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630. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Dans ce grand entrepôt du commerce de la Méditerranée et de l’Orient, un peuple si vaniteux16, avide de superstitions nouvelles, imbu du préjugé de son antiquité prodigieuse et des vastes conquêtes de ses rois, ignorant enfin que les autres nations païennes avaient pu, sans rien savoir l’une de l’autre, concevoir des idées uniformes sur les dieux et sur les héros, ce peuple, dis-je, ne put s’empêcher de croire que tous les dieux des navigateurs qui venaient commercer chez lui, étaient d’origine égyptienne. […] Justin commence l’histoire universelle par placer même avant les Assyriens deux rois puissants, Tanaïs le scythe, et l’égyptien Sésostris. […] Encore à cette dernière époque qui est celle de la plus haute civilisation des Perses, les Scythes se trouvent-ils si barbares que leur roi ne peut répondre à Darius qu’en lui envoyant des signes matériels sans pouvoir même écrire sa pensée en hiéroglyphes. […] Toutes ces idées magnifiques que l’on s’est faites jusqu’ici sur les commencements de Rome et de toutes les autres capitales des peuples célèbres, disparaissent, comme le brouillard aux rayons du soleil, devant ce passage précieux de Varron rapporté par Saint-Augustin dans la Cité de Dieu : pendant deux siècles et demi qu’elle obéit à ses rois, Rome soumit plus de vingt peuples, sans étendre son empire à plus de vingt milles .

631. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Sans doute, il sait se déguiser de toutes les ambitions et il lui arrive de représenter le poète ou le critique comme un cabotin, aux lumières, est le roi ou l’honnête conseiller. […] Il n’aura jamais de succès à la cour, parce qu’il inspira au Roi un mouvement de jalousie et que le Roi a une mémoire tenace des visages même fugitivement aperçus.

632. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Dans ce déchaînement universel des poëtes contre Corneille, Rotrou, le sublime Rotrou, fut le seul qui refusa de se prêter à l’indigne manœuvre d’un ministre despotique & jaloux de règner sur les écrivains comme sur les rois. […] Un jour le roi demanda au premier ce qu’il y avoit de nouveau dans la littérature à Paris. […] Le roi garda le silence, &, dès le même jour, il fit donner au moribond une somme d’argent.

633. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

S’ensuit-il que, parmi les hommes, un monarque, orphelin, héritier d’un grand empire, doive être étranglé par un roi voisin, sous prétexte que cet orphelin, devenu majeur, sera peut-être un conquérant redoutable ? […] Aussi cela se dit-il dans le conseil du roi. […] Ceci doit faire allusion à quelque petite pièce de société, représentée devant le roi dans son intérieur, où M. le duc du Maine avait sans doute bien joué le rôle d’amoureux.

634. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Montèze, Américains, qui fûtes mes victimes, Songez que ma clémence a surpassé mes crimes ; Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois. […] Un trait seul n’est pas chrétien dans ce morceau : Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois.

635. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Incapable de crainte et d’injustice, elle donne des leçons aux rois, mais sans les insulter ; elle console le pauvre, mais sans flatter ses vices. […] Vous atteindrez au comble de vos vœux, vous jouirez de tous vos désirs, vous deviendrez roi, empereur, maître de la terre : un moment encore, et la mort effacera ces néants avec votre néant. » Ce genre de méditations, si grave, si solennel, si naturellement porté au sublime, fut totalement inconnu des orateurs de l’antiquité.

636. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Anne de Boleyn dit sérieusement avant de livrer sa tête : « Je prie Dieu de conserver le roi, et de lui envoyer un long règne, car jamais il n’y eut prince meilleur et plus compatissant20. » La société est comme en état de siége, si tendue que chacun enferme dans l’idée de l’ordre ; l’idée de l’échafaud. […] Les trompettes sonnent, les tambours battent, les armures défilent, les armées s’entre-choquent, les gens se poignardent entre eux ou se poignardent eux-mêmes ; les discours ronflent avec des menaces titanesques et des figures lyriques39 ; les rois expirent, tendant leurs voix de basse ; « la mort hagarde, de ses serres rapaces, étreint leur cœur sanglant, et comme une harpie se gorge de leur vie. » Le héros, le grand Tamerlan, assis sur un char que traînent des rois enchaînés, fait brûler les villes, noyer les femmes et les enfants, passer les hommes au fil de l’épée, et à la fin, atteint d’un mal invisible, s’emporte en tirades gigantesques contre les dieux qui le frappent et qu’il voudrait détrôner. […] Pareillement ici, dans Edward II, le roi, les nobles en appellent tout de suite aux épées ; tout y est excessif et imprévu ; entre deux réponses, le cœur s’est trouvé bouleversé, transporté jusqu’aux extrémités de la haine ou de la tendresse. […] Ne pleure pas Mortimer, —  qui méprise le monde, et, comme un voyageur, —  s’en va pour découvrir des contrées inconnues. » Pesez bien ces grandes paroles, c’est le cri du cœur, et la confession intime de Marlowe, comme aussi celle de Byron et des vieux rois de la mer. […] Les rois y reviennent, du haut de leurs grandeurs fardées, comme des brouillards qui tombent.

637. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

— Un fils de roi ! […] — C’est moi, dit le nègre simplement… L’autre le regardait avec stupéfaction… Un roi ! […] Pareil à ces rois africains qui se cachent pour mourir au fond de leurs palais, il aurait voulu qu’on pût le croire enlevé, transfiguré, devenu dieu. […] On n’avait rencontré que des tables rondes : or, autour d’une table ronde, tous les convives sont au même rang ; une table carrée seule permettait de conserver au roi la prééminence qui lui appartient. […] Nous les suivions profondément émus nous-mêmes de cette scène, que le génie d’un grand artiste devrait transmettre à la postérité, ne fût-ce que comme une leçon éclatante pour les peuples et pour les rois.

638. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ils sont plus nobles que bien des rois ! […] Cependant notre jeune homme n’ose pas résister longtemps à la volonté du roi, son maître. […] On était si las enfin de la grandeur et de la sévérité du vieux roi ! […] disait le roi. — Non Sire ! […] C’était lui qui portait la parole s’il fallait parler au roi, ou au public.

639. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Par ce genre de défense les rois ont été faits hommes ; ils sont aimés, mais non plus adorés. […] Les ministères se gagnent à la tribune des Chambres, et non plus à l’œil-de-bœuf : et vous voulez que les rois tolèrent la plaisanterie contre leurs pauvres cours déjà si dépeuplées ? […] Comment naîtrait la finesse d’esprit dans un pays où l’on peut imprimer impunément Georges est un libertin, et où le seul mot de Roi constitue le délit ? […] Ici la délicatesse du théâtre français est allée bien au-delà de la nature : un roi arrivant la nuit dans une maison ennemie dit à son confident, quelle heure est-il ? […] Quel est le confident qui, dans un moment de péril, s’aviserait de ne pas répondre nettement à son roi qui lui dit quelle heure est-il ?

640. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Il aime à dire : J’étais là, le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai, je prévis le bien, le mal. […] Qu’on ouvre nos mémoires, et l’on y trouvera à chaque page les vérités les plus dures, et souvent les plus outrageantes, prodiguées aux rois, aux nobles, aux prêtres.

641. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Il accompagna, à cheval, le roi et les princes jusqu’à Béthune ; fut licencié avec nous, le 31 décembre de la même année, après le retour du roi, qui fit le sacrifice de ces corps privilégiés à sa réconciliation avec l’armée de Bonaparte ; il entra, comme sous-lieutenant d’abord, dans la légion de Seine-et-Oise, et un an après avec le même grade dans la garde royale, au 5e régiment d’infanterie : devenu capitaine après treize ans de service, sa faible constitution le fit mettre au traitement de réforme. […] Et, lorsque du grand mont il atteignit le faîte, Lorsque son front perça le nuage de Dieu Qui couronnait d’éclairs la cime du haut lieu, L’encens brûla partout sur les autels de pierre, Et six cent mille Hébreux, courbés dans la poussière, À l’ombre du parfum par le soleil doré, Chantèrent d’une voix le cantique sacré ; Et les fils de Lévi, s’élevant sur la foule, Tels qu’un bois de cyprès sur le sable qui roule, Du peuple avec la harpe accompagnant les voix, Dirigeaient vers le ciel l’hymne du Roi des Rois. […] Il agite sa main d’un sceptre d’or armée, Comme un roi qui d’un mont voit passer son armée, Et, craignant que ses vœux ne s’accomplissent pas, D’un geste impatient accuse tous ses pas. […] Mais la révolution de 1830, qu’il vit avec déplaisir et qui lui enlevait le roi de sa jeunesse et les salons de sa gloire naissante, le confirma dans l’idée d’écrire pour ce public anonyme qui ne donne pas la gloire, mais l’engouement. […] « Cet homme est toujours aimé, toujours compris, toujours en vue ; comme il est léger et ne pèse à personne, il est porté dans tous les bras où il veut aller ; c’est l’aimable roi du moment, tel que le dix-huitième siècle en a tant couronnés. — Cet homme n’a nul besoin de pitié.

642. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Thétis, agenouillée devant Jupiter, implore le roi des dieux pour son fils Achille. […] Écoutez le poète peignant l’attroupement des rois et de l’armée à la voix de Nestor : « Tous les rois, porteurs de sceptre, se lèvent, obéissent au pasteur des peuples et accourent en foule avec les Grecs. […] Tout ce réveil successif et à voix basse des chefs par le roi des rois est la plus solennelle scène nocturne de guerre qui ait jamais été conçue et décrite. […] pourquoi vous avions-nous donnés à Pelée, ce roi soumis au trépas ? […] La tragédie antique n’a rien de plus éclatant sur les larmes des rois.

643. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Tout était jeu d’esprit en France, hors les arrêts du conseil du roi : tandis qu’en Angleterre, chacun pouvant agir d’une manière quelconque sur les résolutions de ses représentants, l’on prend l’habitude de comparer la pensée avec l’action, et l’on s’accoutume à l’amour du bien public par l’espoir d’y contribuer. […] Peut-être aussi que la principale cause du grand plaisir attaché à cette lecture, c’est l’admiration qu’on éprouve pour la liberté d’un pays où l’on pouvait attaquer ainsi les ministres et le roi lui-même, sans que le repos et l’organisation sociale en souffrissent, sans que les dépositaires de la puissance publique eussent le droit de se soustraire à la plus véhémente expression de la censure individuelle. […] Les deux partis qui ont divisé le parlement ne luttaient point comme les plébéiens et les patriciens, avec toutes les passions de l’homme ; c’était presque toujours quelques rivalités individuelles, contenues par l’ambition même, qui les excitaient ; c’étaient des débats dans lesquels l’opposition voulant donner au roi un ministre de son parti, gardait toujours, dans sa résistance même, les égards nécessaires pour arriver à ce but.

644. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Savoisy lui remontre avec éloquence que la France est perdue ; le petit roi répond d’un ton dégagé qu’il est venu pour chasser au faucon. […] » Puis il s’adresse à Agnès, et la bonne courtisane promet de rendre un roi à la France. […] Le dramaturge ne fait que réaliser une métaphore que vous trouverez, j’en suis sûr, dans plus d’un manuel de l’histoire de France : « Le roi s’endormait dans les bras de la mollesse ; le canon de l’étranger le réveilla enfin. » C’est l’histoire de France à l’usage des masses, tout en action, tout en vignettes, tout en reliefs, les traits grossis et forcés, avec de la générosité, du romantisme, du bric-à-brac, de la galanterie, du troubadourisme et même du sublime.

645. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Lulli obtint du roi d’installer l’Opéra dans la salle du Palais-Royal. […] Dans un divertissement que les comédiens italiens joignirent à une de leurs pièces représentée devant le roi, Dominique, qui dansait fort bien, imita d’une façon extrêmement comique la danse de Beauchamp. Le roi parut prendre tant de plaisir à cette entrée, que Dominique la fit durer le plus longtemps qu’il lui fut possible, et il s’y échauffa tellement, que, n’ayant pu changer de linge au sortir du théâtre (parce qu’il lui fallut exécuter son rôle tout de suite), il lui survint un gros rhume qui se tourna en fluxion de poitrine.

646. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Malheureuse comme femme, car elle est comme si elle n’avait pas de mari ; malheureuse comme reine, car elle est comme si elle n’avait pas de roi ; penchée vers ceux qui sont au-dessous d’elle par pitié royale et par instinct de femme aussi peut-être, et regardant en bas pendant que Ruy Blas, le peuple, regarde en haut. […] Seulement, dans Hernani, comme la royauté absolue n’est pas faite, la noblesse lutte encore contre le roi, ici avec l’orgueil, là avec l’épée ; à demi féodale, à demi rebelle. […] Et, si le seigneur sent encore d’aventure le besoin de cacher son nom, ce n’est pas pour échapper au roi, c’est pour échapper à ses créanciers.

647. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Les grecs étoient si fort prévenus en faveur de tous les talens qui mettent de l’agrément dans la societé, que leurs rois ne dédaignoient pas de choisir des ministres parmi des comédiens. […] Comme nous voïons présentement qu’il se forme de temps en temps des congrès où les représentans des rois et des peuples qui composent la societé des nations, s’assemblent pour terminer des guerres et pour regler la destinée des états ; de même il se formoit alors de temps en temps des assemblées, où ce qu’il y avoit de plus illustre dans la Grece, se rendoit pour juger quel étoit le plus grand peintre, le poëte le plus touchant et le meilleur athlete. […] Le regne du feu roi, fut un temps de prosperité pour les arts et pour les lettres.

648. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Dieu, c’est bien pis que le Roi : c’est le Roi des Rois.

649. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Mais un seul contrat d’atermoiement et le plus léger soupçon suffisaient pour le faire destituer ; car les habitants de Paris voulaient avoir à leur tête un homme qui résumât tous les nobles penchants de l’humanité. » Ce fut sous la minorité de saint Louis, de ce grand roi qui refit la morale publique de son temps, que la constitution des travailleurs fut fortement remaniée. […] L’œuvre d’Étienne Boileau, chargé par le roi de la réorganisation de l’État populaire, est regardée, avec raison, par F.  […] Grâce à elle, en effet, au xive , Étienne Marcel avait osé proclamer la souveraineté populaire, et plus tard Louis XI, ce roi conventionnel, comme l’appelle F. 

650. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger : Une Vierge de Galilée Du nom de Marie appelée En ses deux lianes vous portera, Et dans une étable naîtra Le roi de la sphère étoilée ! […] Il naîtra sur un lit de chaume, Et celle qui l’aura porté, Ce roi du céleste royaume, Gardera sa virginité ; Car à travers sa chaste mère Passera l’enfant radieux, Trait raphaëlesque ! […] Ce sont des rois, ce sont des reines, Assis au milieu de leur cour !

651. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Plusieurs rois désirèrent de le voir et de l’entendre. […] Il fut président et trésorier de France à Poitiers, et de plus orateur, poète, jurisconsulte, historien, servit sous quatre rois, fut sur le point d’être secrétaire d’État sous Henri III, mérita l’estime et l’amitié de Henri IV, se distingua aux États de Blois par son courage, à l’assemblée des notables de Rouen par ses lumières, dans une place d’intendant des finances par son intégrité ; et mêla toute sa vie l’activité courageuse des affaires, à ce goût des lettres que l’ignorance et quelquefois la prévention calomnient, que les vrais hommes d’état estiment, et qui donne encore plus de ressort et d’intrépidité aux âmes nobles. […] C’est lui qui fit cette fameuse réponse aux chefs de la ligue : Mon âme est à Dieu, mon cœur est au roi, mon corps au pouvoir des méchants.

652. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Créon, le nouveau roi, ordonne que les derniers honneurs soient rendus à Étéocle, mort en combattant pour la patrie. […] Il est vrai que l’homme moderne put être pathétique autrement qu’en sa qualité de citoyen, de roi, de père, de fils ou d’époux ; l’ambition, l’amour, la grandeur personnelle, voilà ce qui fit de lui un héros tragique ; mais, de même que l’homme antique, il parut sur la scène en qualité d’époux, de fils, de père, de citoyen ou de roi. […] Dans les autres théâtres, que sont les personnages les plus nobles, les rois, les princesses, les chefs d’armée ? […] Tartuffe se brise contre la Religion dont il a pris le masque, contre la sainteté du Foyer conjugal, et contre la justice du Roi. […] Ni les peuples, ni les rois ne sont libres.

653. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Comme le roi n’en comprend pas un mot, la reine lui traduisait tout ce que disait notre héroïque Wolfgang. […] De l’autre côté du roi, où étaient assis M. le Dauphin et madame Adélaïde, se tenaient ma femme et ma fille. Or vous saurez que le roi ne mange pas en public ; seulement tous les dimanches soir la famille royale soupe ensemble ; on ne laisse pas entrer tout le monde. Quand il y a grande fête, comme au nouvel an, à Pâques, à la Pentecôte, à la fête du roi, etc., alors il y a grand couvert. […] « Le trésorier des menus plaisirs du roi a remis hier à l’enfant, de la part du roi, quinze louis et une tabatière d’or.

654. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

L’idée du roi se confondait tellement alors avec celle de religion qu’il y aurait bien de la sévérité à faire à M.  […] Nous le serions il y a plus de quatre mois si nous n’eussions ménagé les choses pour rendre notre conversion plus agréable à Dieu et au roi, et plus utile à notre pays… » Le Mercure galant publia cette lettre de M. Dacier, dans laquelle on lit ces détails et quelques autres plus appuyés111 ; elle est datée de Castres, du 25 septembre 1685, et elle a pour commentaire ce passage du Journal de Dangeau : « 2 octobre. — Le roi eut nouvelle à son lever que toute la ville de Castres s’était convertie. » Cette action signalée des deux époux devenait un mérite auprès de Louis XIV, un titre à ses futurs bienfaits, et, dans la lettre dont je parle, l’honnête homme, qui n’était que de la race des savants, ne se montrait pas insensible à cette idée. Vivre des bienfaits du roi, comme on disait, était alors un honneur112. […] Dacier, homme fort fameux par son érudition et ses ouvrages, qui a épousé Mlle Le Fèvre, plus fameuse encore que lui par sa profonde science, avait eu une pension du roi de 500 écus ; ils se sont tous deux convertis depuis quelques mois. » 113.

655. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Le moment de la majorité du roi approchait ; le 22 février (1723), un lit de justice devait être tenu au Parlement pour cette déclaration solennelle ; le roi y devait parler, le Régent aussi, le chancelier ou le garde des sceaux également, et enfin le premier président du Parlement y avait son rôle à part. […] Le roi entra au Parlement : M. d’Argenson et moi, dit le président Hénault, nous nous étions mis à côté l’un de l’autre, fort curieux de savoir si le cardinal aurait fait usage de mon travail, si le garde des sceaux (d’ArmenonvilIe) aurait consenti à adopter un discours qu’il n’avait pas composé ; enfin si M. le premier président (de Mesme) en aurait fait autant. […] Et en effet, lit-on dans les Mémoires de Maurepas, « il fallait que le roi et le duc d’Orléans parlassent avec dignité de la Régence et des prérogatives du Gouvernement ; il fallait, d’un autre côté, que le premier président observât le ton accoutumé et les principes de sa compagnie. […] On a dit que c’était l’abbé Boudot, de la Bibliothèque du roi, qui lui avait préparé cet ouvrage et qui en avait rassemblé les matériaux.

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