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1942. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

« Qu’il ne prouve pas, qu’il enchante ; qu’il file la soie de son sein, qu’il pétrisse son miel, qu’il chante son propre ramage, il a son arbre ; qu’a-t-il besoin de citations et de ressources étrangères ? 

1943. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Que l’imagination populaire ait été puissamment excitée par les événements dont les Carolingiens furent les acteurs plus 0u moins glorieux, qu’elle ait transformé leur histoire à sa mode en un vaste corps de traditions poétiques, ce qu’on sait communément des chansons de geste le prouve assez.

1944. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

La politique propre d’Oresme tient en ce seul mot : le roi serviteur de l’État ; et cela suffit à prouver, en dépit de tous les contresens qu’il a pu faire dans ses traductions, que pour l’essentiel il a bien lu Aristote.

1945. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Nos Académies gardent à ce sujet un profond silence, d’autant que j’ai mis au jour leur erreur si étrange au sujet de l’aplatissement de la terre aux pôles qu’ils ont conclu de ce qui prouve son allongement, je veux dire de la grandeur même des degrés polaires.

1946. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Bedloe, on se rappelle de quelle façon équivoque celui-ci, ayant raconté que dans une vision opiacée il s’était vu tomber mort, refusa de répondre quand on lui fit remarquer qu’il venait de prouver l’inanité de son hallucination.

1947. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

On a argué d’un premier incendie du quartier Bruchion où était la bibliothèque alexandrine, pour prouver la facilité de ces accidents ; celui-ci était de la faute de Jules César, autre sabre ; puis d’un second incendie, partiel, du Sérapéum, pour accuser les chrétiens, ces démagogues d’alors.

1948. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Cette vérité, que j’essaye de prouver par le raisonnement, est démontrée d’ailleurs par l’exemple et par la transformation progressive de la poésie moderne.

1949. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

C’est intéressant à connaître, au moins comme supposition assez probante ou à moitié prouvée, comme vous voudrez.

1950. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Ce qui le prouve, c’est que chaque partie apparaît au joueur avec une physionomie qui lui est propre.

1951. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Je ne t’en suis pas moins reconnaissante, tu m’as prouvé que je n’étais pas complètement abandonnée. […] Cela prouve à quel point le charme des femmes est chose subjective, dirait un métaphysicien. […] je ne pourrais pas même le revoir, Tout ce qui m’est permis, c’est d’être telle qu’il veut que je sois ; c’est d’expier par le sacrifice une vie dont il m’a fait connaître la honte ; c’est de lui prouver que je n’étais point tout à fait indigne qu’il s’abaissât vers moi. […] Il va jusqu’à dire : « S’il est prouvé que le bonheur du monde exige que nous disparaissions, j’espère que mon fils acceptera dignement le sacrifice… J’ai le pressentiment que l’heure est proche. » En somme, il est aimé, il aime ; il pense avec plus de liberté qu’autrefois ; il est beaucoup moins malade ; et il est bien près de se trouver heureux. […] Il va parler enfin, il faut qu’il parle ; il en est tout pâle de détresse… Et nous partageons son angoisse, nous sommes pris, bien pris, ce qui prouve que la « scène à faire » est faite, et très bien faite.

1952. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Ce maître styliste a prouvé par son exemple qu’il n’est pas nécessaire d’écrire mal pour sentir, pour voir et pour savoir. […] Et il serait facile de prouver, par des extraits de ses confessions, qu’il fut aussi naïf, aussi aimable, aussi noble que les héros de ses romans. […] Il vous accueille, vous reconnaît, vous le prouve par un mot, vous écoute, suit la conversation sans rien dire… Son intelligence, comme ces feux endormis sous la cendre, ne fait que sommeiller sous le poids des années et l’amas de douleurs, de calomnies et de gloire que la vie a amoncelés sur elle. […] Les exemples abonderaient pour le prouver. […] , on me permettra bien de me prouver à moi-même que je suis peut-être capable d’un sentiment désintéressé.

1953. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

De mémoire scrupuleusement aidée de document à tout instant, tels seront mes Souvenirs — où le tout s’allégera aussi du passant sourire de l’Anecdote, mais complémentaire d’états d’âme — et ainsi, avec quelques lettres rares et quelques extraits devenus assez amusants de la presse d’alors, que les « Dates et les Œuvres » prouvent par elles-mêmes, de véracité et de suggestion. […] Jusqu’à nouvel ordre, ils ont l’air convaincu, et le mal qu’ils se donnent semblerait prouver qu’en effet la conviction leur est venue peu à peu. […] Les œuvres du Groupe philosophique-instrumentiste prouvent par leur diversité évidente en l’universalité évidente, que tel programme n’est pas pour l’avilissement et la mort des personnalités, mais pour une vie hardie et nouvelle. » Au sommaire, les noms principaux de Stuart Merrill, Emile Verhaeren, Albert Mockel, Georges Knopff, Mario Varvara. […] Et ainsi, les personnages dont la passion meut directement le drame s’expriment en vers, d’autres en prose diversement rythmée  d’aucuns en une langue voulûment vulgaire… (Il est utile de rappeler en ces temps-ci de recherches avoisinantes, cette propriété réalisante d’Abel Pelletier)…   Mais soucieux de prouver qu’ils ne détruisent point pour détruire, et de dire en leur orgueilleuse sincérité où ils avaient reconnu une puissance de construction, en ce même numéro d’août les deux Couturat (Gaston Moreilhon et George Bonamour) publiaient une Etude de soixante-quinze pages (M.  […] Mais personne ne sentit, ne comprit aussi complètement que Stéphane Mallarmé l’apport poétique du poète des Fleurs du mal ses poèmes de dix années le prouvent, mais le mode d’art et de penser dont il poussera à l’extrême les possibilités et dont il se sacrera, le Symbole  il l’a reçu et conçu de Baudelaire.

1954. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Forts de l’autorité de Newton, qui a quelque part traité la poésie de « niaiserie ingénieuse », les géomètres demanderont bientôt ce que « prouve » une tragédie ? […] 3º Les Œuvres. — En dehors de ses Romans, de son Louis XI, et de ses Considérations, on a de Duclos : 1º Un certain nombre de Mémoires dans le Recueil de l’Académie des inscriptions, dont les deux plus importants sont relatifs à l’Origine et les révolutions des langues celtique et française ; — une édition annotée de la Grammaire de Port-Royal, 1754, et imprimée d’après un nouveau système d’orthographe ; — la Préface de la 4e édition du Dictionnaire de l’Académie, 1762 ; 2º Des Mémoires secrets sur les règnes de Louis XIV et de Louis XV, qui n’ont paru qu’en 1791 ; et dont l’intérêt a beaucoup diminué depuis la publication de ceux de Saint-Simon ; 3º Des Considérations sur l’Italie [1766-1767], également publiées pour la première fois en 1791 ; 4º Un Essai sur les corvées, 1759, et des Réflexions sur le même sujet, 1762, qui sont bien du même auteur, sans qu’il soit d’ailleurs absolument prouvé que cet auteur soit Duclos. […] Qu’aussi bien les doctrines de Chénier sont entièrement conformes au caractère de son œuvre, comme le prouvent — ses protestations contre « l’anglomanie » : Les poètes anglais……………………………… …………………………………………………… Tristes comme leur ciel toujours ceint de nuages Enflés comme la mer qui blanchit leurs rivages, Et sombres et pesants ; ………………………… et bien mieux encore la quatrième de ses Épîtres à Le Brun ; — ou encore son Poème de l’Invention ; — dont il faut dire que les leçons sont exactement celles de Boileau ; — mais d’un Boileau « plus libre » ; et surtout plus instruit ; — qui s’intéresserait à plus de choses, — et peut-être aussi d’un Boileau moins bourgeois. — Comparaison à cet égard du Poème de l’Invention avec l’Art poétique ; — et avec la Défense et illustration de la langue française [Cf. notamment vers 299-390]. — Bien loin de voir en Chénier le « premier des romantiques », il faut donc reconnaître en lui le « dernier des classiques » ; — et s’il eût vécu, la direction de la littérature n’en eût peut-être pas été tout à fait modifiée ; — parce que la pente était d’ailleurs trop forte ; — mais c’est assurément en lui que les disciples et les imitateurs littéraires de Rousseau eussent trouvé leur plus redoutable adversaire.

1955. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

« Est-ce pour prouver que Voltaire est un grand poëte et Zaïre une pièce touchante, ou bien que le mot de philosophe n’est pas exactement le synonyme de septembriseur ? 

1956. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

. — Mme de Longueville ne put jamais comprendre que l’on pût faire une démonstration de cette égalité de cheveux, et soutint toujours que la seule voie de la démontrer était de les compter. » Ceci nous prouve que Mme de Longueville, qui avait tant de rapports en délicatesses et démangeaisons d’esprit avec Mme de Sablé, était bien différente d’elle en ce point ; Mme de Sablé aimait et suivait les dissertations, et en était bon juge ; mais Arnauld n’aurait pas eu l’idée de faire lire la Logique de Port-Royal à Mme de Longueville, pour la divertir et tirer d’elle un avis compétent.

1957. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Alphonse répondit de sa propre main au cardinal Albano une lettre que nous possédons, et qui prouve assez que le séquestre mis sur les papiers et sur les poésies du Tasse à Ferrare, n’avait d’autre objet que d’en prévenir la destruction par les mains d’un insensé, dans un de ses accès de mélancolie.

1958. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Nous ne croyons que ce qui se prouve, nous ne sentons que ce qui se touche ; la poésie est morte avec le spiritualisme dont elle était née ; et ils disaient vrai ; elle était morte dans leurs âmes, morte dans leurs intelligences, morte en eux et autour d’eux.

1959. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

La vie mondaine et l’Astrée Si d’Aubigné n’a rien pu contre Malherbe, si même il sert à prouver par ses défauts et son échec la nécessité des principes de Malherbe, faut-il s’étonner que ni les colères gothiques de la demoiselle de Gournay, ni les illogiques emportements de Régnier, ni les capricieuses indépendances de Théophile n’aient pu enrayer le mouvement ?

1960. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et il se prouvera avec la même évidence, tantôt dévoué, chevaleresque, tantôt égoïste et brutal.

1961. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Ils ne sont pas toujours les plus laborieux ; comme il leur est permis de produire peu, ils sont enclins à une certaine nonchalance ; ils laissent volontiers leurs facultés naturelles s’arrêter au demi-talent des amateurs ; mais en revanche ils peuvent se payer le luxe d’une indépendance de pensée qui décèle leur sécurité et d’un raffinement de forme qui prouve leur loisir.

1962. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

La comparaison du texte de 1868 avec celui de 1874 prouve l’emploi de ce procédél.

1963. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

La Science, qui est la prétention des vieux peuples, viole ici l’art, sous prétexte de vérité, et elle prouve, par la plume de ceux qui proclament le Naturalisme le dernier mot de la littérature (et il pourrait bien l’être, en effet !)

1964. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire !

1965. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leurs ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. » « Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire.

1966. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Mais, outre qu’on pourrait dresser une liste presque aussi longue pour Corneille, qu’est-ce que cela prouve, si c’est toujours la même tragédie, si tous ces fantoches, des Babyloniens aux Américains, paraissent avoir les mêmes mœurs et parlent la même langue, et si cette langue est médiocre, quand elle n’est pas insupportable ? […] prouvent la candeur de celles où il n’en a pas, où il paraît donner dans la rhétorique. […] Peut-être aussi notre hésitation venait-elle, non pas de ce que la pièce ne prouve rien (ce qui est le droit strict d’une œuvre dramatique), mais de ce que, ne prouvant rien, elle a l’air de prouver quelque chose sans qu’on voie bien nettement ce qu’elle veut prouver. […] Mais cela ne prouve point l’insincérité de nos dégoûts, ni que le pessimisme soit toujours un jeu.

1967. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

» Et alors, voyant Edwige bousculée par son père et folle de douleur (elle se figure, la pauvre petite, qu’elle est une enfant trouvée), Grégers, dans sa monomanie de purification et de rapprochement des âmes par le sacrifice, conseille à la fillette de tuer elle-même son canard pour prouver à son père sa tendresse filiale. […] Cela posé, le meilleur moyen de prouver que la pièce d’Ibsen est intelligible, c’est de la raconter. […] Cela prouve simplement qu’il y a diverses sortes de « libertins » et d’esprits forts, comme il y a différentes qualités de chrétiens. […] Et jamais peut-être il ne l’a plus entièrement ni plus allègrement prouvé que dans Nos Intimes.

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