On sait quel élan fougueux et quelle direction nouvelle furent imprimés à l’esprit français par la Renaissance. […] On ne saurait donc prendre trop de précautions pour ne rien omettre d’important et voici des conseils et des remarques qui pourront épargner quelque oubli à l’historien soucieux de faire à ce point de vue le relevé d’une époque déterminée. […] Quand nos ancêtres du moyen âge travestissent Virgile en magicien et en prophète, ils ont pour son œuvre et pour lui des sentiments que ne saurait partager un érudit de nos jours. […] On ne saurait trop se défier de ces mirages du passé ou de l’éloignement : ils faussent à chaque instant l’opinion qu’une moitié de l’humanité se fait de l’autre moitié. Remarque non moins importante : c’est peu de savoir qu’un livre a été traduit à telle date, si l’on ne se demande comment il a été traduit.
Théodore Leclercq était dès lors mieux occupé en se tournant tout entier du côté de la société et des observations amusantes qu’elle offre à celui qui sait les saisir. […] Il se dit à lui-même comme il fait dire sensément à l’un de ses personnages : « Jules sait fort bien occuper son temps ; il a de la fortune, des talents : que ferait-il d’un emploi ? […] quand on sait s’occuper des affaires des autres, on ne s’ennuie jamais nulle part », dit une femme de chambre dans un de ses proverbes. Qu’est-ce donc quand on sait s’occuper de leurs ridicules, et ensuite les mettre doucement en action ? […] Théodore Leclercq l’a su faire avec un mélange de hardiesse et de discrétion qui laisse tout comprendre sans rien accuser trop fortement, et sans forcer le ton de la bonne compagnie.
Elle jouissait de l’amitié, de la conversation : elle savait au besoin « goûter les douceurs des solitaires, qui sont les livres et les rêveries ». […] On a trouvé ces réflexions trop multipliées et trop longues, ce qui peut être vrai pour la dernière partie des Mémoires ; mais elle sait d’ordinaire les entremêler aux circonstances mêmes qui les lui inspirent. […] Elle sait ce que signifient trop souvent ces grands airs d’indépendance que prennent ceux que la faveur repousse, ces bruyantes fiertés qui se fondent à la moindre avance et tournent à la bassesse. […] Cette parole, infectés de l’amour du bien public, a souvent été citée ; mais il n’y faudrait pas voir une naïveté de Mme de Motteville : elle savait ce qu’elle disait en parlant ainsi, et en qualifiant de maladie et de peste le faux amour dont cette population séditieuse était éprise en ce moment. […] On ne peut l’apprécier à toute sa valeur qu’en l’accompagnant dans tout le cours de ses Mémoires, en la suivant dans son développement et sa continuité : des citations et une analyse ne sauraient donner qu’une bien imparfaite idée de cette lecture lente, pleine, tranquille et attachante.
La grande morale, d’ailleurs, n’est pas son fort et ne le préoccupe que médiocrement ; il est de ceux dont on ne saurait dire précisément qu’ils la violent, car ils l’ignorent. […] On ne saurait avoir moins de dispositions que lui à être un fat : à la guerre, Gourville ne songe pas non plus à devenir un héros. […] Étant convenu que j’écrirais à Paris pour savoir s’il n’allait pas toujours à sa maison de campagne, comme il avait accoutumé de faire, on me manda qu’il y allait encore souvent. […] Je ne sais si le plaisir que j’avais, ou l’honneur que cela me faisait dans le monde, ne pouvait point avoir un peu favorablement augmenté les idées que j’avais de lui. […] Ce qu’on croit mieux savoir, et ce qui tire moins à conséquence, c’est que, gaillard et fin comme il était, fort grand et bel homme en son temps, il avait été bien avec Ninon.
Il faut remarquer son silence apprêté lorsque la conversation roule sur des objets qu’il devrait savoir et qu’il ne sait pas, et l’adresse avec laquelle il s’esquive lorsque cette conversation s’approche trop près de lui… » Il pouvait y avoir un peu de cette adresse dans le silence habituel de M. […] Je ne sais s’il vous plairait, je crois qu’oui à beaucoup d’égards ; dans la société, il est fort naturel et fort gai ; beaucoup de franchise ; il parle peu, est souvent distrait… Il y a des jours où M. […] En 1764, il lut à l’assemblée générale de la Compagnie des Indes, au nom des actionnaires dont il était, un mémoire où il exposait un nouveau plan d’administration ; il y faisait, vers la fin, un portrait du véritable négociant, et l’on disait qu’il avait fait, sans le savoir, son propre portrait. […] Necker ne sût très bien ce qu’il faisait. […] Je sais que M.
Tourguénef en dit le moins possible ; il compte sur ce qu’ajouteront d’attentives intelligences aux brèves indications qu’il donne, et il a raison et le lecteur lui sait gré de tout ce qu’il lui laisse à préciser de tentant et de vague. […] Tourguénef est parmi les très rares et éminents artistes qui aient su connaître « un homme en particulier et non pas l’homme en général ». […] Il sait du reste cautériser son cœur à temps par un départ brusque et non sans dignité. […] Il s’est affublé d’une défroque ridicule ; il va chercher le peuple dans ses tavernes, mais il ne sait ni lui parler, ni l’aimer. […] Son intelligence savait qu’il y a un problème de l’existence, pénétrait même par ouï-dire les idées générales qui pouvaient aider à le résoudre.
… Il a fait son livre comme une bonne action, et sa main gauche n’a pas voulu savoir ce que sa droite écrivait si bien. […] Lord Byron ne se serait pas moqué de sa sainteté, à celle-là, et qui sait ? […] Nous le savons. […] Elle sait toucher aux cœurs brisés, Elle les brise même parfois, mais elle les guérit de leurs brisures en leur faisant partager ses religieuses espérances. […] … Elle qui sait aimer Jésus-Christ, ne sera-t-elle pas tentée par ce qui doit ravir les âmes comme la sienne, qui comprend tous les plus violents miracles de l’amour ?
Il ne savait donc pas ce qui se passe dans la vie ? Il ne savait donc pas qu’on est solidaire toujours un peu des admirations qu’on inspire, et que si elles sont par trop bêtes, la bonne renommée d’un homme d’esprit peut en mourir ? […] Ernest Hello a su l’en extraire. […] De son vivant, il eut trop l’impatience de la gloire ; il ne savait pas s’attendre. […] Il a su braver également le rire édenté des vieux voltairiens et le scepticisme, sans rire, des libres penseurs qui sont sortis de Voltaire.
La vérité, c’est que, sans doute, le gouvernement n’a mis aucun empressement à nous renseigner ; mais c’est aussi que, rendus timides par une humiliation d’un quart de siècle, conscients de notre impuissance à défendre désormais, à travers le monde, les causes « humaines », nous ne tenions pas beaucoup à savoir, parce que nous étions incapables d’agir. […] Je connais là-dessus les propos des hommes « sensés » qui se trouvent être presque tous, je ne sais pourquoi, des hommes d’argent. « Laissez donc ! […] Qui sait si telles provinces actuellement « autonomes et tributaires » ne réclameraient pas, et peut-être par l’insurrection, le même traitement que la Crète ? […] Il y a ceci de bon dans notre abaissement, que nul désordre en Europe, nulle éventualité orientale ne peut nous nuire, si nous savons croiser les bras, épier et attendre. […] On ne saurait le lui reprocher bien sérieusement.
On ne saurait lui refuser de la couleur et de la chaleur. […] Il a fait un chemin immense, et l’on ne sait jusqu’où il peut aller. […] Je n’en sais rien. […] Je ne parle pas de celle qui dit son rosaire, qui fait de sa cour un couvent, et qui n’est pourtant pas une petite femme ; mais de celle qui donne des lois à son pays qui n’en avait point ; qui appelle autour d’elle les sciences et les arts, qui fonde les établissemens les plus utiles, qui a su se faire considérer dans toutes les cours de l’Europe, contenir les unes, dominer les autres, qui finira par amener le polonais fanatique à la tolérance ; qui aurait pu ouvrir la porte de son empire à cinquante mille polonais, et qui a mieux aimé avoir cinquante mille sujets en Pologne ; car vous le savez tout aussi bien que moi, mon ami, ces dissidens persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu’ils seront les plus forts, et n’en seront pas moins alors protégés par les russes.
Mais pour ceux qui savent combien était haut le sentiment de la responsabilité chez ce parfait honnête homme, il paraîtra que ses dernières préoccupations, — celles où il puisa la paix suprême, — ont été pour un examen de conscience plus intime et où il s’arrêta moins à peser les idées auxquelles il avait lié sa vie qu’à venfier la façon même dont il avait usé de la vie. […] » Il repassa ainsi toute la suite de son développement intellectuel, et je ne sais pas de problème psychique sur lequel on possède de meilleurs renseignements que sur cette vie intérieure de l’auteur des Souvenirs d’enfance et de jeunesse. […] Un point moins déterminé et, par là, plus attirant, c’est de savoir ce qui subsiste de M. […] Cependant les circonstances le contraignaient à fréquenter le monde des publicistes, auxquels il est permis de croire que son âpre jeunesse répugnait, et il sut encore tourner à profit des fréquentations qu’il n’avait acceptées d’abord que comme des conditions regrettables de son indépendance. […] Oui, le bienfait dont nous remercions le maître qui vient de mourir, c’est qu’il a trouvé un joint pour conserver à l’esprit moderne le bénéfice de cette prodigieuse sensibilité catholique dont la plupart d’entre nous ne sauraient se passer, car elle a façonné trop longtemps nos ancêtres.
« À savoir s’il y a lieu d’écrire ? […] On ne saurait l’en blâmer. […] Je sais gré aussi à son ami M. […] Cela, tout le monde le sait. […] Mais je sais gré à M.
On me dira sans doute : ― A la quantité de lectures et de connaissances diverses que vous réclamez pour une pareille entreprise, savez-vous beaucoup d’hommes qui soient capables de la mener à bien ? […] Le jour où l’on aura su, ne fût-ce que dans la vie littéraire d’une nation, expliquer l’apparition et la disparition de tant de goûts divers, enchaîner l’une à l’autre les transformations subies par l’idée de beauté et les répercussions exercées par la littérature sur les autres branches de l’activité humaine, on aura certes accompli une œuvre dont la critique et la sociologie pourront tirer une grande utilité. […] L’humanité, devenue consciente de la marche qu’elle a suivie dans son mouvement d’oscillation et de progrès, saura les phases prochaines qu’elle doit traverser et elle pourra, sinon en modifier l’ordre, du moins éviter ou adoucir la brusquerie des secousses dans le passage de l’une à l’autre. Elle apprendra ainsi à gouverner, dans la mesure du possible, les forces obscures auxquelles jusqu’à présent elle a obéi sans le savoir et elle fera un pas vers cette liberté qui est seule à sa portée et qui consiste à connaître le jeu des lois naturelles pour commander aux puissances de la vie et pour les employer à la satisfaction de ses besoins matériels comme de ses plaisirs esthétiques.
Elle ne sait rien de la vie vécue. […] Les braves voleurs, si je savais dans quelle prison ils sont, je leur enverrais un paquet de tabac tous les mois. […] Il est obligé de quitter la répétition, en me disant de l’attendre pour savoir le résultat. […] si j’avais su, je t’en aurais donné du torchon de cuisine, mademoiselle, comme je danse ! […] Germinie Lacerteux, on le sait, est à sa centième représentation, sauf six ou sept représentations.
La belle Camille, qui n’est qu’un joli et tendre animal, d’une douceur toute moutonnière et passive, se laisse prendre, presque sans résistance ni révolte, par un hardi garçon, un officier d’artillerie, qui disparaît lorsqu’il la sait enceinte. […] Elle ne sait ; elle l’a subi, voilà tout. […] Marcel Prévost a su nous peindre tout cela (ce qui n’était point facile) avec beaucoup de pénétration et de sûreté, une intelligence subtile des mystères du sentiment et un accent de pitié contagieuse. […] Marcel Prévost avec quelques affectations de « modernisme » de l’aisance, de l’abondance, même de la luxuriance, et un je ne sais quoi qui rappelle la manière de George Sand. […] Au sortir de sa vie provinciale, elle a de cruelles déceptions, dont elle ne sait pas prendre son parti.
Voici Thouvenin qui s’avance vers la rampe, en bonne lumière, et près du souffleur : « La vérité, la vérité absolue, voulez-vous la savoir ? […] Sais-je ce qu’elle vaudra ? […] Il avait seulement un vif désir de savoir, de comprendre, et c’était — et c’est — un esprit délié et cultivé. […] On objecte : Ces peintures sont fausses et exagérées. — Qu’en savez-vous ? […] Prévost ne saurait se documenter sur elles. — Remarque judicieuse ; mais aussi bien ne prétend-il pas connaître ces vierges.
XI C’est donc comme une science ayant un objet distinct, savoir l’esprit humain, que l’on doit envisager la philologie ou l’étude des littératures anciennes. […] On sait sa langue comme l’ouvrier qui emploie les procédés de la géométrie sans les comprendre sait la géométrie. Formée, d’ailleurs, par dissolution, la langue moderne ne saurait donner quelque vie aux lambeaux qu’elle essaie d’assimiler, sans revenir à l’ancienne synthèse pour y chercher le cachet qui doit imprimer à ces éléments épars une nouvelle unité. […] Mais, seule, elle ne saurait rien créer. […] L’éducation philologique ne saurait consister à apprendre la langue moderne, l’éducation morale et politique, à se nourrir exclusivement des idées et des institutions actuelles ; il faut remonter à la source et se mettre d’abord sur la voie du passé, pour arriver par la même route que l’humanité à la pleine intelligence du présent.
Si on était condamné en écrivant à se satisfaire pleinement soi-même, je ne sais si on écrirait une page en toute sa vie. […] Voulez-vous savoir ce que c’est que l’ode ? […] Je ne sais si les poètes conviendront de cette proposition ; nais qu’elle soit vraie ou fausse, la plupart auraient trop d’intérêt à la nier pour n’être pas récusables. […] Si on vient un jour à ne plus parler la langue française, nos neveux mettront toujours La Fontaine au rang des grands poètes, parce qu’ils sauront le cas infini que nous en faisons, et que d’ailleurs nos neveux n’auraient garde de ne pas penser comme leurs ancêtres. […] La seconde chose que les littérateurs philosophes oublient quelquefois, c’est que la vérité, quand elle contredit l’opinion commune, ne saurait s’annoncer avec trop de réserve pour éviter d’être éconduite ; c’est déjà bien assez pour risquer d’être mal reçue, que d’être une vérité nouvelle.
Je ne sais qu’une définition du talent qui me satisfasse : C’est un tas de coups reçus dans le cœur ! […] Rabelais, Regnard, Voltaire, Beaumarchais, ce n’est pas de cette lignée d’esprits que descend l’auteur des Français de la décadence ; mais s’il n’est pas leur descendant, s’il est apparenté à d’autres, il est cependant trop du même pays pour ne pas savoir quelle force la plaisanterie donne à la pensée et quelle fortune c’est pour un homme que de la manier avec supériorité. […] Qui sait ? elle en a peut-être d’autant plus qu’elle tranche davantage sur notre plaisanterie française, et qu’en France on aime l’accent, le ton, l’air étranger… Acéré d’ailleurs, et acéré avant tout, aiguisé sur les quatre côtés de sa lame, dès les premiers mots qu’écrivit le talent vibrant de Rochefort, quand il débuta dans la Chronique, on reconnut le petit sifflement de l’acier ou de la cravache dans la main qui les prend et qui sait s’en servir. […] … Le Tallemant des Réaux de la Chronique, qui a su ajouter le fouet à sa lorgnette, deviendra-t-il le moraliste que je voudrais ?
Depuis quinze ou vingt ans que la France l’admire, On ne sait ce qu’il est ni ce qu’il veut nous dire. […] Quand on sait l’esclavon, l’on comprend leur système , Et s’ils étaient d’accord je l’entendrais moi-même ; Mais un adepte enfin m’ayant endoctriné, Je vais dire à peu près ce que j’ai deviné. […] La beauté se pâmait en répétant ses phrases ; Et quand il eut fini de les faire claquer, Aucun des auditeurs ne sut les expliquer. Je ne sais, disaient-ils ; mais quels vers, quelles rimes ! […] qu’en savait-il, lui qui rimait à peine ?
Richepin est d’abord un très grand rhétoricien, un surprenant écrivain en vers, tout nourri de la moelle des classiques, qui sait suivre et développer une idée, et qui sait écrire, quand il le veut, dans la langue de Villon, de Régnier et de Regnard, et dans d’autres langues encore. […] Dans la Mer, la sincérité éclate, mêlée à nous ne savons quelle explosion d’extase pour les choses qui représentent le mieux la Beauté. […] Dans l’applaudissement chaleureux dont il a été salué, il faut voir le goût passionné de la poésie et de l’éloquence, et une sorte de reconnaissance exprimée par des lettres à un homme qui peut se tromper sur l’agencement d’un drame, mais qui a le feu sacré, l’enthousiasme entêté pour les belles sonorités et les beaux rythmes, et qui manie la langue poétique comme personne, à ma connaissance, ne sait faire en ce moment. […] Il sait s’incarner dans les gueux qu’il peint Mais il n’a pas, malheureusement, il faut bien le dire, le seul sentiment qui l’aurait mis au-dessus de ses peintures, le sentiment qui lui aurait fait rencontrer cette originalité que Villon, […] Jean Richepin sut, en se servant des éléments traditionnels, donner à certaines de ses poésies la verdeur et le mouvement qui conviennent.
Duportal le soin de publier la vérité, qu’il est seul à savoir, sur ce personnage singulier. […] Le plus simple écolier sait maintenant des vérités pour lesquelles Archimède eût sacrifié sa vie. […] La croyance ou l’opinion des uns ne saurait être une chaîne pour les autres. […] Il faut que la raison sache se résigner à être primée par les gens qui ont le verbe tranchant et l’affirmation hautaine. […] Un régime démocratique borné est, nous le savons, facilement vexatoire.
Il semble néanmoins, que dans les sujets de spéculation et d’agrément, on ne saurait laisser trop de liberté à l’industrie, dût-elle n’être pas toujours également heureuse dans ses efforts. […] Mais comme on a su réduire à un petit nombre de sensations l’origine de nos connaissances, on peut de même réduire les principes de nos plaisirs en matière de goût, à un petit nombre d’observations incontestables sur notre manière de sentir. […] Le plaisir que nous fait éprouver un ouvrage de l’art, vient ou peut venir de plusieurs sources différentes ; l’analyse philosophique consiste donc à savoir les distinguer et les séparer toutes, afin de rapporter à chacune ce qui lui appartient, et de ne pas attribuer notre plaisir à une cause qui ne l’ait point produit. […] C’est à la philosophie à nous délivrer de ces liens ; mais elle ne saurait mettre trop de choix dans les armes dont elle se sert pour les briser. […] Le philosophe sait que dans le moment de la production le génie ne veut aucune contrainte ; qu’il aime à courir sans frein et sans règle, à produire le monstrueux à côté du sublime, à rouler impétueusement l’or et le limon tout ensemble.
Je ne saurais, toutefois, m’abstenir de remarquer qu’on ne saisit directement, par cette méthode, que l’homme intellectuel2 ; car elle consiste à subordonner, à l’étude des caractères mentaux, celle des caractères physiques, physiologiques, pathologiques et moraux de l’individu. […] Il importe de savoir comment un peintre travaille, pour juger si l’attention chez lui est forte ou faible, etc. Il pourrait arriver aussi que le témoignage de l’œuvre fût menteur, et l’on ne saurait conclure sans erreur du sentiment religieux de leurs tableaux à la sincère piété de tous les peintres italiens du xve siècle. […] H., la naissance et la nature des génies et des talents nous est inconnue ; nous savons seulement qu’aucune des hypothèses que l’on a émises sur ces lois ne rend compte de tous les faits. […] Un plan d’étude ne saurait, d’ailleurs, constituer une science nouvelle, au vrai sens du mot, et M.
Ne savait-on pas bien, — ceux qui personnellement la connaissaient, — qu’elle était une de Staël encore pour la causerie ; chercheuse d’idéal et trouveuse d’esprit, et qu’elle avait des mots à son service qui n’étaient ni lyriques, ni élégiaques, mais piquants. […] Que de mots de conversation on y trouve, tantôt laissés tomber, tantôt jaillissant de la plume, qu’on ne saurait citer, tant ils sont nombreux ! […] Elle rend compte du carnaval de je ne sais plus quelle année : « Il n’y avait de curieux que le bœuf gras, dit-elle ; il était fleur de pêcher. […] comme il se serait enivré de cette frivolité ravissante, qui paraît ennuyeuse à des écrivains belges, lesquels ont, comme on sait, le droit d’exiger qu’on soit intéressant et grave, et quoiqu’il fût, lui, de race, moitié Belge et moitié Autrichien ! […] Du reste, qui sait ?
Hétérodoxe, le père Didon l’a dit et doit le savoir mieux que moi. […] Qui sait ? […] Sur un être ardent et surchauffé qui, dans tout son livre, ne sait gouverner ni son cœur ni sa main, le culte de la Vierge Marie doit être de la plus grande puissance, non pas en vertu des augustes et surnaturels attributs de la Mère de Dieu, mais en vertu de son sexe même… Les impies de ce temps d’impiété opposent depuis quelques années au Christianisme ce qu’ils appellent le « Marianisme ». […] Dumas et après tout ce qu’on sait de M. […] C’est « qu’une matrice, — je vous demande pardon, mais il faut citer pour instruire, — ne saurait renfermer l’infini ».