/ 1838
178. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

C’est, sans doute, une jouissance enivrante que de remplir l’univers de son nom, d’exister tellement au-delà de soi, qu’il soit possible de se faire illusion, et sur l’espace et sur la durée de la vie, et de se croire quelques-uns des attributs métaphysiques de l’infini ; l’âme se remplit d’un orgueilleux plaisir par le sentiment habituel, que toutes les pensées d’un grand nombre d’hommes sont dirigées sur vous ; que vous existez en présence de leur espoir ; que chaque méditation de votre esprit peut influer sur beaucoup de destinées ; que de grands événements se développent au-dedans de soi, et commandent, au nom du peuple, qui compte sur vos lumières, la plus vive attention à vos propres pensées ; les acclamations de la foule remuent l’âme, et par les réflexions qu’elles font naître, et par les commotions qu’elles excitent ; toutes ces formes animées, enfin, sous lesquelles la gloire se présente, doivent transporter la jeunesse d’espérance et l’enflammer d’émulation. […] Dans les républiques, si elles sont constituées sur la seule base de l’aristocratie, tous les membres d’une même classe sont un obstacle à la gloire de chacun d’eux ; cet esprit de modération qu’avec tant de raison Montesquieu a désigné comme le principe des républiques aristocratiques ; cet esprit de modération ne s’accorde pas avec les élans du génie : un grand homme, s’il voulait se montrer tel, précipiterait la marche égale et soutenue de ces gouvernements ; et comme l’utilité est le principe de l’admiration, dans un État où les grands talents ne peuvent s’exercer d’une manière avantageuse à tous, ils ne se développent pas, ou sont étouffés, ou sont contenus dans une certaine limite qui ne leur permet pas d’atteindre à la célébrité. […] Cette passion conquérante n’estime que ce qui lui résiste ; elle a besoin de l’admiration qu’on lui refuse, comme de la seule qui soit au-dessus de celle qu’on lui accorde ; toute la puissance de l’imagination se développe en elle, parce qu’aucun sentiment du cœur ne la ramène par intervalle à la vérité ; quand elle a atteint un but, ses tourments s’accroissent, son plus grand charme étant l’activité qu’elle assure à chaque moment du jour, l’un de ses prestiges est détruit quand cette activité n’a plus d’aliment.

179. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Je termine ici cette première partie, mais avant de commencer celle qui va suivre, je veux résumer ce que je viens de développer. […] Une dernière réflexion, la plus importante de toutes, reste donc à faire, c’est de savoir jusques à quel point il est possible aux âmes passionnées d’adopter le système que j’ai développé. […] 5 J’aurais pu traiter la générosité, la pitié ; la plupart des questions agitées dans cet ouvrage, sous le simple rapport de la morale qui en fait une loi, mais je crois la vraie morale tellement d’accord avec l’intérêt général, qu’il me semble toujours que l’idée du devoir a été trouvée, pour abréger l’exposé des principes de conduite qu’on aurait pu développer à l’homme d’après ses avantages personnels ; et comme, dans les premières années de la vie, on défend ce qui fait mal, dans l’enfance de la nature humaine, on lui commande encore ce qu’il serait toujours possible de lui prouver.

180. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Il n’écrit que pour occuper son loisir, tromper son impatience ; et quand il doit se dire qu’il n’y a pas de rôle pour lui en ce monde, il écrit le rôle qu’il ne jouera pas : c’est un rêve d’action que toute sa littérature développe. […] Il croyait que « la vraie philosophie » était assez développée pour mener à bien cette vaste entreprise. […] L’abbé de Mably, frère de Condillac, eut une influence limitée, mais sérieuse et durable : il s’était attaché aux sciences sociales et politiques ; dépassant Rousseau qu’il avait devancé, il développe hardiment des théories communistes.

181. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

A propos d’un mauvais drame de Ponson du Terrail, il nous trace de Henri IV, envisagé par certains côtés secrets, un portrait, avec preuves à l’appui, qu’il est impossible d’oublier. « … Il faut donc conclure, pour Henri IV jeune ou vieux, à un fonds ingénu de vilenie bestiale qu’il dominait moins dans son âge mûr et sa vieillesse, mais qui au temps de sa jeunesse, n’étant point revêtu par la gloire, choquait plus en sa nudité. » — A propos de Kléber, drame militaire, il développe ingénieusement et magnifiquement « le rêve oriental de Napoléon ». — A propos du Nouveau Monde, de M.  […] C’est là une de ses idées les plus personnelles et les plus chères, une de celles qu’il a le plus souvent développées, et dès janvier 1858, dans le plus long chapitre de ses Essais sur l’histoire de la littérature française. […] Relisez les études sur Polyeucte, Esther, l’Étrangère, Diane de Lys, le Légataire, les Effrontés, Ruy Blas et le Jeu de l’amour et du hasard, etc  Mais, là même où il ne fait que développer à sa manière et rajeunir le jugement de la tradition, il se glisse dans sa critique quelque chose d’aventureux, de fantasque, d’invérifiable.

182. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Sois en harmonie avec toi-même ; que toutes les forces de ton être convergent vers un même point, que les forces nouvelles que tu vas développer en toi ne contrarient pas l’effort des précédentes. […] De la sorte le Bovarysme est le mode même de la croissance, un mode qui associe le changement avec l’identique dans les proportions qu’il faut pour former une réalité et la développer. […] On voit de suite que son intervention va, dans certains cas, faire obstacle à ce que le principe posé par la première remarque développe ses conséquences.

183. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Ce qu’il en a dit montre que le principe de cette œuvre n’est nullement original — et qu’elle ne doit se développer que comme très intelligente et curieuse compilation recréée par un esprit poétique, délicat et éminemment subtil, des conceptions idéales à priori. […] Cette connaissance se fera à travers la sensation, l’instinct, la pensée…   Désormais pouvait s’écrire en sûreté le principe de ma « Philosophie évolutive. » Le voici : « Et si, se plus et plus dénaturant du cercle dont elle est l’équivalente transformation, se développe une ellipse : plus et plus, va à équivaloir en droite l’elliptique périphérie. […] C’est au mois de mars 1888, qu’il me fut donné, sûr de ma pensée, à vingt-cinq ans (l’âge des autres dit plus haut, il m’est permis de dire le mien), d’écrire en son intégralité mon Traité du Verbe, en argument à mon Œuvre entière — édition où sont développées mes présentes méthode de Philosophie évolutive et manière d’art, l’Instrumentation poétique.

184. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

On tâchera surtout de développer l’artifice qui a présidé à la texture de quelques-uns de nos chefs-d’œuvre : on entrera dans quelques détails, parce que les préceptes paraissent peu de chose sans les exemples qui les éclaircissent. […] Il y a certains sujets très beaux, mais d’une difficulté presque insurmontable, parce que leur beauté même tient à quelque défaut de vraisemblance qu’on ne peut éviter : c’est alors que le génie développe toutes ses ressources. […] La fable de la comédie consiste dans l’exposition d’une action prise de la vie ordinaire, dans le choix des caractères, dans l’intrigue, les incidents, etc., au moyen desquels on parvient à faire sortir le ridicule d’un vice quelconque, si le sujet est vraiment comique, ou à développer, divers sentiments du cœur, si le sujet n’est pas véritablement comique.

185. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Dans le chapitre où sera développée la théorie de la parole, nous trouverons peut-être une explication, du moins plausible, de ce phénomène. […] Le génie éminemment allégorique de l’antiquité n’a point échappé à la vaste intelligence de Bacon, mais il n’en a développé qu’une partie. […] Je supposerai donc, sans m’arrêter même à justifier cette supposition, quelque vraisemblable qu’elle soit, je supposerai que, chez les anciens, les initiations ne fussent, à proprement parler, qu’une imitation de la vie actuelle : l’initié passait par une suite d’épreuves qui servaient à développer ce qui était déjà en lui ; on ne lui révélait point la vérité, mais on la faisait naître de l’ébranlement de ses propres facultés ; on ne la lui disait point ; on la lui faisait trouver, en écartant les obstacles qui s’opposaient à ce qu’elle se montrât.

186. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

En Céard se développait un tempérament curieux d’observateur intellectuel. […] Leur disgrâce physique, leur éducation, leurs groupements, leurs métiers et leurs misères se développent au long de ces cinq cents pages.

187. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

C’est ici le lieu de développer une partie des idées que je n’ai fait qu’effleurer, à l’occasion de la fable du chien qui porte au col le dîner de son maître, et de celle de l’hirondelle et de l’araignée. […] La Fontaine, malgré la contrainte de la versification, développe la suite du raisonnement qu’a dû faire le hibou, avec autant d’exactitude et de précision que le ferait un philosophe écrivant en prose.

188. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Qui peut dédommager un homme de talent, surtout quand il commence à naître et qu’il a besoin d’un peu de succès pour se développer ; qui peut le dédommager de l’inattention, du silence, de l’oubli, de toutes ces horribles choses qui viennent s’entasser autour de son livre et l’intercepter au public, qui le lirait, si la Critique, vigie infidèle, avait dit le mot qu’elle doit dire et avait averti ? […] Dans les deux autres nouvelles, qui sont les plus longues et les plus développées du volume, La Famille Percier et Le Mariage de Caroline, on la trouve encore, mais mêlée à beaucoup de choses qui ne sont pas elle et qu’on ne lui préfère pas, quoique parfois ces choses soient excellentes.

189. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Ainsi, quand bien même on nous aurait prouvé que l’égalitarisme a la puissance de développer la densité sociale, ou l’homogénéité, ou la centralisation, cela ne nous empêcherait pas de conclure encore que la centralisation et l’homogénéité et la densité sociales ont dû, par leur réaction propre, développer l’égalitarisme.

190. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Elle anime ses images, elle préside à son harmonie, elle répand la vie et une grâce sublime sur les fonds qui représentent ses idées ; souvent elle donne à son style ce caractère céleste que les artistes grecs donnaient à leurs divinités ; comme l’Apollon du Vatican, comme le Jupiter olympien de Phidias, son expression est grande et calme ; son élévation paraît tranquille comme celle des cieux : on dirait qu’il en a le langage ; son style ne s’élance point, ne s’arrête point ; les idées s’enchaînent aux idées, les mots qui composent les phrases, les phrases qui composent les discours, tout s’attire et se déploie ensemble ; tout se développe avec rapidité et avec mesure, comme une armée bien ordonnée qui n’est ni tumultueuse, ni lente, et dont tous les soldats se meuvent d’un pas égal et harmonieux pour s’avancer au même but. […] les dieux le savent, mais aucun homme ne le sait. » Tel est ce premier discours de Platon, où il a développé l’âme de Socrate ; il y règne une éloquence douce et noble, le courage de la vertu, le respect pour la divinité et pour soi-même.

191. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’école de Saint-Cyr n’a guère eu que le rebut de la jeunesse, jusqu’à ce que l’ancienne noblesse et le parti catholique aient commencé à la peupler, changement dont les conséquences n’ont pas encore eu le temps de se développer. […] La France développa prodigieusement ses ressources intérieures. […] Cet état militaire ne peut se développer sous un pareil régime, ou, s’il se développe, il absorbe la démocratie. […] Il faut supprimer du même coup les écoles spéciales, École polytechnique, École normale, etc., institutions inutiles quand on possède un bon système d’universités, et qui empêchent les universités de se développer. […] Le second type de société que notre siècle voit exister avec éclat est celui que j’appellerai l’ancien régime développé et corrige.

192. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

À plus forte raison, les sujets chez lesquels la suggestibilité hypnotique est très développée s’endorment-ils pour peu qu’on leur donne l’idée de dormir. […] L’espèce d’engourdissement mental introduit par l’hypnotiseur développe bientôt toutes ses conséquences, à la fois psychiques et physiques. […] Toute hallucination qui leur est suggérée semble vivre d’une vie propre et se développe par le ressort intérieur des associations d’images répondant aux associations de mouvements. […] C’est qu’un groupe d’impressions confuses s’est, développé en son propre sens sous la masse des pensées distinctes. […] En plongeant, par de nouvelles passes, un sujet déjà endormi dans un somnambulisme nouveau et renforcé, il a développé chez un même individu des personnalités successives, telles que Léonie 1, Léonie 2, Léonie 3.

193. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il est individualiste, mais il sait que l’individu a ses racines profondément implantées dans la vie et dans l’univers, et la vérité lui paraît être de se développer en élargissant le domaine de sa conscience, et en dressant sa volonté clairvoyante au-dessus des choses. […] Ces idées, et la manière dont il les développe, le rapprochent surtout des poètes anglais qu’il a si subtilement étudiés. […] Puis, créature d’un ordre plus rare, en toi fusionneront la délicatesse et la brutalité de la nature : tu écriras des sonnets mystiques, et tu feras sauvagement l’amour…” » Le poème étant posé avec cette puissance se développe merveilleusement. […] Et toutes ses analyses aboutissent à cette notion que les âmes individuelles se développent suivant un rythme qui leur est propre. […] Mais dans cette tradition il ne discerna et ne développa qu’un mode d’expression poétique.

194. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

En fait d’Ouvrages élémentaires, les premiers sont rarement bons ; le temps seul peut développer les vrais principes, en les soumettant au creuset de l’expérience.

195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vellay, Charles (1876-1953) »

Chaque poème se développe harmonieusement en strophes d’un juste équilibre et d’un langage orné.

196. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Les regles que l’Auteur y donne, sont sages, bien développées, & toujours prises dans la nature.

197. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre premier. Division des Harmonies. »

Avant de passer à la description du culte, il nous reste à examiner quelques sujets que nous n’avons pu suffisamment développer dans les livres précédents.

198. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XXV De même qu’un arbre pousse inévitablement du côté d’où lui vient la lumière et développe ses branches dans ce sens, de même l’homme, qui a l’illusion de se croire libre, pousse et se porte du côté où il sent que sa faculté secrète peut trouver jour à se développer.

199. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Si l’on a une vraie veine, l’important est de la développer et de la pousser un peu haut sans doute, mais avant tout de la reconnaître et de la suivre. […] Dumas n’avait aussitôt paré à cette sorte de médiocrité de son sujet en y ajoutant, en y substituant, pour le relever, le pathétique développé des deux rôles de mademoiselle de Belle-Isle et de son chevalier.

200. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

À travers tant de dangers, il persista à ne prendre pour guide que les maximes d’une piété superstitieuse ; mais c’est à l’époque où la religion seule triomphe encore, c’est à l’instant où le malheur est sans espoir, que la puissance de la foi se développa toute entière dans la conduite de Louis ; la force inébranlable de cette conviction ne permit plus d’apercevoir dans son âme l’ombre d’une faiblesse ; l’héroïsme de la philosophie fut contraint à se prosterner devant sa simple résignation ; il reçut passivement tous les arrêts du malheur, et se montra cependant sensible pour ce qu’il aimait, comme si les facultés de sa vie avaient doublé à l’instant de sa mort, il compta, sans frémir, tous les pas qui le menèrent du trône à l’échafaud, et dans l’instant terrible où lui fut encore prononcé cette sublime expression : Fils de Saint Louis, montez au Ciel. […] Les qualités naturelles, développées par les principes, par les sentiments de la moralité, sont de beaucoup supérieures aux vertus de la dévotion ; celui qui n’a jamais besoin de consulter ses devoirs, parce qu’il peut se fier à tous ses mouvements, celui qu’on pourrait trouver, pour ainsi dire, une créature moins rationnelle, tant il paraît agir involontairement et comme forcé par sa nature ; celui qui exerce toutes les vertus véritables, sans se les être nommées à l’avance, et se prise d’autant moins, que ne faisant jamais d’effort, il n’a pas l’idée d’un triomphe, celui-là est l’homme vraiment vertueux.

201. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

L’important, c’est qu’il le crée pour lui-même, lorsque, par les notions peu à peu acquises, son idée prend corps et se développe, lorsque le monde lui apparaît en sa nouveauté comme un enfant merveilleux de sa pensée. […] Dans le monde des intelligibles l’idée de l’Amour gouverne toutes choses et permane, opposée à ce qui passe ; c’est en elle que se développe le Moi.

202. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

On objectera peut-être ici que les deux mots de guerre ont depuis quelque temps changé encore d’acception, et que certains critiques sont convenus d’honorer désormais du nom de classique toute production de l’esprit antérieure à notre époque, tandis que la qualification de romantique serait spécialement restreinte à cette littérature qui grandit et se développe avec le dix-neuvième siècle. […] — Ici se présente une objection spécieuse et déjà développée avec une conviction respectable par des hommes de talent et d’autorité.

203. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame. […] Quand le jour de la disgrâce arrive, quelque chose de monstrueux se développe dans le courtisan tombé, et l’homme se change en démon.

/ 1838