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2018. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

—  Agis, dit Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés libres et raisonnables. […] Hélas la république des volontés libres et raisonnables […] De ce deuxième parti vous serez, non plus seulement vous, Halévy, mais vous aussi, non point tout à fait aujourd’hui, j’y consens, mais de ce deuxième parti quelque jour vous aussi vous serez, ami lointain, cher entre tous, par l’amitié même, et comme en outre par l’éloignement ; vous en serez, homme jeune, plein de sang ; qui naguère maréchal-des-logis d’artillerie coloniale vous enivriez de la vitesse et de la force des batteries à cheval ; qui avez un sabre, et c’est pour vous en servir ; qui dans une maison glorieuse, (dans le siècle), de tant de gloire avez réintroduit l’antique gloire militaire ; et aussi l’antique gloire navale, l’antique gloire coloniale ; qui dans une maison glorieuse des travaux de la paix avez réintroduit la guerre et l’antique gloire guerrière ; vous en serez, homme jeune, jeune de sang, homme au cœur pur ; qui dans une maison laïque avez réintroduit la gloire antique, la première gloire, la gloire de la guerre ; grand enfant, grand ami, homme au grand cœur ; vous qui fondez des camps et qui fondez des villes ; artilleur ; colonial ; vous qui réveillant votre vieux sang breton, et votre vieux sang méditerranéen, et votre vieux sang de patience hollandaise nous restituez la vaillance antique aux héroïsmes des guerres mauritaniennes ; vous en serez ; Latin, Romain, Français vous qui de tous ces sangs nous faites un sang français et un héroïsme à la française ; Romain héritier des guerres numidiennes ; Français héritier des guerres jugurthiniennes ; artilleur héritier des antiques artilleries ; des balistiques romaines ; cavalier héritier des cavaleries antiques, des antiques Numides ; artilleur héritier des frondeurs baléares ; colonial héritier des colonies romaines ; et des autres colonies grecques ; fondateur héritier des fondateurs latins ; sous-lieutenant d’artillerie coloniale hors cadre, à Moudjéria, Mauritanie, par Saint-Louis, Afrique Occidentale Française, Grec héritier des colonies grecques ; gardien de notre culture, héritier, décuple héritier, héritier de toutes parts, vous qui savez ce que c’est que de fonder une ville ; ce qui était le métier d’Alexandre et le métier de César, fonder une ville où il n’y a rien ; grand ami ; qui avez voyagé comme Ulysse, et connu les mœurs de beaucoup d’hommes ; homme de grand soleil, homme aux yeux frais, au cœur émerveillé ; vous qui connaissez le désert, et l’oasis dans le désert ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a personne ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a rien ; et je ne peux plus revoir sans penser à vous cette esplanade des Invalides, d’heureuse mémoire, et le dôme ; et j’irai revoir la cour intérieure, la cour carrée, ce cloître militaire, si sévère et si juste ; aux arcades alignées, si régulièrement austères ; officier à la Courier, cet autre artilleur, qui dans votre cantine emportez du français ; car votre bibliothèque de campagne ne comprend que les Pensées de Pascal, les Sermons de Bossuet, le Règlement d’artillerie de montagne, la table des logarithmes de Dupuy, et un exemplaire de Servitude et Grandeur militaires auquel vous tenez, parce qu’il composait l’unique bagage littéraire du sous-lieutenant de cavalerie Violet, mort à l’ennemi ; qui sut si bien mourir à Ksar Teurchane en Adrar, l’an dernier ; il était je pense votre ami, l’un de vous, l’un de vos camarades, braves comme vous êtes tant, et vous étiez dignes l’un de l’autre ; et cinq autres petits livres que je n’ai pas le droit de nommer ; vous en serez de mon grand parti ami aux yeux clairs, au parler militaire, plus près du cœur encore et plus près de la pensée par cet éloignement constant, par cet éloignement qui recommence tous les deux ou trois ans ; gardé (intact) par cet éloignement même, par cette occlusion, par cette réclusion à distance, par cette réclusion libre ; qui dans un court séjour à Paris, un an, deux ans, passés comme un jour, demeuriez comme un roi, vous et vos canons, sous-officier demeuriez comme un roi dans notre grand palais de l’École Militaire, à deux pas de nos grandes Invalides ; et quand vous alliez à la manœuvre, par les clairs matins de Paris, levés bien de bonne heure pour des Parisiens, et quand vous en reveniez, à l’heure où nous autres civils ne sommes pas encore descendus du train, quand il y a un train, vos canons de 75, nos grêles canons modernes, si pertinents, un peu trop lourds toutefois pour vos batteries à cheval, pour vos batteries de cavalerie, pour vos batteries volantes, et comme nous le disons familièrement entre nous pour les volantes, vos canons de 75, si grêles, (d’aspect), réellement si solides et si incassables, défilaient respectueusement devant les canons monstrueux ; tous les matins, avant la soupe, dans la fraîcheur de l’aube, ces petits jeunes gens de canons modernes, ces gringalets de canons modernes au corps d’insecte, aux roues comme des pattes d’araignée, serrés à la taille, défilaient sous la gueule des canons monstrueux ; nos gringalets, nos freluquets ; et ces vieux anciens les canons monstrueux à ta porte accroupis, assis sur leur derrière, en rang de canons, alignés encore tout au long du beau terre-plein, derrière le fossé, comme pour une parade éternelle, avaient l’air de commander le défilé.

2019. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et, secouant complètement le joug du style de Katsoukawa, les dessins signés Mougoura sont plus libres, plus vus sous une optique personnelle. […] Alors tout de suite, le premier volume entr’ouvert, dans ces libres croquis où un peu de rose fait la chair, un peu de gris les demi-teintes sur le papier crème, des enfants, des enfants, des enfants, dans tous leurs jeux, leurs amusements, leurs poses, leurs gamineries, leurs gaietés ; puis les dieux, les génies, les prêtres bouddhistes et sinthoïstes, moqués en mille petites caricatures rieuses ; puis tous les métiers, toutes les professions dans le travail, et l’exercice de la profession ; puis le monde des faiseurs de tours de force en l’effort de l’adresse et de la force ; et encore des Japonaises dans les gracieux accroupissements de leur vie à quatre pattes, dans les coquetteries de leur toilette, dans les anatomies de leurs sveltes personnes aux bains ; et encore le Japonais dormant, réfléchissant, priant, lisant, jouant, pérorant, s’éventant, cuisinant, se grisant, se promenant, cavalcadant, pêchant à la ligne, se battant, en un rendu de tous ces actes de la vie, spirituel, joliment ironique ; et encore tous les animaux, même ceux que ne possède pas le Japon, comme l’éléphant et le tigre, et tous les oiseaux, et tous les poissons, et tous les insectes, et toutes les plantes : voici ce qui remplit les cinquante feuilles de ce premier volume dont la première planche représente le couple Takasago, le type du vieux ménage parfait au Japon, la femme portant un balai pour balayer les aiguilles des pins, l’homme une fourche pour les ramasser. […] La seconde, une très grande pièce d’un format tout à fait extraordinaire (H. 40, L. 51), dans la facture large et libre des sourimonos de Kiôto, représentant la danse de nô où figurent deux hommes et une femme qui joue du tambourin.

2020. (1802) Études sur Molière pp. -355

Ce vers et tous ceux de la tirade, faisaient partie d’une imitation libre de Lucrèce, que Molière avait commencée et qu’il jeta au feu, lorsque, dans une épître qui lui est adressée, Boileau eut dit : Et toujours mécontent de ce qu’il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire. […] Le style. — Il sera toujours le modèle, et peut-être le désespoir des auteurs qui voudront écrire la comédie en vers libres. […] voilà ce qui s’appelle bien jouer les pièces en vers libres ».

2021. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Son imagination est libre et son raisonnement est esclave.

2022. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Amant de la gloire de loin, comme des choses qui brûlent en éblouissant, sa figure portait le témoignage de son caractère ; il était grand, fort, élancé ; ses traits, pris séparément, n’étaient pas délicatement irréprochables, mais vus de distance ils étaient imposants, doux et fiers ; ses membres souples, sa démarche libre et noble.

2023. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

L’envoyé alléguait pour ses raisons que son collègue, qui avait des ordres libres, était mort ; mais que lui n’avait point le pouvoir de rien donner, outre ce que portait sa commission.

2024. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Je ne dirai pas pour cet effet que, durant dix ans, j’ai passé la plupart du temps à Ispahan, et qu’il n’y avait guère de maison considérable où je n’eusse quelque habitude, soit parce que je parlais bien la langue, soit par le moyen de mon commerce, qui me donnait l’accès libre chez les grands, de même que je l’avais à la cour, en qualité de marchand du roi.

2025. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Les anormalités de la conduite sont proportionnelles à l’affaiblissement de l’idée du libre choix ; l’idée de liberté, cette constante auto-suggestion qui se réalise elle-même, fait donc partie des conditions normales de la conduite : elle est par excellence, comme nous l’avons montré, l’idée-force normale et aussi l’idée-force morale.

2026. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Elle m’a envoyé, ce matin, un gros bouquet de roses, apporté par son blond bébé, sur les bras de sa bonne, avec ce gentil billet du père : « Constantin Rodenbach apporte à M. de Goncourt le respect et l’admiration du siècle prochain, dont ils seront tous les deux. » Le bébé parti, j’ouvre La Libre Parole, et je suis agréablement surpris d’y trouver un article, pareil à ceux du temps, où j’étais en communauté de cœur avec Drumont, et où il s’associe avec ceux qui me fêteront.

2027. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Égayons notre condition, comme une chambre de malade, de conversation libre et de bonne plaisanterie. […] » Il crie qu’il est Anglais, homme libre ; il veut sortir et tout casser641

2028. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Hélas, il se rappela l’accent dont elle s’était écrié : « Mais je pourrai toujours vous voir, je suis toujours libre !  […] Hélas, il se rappela l’accent dont elle s’était écriée : « Mais je pourrai toujours vous voir, je suis toujours libre ! 

2029. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

. — En d’autres cas, par exemple dans celui des membres, le jeu de la serinette est aussi aveugle ; mais, étant plus savant, il semble l’effet d’un choix intelligent et presque libre.

2030. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

.) — Le docteur Franz ajoute : « Puisque les idées sont produites par la réflexion appliquée aux sensations, pour qu’un individu se fasse par la vue une idée exacte des objets, il est nécessaire, dans tous les cas, que les facultés de son esprit soient complètes et aient leur jeu libre.

2031. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Car quel que soit le succès d’une pièce, son idée serait qu’elle ne fût jouée que quinze jours, quinze jours au bout desquels, l’auteur serait libre de la porter sur une autre scène.

2032. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ces mémoires sont écrits avec un air libre, une impétuosité de génie, & une inégalité qui sont l’image du caractère & de la conduite de ce fameux intrigant.

2033. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ils s’aimaient parce qu’ils étaient jeunes, parce qu’ils étaient libres.

2034. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Indices et éclats de la pensée libre. —  L’exégèse nouvelle. —  Stuart Mill. —  Ses œuvres. —  Son genre d’esprit. —  À quelle famille de philosophes il appartient

2035. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Tout le monde nous tombe dessus, et Sainte-Beuve finit par déclarer que la France ne sera libre, que lorsque Voltaire aura sa statue sur la place Louis XV.

2036. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Villemain, sous la plume modérée duquel j’aime à le placer pour le tuer mieux que la mienne, puisque c’est une plume de libre pensée, Villemain ne reconnaît que deux mérites à cet homme, qui eut l’ambition de trente-six, et il fait main basse sur tout le reste.

2037. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Dès que les deux amis furent libres, ils coururent à la comédie prévenir les acteurs de ce qui venait de se passer à Rueil, puis ils se mirent en quête de spectateurs de bonne volonté et disposés à faire accueil à Mirame. […] Ismène trace à son amant jaloux la ligne de conduite qu’elle veut lui voir tenir : Je suis libre, Timante, et ne veux point de maître. […] Phaéton, comédie en cinq actes et en vers libres, représentée en 1691, eut aussi un grand succès. « Au moment où je sortais de la comédie, écrit Boursault dans le temps qu’on jouait son Phaéton, un des gardes me donna un billet cacheté où étaient ces vers : Plus je vois ton ouvrage et plus j’en suis avide.

2038. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Nous n’en savons rien ; nous ne pouvons rien préjuger ; là-dessus, toute assertion ou négation serait gratuite ; le champ est libre pour les hypothèses, et il appartient à l’hypothèse qui s’accordera le mieux avec les faits observables. — En somme, entre le réceptacle préconçu et le réceptacle observé, la coïncidence est grande ; il y a même des chances pour qu’elle soit complète : car, si nous avons créé le fantôme interne, nous l’avons créé avec des éléments empruntés à la réalité externe, avec les éléments les plus simples et combinés de la façon la plus simple.

2039. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce village avait jadis appartenu à un monastère, et son église possédait une petite image miraculeuse, à l’influence de laquelle les habitants attribuaient leur bonne fortune d’être restés libres, au beau milieu des possessions d’un puissant seigneur.

2040. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Il faudra que tu voies en ce jour que je suis de noblesse libre et que mon mari est plus considéré que le tien.

2041. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Au fond Paris n’est plus Paris, c’est une sorte de ville libre, où tous les voleurs de la terre qui ont fait leur fortune dans les affaires, viennent mal manger, et coucher contre de la chair qui se dit parisienne.

2042. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Dans la rue, Clemenceau s’avoue tout à fait empoigné par la littérature, déclare qu’il voudrait faire un roman et une pièce de théâtre, s’il ne lui fallait pas, tous les jours, fabriquer un article pour La Justice, et toutes les semaines, deux articles pour La Dépêche ; enfin, s’écrie-t-il, s’il lui arrivait d’avoir un jour libre sur deux, il écrirait ce roman, il écrirait cette pièce.

2043. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais, pour le moment, en vrais fils qu’ils sont de la génération précédente, ils ne se soucient que du libre exercice de leur « faculté pensante », et le Dieu « rémunérateur et vengeur » de Voltaire n’est lui-même à leurs yeux qu’une hypothèse dont se passent très bien la mécanique céleste ou la fabrication du sucre de betteraves. […] L’attitude de Balzac en présence de ses personnages ou du sujet de ses tableaux est celle du naturaliste en présence de l’animal ou de la plante qu’il étudie, patiente et attentive, « soumise à son objet », libre de tout parti pris personnel.

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