Sans nous faire juges nous-mêmes dans notre propre cause, il nous semble que, rien qu’à y regarder simplement, il est plus d’un siècle, souverain pour elle, où elle aurait eu incontestablement le prix, où elle aurait, d’un consentement unanime, gagné la couronne ; et, lors même qu’elle est primée par de plus grandes et de plus hautes productions étrangères, elle a encore de quoi consoler et honorer sa défaite par bien des grâces qui sont à elle et à elle seule. […] Bernier regarde tout près d’un pilier ; Là vit sa mère étendue et couchée, Sa tendre face étendue et couchée ; Sur sa poitrine vit brûler son psautier. […] J’ai entendu regretter que lorsque cette poésie française rajeunissante essaya, vers les années 1820-1830, de remonter par-delà Malherbe, de regarder à son passé, de se rattacher aux ancêtres et de ressaisir un souffle de la Renaissance ou du moyen âge, nos poètes modernes aient négligé ces vieux monuments, et ne s’y soient pas directement inspirés et ralliés, au lieu de se borner à des poètes du xvie siècle, à Ronsard et à ses contemporains de la Pléiade, et de s’arrêter ainsi à mi-chemin, — au quart du chemin. […] Voilà donc la récolte faite ; les greniers sont pleins, les vergers sont dépouillés ; glaneurs et moissonneurs sont assis à regarder, comme sur la fin d’une journée de labeur.
On ne regarde pas de tels êtres, on se détourne quand ils passent ; tout au plus on en rit, et on en vit, comme des paysans leurs compagnons d’attelage ; mais on passe vite ; ce serait encanailler la pensée que de l’arrêter sur de pareils objets. — Au défaut des instincts nobiliaires les répugnances physiques suffisaient à l’en détourner. […] Quand on a trop longtemps regardé l’homme, on ne souhaite plus le regarder. […] Elle marche pieusement, posant avec précaution le pied sans faire bruit, les yeux demi-fermés, observant tout, sans avoir l’air de rien regarder.
Il reconnut la vérité du principe qu’il avait déjà suivi précédemment dans ses recherches : de ne considérer les faits isolés que comme une partie de la chaîne des grandes causes et des grands effets généraux qui sont en rapports intimes et découlent les uns des autres, dans les seuls laboratoires de la nature ; il reconnut qu’il faut trouver le fil conducteur dans cette sorte de labyrinthe d’une variété infinie, et que, partant, il ne faut pas regarder avec indifférence le fait isolé et ce qui nous paraît petit, mais plutôt apprendre à voir le grand dans le petit, le tout dans la partie. […] Il y a huit jours que cela dure.” » XV L’avènement du nouveau roi au trône ne changea rien à la situation culminante de Humboldt : les princes regardaient ce vieillard comme une pierre précieuse dont ils ornaient leur trône. […] Mais partout où il se montre, il reçoit les témoignages de la considération générale ; souvent le passant s’écarte avec précaution, dans la crainte de troubler les pensées de cet homme vénéré ; l’homme vulgaire lui-même le regarde attentivement, et dit à l’autre : “C’est Humboldt qui passe.” […] Mais, en attendant, regardons-le vivre les longs jours que Dieu lui avait destinés.
L’ouvrage se compose de quatre parties, divisées elles-mêmes en livres : La première partie traite des Dogmes et de la doctrine ; La seconde développe la Poétique du Christianisme ; La troisième continue l’examen des Beaux-Arts et de la Littérature dans leur rapport avec la Religion ; La quatrième traite du Culte, c’est-à-dire de tout ce qui concerne les cérémonies de l’Église et de tout ce qui regarde le Clergé séculier et régulier. […] Jure, tandis que je te presse sur mon cœur, jure que c’est la dernière fois que tu te livreras à tes folies ; fais le serment de ne jamais attenter à tes jours. » « En prononçant ces mots, Amélie me regardait avec compassion et tendresse, et couvrait mon front de ses baisers ; c’était presqu’une mère, c’était quelque chose de plus tendre. […] « Mon père ne l’habitait plus ; j’arrivai au château par la longue avenue de sapins ; je traversai les cours désertes ; je m’arrêtai à regarder les fenêtres fermées ou demi-brisées ; le chardon qui croissait au pied des murs, les feuilles qui jonchaient le seuil des portes, et ce perron solitaire où j’avais vu si souvent mon père et ses fidèles serviteurs. […] Toute la communauté était inconsolable, et l’on y regardait Amélie comme une sainte.
Si l’on ne regardait que l’apparence, on aurait là le spectacle unique d’un genre débutant par son chef-d’œuvre. […] Mais si nous regardons la France du xie siècle, tout est vrai : les armes, les costumes, les mœurs, les sentiments. […] Il ne regarde pas la nature : de ce merveilleux décor pyrénéen, qu’il n’a pas vu du reste, quelles vagues et maigres phrases tire-t-il pour encadrer la mort de Roland ! […] On aurait une idée de la façon dont s’organisent les cycles, si l’on regardait cette vingtaine de poèmes qui forment la geste de Guillaume.
J’aurais mieux fait de passer ce temps à regarder les signes gravés sur l’obélisque de Louqsor ; car du moins l’obélisque est proche d’un fort beau jardin, et il est rose, d’un rose adorable, au soleil couchant… Si les vers que j’ai cités n’ont pas plus de sens que le bruit du vent dans les feuilles ou de l’eau sur le sable, fort bien. […] Chose inattendue, ce poète, que ses disciples regardent comme un artiste si consommé, écrit par moments (osons dire notre pensée) comme un élève des écoles professionnelles, un officier de santé ou un pharmacien de deuxième classe qui aurait des heures de lyrisme. […] N’y regardez pas de trop près, « Les aimés que la vie exila », cela veut-il dire « ceux pour qui la vie fut un exil », ou « ceux qui ont été exilés de la vie, ceux qui sont morts » « L’inflexion des voix chères qui se sont tues », qu’est-ce que cela ? […] Sans doute une des portes de la salle donne sur l’étable où sont les vaches et le cheval, et, dans l’obscurité, des pailles luisent parmi la litière… Mais, tandis que la voix parle, le poète, complètement abruti, regarde d’un air effaré une guêpe qui bourdonne autour de son verre. « N’aie pas peur, lui dit sa compagne : des guêpes, il y en a toujours dans cette saison.
Le spectateur veut bien ne pas regarder de trop près aux moyens dont se sert le poète pour faire rencontrer ses personnages au même lieu et dans le même temps ; mais il ne consent ni à s’intéresser à plusieurs personnages à la fois, ni à s’intéresser médiocrement au principal. […] Il fallait ou céder au charme tout à fait, ou savoir mieux s’en défendre ; et puisque la Harpe regardait aux fautes jusqu’à les compter, il eût pu se montrer meilleur gardien de la langue et de la logique, sans rabaisser cette charmante création. […] N’y regardons pourtant pas de trop près. […] A mesure que je m’éloigne des défauts, les beautés m’apparaissent, et, dans ce lointain où je les regarde une dernière fois, il me semble voir un monde ingénieux de personnages brillants, animés, éloquents, et au-dessus de toutes ces figures, dont plus d’une est indécise, une tête charmante et immortelle, Zaïre, et une tête sacrée, que les anciens appelaient l’épouse et la mère, Mérope.
. — « Elle regarde par la fenêtre et gémit, — elle crie à travers le grillage : — Pourquoi son char tarde-il à venir ? […] Au même instant, un épervier s’est rué sur lui, et il lui déchirait la tête de ses ongles, et l’aigle se laissait faire, engourdi d’effroi. — Présage redoutable ; l’aigle figurait l’emblème et l’âme même de la Perse ; elle s’était personnifiée dans l’oiseau sublime qui seul pouvait fixer le soleil, regarder son Dieu face à face. […] Ils croisent les bras, ils adorent, prosternés devant le suaire qui l’enveloppe, comme devant le rideau de pourpre qui le voilait, les jours d’audience, aux yeux de sa cour. — « Je crains de te regarder, je n’ose te parler, l’antique respect me retient. » — Darius les dispense du cérémonial, en roi d’outre-tombe qui sait ce que vaut la fumée des hommages terrestres. — « C’est à ta prière que je viens d’en bas ; parle donc, et brièvement ; laisse là le respect. » Mais les vieux serviteurs se replongent dans leur vénération et dans leur néant, ils n’osent regarder fixement ce soleil couché. — « Je crains de t’obéir, je crains de te parler.
Sa tête et le port de sa tête rappelaient trait pour trait en femme celle de l’Apollon du Belvédère en homme ; on voyait que sa mère, en la portant dans ses flancs, avait trop regardé les dieux de marbre. […] Cette première impression me resta toujours ; elle était pour moi sur un piédestal, isolée dans son génie ; je la regardais d’en bas, il faut regarder d’en haut ce qu’on aime. […] XXI On s’étudia, dans cette idée, à multiplier pour le comte d’Artois les rencontres avec la jeune personne qu’il paraissait regarder avec une prédilection toute paternelle.
Ce que je regarde ici comme une dégénération dans les langues est regardé par Smith comme une simplification, et, par conséquent, comme un perfectionnement ; car s’il trouve que l’abstraction soit nécessaire à la première formation des langues, c’est par l’abstraction encore que les cas et les conjugaisons, selon lui, parviennent à se simplifier. […] Que l’on se souvienne de ce que nous avons dit plus haut sur la difficulté d’inventer le langage sans l’écriture, et l’on sentira tous les inconvénients du système de l’invention du langage pur l’homme : mais ce système une fois rejeté, les cordonnets des anciens Égyptiens, si semblables aux quipos des Péruviens, peuvent, avec raison, être regardés comme le premier pas de l’invention de l’écriture. […] La voici : « Les langues du nord de l’Europe n’avaient à l’origine que deux temps simples, le présent et le passé, et elles manquaient de futur ; tandis que les langues de l’Asie occidentale, qui paraissent originaires de l’Afrique, manquaient de présent, n’ayant également que deux temps simples, le passé et le futur. » M. de Bonald, frappé de cette anomalie qu’il a crue particulière à la langue hébraïque, langue qu’il regarde comme fidèle expression de l’homme, M. de Bonald a dit fort bien : « Le temps, pour l’homme civilisé, toujours agité de regrets et de désirs, le temps n’est jamais qu’au passé et au futur. » Mais M.
Ils le vantaient outrageusement, croyant par là se l’attacher, quoiqu’il ne ressemblât nullement aux gens de ce temps à compères, qui cultivent les journaux et composent leurs salles de spectacles avec un talent supérieur à leurs pièces… Toute leur vie, ils l’avaient regardé comme un gros canon de leur arsenal, un gros canon qui — politiquement — n’avait pas tiré encore, mais qui tirerait, à coup sûr. […] … Leur valeur comme historiens, qui devaient faire avant tout l’Histoire de France et de la Révolution française, a été considérablement diminuée pour avoir dédaigné de regarder dans le fond de cette France qui avait pourtant sa vie propre, comme Paris la sienne… Pour leur peine, ils peuvent s’appliquer maintenant le mot effroyablement prophétique de Blücher : « La France mourra du cancer de Paris » ; car leurs histoires, aussi, en meurent ! […] Je ne perds pas la mienne à la regarder. […] Les libres penseurs qui le regardaient comme un des leurs, et qui se moquent, depuis des siècles, avec l’esprit qu’on leur connaît, de cette grande bêtise catholique du péché originel, que nous avons, nous autres idiots, l’imbécilité d’admettre, mais qui pensent, malgré tout, comme nous, que le déshonneur du père déshonore toujours un peu l’enfant, ont été blessés dans le fond de leur âme quand M.
M. de Tocqueville parlait bien et très bien, quoi qu’il en dise ; il lui manquait, pour être décidément un orateur, la force des organes, les moyens d’action, et aussi, selon sa juste expression, il écoutait ses idées, plus qu’il ne les versait ; il avait un geste familier par lequel il s’adressait à lui-même et à son propre front plutôt encore qu’à ses auditeurs : il regardait son idée. […] Nous qui avons passé le meilleur de notre jeunesse au gré de notre imagination, dans les jeux de la poésie et de l’art, nous devons, ce me semble, y regarder à deux fois, quand nous nous mêlons de vouloir mesurer et discuter des esprits constamment sérieux, qui se sont occupés sans relâche et passionnément des grands intérêts publics.
Enfin regardez sur l’atlas l’Autriche, autrefois dominatrice, aujourd’hui réduite à des proportions peut-être trop exiguës dans le midi de l’Allemagne, éventrée par la Prusse, disloquée par la Hongrie, agitée par la Galicie, inquiétée par la Bohême, tiraillée par vingt nationalités éteintes qui veulent vivre seules sans avoir la force de vivre, appuyée sur son armée seule dont les contingents peuvent être à chaque crise rappelés par leurs provinces natales, et réfugiée sur le Tyrol, son dernier boulevard, réduite par son rôle à être empire de montagne, à être demain ce qu’était hier le faible monarque de Piémont. Regardez plus haut, voyez dans cette Allemagne méridionale ce grand vide laissé par l’Autriche sur la carte politique du monde occidental : qu’est-ce qui le remplira, si vous avez l’imprévoyance de décomposer l’Autriche, votre boulevard ?
Faut-il pourtant regarder comme inutile ce rattachement de certaines qualités de l’œuvre à certaines capacités de l’auteur ? […] Mais elle suggère toujours à qui sait regarder les faits des conjectures utiles sur leurs causes probables.
» Regardons de près d’autres personnages fameux alors. […] Qu’on regarde au contraire la fin du xive siècle ou du nôtre.
Exister, c’est sourire du présent, c’est regarder l’avenir par-dessus la muraille. […] La salle est comble, la vaste multitude regarde, écoute, aime, toutes les consciences émues jettent dehors leur feu intérieur, tous les yeux éclairent, la grosse bête à mille têtes est là, la Mob de Burke, la Plebs de Tite-Live, la Fex urbis de Cicéron, elle caresse le beau, elle lui sourit avec la grâce d’une femme, elle est très finement littéraire ; rien n’égal les délicatesses de ce monstre.
Il peut donc arriver que les neveux rejettent enfin comme une erreur des dogmes philosophiques, que leurs ancêtres auront regardez long-temps comme la verité, et qu’eux-mêmes ils avoient cru tels sur la parole de leurs maîtres. […] Ainsi un homme sage peut très-bien se soulever contre des principes de chymie, de botanique, de physique, de médecine et d’astronomie, qui durant plusieurs siecles auront été regardez comme des veritez incontestables.
D’ailleurs, il est très-rare que les figures qu’on regarde comme rélatives en deux langues, y puissent avoir précisément la même valeur. […] Les mots que la necessité fait regarder comme synonimes ou comme rélatifs en latin et en françois, n’ont pas toujours la même proprieté ni la même étenduë de signification, et c’est souvent cette proprieté qui fait la précision de l’expression, et le mérite de la figure dont le poëte s’est servi.
Il a eu sa statue taillée par l’Opinion dans un à peu près sublime ; mais la médaille qu’on regarde de près, la médaille précise, nette et profondément fouillée, qui donne profondément le génie d’un homme, je ne la vois dans aucune main. […] Pour le dire, il aurait fallu une âme passionnée, vaillante et fière qui eût regardé l’opinion de ses contemporains bien en face et qui eût dit : « Va te coucher !
On a laissé passer, sans y regarder, toute sa philosophie de l’homme et de l’histoire. […] Immobile, il regardait au loin, laissant dans le fourreau, d’un air d’insouciance altière, son sabre enrichi de pierreries.
Il a compté sur le clou pour faire regarder le tableau. […] M. de Lacretelle est encore plus un cockney de républicanisme qu’un admirateur du génie de Lamartine, et peut-être ne le regarderait-il pas comme un si grand poète, s’il n’était pas républicain.
après y avoir regardé, nous nous le demandons encore. […] Que M. l’abbé Théobald Mitraud se tienne donc pour averti, — et, s’il a réellement un système, un second volume dans la pensée, qu’il en surveille l’expression et qu’il ne le lance dans le monde qu’après y avoir regardé !
C’est par les vitraux de couleur à travers lesquels Hugo a toujours regardé la nature que Monselet la contemple. […] Mais le mal est moins la calomnie que l’idée qu’il a eue qu’en se comparant à Louvet il ne se calomniait pas… A force de regarder le xviiie siècle, son regard moral s’est troublé.
Pour les besognes intellectuelles, il faut regarder faire les hommes. » Dites donc cela aux bas-bleus ! […] Et de fait, il faut bien en convenir, elle a très souvent de la profondeur, cette passionnée, même quand elle regarde ailleurs que dans son cœur et dans l’autre cœur où elle vit.
Nous dormirions sur des duvets plus mous que des nuées, nous boirions des boissons froides dans des écorces de fruits et nous regarderions le soleil à travers des émeraudes. […] Nous regarderions les fakirs ouvrir leurs paupières au soleil et les jongleurs charmer les reptiles en jouant de la flûte. […] Du bruit, des cris ; le taureau furieux, regarde, hésite, se précipite. […] Où l’œil se plaisait à regarder des coteaux riches et verdoyants, on ne voit plus que des plantations bouleversées et des cavernes hideuses. […] C’était, sans le vouloir, toujours lui qu’on regardait.
Le romancier-historien la regarde, cette anecdote. […] Et s’il regarde l’épée immuable avec amour, pourquoi donc détourne-t-il ses yeux de l’immuable croix ? […] Je la regarde. Je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue. […] Décor de misère, mais, tout de suite, à regarder Dupré, à l’écouter, ce décor se transformait !