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1539. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Que de chocs dans la foule, qui vous renfoncent douloureusement ce talent ignoré qu’on tient contre son cœur ?

1540. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre  Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage.

1541. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.

1542. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il s’est dit : « Je vais me jeter avec mon talent au milieu de tout cela, je vais me donner le vertige et le donnerai à cette foule sans savoir comment je la nourrirai ! 

1543. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

D’une génération à celle qui la suit, si certains grands principes subsistent, une foule d’applications, d’habitudes particulières, d’appréciations, changent au point de séparer parfois assez profondément les parents et les enfants.

1544. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Et alors ce n’est pas la musique qui le fait tressaillir mais le frisson physique toujours produit par le cri ou le chant d’une immense foule.

1545. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

En parcourant la liste de ses surnoms, on croit entendre les cris d’une foule enthousiaste acclamant un triomphateur.

1546. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Hugo cause de la séduction de l’éloquence de Thiers, faite, dit-il, avec des choses qu’on sait mieux que lui, et d’une foule de fautes de français, et tout cela débité avec une très vilaine voix, — et qui cependant, au bout d’une demi-heure, vous prend, vous intéresse, s’impose à vous.

1547. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Je sais qu’une foule de jeunes gens se piquent précisément de cela.

1548. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Un long pier en bois d’un bout à l’autre d’un champ rocailleux où la foule barbare évolue sous les arbres dépouillés.

1549. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Elle irradie sur une foule d’autres scènes le comique qu’elle renferme.

1550. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Soyons calmes : nous avons peu de mandarins, à l’encontre des foules. On craint que, séparée des foules généreuses et, enfin, de la vie abondante, la littérature ne s’étiole. […] Il songe aux forêts et aux fleuves, aux champs, aux labours, aux temples sur les promontoires et aux tavernes où l’on boit avec des camarades sur les quais animés de foule et de vacarme. […] Il a examiné le cœur des hommes et des foules, le cœur des sociétés humaines : et il a vu que, là, — selon la précaution des savants, — tout se passait comme si les idées chrétiennes de la faute originelle, de la réversibilité des peines et de la Providence étaient, non seulement des dogmes, des faits. […] Seulement, les idées, parmi les foules d’une époque, se dépravent.

1551. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Les agents des phénomènes chimiques de la digestion se composent d’une foule d’organes glandulaires qui lui sont annexés aux différents points de sa hauteur. […] Enfin on évalue la quantité totale de salive sécrétée dans un jour en multipliant par 24 heures la sécrétion d’une heure, et l’on considère ce phénomène de sécrétion essentiellement intermittent et variable sous une foule de causes, comme s’il était continu. […] Nous avons dit que la réaction de la salive buccale est normalement alcaline ; toutefois, dans une foule de circonstances accidentelles ou pathologiques, un grand nombre d’observateurs ont constaté depuis longtemps que la salive buccale peut offrir une réaction acide au papier de tournesol. […] Mais cette propriété de transformer la fécule hydratée en glucose est loin d’être spéciale à la salive ; une foule d’autres substances organiques, surtout quand elles sont en voie de décomposition, jouissent de la même activité. […] C’est ce que fait le liquide des sérosités et une foule d’autres substances organiques.

1552. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

L’assurance des ignorants ainsi que la confiance avec laquelle certaines personnes se croient, sans études préalables, aptes à faire de la physiologie, amènent dans notre science une foule d’expériences mal faites qui sont le germe de discussions interminables. […] Ces deux circonstances deviennent la source d’une foule de variétés dans l’aspect de la réaction dont il est bon d’être prévenu. […] Et pour le dire en passant, car nous devons insister sur cette notion pour montrer que la physiologie déduite de l’anatomie du cadavre est tout à fait insuffisante, ce n’est pas seulement au point de vue chimique que la mort apporte des modifications dans les organes, mais encore au point de vue purement anatomique ; elle produit des déformations dans les tissus organiques, elle fait disparaître les éléments anatomiques d’une foule de muqueuses, celles de l’intestin, celles de l’utérus, par exemple, qu’on n’a bien connues qu’en les étudiant sur des individus pris en état de santé et au moment où les organes fonctionnaient suivant leur mode normal. […] Nous venons de voir que l’oxydation ne rend pas compte des phénomènes ; nous devons donc, nous rejeter sur la fermentation, qui est un phénomène que nous voyons s’opérer dans une foule de transformations, soit dans le règne végétal, soit dans le règne animal.

1553. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

En France la Révolution de 1789, des mouvements analogues dans d’autres pays, ont procuré la confiscation, par la violence, au profit de l’État, c’est-à-dire de tout le monde, d’une foule d’archives privées et de collections particulières : archives, bibliothèques et musées de la couronne, archives et bibliothèques de couvents et de corporations supprimées, etc. […] Il sera possible de ce faire une idée de X en détachant et en recollant les extraits encastrés dans B et dans C, tout de même que l’on se fait une idée d’un manuscrit perdu en rapprochant les copies partielles qui en ont été conservées. — D’autre part, la critique de provenance ruine l’autorité d’une foule de documents « authentiques », c’est-à-dire non suspects de falsification, en prouvant qu’ils sont dérivés, qu’ils valent ce que valent leurs sources, et que, quand ils embellissent leurs sources par des détails de fantaisie ou des phrases de rhétorique, ils ne valent rien du tout. […] Les avantages de cet artifice sont évidents : la mobilité des fiches permet de les classer à volonté, en une foule de combinaisons diverses, au besoin de les changer de place : il est facile de grouper ensemble tous les textes de même espèce, et de faire, à l’intérieur de chaque groupe des intercalations, au fur et à mesure des trouvailles.

1554. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

En voyant une foule d’esprits déréglés, s’autoriser de son exemple pour s’abandonner à de folles rêveries, il a émis le regret d’avoir fourni un aliment à leurs erreurs. « Si René n’existait pas, a-t-il dit, dans ses Mémoires, je ne l’écrirais plus ; s’il m’était possible de le détruire, je le détruirais. […] Me voilà dans le monde, errant, solitaire au milieu de la foule qui ne m’est rien, comme l’homme frappé dès longtemps d’une surdité accidentelle et dont l’œil avide se fixe sur tous ces êtres muets qui passent et s’agitent devant lui. » Cependant cette vie à la fois inutile et malheureuse, Obermann ne comprend que trop qu’il lui importe d’en sortir. […] Non, derrière les figures plus ou moins illustres déjà citées, on découvre toute une foule innomée, marquée du même sceau qu’elles. […] Empêche-t-il de rire de cette foule de pèlerins qui ne sont venus là que pour inscrire leurs noms sur les murailles du jardin, et jusque sur le buste du héros, dont la joue droite est couverte tout entière par le nom de M. 

1555. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Lord Byron s’exila sous la même contrainte, et quand il partit, ses amis craignirent que la foule assemblée autour de sa voiture ne portât les mains sur lui. […] À son seul nom, les voilà qui apparaissent en foule ; qui ne les voit sortir de tous les coins de sa mémoire ?

1556. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Il n’est rien qu’il ne foule et ne ravage. […] Le héros y habite : « Il y vit1439 dans cette sphère intérieure des choses, dans le vrai, dans le divin, dans l’éternel qui existe toujours, invisible à la foule, sous le temporaire et le trivial ; son être est là, sa vie est un fragment du cœur immortel de la nature1440. » La vertu est une révélation, l’héroïsme est une lumière, la conscience une philosophie, et l’on exprimera en abrégé ce mysticisme moral en disant que Dieu, pour Carlyle, est un mystère dont le seul nom est l’idéal.

1557. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Si je fais bouillir de l’eau dans une casserole placée sur un réchaud, l’opération et les objets qui la supportent sont, en réalité, solidaires d’une foule d’autres objets et d’une foule d’autres opérations : de proche en proche, on trouverait que notre système solaire tout entier est intéressé à ce qui s’accomplit en ce point de l’espace.

1558. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Si vifs que fussent ses petits yeux bridés, si leste que fût sa main, l’artiste japonais n’a pu dessiner sur nature le balancement de ces roseaux qui s’inclinent au vent et se redressent d’un mouvement si souple, le bond de cette truite dans une cascade, le vol de cette mouette qui fouette la vague du bout de son aile, le mouvement de cette foule qui s’agite dans un marché : ce sont là sans doute des choses vues, mais dans un éclair, et qui ne peuvent avoir été reproduites qu’à main reposée, de souvenir. […] Exigerons-nous que la foule se rétracte, et admire de confiance ? […] Un tableau est exposé : la foule l’admirera si le sujet est gracieux, sentimental ou poétique. […] Poe eût aimée, nous parle du grand silence de la solitude : « Et la lune cessa de faire péniblement sa route dans le ciel — et les eaux redescendirent dans leur lit et y restèrent — et les nénuphars ne soupirèrent plus — et il ne s’éleva plus de leur foule le moindre murmure, ni l’ombre d’un son dans tout le vaste désert sans limites. » Dans une simple personnification on peut mettre une pensée énigmatique, inquiétante et profonde. […] Quelques enfants perdus du réalisme ne l’ont pas compris, et sont arrivés ainsi à nous présenter des images assez incohérentes, que l’on a fort admirées dans certains cénacles, mais que le bon sens esthétique de la foule n’a jamais admises : je veux parler des impressionnistes.

1559. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Et vers les deux heures du soir vint une grande troupe envoyée pour lui par la Seigneurie, entre autres Richard, commandeur, et Maso del Fante, massier, et quatre sergents, et nous sortîmes avec lui de ma maison, Bartolomeo mon frère et moi, avec beaucoup de torches, et nous traversâmes toute cette foule si serrée que nous pouvions à peine passer, et pourtant nous ne fûmes vus de personne. […] La première fois qu’il vint au Borgo, comme on l’accablait de semblables questions, « avec peu de révérence et bestialement », il se tourna vers le podestat et lui dit : « Voyez tous ces gens qui m’interrogent ; s’ils savaient ce que je sais, ils s’attristeraient beaucoup, et il y en a qui pleureraient à chaudes larmes, car, avant que vous sortiez d’office, tel qui est dans cette foule sera pendu en ce lieu même, et cela arrivera sans faute. » Et un mois ne se passa pas « qu’un garçon appelé Ercole, qui passait pour le meilleur garçon qu’il y eût là, fut pendu en ce lieu même, comme l’avait dit Giovanni serviteur de Dieu. » Un tel accident ne devait pas être fort difficile à prévoir, et il était possible aussi, avec quelque connaissance en physiognomonie, de surprendre l’apothicaire Giunta Galetti comme le fit notre Juif Errant. […] Je néglige le bizarre épisode de Macco, l’homme changé en serpent que Guerino foule aux pieds dans son chemin sous terre et qui lui donne quelques avis. […] Il est dit ici que, quand la population du Borgo sut que Giovanni Bottadio était là, elle accourut en foule ; il s’était donc nommé, ou Andrea (qui n’est pas mentionné ici) lavait désigné ?

1560. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La foule des courtisans s’était retirée ; on avait fermé les portes. […] Hors des yeux de la foule, il se courbait sous son étreinte. […] « Si cet homme était un hypocrite », ajoute le narrateur en forme de douce morale, « et s’il avait voulu jouer au ressuscité, pour en imposer à la foule, il faut avouer que son audace impie avait été cruellement châtiée. » Je laisse au missionnaire le soin de conclure : En retournant dans le Bas-Makenzie, en 1876, j’étais bien résolu à y demeurer jusqu’à mon trépas, n’estimant pas de fin plus enviable que de m’endormir et de reposer au milieu de mes chers enfants des bois. […] Léon Daudet ayant pu rassembler une foule de faits, d’observations, de rêves recueillis dans la promenade de la vie à travers la science, les arts, la philosophie, une fois rentré chez lui, les ait jetés pêle-mêle dans son secrétaire comme matériaux très divers à employer plus tard.

1561. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Quel commentaire aux événements dont j’avais été le témoin, depuis le plébiscite jusqu’à la Commune, que cette condamnation de la foule, de ses volte-face déconcertantes et de ses aveuglements ! […] Écoutez-le : « Un des résultats de la démocratie est de faire de la chose publique la proie d’une classe de politiciens médiocres et jaloux, peu respectés de la foule qui a vu son mandataire d’aujourd’hui humilié hier devant elle, et qui sait par quel charlatanisme on a surpris son suffrage. » Et ailleurs : « Un pays qui n’a d’autre organe que le suffrage universel est, dans son ensemble, quelle que soit la valeur des hommes, qu’il possède, un être ignorant, sot, inhabile à trancher sagement une question quelconque. » Et, pour conclure : « La conservation de la civilisation est une œuvre aristocratique. […] Ce phénomène présente des analogies avec la folie des foules, sagacement étudiée par M. le docteur Le Bon. […] Aujourd’hui, les emprisonnements, les tortures et les exécutions décèlent l’assouvissement de cet instinct de férocité qui se retrouve dans tous les crimes des foules.

1562. (1899) Arabesques pp. 1-223

Non seulement l’abbé ne pouvait admettre l’intervention d’une divinité féminine, la sainte Vierge bouleversant, à son gré, l’ordre des forces qui déterminent l’univers, mais encore le spectacle donné par la foule délirante livrée, autour de lui, aux pratiques du fétichisme le plus grossier, lui inspirait un invincible dégoût. […] Sois lumineuse et résignée, Rafraîchis le pied qui te foule, Souris au soleil hostile, ourle Les rosaces des araignées….. […] La ville est toute trouble, il semble, dans le soir Traversé d’un grand vent de fièvre aventurière Sur la foule entassée au long des boulevards Où ses flots réunis coulent en fleuve noir.

1563. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Si ce défaut choque les juges d’un goût sévere, combien doivent révolter tous ces traits forcés, toutes ces pensées alambiquées que l’on trouve en foule dans des écrits, d’ailleurs estimables ? […] Les artistes craignant d’être imitateurs, cherchent des routes écartées ; ils s’é oignent de la belle nature que leurs prédécesseurs ont saisie : il y a du mérite dans leurs efforts ; ce mérite couvre leurs défauts, le public amoureux des nouveautés, court après eux ; il s’en dégoûte bien-tôt, & il en paroit d’autres qui font de nouveaux efforts pour plaire ; ils s’éloignent de la nature encore plus que les premiers : le goût se perd, on est entouré de nouveautés qui sont rapidement effacées les unes par les autres ; le public ne sait plus où il en est, & il regrette en vain le siecle du bon goût qui ne peut plus revenir ; c’est un dépôt que quelques bons esprits conservent alors loin de la foule. […] On a imprimé en Hollande, sous le nom d’histoire, une foule de libelles, dont le style est aussi grossier que les injures, & les faits aussi faux qu’ils sont mal écrits.

1564. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Et avec cela il est artiste, et il l’est doublement : il a un coup d’œil et un flair 93 qui, dans cette foule dorée et cette cohue apparente de Versailles, vont trouver à se satisfaire amplement et à se repaître ; et puis, écrivain en secret, écrivain avec délices et dans le mystère, le soir, à huis-clos, le verrou tiré, il va jeter sur le papier avec feu et flamme ce qu’il a observé tout le jour, ce qu’il a senti sur ces hommes qu’il a bien vus, qu’il a trop vus, mais qu’il a pris sur un point qui souvent le touchait et l’intéressait.

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