Et certes une église gothique, — ce beau vaisseau, cette nef de haut bord avec toutes ses mâtures et armatures, se détachant sur un fond de ciel brumeux ou dans un couchant enflammé, — ne perd point à être vue du dehors : du plus loin, la flèche ; de près, la façade ; et, sur les flancs mêmes, des portails secondaires, merveilleux d’ornements, peuplés de saints et saintes dans leurs niches ! […] Qu’on se figure, dans ce cadre auguste et approprié, une de ces solennités telles qu’on les célébrait au Moyen-Âge les grands jours de fêtes saintes, un de ces drames liturgiques comme il s’en représentait alors dans les églises, avec musique et personnages, le clergé faisant les rôles, — les trois Mages à la crèche, les trois Maries au saint Tombeau, ou la scène des disciples d’Emmaüs au lendemain de la résurrection du Sauveur.
Il y a au Louvre, dans un tableau de Murillo, un ange qui fait la cuisine ; Claude est un saint qui manipule des cornues et des alambics. […] Votre Claude est un saint, je le veux bien ; mais, jusqu’à présent du moins, c’est un saint de cire, à mettre en chasse et non pas en scène.
Lois saintes, lois à jamais stables ! […] » Dans sa célébration de la nuit du 4 août, Camille entonne une sorte d’hymne où il commence par parodier les hymnes d’Église, et où il finit par se souvenir de la veillée de Vénus : Haec nox est… C’est cette nuit, Français, devez-vous dire, bien mieux que de celle du Samedi saint, que nous sommes sortis de la misérable servitude d’Égypte. […] Puis, affichant nettement sa théorie subversive de tout pouvoir constitué, il ajoute : « On connaît mon profond respect pour les saints décrets de l’Assemblée nationale ; je ne parle si librement de celui-ci que parce que je ne le regarde pas comme un décret. » Ainsi, dans les décrets de l’Assemblée il se réserve de choisir ceux qui ‘lui conviennent, et de considérer les autres comme non avenus, sous prétexte qu’ils ont été votés par une majorité formée de membres du clergé et de la noblesse, plus nombreux dans l’Assemblée qu’ils ne devraient, l’être.
Ce vœu, ce n’est pas d’aller à Jérusalem en pèlerin, mais c’est d’y aller en idée et en poésie, c’est de retracer à sa manière, en une suite de chants, quelques-uns des sujets saints, à peu près, j’imagine, comme M. […] et même, Triste, j’ai tant besoin d’un confident qui m’aime, Me parle avec douceur et me trompe, qu’avant De clore au jour mes yeux battus d’un si long vent, Je veux faire à tes bords un saint pèlerinage, Revoir tous les buissons si chers à mon jeune âge, Dormir encore au bruit de tes roseaux chanteurs, Et causer d’avenir avec tes flots menteurs. […] Fuis sans trembler : veuf d’une sainte amie Quand du plaisir j’ai senti le besoin, De mes erreurs, toi, colombe endormie, Tu n’as été complice ni témoin.
Il disait de Bossuet en 1772 : Ce qui donne le plus de plénitude et de substance aux Sermons de Bossuet, c’est l’usage admirable qu’il fait de l’Écriture sainte. Voilà l’inépuisable mine dans laquelle il trouve ses preuves, ses comparaisons, ses exemples, ses transitions et ses images… Il fond si bien les pensées de l’Écriture avec les siennes, qu’on croirait qu’il les crée ou du moins qu’elles ont été conçues exprès pour l’usage qu’il en fait… Tout, en effet, dans un sermon, doit être tiré de l’Écriture, ou du moins avoir la couleur des livres saints ; c’est le vœu de la religion, c’est même le précepte du bon goût. […] La cour de Rome, en particulier, voyait en ce défenseur de l’autel et du trône un héros et presque un saint échappé au martyre, et, à sa sortie de France en 1792, l’abbé Maury fut comblé par le pape Pie VI de tous les honneurs et de toutes les dignités auxquelles un homme d’Église pouvait prétendre : nonce, archevêque et bientôt cardinal (1794)34.
Sous ces influences combinées, La Harpe s’était mis à lire pour la première fois les livres saints, les Psaumes, l’Imitation de Jésus-Christ, lorsqu’il reçut la secousse intérieure décisive dont il a rendu compte en ces termes : J’étais dans ma prison, seul dans une petite chambre et profondément triste. […] Étonnée de l’attitude de cette douleur profonde, elle en demande la cause ; c’est à travers mille sanglots que le saint homme lui dit : « Madame, comment n’aurais-je pas le cœur brisé ? […] Marie-Joseph Chénier, vers ce temps aussi, publia sa satire, Les Nouveaux Saints, dans laquelle La Harpe joue un grand rôle, et où on lui fait dire : Avant Dieu, j’ai jugé les vivants et les morts.
Parmi les ordonnances qu’il rendit durant son rectorat, on en distingue une par laquelle il improuve vivement l’usage de jouer des tragédies dans les collèges de l’Université à l’époque de la distribution des prix ; c’est tout au plus s’il tolère les tragédies empruntées aux Saintes Écritures et sans rôles de femmes. […] Fixé sur la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont, les relations jansénistes nous le montrent qui assistait en surplis aux offices d’une manière bien édifiante (Rollin était clerc tonsuré) ; il essaya même de faire alors des conférences sur l’Écriture sainte ; mais un avertissement amical de l’archevêque, M. de Noailles, les lui fit interrompre. […] Il connaissait le diacre Pâris qui mourut en mai 1727 ; il ne l’estimait pas seulement, il en vint à le vénérer comme un saint, et à ajouter toute confiance aux prétendus miracles qui se faisaient sur sa tombe dans le cimetière de Saint-Médard.
Parmi ces témoignages, il en est un qui vient des Livres saints et qui semble faire loi avant toute discussion. […] N’est-ce point de la ville chère et sainte à vos pères et à vos aïeux que vous parlez ? […] Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.
Non, sans doute ; ainsi que nous l’avons déjà dit, ils furent guidés par un plus noble sentiment, celui de commander le respect pour la loi ; d’en interdire l’examen indiscret ; de la transmettre par la parole parlée, sainte et mystérieuse ; d’en confier le dépôt directement à l’âme ; de ne point en enfermer le vaste sens dans les limites d’une expression matérielle : ils voulurent se réserver de celer au profane vulgaire les choses qu’il doit ignorer, et de mesurer l’instruction selon les castes et les tribus ; car les castes et les tribus, conservatrices des traditions, furent une institution nécessaire des premiers âges des sociétés humaines. […] Ils n’écrivaient point les lois dans la langue vulgaire, mais dans une langue qui avait survécu à un grand peuple, langue devenue sainte et vénérable, où les limites de l’expression avaient cessé d’être positives. […] Cette immobilité de la parole écrite, ce silence qu’elle est obligée de garder lorsqu’elle est attaquée, disent avec quelque éloquence sans doute les raisons qui ont engagé l’Église à refuser de reconnaître jusqu’à présent les traductions de l’Écriture sainte en langue vulgaire.
Le génie de don Luis de Léon et de sainte Thérèse a reparu sous le voile funèbre de Gomez d’Avellaneda. […] La sainte majesté du sujet, la gravité de l’affliction chrétienne, élèvent ici le talent du poëte et lui donnent, dans l’expression et dans la mélodie, un calme de douleur et de foi dont la simplicité presque intraduisible semble une voix mystique entendue dans un songe, mais qu’on ne peut retrouver. […] Fleuris ; étends tes rameaux ; que la race fatiguée d’Adam repose à ton ombre sainte, d’un bout du monde à l’autre !
On les aime comme les croix de Jeannette, les pannières, les boîtes à sel, les armoires normandes au fronton desquelles deux colombes se baisent, les soupières d’étain où l’on mettait la rôtie de la mariée, la vaisselle à fleurs et les plats sur lesquels étaient peints un saint patron en habit d’évêque ou bien une sainte Catherine, une sainte Marguerite, une sainte Dorothée, portant la couronne et les attributs de leur mort bienheureuse. […] — De l’huile, du chrême et le saint rosier. […] Le peuple le regardait avec admiration, et les enfants criaient après lui : Au Saint ! au Saint ! […] L’apostat vécut comme un saint.
Il est à genoux, et tout d’un coup la sainte Vierge lui apparaît.
A mon premier article du National sur Boerne, s’il m’en souvient), on me fit dire que l’Angleterre et l’Amérique étaient des reliques, de saintes reliques de liberté : j’avais écrit des contrées.
. — Pour toi quand tout est mort, ami, tout vit pour moi : Ce déclin que l’Automne étale avec richesse Me parle, à moi, d’un temps de fête et d’allégresse, Du meilleur des saints jours, — alors qu’heureux enfants, Sur les bancs de la classe, en nos vœux innocents, Les feuilles qui tombaient ne nous disaient encore Que le très-doux Noël et sa prochaine aurore.
La licorne s’agenouille devant les médailles saintes qui pendent au col du Chevalier ; celui-ci s’en revient, édifié.
Est-ce depuis Gerson et sainte Thérèse ? […] La Société des gens de lettres, à qui il causa jadis tant de soucis, l’adopte comme le premier héros de son histoire, le plus grand saint de son martyrologe. […] Hugo surtout, qui renchérit sur ses élèves, de crainte d’être dépassé par eux, une strophe, un roman, un tableau, une statuette, un drame, une pantomime, tout tourne aisément au mystique, au saint, à l’évangélique. Un auteur sifflé gravit son Calvaire ; un peintre refusé par le jury porte sa croix ; un saltimbanque enfariné n’est pas un artiste, il est un martyr de l’art ; un artiste n’est pas amusant, intelligent, pathétique, il est sacré ; un comédien ne demande pas qu’on l’applaudisse, mais que l’on salue son sacerdoce ; une femme auteur, arrivée à la quarantaine et à son vingtième amant, parle de ses douleurs saintes, de ses saintes tendresses, et elle y mêle volontiers un grain de religion et de maternité. […] Vous paraît-elle moins essentielle et moins sainte, moins divine et moins humaine ?
« Et je l’appelle à haute voix, et il m’entend du sommet de sa montagne sainte ! […] XXII Quant à nous, nous ne nous étonnons pas de cette puissance de répercussion du son de l’âme humaine à travers toutes les âmes et tous les âges ; il y a dans le cœur du héros, du poète ou du saint, des élans de force qui brisent le sépulcre, le firmament, le temps, et qui vont, comme les cercles excentriques du caillou jeté dans la mer, mourir seulement sur les dernières plages du lit de l’Océan. […] La peste sévissait dans Jérusalem ; nous restâmes assis tout le jour en face des portes principales de la cité sainte ; nous fîmes le tour des murs en passant devant toutes les autres portes de la ville. […] … Dans l’Orient, riche en symbole, Ainsi quand des saints orateurs La pathétique parabole Fait fondre l’auditoire en pleurs, Le prêtre suspend la prière, Il va de paupière en paupière Éponger l’eau de tous les yeux ; Et de cet égouttement d’âme Il compose un amer dictame Qui guérit tout mal sous les cieux !
C’était même pour moi d’une curiosité assez piquante, le contraste qu’il y avait entre le héros du livre et l’auteur, entre l’ardente et pieuse individualité d’un Saint à proportions grandioses, et qui paraissent fabuleuses en nos temps rapetissés et amaigris, et l’homme le plus froid de ces temps, le plus matérialiste de talent, le plus indifférent aux choses morales, qui a traité presque pathologiquement, dans le plus célèbre de ses livres, le cas honteux de Madame Bovary. […] Il n’y a pas jusqu’au cochon de la légende, dans lequel le symbolisme profond du Moyen Âge voyait la personnification des vices de l’humanité qui traînent encore derrière le talon des plus saints dans leur sillon de lumière, où la légion des farceurs, qui est éternelle, ne vît je ne sais quelles sales et sottes analogies entre ce porc, gris ou noir, encapuchonné de ses oreilles et baissant humblement son groin vers la terre, et le moine qu’il accompagnait et qu’il fallait bien (histoire de rire !) […] Mais Flaubert écrit pour des hommes, et il a des défauts ennuyeux, malgré l’état troublé de son Saint qui lui permet tout et qui est tout aussi intellectuellement démantibulé qu’un fakir indien bourré d’opium. […] Les Saints font le bien pour le mal.
Et en même temps l’histoire sainte nous représente le monde comme jeune, eu égard à la vieillesse que lui supposaient les Chaldéens, les Scythes, les Égyptiens, et que lui supposent encore aujourd’hui les Chinois. Preuve bien forte en faveur de la vérité de l’histoire sainte. […] Ils renferment en même temps deux puissants arguments en faveur de la vérité du christianisme, qui dans l’histoire sainte ne présente aucun récit dont il ait à rougir. […] Ce sont ces premiers monarques du monde que désigne l’Écriture Sainte en les appelant patriarches, c’est-à-dire, pères et princes.
L’historien de Sainte Élisabeth de Hongrie préparait son grand travail sur les Moines d’Occident. […] C’est un ridicule sans doute que de ne pas être de son temps, de rêver du passé sans voir que les heures marchent ; mais ce ridicule avoisine une si sainte chose, la religion des souvenirs, qu’il vaut encore mieux renoncer à l’atteindre dans la crainte de mal porter ses coups. […] Est-ce Élisabeth de France qui parle, est-ce sainte Agnès ? […] Et parce que dans cette glorieuse lignée qui montre à son début un héros et un saint, Philippe Auguste et saint Louis, et qui, à la fin du dix-huitième siècle, semble au moment de disparaître dans le sang d’un martyr, Louis XVI, on a eu à déplorer le règne débauché de Louis XV, M. […] Son évêque Myriel, portrait et caricature à la fois de Mgr de Miollis, dont l’honorable neveu ajustement protesté au nom de la sainte mémoire de son oncle indignement travestie, n’est dans le plan de l’auteur que l’introducteur mitré du forçat libéré Jean Valjean sur la scène.
Quand le renard s’approche du corbeau, pour lui voler son fromage, il débute en papelard, pieusement et avec précaution, en suivant les généalogies ; il lui nomme « son bon père, dom Rohart, qui si bien chantoit » : il loue sa voix qui est si claire et si épurge. » « Au mieux du monde chantissiez, si vous vous gardissiez des noix. » Renard est un Scapin, un artiste en inventions, non pas un simple gourmand ; il aime la fourberie pour elle-même ; il jouit de sa supériorité, il prolonge la moquerie ; quand Tibert le chat par son conseil s’est pendu à la corde de la cloche en voulant sonner, il développe l’ironie, il la goûte et la savoure ; il a l’air de s’impatienter contre le pauvre sot qu’il a pris au lacs, l’appelle orgueilleux, se plaint de ce que l’autre ne lui répond pas, qu’il veut monter aux nues, et aller retrouver les saints. […] Cuidiez vous jà être si saint Que vous alliez avec les saints ?
» au peuple : « Il te faut marcher… en montrant la trique et les dents. » — « Pourquoi ne pas descendre des faubourgs en agitant vos bannières de charité, en avançant les reliques de vos saints légendairement fraternels, en imposant, dans les feux de l’ostensoir, le corps du Christ ? […] Le comte Karl de Cavanon n’est point un saint.
Cet air profane et distrait dans le maniement des choses saintes blessait le sentiment religieux de Jésus, parfois porté jusqu’au scrupule 609. […] De tout cela résulta autour du temple une sorte de cour de Rome, vivant de politique, peu portée aux excès de zèle, les redoutant même, ne voulant pas entendre parler de saints personnages ni de novateurs, car elle profitait de la routine établie.
C’est à Paris que s’impriment tous les journaux qu’on lit ; c’est à Paris que s’éditent tous les livres qu’on achète ; c’est le train de Paris que prennent obstinément tous les talents robustes et hardis ; Paris est la ville sainte, où toute royauté intellectuelle a besoin de se faire sacrer pour être reconnue et acclamée ; rien de beau, rien de grand, qui ne se fasse et ne se défasse à Paris… Tout pour Paris et par Paris ! […] * * * L’Académie des Jeux-Floraux — comme toute académie de province — devait apporter sa manifestation contre la Centralisation littéraire Qui produit tant de ravages, Qui pervertit le goût public, Qui n’enfante que des œuvres immorales, Qui danse irrévérencieusement sur les saines traditions et les saintes routines, etc., etc.
L’Histoire de Clément XIV, cette nouvelle histoire publiée par un prêtre élevé en dignité, consulteur des saintes congrégations de l’Index et du Saint-Office, préfet coadjuteur des archives secrètes du Vatican, traduite au même moment en trois langues différentes pour qu’elle ait son triple retentissement simultané, ce livre, qui fait bruit à Rome et qui fera probablement bruit dans le monde, n’est point, à coup sûr, un de ces livres qui naissent spontanément et sans dessein dans la pensée laborieuse d’un annaliste. […] L’empire du monde appartient aux doux , disent les saints livres.
On dira qu’il n’a pas non plus fait paraître lui-même sa Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte, ni ses Élévations sur les Mystères, ni sa Défense de la Tradition et des Saints Pères ? […] ou dans la Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte ? […] » Voyez encore ses sermons Pour la fête de tous les saints ou Pour le jour de Noël. […] En aucun temps, les opinions de Bayle n’ont rien eu pour lui de plus saint ni sacré que les opinions des autres. […] La question est assez délicate ; et, pour le moment, je ne sais pas encore si la cause du progrès était juste, était bonne, était sainte.