Une paix inaltérable faisait régner sur l’Europe, lassée de la grande guerre, son ironique sérénité. […] Il parle de la guerre comme un amant malheureux parle d’une maîtresse adorée qui l’a repoussé. […] On conçoit aisément que si l’Idée marche en guerre, c’est le poète qui est le porte-étendard de l’Idée. […] Ces épigrammes qui semblaient si hardies, ces allusions si mordantes, ces railleries si cruelles, toute cette artillerie de vers belliqueux chargés à balle et tirés à bout portant sur l’ennemi d’alors, tout cela nous fait l’effet d’une petite guerre antédiluvienne. […] La guerre, l’horrible guerre est le privilège de l’espèce humaine : la sentence du meurtre est la seule que l’on respecte, et ce qu’on appelle dans les palais et dans les cathédrales la justice de Dieu n’est que la loi de la force. — Dans l’intérieur de l’État, c’est la même chose : la loi du besoin y règne seule ; c’est l’intérêt de la réciprocité qui fonde l’apparence de ce qu’on nomme la justice.
Le cri de guerre de la dernière école littéraire, en même temps que des autres arts autour d’elle, fut celui-ci : la réalité. […] Elle vit de la lutte des classes comme des guerres entre les nations. Tout ce qu’elle fait est pour empêcher que ne finissent ces guerres, les unes et les autres. […] Guerre civile et massacres et en fin de compte, rien de changé au monde. […] Quiconque prépare ou préconise le moyen de la guerre sociale, quelles qu’en soient les intentions, celui-là doit être tenu pour un fou ou pour un ennemi du genre humain.
Plus tard Rochester entre en guerre avec le poëte, soutient Settle contre lui, et loue une bande de coquins pour lui donner des coups de bâton. […] Dryden s’y lança, et son poëme d’Absalon et Achitophel fut un pamphlet. « Je manie mieux le style âpre que le style doux765 », disait-il dans sa préface ; et en effet, dans une telle guerre il fallait des armes. […] — Ce travail infini eût lassé l’art du graveur : — beau héros de bataille d’abord, et, comme un pygmée que le vent emporte, — lancé dans la guerre par une inquiétude prématurée ; — général sans barbe, rebelle avant d’être homme, — tant sa haine contre son prince commença jeune ! […] « La nation, dit-il en commençant, est dans une trop grande fermentation pour que je puisse attendre guerre loyale ou même simplement quartier des lecteurs du parti contraire774. » Et là-dessus, empruntant les allégories du moyen âge, il représente toutes les sectes hérétiques comme des bêtes de proie acharnées contre une biche blanche, d’origine céleste ; il n’épargne ni les comparaisons brutales, ni les sarcasmes grossiers, ni les injures ouvertes. […] Il montre le bon député « servant à la fois le roi et le peuple, conservant à l’un sa prérogative, à l’autre son privilége », placé comme une digue entre les deux fleuves, cédant davantage au roi en temps de guerre et davantage au peuple en temps de paix, « empêchant l’un et l’autre de déborder et de tarir788. » Cette grave conversation indique un esprit politique nourri par le spectacle des affaires, ayant, en matière de débats publics et pratiques, la supériorité que les Français ont dans les dissertations spéculatives et les entretiens de société.
. — Un fragment de voyage dans les Alpes ; Les Deux Voix ; La Guerre aux Démolisseurs. […] Victor Hugo avait publié, comme nous l’avons dit, dans la Revue des Deux Mondes, un fragment de son Voyage dans les Alpes, son ode des Deux Voix et la Guerre aux Démolisseurs. […] Ce fut vers l’époque où parut dans la Revue des Deux Mondes une suite d’articles dans le genre de celui-ci, que notre grand poète, se sentant, comme Achille, blessé au talon par une flèche empoisonnée, laissa, du haut de son dédain, tomber les vers suivants : Jeune homme, ce méchant fait une lâche guerre. […] Autrefois, les déclarations de guerre, soit générales, soit particulières, étaient portées par un héraut d’armes : celui auquel s’adressait le défi avait le temps de se préparer à la défense.
Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !)
Les deux livres qui exposent les immenses travaux de Napoléon pour régénérer l’intérieur et réorganiser la guerre, quoique le désastre (on le sait trop bien) soit au bout, laissent une impression tout autre et bien plus consolante au cœur de tout bon Français qu’on ne l’avait d’après les derniers historiens.
Il y a des écrivains qui ressemblent au maréchal de Soubise dans la guerre de Sept Ans : quand il avait toutes ses troupes rassemblées sous sa main, il ne savait qu’en faire, et il les dispersait de nouveau pour mieux se faire battre.
Des trois pouvoirs qui composent le gouvernement, le pouvoir qui dispose de l’armée déclarait la guerre à la société ; les deux autres pouvoirs étaient nuls par des causes que j’expliquerai ; et l’administration publique, depuis longtemps organisée pour nous priver de tout mouvement, restait partout menaçante.
Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.
Il y a aussi l’aventure du mari qui doit partir pour la guerre la nuit même de ses noces.
Voilà le véritable ouvrage du philosophe, quand il a réellement pour but d’être utile ; ce n’est pas de se déchaîner contre les maux, c’est d’y chercher des remèdes, et, s’il ne peut faire autrement, des palliatifs ; il ne s’agit pas de battre l’ennemi, il est trop avant dans le pays pour entreprendre de l’en chasser ; il s’agit de faire avec lui la guerre de chicane.
Comme elle confond tous les Occidentaux avec les Barbares aux cheveux rouges qui lui ont fait la guerre, elle confondra dans une commune horreur l’Église, mère de la chrétienté, et tous les gouvernements politiques qui allongent, plus ou moins, leurs épées vers elle.
Catalogués et numérotés par leur date d’admission à l’Académie française, tous ces esprits, qui, dans les lettres, expriment ce que Napoléon appelait de la chair à canon dans la guerre, et forment, pour ainsi parler, l’humus d’une littérature, comme la masse des soldats tués forme celui des champs de bataille, tous ces esprits n’auraient pas l’honneur de la place qu’ils occupent au petit soleil du livre de Livet s’il s’agissait individuellement d’eux, au lieu du corps dont ils ont fait partie.
En effet, il aurait été au pouvoir ce qu’il avait été pendant sa proscription, et il y eût certainement montré l’esprit de ressource et l’intrépidité froide et rusée qui forment le génie des hommes d’action en politique comme à la guerre.
Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas !
Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle, dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité, dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas !
Dénouement d’une brutalité sublime, et que j’aime, non pas seulement parce que c’est le dévouement, l’éternel honneur de l’âme, qui tue l’égoïsme, qui en est la honte éternelle ; mais aussi parce que je vois ici comme une apothéose de la guerre que les athées, qui ne sont pas tout à fait des héros, mais qui sont tout à fait des niais, voudraient supprimer comme Dieu et l’Enfer !
Mais les trop rares esprits qui aiment la poésie en dehors des guerres civiles de la littérature y prirent garde et en respirèrent l’espérance.
Sans affirmer l’existence ni l’époque précise d’un seul Orphée, croyons qu’il dut s’en élever plusieurs, à la naissance de cette société grecque sortant de la barbarie par la guerre et la gloire, et de bonne heure humanisée par les arts.
Quels que soient les malheurs qui aient pu nous frapper, elle reste intacte et brillante au milieu de tous les désastres : ni la guerre, ni la politique ne sauraient l’atteindre. […] Matamore a la prétention d’être irrésistible en amour comme en guerre. […] Songez que c’est un jeune homme de dix-huit ans qui aborde et provoque un illustre homme de guerre. […] Il semble, en relisant ce drame sublime, qu’on réalise la chanson des Hellènes dans la guerre de l’indépendance : « Aiglon, bois le sang des héros, tu sentiras croître ta serre ! […] Sur ces entrefaites, voici l’incident qui se produit, dès la troisième scène : un soldat de fortune, nommé Carlos, qui s’est distingué dans les guerres contre les Maures, entre dans la salle et va pour prendre place en même temps que les trois seigneurs.
Et il est de bonne guerre d’opposer à Taine ses propres armes. […] Il adore les armes, la guerre, le cheval de guerre. […] À quoi tend la « cuistrerie » du libéralisme humanitaire, sinon à nous aveulir de lâcheté en déshonorant « la mère de tout honneur, — la Guerre » ? […] » « La guerre… l’affreuse guerre…, nous mettrions la guerre tout simplement. » « Le magistrat connaît-il autre chose, de lui que l’esprit ? […] La guerre finie, la nécessité le ressaisit.
Il condamne la guerre, et pourtant c’est une si belle chose ! […] Qu’il fasse la guerre au roi de Naples, on ne peut l’en empêcher. […] Aci-Trezza est un amas de masures habitées par des pêcheurs à peau noire, qui n’attendent leur pain que de la mer avec laquelle ils sont toujours en guerre. […] « Et chaque nation construira un temple grandiose, sur la façade duquel on écrira : Gloire à tous les morts des guerres humaines ! […] Au début d’un des récits militaires (Quel Giorno) une dame demande à un officier de lui raconter quelques-unes de ses impressions pendant la guerre.
Littré avait laissée de lui et de sa force d’initiative : « À la mémoire de Michel-François Littré, d’Avranches, chef de bureau à la direction générale des Contributions indirectes, mort à Paris le 20 décembre 1827 ; canonnier de marine durant les guerres de notre Révolution ; l’un des collaborateurs du Journal des Hommes libres en 1799 ; patriote sincère et constant, qui a cru et travaillé pendant sa vie entière aux progrès de la liberté ; érudit qui ne devait qu’à lui seul et à la persévérance de ses travaux des connaissances étendues et variées ; philologue distingué, l’un des plus anciens membres de la Société asiatique de Paris ; homme d’une inaltérable droiture, etc. […] La guerre aux sophistes faite par Socrate, la guerre à l’esprit de charlatanisme faite par Hippocrate, sont de la même époque et portent le même caractère. » M.
Il avait bien compté, ai-je dit, faire la guerre d’Espagne ; mais il eut l’ennui de rester en sentinelle sur la frontière. […] Molé, à armer ce discours en guerre, à l’amorcer en ce sens. […] Danton disait : « Je suis saoul des hommes. » Samson, à sa manière, le dit des femmes ; il a trouvé la femme « plus amère que la mort. » Il s’abandonne, de guerre lasse, à sa destinée, et Dalila le livre.
Il décrit ce séjour de paix au milieu de la guerre dans une de ses lettres. […] Voici comment il la décrit lui-même dans une de ses lettres, ainsi que la vie ascétique dans laquelle il s’était recueilli pour prier, chanter, rêver et aimer encore : « Quand on trouve un antre creusé par la nature dans les flancs d’un rocher, dit Sénèque, l’âme est saisie d’un sentiment religieux, sans doute parce qu’on y sent l’impression directe de l’Ouvrier divin ; les sources des grands fleuves inspirent la vénération, l’apparition subite d’un fleuve mérite des autels ; j’en veux ériger un, ajoute-t-il, aussitôt que mes ressources pécuniaires me le permettront ; je l’élèverai dans mon petit jardin qui est sous les roches et au-dessus des eaux ; mais c’est à la Vierge, mère du Dieu qui a détruit tous les autres dieux, que je le dévouerai. » « Ici, dit-il après dix ans de séjour dans cet ermitage, ici je fais la guerre à mes sens et je les traite en ennemis : mes yeux, qui m’ont entraîné dans toutes sortes de précipices, ne voient maintenant que le ciel, l’eau, le rocher. […] Mes livres, ce sont des gens de tous les pays et de tous les siècles : distingués à la guerre, dans la robe et dans les lettres ; aisés à vivre, toujours à mes ordres ; je les fais venir quand je veux, et je les renvoie de même ; ils n’ont jamais d’humeur et répondent à toutes mes questions.
Cependant je n’ai pas trop mal arrangé ici les affaires du roi, et j’ai envoyé sur la guerre d’Orient un Mémoire de quelque importance ; j’ai de plus entre les mains une dépêche faite et assez curieuse, pour laquelle j’attends un courrier. […] C’était la déclaration de guerre de la monarchie à l’opposition du libéralisme, du bonapartisme et du républicanisme coalisés dans la presse et dans les Chambres. […] Comment le roi et son ministre auraient-ils éteint l’incendie de la France en allumant l’incendie de l’Europe par une guerre de propagande ?