Villars n’est pas seulement brave et brillant, il a les instincts de la grande stratégie, de celle dont notre siècle a vu les développements et les merveilles : en deux ou trois occasions, s’il avait été maître de ses mouvements, il frappait au cœur de l’Allemagne de ces coups agressifs auxquels on n’était pas accoutumé alors ; il se lançait, par exemple, jusqu’aux portes de Vienne, et très probablement il y entrait. […] Ce que Villars n’avait fait jusque-là que par instinct et pour trouver des occasions, il le fit dès lors avec le désir de s’instruire : Il passait souvent trois et quatre jours de suite dans les partis avec les plus estimés dans cet art : c’était alors les deux frères de Saint-Clars, dont l’un, qui était brigadier, fut une fois six jours hors de l’armée, toujours à la portée du canon de celle des ennemis, poussant leurs gardes à tout moment à la faveur d’un grand bois dans lequel il se retirait, faisant des prisonniers, et donnant à toute heure au vicomte de Turenne des nouvelles des mouvements des ennemis. […] Le matin de la journée de Senef, à un mouvement que faisaient les ennemis, la plupart des officiers généraux qui étaient autour du prince crurent qu’ils fuyaient. « Ils ne fuient pas, dit Villars, ils changent seulement leur ordre. » — « Et à quoi le connaissez-vous ? […] En lisant cette partie de ses Mémoires, telle qu’il paraît l’avoir rédigée ou dictée lui-même, on est très sensible à ce ralentissement d’ardeur et de mouvements, qui trahit dans le corps des armées une lassitude générale et une diminution dans les talents militaires de ceux qui commandaient en chef.
Buffon, dans un admirable récit philosophique, a supposé le premier homme s’éveillant à la vie et rendant compte de ses premiers mouvements, de ses premières sensations, de ses premiers jugements. […] d’où viennent ces mouvements ? […] Et sur la terre même, d’où vient la succession, la régularité des saisons ; et dans les végétaux, dans les corps organisés, cet ensemble de lois mystérieuses et manifestes qui y président et qui constituent la vie ; et ces mouvements d’un ordre supérieur et singulier, cette activité spontanée des animaux ; et nos propres sensations à nous, et ce pouvoir de penser, de vouloir et d’agir que je sens en moi ? […] Il essaye, pour y répondre, d’hypothèses diverses : l’arrangement fortuit, la nécessité du mouvement de la matière, l’infinité de combinaisons possibles dont une a réussi… Il hésitait, il commençait à se troubler : placé entre des explications incomplètes et des objections sans réplique, il allait, s’il n’y prenait garde, trop accorder à la raison, au raisonnement ; il sentait poindre l’orgueil en même temps que s’accroître les obscurités, quand tout à coup… mais laissons-le parler lui-même sa plus belle langue : Quand tout à coup un rayon de lumière vint frapper son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à l’homme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir.
Ce n’est point d’ordinaire la chaleur ni aucune inspiration émue ou éloquente qui distingue les écrits littéraires sortis de cette plume de savant ; soignés, élégants, d’une justesse ornée, parfois d’une simplicité un peu coquette, ils sont en général destitués de mouvement et de vie : un seul de ses écrits fait exception, c’est le précis intitulé : Essai sur l’Histoire générale des Sciences pendant la Révolution française, qui avait été composé pour servir de préface à une nouvelle édition du Journal des Écoles normales, et qui fut publié séparément (1803). […] Les résultats de ce grand mouvement eussent été inutiles, si les sciences ne les eussent secondés par de nouveaux efforts. […] Ainsi se vérifia cette assertion hardie d’un membre du Comité de salut public : « On montrera la terre salpêtrée, et cinq jours après on en chargera le canon. » Certes, de telles pages, si fermes, si continues, et où la précision s’allie au mouvement, ne font pas tort à la verte jeunesse de celui dont nous avons si longtemps goûté les beaux, exacts et un peu froids articles dans le Journal des Savants. […] On y voit se développer ce caractère ondoyant et complexe « avec toute la progression de ses sentiments, depuis les premiers mouvements d’une bonté naturelle jusqu’aux tristes jouissances d’un égoïsme raisonné. » Le sceptique y est combattu par de bonnes raisons, et les seules dignes d’un philosophe moderne.
Qui donc sait que dans cette entreprise commune à ces deux penseurs se rencontrait une vue neuve et profonde, qui, développée avec la patience du génie allemand, eût peut-être donné naissance à un mouvement philosophique aussi considérable dans l’histoire que l’a été le mouvement kanto-hégélien, si des circonstances favorables se fussent prêtées à un semblable développement ? […] Cousin qui a fait pour Biran ce qu’il a fait pour Schelling et Hegel, ce qu’il a fait pour Abélard, pour Plotin et pour Proclus, c’est-à-dire qui a mis en circulation son nom et ses œuvres, et qui lui a communiqué le premier quelque chose de cet éclat qu’il prêtait à tout ce qu’il touchait ; mais la fougue de cette imagination toujours en mouvement la transportait successivement sur trop de choses pour qu’aucune pensée eût le temps de mûrir silencieusement, ce qui est la condition du progrès scientifique. […] Ce fut donc par le mouvement régulier de sa pensée et sans savoir même où il serait conduit que Biran fut ramené pas à pas du point de vue objectif au point de vue subjectif, de l’extérieur à l’intérieur.
C’est de l’éclat, c’est du mouvement aussi, de la pièce de théâtre qu’on juge à la représentation ; mais à la lecture, c’est de sa solidité. […] Il faut faire grande attention aux entrées et aux sorties des acteurs, à leurs mouvements, indiqués quelquefois par le texte, à l’attitude que ce qu’ils disent suppose qu’ils doivent avoir, aux jeux de physionomie que leurs paroles permettent d’imaginer. […] Pour moi, je vois Phèdre se lever à : « Tu vas ouïr », mais il vous est loisible de placer ce mouvement à l’un ou à l’autre des trois endroits que j’ai indiqués. […] Ce que j’en dis, du reste, n’est que pour insister sur l’avantage de cette méthode qui consiste à se représenter les mouvements et les attitudes des acteurs et reconstituer l’action.
le mouvement, comme à la matière ; et le mouvement ne manque jamais ni à l’une ni à l’autre. […] L’homme a non seulement à porter le joug de son être matériel ; il a aussi à suivre les mouvements qui lui sont imprimés par le tout dont il fait partie. […] Un peuple, séparé du reste de l’Europe par ses mœurs beaucoup plus que par les montagnes qui forment ses limites naturelles, se saisit du mouvement progressif.
Et qu’on ne dise pas que, si la critique avait un point de vue central, si elle jugeait en vertu d’un principe et d’une vérité absolus, elle s’épargnerait en grande partie la fatigue de ce mouvement, de ce déplacement forcé, et que, du haut de la colline où elle serait assise, pareille à un roi d’épopée ou au juge Minos, elle dénombrerait à l’aise et prononcerait avec une véritable unité ses oracles. […] Je ne parle pas, bien entendu, des vers de Voltaire ; mais, dans sa prose, combien de ces mots sans image apparente, et qui sont la pensée même en son plus vrai mouvement ! […] Le style dans ce procédé constant, si par bonheur on n’y dérogeait pas quelquefois, n’aurait plus rien de la souplesse naturelle et du libre mouvement de la vie ; il ne serait plus qu’un vernis, qu’un émail, qu’une écaille universelle.
Il ne faut point étouffer ces mouvements d’enthousiasme, il ne faut rabaisser aucun genre d’exaltation ; le législateur doit se proposer pour but de réunir ce qui est bien dans une carrière, à ce qui est bien encore dans une autre, de contenir la liberté par la vertu, l’ambition par la gloire. […] J’ai tâché de rassembler, dans cet ouvrage, tous les motifs qui peuvent faire aimer les progrès des lumières, convaincre de l’action nécessaire de ces progrès, et par conséquent engager les bons esprits à diriger cette force irrésistible, dont la cause existe dans la nature morale, comme dans la nature physique est renfermé le principe du mouvement. […] Les esprits froids voudraient qu’on ne leur représentât que les aperçus de la raison, sans y joindre ces mouvements, ces regrets, ces égarements de la rêverie qui n’exciteront jamais leur intérêt ; je me résigne à leur critique.
Il est plein d’invention, de chaleur, d’expression et de verve ; il trouve les plus beaux caractères de tête, sa scène est pleine de mouvement ; mais il est sec, il est dur, il est discord, et je ne me soucierais pas de posséder un de ses tableaux, je sens que la vue continuelle m’en chagrinerait. […] Quel prodigieux mouvement ! […] La puissance de Jupiter, qui ébranle l’olympe du seul mouvement de ses noirs sourcils ?
C’était si bien la vie normale et non exceptionnelle, que le mouvement si spontané des croisades, régulières et organiques, en est sorti. […] les cinquante mille Quiquengrognes dont se hérissa la France, mouvement babelien, travail de Sémiramis, exécuté en un clin d’œil ! dressa la chevalerie à la guerre chrétienne, acheva par les cathédrales le mouvement commencé par les châteaux forts, et enfin mit ses cent bras de Briarée partout, jusque dans les décisions de l’Église, qui établirent la Trêve de Dieu, mais qui l’établirent… avec des lances !
Dans la mesure où il a été un « mouvement » lié au mouvement romantique, il nous apparaît comme l’œuvre conjuguée et mêlée des littérateurs et des artistes : ceux qui vivent sur les frontières des deux professions, Delacroix, Théophile Gautier, Fromentin, nous le font suffisamment comprendre. […] L’emportement qu’on lui suppose est une façon de sentir plutôt qu’un désordre dans la façon de peindre. » Et par une analyse raisonnable et précise, il montre que la maîtrise de Rubens, vue dans son principe élémentaire, a pour secret le mouvement de cette main, la qualité et le rythme de ce mouvement. […] La peinture de Rubens est, comme le discours de Bossuet, un mouvement ; mais de même qu’il y a une rhétorique du discours qui analyse le mouvement oratoire, une rhétorique de la main pourrait analyser le mouvement pictural. […] Mais rédiger le Journal, ce n’est pas écrire, puisque ce n’est écrire pour personne, c’est penser la plume à la main, la plume suivant le graphique d’un mouvement intérieur, disposant selon ce mouvement les mots, les phrases, le détail de la langue. […] Ces pages écrites d’abondance et sans rature nous donnent le style même et le mouvement de la pensée.
Ce style, où il ne manque que des nerfs, du sang, du mouvement et de la lumière, ce style dur, mais épousseté et propre, lisse comme un parchemin qui joue la vie… pour des myopes, ne peut être admiré ou aimé sincèrement de personne. […] — qui, par les flexibilités de son cou et l’ondulation de ses mouvements, rappelle le plus ce serpent auquel l’a comparé Joubert.
Avec la foule des instruments qu’il a créés, l’homme sépare et façonne sans peine les bois, les métaux et les pierres ; avec les cabestans, les leviers et les roues, il soulève et transporte des fardeaux immenses ; avec le secours de l’eau, il communique un mouvement perpétuel et rapide à de vastes machines ; avec le secours de l’air, il fait moudre ses grains et mouvoir ses vaisseaux ; avec le secours du feu, il fait monter l’eau dans ses pompes, sépare les rochers, creuse les mines. […] Ainsi, avant l’invention de la poudre, c’est-à-dire avant qu’on eût découvert l’art d’unir la mollesse au courage, et que la faiblesse fût parvenue à détruire sans effort et à triompher sans mouvement, la force du corps a été et a dû être en effet dans la plus grande estime sur toute la terre.
Deux canards mandarins, dans des mouvements de nage où le dessin cartilagineux de leurs pattes semble exécuté par un dessinateur spécialiste du canard. […] Une série de sept courtisanes, parmi lesquelles l’une d’elles, jouant du schamisén, est du plus heureux mouvement. […] Une merveille que ce déboulement galopant, où sont si bien dessinées les délicates pattes en mouvement, du lourd animal. […] Accroupie dans un mouvement plein de grâce, son miroir, qu’on ne voit pas, est posé sur le genou d’une jambe remontée ; dans ce mouvement, un sein sort de sa robe et, sous la robe, s’entrevoit un rien du dessous de la cuisse et du pied de la jambe qui porte le miroir. […] Comme Watteau, comme Gavarni, Hokousaï fait de nombreuses études de mains, de mains en toute l’énergie de leurs mouvements.
Mouvement Littéraire Provincial. […] Vielé-Griffin : Le Mouvement poétique, Mercure de France, avril 1898. — F. […] Le Goffic : Le Mouvement littéraire, Revue Universelle, 16 novembre 1901. — A. […] Mendès, Rapport sur le mouvement poétique français, E. […] Mendès, Rapport sur le mouvement poétique Français, Fasquelle, 1902 (Μ.
(Mouvement.) […] (Mouvement.) […] (Léger mouvement. […] Or, comme la chaleur est la source du mouvement, il est naturel que le cœur et les artères battent avec plus de force que dans l’état normal. […] comment au rai s-je conservé l’indépendance de ma pensée et de mes mouvements sous la suggestion d’un confesseur, qui m’eût gouverné par les craintes de l’enfer ?
Ces deux hommes universels, Cicéron et Voltaire, ont d’autant plus de rapports entre eux que l’un et l’autre ont été plus que des poëtes, des écrivains, des orateurs ; ils ont été des hommes dans toute l’acception du mot, c’est-à-dire qu’ils ont agi en même temps qu’ils ont écrit ou parlé, et qu’ils ont participé, dans une proportion immense, l’un au grand mouvement des choses romaines par l’éloquence, l’autre au grand mouvement de l’esprit humain par la littérature et par la philosophie actives du monde moderne. […] Son style scénique n’est ni si mâle et si tendu que celui de Corneille, ni si parfait et si harmonieux que celui de Racine ; ce style, qui sent trop l’improvisation, la facilité, la négligence, n’a point cette solidité qui résiste au temps dans l’œuvre des beaux vers ; mais le mouvement, l’éclat, l’héroïsme, la tendresse, toutes ces qualités de surface qui séduisent l’œil et l’oreille, lui donnent un caractère voltairien indéfinissable par un autre nom que par le nom de l’auteur. […] C’est peut-être aussi que le génie de Voltaire est le mouvement, que cet excès du mouvement de l’esprit donnait quelquefois le vertige et l’ivresse à sa jeunesse : l’âge, en ralentissant le mouvement excessif et désordonné de son âme, lui laissait plus de cet équilibre nécessaire à la création des belles choses. […] Lorsqu’on croyait avec Épicure que le hasard fait tout, ou avec Aristote, et même avec plusieurs anciens théologiens, que rien ne naît que de la corruption, et qu’avec de la matière et du mouvement le monde va tout seul, alors on pouvait ne pas croire à la Providence.
Alors la chanson commence ; on l’écrit presque sans la juger, avec peine ou facilité, mais toujours avec une sorte d’émotion, une certaine accélération dans le mouvement du sang, qui, tant qu’elle dure, fait l’illusion du talent et ressemble à la verve. […] M. de Rémusat suivit ou devança ces divers mouvements du groupe avec activité, avec aisance et à son plaisir. On vient de le voir préludant au mouvement romantique dans le Lycée . […] Combien de gens distingués de ce temps-ci qui se croient les chefs du mouvement, qui le sont jusqu’à un certain point, et qui ont été traînés à la remorque depuis vingt-cinq ans dans leurs jugements littéraires ! […] Ce point obtenu, placé au cœur du mouvement politique, ami personnel de tous les hommes dirigeants, il fut longtemps avant de se décider aux fonctions officielles ; même quand il appuie et quand il conseille le pouvoir, c’est encore le rôle libre qui lui va le mieux.
La pensée une fois mise en mouvement ne s’arrête plus. […] Au surplus, elle ne saurait se tenir en dehors du mouvement des idées, si peut-être même elle ne manque à sa tâche en manquant à être un facteur de ce mouvement. […] Ils ont été effrayés par le mouvement des idées nouvelles. […] L’Église doit-elle s’ouvrir largement au mouvement moderne ? […] Jusqu’ici l’Église de France a hésité à entrer dans ce mouvement.
Quelles qu’aient été les paroles mêmes du roi, il y a eu de sa part premier mouvement et colère. […] Il est résulté de cette bizarre péripétie, à propos de flétris, que les républicains et les gens du mouvement sont, pour le quart d’heure, dans le sens et dans l’intérêt du parti légitimiste, et que la jeunesse des écoles, par exemple, est allée en corps faire visite à Chateaubriand, lui offrir compliments et hommages.
Comme orateur, comme professeur, il avait également une puissance, une spontanéité de mouvement, un jet qui était dans sa nature, et que l’écrivain en lui s’interdisait. […] Oui, il y avait en ce temps-ci un critique sagace, précis, clairvoyant, et, quand il le fallait, sévère, qui obéissait en tous ses mouvements à un esprit chrétien de charité.
Cette censure, dont les gouvernants auraient plus besoin que jamais, est devenue enfin là-bas insupportable et presque impossible, et voilà du Rhin à la Vistule un mouvement de presse indépendante, une ligue généreuse pour le maintien des journaux libéraux, analogue à notre coalition contre la censure en 1827. […] Ce que lui inspiraient de transports ces glorieux symboles, qu’il interprétait selon son cœur, ce que le mouvement et la conversation de chaque jour lui apportaient d’espérances, d’enthousiasme croissant, puis par degrés, plus tard, de refroidissement et de mécomptes, il l’écrit chaque soir, en quelques mots, sans beaucoup de suite, mais avec verve et sincérité.
Qui ne sent combien cette transition repose agréablement l’âme agitée par les passions, et quel nouveau prix elle donne ensuite aux mouvements renaissants de ces mêmes passions ? […] C’est ainsi que l’esprit irréligieux détruit la vérité, et gâte les mouvements de la nature.
Les cris d’un homme qui ne tient à nous que par l’humanité, nous font voler à son secours par un mouvement machinal qui précede toute déliberation. […] Quel attrait nous ramene auprès d’eux quand un mouvement de curiosité nous a fait aller voir ce que la fortune décidoit sur les théatres voisins ?
La hauteur des opinions de Méry sur les hérésies, l’influence de l’hérésie sur les Barbares, le frappant vis-à-vis de l’apostasie d’Attila et de l’apostasie de Julien, — lequel appartient exclusivement au nouvel historien de Constantinople et qui a l’inattendu d’une révélation, — son bel épisode des Croisades, son mépris pour l’esprit des Grecs rebelles et disputeurs et pour ces protestants du xvie siècle qui renouvelèrent, à leur manière, l’esprit grec, et forcèrent les puissances chrétiennes à se détourner de la grande guerre traditionnelle de la chrétienté contre la barbarie musulmane pour brûler Rome et s’entre-déchirer entre elles au nom de la dernière hérésie sortie de la plume de Luther, enfin son jugement, d’une si noble pureté de justice, sur les grands calomniés de l’histoire, les jésuites, — puisqu’il faut dire ce nom si magnifiquement exécré, — et dont il nous raconte l’établissement et l’héroïsme, sous Murad III, à Constantinople, toutes ces choses et toutes ces pages, qui font de l’histoire de Méry une composition d’un mouvement d’idées égal pour le moins au mouvement de faits qu’elle retrace, n’ont pu être pensées et écrites que par un catholique carré de base déjà, mais qui va s’élargir encore.
Le succès de ces Lettres, qui répondaient au mouvement sympathique du temps, fut universel. […] Mais, qu’il y ait théorie ou non chez elle, son mouvement naturel n’attend pas, sa voix qui s’empresse fait d’abord appel à toutes les bonnes puissances, les réchauffe en nous et les vivifie. […] Bonaparte favorisait ce mouvement, parce qu’il en devait profiter, et les hommes de ce mouvement ménageaient tous alors Bonaparte, qui ne leur était point contraire. […] On aurait à dire, comme de coutume, que cette remarque ouvre la porte au mauvais goût, si elle pouvait lui être fermée. » Ces citations ne font-elles pas entrevoir comment les hommes du mouvement politique et républicain étaient conduits peu à peu à devenir les organes du mouvement littéraire, si le développement spontané qui se faisait en eux n’avait été brisé avec toutes leurs espérances par les secousses despotiques qui suivirent ? […] Le style en est monotone, sans mouvement, et trop mêlé d’expressions métaphysiques.