Mais c’est comme écrivain, comme romancier, que nous l’a livré M. de Maistre ; aux éditeurs friands qui lui demandaient encore un Lépreux ou quelque Prisonnier du Caucase, il répondait : Prenez du Töpffer. […] Pourtant l’influence de Jean-Jacques sur lui fut immense, et, à cet âge de seize à vingt ans, elle prit dans son âme tout le caractère d’une passion. […] Töpffer prit l’habitude de se dédommager par la plume de ce que lui refusait le pinceau. […] Le grand prêtre de l’art, qui ne dédaignait rien d’humain, y prit goût et voulut voir les autres : tous les cahiers à la file se mirent en route pour Weimar, Goëthe en dit un mot dans un numéro du journal Kunst und Alterthum. […] Un malin désir le prend, il lance une pierre dans la mare et réveille du coup les trois heureux troublés.
Se promenant un jour sur le port, pour prendre le frais, il est invité par un jeune matelot de bonne mine, à choisir de préférence son bateau pour aller faire un tour en mer. […] « Quand j’ai été rappelé à l’antiquité, j’ai cherché à en prendre l’esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables. […] « Les mesures qu’il prit furent justes. […] Il prit les mœurs des Perses, pour ne point désoler les Perses, en leur faisant prendre les mœurs des Grecs. […] Alexandre prit des femmes de la nation qu’il avait vaincue ; il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi ; le reste des Macédoniens suivit cet exemple.
C’était en même temps la plus haute qu’ils pussent prendre. Un titre pris du lieu où ils habitaient, de Paris, par exemple, en eût dit trop peu. […] Les plus notables, Chapelain et Patru, ont plus d’une fois tenu la plume ou pris la parole au nom de l’Académie. […] Il faut parler de ces choses avec réserve, et ne pas prendre feu, par un excès de délicatesse littéraire, contre la pensée qui a inspiré ces changements. […] N’ai-je pas pris plus de soin de ne point m’offenser des jugements désavantageux qu’on peut faire de moi, de supporter l’indifférence ?
C’est quand la tradition s’affaiblit dans la seconde moitié du IIe siècle que les textes portant des noms d’apôtres prennent une autorité décisive et obtiennent force de loi. […] Considérant Jésus comme l’incarnation de la vérité, Jean ne pouvait manquer de lui attribuer ce qu’il était arrivé à prendre pour la vérité. […] Toute cette histoire qui, à distance, semble flotter dans les nuages d’un monde sans réalité, prit ainsi un corps, une solidité qui m’étonnèrent. […] Plusieurs regretteront peut-être le tour biographique qu’a ainsi pris mon ouvrage. […] Ce sentiment d’un organisme vivant, on n’a pas hésité à le prendre pour guide dans l’agencement général du récit.
En d’autres termes, une idée est un système de sensations et d’appétitions à l’état naissant ; c’est une direction plus ou moins consciente que prend la vie sensitive et appétitive, c’est comme un courant mental ; d’autre part, l’idée a constamment pour expression au dehors une direction que prennent les vibrations cérébrales, un courant cérébral qui en est la réalisation plus ou moins complète. […] Le problème de la psychologie peut alors prendre cette forme : — Comment les phénomènes sont-ils donnés à une conscience ? […] C’est ce ressort que le psychologue prend à tâche d’étudier. […] Il s’agit donc de savoir si, dans l’émotion et l’appétition, notre conscience prend une attitude foncièrement différente de celle où elle est quand nous recevons passivement une sensation. […] C’est tout ce complexus que nous prenons pour l’acte simple d’une pensée se réfléchissant sur elle-même, se représentant à elle-même comme objet.
Un jour qu’il était « dans une de ses rages silencieuses », il fallut lui arracher de la main un couteau qu’il avait pris sur la table et que déjà il portait à sa poitrine. […] Faute d’ennemis, il s’en prend à la société et lui fait la guerre. […] Lui-même, en s’embarquant pour la Grèce, disait qu’il avait pris la poésie faute de mieux, qu’elle n’était pas son affaire. « Qu’est-ce qu’un poëte ? […] Après tout, pour de tels cœurs c’est là le sort désirable ; ils ont mal pris la vie, et ne reposent bien que dans le tombeau. […] Ce que nous prenions pour une difformité est une forme ; ce qui nous semblait le renversement d’une loi est l’accomplissement d’une loi.
Récompenser des écrivains qui se prennent de querelle, c’est le moyen de les rendre encore plus nombreuses, & de mettre en combustion toute la république des lettres. Girac prit vîte la plume ; &, pour avoir plus de lecteurs, il abandonna la langue. […] Il y prend son adversaire au moment de sa naissance, & va toujours entassant injures sur injures, scandale sur scandale.
Cet ouvrage en est un : il est intéressant, passionné, palpitant, comme la question qui nous prend tous, en ce moment, par le cœur ou par la pensée, par le sang ou par la fierté. […] Le caractère du talent de Méry, quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire, est de la sentir et de l’aimer. […] Et nous disons : quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire… car, on le sait de reste, Méry, cette belle plume brillante et changeante, ce souple esprit qui a mille manières de s’enlever sur ses longues ailes, n’est qu’exceptionnellement historien.
Ils se sont pris alors à respecter mutuellement, les uns sur le front des autres, le sceau dont est marquée la tribu des intelligences. […] L’empereur voulut en prendre connaissance ; il en ratura de sa main une grande partie, et fit rendre le manuscrit à l’auteur. […] C’est là ce qui explique la résolution qu’il prit à la fin. […] Tu crois peut-être, chère enfant, que je prends mon parti sur cette abominable séparation. […] En 1811, M. de La Mennais prit la tonsure et entra au séminaire de Saint-Malo.
» Mais alors, durant l’explication, son goût s’exerçait et jouissait à son aise ; son esprit juste et lin trouvait toutes les bonnes remarques à faire : l’homme de lettres et le critique prenait sa revanche. […] Prendrait-il fait et cause pour le succès d’une œuvre dans laquelle il ne reconnaissait, après tout, qu’une moitié de ses théories ? […] Il compliqua de trop de considérations et de prenez-y garde le jugement très-simple et très-net qu’il y avait à donner sur ce succès, qui était à moitié un succès de contraste et d’opposition, et qui avait, à sa date, une signification tranchée. […] Rien qu’en y entrant, le respect et le génie des graves études vous saisissaient ; l’air qu’on y respirait n’était plus celui du dehors ; la lumière elle-même y prenait une teinte égale et monotone. […] Magnin qui, je dois le dire, n’est que de seconde main ; c’est un extrait de conversation pris à la volée et noté par un tiers : ce qui en explique le ton et aussi les à peu près ou les inexactitudes.
Le génie fait pitié quand on le voit aux prises avec l’impossible. […] J’avais fait là ce que je fais toujours, j’avais pris le mot latin pudeur au lieu du mot moderne réserve ou convenance. […] Je ne les accuse pas à mon tour d’avoir pris un lapsus de plume pour une profanation sacrilège. […] C’était un instrument d’enthousiasme qui ne prenait sa valeur et sa place que dans l’inspiration. […] Le génie est de savoir prendre ces partis extrêmes à leur minute.
Son amant, un Américain nommé Peterson, tourmenté par le sang et qui n’a pris une maîtresse que sur ordonnance de médecin, la mène, comme unique distraction, tous les soirs, jouer aux dominos dans un café, avec toujours les mêmes figures de compatriotes. […] * * * — Leboucher dit à Chabouillet, venu chez lui pour prendre sa première leçon de savate : « Mon petit, donne-moi 60 francs et je t’apprendrai à crever un homme ! […] Il le prit pour un commis de librairie. […] Je me mets à prendre l’habitude de fumer à la fenêtre, l’œil, chaque jour, prenant un rinforzando… Et le regard devient, tour à tour, un regard suppliant de désir, un regard fauve, un regard violateur dont je suis le pôle. […] Je me souviens avoir hésité, trois secondes, à me jeter dans la rivière au bout du parc, pour n’être pas pris.
Il disait : “Voilà Robin nommé, c’est le commencement, nous serons un jour les maîtres de l’Académie de Médecine, et alors… — ajoutait-il avec ce ton vainqueur et goguenard qu’il avait habitude de prendre, — nous les mènerons loin ! […] C’est amusant, le moment, où on leur prend sur le dos, le vêtement qu’elles étalent et font valoir, de les apercevoir défiler devant vous, sautillantes, à la façon de femmes dévêtues, et qui courraient avec des babouches sans talon. […] Je serais cependant bien heureux de finir mon roman commencé… Après que la mort me prenne, quand elle voudra, j’en ai assez de la vie. […] Mardi 12 juin Aujourd’hui, je vais chez le docteur Molloy, pour prendre des notes sur un portrait de Sophie Arnould, par La Tour. […] l’accent anglais, et que je prends pour un Anglais.
Comme ils ne font point parler des poëtes, mais des hommes ordinaires, ils ne doivent qu’exprimer les sentimens qui conviennent à leurs acteurs ; et prendre pour cela les tours et les termes que la passion offre le plus naturellement. […] Mais ne prendroit-on pas droit de-là d’être moins simple dans le commencement du poëme ? […] Il a réuni tous les goûts, ceux même qui ne le connoissent pas, le demandent, et n’applaudissent qu’à ce qu’ils prennent pour lui. […] Ils avoient tous trois un génie fort différent ; et je vais tâcher d’en faire connoître la diversité, en rendant raison des moyens que j’ai pris pour imiter leurs ouvrages. […] J’ai pris encore en quelqu’autre endroit la liberté de changer le tour et la pensée d’Horace, pour un sens qui m’a paru plus agréable.
Et la manière dont il s’y est pris, ç’a été de substituer, dans l’idée qu’il nous faut nous former de la « Science », 1° le point de vue dynamique au point de vue statique ; et 2° la notion précise du relatif à l’hypothèse indéterminée de l’absolu. […] Renan, pour nous l’expliquer, s’en prend alors à la « science anglaise », qui, dit-il « n’a jamais compris d’une façon bien profonde la philosophie des choses. » Ce jeune homme parle là bien irrévérencieusement de Newton ! […] — ne sont-ce pas les solutions qui importent, mais les chemins qu’on prend pour les atteindre. […] Ou bien enfin, le monde extérieur existe, mais entre l’idée que la constitution de notre esprit nous permet d’en prendre et la réalité de ce qu’il est en son fond, il n’y a pas de rapport à nous connu, de communication certaine, de ressemblance ou d’analogie ; — et c’est la troisième solution. […] Si nous la prenions au pied de la lettre, elle exclurait de l’art tout le naturalisme.
Le Quinquina est universellement méprisé de ceux qui ne l’ont pas lu et même de quelques-uns de ceux qui en ont pris connaissance. […] Il est pris, avec ses compagnons de route, par un pirate barbaresque qui l’emmène dans son pays. […] Je suis convaincu que c’est très sincèrement, que c’est très candidement, j’ajouterai que c’est très philosophiquement, que La Fontaine croit que nous pouvons prendre des exemples sur nos frères inférieurs, les animaux. […] Une jeunesse ardente exigeait d’autres soins, Je les pris, avec fruit ; vos faits en sont témoins. […] Voilà le véritable aimant des beaux esprits ; Voilà, Messieurs, aussi le chemin que j’ai pris.
Parti pris naïf qui se nommera, si vous voulez, le mécontentement de tout ; parti sans parti, qui cherche partout des raisons de boire de l’opium et qui n’a pas la force de se dresser, une bonne fois, le bûcher de Sardanapale. […] Malgré ce qu’on a dit souvent de la certitude des vocations, beaucoup d’esprits, très tranchés et très décidés pourtant, se prennent à revers de leurs facultés les plus distinctes. […] Ferrari ne s’est pas pris ainsi tout entier à contre-sens, il n’a pas du moins écouté et suivi celles de ses aptitudes qui l’auraient mené le plus loin dans le perfectionnement intellectuel de son être. […] C’est un Italien, fils de Vico, mais qui a pris sa conception générale de l’histoire, de l’histoire privée de l’Italie. […] Qui refuse à l’auteur de l’Histoire de la Raison d’État et des Révolutions d’Italie ce rare assemblage de facultés qui forment son talent d’originalités complexes et font de lui une sorte de génie composite, un grand artiste, abstrait et poétique, qui prend l’histoire comme un matras et la pétrit à sa fantaisie, quitte à prendre, dans une suprême duperie, pour une éternelle vérité, cette forte fantaisie qu’il a imprimée sur l’histoire ?
Les unes aiment l’Inspecteur, les autres le détestent, toutes commèrent… mais de ces femmes de la Halle, prises uniquement par le côté physique, comme M. Zola prend tout, il n’en est pas une seule qui soit un type, un caractère, une physionomie. […] Seulement la société, qu’il corrompt, pour sa part, autant qu’il le peut, a pris goût à ce livre. […] Il a pris celle du peuple. […] Il use d’un style dont il est impossible de ramasser une phrase, eût-on un crochet de chiffonnier pour la prendre, et une hotte aussi, pour l’y jeter !
Et quand enfin quelque savant, d’esprit plus chimérique ou plus aventureux, aurait pris au nom de la science des engagements qu’elle n’a pas souscrits, est-ce la science qu’il en faut accuser ? […] où les prend-on ? […] Sont-ce les Romains, sont-ce les Grecs, sont-ce les Égyptiens, qui ont pris pour « guides fondamentaux » l’inspiration divine et le mystère ? […] Toujours est-il que l’on a pris ou affecté de prendre cette phrase : « … et dans le naufrage de l’espérance sombre à son tour la charité », comme si j’avais voulu dire qu’il n’existait d’institutions charitables qu’au sein du seul catholicisme. […] à prendre, pour ainsi dire, sur soi le fardeau du crime ou du vice, de la faiblesse ou de l’insouciance d’un être aimé ?
Si tu prenais ses péchés à ton compte ? […] — Très bien… Tête, prenez un siège. […] Pour qui me prends-tu ? […] Prends ton arc et tes flèches. […] Homais, le Baron et Franck Gaillard prennent un air excédé.
— « Autrement dit, chacun prend son plaisir où il le trouve. […] La réaction, à l’heure qu’il est, a pris le caractère le plus menaçant. […] — Ils les avaient prises pourtant dans un très beau livre. […] » On prétend que ce moyen est usé, suranné, et que personne ne s’y laisse plus prendre. […] Peut-on estimer long ce qui doit prendre fin ?
C’était une suite naturelle de l’organisation judiciaire elle-même et du caractère qu’elle avait pris. […] Il est incontestable que dans toutes ces affaires, Voltaire fut très sincère et très convaincu ; mais il faut dire aussi qu’il était merveilleusement préparé par ses passions à prendre le parti qu’il a pris. […] Il la prit pendant environ cinquante ans, de 1720 à 1771. […] On prit en Espagne et en Portugal l’usage de les brûler. […] Prenez ce parti.
Que l’on prenne, pour la, commodité de l’exemple, une de ses romances pour chant. […] Désormais quelques notes, même prises isolément, avaient un sens par elles-mêmes. […] Il prit volontiers pour sujets ses mêmes théories philosophiques. […] Les faits, pourtant, sont les mêmes, et pris aux mêmes sources. […] Ce n’est pas aux médecins ni à la médecine que s’en prend M.
Que de fois j’ai regretté que ces pages d’éclat, d’imagination et bien souvent de pensée, ainsi semées à tous les vents, ne fussent point recueillies en volumes pour qu’on pût les relire et pour que l’auteur, si distingué, si hors de ligne, pût définitivement prendre son rang et compter dans la sérieuse et noble élite à laquelle de droit il appartient ! […] Je ne blâme point, croyez-le bien, ceux qui, ouvriers consciencieux et journaliers de la presse, ont pris le parti plus simple de mettre en volumes le plus tôt possible ce qu’ils distribuent de jugements et d’analyses sur tout sujet, de ramasser et de lier après chaque moisson leurs gerbes : on laisse ensuite au lecteur le soin de choisir entre ces improvisations d’un mérite ou d’un agrément nécessairement inégal, et d’en prendre ou d’en laisser. […] Sa voix (je l’ai entendu) prend des accents irrités, vibrants et comme métalliques quand il croit qu’on les outrage : son goût noble et élevé devient altier en ces moments-là.
Son père, qui était un joséphin, avait pris le parti prudent de quitter l’Espagne, en 1814, et de s’établir aux colonies : Indiana y est née, y a été élevée dans la naïveté et l’ignorance ; privée de sa mère dès le bas âge, elle s’est trouvée presque entièrement abandonnée, pour l’éducation et les soins, à un cousin de dix ans plus âgé qu’elle, sir Rodolphe Brown, ou plus brièvement sir Ralph. […] Delmare trouve l’occasion heureuse pour secouer son ennui, et voyant que l’aventure prend une tournure guerrière, il sort, malgré la pluie et ses rhumatismes, avec son fusil de chasse, décidé à se faire justice. […] Indiana, dès l’abord, prend l’amour au sérieux ; elle choisit, elle désigne du cœur Raymon comme l’être idéal qu’elle a constamment attendu, comme celui qui doit porter le bonheur dans ses jours. […] Si les Raymon de Ramière au complet sont assez rares, grâce à Dieu, parce qu’une si agréable corruption suppose une réunion délicate d’heureuses qualités et de dons brillants, la plupart des hommes dans la société, à la manière dont ils prennent les femmes, se l’approchent autant qu’ils le peuvent de ce type favorisé.
Que ne prenait-il pas patience ? […] S’il semble s’être drapé, à ses débuts, dans les guenilles romantiques, on croirait aujourd’hui qu’il a pris ce costume de carnaval pour se moquer de la littérature échevelée du temps. […] Alexandre Dumas fils Il a pris la place qui lui était due dans la postérité, entre Horace et […] Et si l’on constate enfin qu’il a été l’un des hommes les plus impressionnables de ce temps et un des plus spirituels ; qu’il a été le plus sincère des écrivains, et le plus gracieux ; — qu’il nous prend à la fois par le charmé aisé d’un esprit de pure lignée française et par la profondeur et la vérité du sentiment et de la passion… ; il me semble qu’il ne restera plus rien à faire qu’à le relire.