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2184. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

La bonté, c’est un des mots qui reviennent toujours avec elle. Un autre mot, tout proche, c’est celui de fécondité, d’abondance heureuse.

2185. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Oratio, nous apprend-il, vient de os et ratio, raison de la bouche, (ce qui lui paraît d’une admirable profondeur), caecutire, caecus ut ire ; sortir, sehorstir ; maison est un mot celtique ; sopha vient de l’hébreu, de la racine saphan, laquelle, dit-il, signifie élever, d’où vient le mot sofetim, juge, les éleveurs des peuples (encore un sens profond) !

2186. (1890) L’avenir de la science « XX »

L’homme qui n’a que l’instruction primaire est plus près du positivisme, de la négation du surnaturel, que le bourgeois qui a fait ses classes ; car l’éducation classique porte souvent à se contenter des mots. […] Le remède, en un mot, n’est pas d’exciter chez tous un appétit que tous ne pourront satisfaire, mais de détruire cet appétit ou d’en changer l’objet, puisque aussi bien cet objet ne tient pas à l’essence de la nature humaine, qu’au contraire il en entrave le beau développement.

2187. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance. […] « Agnès, si l’on en croit Molière, ne dit pas un mot qui de soi ne soit fort honnête, et si vous voulez entendre dessous quelque chose, c’est vous, dit-il, qui faites l’ordure et non pas elle, puisqu’elle parle seulement d’un ruban qu’on lui a pris. » Il y a peu de bonne foi dans cette réponse.

2188. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Cet esprit, malgré l’appareil de réflexion & de dignité qu’il s’efforce de se donner, n’a jamais pu se débarrasser d’un je ne sais quel air de petitesse qui en décrédite les créations ; ces connoissances, pour être annoncées d’une maniere affectée & présomptueuse, tombent inévitablement dans les disgraces attachées â l’ignorance & au pédantisme ; ce talent, pour n’avoir pas été sagement cultivé, pour afficher trop de confiance, décele continuellement sa foiblesse, & révolte plus qu’il n’attache ; en deux mots, on peut, d’après l’expression de son premier Maître, M. de Voltaire, comparer l’esprit de M. de la Harpe, à un four qui ne cuit point. […] C’est là qu’il peut dire, avec bien plus de raison, ce que disoit le Fou du Roi Jacques, en s’asséyant sur le Trône de son Maître : Je regne ; c’est là qu’il prononce en Juge souverain sur nos trois Spectacles, qu’il donne des loix aux Poëtes & des leçons aux Comédiens ; c’est là, en un mot, qu’il dispense à son gré les honneurs ou les disgraces littéraires.

2189. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Un enchaînement de contradictions révoltantes, où la Nature se ment à elle-même, à chaque page ; un chaos de raisonnemens absurdes, dont il ne résulte que des idées vagues, détruites par des observations les plus simples ; un renversement général de toutes les institutions ; un réchauffé des délires de tous les anciens Philosophes ; en un mot, un assemblage monstrueux d’inconséquences & d’atrocités. […] Pour tout dire en deux mots, qu’on compare les fruits qu’a produits dans tous les Etats une Philosophie raisonneuse, turbulente & destructive, principe de leur altération, de leur dépérissement, & de leur chute, avec les avantages qu’ils doivent à la Religion, qui les a tirés du chaos, les a rendus florissans, les maintient ; & l’on saura que penser des déclamations de tant d’Ecrivains, qui n’ont pas rougi de dissimuler ses bienfaits, de lui imputer des crimes qu’elle condamne, & de lui reprocher des désordres, dont elle a bien pu être le prétexte, mais qui ont cessé aussi-tôt qu’on en est revenu à son esprit & à ses vrais sentimens.

2190. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Il s’y sert des mots de verger, de jardin, de rosier & de rose, pour exprimer, en termes honnêtes, des choses qui ne le sont pas. […] L’officier, qui ce jour-là étoit de garde, avoit le mot.

2191. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Au lieu du raisonnement & de la précision, ils n’avoient dans la bouche que de grands mots, de l’emphase & des puérilités. […] On trouve, dans ceux qui furent appellés les deux lumières du barreau, des applications forcées, un assemblage d’idées singulières & de mots emphatiques, un ton insupportable de déclamateur ; quelques belles images, il est vrai, mais souvent hors de place ; le naturel sacrifié à l’art, & l’état de la question presque toujours perdu de vue.

2192. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

En un mot, pour parler scolastiquement, l’argument des matérialistes repose sur deux prémisses, dont la majeure peut être ainsi exprimée : Si la pensée est en raison directe de l’état du cerveau, elle n’est qu’une propriété du cerveau ; et la mineure est : Or, il est de fait que la pensée est en en raison directe de l’état du cerveau. […] En un mot, s’il n’y avait pas d’autres faits que ceux que nous venons de signaler, on pourrait conclure d’une manière à peu près sûre de l’instrument au musicien, comme du cerveau à la pensée, mesurer le génie musical par la valeur de l’instrument, comme les matérialistes mesurent le génie intellectuel par le poids, la forme, la qualité des fibres du cerveau.

2193. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Voler une pensée, un mot, doit être regardé comme un crime en littérature. […] Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. » C’est sur ces mots que nous voudrions finir.

2194. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Ce mot, je suis chrétien, deux fois répété, égale les plus beaux mots des Horaces.

2195. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

La petite portion du peuple qui médite, qui réfléchit, qui pense, qui prend pour unique mesure de son estime le vrai, le bon, l’utile, pour trancher le mot, les philosophes dédaignent les fictions, la poésie, l’harmonie, l’antiquité. […] Le mot manière se prend en bonne et en mauvaise part ; mais presque toujours en mauvaise part, quand il est seul.

2196. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes Ainsi la beauté de chaque partie du poëme, je veux dire la maniere dont chaque scene est traitée, et la maniere dont s’expliquent les personnes, contribuent plus au succès d’un ouvrage que la justesse du plan et que sa regularité ; c’est-à-dire, que l’union et la dépendance de toutes les differentes parties qui composent un poëme. […] Mais les retours que les interlocuteurs font sur leurs sentimens et sur ceux des autres, les reflexions du poëte, les recits, les descriptions, en un mot tout ce qui n’est pas sentiment, veut autant que la nature du poëme et la vrai-semblance le permettent, nous être répresenté sous des images qui forment des tableaux dans notre imagination.

2197. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

En un mot l’hyène a tous les défauts et pas une qualité. […] Arcin emploie aussi ce mot le plus souvent).

2198. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Un jour, quelqu’un l’appela spirituellement « un cueilleur de muguet », et c’était un mot doux et juste… Mais aurait-on jamais pu croire que cet aimable cueilleur de muguet pour les jeunes personnes qu’il ne faut qu’honnêtement émouvoir, aurait l’incroyable ambition de protéger le catholicisme ? […] je trouve aussi dans ce livre tous les vices de la pensée d’un homme qui se déprave de plus en plus, et qui, à chaque nouveau volume, augmente l’embarras de la Critique la plus résolue, par un système historique que l’on ne peut résumer que par le mot dont il devrait bien faire son titre : « De la Porcherie dans l’Histoire ! 

2199. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Quand donc nos modernes néo-chrétiens qui affadissent tout, même le sens des mots, se mettront-ils dans la tête qu’il n’y a pas d’autre catholicisme que l’orthodoxie ! […] Ce sont des voluptueux, au noble sens que comporte ce mot, et tels que furent les Goethe et les Léonard de Vinci.‌

2200. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

On peut remarquer, dans ses Mémoires et dans ses correspondances, qu’Homère était à ses yeux le premier et le dernier mot du génie humain, la Bible de l’histoire et de l’imagination. […] Si je n’avais que moi à consulter, je courrais au village, et elle déciderait d’un mot de mon sort. […] « En disant ces mots, il remit les rênes entre les mains du pasteur, qui, maîtrisant les chevaux, monta dans la voiture et prit la place du conducteur. […] « À ces mots elle s’avance résolument vers la porte, portant sous son bras le petit paquet avec lequel elle était venue ; mais la mère la saisit des deux mains et lui dit avec étonnement : « “Que signifient cette résolution et ces larmes sans cause ? […] Selon Goethe, comme selon les philosophes indiens, comme selon les philosophes chrétiens transcendants, comme selon les philosophes grecs et romains eux-mêmes (voyez le mot de Cicéron antiquissimum purissimum  !)

2201. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Ôtons le mot, si l’on veut. […] Elle aussi trouve à reprendre dans Homère ce que Perrault et Desmarets appelaient des mots bas. […] Il préférait aux vérités une fois acquises et, si l’on me passe le mot, emmagasinées, les doutes qui ont le faux air de vues nouvelles. […] Attaques n’est peut-être pas le mot propre. […] Ni Desmarets ni Segrais n’entendent le mot frigore, qui signifie le frisson religieux.

2202. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Georges Ohnet contient beaucoup de sens en un seul mot. […] Charles Morice, c’est le mot « suggérer ». […] Le mot de discipline, qui s’appliquait autrefois à la direction de toute la vie, n’est plus aujourd’hui un mot civil. […] Il vaut donc bien qu’on en dise un mot. […] Il aimait les mots et il en savait beaucoup.

2203. (1888) Portraits de maîtres

Je dirai même mieux, tous ces hommes de talent étaient des poètes dans la signification sérieuse mais restreinte de ce mot. […] L’écrivain français a surtout reproduit à merveille ces alliances de mots et ces bonheurs d’expression qui caractérisent le style éclatant de son modèle. […] Elle comprend et elle applique le mot de Platon, le mot d’encouragement et de lumière : « il est beau de rendre bon ». […] Elle lui communiqua le goût précoce de la tolérance et le sens du divin dans la plus haute acception de ce mot. […] En un mot il remplit le rôle de prophète, rôle ingrat et stérile entre tous.

2204. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Les comtes Razoumowsky, que j’avais toujours aimés, furent plus caressés que jamais ; je redoublai d’attention et de politesse envers tout le monde, excepté les Schouvaloff ; en un mot, je me tins fort droite : je marchais tête levée, plutôt en chef d’une très-grande faction qu’en personne humiliée et opprimée. » Sa fierté n’a pas grand effort à faire pour se redresser : elle n’était pas née pour l’attitude et le rôle de victime. […] Il est constant néanmoins, à lire ce que nous avons sous les yeux que, dans, sa fermeté de pensée, Catherine avait prévu le cas extrême où elle aurait été prise au mot pour sa demande de renvoi, et elle exprime en cette circonstance les dispositions de son âme en des pages admirables et qui font le plus grand honneur en elle au philosophe et au moraliste : c’est là un autre portrait d’elle et qui, pour être tout intérieur, ne paraîtra pas moins digne d’être mis à côté et en regard de tous ceux que l’on possède déjà, soit du portrait de la grande-duchesse que nous avons découpé précédemment, soit de ceux de l’Impératrice que l’on doit à la plume des Rulhière, des prince de Ligne et des Ségur. […] Un seul mot pourtant nous reste à dire de son caractère, dès aujourd’hui pleinement connu.

2205. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play a raconté le fait dans la première monographie de son livre (page 57), mais il s’est borné à le constater en peu de mots et avec sa précision ordinaire, en ne cherchant à rendre ni le mouvement ni le jeu de scène. […] On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) ! […] Poussée à ce degré, l’espèce (qu’on me passe ce mot scientifique) n’est-elle pas aussi un inconvénient, — Dieu me garde de dire un danger ?

2206. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

C’est dire combien, à l’exemple de la majorité de ses contemporains, il était lassé, dégoûté de tant d’avortements et de tant d’épreuves, de tant d’intrigues, de remaniements infructueux et de désordres ; combien, en un mot, il était préparé et mûr pour le Consulat. […] Frochot est zélé, dévoué, tout entier à son œuvre d’exécution et d’obéissance intelligente, animé d’un sentiment personnel d’humanité dans les réformes qui tiennent à l’assistance publique, au régime des prisons, paternel et plein de sollicitude pour les établissements d’instruction publique avant la création de l’Université, bienveillant pour les personnes, attentif aux talents naissants ; en un mot, doué de vertus, mais, on l’entrevoit, un peu faible : le nerf, on le pressent, le jour où il en aura besoin, est ce qui lui manquera. […] Comme le dit son ami Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, d’un mot expressif à la fois et indulgent, « ce jour-là et à cette heure-là, Frochot fut frappé d’une sorte d’apoplexie morale. » Il n’en revint, une demi-heure après, que par un autre mouvement excessif, et qui peint bien le désordre de sa pensée ; lorsqu’il apprit que tout ce qu’il avait cru d’abord n’était qu’une déception et qu’un rêve, quand les écailles tout à coup lui tombèrent de dessus les yeux : « Ah !

2207. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Ce court moment dont nous parlons, et où la philosophie elle-même souriait au roman, c’était, en un mot, la lune de miel de la critique et de la poésie à la Revue des Deux Mondes, et là, comme ailleurs, les lunes de miel ne luisent qu’une fois. […] Chez le poëte le moins enclin à une intervention fréquente, la délicatesse même engendre des susceptibilités particulières, impossibles à prévoir, des facilités de piqûre et de douleur pour un mot, pour un oubli, pour un silence. […] Ce rôle, la Revue des Deux Mondes, nous l’espérons bien, ne s’en départira pas désormais, et l’effet même de ces violences extérieures devra être de l’y faire viser de plus en plus : dire assez la vérité même à ses amis, ne pas dire trop crûment la vérité même à ses ennemis (avec de tels agresseurs cela mènerait trop loin), en un mot, ne pas trop oublier l’agrément, même dans la justice.

2208. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Cette foule d’écrivains calomniateurs émoussent jusqu’au ressentiment qu’ils inspirent ; ils ôtent successivement à tous les mots dont ils se servent, leur puissance naturelle. […] Quel talent pouvait s’élever à travers tant de mots absurdes, insignifiants, exagérés ou faux, ampoulés ou grossiers ? […] Ce qui est sublime dans quelques discours anciens, ce sont les mots que l’on ne peut ni prévoir, ni oublier, et qui laissent trace dans les siècles, comme de belles actions.

2209. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

C’est un puissant effort pour faire de la psychologie une science, dans toute la rigueur du mot. […] Par ces mots et par sa théorie de l’hallucination vraie. […] Les deux volumes où il a consigné ses impressions du Sahara et du Sahel contiennent des tableaux étonnants, dont la couleur intense fait pâlir les finesses charmantes de sa peinture : ces descriptions sont en un sens de la critique, la critique des sujets, si je puis dire ; car on y voit la réflexion de l’artiste analyser à l’aide des mots des sensations pittoresques dont sa main ne saurait rendre la puissance.

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