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1602. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

À l’ouest des côtes de l’Amérique s’étend un océan vaste et ouvert, sans une île qui puisse servir de lieu de refuge ou de repos à des émigrants : c’est encore une autre sorte de barrière. […] J’admets volontiers l’existence antérieure de nombreuses îles, maintenant cachées sous la mer, et qui ont pu servir de lieu de relâche pour les plantes et pour beaucoup d’animaux pendant leurs migrations. […] Nous comprendrons de plus ce fait singulier, constaté par plusieurs observateurs : c’est que, pendant les derniers étages tertiaires, les productions d’Europe et d’Amérique étaient en plus étroite connexion qu’aujourd’hui ; car, durant les chaudes périodes, les parties septentrionales de l’Ancien Monde et du Nouveau auraient été presque continuellement réunies par des terres qui pouvaient alors leur servir de ponts, mais que le froid a rendues depuis infranchissables aux migrations réciproques de leurs habitants. […] Je soupçonne qu’avant l’extinction complète de cette flore, à l’époque glaciaire, quelques-unes de ces formes ont été dispersées au loin, jusqu’en des points divers de l’hémisphère austral, par des moyens de transport occasionnels et à l’aide d’îles aujourd’hui submergées qui leur servirent alors de lieux de relâche ; de sorte que sur les côtes méridionales de l’Amérique, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, les formes de la vie végétale ont pu, de cette manière, prendre une nuance toute particulière qui leur est commune entre elles. […] Il est certain que les phénomènes de convergence des caractères doivent se présenter plus rarement que les phénomènes contraires de divergence, parce qu’ils exigent un concours de circonstances plus compliqué, et sans nul doute moins fréquent ; mais ils peuvent servir à expliquer les quelques exceptions que l’on peut signaler à la grande loi de distribution géographique, selon laquelle les barrières naturelles tendent à diviser plus ou moins profondément les types de l’organisation.

1603. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Elles ne nous en serviront pas moins à jalonner un intervalle, à analyser en ses éléments virtuels l’acte indivisible par lequel la religion dynamique se pose, et à montrer du même coup, par la direction évidemment commune des élans qui n’ont pas abouti, comment le saut brusque qui fut définitif n’eut rien d’accidentel. […] Et ne pourraient-ils pas servir à la définition même de la robustesse intellectuelle ? […] On pouvait s’en servir pour nous donner une idée du travail de préparation. […] Elle eût vu qu’elles servent avant tout à préparer l’action de l’individu et de la société sur les choses, que la société les fournit pour cela à l’individu, et qu’ériger leur quintessence en divinité consiste tout simplement à diviniser le social. […] Il ne sert à rien de leur opposer les protestations indignées de ceux qui ne voient dans le mysticisme que charlatanisme ou folie.

1604. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ce domestique qu’il avait vu toute la journée dans sa défroque de laine rouge courir la maison, un balai ou un seau à la main, qu’il avait vu servir à table, rincer les verres ! […] Ils disent comme ça qu’ils ont des révélations à faire pour prendre leur temps ; on leur sert tout ce qu’ils veulent, de tout, du vin, des omelettes soufflées, de tout… est-ce que j’sais, moi. […] Ses robes étaient en ligne sous une planche où il y avait trois poupées, des cerceaux, un ménage, la cuvette qui lui servait. […] Seulement, et cela soit dit sans offenser la mémoire de Georges Cuvier, il ne façonnait pas lui-même l’os qui devait servir de point de départ à ses études et à ses déductions. […] Veux-tu savoir la maxime qui m’a servi de règle dans toute ma vie ?

1605. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

je n’ai jamais servi. J’avais un frère aîné qui n’avait pas servi non plus. […] Ces inutiles servent à la récréation de nos yeux, et c’est déjà quelque chose. […] À quoi cela sert-il, depuis qu’il n’y a plus de postérité ? […] À quoi cela sert-il ?

1606. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Mais a-t-on le droit de se servir de la familiarité où on a vécu avec un écrivain pour le livrer tout cru au public ? […] Il refusa de s’asseoir et se fit servir à une petite table. […] On leur servit des pommes frites brûlées que le poète déclara exquises.‌ […] Servez-nous à déjeuner. […] Les deux premières pièces étaient tellement encombrées de livres, que la chambre à coucher lui servait de cabinet de travail.

1607. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Si on gratte la morale qui sert d’enveloppe, la brute apparaît dans sa violence et sa laideur. […] La pauvre Fidelia, déguisée en homme et qu’il prend pour un adolescent timide, vient le trouver pendant qu’il ronge sa colère : « Je puis vous servir, monsieur ; au pis, j’irais mendier ou voler pour vous. —  Bah ! […] It is certain that, as it now is, the seamen of England, in my conscience, would, if they could, go over and serve the King of France or Holland, rather than us. (24 juin 1667. […] A month is commonly my stint. » — Et Jacintha répond : « Or would not a fortnight serve our turn ?  […] A treat only will not serve my turn.

1608. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

* * * C’est, sur la tombée de mai, au pardon de Ploubazlanec, qu’on m’a montré Guillaume F…, le bon géant breton qui a servi de type à Pierre Loti, dans Pêcheurs d’Islande. […] Petite, grassouillette, avec une matité de teint où se reconnaît la demoiselle, ses cheveux roulés en bandeaux sous une coiffe de mousseline, sa bouche un peu plissée, ses yeux durs et ronds, elle incline la tête légèrement quand on entre, et sert la « pratique » sans lui parler. […] Nous servons notre âme comme notre idole ; les idées assimilées, les hommes pénétrés, toutes nos expériences nous servent à l’embellir et à nous tromper. […] Jadis, on aimait à voir un auteur développer sa pensée en long et en large et se servir des mots avec une virtuosité savante. […] Il y faudrait la plume d’airain qui servit dans sa tâche l’auteur du Dictionnaire des cent mille adresses.

1609. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

dit Hébrard, on nous servira le berger à notre prochain dîner !  […] Il faisait alors venir le garçon de café qui servait sa table, et l’élevait à la dignité d’huissier de son cabinet, avec la chaîne d’acier au cou. […] On nous sert de l’eau-de-vie, dans des verres à poser des ventouses. […] Dans ce moment apparaissent quatre corbillards, flanqués de drapeaux rouges, et des délégués de la Commune entrent réclamer des cadavres, pour servir d’escorte au mort Bourgoin. […] Cette affiche étale sous les yeux de tous, la peine de mort, les travaux forcés, la détention, la réclusion, tout le barbare code pénal qui sert aux démocrates à fonder la liberté.

1610. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Sans moyens oratoires, c’est comme écrivain qu’il servit sa cause ; sa verve était intarissable, ses plaisanteries sanglantes, ses opinions extrêmes ; il se fît appeler le procureur général de la lanterne, surnomma Marat le divin, et Robespierre le sublime ; il dit avec orgueil qu’il a été plus que révolutionnaire, qu’il a été un brigand ; il ne le fut jamais.

1611. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Bœrne, quoique moins considérables, sont plus aimables assurément et plus faits pour servir de lien libéral entre les deux nations.

1612. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Ces rites brutaux et ces momeries servent donc, en somme, à relever le « prestige » de l’X à ses propres yeux.

1613. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

C’est que, d’instinct, le nouveau venu marchait sans balancier sur la corde raide du paradoxe ; il trouvait la formule d’un style clownique, désarticulé, chahutant et cascadeur ; des mots alertes, des phrases retroussées, lestes, pimpantes, décolletées, agaçant l’œil, qui complétaient et servaient merveilleusement son esprit incisif, mordant, railleur, prompt à la riposte et rompu à toutes les charges, à tous les argots d’atelier, de coulisses, de boulevard.

1614. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

La duchesse de Bragance, qui parut si digne du trône que son époux lui dut en partie ; le brave Almeida, véritable chef de l’entreprise, et qui, bien plus que Pinto, en détermina le succès ; le cardinal de Richelieu la favorisait de loin, non pour servir la nation portugaise, mais pour affaiblir la monarchie espagnole ; des noms, des caractères, des motifs, des résultats d’un tel ordre, étaient dignes de la tragédie.

1615. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

On sent que l’auteur a lu ses textes, pointant en marge tous les passages pouvant servir au dénigrement de Renan.

1616. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Il ne subit pas plus l’influence de Champfleury que celle de Balzac ; et, si dans ses livres les détails extérieurs, spécialement visuels, abondent, ils servent toujours à suggérer des nuances psychologiques.

1617. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Le Roi ordonna à son Chirurgien de prendre un soin particulier de Mlle Déon, qui ne put se servir de sa jambe qu’après avoir gardé plus de trois mois le lit.

1618. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Personne ne lui avoit servi de guide, & personne ne l’a égalé depuis.

1619. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Bayle trouve fort singulier que Costar ait voulu faire un procès criminel à un homme de lettres, qui s’étoit servi de ses armes propres.

1620. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Mais vous savez à quoi servent les leçons, et l’on voit tous les jours combien il est aisé à la sagesse d’éclairer une nation sur ses vrais intérêts, et de la réunir pour le parti de la justice et de la raison.

1621. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

Si le parti que le poëte choisit est celui d’embellir son action par des épisodes, l’interêt qu’on prend à ces épisodes ne sert qu’à faire mieux sentir la froideur de l’action principale, et on lui reproche d’avoir mal rempli son titre.

1622. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Si je ne craignais de me servir d’un vilain mot d’école en parlant d’un talent si mélodieusement français, je dirais qu’il est un omniarque en littérature.

1623. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Cette prudence, cette habileté, ces calculs, toute cette politique à la façon de Gœthe servent assurément le penseur qui en use ; mais comment s’en trouve la pensée même ?

1624. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Ces figures du langage, ces créations de la poésie, ne sont point, comme on l’a cru, l’ingénieuse invention des écrivains, mais des formes nécessaires dont toutes les nations se sont servies à leur premier âge, pour exprimer leurs pensées.

1625. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

On se servait de lui pour faire ce qu’il y avait de plus rude dans tous les ouvrages. […] Pendant que les porteurs, avec lesquels je devais retourner le soir par les mêmes sentiers de la montagne, se reposaient et se réchauffaient à table, au feu de la cuisine, je m’enfermai seul dans une petite cellule voûtée qui servait autrefois d’archives au château. […] Je pouvais voir ainsi tomber à flocons la neige qui recouvrait déjà le toit de la tombe et le cèdre pyramidal qui sert de cyprès à ce tombeau du Nord.

1626. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Aussi, de ce jour-là, M. de Talleyrand se retira dans son inutilité et dans sa prévision des catastrophes : « À quoi servirais-je désormais ? […] Or, ce que ces écrivains bien inspirés par leur cœur, mais illusionnés par leurs nobles inspirations même, appellent le principe des nationalités, s’applique-t-il en effet partout et toujours, en tous les temps et en tous les lieux, en toutes les circonstances à tous les actes internationaux du monde politique, de manière à constituer un droit des gens, un droit public, et à servir de guide à la diplomatie des nations ? […] Or tout droit qui ne peut servir qu’à entraîner l’anéantissement de la France serait-il un droit ?

1627. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Il faisait fournir des barques et des canots à ceux qui voulaient fuir ; il anéantissait les lettres et les notes qui auraient pu servir de témoignage du zèle qu’on avait montré pour lui, des injures qu’on avait proférées contre Vitellius ; il distribuait des gratifications avec mesure, et nullement comme un homme qui n’a rien à ménager après lui ; ensuite il s’appliqua à consoler le fils de son frère, Salvius Coccéianus, enfant en bas âge, qui tremblait et qui pleurait, louant sa tendresse, gourmandant son effroi, l’assurant que le vainqueur ne serait pas assez barbare pour refuser la grâce de ce neveu, à lui, qui avait conservé à Rome toute la famille de Vitellius, et qui allait, par la promptitude de sa propre mort, mériter la clémence de ce rival : car ce n’était point, ajoutait-il, dans une extrémité désespérée, mais à la tête d’une armée demandant à combattre, qu’il épargnait volontairement à la république une calamité nouvelle ; qu’il avait assez de renommée pour lui-même, assez d’illustration pour ses descendants ; que le premier, après les Jules, les Claude, les Servius, il avait porté l’empire dans une nouvelle famille ; que son neveu devait donc accepter la vie avec une noble assurance, sans oublier jamais qu’Othon fut son oncle, et cependant sans trop s’en souvenir. » VIII « Après ces soins donnés aux autres, il prit quelques moments de repos. […] « L’invention plut ; elle était même servie par l’époque de l’année. […] « Le navire destiné à Agrippine, plus somptueusement décoré que tous les autres, se faisait remarquer au milieu de la flotte, comme si Néron avait voulu préparer cet honneur de plus à sa mère ; car elle avait l’habitude de se promener en trirème et de se servir, pour ses navigations, des rameurs de la flotte.

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