, avec son serpent dans son bec. […] Il a essayé de faire une douce aurore à son soleil, dont les feux auraient blessé la vulgarité délicate s’ils étaient tombés d’aplomb sur ses paupières.
Sa poésie, ce semble, n’a plus qu’à éclore ; elle est toute formée en elle par le malheur ; elle a reçu tour à tour le soleil et les larmes. […] Tout ce qui est resté gravé dans ma mémoire, c’est que nous avons été bien heureux et bien malheureux, et qu’il y avait pour nous bien du soleil à Sin51, bien des fleurs dans les fortifications ; un bien bon père dans notre pauvre maison, une mère bien belle, bien tendre et bien pleurée au milieu de nous ! […] Pour le moment, Dieu qui nous a éprouvés jusqu’au sang et aux larmes soutient miraculeusement notre vie avec ses blessures inguérissables54 — Le doux soleil, la croyance, l’amour des miens ! […] » Elle a une modique pension qu’elle touchait d’abord avec une sorte de pudeur ; elle s’en confesse et s’en humilie : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse. […] J’y vais tout à l’heure par ce soleil qui luit si rarement, et je t’embrasse pour elle très-travailleuse et très-bonne.
Vers l’orient, au fond de la perspective, le soleil commençait à paraître entre les sommets brisés des Apalaches, qui se dessinaient comme des caractères d’azur dans les hauteurs dorées du ciel ; à l’occident, le Meschacebé roulait ses ondes dans un silence magnifique, et formait la bordure du tableau avec une inconcevable grandeur. […] « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m’arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil. […] L’ordre était donné pour le départ de la flotte ; déjà plusieurs vaisseaux avaient appareillé au baisser du soleil ; je m’étais arrangé pour passer la dernière nuit à terre, afin d’écrire ma lettre d’adieux à Amélie. […] Soleil de ce ciel nouveau, maintenant témoin de mes larmes, échos du rivage américain qui répétez les accents de René, ce fut le lendemain de cette nuit terrible qu’appuyé sur le gaillard de mon vaisseau, je vis s’éloigner pour jamais ma terre natale… Je contemplai longtemps sur la côte les derniers balancements des arbres de la patrie, et les faîtes du monastère qui s’abaissaient à l’horizon. » Comme René achevait de raconter son histoire, il tira un papier de son sein et le donna au père Souël ; puis, se jetant dans les bras de Chactas, et étouffant ses sanglots, il laissa le temps au missionnaire de parcourir la lettre qu’il venait de lui remettre. […] On montre encore un rocher où il allait s’asseoir au soleil couchant.
J’aurais mieux fait de passer ce temps à regarder les signes gravés sur l’obélisque de Louqsor ; car du moins l’obélisque est proche d’un fort beau jardin, et il est rose, d’un rose adorable, au soleil couchant… Si les vers que j’ai cités n’ont pas plus de sens que le bruit du vent dans les feuilles ou de l’eau sur le sable, fort bien. […] « Non, et les lieux inutiles reverront sa visite : les pierres nuées qui lui plurent, il les ordonnera négligemment en un parterre de mousse dont il garde le puéril souvenir : par son unique vouloir esseulées, hors de mille s’étrangeront là quelques ramures vertes virginalement sur de droits rêves, et perplexes quand sous elles il laissera qui prévalaient d’oiseaux tels rameaux morts gésir, et devinée mieux que vue aux dentelles des verdures amènera large et molle une rivière où des lis gigantesques : un torse nu de vierge en l’eau s’ornera d’une toison mêlée à l’heure d’un soleil saignant son or mourant. […] En réalité, il note sans dessein, sans nul souci de ce qui les lie, les sensations et les sentiments qui surgissent obscurément en lui, un soir, en regardant le ciel rouge encore du soleil éteint. «… Crépuscule ; souvenir… Il rougeoie ; espérance… Il fleurit ; dahlia, lis, tulipe, renoncule ; treillis de serre ; parfums chauds… On pâme, on s’endort… ; souvenir ; crépuscule… » Ni le rapport entre les images et les idées, ni le rapport des images entre elles n’est énoncé. […] Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou. […] Lisez Kaléidoscope : Dans une rue, au cœur d’une ville de rêve, Ce sera comme quand on a déjà vécu ; Un instant à la fois très vague et très aigu… Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !
Il semblait que le soleil fût grec. Le soleil, habitué au Parthénon, n’était pas fait pour entrer dans les forêts diluviennes de la Grande-Tartarie, sous la moisissure gigantesque des monocotylédones, sous les fougères hautes de cinq cents coudées où fourmillaient tous les premiers modèles horribles de la nature, et où vivaient dans l’ombre on ne sait quelles cités difformes telles que cette fabuleuse Anarodgurro dont l’existence fut niée jusqu’au jour où elle envoya une ambassade à Claude. […] Il fait des jeux de mots sur Prométhée, sur Polynice, sur Hélène, sur Apollon, sur Ilion, sur le coq et le soleil, imitant en cela Homère, lequel a fait sur l’olive ce fameux calembour dont s’autorisa Diogène pour jeter son plat d’olives et manger une tarte. […] Tout le groupe des têtes blondes chante, rit et joue au soleil sous les arbres. […] Maintenant ôtez du drame l’Orient et mettez-y le Nord, ôtez la Grèce et mettez l’Angleterre, ôtez l’Inde et mettez l’Allemagne, cette autre mère immense, All-men, Tous-les-Hommes, ôtez Periclès et mettez Élisabeth, ôtez le Parthénon et mettez la Tour de Londres, ôtez la plebs et mettez la mob, ôtez la fatalité et mettez la mélancolie, ôtez la gorgone et mettez la sorcière, ôtez l’aigle et mettez la nuée, ôtez le soleil et mettez sur la bruyère frissonnante au vent le livide lever de la lune, et vous avez Shakespeare.