C’est dans ses colonnes l’ardeur et le beau feu d’une nuée de tirailleurs marchant sans ordre ni discipline, mais tous pleins de mépris pour l’abonnement et l’abonné. […] Ce qu’il voyait, ce qu’il entendait, la déclaration de ce substitut, les dénégations de Latour-Dumoulin qui lui avait dit travailler à arrêter les poursuites, tout cela, le sortant de son égoïste optimisme, faisait tout à coup, ainsi que du feu d’un caillou, jaillir de l’indignation de ce vieux bourgeois habitué par sa longue vie à ne s’indigner de rien.
Il vient un moment où le feu sacré n’est plus à la mode. […] Le feu intérieur s’accommode de l’hiver dehors, le glacier ne demande pas mieux que d’être cratère, et il n’y a point pour la lave de plus belle sortie qu’à travers la neige.
Il faudra des curieux et des travailleurs comme il l’était, des espèces de Tallemant des Réaux dans l’avenir, pour pouvoir parler, en science de cause, de cet homme qui fut un très éblouissant feu follet littéraire, lequel, comme les feux follets, errait et ne se fixait pas, et qui a oublié de laisser derrière lui le livre un, profond et complet, qu’il était très capable de faire, — le livre qui eût été un fût de colonne sur sa tombe effacée, et qui en eût marqué la place aux yeux de la Postérité !
Et vers l’Occident seul, une porte éclatante Laissait voir la lumière à flots d’or ondoyer… Et alors il semble que tout soit attiré vers cette porte et aille s’y engouffrer : Et les ombres, les vents, et les flots de l’abîme, Vers cette arche de feu tout paraissait courir, Comme si la nature et tout ce qui l’anime En perdant la lumière avait craint de mourir ! […] Un réveil d’un moment, De naître et de mourir un court étonnement, Un mot qu’avec mépris l’Être éternel prononce… Éclair qui sort de l’ombre et rentre dans la nuit… Ainsi, dans le Mahabharata : « De même que des millions d’étincelles jaillissent d’un feu brûlant, de même les âmes sortent de l’être immuable et y retournent… » Je sais bien que, tout de même, ce n’est pas exactement la même chose. […] De toi que la nuit veut connaître, De toi que demande le jour, De toi que chaque son murmure, De toi que l’immense nature Dévoile et n’a pas défini… » Autrement dit : « Sans la nature qui est son verbe, et qui exprime, semble-t-il, une volonté aimante et bienfaisante, nous ne saurions rien de Dieu. » Or, de là à songer : « Ce verbe, c’est Dieu, puisque, sans lui, Dieu serait pour nous comme s’il n’était pas », y a-t-il si loin Et, d’autre part, lorsque les poètes hindous écrivent : « Écume, vagues, tous les aspects, toutes les apparences de la mer ne diffèrent pas de la mer : nulle différence non plus entre l’univers et Brahma », ou lorsqu’ils font dire à Dieu : « Je suis dans les eaux la saveur, la lumière dans la lune et le soleil, le son dans l’air, la force masculine dans les hommes, le parfum pur dans la terre, la splendeur dans le feu, etc. », n’avouent-ils pas implicitement que Dieu n’est point, proprement, l’eau, la lune, le soleil, l’air, les hommes, la terre, le feu, mais qu’il se manifeste sous ces « apparences » ; et que le feu, la terre, l’air, le soleil, l’eau, la race humaine sont les signes, les symboles, la parole de Dieu ? […] Que mon coeur consumé Par l’amour, et puni pour avoir trop aimé, Au foyer de l’autel s’éteigne et se rallume, Et d’un feu plus céleste en mon sein se consume, Mais pour aimer en vous, avec vous et pour vous, Tous au lieu d’un seul être et cet être dans tous ! […] Se trompe-t-il le sein qui bat pour respirer, L’air qui veut s’élever, le poids qui veut descendre, Le feu qui veut brûler tant que tout n’est pas cendre, Et l’esprit que Dieu fit sans bornes pour comprendre Et sans bornes pour espérer ?
. — Il nie, donc c’est vrai… il n’y a pas de fumée sans feu ! […] Le feu pétillait dans la cheminée avec des éclats brusques de flammes. […] Il faisait froid, un froid de marécage, dans cette maison sans feu, sans vie, grise et sinistre. […] Mon chien Paf s’était couché devant la cheminée noire, et il me fit songer qu’un peu de feu serait utile à nous tous. […] Belot, et l’on se rappelle assez les protestations soulevées par Mademoiselle Giraud ma femme, la Femme de feu, la Bouche de madame X…, pour que je n’aie pas à les rappeler.
En 1811, quand M. de Saint-Victor publia sur papier vélin sa traduction splendide, tirée à un très-petit nombre d’exemplaires, avec les gravures de Girardet d’après les dessins de Girodet, ou crut, sur la foi de critiques bienveillants, qu’un superbe démenti était donné à feu M. de La Harpe, qui avait déclaré Anacréon intraduisible : de là grande rumeur, comme on peut l’imaginer, et grande vogue pour l’ouvrage.
Nous avons même pû voir un cocher, qui ne sçavoit pas lire, faire des vers, très-mauvais à la verité, mais qui ne laissent pas de prouver que la moindre étincelle du feu poëtique le plus grossier, ne sçauroit être si bien couverte, qu’elle ne jette quelque lueur.
C’est ainsi que les contemporains de Ronsard et de la pleyade françoise se sont trompez, quand ils ont dit que les poetes françois ne seroient jamais mieux que ces nouveaux Promethées, qui pour parler poetiquement, n’avoient d’autre feu divin à leur disposition que celui qu’ils déroboient dans les écrits des anciens.
On dit vulgairement que Cesar, s’il revenoit au monde et qu’il vit les armes à feu et les fortifications à la moderne, en un mot les armes dont nous nous servons pour attaquer et pour défendre, seroit bien étonné.
On a fait un « feu de salve » et les coupables sont morts.
Ses nombreuses comédies de mœurs lui avaient rapporté un grand nombre de feux et la flanelle de l’Académie française ; c’était déjà joli !
Ils ont aidé à introduire dans le public le goût du document rare et, en développant la clientèle des collectionneurs, ils ont certainement sauvé de la destruction bien des pièces uniques que les héritiers auraient jetées au feu. […] Tout le reste, pour y mettre de l’ordre, ils ont envie de le jeter au feu, sans même deviner ou comprendre qu’il peut se trouver là, dans ce qu’ils vont brûler, une œuvre magistrale. […] Cependant je ne me résignerai jamais à croire que celui qui a apporté le Feu aux hommes ne peut pas être libéré de ses chaînes, de son rocher et du vautour vorace qui lui ronge le foie. […] Quel scandale qu’un descendant dévot de Renan, ou un petit-neveu anticlérical de Veuillot, puisse sans contrôle jeter leurs manuscrits au feu. […] Un bon feu de joie !
D’autant que déjà la remplace ce que je nommerai la « symphonie dansée » dont le premier chef-d’œuvre, né d’hier, est l’Oiseau de Feu. […] Stravinsky, l’Oiseau de Feu, les décidera et que par eux le ballet de demain va fleurir. C’est comparé à l’Oiseau de Feu que Shéhérazade sent un peu l’adaptation. […] Admettons néanmoins, sans plus de preuves, et ce feu véhément, et qu’en quelque douze ans Racine s’y soit consumé lui-même. […] Alexandre Golovine a, pour sa part, réalisé les décors et costumes de L’Oiseau de feu.
Il n’y a pas de fumée sans feu, et comme dit le proverbe du Midi : « Quelque chose il y a, quand le chien aboie. » Nier tout me paraît donc bien difficile ; j’ai cherché l’explication morale, à la fois la plus douce et la plus naturelle.
Je vous assure aussi que je vous serai plus obligée, si vous en usez comme d’une chose qui serait à vous, en le corrigeant ou en le jetant au feu, que si vous lui faisiez un honneur qu’il ne mérite pas.
— Le duc de Raguse vient de publier sous ce titre, Esprit des institutions militaires, un volume plein de feu, d’intérêt, de science et d’agrément ; il rend accessibles au lecteur une foule de questions qui semblaient du ressort des hommes spéciaux ; il fait comprendre la guerre, l’empereur, Wellington, le génie de la France et de l’Angleterre.
On ne voit presque rien percer dans leurs écrits du feu et de l’emportement de la jeunesse : la plupart d’entre eux font terne et vieux.
Jules Barbey d’Aurevilly Casimir Delavigne, très supérieur à Ponsard, avait déjà, bien avant lui, porté et senti sur son talent, sans grande vigueur pourtant, la flamme de cet astre du Romantisme qui se levait et qui n’était qu’à ses premiers feux.
Il y avait là, le couple Jacquemin : elle, longue, fine, éthérée, l’air d’une princesse de légende ; lui, sérieux, attentif, avec sa face soucieuse d’alchimiste, cuivré par les vapeurs du nitre et le feu des laboratoires, instruit de la vie des métaux et de la flore sous-marine.
(Jamais feu Ponsard, son digne partisan, entre autres, n’aura si bien dit sans le savoir.)
Elles décident qu’elles font époque, que le feu du génie s’allume enfin en France, et qu’elles en ont recueilli les premières étincelles.
Elle leur défend seulement, D’étaler & d’offrir aux yeux Ce que leur doit toujours cacher la bienséance, Et combat vivement la fausse piété, Qui, sous couleur d’éteindre en nous la volupté, Par l’austérité même, & par la pénitence, Sçait allumer les feux de la lubricité.
Voyez le tableau de la Fronde : « La monarchie ébranlée jusqu’aux fondements, la guerre civile, la guerre étrangère, le feu au dedans et au dehors… Était-ce là de ces tempêtes par où le Ciel a besoin de se décharger quelquefois ?
Elle n’est évidemment pas dans ce jeune mélancolique, consumé du double feu de l’orgueil et de la poésie, épuisé de veilles et de pensée et qui goûte une si âpre volupté à savourer ses blessures. […] Incapable d’effort, étendu près du feu, Je m’écoutais souffrir sans pouvoir prier Dieu. […] L’être montre éternellement sa double face, mal et bien, glace et feu. […] D’ailleurs, je ne sache pas que ces critiques si vaillants, si héroïques au feu, la plume à la main, aient jamais fait grande figure eux-mêmes en batailles rangées. […] Il les a jetées au feu.
Pour ce qui est du chanoine, j’en mettrais ma main au feu : il était jovial. […] Il est encore dans le feu de la jeunesse. […] Mais il n’exerça pas longtemps le cestre et les baguettes rougies au feu. […] Dans les premières heures il jeta quelque feu. […] Le feu qui court dans ses veines n’est pas la flamme subtile qui dévora Werther.
Le feu pétille dans l’âtre. […] Son Pégase, à lui, est un cheval terrible, un dragon de feu : convenez donc qu’il ne peut pas toujours le gouverner. […] Allons, mes frères, plus de tristesse ; car, si je m’attendris une fois et si je me mets a larmoyer, alors plus de feu, plus de thé. […] … le feu ! […] Sur dix articles que je lui fournissais, il n’en prenait souvent pas un seul, et il a longtemps allumé son feu avec mes efforts avortés.