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1677. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

Bourdaloue ne se perd pas, lui, dans des petits traités de moraliste au microscope.

1678. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Pendant tout le temps que dure et marche ce roman, on voit L’Assassinat du Pont-Rouge aller perpétuellement de la précaution la plus impénétrable de sang-froid à l’indiscrétion la plus effarée, de la négation imprudente qui répond à ce qu’on ne demandait pas, à la confession qui va tout perdre.

1679. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

C’est un écrivain qui, nous l’espérons pour l’honneur de son diamant futur, est encore tout entier dans sa gangue, et pour lequel nous serons obligé d’être sévère parce que nous lui croyons du talent en germe, et que l’esprit de ce système qui perd tout dans les arts et dans la littérature pourrait étouffer ce talent que nous tenons à voir s’épanouir.

1680. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Tels sonnets de Sainte-Beuve à une mystérieuse inconnue ont presque tout perdu de leur qualité de tendresse et d’intimité depuis que M. 

1681. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Le plus grand nombre de ces panégyriques s’est perdu, comme cela devait être ; c’est bien assez de corrompre et d’ennuyer son siècle, sans encore avoir le droit d’ennuyer la postérité : on ne nous a conservé, sans doute, que ceux qu’on a regardés comme les plus estimables.

1682. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

En effet les parents dont le lien des lois n’assure point l’union, perdent leurs enfants, autant qu’il est en eux ; le père et la mère pouvant toujours se séparer, l’enfant abandonné de l’un et de l’autre, doit rester exposé à devenir la proie des chiens ; et si l’humanité publique ou privée ne l’élevait, il croîtrait sans qu’on lui transmît ni religion, ni langue, ni aucun élément de civilisation.

1683. (1929) La société des grands esprits

Elle eût été fondée à refuser de se commettre et à signifier dédaigneusement au monde qu’il perdrait plus qu’elle-même à sa ruine. […] « Quand la religion se perd, l’art est perdu… Tous les chefs-d’œuvre sont religieux… Nous avons perdu le sens de notre race et de notre religion… On n’est pas incrédule, on n’est qu’infidèle… » etc.. […] On sait qu’il eut une fille naturelle, Francine, qu’il perdit âgée de cinq ans, et que ce fut le plus grand chagrin de sa vie. […] Soudain Frédéric, qui s’était cru perdu, rétablit sa fortune par le coup d’éclat de Rosbach. […] Le poète ne chanta point, gagna son procès, mais perdit les bonnes grâces du roi, qui le rabroua en termes grossiers et offensants.

1684. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Nous restons, nous, en contemplation devant les immortels Principes de 89. » Il est difficile de perdre plus gaiement un protectorat. […] Or, le résultat le plus clair de notre généreux anticléricalisme a été de nous faire perdre l’Alsace une seconde fois. Nous ne l’avions perdue que matériellement en 1870. […] Nous nous sommes attachés de tout notre cœur à la perdre moralement, à nous l’aliéner. […] Tant qu’elles n’ont pas complètement perdu ce principe, en essayant de les détruire on le leur rend.

1685. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il est d’un âge et d’un peuple où le mot amour a perdu sa signification véritable. […] Il serait à jamais perdu si son ancienne fiancée ne lui pardonnait […] Sa fiancée est perdue pour lui et par sa faute, puisqu’il l’a trahie pour Irène, et voici qu’il a été trahi par la trop faible Irène : « Fumée ! […] Et comment se consoler d’avoir vu, d’avoir étreint le bonheur, pour le perdre ensuite, à jamais ? […] Le roman d’analyse, disais-je, a comme danger l’abus de l’abstraction ; il risque de perdre aisément la couleur de la vie.

1686. (1881) Le roman expérimental

Renan devait s’arrêter à mi-chemin, avec l’éternel regret de sa foi perdue et la vague jouissance de douter de son doute. […] Le mot de roman seul a été conservé, ce qui est un tort, car il a perdu toute signification. […] Elle ne perd de sa raideur, elle ne fléchit qu’au dix-huitième siècle, avec Voltaire et Beaumarchais. […] Mais l’Académie ne fait plus loi, elle perd même toute autorité sur la langue. […] Avec l’argent, il a osé tout dire, il a porté son examen partout, jusqu’au roi, jusqu’à Dieu, sans craindre de perdre son pain.

1687. (1895) Hommes et livres

Lorsqu’un grand personnage venait à l’abbaye, il se perdait dans la presse, parmi l’obscure foule des moines. […] Son livre en perd de son agrément : et quand je vois dans certaines pages de quelle façon alerte M.  […] L’art, à coup sûr, y perd : il devient métier. […] La séduction de la production hâtive et facile le perdit. […] De fait, avec Le Sage, déjà l’observation perd en profondeur ce que l’expression gagne en réalité.

1688. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Le Breton n’ait perdu de vue son véritable sujet, ne le dirai-je pas aussi ? […] On n’y est plus ; le fil se perd ; et le lecteur ferme le livre sur une impression, quelle qu’elle soit, qui n’est pas la vraie. […] Il continue cependant d’exister une société de cartésiens, et, comme nous l’avons dit, l’espèce a bien pu s’en cacher, elle ne s’est pas perdue. […] Troublés dans l’état d’innocence, tranquilles dans le forfait, ils auront perdu l’étoile polaire dans leur chemin. […] Il ne perd pas sa matière de vue, mais elle lui échappe d’elle-même, et les « mains paternelles », selon son expression, lui en tombent de découragement : Bis pairiæ cecidere manus.

1689. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

L’histoire est ainsi remplie de pensées inachevées, de volontés brisées, de caractères tronqués, d’êtres humains incomplets et mutilés ; par là, non seulement elle entrave l’intérêt, mais elle perd en vérité humaine et ce logique qu’elle gagne en exactitude scientifique. […] » De ces hauteurs nuageuses et toutes générales de la métaphysique, il redescend par degrés jusqu’à lui-même, et cela par l’effet d’incidents très simples : la rencontre d’une femme qui a perdu son enfant, la vue de deux arbres abattus, une conversation de Charlotte qui parle avec indifférence de la mort prochaine d’une personne ; enfin il rencontre un pauvre fou qui, au milieu de l’hiver, croit cueillir les plus belles fleurs pour sa bien-aimée. […] Toute la journée dans un baquet jusqu’à mi-corps, à la pluie, à la neige avec le vent qui vous coupe la figure : quand il gèle, c’est tout de même, il faut laver ; il y a des personnes qui n’ont pas beaucoup de linge et qui attendent après ; si on ne lavait pas, on perdrait des pratiques. […] Mais il y a une buée d’eau chaude qui est terrible et qui vous perd les yeux. […] Les uns et les autres, romantiques et réalistes, dans leur élan, peuvent perdre pied ; tous, dans une même mesure, sont idéalistes, quoiqu’ils aillent en sens contraires : idéaliser, c’est isoler et grandir une tendance existante pour la faire prédominer : tel est le but par eux tous poursuivi.

1690. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Gœthe réapprend, sans le vouloir et sans le savoir, je ne dirai pas le respect de Corneille, — on ne l’avait pas entièrement perdu, — mais jusque de l’abbé d’Aubignac ! […] Et si vous voulez bien comprendre votre Gœthe, si vous voulez vous dépouiller de l’illusion dans laquelle on vous a jusqu’ici entortillé, ne perdez jamais de vue son procédé, ce procédé d’investigation, de recherche et de retouche, qui l’explique et qui le suit partout, comme Marguerite. […] Porchat (et l’on sait l’honnêteté des traducteurs pour ceux qu’ils traduisent) écrit, dans une note, démoralisé et la tête perdue, que Gœthe avait probablement dans l’esprit un autre dénoûment (comment le sait-il ?) […] On perdrait son temps et son honneur à vouloir les analyser. […] La morale et protestante Allemagne eût accepté la situation, comme elle l’a acceptée de cet homme à qui tout fut permis, même d’être ridicule, sans perdre de son effet de dignité.

1691. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Ainsi se constituera une religion mixte qui impliquera une orientation nouvelle de l’ancienne, une aspiration plus ou moins prononcée du dieu antique, issu de la fonction fabulatrice, à se perdre dans celui qui se révèle effectivement, qui illumine et réchauffe de sa présence des âmes privilégiées. […] Par le fait, nous voyons une première vague, purement dionysiaque, venir se perdre dans l’orphisme, qui était d’une intellectualité supérieure ; une seconde, qu’on pourrait appeler orphique, aboutit au pythagorisme, c’est-à-dire à une philosophie ; à son tour le pythagorisme communiqua quelque chose de son esprit au platonisme ; et celui-ci, l’ayant recueilli, s’ouvrit naturellement plus tard au mysticisme alexandrin. […] Elle sent qu’elle a beaucoup perdu ; elle ne sait pas encore que c’est pour tout gagner. […] Mais cette peine toute superficielle n’aurait qu’à s’approfondir pour venir se perdre dans l’attente et l’espoir d’un instrument merveilleux. […] Prenons les choses de ce biais, et nous ne dirons même plus de notre corps qu’il soit perdu dans l’immensité de l’univers.

1692. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il vient de perdre son père. […] La foi de son père et de tous les siens, Barbey l’avait perdue à vingt-cinq ans, pour ne la retrouver que plus tard. […] Notre voix se perdit dans la destruction universelle. […] Vous aviez conquis cette renommée boulevardière qui a perdu tant de jeunes écrivains. […] L’effort du bon jardinier ne sera-t-il pas perdu ?

1693. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Lady Castlemaine en une nuit perdit 25000 livres sterling. […] Il a perdu jusqu’aux plus vulgaires répugnances de la pudeur naturelle. […] La science gardait sa séve et n’y perdait que ses épines. […] Il a perdu tous ses amis, mais il n’y a personne dont les juifs disent autant de bien. —  Très-vrai, sur ma foi ! […] voici Grammont qui nous jugera ; Grammont, venez nous juger. — Sire, vous avez perdu. — Comment !

1694. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Et sous le porche, le long des murs, dans le cimetière, partout, les mêmes inscriptions noires sur de petits carrés de bois blancs : François Floury, perdu en mer, Pierre Gaous, perdu en mer, Jean Gaous, perdu en mer. […] Le livre gagne ainsi en vie apparente, sans perdre de sa vie intime. […] Avez-vous entendu parler d’Étienne Moret, du Piano de Jeanne, de Deux amis, de Qui perd gagne ? […] Le Piano de Jeanne et Qui perd gagne récréèrent fort nos parents. […] Tout cela est perdu.

1695. (1921) Esquisses critiques. Première série

Leurs limites apparaissent ; le charme et le parfum de leur mystère s’évaporent et se perdent sans retour. […] Il sourit au récit de toutes ces aventures, alors qu’il en devrait frémir de honte et vociférer jusqu’à perdre l’auteur de réputation. […] Sans cesse, ces grincements de contraires présentent leur facile agencement — et leur drôlerie, qui pourrait être efficace s’il n’en était fait qu’un usage modéré, perd bien vite son attrait. […] Un vrai bon mot ne perd point à se voir détacher de ses entours ; au contraire. […] Cet hymen tourna mal, et Jason au libertinage. — Sanche en perdit plusieurs bouchées et le fil de son récit.

1696. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Rien ne se perd, si continuellement elle crée. […] Gustave Kahn avait alors vingt-six ans : sans histoire, on le sentait passionnément désireux de rattraper le temps perdu, de prendre grande place, sinon la première. […] Ils n’ont pas perdu leur temps. […] Mais là, vraiment, perdre mon encre à des polémiques avec d’illustres inconnus, pas si sot. […] Son Verbe a perdu les sonorités pleines, logiquement, étant donné son mode nouveau de concevoir.

1697. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Elle se moque, la cruelle, Des vœux, et des soins assidus ; Les soupirs qu’on pousse pour elle Sont autant de soupirs perdus.

1698. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Ainsi donc, ce jour-là, venant de ta fontaine, Nous suivions au retour les coteaux et la plaine, Nous foulions lentement ces doux prés arrosés, Nous perdions le sentier dans les endroits boisés, Puis sa trace fuyait sous l’herbe épaisse et vive : Est-ce bien ce côté ?

1699. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Vinet275 Le canton de Vaud et la Suisse française viennent de perdre leur écrivain le plus distingué, l’un de ceux qui faisaient le plus d’honneur à notre littérature.

1700. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Représentant de toute cette partie immorale et dépravée du règne de Louis XV, et, même sous le roi honnête homme et citoyen qui lui succéda, opiniâtrement fidèle à la corruption du passé, le maréchal de Richelieu s’occupait encore aux approches de 89 à publier les scandales de sa longue vie, et les confessions cyniques que balbutiait le courtisan en cheveux blancs se perdaient dans les acclamations solennelles dont un peuple rajeuni saluait déjà sa nouvelle aurore.

1701. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Et plus tard encore, quand on eut perdu jusqu’à l’excuse des illusions, et qu’il ne s’agit plus de vengeance, mais d’asile, que dire de cet incorrigible et cruel esprit de coterie qui perpétuait entre des compagnons d’exil la récrimination et l’épigramme, reprochant à l’un une distinction frivole, à l’autre une concession innocente, ne pardonnant nulle supériorité, et substituant en toutes choses les tracasseries de la mauvaise humeur à la dignité d’une grande affliction ?

1702. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Il paraît qu’alors Bonaparte méditait quelque coup d’éclat, qui l’élevât encore plus haut dans l’opinion des Français à mesure que le Directoire y perdait davantage.

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