……………………………………………… Mais Dieu fait sur ces fils, dans le vice obstinés, Tonner l’arrêt des coups qui leur sont destinés ; Et par un saint héros, dont la voix les menace, Leur annonce leur perte et celle de leur race.
L’état où il le revoit ne peut lui rappeler sa destinée ; il demande au fils de Priam d’où lui viennent ses blessures , et il vous a dit qu’ on l’a vu ainsi le jour qu’il fut traîné autour d’Ilion .
En effet les poëtes sçavent si bien que c’est l’agitation d’un acteur qui nous fait prendre plaisir à l’entendre parler, qu’ils font disparoître les personnages dès qu’il est décidé s’ils seront heureux ou malheureux, dès que leur destinée est fixée.
En tout cas, pas une minute je n’ai eu l’idée de les destiner aux grands écrivains.
Je ne puis pas m’empêcher d’en douter ; mais c’est précisément parce que je ne suis pas destiné à y vivre. […] Qui dit société de secours moral dit religion, ou chose destinée et se destinant à le devenir. […] En sera quiconque croira au Devoir, et croira que l’humanité a une Destinée. Devoir et Destinée, c’est tout le Credo. […] Cette page, il est évident qu’elle a existé, et puis qu’elle a été supprimée dans les manuscrits de Chateaubriand destinés décidément à l’impression.
Et c’est ainsi qu’il a été amené, comme critique, à professer le plus grand respect pour les religions anciennes et les services rendus par elles, tout en les déclarant périmées ; comme réformateur et inventeur, à créer de toutes pièces une religion nouvelle, qui n’a pas eu des destinées triomphantes, la seule pourtant, remarquons-le, depuis Jésus-Christ, qui sans être un simple redressement d’une religion ancienne, qui, vraiment nouvelle et inédite, ait subsisté et ait eu des adeptes pendant plusieurs générations, sans rien préjuger de l’avenir. […] Il est trop naturel pour qu’il ne soit pas destiné à naître très prochainement ; et les candides croient toujours qu’il va naître demain. […] Il dut réfléchir souvent au portrait qu’il avait jadis tracé de Nicole, et qui, par une ironie de la destinée, se trouvait trait pour trait devenu celui de Lamennais : « Personne n’a jamais mieux que M. […] Cela est encore bien confus dans le livre de 1818, mais est à noter, parce que c’est le point de départ d’une pensée dernière par où Ballanche s’écartera décidément des « réacteurs purs et simples de 1815, et se placera, à distance à peu près égale des conservateurs et des novateurs, dans une sorte de tiers-parti où il fut longtemps à peu près seul, mais qui eut dans la suite ses destinées. […] La Création reposait donc sur une idée qui n’est pas prouvée, qui, ce me semble, ne le sera jamais ; elle était destinée à n’apporter aucune lumière vraie sur les destinées tant passées qu’à venir de notre espèce ; surtout à cause d’un véritable vice de raisonnement, qui est celui-ci.
— Ô Crésus, repartit Solon, pourquoi m’interrogez-vous sur la destinée des hommes, moi qui sais combien la Divinité, toujours jalouse des prospérités humaines, est prompte à les bouleverser ? […] L’enfant mort aura la sépulture destinée aux fils des rois, et l’enfant qui existe ne perdra pas le jour. » « Le pâtre se rendit à l’avis de sa femme, et fit sur-le-champ ce qu’elle conseillait. […] Les mages répondirent qu’ils l’avaient entendu en ce sens : « qu’il était dans la destinée que l’enfant devait régner un jour, si sa vie était épargnée, et s’il ne périssait pas en naissant. — Eh bien, dit Astyage, il vit ! […] Tant que vous régnerez, au contraire, notre roi est notre concitoyen, nous avons part à l’autorité souveraine, et c’est à nous que vos bienfaits et les honneurs sont destinés. […] « Au récit de cette nouvelle ruse, le roi, frappé d’admiration pour les ressources de l’esprit et l’audace d’un tel homme, fit publier dans toutes les villes de ses États qu’il lui accordait l’impunité, et qu’il lui destinait même de grandes récompenses s’il voulait se montrer.
Est-ce l’idée de destinée en elle-même ou la forme qu’elle revêt ? […] Aucun des acteurs n’a accompli son projet ou sa vengeance, et la destinée les également accomplis pour tous. […] Toutes les fois qu’il m’arrive de relire Poésie et vérité, je ne puis m’empêcher de songer que les réputations, comme les livres, ont leurs destinées. […] Et cependant je pense bien souvent à lui lorsque je contemple le spectacle de la vie et que j’observe les infimes accidents qui dirigent nos destinées. […] Mon esprit avait bâti pour lui une tout autre destinée.
Il les veut engager dans des destinées sans événements dramatiques, pour n’avoir à noter que le quotidien de l’existence. […] La destinée a fait tomber la plume des mains du romancier : le récit commencé en chef-d’œuvre s’arrête brusquement. […] Cela fait un total énorme de destinées moyennes, sans fortes initiatives, sans événements importants, d’une monotonie assez douce. […] La destinée leur devait, peut-être., de leur montrer, avant de mourir, ce dont ils avaient si longuement et si ardemment rêvé. […] C’est l’histoire de tant de destinées !
Le romancier gracieux, qui a si souvent introduit dans ses ouvrages des figures de personnages aristocratiques en y mêlant une fine pointe d’ironie, n’a eu cette fois qu’à imaginer un personnage de plus, celui d’un homme de lettres né dans les rangs du peuple, aussi peu né que possible, mais avec des goûts distingués et une vocation d’homme de qualité, qui eût été abbé dans l’ancien régime, qui eût été toute sa vie le gentil abbé de l’hôtel d’Uzès et à qui il n’a manqué de nos jours, pour remplir cette destinée d’autrefois, que le titre et le petit collet.
Ce sont des espèces de chansons épiques, d’une forme accomplie et sévère, consacrées à fixer certains moments de cette grande destinée de Napoléon dont il s’est montré préoccupé jusqu’à la fin, jaloux comme poète de confondre de plus en plus sa popularité dans cette gloire.
Mais le cours des destinées humaines est tel, et l’ironie des événements, l’indifférence du sort est si parfaite en soi et si profonde que, de cette révolution essentiellement mauvaise dans son principe, est sorti, après quelque temps, un nouvel état de choses paisible, animé et assez reflorissant pour qu’à dix-sept ans de distance, et en nous relisant aujourd’hui, cet excès de plaintes nous étonne un peu nous-même et amène sur nos lèvres un triste sourire (1864).
Quand la destinée d’une nation est dans la chambre à coucher d’une maîtresse, la meilleure place pour l’historien est dans le cabinet.
Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice.
Et, d’un autre côté, que les Grecs eussent à jamais été asservis par leurs vainqueurs, comme on le supposait généralement en Europe avant 1821, qu’il n’eût plus existé en Turquie que des Turcs, rien, depuis le commencement du siècle, n’aurait changé dans les affaires du continent ni surtout dans les destinées de Bonaparte.
Paris9, l’enlèvent à la poésie du moyen âge beaucoup de ce qui fait le charme et la profondeur de celle d’autres époques : l’inquiétude de l’homme sur sa destinée, le sentiment douloureux de grands problèmes moraux, le doute sur les bases mêmes du bonheur et de la vertu, les conflits tragiques entre l’aspiration individuelle et la règle sociale. » Elles tarissent en un mot les profondes sources du lyrisme.
Pétersbourg, avec M. le Chevalier Douglas ; & le fruit de leurs négociations fut de déterminer, en faveur des Cours de Vienne & de Versailles, la marche de quatre-vingt mille Moscovites, qui, dans l’origine, étoient destinés à suivre les Drapeaux Prussiens.
Ma Rivale m’expose à des maux effroyables : Qu’elle ait par aux tourmens qui vous sont destinés !
Il est à craindre que la littérature, devenue un art d’autant plus hardi qu’il trouve en autrui moins d’accueil, d’autant plus insolent qu’il voit diminuer ses chances de plaire, d’autant plus ésotérique qu’il sent se raréfier autour de lui l’air intellectuel, il est à craindre qu’au lieu de tendre toujours vers de nouvelles frontières la littérature ne soit destinée à se resserrer en de petites enceintes ponctuées dans le monde, comme un semis d’oasis. […] La langue française, qui ne semble pas destinée à subir prochainement de graves transformations, est cependant loin de la grande époque de stabilité que certaines langues atteignent avant de mourir. […] Fusainniste, c’est fusainiste, lequel tend à fuséniste, lequel était destiné à devenir fusiniste, selon la gamme implacable a e i o u.
Mais pour que tout soit clair et solide à la base de notre description, laissez que je vous fasse connaître amplement le lieutenant Pierre Fourier de Rozières, un Lorrain de Mirecourt, destiné à être l’honneur des lettres lorraines et françaises, et dont la brève carrière militaire fut prodigieuse, comme l’attestent quatre citations, dont une à l’ordre de la division et trois à l’ordre de l’armée. […] A chaque fois qu’il le rencontre, le nom de sa chère patrie, c’est le même frémissement : Je vous remercie, ma chère maman, de toutes vos lettres qui me rattachent à notre Lorraine et à ses angoisses… Vraiment la Lorraine a une effroyable destinée. […] Je les hais cordialement, mais seulement parce que leur destinée est opposée à la nôtre… Ainsi, voilà son double devoir (qu’il justifie et perfectionne par sa croyance catholique), c’est d’accomplir sa mission propre et de collaborer à celle de la France.
Tous racontaient une destinée particulière ; par cela même, aucun d’eux n’était concluant pour ceux qu’envahissait le dégoût de la vie. […] Il y a longtemps du reste qu’Antoine et Itzig sont secrètement liés, par des passions et des intérêts différents, à la destinée du baron. […] Freytag met en contraste Antoine et Itzig, et oppose leurs destinées entre elles de la première page de son livre à la dernière ? […] En vérité, le pauvre Itzig a du malheur ; et si, en nous racontant avec cette symétrie parfaite les destinées si différentes des deux enfants d’Ostrau, M. […] » Toute la destinée d’Antoine est là.
Corpus et regestes sont destinés à aider les travailleurs dans la collection des documents. […] La critique est destinée à discerner dans le document ce qui peut être accepté comme vrai. […] La critique d’interprétation fait connaître seulement ce que l’auteur a voulu dire ; il reste à déterminer : 1° ce qu’il a cru réellement, car il peut n’avoir pas été sincère ; 2° ce qu’il a su réellement, car il peut s’être trompé. — On peut donc distinguer une critique de sincérité destinée à déterminer si l’auteur du document n’a pas menti, et une critique d’exactitude destinée à déterminer s’il ne s’est pas trompé. […] Toute science doit tenir compte des conditions pratiques de la vie au moins dans la mesure où on la destine à devenir une science réelle, une science qu’on peut arriver à savoir. […] Les ouvrages généraux destinés surtout aux hommes du métier se présentent maintenant sous la forme de « répertoires », de « manuels » et d’histoires scientifiques ». — Dans un répertoire, on réunit une masse de faits vérifiés d’un certain genre suivant un ordre destiné à rendre facile de les trouver.
On sent qu’elle rendra les amants à leur véritable destinée. […] Conformément à la destinée des grandes amoureuses, la fille de madame de Sabran était vouée à la solitude. […] La démocratie et la science nous entraînent vers de nouvelles destinées que nous pressentons vaguement. […] Sa destinée est singulière. […] Les solitaires de Port-Royal n’avaient pas craint d’en égayer un livre destiné aux élèves des Petites-Écoles.
C’est une de ces destinées qu’on peut dire malheureuses. […] Il s’était frappé à la gorge d’un seul coup qui avait tranché sa destinée, son amour, sa gloire : malade, comme il l’avait dit une fois lui-même, de la maladie de ceux qui ont aspiré trop haut ! […] Était-ce une prévision de sa destinée ? […] Son âme n’était pas responsable de sa main ; la nature ne l’avait pas doué ou il n’avait pas exercé en lui la force nécessaire à ces grands hommes, destinés à lutter avec ce qu’on nomme l’idéal ; l’idéal fait plus de victimes qu’on ne pense : c’est la maladie des grandes imaginations qui ont un faible cœur.
Nous avons eu beaucoup de grands hommes, promis au plus hautes destinées, qui ont été devant nous jetés sur le tapis du monde, disputés entre la vie et la mort, et plus d’une fois la vie a perdu la partie. […] Les exhibitions du stade, le cinéma, la comédie légère, le roman d’aventures, suffisent au plus grand nombre, même parmi ceux que leur ascendance ou leur milieu semblaient destiner à une haute culture. […] Néanmoins on discerne chez la plupart des écrivains une sorte d’effort critique sur eux-mêmes et sur leur temps pour acheminer la France intellectuelle à ses destinées normales et pour l’aider à remplir son rôle d’initiatrice, d’excitatrice et de guide dans l’évolution du monde moderne. […] Je crois que ceux qui, comme moi, sont nés à peu près dans le dernier quart du xixe siècle ont tiré un bon numéro à la loterie des Destinées.
Ni La Guerre et la Paix ni Anna Karénine ni les Mémoires ni les Souvenirs de Sébastopol, malgré la quantité de faits qu’ils contiennent, ne sont destinés à instruire sur le temps, le pays et les gens dont ils traitent, et n’ont pour résultat principal un accroissement des connaissances du lecteur. Le saisissement, la méditation, l’intérêt, l’abandon aux destinées des personnages, la préoccupation douloureuse des problèmes qu’ils agitent, l’amour ou la haine de leur nature, enfin les affections mêmes que ces romans révèlent chez leur auteur par le choix de leurs éléments et le ton dans lequel ils sont conçus, sont les effets véritables de leur lecture et les causes qui poussent à la poursuivre ; le but final et puissamment atteint de ces œuvres de réalisme de reproduction minutieuse et compréhensive de la réalité est d’induire à sentir ce qu’est la vie humaine par l’accent même, la ferveur et l’abandon avec lesquels elle est décrite, puis à en exprimer et en faire aimer certains caractères, faire détester d’autres, l’envisager finalement avec un ensemble d’émotions latentes et expresses particulières qui sont celles mêmes que l’auteur a éprouvées à cet ensemble d’images et de pensées qui fut d’abord en lui le fantôme de ses livres. […] Et en effet, le penchant à ne représenter de l’homme que ses tendances morales, le désir de ne susciter l’approbation que pour ces inclinaisons presque futures et d’ériger en héros des personnages qui trouvent aux problèmes de la destinée ces pauvres solutions, portent le romancier russe, en dépit de son réalisme et de l’étendue de son observation, à laisser de singulières lacunes dans sa description de l’humanité. […] Maintenant qu’une intelligence ainsi douce pour la perception, le souvenir, la divination des esprits, soit telle que toutes ces notions sur le monde ne s’accompagnent pas des mêmes sentiments, des mêmes émotions ; que les sentiments agréables d’élation, de joie, d’acquiescement, suivent plus particulièrement la vue et le souvenir d’actes immédiatement bienfaisants à l’homme, que l’écrivain consolidant progressivement ce sentiment, lui laisse déterminer ses propres actes et ses mobiles, aussitôt le spectacle du monde étant mêlé de mal et de bien, toute une partie de la réalité sera envisagée avec des dispositions pénibles d’aversion, d’inquiétude, d’angoisse, de désespoir ; l’écrivain négligera le plus qu’il pourra de prêter attention à cette part de la réalité, l’omettra de sa mémoire, de son imagination, de son œuvre ; mais comme on ne peut éviter de la connaître, comme ses facultés d’observateur la lui représenteront sans cesse, il en viendra peu à peu à un état de trouble, d’éloignement pour le spectacle qu’il semblait destiné à connaître et à goûter pleinement.