Paul Bourget promène avec complaisance le héros de son nouveau roman, le philosophe Adrien Sixte. […] Quant à la conduite de la vie, elle ne doit pas dépendre des doctrines transcendantes des philosophes. […] Je lui ai entendu dire que Confucius était un bien plus grand philosophe que Platon ; mais je ne l’ai pas cru. […] Je suis philosophe ; je recherche les causes, et voilà une cause qui m’échappe. […] Ces grands Italiens, poètes, peintres, philosophes, vivaient et mouraient tous dans cette pensée.
messieurs les philosophes, vous avez affaire à plus fort que vous ! […] Les incorrections, les nouveautés, les hardiesses, il acceptait tout, parce qu’il sentait que le coup portait en pleine poitrine contre les philosophes. — « Bah ! […] On sait tout ce que les philosophes avaient dit contre la guerre. […] Ce sont là de ces contrats faits après coup par les philosophes, et dont il serait bien difficile de montrer les titres. […] Royer-Collard dans cette grande revue des philosophes modernes.
Les philosophes épiloguent sur la formation de la conscience ; M. […] Un philosophe a écrit : « L’essence métaphysique et réelle de la vie est la douleur » ; ce philosophe, un Allemand. […] Ce ne sont pas les idées des philosophes qui gouvernent le monde : ce sont, plutôt, les erreurs que les foules commettent, touchant les idées des philosophes. […] Leur philosophe, c’est Pascal. […] Ils vous feraient une armée humanitaire, philosophe et pacifiste.
Reconnoît-on ses pères & le philosophe de la nation pour des dieux ? […] Un de ces philosophes qui pense le plus, dit que tout homme qui pense est un animal dépravé. […] On y reconnut la main tremblante d’un vieillard moribond, mais dont l’ame étoit celle d’un philosophe. […] L’Imitation de Jésus-Christ charme à la fois le chrétien & le philosophe. […] Un de leurs chefs dit alors : « Je vais écrire, au nom des philosophes François, aux philosophes Prussiens, pour les remercier de l’accueil qu’ils ont fait au nouveau prosélyte ».
Un philosophe très éclairé a remarqué que le peuple même s’exprime par des figures ; que rien n’est plus commun, plus naturel que les tours qu’on appelle tropes. […] Quand on écrit contre les Philosophes, il faudroit mieux écrire. […] Ronsard gâta la langue en transportant dans la poésie françoise les composés grecs dent se set voient les Philosophes & les Medecins. […] Des ames de boue, des fanatiques absurdes, préviennent tous les jours les puissans, les ignorans, contre les Philosophes ; si malheureusement on les écoutoit, nous retomberions dans la barbarie dont les seuls Philosophes nous ont tirés. […] Qu’on lise encore ce passage du philosophe Maxime de Madaure, dans sa lettre à saint Augustin.
S’il est beau d’être enfant, il est beau d’être homme, fils, époux, père penché gravement sur les devoirs pénibles de l’existence, artiste sérieux, citoyen utile, philosophe pensif, soldat de la patrie, martyr au besoin d’une raison développée par la réflexion et par le temps. […] Il y a un air de famille incontestable entre Hamilton, Saint-Évremond et Alfred de Musset ; cœurs de même grâce, esprits de même sève, philosophes de même insouciance, si on peut appliquer à l’insouciance le nom de philosophie. […] J’avais encore cinq ou six ans à aimer le théâtre, la musique, la table ; il faut vivre de privations et d’économies ; je saurai me passer de ce que je ne puis avoir sans m’enchaîner, je suis un philosophe également éloigné de la superstition et de l’impiété, un voluptueux qui n’a pas moins d’aversion pour la débauche que de goût pour le plaisir. […] Tu ne reconnaissais pour philosophe que Stendal et pour maître que Musset, et tu te targuais d’avance tous les matins des œuvres inouïes que tu couvais sur ton oreiller inspirateur entre une nuit d’orgie et une aurore de paresse ! […] Voilà de quoi tu te rends complice : tu désertes les lettres pour les chiffres, tu affectes, à l’exemple de tes corrupteurs en prose et en vers, le dédain du beau, l’estime exclusive de l’utile, l’insouciance des institutions qui font l’avenir, le mépris pour ces noms littéraires et politiques qui te restent encore comme des reproches vivants de ta mollesse, écrivains, orateurs, philosophes, poètes, qui n’ont de vieux que leurs services, leur expérience et leurs gloires !
On ne saurait étudier dans toute leur étendue le sujet et la forme de ses chants, sans être frappé de l’affinité naturelle qui, à des époques éloignées, sous des conditions sociales fort différentes, a souvent réuni dans la même personne, pour la même croyance et pour les mêmes admirateurs, le prêtre, le philosophe et le chantre lyrique. […] Tel est, par exemple, ce chant où, dans l’hexamètre de l’Hymne à Jupiter du philosophe Cléanthe, Grégoire énonce la vérité sublime et touchante, et, comme disait un Père de l’Église, la tendresse intérieure renfermée dans le théisme chrétien. […] C’est ainsi que, dans les nombreuses poésies de Grégoire de Nazianze, on peut noter trois formes principales, diversement lyriques : la méditation ascétique du philosophe, l’hymne orthodoxe et populaire de l’évêque, la prière du simple chrétien, toujours sous le regard de Dieu. […] Partout la pensée semble subtile, les distinctions presque insaisissables ; et pourtant le sentiment est vrai, l’émotion, intime et profonde : le philosophe naguère attaché à la terre, y souhaitant, y croyant trouver encore la gloire et la paix, n’aspire plus qu’aux béatitudes éternelles. […] Vous y reconnaissez, dans une allusion rapide, jusqu’à ces deux cratères d’où le maître de l’Olympe versait les biens et les maux, antique symbole que le philosophe Thémiste avait déjà rajeuni, dans un discours sur les devoirs et la double puissance de la royauté.
Les historiens et les philosophes de la génération nouvelle sont entourés de trop d’estime et de célébrité pour qu’il soit besoin de les louer et même de les nommer. […] Sainte-Beuve, dans son Tableau de la poésie française au seizième siècle, ouvrage d’une grande utilité et d’un grand charme, qui restera comme un monument de l’art, comme un modèle de critique, et qui ne pouvait sortir que de la tête d’un érudit, d’un philosophe et d’un poète. […] Nous rappellerons aussi que les grands poètes ont toujours été les hommes les plus instruits et les plus philosophes de leur temps ; ce n’est même qu’à ces conditions qu’ils étaient de grands poètes. […] Cependant, philosophes, poètes, historiens, vraiment dignes de ces noms, unissez-vous de cœur et d’action, au lieu de vous diviser par de vaines théories et de discuter pour de vaines préséances ; vous tenez les trois sceptres de la pensée, ne vous en faites point des armes les uns contre les autres, mais joignez-les en faisceau, et vous serez invincibles. […] On ne peut nier l’immense révolution produite dans la littérature française par les historiens, les philosophes et les poètes de la nouvelle école ; pourquoi l’art dramatique n’aurait-il pas son tour ?
Un philosophe matérialiste a prétendu que la nature avait procédé par ébauches successivement perfectionnées. […] « Ne vous rendez point semblables aux animaux muets », disent-ils ; et nos philosophes n’ont pas fait attention qu’en fondant la doctrine de l’invention de la parole ils ont fait de l’homme un animal muet lorsqu’il est sorti des mains du Créateur, ou plutôt, pour me servir de leurs propres termes, lorsqu’il a été produit par la nature. […] Certains philosophes matérialistes, qui n’ont pas reculé devant la rigueur des conséquences, ont donné pour ancêtre à l’homme une huître. […] C’est sans doute ce qui faisait dire à un philosophe de ces derniers temps : « Nous sommes les mères de nos pensées. » M. de Bonald, à la suite de sa Législation primitive, avait donné une Dissertation sur la pensée de l’homme et sur son expression. […] Le professeur d’analyse de l’entendement n’avait songé non plus qu’à prendre Rousseau pour auxiliaire, quoiqu’il fût évident que la véritable pensée du philosophe de Genève n’était point renfermée dans son Discours sur l’Inégalité des conditions.
Le philosophe Malebranche, on le sait, méprisait absolument l’histoire. […] Son grand moment de vogue et son règne, pour ainsi dire, fut sous la Régence et dans les années qui suivirent, avant que Voltaire philosophe et historien se fût tout à fait déclaré et eût pris le sceptre à son tour. […] Newton est de main de maître. » C’était moins le mathématicien que le philosophe qui était supérieur chez Fontenelle, et de l’ordre le plus élevé. […] Le menu chroniqueur ne soupçonne pas le philosophe de l’histoire.
Il avait quarante-huit ans au moment de sa retraite : il vécut encore quarante-deux ans d’une vie de curieux, de philosophe, de témoin indifférent et amusé, de railleur souriant et sans fiel ; aimant avant tout la conversation et les douceurs d’un commerce privé, il ne regretta rien, du moment qu’une nièce de Mazarin, la plus belle et la plus distinguée de l’escadron des nièces, la célèbre Hortense, duchesse de Mazarin, fut venue en Angleterre. […] Saint-Évremond est assez philosophe pour ne pas craindre par moments de paraître croyant. […] N’en prenez sujet ni de louange ni de reproche : son humeur est ainsi ; il a reçu en naissant ce qu’on appelle un naturel philosophe : « Je puis dire de moi une chose assez extraordinaire et assez vraie, c’est que je n’ai presque jamais senti en moi-même ce combat inférieur de la passion et de la raison : la passion ne s’opposait point à ce que j’avais résolu de faire par devoir ; et la raison consentait volontiers à ce que j’avais envie de faire par un sentiment de plaisir… » Ses passions, — c’est trop dire, — mais ses goûts et sa raison ont, de tout temps, fait bon ménage en lui. […] Elle est plus philosophe qu’Épicure ; les approches de la mort ne l’ont point fait changer de sentiment, et je la connais assez pour croire qu’elle fera ce fâcheux pas sans aucune faiblesse. » Voilà un annotateur et un témoin original qui nous donne bien envie de connaître son nom.
Là-dessus, dès à présent, il suffit de voir chez nos philosophes, chez nos politiques, l’idylle en vogue Si tels sont les esprits supérieurs, que dirons-nous de la foule, du peuple, des cerveaux bruts et demi-bruts ? […] C’est qu’à son endroit les philosophes du siècle se sont mépris de deux façons. […] Je cesse d’être propriétaire, père, chrétien, philosophe. […] L’ouvrage fut publié d’abord en 1770. « La Révolution, dit un des personnages, s’est opérée sans effort, par l’héroïsme d’un grand homme, d’un roi philosophe digne du pouvoir, parce qu’il le dédaignait, etc. » (
En face de ces grands problèmes, les philosophes pensent et attendent ; parmi ceux qui ne sont pas philosophes, les uns nient le problème et prétendent qu’il faut maintenir à tout prix l’état actuel, les autres s’imaginent y satisfaire par des solutions trop simples et trop apparentes. […] Mais si un esclave chrétien eût dit au philosophe : « Ô Annœus, je connais l’homme qui a écrit ces paroles ; il ne prêche que soumission et patience. […] Un jour viendra où la société sera possible sans esclave, bien que vous, philosophe, ne puissiez l’imaginer », Sénèque n’aurait pas cru sans doute ; peut-être pourtant aurait-il consenti à ne pas faire battre de verges cet innocent rêveur.
En 1758, Helvétius voulut publier le livre De l’esprit, mauvais ouvrage, superficiel, indécent en bien des endroits, et plus fait pour scandaliser encore un vrai philosophe qu’un évêque. […] Il y a bal, illumination, le soir, à la façade de tous les hôtels des philosophes, et le tout finit le lendemain par un Te Deum solennel, — non, je me trompe, — par un Te Voltarium ! […] On voit ici à nu quelle était la pensée bienveillante de Malesherbes à l’égard de cette grande entreprise, quand il s’en expliquait avec des hommes dont il était sûr et qui étaient philosophes comme lui. […] Il était philosophe, mais non pas comme ceux d’alors, qui avaient tous, plus ou moins, l’instinct destructif et révolutionnaire.
Nous avons décrit jadis le mécanisme de cette opération ; nous avons montré aussi comment les difficultés soulevées par les philosophes autour de la question du mouvement s’évanouissent dès qu’on aperçoit le rapport de l’instant au temps spatialisé, celui du temps spatialisé à la durée pure. […] Nous restions ainsi le plus près possible de l’immédiat ; nous n’affirmions rien que la science ne pût accepter et utiliser ; récemment encore, dans un livre admirable, un mathématicien philosophe affirmait la nécessité d’admettre une advance of Nature et rattachait cette conception à la nôtre 24. […] S’il fallait définir la réalité en général, dire à quelle marque on la reconnaît, nous ne pourrions le faire sans nous classer dans une école : les philosophes ne sont pas d’accord, et le problème a reçu autant de solutions que le réalisme et l’idéalisme comportent de nuances. […] Dans ces conditions, il nous sera facile de suivre la règle que nous nous sommes imposée dans le présent essai : celle de ne rien avancer qui ne puisse être accepté par n’importe quel philosophe, n’importe quel savant, — rien même qui ne soit impliqué dans toute philosophie et dans toute science.
Taine nomme Stendhal ; il le citera surtout dans son livre des Philosophes, et le qualifiera dans les termes du plus magnifique éloge (grand romancier, le plus grand psychologue du siècle). […] L’ouvrage sur Les Philosophes français du xixe siècle (1857) n’a été couronné par aucune académie ; l’auteur l’a essayé en articles successifs dans la Revue de l’Instruction publique, mais c’est d’aujourd’hui seulement qu’on en peut bien juger d’après l’ensemble. […] Maine de Biran si singulièrement présenté, si bouffonnement même, et par ses propres phrases, on voudrait que le jeune adversaire eût moins chargé le profil, qu’il y eût mis plus de ménagements et d’égards, et qu’il eût tenu compte au chercheur en peine, des difficultés, de l’effort, du fond de l’idée : on en tient bien compte aux philosophes allemands ; pourquoi pas aux nôtres ?
Le père de Bonstetten, qu’on désignait du nom de sa charge le trésorier de Bonstetten, ne démentait pas en lui ce caractère ; c’était un homme instruit qui, dans sa jeunesse, avait étudié en Allemagne sous le philosophe Wolf, et il s’occupa avec sollicitude de l’éducation de son fils. […] Charles Bonnet, philosophe chrétien, psychologue et naturaliste éminent, homme d’observation et de principes, eut à entreprendre cette cure délicate sur l’esprit du jeune Bonstetten que l’enthousiasme de Rousseau avait saisi, qui prenait hautement parti pour lui, pour sa profession de foi condamnée à Genève ; qui, dans les troubles de cette petite république, penchait pour les démagogues (ô scandale !) […] En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».
Le bonheur des autres n’est point l’objet de la morale des anciens ; ce n’est pas les servir, c’est se rendre indépendant d’eux, qui est le but principal de tous les conseils des philosophes. […] Le paganisme, tolérant par son essence, est regretté par les philosophes, quand ils le comparent au fanatisme que la religion chrétienne a inspiré. […] Bacon, Machiavel, Montaigne, Galilée, tous les quatre presque contemporains dans des pays différents, ressortent tout à coup de ces temps obscurs, et se montrent cependant de plusieurs siècles en avant des derniers écrivains de la littérature ancienne, et surtout des derniers philosophes de l’antiquité.
Les enfants, laissés à eux-mêmes, sont les êtres les plus libres, le bonheur les affranchit de tout ; les philosophes doivent tendre au même résultat par la crainte du malheur. […] et celui qui ne peut s’y soumettre mérite également l’attention du philosophe. […] Il faut compter dans chaque caractère les douleurs qui naissent des contrastes de bonheur ou d’infortune, de gloire ou de revers dont une même destinée offre l’exemple ; il faut compter les défauts au rang des malheurs, les passions parmi les coups du sort, et plus même, les caractères peuvent être accusés de singularité, plus ils commandent l’attention du philosophe ; les moralistes doivent être comme cet ordre de religieux placés sur le sommet du mont St.
. — Là-dessus, les physiologistes oublient volontiers la seconde vérité et disent : « Les événements mentaux sont une fonction des centres nerveux, comme la, contraction musculaire est une fonction des muscles, comme la sécrétion de la bile est une fonction du foie. » — De leur côté, les philosophes oublient volontiers la première vérité et disent : « Les événements moraux n’ont rien de commun avec les mouvements moléculaires des centres nerveux et appartiennent à un être de nature différente. » Sur quoi les observateurs prudents interviennent et concluent : « Il est vrai que les événements mentaux et les mouvements moléculaires des centres nerveux sont inséparablement liés entre, eux ; il est vrai que pour notre esprit et dans notre conception ils sont absolument irréductibles entre eux. […] Les philosophes du xviie siècle, Leibniz et Malebranche en tête, avaient nettement aperçu cette conséquence et concluaient hardiment qu’il y a là une harmonie préétablie, l’accord artificiel de deux horloges indépendantes, un ajustement extrinsèque et venu d’en haut, un décret spécial de Dieu. — Rien de moins conforme aux méthodes de l’induction scientifique, car elles excluent toute hypothèse qui n’explique pas, et, comme on le montrera, le principe de raison explicative est un axiome qui ne souffre aucune exception157. […] Tel est le livre que les philosophes tâchent d’entendre ; devant le barbouillage final de la première écriture, et devant les lacunes énormes de la seconde, ils s’arrêtent embarrassés, et chacun d’eux décide, non d’après les faits constatés, mais d’après les habitudes de son esprit et les besoins de son cœur. — Les savants proprement dits, les physiciens, les physiologistes, qui ont commencé le livre par le commencement, disent qu’il n’y a là qu’une langue, celle de l’écriture interlinéaire, et que l’autre se ramène à celle-ci ; supposition énorme, puisque les deux langues sont tout à fait différentes. — Les moralistes, les psychologues, les esprits religieux qui ont commencé le livre par la fin et sont pourtant forcés d’avouer que le gros de l’ouvrage est écrit dans un autre idiome, trouvent un mystère inexplicable dans cet assemblage de deux langues, et disent communément qu’il y a là deux livres juxtaposés et bout à bout.
Le Traité des Passions, qu’on a trop souvent le tort d’abandonner aux philosophes, est du plus haut intérêt. […] Tout le monde reconnaît ici la psychologie de Corneille : sur ces deux questions capitales, théorie de l’amour, théorie de la volonté, le philosophe souscrit aux affirmations du poète, et ne fait pour ainsi dire que donner la formule de l’héroïsme cornélien. […] En second lieu, ces actes intellectuels sont toute la vie du philosophe ; le reste ne compte pas dans son autobiographie, et toutes les déterminations de sa vie extérieure, choix d’une profession, voyages, retraite, expatriation, ont toujours pour fin d’assurer un jeu plus facile et plus libre à l’activité de son esprit : par là Descartes est l’homme idéal du xviie siècle, l’homme-pensée.
. — Les positifs : tous les vrais chrétiens et tous les vrais juifs ; « puis les philosophes ou les poètes qui affirment ou chantent l’idéal moral », MM. […] Desjardins rédige en style de séminariste bilieux ; il est ignorant (jusqu’à prendre les philosophes grecs comme types d’altruistes alors qu’aucun n’a envisagé la morale autrement que comme une éthique) ; il est naïf (jusqu’à se féliciter des séances politiques où la droite et la gauche s’entr’applaudissent, citant comme telles l’incident où la loyauté de M. de Cazenove de Pradines fut saluée par tous ses collègues, — ce qui est faux, car il fut nargué par la droite, — et l’intervention de l’évêque d’Angers dans la politique d’Extrême-Orient — ce qui ne provoquait l’admiration d’aucun député informé, attendu que Mgr Freppel, chacun le savait, n’agissait que pour défendre ses missionnaires) ; il est encore obséquieux avec les gens en place (jusqu’à cette platitude : « Nous avons par bonheur un ministre de l’instruction publique à tendances idéalistes »). — Mais un autre que M. […] Il serait curieux de retrouver les positions d’origine des chefs de, ce mouvement vague, falot et si réel : il y a des chrétiens, des catholiques, le parti de Mun ; il y a des philosophes, les néokantiens, les néo-thomistes ; il y a des politiques : les adversaires d’un régime républicain de nuance maçonnique ; il y a des artistes : les successeurs des naturalistes, donc leurs adversaires en esthétique, en morale, en politique, en [sociologie. — Ce pieux mouvement n’est pas sans danger.
Il ne sert à rien de savoir que tel artiste était ambitieux, amer et bas, que tel autre a une âme d’homme d’affaires, que Stendhal, par exemple, est un homme tendre, cosmopolite, philosophe sensualiste. […] D’une part, elle use des résultats de l’introspection telle que l’ont pratiquée les anciens philosophes et s’efforce d’interpréter ce que chacun peut savoir de son propre esprit, en s’aidant de la physiologie, de la psychologie animale, des constatations que l’on peut recueillir en général par l’observation. […] Théodule Ribot (1839-1916), philosophe, et non médecin, grand passeur de savoir, traducteur de Spencer, introducteur en France de la pensée de Schopenhauer, de la psychologie anglaise et allemande, constitue avec Taine le grand fondateur de la psychologie scientifique.
Leibnitz et Hegel sont les seuls philosophes parmi les modernes qui aient joint une grande érudition à une grande spontanéité. […] Leibniz était plus près de ce point de vue ; toutefois Biran, dans son écrit admirable sur ce grand philosophe, nous le montre encore plus attaché à l’idée ontologique de la substance qu’à l’idée psychologique du sujet pensant. […] C’est ainsi qu’un spiritualisme de collège se substitue bien vite au spiritualisme vivant, dont on retrouve le sentiment chez tous les grands philosophes.
À chaque âge il y a des rois qui gouvernent, des généraux qui gagnent de grandes batailles, des poètes et des philosophes qui laissent un nom, des savants qui étendent le domaine des sciences ; et, autour des rois, des générations obscures qui s’éteignent au pied du trône ; et, autour des grands capitaines, des soldats sans renommée qui ont acheté de leur vie la gloire de leur général ; et, autour des poètes, des philosophes, des savants, une multitude vaine et tumultueuse qui a honoré de ses suffrages le fruit de tant de veilles, sans laisser elle-même aucune trace dans la mémoire des hommes. […] Je cite plus volontiers les poètes que les politiques, parce que je regarde les poètes comme les véritables annalistes du genre humain, et que les politiques ou les philosophes sont trop souvent des hommes séduits par des théories sans fondement et sans fécondité.
La véritable largeur n’est point dans la sensibilité littéraire ; elle est dans l’intelligence, et le plus bel emploi qu’un philosophe puisse faire de son intelligence, c’est d’expliquer avec calme par une seule cause naturelle ou par une série logique de causes naturelles, tout ce qui étonne, irrite, scandalise, désole, chagrine, impatiente les esprits vulgaires et bornés. […] Mettre en présence ces trois écoles, mettre aux prises des représentants de chacune d’elles, n’armer qu’à la légère les philosophe ?