Il s’acharnait à ses maux et se les racontait à lui-même sans pudeur ; parfois, à force de sincérité, il allait à l’incroyable et analysait avec une sorte de frénésie ses plus étranges hallucinations ; je ne rappellerai que cette fameuse pièce des Rayons jaunes dont on s’est tant moqué et avec tant de raison ; il avait la jaunisse ce jour là, et il la donna à sa poésie.
Boutaric, j’ai pu dépouiller une multitude de documents manuscrits, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux, magistrats, employés et particuliers, de toute espèce et de tout degré pendant les trente dernières années de l’Ancien Régime, les Rapports et Mémoires sur les diverses parties de la maison du roi, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, les lettres, mémoires et statistiques détaillées contenus dans les cent cartons du Comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité avec les ministres de 1790 à 1799, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1825, quantité d’autres pièces si instructives et si inconnues, qu’en vérité l’histoire de la Révolution semble encore inédite.
Hugo, une ample pièce n’est qu’une antithèse amplifiée ; et les caractères des personnages de ses drames tiennent presque tous dans une antithèse, qui en est la formule.
Dans mainte pièce, éclatante et pittoresque, de Victor Hugo, de Leconte de Lisle, même de Lamartine, les figures sont rares, clairsemées, de loin en loin une métaphore perce sous un verbe ou un adjectif : toute la couleur est dans les termes propres.
Parmi les pièces de cette « suite », qu’il nous agrée de voir placée en tête du livre, notons une Cléopâtre — de beauté étrangement nostalgique et dont les derniers vers ont la force pensive des paroles immuables.
Une dame Autrice, se trouve dans une pièce du Mercure de juin 1726. » Dictionnaire néologique a l’usage des Beaux Esprits du siècle (1727), par l’abbé Desfontaines.
» Nous ne prétendons pas que la lecture crée de toutes pièces la faculté que nous appelons le goût.
… Des esprits attardés, les traînards des questions résolues, peuvent parler encore du livre, comme Jocrisse, dans la pièce, se met à battre les brigands quand il sait qu’ils sont des hommes de paille ; mais, pour tout ce qui n’a pas à l’esprit les pieds et sur l’esprit l’écaille de la tortue, la Vie de Jésus, qui a été les Misérables de 1863, aura le sort des Misérables, dont les flatteurs d’Hugo eux-mêmes n’osent plus parler !
Le papier peint en était taché d’encre et déchiré, pour bien rappeler son ancien usage, puis, dans une pièce ouvrant sur le jardin au nord, sur le midi et sur la cour d’un autre côté. […] XVI Madame D*** nous laissa visiter seules les pièces du second étage, conduites par sa petite fille, pendant qu’elle allait commander le déjeuner. […] Nous allâmes d’abord en suivant un chemin étroit entre une vaste étendue de vignes qu’on vendangeait et une grande prairie où paissaient votre ancien cheval et vos vaches, et un bois que vous visitez, dit-on, tous les jours, il est creusé en vallon qu’ombragent de grands chênes ; au sommet du vallon une belle pièce d’eau réfléchit dans une onde qui, limitée, fait paraître noirs à force d’être limpide le ciel et les feuilles.
Ainsi, lorsque jadis Proserpine fut enlevée dans les bras de Pluton, loin des prairies de la Sicile, enfantine dans ses plaintes, elle pleurait pour les fleurs qui s’échappaient de son sein. » La seconde est une ode dialoguée entre l’aigle et le cygne. « La pièce de vers suivante doit perdre encore plus à la traduction que le sonnet, dit-elle » ; elle est intitulée : Mélodies de la vie. Le cygne y est mis en opposition avec l’aigle, l’un comme l’emblème de l’existence contemplative, l’autre comme l’image de l’existence active : le rhythme du vers change quand le cygne parle et quand l’aigle lui répond, et les chants de tous les deux sont pourtant renfermés dans la même stance que la rime réunit : les véritables beautés de l’harmonie se trouvent aussi dans cette pièce, non l’harmonie mais la musique intérieure de l’âme. […] La pièce est interrompue après ces mots.
Le xviie siècle, qu’on a tort souvent de prendre « en bloc » et de croire tout d’une pièce, nous offre plusieurs courants, plusieurs directions, et comme plusieurs étages de goût et d’idées : il y a communication, juxtaposition, entre-croisement ; à de rares moments et jamais pour longtemps fusion ou confusion. […] Malherbe lui reprochait de manquer de force : mais dans sa faiblesse laborieuse et châtiée, il a de forts, de triomphants réveils ; on a de lui des pièces qui valent le meilleur Malherbe. […] Aussi Maynard fut-il naturellement conduit à détacher la strophe comme le vers, en sorte que ses odes s’égrènent comme des chapelets, et sont comme des collections de petites pièces sous un titre commun : naturellement aussi il devait se plaire et exceller aux rondeaux, aux sonnets, aux épigrammes, à tous ces genres qui sont le triomphe du martelage et du trait.
Mais ce que la Chambre blanche contient de précieux, ce sont les pièces où la note doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur : J’accueille quand il veut le souvenir qui passe Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… » Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place, Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir. […] Mendès : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie. […] À l’ancienne quelquefois, notamment dans cette charmante pièce Le Pays, qui résonne comme d’un accent de la Pléiade.
Si je vous demande d’imaginer une pièce qui puisse s’appeler le jaloux, par exemple, vous verrez que Sganarelle vous viendra à l’esprit, ou George Dandin, mais non pas Othello ; le Jaloux ne peut être qu’un titre de comédie. […] Mais il faut aussi que la suggestion soit discrète, et que l’ensemble de la personne, où chaque membre a été raidi en pièce mécanique, continue à nous donner l’impression d’un être qui vit. […] Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels.
Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains jouaient la pièce officielle et majestueuse. […] On manie son chapeau, on secoue du doigt ses dentelles, on s’appuie contre une cheminée, on regarde par la fenêtre une pièce d’eau, on calcule ses attitudes et l’on se plie en deux pour les révérences ; on se montre et on regarde ; on donne et on reçoit force embrassades ; on débite et l’on écoute cinq ou six cents compliments par jour. […] Ne vous souvient-il pas que Balzac avait inventé des théories chimiques, une réforme de l’administration, une doctrine philosophique, une explication de l’autre monde, trois cents manières de faire fortune, les ananas à quinze sous pièce, et la manière de gouverner l’État ?
Une pièce de Molière est le contraire d’une pièce à thèse, elle puise sa valeur et sa vérité dans les lois d’un genre, d’un métier, d’une beauté. […] Ce qui peut davantage nous importer — mais alors il ne s’agit plus d’art — c’est l’influence des pièces de Molière. […] Voltaire adorait le théâtre, pleurait aux pièces des autres, à ses propres pièces, s’y donnait plus, corps et âme, qu’à sa correspondance. […] et, dans ses pièces, le vice n’est-il pas toujours puni, tandis que la vertu est récompensée ? […] Combes, et si Athalie eût été au temps de celui-ci reçue comme pièce nouvelle au Théâtre-Français, elle eût été interdite par la censure.
Telle est cette pièce qui a fait courir tout Paris, je ne dis pas le Paris des faubourgs, mais ce Paris même qui se pique de goût et de délicatesse ; pièce dont les représentations ont été innombrables, et que l’ordre seul de la police a pu faire disparaître du théâtre. […] pendant que vous regorgiez du superflu, mon père mourait de douleur, de misère, et l’on m’achetait tout enfant pour quelques pièces d’argent. […] Ils mourront à la vérité, mais leur nombre est grand ; j’amasserai des richesses avant qu’ils aient diminué beaucoup, et il en restera toujours assez… « Ayant parlé de la sorte, il s’adressa en particulier à quelques-uns et leur dit : Vous travaillez pendant six heures et l’on vous donne une pièce de monnaie pour votre travail ; travaillez pendant douze heures, et vous gagnerez deux pièces de monnaie… « Et ils le crurent. […] Comme toujours, il y a dans cette pièce un semblant de correctif aux emportements de la passion. […] On a maintenant les pièces sous les yeux : on peut juger.
On y pourrait souhaiter peut-être des pièces plus confidentielles et, sinon plus intimes, au moins plus indiscrètes. […] Les pièces qui datent d’avant l’exil sont belles, mais les autres sont plus belles encore. […] Le portefeuille qui avait contenu le manuscrit des Natchez s’enfla des pièces du Congrès de Vérone. […] Si le théâtre de Beaumarchais n’a qu’une pièce, il n’a aussi, à vrai dire, qu’un seul personnage. […] Sa maison est vendue, ses livres mis au pilon, son nom rayé de l’affiche de ses pièces.
Encore est-il juste de dire que, ces deux fois, elle avait eu deux précieux collaborateurs : pour la première pièce, Sedaine ; pour la seconde, Alexandre Dumas fils. […] À cette époque de sa vie, elle faisait au moins son petit roman tous les ans, avec une pièce de théâtre. […] La liberté y périrait22. » Elle ne voit pas la nécessité de forcer son entendement pour en chasser de nobles idées, et de détruire en soi certaines facultés pour faire pièce aux dévots. […] Mme Sand a recueilli avec soin les principales de ces pièces dans un volume à part : le Théâtre de Nohant, où se trouvent le Drac, Plutus, le Pavé, la Nuit de Noël, Marielle. Ce ne sont pas tout à fait les pièces telles qu’elles avaient été récitées sur la scène de Nohant, d’après un canevas détaillé, mais telles que l’auteur les a écrites après coup, sous l’impression qui lui en était restée.
La science, arbre hâtif et dévorant, pousse ses branches dans toutes les directions, fait éclater les planchers et plafonds des légères demeures où se réfugie, chassée de pièce en pièce par l’invasion maladive, la saine demi-ignorance si nécessaire à l’humanité. […] Les pièces d’Henrik Ibsen ne sont pas confuses : elles sont complexes. […] Au-delà des textes et de leur signification immédiate, il y a pour chaque pièce une sorte de circulation souterraine. […] Ainsi se trouve réalisée la nécessité mère, selon moi, de toute œuvre d’art : une vue d’ensemble formée de pièces méticuleuses. […] Et pour ceux à qui ces métaphores paraissent obscures, je dirai que ce beau livre de Marcel Schwob est un apologue où chacun trouvera l’image de son propre individu, alors que cet individu se formait pièce à pièce, par impressions successives qui s’effacèrent ne laissant plus que leur regret.
Comme Rubens, il crée de toutes pièces, en dehors de toute tradition, pour exprimer de pures idées. […] Entre leurs mains l’amour devient une galanterie ; ils écrivent des chansons, des pièces fugitives, des compliments aux dames. […] Puis viennent des nouvelles de mariages, mascarades, fêtes, jubilés, ambassades, joutes et tournois, trophées, triomphes, galas, jeux, pièces de théâtre. […] Dans une autre pièce, Complaint on the absence of her lover being upon the sea, il parle en propres termes presque aussi tendrement de sa femme. […] On ne compte pas, dans ces deux cent trente-trois poëtes, les auteurs de pièces isolées, mais ceux qui ont publié et recueilli leurs œuvres.
Il en doit être un jour des honneurs et de la gloire, comme de la demande des auteurs à la fin d’une pièce ; le flatteur empressement avait enivré Voltaire, et les Poinsinet y devinrent insensibles. […] C’est une vaste maison ouverte à l’amitié ; dont une seule pièce reste fermée.
Conduit au premier étage par un domestique babillard, Eckermann est introduit dans une pièce qui a pour inscription, au-dessus de la porte, le mot Salve, présage d’un cordial accueil, et de là dans une autre pièce un peu plus grande.
Il y a eu un temps, non encore très éloigné, où lorsqu’il y avait pour le Gouvernement, par exemple, à écrire quelque pièce publique et d’apparat, on cherchait ce qu’on appelait une belle plume ; où l’on recourait à un Pellisson, à un Fontenelle, à un Fontanes, pour mettre en belles phrases une instruction, un manifeste politique, pour rédiger un rapport. […] Et pourtant je sens la force ou plutôt l’agrément des raisons qu’on m’oppose ; je le sens si bien, que je suis tenté parfois de m’y associer et de pousser aussi mon léger soupir ; tout en marchant vers l’avenir, je suis tout prêt cependant, pour peu que j’y songe, à faire, moi aussi, ma dernière complainte au passé en m’écriant : Où est-il le temps où, quand on lisait un livre, eût-on été soi-même un auteur et un homme du métier, on n’y mettait pas tant de raisonnements et de façons ; où l’impression de la lecture venait doucement vous prendre et vous saisir, comme au spectacle la pièce qu’on joue prend et intéresse l’amateur commodément assis dans sa stalle ; où on lisait Anciens et Modernes couché sur son lit de repos comme Horace pendant la canicule, ou étendu sur son sofa comme Gray, en se disant qu’on avait mieux que les joies du Paradis ou de l’Olympe ; le temps où l’on se promenait à l’ombre en lisant, comme ce respectable Hollandais qui ne concevait pas, disait-il, de plus grand bonheur ici-bas à l’âge de cinquante ans que de marcher lentement dans une belle campagne, un livre à la main, et en le fermant quelquefois, sans passion, sans désir, tout à la réflexion de la pensée ; le temps où, comme le Liseur de Meissonier, dans sa chambre solitaire, une après-midi de dimanche, près de la fenêtre ouverte qu’encadre le chèvrefeuille, on lisait un livre unique et chéri ?
La vue de ces trois mouchoirs blancs faisant bandeau sur le visage de trois officiers à cheval eut cela d’heureux quelle changea subitement la fureur du peuple en surprise et bientôt en gaieté : ils durent à cela peut-être de ne point être écharpés et mis en pièces. […] Je donne ici les pièces telles quelles.
ils ne viennent que trop nous chercher le cœur à travers les portes et les murailles. » Mme Valmore usa de son influence sur Balzac, et surtout de l’influence qu’avait alors sur Balzac une autre personne qu’elle désigne sous le nom de Thisbè , pour obtenir du grand romancier devenu dramaturge, qu’il donnât une de ses pièces à l’Odéon et promît l’un des rôles à Mme Dorval. […] « (À Mme Duchambge, 7 décembre 1844)… Tu sais, mon autre moi, que les fourmis rendent des services : c’est de moi que sort, non la pièce de M. de Balzac, mais le goût qu’il a pris de la faire, et de la leur donner, et puis de penser à Mme Dorval que j’aime pour son talent, mais surtout pour son malheur et à cause de ton amitié pour elle.
Et, à l’instant même, il fait preuve de mesure lorsqu’il dissuade son poète d’user en français de noms propres latins ou grecs, qui font dans le discours un effet criard, comme « si tu appliquois une pièce de velours vert à une pièce de velours rouge ».