Être distingué, dans ce temps, c’est un inconvénient… Quand l’envie de l’égalité abaisse les lettres vers le commun où tout le monde peut se rencontrer, quand Victor Hugo lui-même, pour être populaire, aplatit son talent qu’il aurait dû respecter, s’aviser de montrer dans le sien de la distinction est un début bien imprudent pour un jeune homme.
On lui trouve aussi de ces raisonnements vagues et subtils qui se rencontrent si souvent dans Corneille ; et l’on sait combien ce langage est opposé à celui de la vraie éloquence.
N’étais-tu pas avec moi quand nous le rencontrâmes dans le jardin du temple de Kâma ? […] Après avoir couvert d’injures un religieux qu’il a rencontré dans ses jardins, il lui dit : « Reste là, il faut que je prenne conseil. — De qui ? […] Or Maud a rencontré (aux bains de mer, je crois) un Nanjac qui s’appelle Maxime de Chantel. […] Nos principaux personnages se rencontrent dans un des salons réservés du docteur Guénosa. […] Ce type, assez nouveau, commence à se rencontrer.
Bertrand les a rencontrés en Afrique. […] Ils se rencontrent. […] Puis, au long de sa route d’exil, peu s’en est fallu qu’il ne rencontrât l’un des siens ; mais on s’écarte de lui, et il est seul. […] Le voyageur mystérieux que deux hommes avaient rencontré sur le chemin d’Emmaüs prit leur allure de pauvres hommes pour qu’ils pussent le suivre. […] Un jour, le peintre James Tissot, qui avait illustré l’Évangile, rencontra M.
J’avais autrefois rencontré à Heidelberg, encore obscur, mais déjà rempli de vastes desseins, celui qui devait être M. […] En Grèce, les divers éléments de la nature humaine se rencontrent comme dans l’Orient ; ils y sont, mais sous une nouvelle condition, sous la condition du caractère général de l’esprit grec, qui est le mouvement. […] Pour rencontrer de nouvelles histoires de la philosophie qui aient un caractère différent et décidé, il faut arriver à de nouvelles écoles philosophiques. […] Maintenant passez le Rhin, que rencontrez-vous en Allemagne ? […] Ainsi à Leipzig et à Waterloo ce sont deux causes qui se sont rencontrées, celle de la monarchie paternelle et celle de la démocratie militaire.
Mais Jodelle et Garnier l’avaient imité aussi, et cependant leur plume n’avait jamais rencontré rien qui approchât de ce ton. […] Sylvie Les œillets et les lys se rencontrent ici. […] Il est peut-être moins difficile aux rares génies de rencontrer le grand et le sublime que d’éviter toute sorte de fautes. […] Aussi ne reste-t-il pas longtemps sans rencontrer une bonne fortune. […] S’il eût donné pour corps à cette idée une action intéressante, il eût rencontré un nouveau succès, au lieu d’une chute.
Aujourd’hui donc, certains individus apparaissent comme des centres où se sont rencontrées des séries de phénomènes jusque-là parallèles ou divergentes : par exemple la série jansénisme a rencontré dans Racine la série tragédie. […] Il y a des genres qui évoluent pendant des siècles sans rencontrer un chef-d’œuvre : il y en a d’autres où les chefs-d’œuvre se multiplient en peu d’années. […] Et nos Français les y rencontraient ; ou bien d’Avignon ils se laissaient aller à pousser quelque pointe dans le royaume, parfois jusqu’à Paris. […] Mais là, nous rencontrons le genre où Montchrétien est supérieur : c’est la poésie religieuse. […] C’était la forme qu’un art primitif et encore simple dans ses procédés devait d’abord rencontrer nécessairement.
Nous y rencontrions, fort souvent, Monseigneur, en promenade avec son grand vicaire. […] C’est qu’il a rencontré son âme. […] « c’est là, c’est à Rome que j’ai rencontré Marie-Dorothée, marquise Gianelli ». […] C’est à Rome que son héros a rencontré la marquise Gianelli. Où l’eût-il rencontrée ?
Elle se contente donc de dire d’abord, que soit que je l’aye suivi, soit que la conformité des vûës m’ait fait rencontrer avec lui, je ne fais presque que répéter les mêmes critiques : mais perdant bien-tôt de vûë cette alternative si judicieuse, elle n’en adopte plus dans la suite de son livre que le membre injurieux qui me fait regarder comme un servile copiste. […] Ce seroit un grand préjugé d’erreur contre moi, si j’avois blâmé des choses qui n’auroient blessé personne ; au lieu que c’est un préjugé de raison de m’être rencontré avec les censeurs d’Homere sans les avoir lûs. […] Telle pensée qu’ils entendent tous les jours en françois sans y prendre garde, les frappe, les enleve, s’ils viennent à la rencontrer dans un auteur grec. […] Nous n’avons que l’exemple des auteurs estimez ; mais comme on veut toûjours qu’ils ayent bien dit, on applique à toutes leurs expressions l’idée la plus juste que le sens demandoit ; de sorte que quand ils n’ont pas rencontré, ils nous égarent d’autant plus de la connoissance de leur langue, parce que nous faisons de leurs erreurs mêmes autant de régles. […] Il comparoit tout haut les vers d’Homere avec les miens, en me félicitant du bonheur de ma traduction, tandis que sans nier, ni sans décéler mon ignorance sur le grec, je m’applaudissois en secret d’avoir rencontré assez juste pour lui paroître le sçavoir.
Il méprisait profondément les journaux, ne manquait jamais de se découvrir lorsqu’il rencontrait dans une « gazette » le nom d’un membre de la famille royale, et n’avait cependant pas complètement échappé à l’influence de Rousseau. […] On lui donna Don Quichotte, qui le calma, sans le corriger de l’idée que la vie ressemble à la forêt enchantée où les quatre fils Aymon rencontrèrent leurs aventures merveilleuses. […] C’est quelque chose dont je n’avais pas l’idée, que je ne croyais rencontrer nulle part, et surtout là. […] De retour à Paris, il la rencontra elle-même, son inoubliable, dans le couloir des Italiens. […] Ils rencontraient des vers dont le réalisme franc et savoureux répondait aux besoins nouveaux de leur esprit, et ils étaient non moins frappés de la sincérité des sentiments.
» Il faudrait remonter jusqu’à Pascal pour rencontrer des pages d’une telle envergure, faites d’un pareil tremblement. […] Les raisonnements issus de méthodes à ce point dissemblables ne se rencontrent pas et n’engendrent que des malentendus. […] De là, sans doute, la froide impersonnalité que l’on rencontre quelquefois, et que l’on s’étonne de rencontrer chez le plus subjectif de nos écrivains. […] Son noble visage exprimait un dégoût profond tandis qu’il prononçait cette phrase brutale. » « Qu’espérez-vous donc rencontrer dans cette redoutable région des sens où vous vous engagez sous prétexte d’aimer, sinon le péché avec son infinie tristesse ? […] Leurs conceptions se rencontrent comme se rencontrent, au versant d’une montagne, deux voyageurs, dont l’un monte et l’autre descend.
Mais les jours de grande effronterie, nous entrions résolument dans les cours, dans les enclos, et la phrase qu’il fallait dire, à ceux que l’on rencontrait, était : « Nous désirons savoir si l’on est sage chez vous. […] Je n’ai jamais contrôlé cette affirmation, qui ne me laissa pas le moindre doute, et, aujourd’hui encore, je ne serais pas très tranquille, si je me rencontrais, vêtue de bleu, avec des dindons. […] Je ne croyais pas beaucoup aux fées, en tout cas, je ne les redoutais guère et je me sentais de force à tenir tête même à la fée Carabosse, s’il m’arrivait de la rencontrer. […] Ils évitaient, cependant, de se faire part de leurs impressions, quand ils se rencontraient au théâtre. […] Pour rencontrer tout le monde, il faudrait venir un dimanche.
Purgon, qui, à force d’être bien peint, devient général ; eh bien, voilà maintenant des types généraux qui ne sont pas seulement des types généraux ; ils deviennent des êtres concrets, en chair et en os, et que, si vous avez voyagé, vous n’avez jamais pu rencontrer que dans les lieux d’où les fait venir Molière lui-même. Ils ne sont pas de la province, ils sont d’une province ; vous ne rencontrerez jamais M. de Pourceaugnac, si vous n’allez pas le chercher à Limoges, dans le Limousin et dans le centre de la France, tant la vérité vraie a été saisie et embrassée d’une manière complète dans ce personnage fondu et jeté d’un seul jet dans le moule. […] Mais, ces exceptions une fois établies, c’est évidemment aux hommes, à nous, qu’il appartient par nature d’être lettrés, érudits, savants, géomètres, jurisconsultes ; et aux femmes, suivant l’heureuse et juste expression de Molière, qui n’en a guère rencontré de plus heureuses, « d’avoir des clartés de tout ». […] ——— Hérodote raconte sérieusement qu’il existe dans une partie reculée de l’Afrique des hommes à tête de chien, et Marco Polo a rencontré en Chine des ingénieurs modestes. […] ——— J’ai lu je ne sais où qu’un philosophe indien rencontra un jour une échelle.
Alors on se promene sans crainte de rencontrer le soleil ; & des musiques de toutes parts viennent charmer les oreilles, & faire resonner les échos. […] Notre original gagne Nantes, croyant enfin rencontrer un autre climat, comme si dans le rapide trajet de l’Anjou dans la Bretagne, il y avoit plusieurs degrés de différence. […] Le prince le rencontra dans une ville d’Allemagne, & le reconnut. […] Il est sans doute une beauté réelle indépendante de ces considérations ; mais il est si rare de la rencontrer, qu’il n’y a presque dans tous les écrits, que des beautés factices, soumises conséquemment aux opinions, comme aux préjugés. […] Tout cela vient d’un tourment d’esprit, me dit un original que je rencontrai dans ma promenade.
René Ghil, pour leur donner un avant-goût de tous ceux dont ils sont appelés à éditer, en des volumes de science rigoureuse, les incommensurables vanités… *** Hier, j’ai rencontré M. […] Lockroy… Quand, après des années d’absence, il nous rencontrait, l’anecdotique et abondant Galapiat, il vous disait toujours, en sirotant son absinthe : — Ah ! […] Il y a quelques mois, je le rencontrai sur le boulevard de Clichy. […] Mais il faut s’attendre aux plus étonnants événements… L’autre jour, j’ai rencontré une femme qui revendique plus encore. […] Et je me souviens que, quelques jours après la publication de mon livre, je rencontrai un de ces vaudevillistes… bon enfant… mais avec qui il ne faut pas plaisanter… Il était sincèrement indigné, et il me dit : — Ah !
En l’an 16 de l’hégire, le chef arabe Fadilah rencontra un vieillard qui lui dit que par l’ordre de Jésus il restait en vie jusqu’à son avènement ; il s’appelait Zerib, fils d’Élie85. […] Il prétendait faire croire que son héros avait été vu récemment en Allemagne, et signaler des lieux où on l’avait rencontré ; il ne pouvait rendre cette histoire admissible qu’en ajoutant qu’il n’avait fait que passer dans chacun de ces lieux ; il était donc indiqué de substituer à la vie paisible et retirée de Cartaphilus la vie agitée et vagabonde d’Ahasvérus. […] Le cadre dans lequel il le rencontra et le rôle qu’il lui vit jouer conviennent admirablement à la figure tourmentée de ce grand pécheur puni pour sa dureté de cœur, mais repentant et devenu secourable et pitoyable à tous, en même temps qu’ils nous présentent une scène comme il s’en passait souvent à cette époque. […] Très jolie variante dans la version suisse : « Quand il sortit par la porte de la ville, il rencontra Notre Dame : — « Adieu, Vierge pure ! […] Il serait mort alors vers 1030, et il y aurait eu bien longtemps, au xive siècle, qu’il n’aurait pu être rencontré par des « simples » et pris pour Jean Boutedieu.
C’est en 1267 que le jeune dominicain Pierre, né dans l’île de Gothland, et étudiant monacal à Cologne, rencontra pour la première fois Christine. […] Les gens s’arrêtaient un instant devant ces simulacres ou les saluaient en passant, ainsi que font encore les paysans qui rencontrent un calvaire ou une Vierge. […] que la chair est triste) et je n’en ai pas rencontré un seul qui m’apprît quelque chose de nouveau, quelque chose qu’ignorerait un homme qui a vécu et qui a regardé la vie des autres hommes. […] De ceux qui vivent sur le Parnasse en solitaires ou en libres vagabonds, je ne m’occupe pas ; vous n’êtes pas exposé à les rencontrer dans le monde où vous devez évoluer ; c’est toute une littérature, l’Autre Littérature, dont il est malséant même de parler. […] « Et Hugo continua, poursuivant son idée : « — Si Byron n’avait parlé qu’anglais il n’aurait rencontré partout que des gens qui ne l’auraient pas compris ; car, en dehors des Anglais, qui connaît cette langue absurde ?
Or c’est dans les Natchez, œuvre d’apprentissage, que se rencontrent toutes les périphrases bizarres, toutes les métaphores étranges et parfois ridicules sur la foi desquelles trop de gens se sont habitués à condamner Chateaubriand sans pousser plus loin leur enquête. […] En poésie Lamartine a rencontré un maître après lequel il reste le plus grand ; en prose il n’a que peu d’égaux et pas de supérieur. […] D’ailleurs c’est le caractère des vrais et grands génies de notre temps de s’être montrés profondément dévoués à l’art et aux hommes, caractère qui ne s’était jusqu’alors rencontré que dans Shakespeare. […] Par moments nous pensons le revoir ; nous nous attendons à le rencontrer, plein de verve et d’éloquence soudaine, essayant ses idées sur son interlocuteur, improvisant ses chapitres, causant ses livres. […] Le retour triomphal des cendres de l’Empereur ne rencontra dans les Chambres que de rares contradicteurs, parmi lesquels Lamartine, comme nous l’avons déjà dit, prophète en cette occasion.
M. de La Mennais, en un récent écrit, d’où l’on tirerait des pensées assurément plus gracieuses, a dit : « Je n’ai jamais rencontré de femme en état de suivre un raisonnement pendant un demi-quart d’heure. » Voilà qui est bien dur, et qui sent la rancune. […] Une minute, une seconde seulement à l’instant du départ, à cinq heures du matin, dans le court intervalle qui sépare le seuil du couvent et le marchepied de la chaise de poste, le jeune homme va l’entrevoir enfin et la rencontrer ; mais un mouchoir qu’elle porte à ses yeux, le mouvement même que lui cause l’émotion de la présence de l’ami, la dérobe peut-être, et remplit l’unique instant.
On en rencontrerait jusque dans l’Esprit des lois ; il y en a d’énormes, concertées et compassées, au milieu des Lettres persanes. […] « Je rencontrais à Paris les d’Alembert, les Marmontel, les Bailly chez les duchesses ; c’était un immense avantage pour eux et pour elles… Quand un homme chez nous se met à faire des livres, on le considère comme renonçant également à la société des gens qui gouvernent et des gens qui rient… À la vanité littéraire près, la vie de vos d’Alembert et de vos Bailly était aussi gaie que celle de vos seigneurs. » (Stendhal, Rome, Naples et Florence, 377, récit du colonel Forsyth.)
Mais l’étrange chose, et faite pour plonger nos consciences d’honnêtes gens, respectueuses des catégories sociales, dans des abîmes de scrupule, l’étrange chose qu’on puisse se demander laquelle en somme valut le mieux de ces deux âmes, et si ce n’est pas dans les profondeurs troubles de celle du ribaud qu’on aurait chance de rencontrer le plus de noblesse morale ! […] Commynes est un intellectuel, espèce rare alors, et c’est bien la première fois que nous rencontrons ce type pur.
Remarquons d’abord qu’un contraste de ce genre doit forcément se rencontrer, plus ou moins accusé, dans toute tragédie. […] Cela semble peu ; mais ce peu, je me demande s’il s’est rencontré une autre fois.
C’est alors qu’elle rencontra, dans la troupe de Bruxelles, le comédien Valmore, de son vrai nom Prosper Lenchantin. […] L’âge d’abord : M. de Marcellus aurait eu trente-cinq ans quand il rencontra notre amie.
Au dernier moment pas tout à fait au dernier moment, mais presque à l’époque des grandes fêtes de Vaux qui ont été non seulement l’occasion, mais la cause de la ruine de Fouquet, La Fontaine rencontra à Vaux Molière, et ce fut le coup de foudre, je ne sais pas d’autre mot pour indiquer à quel point l’un et l’autre se reconnurent immédiatement. […] Ils se seraient rencontrés sur le chemin, d’Herwart et lui, et d’Herwart lui aurait dit : « J’allais vous chercher !
Il me semble que sur cette route on rencontrerait bien des obstacles. […] Il aurait fini par rencontrer la vérité sur cette route s’il n’avait pas été abusé par une première erreur, qui a été le fondement des autres, l’erreur de croire à un état de nature qui aurait précédé la société.
On est au cœur de l’hiver ; l’opération peut rencontrer des difficultés très grandes, et Joubert n’est pas homme à se les dissimuler : elles sont présentées avec des alternatives de crainte, même d’accablement, puis tout à coup des reprises d’ardeur et d’espérance, dans des lettres charmantes et naïves (sauf quelques lauriers qu’il craint de voir changer en cyprès ; c’était le style du temps).