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1230. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

En quelques païs le souverain a été obligé d’exciter par des actes publics le peuple devenu protestant, à prendre les mêmes divertissemens les jours de dimanche après le service, qu’il prenoit bien avant que le culte religieux y eut été changé avec la confession de foi, sans qu’on l’y exhortât.

1231. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

À cela près de l’orthographe religieuse qu’elle a un peu trop étudiée dans ce mauvais livre suisse du Vicaire savoyard, qui est son curé, elle sait tous les genres d’orthographes, et l’orthographe littéraire et l’orthographe philosophique, cette vertueuse et prude femme en littérature, qui a étudié ses auteurs jusqu’en leurs virgules et leurs points.

1232. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Il y a pis pour un homme que de ne pas savoir gravera à l’eau-forte ou sur acier la vignette historique de l’anecdote ; il y a pis que l’absence d’esprit et de talent : c’est l’absence complète d’idées nobles, élevées, religieuses.

1233. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Pour peu qu’il eût remonté dans l’histoire, il y aurait vu paraître, pour s’éclipser et reparaître encore, la puissance d’opinion religieuse qui s’oppose à la frénésie du point d’honneur et qui la balance.

1234. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Ce qui importe, et ce qui nous attriste dans ce livre, c’est la méconnaissance profonde de tout ce qui est religieux, — de tout ce qui est plus pratique et plus puissant que de la physiologie et de l’idéal pour faire des filles fidèles et heureuses ; car elles seraient résignées, le seul bonheur qu’on puisse se créer ici-bas !

1235. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il n’a forfait ni à sa foi religieuse, ni à sa foi politique, qui n’étaient pour lui qu’une même foi.

1236. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Car, tel il était, cet homme si bien de race française, quoique sa famille fût réfugiée depuis trois siècles en Suisse et que trois cents ans de protestantisme l’eussent défrancisée, mais qui reparaissait française dans son dernier descendant, dans la personne de ce brillant esprit, de ce sceptique élégant du xviiie  siècle, qui a fait sur les Religions un livre bien français dans son insuffisance et dans sa légèreté religieuse !

1237. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

En descendant des idées religieuses aux idées littéraires, Cazotte avait publié son Diable amoureux et mouillé la lèvre de l’imagination contemporaine d’un philtre qui n’avait pas, dans la coupe de l’enchanteur français, une bien grande magie, mais dont la saveur excitait et préparait à des saveurs plus pénétrantes… Au Nord comme au Midi, l’Europe, dégoûtée de matérialisme et de littérature positive, avait soif de surnaturel, la vraie poésie.

1238. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Il répète ce qui a été dit mieux… C’est l’apologie des Ordres Religieux qu’on ne pourra jamais trop faire, quand on la fera bien ; mais cette apologie nouvelle est sans nouveauté.

1239. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury, lorsqu’il nous fit l’histoire de Madame Louise de France, la fille de Louis XV, — cette rachitique qui ne l’était pas, — et dont il expliquait, quoiqu’elle fût une adorable femme d’esprit, la sainteté et la bêtise — deux faits, selon lui, congénères, — par le charriage d’un sang immonde et vicié à travers les plus pures veines qui aient jamais étendu leur réseau autour d’un corps virginal… Il procédait par les pustules chimériques de la religieuse Louise de France, pour arriver à la chimérique folie de son divin Maître.

1240. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne !

1241. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Il ne pouvait pas être uniquement le pur imagier des temps convaincus, et il a écrit son histoire comme on écrit l’histoire en nos époques de critique et de décadence, où la grandeur religieuse devient de plus en plus incompréhensible.

1242. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Voilà les raconteurs de la vie publique de Calvin, — de ce dur commissaire de police religieuse, dont je n’ai pas de mal à dire, car j’aime les commissaires de police, et qui tint Genève sous sa griffe pendant des années, mais dont l’action énergique, le croira-t-on jamais ?

1243. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Religieuse envers et contre toutes les philosophies qui l’ont dépravée, la sienne est tellement altérée de la soif du dieu personnel, appelé par lui le dieu inconnu, qu’il en fait incessamment bomber l’idée concrétisée sur le fond voyant de son panthéisme oublié.

1244. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Sous une forme moins religieuse, moins auguste, moins sacerdotale, et surtout plus impatiente, c’est aussi un peu la mélancolie du Moïse de Vigny : Seigneur, vous m’avez fait puissant et solitaire !

1245. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

la Madeleine et la femme adultère pardonnée ne sont pas pour rien dans nos Évangiles, et la religieuse qui assista Alfred de Musset à la mort n’est pas pour rien dans son histoire.

1246. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Tout y est, rien n’est oublié de l’inventaire épique de la civilisation espagnole au moment de la mort de la grande Isabelle la Catholique et de l’invasion de cette sacrée soif de l’or qui s’empara alors de la militaire et religieuse Espagne, et qui la jeta, après l’avoir dépravée, comme un vampire, sur le Nouveau Monde.

1247. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Quand il est parlé du ciel dans ses ouvrages, La Fontaine n’est ni païen, ni chrétien, ni religieux, ni impie ; il est là ce qu’il fut partout : le bonhomme, qui ne pouvait pas pécher tant il était bonhomme, et qui, pécherait-il, disait sa servante, serait pardonné !

1248. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Il se précipita de son zénith sans discussion, sans cabrement devant l’abîme, et il sombra nettement, d’un trait, la tête en bas, tombant à pic dans ses Chants patriotiques et religieux, — et je ne dirai point à plat ; car il sembla trouer la place où il tomba pour mieux s’y ensevelir et y disparaître.

1249. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

C’est la fierté des grandes races tombées et qui meurent comme le Gladiateur antique, sur la poussière de tout, mais dans la splendeur de l’attitude ; c’est le dévouement à la famille féodale dans un cœur simple et religieux demeuré fidèle ; c’est l’amour de l’épouse qui résiste à la puissance maternelle en lui demandant pardon de lui résister ; et, par-dessus toutes ces noblesses, qui s’opposent les unes aux autres et par leur collision produisent le mal de la vie, l’innocence de l’enfance, et son charme, venant à bout du stoïcisme le plus altier.

1250. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

La terre où le sentiment chrétien a tant de ferveur, où la règle religieuse a tant de puissance, est aussi le pays où, comme dans l’Asie et dans l’Europe chrétienne des premiers siècles, l’esclavage domestique, la vente, l’asservissement physique de l’homme sont encore maintenus.

1251. (1894) Critique de combat

  Le problème qui se pose à nous tous dans le domaine des affaires publiques a trois faces principales : il est politique, social, religieux. […]   Mais nous arrivons à la question religieuse, qui est pour vous la grosse, l’essentielle question du jour. […] La grande cornette, qui voltige comme un papillon blanc sur le front des religieuses, n’est point pour vous effaroucher. […] Zola-Prudhomme s’est senti, paraît-il, des démangeaisons de revenir à la foi religieuse, comme si une bombe était un argument théologique ! […] Faguet constate qu’en France, avec l’affaiblissement des idées religieuses, une lumière s’est éteinte.

1252. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il a conservé jusqu’à la fin le goût des choses religieuses. […] L’auteur du livre a l’âme éminemment religieuse. […] Beaucoup de choses religieuses : des églises, des prières, des cantiques, des processions. […] De la famille à laquelle il appartient il a reçu par hérédité une âme religieuse. Il transporte dans l’amour ce besoin d’absolu qui est une notion religieuse ou tout au moins métaphysique.

1253. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Car, par essence, il n’est bien et dûment qu’un moyen d’édification religieuse. […] Même sans sortir de la France, qui donne, il est vrai, le branle à tant de mouvement, nous aurions mille moyens de nous renseigner tout à la fois sur la vie du temps et sur ses croyances religieuses. […] En définitive, même dans les drames sacrés, tout ce qui n’est pas l’expression directe d’une vérité religieuse manque d’élévation. […] Sans cesser d’obéir à l’inspiration religieuse du Moyen-Âge, ils acceptent de l’antiquité l’idéalisme de la forme ; le réalisme douloureux du christianisme militant et souffrant cède la prééminence au triomphant idéalisme du christianisme victorieux et épanoui. […] Il est piquant de voir monter en chaire l’auteur de Francion, celui de La Religieuse, ou tout autre païen, pour enseigner expressément.

1254. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

L’art religieux, qui prétend représenter les choses du ciel, est-il inférieur ou supérieur à l’art purement esthétique, qui s’en tient aux choses de la terre ? […] L’art religieux est voué à l’anthropomorphisme. […] Il doit au sentiment religieux quelques-unes de ses plus hautes inspirations, et de magnifiques élans vers l’idéal. […] Émile Mâle, Art religieux du xiiie  siècle en France. […] Une société, dit-il, ne réussit à s’affranchir, dans une certaine mesure, de la tyrannie des conventions, que lorsqu’elle est profondément renouvelée par l’infusion d’un sang étranger ou par de grands mouvements philosophiques et religieux.

1255. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Sur un antre creusé dans un énorme rocher, s’il s’élève une montagne, cette profonde, immense, obscure cavité ne vous frappera-t-elle pas d’une terreur religieuse ? […] Les sentiments religieux à part, quelle est celle d’entre nos femmes à qui l’on pourrait dire : Vous ne sauriez cesser de souffrir ? […] Il s’y montre sous une multitude de formes diverses : il est érudit, naturaliste, philosophe, historien, moraliste, religieux, sans s’écarter de son sujet. […] « Les cérémonies religieuses ne sont que des frivolités consolantes pour une âme malade. […] Un très-grand concours de personnes distinguées ont assisté à cette cérémonie religieuse ; des aumônes considérables ont été distribuées… » — Serait-ce encore une burlesque parade que cela ?

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