Mais cette espèce de travail minutieux et attentif de physiologie sociale, qui consisterait à chercher, même à travers les moindres rameaux, la circulation souvent insaisissable de chaque idée, à démontrer le cours de ce chyle subtil et nutritif jusqu’à son arrivée à un système de vaisseaux évident, à y mesurer la proportion dans laquelle il s’y mêle avec les éléments antérieurs et moins virtuels, ce travail-là, qui serait, en ce qui concerne le xviiie siècle, le sujet de plusieurs beaux mémoires à faire, n’entrait pas dans le dessein de M. […] A Montesquieu, l’histoire renouvelée ; à Voltaire, la propagation du déisme, du bon sens et de la tolérance ; à Diderot, le résumé encyclopédique des connaissances humaines ; à Jean-Jacques, la restauration du sentiment religieux, des droits de l’homme, tant individuel que social, et le grand principe de la souveraineté démocratique ; tels sont les titres généraux, que leur reconnaît M.
La question sociale et humaine était posée désormais dans une latitude majestueuse et avec une invincible clarté. […] Nous fûmes vifs, parce que chaque minute était précieuse, parce que, la méfiance une lois revenue, la dissolution morale une lois rentrée au cœur de l’État, il nous semblait que les difficultés devenaient presque insurmontables dans les conditions sociales où l’on était encore.
Dumas est un moraliste visionnaire, qu’obsède et qu’enfièvre la décomposition sociale qui résulte de la mauvaise organisation de la famille. […] Il a publié aussi diverses brochures sur les questions morales et sociales.
Toute crise sociale étant un ensemble de crises individuelles, il y a bien des chances pour que la littérature ait subi le contre-coup des secousses qui ont ébranlé alors la société entière. […] On peut dire qu’en général les changements d’idées précèdent et que les changements de forme, suivent une métamorphose sociale.
Par sa conversation, la vie sociale s’était perfectionnée ; les personnes s’étaient classées ; les sympathies d’esprit, de cœur, de caractère, même de conditions sociales, s’étaient rencontrées, reconnues, agrégées ; les existences se touchaient diversement ; les distinctions les plus faiblement marquées entre les personnes, mettaient des nuances dans leurs relations réciproques.
De là tant de déclamations contre l’homme social, & tant de transports pour l’humanité ; ces sorties violentes contre les Philosophes, & cette manie à favoriser leurs sentimens. […] Quoique le Contrat social soit rempli d’erreurs, qu’il offre un systême de politique impraticable, l’Auteur y est toujours le même, c’est-à-dire, original, profond, lumineux, & éloquent en pure perte.
Nous sommes arrivés au bout ; nous avons dit notre dernier mot ; nous ne méritons plus d’être à la tête du mouvement social. […] Hors de son cercle social, qui le meurtrit, il entre en communication avec les éléments véritables de l’âme humaine. […] si nous avions seulement quelque Aristophane pour traiter dignement et comiquement le grand problème religieux et social qui agite le fond de nos cœurs ! […] De tous côtés viendraient les gens qui s’intéressent aux grandes questions sociales ou humaines. […] Alors seulement je me fais une idée de ce qu’est en réalité la vie sociale.
Sans doute, nous avons à compter avec quelques autres problèmes, l’argent, la propriété, la question sociale, etc. […] Quelque universelle, immédiate, menaçante que paraisse, par exemple, la question sociale, M. […] Dumas aborde la question ; en d’autres termes, il l’étudié, d’abord en elle-même, puis au point de vue de ses conséquences sociales. […] Dumas : il n’étudie qu’une seule classe sociale ; petit nombre de ses personnages. […] Ce n’est pas seulement le groupe social dans lequel M.
Cet Auteur réunit au savoir & au talent de bien écrire, des qualités sociales qui donnent un nouveau prix à son mérite littéraire.
A un ordre social nouveau il faut des fondations nouvelles et qui en reçoivent l’esprit. […] Le Play, la Réforme sociale en France (Nouveaux Lundis, tome IX) : Puisque l’émulation s’en mêle, s’écrie gaiement M.
La politique était chez eux une branche de la morale ; ils méditaient sur l’homme en société ; ils ne le jugeaient presque jamais que dans ses rapports avec ses concitoyens ; et comme les états libres étaient composés en général d’une population fort peu nombreuse, que les femmes n’étaient de rien dans la vie19, toute l’existence de l’homme consistait dans les relations sociales : c’était au perfectionnement de cette existence politique que les études des philosophes s’attachaient exclusivement. […] Si le régime républicain n’avait pas cessé d’exister depuis Aristote, les modernes lui seraient aussi supérieurs dans la connaissance de l’art social que dans toute autre étude intellectuelle.
D’ailleurs sous une monarchie absolue, on pouvait, comme Rousseau l’a fait dans le Contrat social, vanter sans danger la démocratie pure ; mais on n’aurait point osé approcher des idées plus vraisemblables. […] Peut-être aussi que la principale cause du grand plaisir attaché à cette lecture, c’est l’admiration qu’on éprouve pour la liberté d’un pays où l’on pouvait attaquer ainsi les ministres et le roi lui-même, sans que le repos et l’organisation sociale en souffrissent, sans que les dépositaires de la puissance publique eussent le droit de se soustraire à la plus véhémente expression de la censure individuelle.
Voyez comment Voltaire, en traitant des questions politiques, sociales, religieuses, enlève vivement, avec un vigoureux relief, les silhouettes de ces Européens, Chinois, Turcs et sauvages, gentilshommes, paysans, moines et bramines, à la bouche desquels il confie les vérités et les sottises. […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité.
Alexandre Dumas qui aime à mettre l’individu aux prises avec la société et à donner l’avantage à la force individuelle coutre l’autorité sociale. […] Enfin il a créé le drame moderne avec Antony, où s’incarnent, d’une part, le plébéien révolté contre les contrats et les hiérarchies sociales, de l’autre, la femme de la société nouvelle, unissant sa propre révolte à celle de l’homme qui la désire passionnément et par-dessus tout comme le bien suprême, le plus défendu par cela même et le plus attaqué.
Saisset n’ose rien de dogmatique et de réellement décisif sur la personnalité divine, d’abord parce que le déisme pur ne le permet pas, et ensuite parce que, sur cette question de Dieu, l’Institut ne se soucie pas qu’on dépasse la ligne circonspecte d’une haute convenance sociale. […] Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses !
Comment donc cette histoire politique et sociale de la Chine, qu’il a étudiée, n’a-t-elle pas fait trembler quelque peu l’intrépide M. […] Enfin, c’était la solidarité du fils et du père, ce ciment social que M.
Rapports entre Dieu et les pouvoirs humains, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la religion, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la littérature et de la politique, — Importance sociale du catholicisme, — Mœurs des Grands, — Exemple des Grands, — l’Église et l’État, ou Théocratie et Césarisme, — Royauté de Jésus-Christ et Restauration de l’Empire en France, voilà les neuf majestueux sujets que le P. […] Mais l’Évangile et la tradition ne lui fournissent pas ce qu’ils auraient fourni à saint Thomas d’Aquin, par exemple, si saint Thomas, tombé de son siècle dans le nôtre, nous avait donné une loi sur la famille chrétienne déchirée et l’ordre social ébranlé.
Tout cela est la défroque pittoresque et littéraire de l’Italie, haillons en poudre qu’une main distinguée ne touche plus et dédaignerait de remuer, mais sous lesquels l’œil fin aperçoit des réalités sociales et individuelles de l’intérêt le plus attachant et le plus vif, — comme celles-là, par exemple, que, dans sa Chartreuse, Beyle a su peindre avec génie, mais qu’il n’a pas épuisées. […] Jamais la question du mariage du prêtre et des épouvantables conséquences individuelles et sociales dont il est plein n’a été éclairée d’une lueur plus pénétrante et plus belle.
Depuis la plus lointaine antiquité, la cité possédait un droit destiné à régler par la justice, substituée à la violence, les différends entre concitoyens A l’aube des temps modernes, lorsque l’esprit humain vint à prendre conscience de l’inter-dépendance des peuples, l’idée qu’il pouvait peut-être y avoir une justice, présidant aux rapports inter-nationaux, et par conséquent un droit dont ressortiraient les conflits entre « grands êtres » sociaux, germa dans les cerveaux d’élite. Puisque l’idée de la justice dominait la vie sociale, ne serait-elle pas destinée à régir également la vie inter-sociale ?
Paul Bourget réunit des préfaces, des discours, des articles, qui se rapportent en général aux thèses politiques et sociales du « traditionalisme ». […] Cette question sociale, cette thèse est simple. […] Certains verront là un scepticisme, un nihilisme, un a athéisme social » qu’ils condamneront sévèrement. […] Chevalley, l’avant-garde des mouvements pour la réforme du mariage, du divorce, des lois sanitaires et sociales. […] Nous devons, pour passer ce Styx, les dépouiller avec nos autres vêtements sociaux.
., du xixe siècle, sont les fruits parfois piqués mais savoureux de la méconnaissance ou du mépris de certaines lois sociales. […] C’est certainement regrettable ; mais d’ici longtemps, la littérature, si « sociale » qu’elle se veuille, sera de la littérature personnelle. […] Si le xviiie est celui de Fénelon, le xixe est celui de ce Ruy-Blas pour dames mûres : d’où le Contrat social, et qui dépêchait ses bâtards à la rue : d’où Émile, traité d’éducation. […] … Si l’on s’élève tant soit peu au-dessus des agitations sociales, n’est-on pas obligé de constater que le xixe siècle est un des plus grands de notre passé artistique ? […] Il a fait triompher, en effet, avec le matérialisme, ou plutôt le phénoménisme, la démocratie et l’anarchie spirituelle, les principes de toute désagrégation sociale et mentale.
C’est un spectacle neuf pour le voyageur qui, partant d’une ville principale où l’état social est perfectionné, traverse successivement tous les degrés de civilisation et d’industrie qui vont toujours en s’affaiblissant, jusqu’à ce qu’il arrive en très peu de jours à la cabane informe et grossière, construite de troncs d’arbres nouvellement abattus. […] Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain. […] Il semble avoir été écrit en prévision du 18 Fructidor et des déportations prochaines : on n’ose dire pourtant que la Guyane et Sinnamari aient en rien répondu à la description des colonies nouvelles que proposait Talleyrand d’un air de philanthropie, et en considération, disait-il, « de tant d’hommes agités qui ont besoin de projets, de tant d’hommes malheureux qui ont besoin d’espérances. » Il y disait encore, en vrai moraliste politique : « L’art de mettre les hommes à leur place est le premier peut-être dans la science du gouvernement ; mais celui de trouver la place des mécontents est, à coup sûr, le plus difficile, et présenter à leur imagination des lointains, des perspectives où puissent se prendre leurs pensées et leurs désirs est, je crois, une des solutions de cette difficulté sociale. » Oui, mais à condition qu’on n’ira pas éblouir à tout hasard les esprits, les leurrer par de vains mirages, et qu’une politique hypocrite n’aura pas pour objet de se débarrasser, coûte que coûte, des mécontents.
Ce sont les convenances sociales qui décident. […] Leur grief, c’était de se voir mésestimés, abandonnés sans défense à l’arrogance de bas gradés jaloux de se venger sur eux de leur infériorité sociale, en leur faisant plus rudement sentir la supériorité accidentelle de leurs galons. […] En 1892, le procès de Ravachol, à Paris, montre, par les discussions de presse, que la majorité des intellectuels est sinon acquise, du moins sympathique à la doctrine anarchiste et l’effet s’en produit par l’ouverture en 1893, du Théâtre d’art social où les militants du parti se donnent rendez-vous pêle-mêle avec les écrivains nouveaux.
Le développement de la littérature moderne, en effet, quelque vaste qu’il soit, n’est qu’une phase du développement de la pensée humaine ; et l’histoire de la pensée elle-même rentre dans l’histoire générale de la vie sociale. […] Prenez n’importe quelle branche de composition en prose ou en vers, et vous verrez bientôt que, directement ou indirectement, son existence implique certaines conditions de vie sociale. » — M. […] Il l’a recherché à travers « l’évolution graduelle de la vie sociale, du clan à la cité, de la cité à la nation, de la nation à l’humanité cosmopolite ».
Mais tous ces dons de naissance furent mis à mal par sa naissance sociale ; et, comme dans l’explication de la Princesse Palatine pour faire comprendre l’inutilité des puissantes et charmantes facultés de son fils, son père à lui, Chasles, fut la fée méchante qui frappa et faussa les siennes. […] Or, le critique doit rester au-dessus, ou du moins à côté de toutes les séductions littéraires, politiques, sociales. […] Rappelez-vous la Psychologie sociale des nouveaux peuples, et, vous qui avez aimé Chasles, attristez-vous !
Évidemment par le même milieu social, qu’ils photographient encore plus qu’ils ne peignent en ce moment, mais qu’ils peindront un jour. C’est par ce milieu social que sont venus, des horizons les plus éloignés, deux esprits différents, qui se sont pénétrés pour cette assimilation incompréhensible d’une collaboration qui est un fait commun en littérature, mais auquel répugnera éternellement tout être d’une puissante originalité. […] Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ?