/ 2156
406. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Surtout, il faut se garder de l’affreuse « condescendance » de certains philanthropes. […] Bref, elle escompte et exploite la magnanimité de son ami, tout en prétendant garder elle-même les apparences de la générosité dans le moment où elle est le moins généreuse… Elle est hypocrite et faible, — avec circonstances atténuantes, je ne l’ignore pas, — mais elle l’est enfin ; et ce qui me choque, c’est que l’auteur n’a vraiment pas assez l’air de s’en douter. […] Puis, la joyeuse outrance des types laisse encore voir les attaches qu’ils gardent avec la réalité. […] Le petit roi, qu’on s’est bien gardé de remettre à Barras, repose dans une maison voisine. […] Pendant que la compagnie se promène sur le lac, Lia est restée à garder les enfants.

407. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Elle n’a pas assez de sièges pour les asseoir, ni assez de place pour les garder longtemps. […] Un jour, elle est venue le relancer jusque sous le toit maternel, et elle a exigé une explication, en présence de sa mère, de sa mère qui a toujours gardé au fond d’elle, comme une blessure faite à son sexe, le ressouvenir de la dureté de son fils pour sa maîtresse. « C’est le seul point noir entre ma mère et moi !  […] Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie. […] dans une de ces chambres de domestique, où le soleil, donnant sur une tabatière, fait l’air brûlant, comme en une serre chaude, et où il y a si peu de place, que le médecin est obligé de poser son chapeau sur le lit… Nous avons lutté jusqu’au bout pour la garder, à la fin il a fallu se décider à la laisser partir. […] Il donnait des poignées de main aux domestiques, et placé à côté de Mme de Bellune, chaque fois qu’un convive lui adressait la parole, il saluait, ayant, par une habitude de paysan, gardé son chapeau sur la tête.

408. (1925) La fin de l’art

Mais ce n’est pas à ce point de vue, qui est celui de l’esthétique, que s’est placé un journal en soumettant à ses lecteurs ce problème : Si on ne devait garder à Paris que vingt statues, lesquelles choisiriez-vous ? […] C’est encore ce qu’elle resta en se faisant journaliste, courriériste parisien, et ses Lettres parisiennes en gardent un parfum particulier. […] Félicitons-nous plutôt qu’un de ses amis eût songé à garder dès 1868 la plupart (car il en manque certainement) des lettres qu’il en recevait. […] Jamais un médecin qui n’est pas fou n’affectera une telle assurance de diagnostic, d’abord parce qu’il ne la possède pas, ensuite parce que, la possédant, il se gardera bien d’en faire usage. […] Mais son tour est enfin venu de connaître la mode, de recevoir et peut être de garder les visiteurs.

409. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Or en italien, grâce à Dante et à la faculté qu’a tout poëte moderne de se rapporter à ces hauts exemples et de s’élever au-dessus du niveau du jour, la poésie a gardé son rang suprême, ou du moins elle le recouvre toutes les fois qu’un vrai poëte se rencontre.

410. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 104-107

Nous nous garderons bien de lui faire des reproches de nous avoir maltraités ; nous lui pardonnerons même jusqu’à son intention.

411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

Ce Compilateur, avec un peu de discernement & d’honnêteté, se seroit gardé de mettre sur le compte de Santeuil plusieurs anecdotes scandaleuses ou ridicules, auxquelles il n’eut jamais la moindre part.

412. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Gardez-vous bien de mettre cette ébauche en couleur ; ce serait du temps et de l’huile perdus.

413. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

Ce Manuel serait inutile plus encore que je ne le crois que tel et tel de ses chapitres garderaient leur intérêt de documentation et d’exposition52. » Les pires adversaires de nos théories nous rendent justice : « Ce livre, dit M. 

414. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

La royauté conserve dans nos vieilles sociétés une foule de choses bonnes à garder ; avec l’idée que j’ai de la vieille France et de son génie, j’appellerais cet adieu à la gloire et aux grandes choses : Finis Franciæ. Mais, en politique, il faut se garder de prendre ses sympathies pour ce qui doit être ; ce qui réussit en ce monde est d’ordinaire le rebours de nos instincts, à nous autres idéalistes, et presque toujours nous sommes autorisés à conclure, de ce qu’une chose nous déplaît, qu’elle sera. […] L’âme d’une nation ne se conserve pas sans un collège officiellement charge de la garder. […] Elle peut garder la république : mais qu’on ne veuille pas des choses contradictoires. […] Vous voulez garder vos jeunes gens dans une sorte de gynécée intellectuel ; vous en ferez des hommes bornés.

415. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Jean-Jacques, qui avait jusque-là gardé le silence, sauta au cou de Ducis, en s’écriant d’une voix caverneuse : « Ducis, je vous aime !  […] Chez lui la goutte de miel lent et pur était gardée d’un aiguillon très-vigilant. […] Elle se gardait d’élever autour d’elle des républiques rivales de la sienne. […] S’il se garda bien de divulguer l’Ode au Duc d’Enghien, il s’abstint aussi de publier l’Ode sur les Embellissements de Paris. […] Il avait vu Le Kain dans sa première jeunesse, et en avait gardé une impression incomparable.

416. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Mais c’est ce qu’elle se gardera bien d’être. […] Cela me coûtera peut-être un peu de port ; mais, comme j’ai beaucoup plus envie que mes remarques sur cet ouvrage paraissent bientôt que je ne désire garder un louis dans ma bourse, je vous prie instamment de me l’envoyer. […] Elle garda cette réponse et ne l’envoya pas. […] Quant à l’incognito, c’est très-fort mon idée de le garder. […] Il y réussissait de temps en temps, il lui arrivait d’autres fois de garder ou de perdre les manuscrits.

417. (1925) Portraits et souvenirs

En 1870, il fit jouer la Révolte, puis, pendant dix ans, il garda le silence. […] Elle ne pouvait que garder la haute place qu’elle occupait dans l’admiration des lettrés. […] J’ai gardé un souvenir charmé du seul des deux Goncourt que j’ai connu. […] Caillaux a gardé bon souvenir de ce maître « bienveillant et charmant » qui chargeait un des élèves de la comptabilité des pensums, rôle qui eût dû échoir à M.  […] Elles ont gardé je ne sais quoi de rapide et de lapidaire, de martelé et de brusque qui me rappelle bien le geste et la voix du poète.

418. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

419. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

. — Je vous le répète, elle a pris cela toute seule sous son bonnet : elle est très-liée avec la reine des Belges (fille de Louis-Philippe), elle s’est très-prise depuis, et d’un goût très-vif, pour la princesse Clémentine (duchesse de Cobourg) ; elle lui avait dit depuis déjà assez longtemps : « Je médite d’aller voir vos parents à Eu, laissez-moi arranger cela, et gardez-moi le secret. » La visite récente du prince de Joinville et du duc d’Aumale à Londres n’était pas pour l’inviter, comme on l’a cru.

420. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Lisez, par exemple, ces étranges Nouvelles correspondances interastrales, et surtout la Science de l’Amour, cruelle satire où toute mesure semble gardée dans la plaisanterie énorme.

421. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

Les Symbolistes, au contraire, ne voulaient rien garder de nos vieux usages et ambitionnaient de créer de toutes pièces un nouveau mode d’expression.

422. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

On doit par conséquent se garder d’adopter inconsidérément tout ce qu’il leur impute dans sa Morale pratique & dans ses autres Ecrits, où l’animosité étouffe le discernement, & laisse une libre carriere à l’exagération, à la fausseté, aux contradictions.

423. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

Il faut bien se garder de confondre avec le Traducteur des Géorgiques, un certain M.

424. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

Sa Muse a commencé trop tard à garder le silence, puisqu'elle ne s'est exercée que sur des sujets licencieux ou bizarres, dont notre Littérature pouvoit très-bien se passer.

425. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Ceux qui gardent bien leur misère en leur cœur verront un jour leur ennui les quitter.

426. (1896) Études et portraits littéraires

Ils se gardent d’y voir une loi, le principe absolu d’un ordonnancement anatomique. […] Mais à cela peut-être a-t-il dû de garder la virginité de son âme. […] Ce créole a gardé dans un pli de sa mémoire une image dont il est hanté. […] Gardons-nous donc de nous laisser arrêter par des incompatibilités factices. […] Jusque dans l’extrême vieillesse, il avait gardé une âme d’enfant.

427. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est le diable qui a mis cette fable en crédit « pour décevoir les simples gens » ; tout bon chrétien doit se garder de se laisser prendre à cette fausse croyance et surtout d’aller se « mettre en ce péril ». […] Ce qui est plus grave encore, c’est ce qu’il constate bientôt : le samedi, tous les habitants de cet empire prennent des formes de bêtes, de serpents ou de scorpions, et les gardent jusqu’au lundi à l’heure où le pape, à Rome, a terminé sa messe. […] Elle nous réconcilie avec notre destinée en nous montrant que cette destinée nous est imposée par notre nature et que nous en rêverions vainement une autre tant que nous garderons cette nature, dont nous ne pouvons nous défaire sans cesser d’être nous-mêmes. […] Il faut se garder d’admettre pour cela un lien quelconque entre ces légendes, et notamment de faire du Juif Errant un personnage mythique et « orageux ». […] Mais le conte arménien a conservé des traits de l’original, qui manquent dans tous les dérivés de provenance arabe : s’il a perdu le nombre de trois préceptes et laissé tomber le second, fort essentiel au récit, il a gardé le premier, perdu dans les versions arabes, il a gardé l’œuf d’autruche, il a gardé la vaine tentative de l’ennemi de l’oiseau pour se remettre en possession du captif qu’il a laissé échapper ; il remonte donc probablement à une source indépendante, et sans doute au roman grec.

428. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Il n’a emprunté au poète grec que son exposition qu’il a su garder charmante. […] Se garder pourtant de fixer et de retenir dans sa mémoire quelqu’un de ces essais de développement. […] Il le supplie de garder de tout heurt, aux flancs de ses potiches, « la glu d’émail où le soleil s’est pris ». […] Les charmantes auditrices les font garder par leurs valets de pied. […] Soit ; mais, enfin, elle avait le cœur droit, et elle a gardé un très haut sentiment du devoir.

429. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Du moins nous avons gardé, M.  […] Vous aimez votre sujet, et vous nous le gardez aimable. […] Mais les grognards gardaient le silence. […] Gardons-nous des mots. […] Je m’en garderai bien.

430. (1876) Romanciers contemporains

Au contraire de Balzac, il a su se garder des mirages. […] Qui gardera le souvenir des coups qu’ils ont portés ? […] Mérimée s’en est bien gardé. […] Il s’est bien gardé d’artialiser la nature. […] Nous nous garderons d’analyser cette œuvre.

431. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Dans la politique générale du monde, Rome me fait l’effet d’avoir désormais le rôle qu’a eu en France le ministère du cardinal Fleury : Et le garda jusqu’à nonante !

/ 2156