/ 1884
963. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il garda toujours cette gravité enfantine qui se plaît aux jeux des sabres et des tambours, et cette sorte d’innocence qui fait les bons militaires. […] Peut-être trouvera-t-on que ce capitaine a obéi bien légèrement à un sentiment d’amour-propre alors que l’honneur du drapeau n’était pas en jeu ; M.  […] Mais cette complaisance pour les idées d’autrui, qui prenait sa source dans une politesse parfois un peu dédaigneuse, ne l’empêchait pas, toutes les fois qu’une chose grave était en jeu, de maintenir très fermement son opinion. […] je suis celui qui est partout en même temps et qui surveille toute espèce de jeu : le trente-et-quarante et la roulette, le baccara des civilisés, le poker des Américains, les osselets des sauvages, le jeu au bouchon des voyous, et le jeu aux billes des enfants, sans compter la Bourse et le négoce… Et c’est moi qui dirige le hasard, qui mélange les cartes et les dés, qui conduis l’imprévu… Je déjoue les systèmes, je fais sauter les martingales, j’interromps les parolis, j’embrouille les intermittences, j’amène les coups extraordinaires. […] Après des jeux qu’il serait peu généreux de mentionner, presque tous violèrent cette élégante jeune femme, dont les cris n’attirèrent personne, car à cette heure, dans Estella, de telles protestations étaient ordinaires.

964. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Tandis que le réaliste a pour constante préoccupation de s’effacer, de laisser les événements se combiner d’eux-mêmes, et de n’intervenir en rien dans leur jeu naturel, M.  […] Il reste qu’il prenait intérêt à étudier ce jeu des forces dans l’État. […] « Le joueur, écrit-il, n’est pas plus hanté par les visions du jeu et l’avare par celles du lucre, que l’auteur dramatique par la constante obsession de son idée fixe. […] » etc… — Sur l’inconduite et sur le jeu : « La fortune que ses parents lui avaient acquise par toute une vie de luttes et de privations héroïques… disparue ! […] Rien qu’à voir l’aspect des lieux, son imagination entre en jeu, et il a tôt fait de reconstituer les événements dont ils ont dû être le théâtre.

965. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Le président Hénault, qui conte cela, nomme ce beau jeu « la fête des chapeaux » ; le sien, plus d’une fois, dut faire le voyage. […] Dieu, l’impiété qui submerge les croyances, à quel jeu on jouerait. […] Si la Commune avait été suivie d’une restauration monarchique, ses apologistes auraient eu beau jeu. […] Les étymologies proposées par Platon dans le Cratyle sont de purs jeux d’esprit. […] Max Müller ne vient-il pas en partie du jeu qu’il laisse à l’imagination, « cette grande plongeuse », comme l’a nommée un poète ?

966. (1888) Impressions de théâtre. Première série

La scène où elle supplie son amant de se prêter à ce jeu et, tout de suite après, celle où elle croit qu’il s’y est trop prêté, sont d’une vérité particulièrement poignante. […] Notez que l’enfant qui joue ce rôle, et qui me paraît déjà cabotine dans l’âme, a aggravé la coquinerie de Louison par un jeu de scène qu’on aurait pu se dispenser de lui apprendre. […] Vous pouvez prolonger ce jeu et imaginer d’autres combinaisons. […] « Ne poussons pas de pointes, marquis, fait-il dire à Dorante ; le jeu est dangereux pour tous ! […] Le vice de Mme Courtebec est le jeu, particulièrement le poker.

967. (1930) Le roman français pp. 1-197

Le monde, sous leur regard, est un jeu. Il est un jeu pour Hermant. […] Ce frère et cette sœur qui s’insultent, se contrarient, se battent même perpétuellement, ne font tout cela — lucide pénétration de l’âme adolescente — qu’en sachant que c’est un jeu, alors que les autres, tout le reste de ceux qui les fréquentent, prennent ce jeu pour la réalité. […] Passion indéracinable pour ce jeu, même quand ils ont grandi, sont des adultes. Incompatibilité radicale de leur existence avec celle de ces autres en raison de ce jeu qui continue.

968. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

» De quelle foi correspondante sont possédés les fervents de la Comédie humaine, Sainte-Beuve l’avait déjà noté, . à l’occasion d’un groupe de voyageurs s’amusant à jouer entre eux, pendant un séjour à Venise, quelques personnages du romancier, et le jeu, — ajoute le critique, — fut parfois poussé jusqu’au bout. […] Les savants, eux, écartent ce problème, mais tout de même les sciences ne seraient qu’un jeu de la curiosité si elles n’avaient comme but suprême, comme limite, au sens géométrique du mot, la connaissance de cet Inconnaissable. […] » répond encore France, « n’est qu’une entreprise désespérée de nos semblables contre l’ordre universel qui est la lutte, le carnage et l’aveugle jeu des forces contraires. » Le déterminisme total s’achève dans le nihilisme. […] Cet étrange roman idéologique, d’une originalité déconcertante, nous révèle une sensibilité très voisine d’être morbide, associée à un intellectualisme effréné, pour lequel les idées ne sont encore que le plus exaltant des jeux. […] Le sentiment du sérieux de son art lui a fait mépriser les jeux stériles de l’esprit et les vanités dégradantes de la vogue.

969. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Étienne, et, durant cette année décisive de la guerre d’Espagne et de la lutte sourde du cabinet entre M. de Chateaubriand et M. de Villèle, il ne cessa de se montrer un chroniqueur attentif et pénétrant, décochant à chaque bulletin son épigramme, que modéraient déjà l’intelligence des hommes et l’entente du jeu. […] On a beau jeu de parler après coup de la conséquence inévitable des principes, mais, dans le fait, ils auraient pu courir et se heurter de bien des manières. […] Il y a de ces jeux de la fortune.

970. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

» — En adressant une sorte de chant pindarique à un jeune homme vainqueur au ballon (ces sortes de jeux et de victoires ont beaucoup de solennité en Italie), il passe vite de la félicitation triomphante à un retour douloureux : l’antique palestre était une école de gloire ; on courait de l’Alphée et des champs d’Élide à Marathon ; mais ici, qu’est-ce ? L’éphèbe, vainqueur des jeux, survit à la patrie ; il a sa couronne, et elle n’en a plus : « La saison est passée ; personne, aujourd’hui, ne s’honore d’une telle mère. […] Ruysch éveillé regarde à travers les fentes de la porte, il a un moment de sueur froide malgré toute sa philosophie ; il entre pourtant : « Mes enfants, à quel jeu jouez-vous ?

971. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Quand Séjan veut acheter une conscience, il questionne, il plaisante, il tourne autour de l’offre qu’il va faire, il la jette en avant comme par jeu, afin de pouvoir, au besoin, la reprendre ; puis quand le regard intelligent du coquin qu’il marchande lui a montré qu’il est compris : « Point de protestations, mon Eudémus. […] Ce jeu d’enfants, ces gestes, ces éclats de voix, cette petite querelle amusante ôtent au public son sérieux, et le préparent aux bizarreries qu’il va voir. […] Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.

972. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Swift racontait l’histoire d’un duc qui, jouant à un jeu de hasard, entassait devant lui des monceaux d’or, et tout entier au jeu, n’apercevait pas derrière lui un voleur qui, passant la main sous son bras, faisait tomber l’or dans son chapeau. […] Quand le jeu fut terminé on le félicitait de son gain : « J’ai cru beaucoup gagner, dit-il, mais je vois que c’est peu de chose. » On l’avertit que son domestique avait emporté le reste, et il comprit qu’il était volé.

973. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Est-ce que le jeu, l’ambition, la fortune, la renommée et la gourmandise, ne seraient pas suffisants à cette canaille ?  […] Alors la voilà qui se met à entrer dans l’interminable jaserie du Jeu de l’amour et du hasard. […] il y avait tant de calme et tant de grâce dans son jeu, elle avait si bien réuni, en un seul bloc, toutes ces perfections divines, que cette perfection même et cette suprême coquetterie, indiquaient aux moins clairvoyants un adieu éternel !

974. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

À ce point de vue, la faculté que possède l’homme et ses animaux domestiques de supporter les climats les plus divers, et le fait que d’anciennes espèces d’Éléphants et de Rhinocéros ont été capables de supporter un climat glacial, tandis que les espèces vivantes sont aujourd’hui tropicales ou subtropicales, ne doivent pas être regardés comme des anomalies, mais comme des exemples d’une flexibilité de constitution très commune qui, dans des circonstances particulières, est amenée à entrer en jeu. […] Les organes rudimentaires ou atrophiés sont donc abandonnés au libre jeu des diverses lois de croissance, aux effets du continuel défaut d’exercice et aux tendances de réversion. […] C’est qu’en pareil cas la sélection naturelle n’a pu entrer en jeu, et il en est résulté que l’organisation est demeurée dans un état flottant et variable.

975. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Thiers, au début du National, développait sa théorie constitutionnelle, et venait professer Delorme comme résumé de son Histoire de la Révolution, ces articles ingénieux étaient regardés comme de purs jeux de forme et des fictions un peu vaines au prix de la grande question populaire et sociale ; et ce n’était pas M.  […] Jouffroy aurait eu beau jeu à entamer la question européenne selon ses idées de tout temps, à tracer le rôle obligé de la France, et à flétrir pour le coup la politique de ménage à laquelle on l’assujettit : il n’en a rien fait, soit que l’humeur contemplative ait prédominé et l’ait découragé de l’effort individuel, soit que, voyant une Chambre si ouverte à entendre, il ait souri sur son banc avec dédain114.

976. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Nous détestons les servitudes militaires, qui font prévaloir par la conquête la force sur le droit ; la gloire corruptrice, qui fait adorer au bas peuple des victoires au lieu de vertus, nous dégoûte : ces grands homicides d’armées qu’on appelle des batailles ne nous paraissent que d’illustres crimes, quand ces batailles ne sont que des jeux de l’ambition. […] Le portrait de ma mère est là qui nous sourit ; Je sens autour de nous rayonner son esprit ; Durant les entretiens, les jeux de la soirée, Je consulte du cœur cette image adorée, Sachant bien qu’elle assiste et protège ici-bas Le père en ses travaux, les fils en leurs ébats.

977. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Le peuple, dit-il, assistait en spectateur aux coups des combattants, et, comme dans les jeux du cirque, il les animait tour à tour de ses acclamations et de ses battements de mains. […] « Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. » LIII « Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »… LIV Quelle condition du beau dans l’histoire manque dans ce récit de Tacite ?

978. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

III Relisons à tête reposée ce merveilleux livre, merveilleux d’utopie comme de saines inspirations ; laissons en pâture aux échenilleurs de mots et de formes les impropriétés de termes, les exagérations de phrases, les mauvais jeux d’esprit, les impuretés de langue, les fautes lourdes et même les saletés de goût, flatterie indigne du génie élevé d’un grand poète, cynisme de la démagogie, cette plèbe du langage, qui l’abaisse pour qu’il soit à son niveau, et qui le souille pour l’approprier à ses vices. […] « S’ils veulent emboucher le clairon de Pindare, « N’ont-ils pas Hiéron, la fille de Tyndare, « Castor, Pollux, l’Élide et les jeux des vieux temps, « L’arène où l’encens roule en longs flots de fumée, « La roue aux rayons d’or de clous d’airain semée,         « Et les quadriges éclatants ?

979. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Seyzon des jeux, empeyre des amours, Cil resjouïs qui leur perte desplore ! […] Clotilde ainsi chantait en sa saison première, Quand Jouvette, en soucis, n’a que jeux enfantins.

980. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

L’esprit d’autrefois était un jeu savant, une escrime réglée : il y fallait de l’invention, mais aussi du jugement, de la raison et de la science. À ce vieux jeu, Boileau était passé maître.

981. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

La lumière excessive et qui exclut la douceur des pénombres, la végétation exubérante aux contours tranchés, le chatoiement des insectes et des oiseaux précieux, l’attitude et les mouvements des fauves dans la chasse ou dans le sommeil, le jeu des lignes précises dans la clarté uniforme, une vie intense où l’on ne sent pas de bonté, où la rigidité de la flore semble aussi inhumaine que la rapacité de la faune, la tristesse sèche qui vient peu à peu d’un spectacle trop brillant qu’on regarde sans rêver et sans que l’œil puisse se reposer dans le vague  voilà de quoi se composent ces poèmes, aussi barbares vraiment que les autres23. […] Etre convaincu que toute émotion est vaine ou malfaisante, sinon celle qui procède de l’idée de la beauté extérieure ; regarder et traduire de préférence les formes de la Nature inconsciente ou l’aspect matériel des mœurs et des civilisations ; faire parler les passions des hommes d’autrefois en leur prêtant le langage qu’elles ont dû avoir et sans jamais y mettre, comme fait le poète tragique, une part de son cœur, si bien que leurs discours gardent quelque chose de lointain et que le fond nous en reste étranger ; considérer le monde comme un déroulement de tableaux vivants ; se désintéresser de ce qui peut être dessous et en même temps, ironie singulière, s’attacher (toujours par le dehors) aux drames provoqués par les diverses explications de ce « dessous » mystérieux ; n’extraire de la « nuance » des phénomènes que la beauté qui résulte du jeu des forces et de la combinaison des lignes et des couleurs ; planer au-dessus de tout cela comme un dieu à qui cela est égal et qui connaît le néant du monde : savez-vous bien que cela n’est point dépourvu d’intérêt, que l’effort en est sublime, que cet orgueil est bien d’un homme, qu’on le comprend et qu’on s’y associe ?

982. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Combien nous préférons ces jeux de la Grèce où la jeunesse d’Athènes, à peine vêtue, venait se disputer à la course le prix d’une vigoureuse agilité, à ces ignobles joutes où, après avoir enfermé les jambes du coureur dans un sac, on lui dit Cours ! […] L’art du débit oral est-il autre chose que l’application des facultés de notre intelligence au perfectionnement de l’instrument du langage et du jeu de la pantomime ?

983. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Son imagination se portait vers des jeux inoffensifs ; elle voulait se dire qu’elle travaillait pour lui, qu’elle était occupée à faire quelque chose pour lui. […] Si le vol n’avait été qu’un jeu, l’auteur de l’espièglerie aurait dû la faire cesser plus tôt, dès qu’une tierce personne en était victime.

984. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

— Il flétrissait ainsi, en la personne de son grand compatriote, celui qui a détruit la poésie de l’arc-en-ciel, en le réduisant à n’être plus qu’un jeu de lumière, une variété du prisme. […] Voilà sa destinée pour longtemps ; elle sera philosophique. ; elle sera, non plus un jeu de l’esprit, un caprice mélodieux de la pensée légère et superficielle, mais l’écho profond, réel, sincère des plus hautes conceptions de l’intelligence.  » La poésie sera sans doute autre chose aussi ; bien téméraire qui voudrait enfermer l’incessante mobilité de l’art dans une formule rigide ; mais il est certain qu’elle peut et doit réaliser la prophétie de Lamartine.

985. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

L’âme du rêveur perçoit le jeu mobile des lumières, les bruits des paroles, là-bas, et les mares éclatantes — cerclées étrangement d’une verdure sombre, les mares de blancheur étalées au sol par le jet des lampes électriques. […]  Je les retrouve telles en les Jeux séduisants du Bossu d’Arras ; Robin Et Marion, la Feuillée, où s’allient par un naïf déchant, tes vives chansons populaires et les musiques religieuses.

986. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Sans doute, le mécanisme animal, quand il est mis en jeu, agit comme le mécanisme d’une montre, mais pour le mettre enjeu et l’y maintenir, il faut la présence constante de la sensation. […] La vie d’un animal d’organisation supérieure est la somme des activités de toutes les forces en jeu, et sa complexité est en proportion de la complexité de l’organisme.

987. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Une jeune femme qui vient de faire un mariage très riche, disait à une cousine à moi : « Oui, oui, c’était l’ancien jeu… du temps que les parents mariaient leurs enfants… Maintenant nous nous marions nous-mêmes. » Et nommant son mari, un voisin de campagne, elle ajoute : « Voilà deux ans que je le roulais… Je m’étais dit qu’il serait mon mari… ah ! […] Son partner au jeu lui dit : « Je vous joue ce que vous avez perdu, contre les esquisses, que vous avez chez vous, de votre mari. » Elle joua et perdit.

988. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Moi, je crois au contraire que loin de nous avoir fait un public, vous avez complètement défait le nôtre ; public bien respectable dont j’ai longtemps brigué les honorables suffrages ; public qui se composait alors d’une grande partie de la jeunesse instruite, de l’élite de la société, d’un grand nombre d’anciens magistrats, d’artistes, de savants qui le soir régulièrement venaient se délasser de leurs graves travaux et chercher de douces émotions ou égayer leur esprit à nos jeux scéniques. […] À mes yeux un gouvernement est un père de famille, il ne doit permettre à ses enfants que les jeux qui ne peuvent leur nuire, et il montrera encore plus de sollicitude pour eux, si, tout en les amusant, il parvient à les instruire.

/ 1884