C’est un état où le cœur ne peut être ému en son fond, et, quoique le monde lui montre ses beautés, ses honneurs, ses richesses, c’est tout de même comme s’il les offrait à un mort, qui demeure sans mouvement et sans désirs, insensible à tout ce qui se présente… Le mort peut bien être agité au dehors et recevoir quelque mouvement dans son corps ; mais cette agitation est extérieure ; elle ne procède pas du dedans, qui est sans vie, sans vigueur et sans force.
… » lui répond alors le captif, et saisissant vivement sa lyre, il entonne un chant où il lui promet de toujours vanter ses attraits, mais où il ajoute qu’il est altéré du désir » de revoir les Cieux », et la verdure des prés … d’entendre le ramage des oiseaux, et « les cloches des églises … » Ce chant d’une énergie mâle, reproduit la mélodie de l’ouverture ; les paroles qui s’y appliquent sont à la louange de Vénus.
Il était ressuscité « l’Unique, l’Adorable », rendu au désir avide, à l’embrassement brûlant d’Astarté !
Il a un désir, une ambition, un rêve, un dada sur lequel il trottine en tapinois depuis cinquante ans : il veut être pair de France !
Cette même hantise a fait surgir chez beaucoup de romanciers l’inquiétude traditionaliste, un désir pressant de retour au passé.
Gærtner, dont le plus grand désir eût été de trouver une ligne de démarcation bien tranchée entre les espèces et les variétés, n’a pu constater qu’un très petit nombre de signes caractéristiques, et qui, selon moi, n’ont aucune importance, entre la postérité dite hybride des espèces et la postérité dite métisse des variétés.
Aux passés les jeunes désirs mantelés de paroles au vent.
Il n’eût pas été, comme saint Jérôme, hanté du fantôme des femmes qu’il aurait laissées dans les villes, et dont les images, plus puissantes que la réalité, l’eussent fait se tordre de désirs et d’épouvante sur l’arène de sa caverne.
Certainement, lorsque, par des motifs d’érudition, je fis beaucoup de voyages, et visitai beaucoup d’archives d’Italie, un de mes plus ardents désirs était de trouver quelque échantillon de la langue italienne parmi les vieilles chartes. […] Le secrétaire même de saint Bernard a écrit ces paroles : « Moi qui avais quitté la plume, ayant pressenti et connu le désir que vous avez de posséder les paroles de ce saint homme, dont l’éloquence et la sagesse, la vie et la gloire se sont répandues dans toute la latinité, j’ai pris mes tablettes, et j’ai transcrit ce que j’avais. » Ainsi, cet état double de l’esprit humain, que nous avons déjà remarqué, se trouve partout. […] Mais quand saint Louis, tourmenté d’un nouveau désir de croisade, partit pour Tunis, le sénéchal ne voulut plus le suivre : saint Louis ne s’en fâcha pas.
Mais de quel poids encore le désir de faire autrement que Racine a-t-il pesé sur la conception dramatique de Voltaire ? […] L’âme est donc toute esclave : une loi souveraine Vers le mal ou le bien incessamment l’entraîne Et nous ne recevons ni crainte ni désir De cette volonté qui n’a rien à choisir ! […] Et Quinault avait de l’esprit, de la grâce ; il avait surtout quelque chose de cette poésie pénétrante qu’insinue souvent dans le madrigal la vivacité même du désir de plaire. […] Évidemment, Messieurs, c’est beaucoup, c’est trop dire, et en vous citant quelques lignes de cet éloge, je n’oublie pas que sous la plume de Fréron, la vivacité s’en augmente ou s’en échauffe assez naturellement du désir d’être désagréable à Voltaire.
Et la grâce qu’il demandait à Dieu par l’intercession du saint nous révèle combien intime, au fond du cœur, était l’union de la science et de la foi : il priait qu’il lui fût accordé de conduire les Annales de son Ordre jusqu’à la mort de saint Bernard ; Dieu lui accorda d’imprimer quatre volumes et de laisser, en effet, la suite toute prête jusqu’au terme qu’il avait marqué dans son désir. […] Ailleurs, je vois la France comparée à une « belle et pudique dame » qui jadis, dans sa simple parure faisant reluire la modestie et la continence, reculait les désirs de ses amoureux, tandis qu’aujourd’hui vêtue d’or et de perles, elle provoque les baisers et les caresses : c’est-à-dire qu’autrefois les étrangers restaient chez eux, et que maintenant ils viennent s’enrichir en France par le commerce qu’ils y font. […] Je joindrais presque encore Cinna à cette liste : car la raison de l’impression équivoque qu’il donne, la raison de la médiocrité d’âme qui le fait presque mépriser parfois, c’est qu’il est tiraillé entre un instinct d’honneur et un désir d’amour, qui entraînent tour à tour sa volonté, l’opposent continuellement à elle-même et la rendent esclave et malheureuse. […] Cet amour, bien différent du désir qui naît de l’agrément, et qui est l’amour ordinaire des romans et des comédies, cet amour se fonde en somme sur l’estime.
Donnons-lui par surcroît un goût très fin, l’amour du beau, une volonté persévérante, le désir intense de bien faire tout ce qu’il fait, quoi encore ? […] On contemple parfois avec stupeur, dans nos expositions, des tableaux où toutes les nuances semblent systématiquement faussées ; et l’on se demande si l’artiste ne le fait pas exprès, par bravade, par esprit de mystification, par désir de se singulariser, par attrait morbide de la fausse note et de l’à peu près. […] C’est à ce désir que répond l’art réaliste. […] L’hérédité joue certainement ici un rôle : il est impossible que, de cette recherché ardente qui de tout temps a poussé le désir vers la beauté et, de génération en génération, les a rapprochés, il ne reste pas en nous quelque chose, une prédilection naturelle pour certaines formes, un sens inné de la perfection corporelle. […] L’imagination de l’artiste n’a pas ici besoin de stimulants : nous devons le supposer doué de cet amour passionné du beau qui le transportera d’enthousiasme au spectacle des belles formes, et lui inspirera le désir d’en créer de plus belles encore.
Je faillis en donner une preuve trop sûre… » Il monte sur des échafaudages, gonflé d’un beau désir. […] Cependant, il m’a semblé, deux ou trois fois, que ce paysage, à mes yeux saturé de bonheur, avait comme un désir de me faire part de son sens intime tout différent. […] Et devant la maison, basse avec des contrevents gris, usés aux persiennes, d’autres arbres, de parade, hauts et fins, recommencent à feuillir, sans doute avec le désir de plaire encore. […] Ne sont-elles pas gardées par le doux désir, par l’espoir plus doux encore !
La Chambre ne résout pas, elle solutionne ses désirs ou ceux des électeurs ne sont point des désirs, ils prennent le nom auguste de desiderata ; les propositions qu’on lui fait s’appellent des suggestions. […] Cicéron nous apprend que lorsque les Romains levaient des troupes, ils montraient le plus grand désir que le nom du premier soldat porté sur la liste fût d’un bon augure. […] Le choix des conférenciers est souvent quelconque, guidé surtout par le désir d’allécher le public en l’étonnant.
Oui, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches, et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs ; elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. […] Mais ma femme, toujours égale et libre dans la sienne, qui serait exempte de tout soupçon pour tout autre homme moins inquiet que je ne le suis, me laisse impitoyablement dans mes peines ; et occupée seulement du désir de plaire en général, comme toutes les femmes, sans avoir de dessein particulier, elle rit de ma faiblesse. […] À nous cette humeur satirique des diseurs de bons contes, aïeux et neveux de Rabelais, amis sincères de l’humanité tenue en santé par l’hygiène physique et morale, prêts à dauber sur la moinerie moinillante, bravant le bûcher pour dire la vérité, prenant tous les moyens pour la mettre en lumière, sculptant au besoin leurs protestations railleuses jusqu’au flanc des cathédrales gothiques, répondant à la persécution par la caricature, et n’ayant qu’un but, un désir, une foi ; terrasser l’erreur et faire aimer la justice.
Il lisait sans doute aussi avec l’idée d’imiter les grands exemples qu’il voyait retracés, et de devenir quelque chose ; mais au fond son plus cher désir et son ambition étaient plutôt d’être de quelque chose afin de savoir le mieux qu’il pourrait les affaires de son temps et de les écrire.
Un malin désir le prend, il lance une pierre dans la mare et réveille du coup les trois heureux troublés.
Tout se tait, tout est mort : mourez, honteux soupirs, Mourez, importuns souvenirs Qui me retracez l’infidèle ; Mourez, tumultueux désirs, Ou soyez volages comme elle !
Voyez cependant combien son âme sent le vide et se torture elle-même dans le néant des désirs satisfaits !
Pour moi, je l’admire, et je m’en vais sans aucun désir de le revoir.
Le point de départ comme le point d’arrivée de toutes ses pensées était la haine de la loi humaine ; cette haine qui, si elle n’est arrêtée dans son développement par quelque incident providentiel, devient, dans un temps donné, la haine de la société, puis la haine du genre humain, puis la haine de la création, et se traduit par un vague et incessant et brutal désir de nuire, n’importe à qui, à un être vivant quelconque. — Comme on voit, ce n’était pas sans raison que le passeport qualifiait Jean Valjean d’homme très dangereux.
N’est-ce pas misère que d’aspirer follement à une égalité impossible des conditions, égalité tellement impraticable que, si l’utopiste la créait un instant, tout mouvement, et par conséquent tout ce que l’auteur appelle le progrès, s’arrêterait à l’instant, car le grand ressort de l’horloge humaine, le désir, serait à l’instant brisé ?
Cette force, plus grande, doit produire bien des effets : par exemple, plus de confiance en soi-même, c’est-à-dire plus de courage ; plus de connaissance de sa supériorité, c’est-à-dire moins de désir de la vengeance ; plus d’opinion de sa sûreté, c’est-à-dire plus de franchise, moins de soupçons, de politique et de ruses.
L’idée, c’est cette ascension de l’âme humaine vers Dieu par la douleur librement acceptée : Jocelyn se fait prêtre sans vocation pour doter sa sœur, souffre d’un douloureux amour qui entre en lui par surprise au bout d’un dévouement généreux, sacrifie ce pur amour au devoir que son premier sacrifice lui a imposé ; toute sa vie est l’immolation des légitimes désirs, des belles passions de son cœur ; mais il trouve au bout de cette continuelle immolation la paix sereine et l’engourdissement délicieux.
Cinq années de séjour en Orient, des souffrances de tout genre, la peste, la faim et la soif, la maladie, soit par l’effet du climat, soit par suite de blessures, la captivité, tant de courage perdu, tous les devoirs de croisé remplis avec un dévouement d’autant plus méritoire que l’enthousiasme était médiocre y avaient guéri Joinville du désir de recommencer la croisade.
On peut trouver trop d’obstacles en soi, ou dans autrui, pour exécuter un plan de conduite qui ferait succéder à la témérité des paroles la réserve et la retenue ; au désir de prévaloir, l’empressement à déférer ; à l’amour-propre selon le monde, l’esprit de charité chrétienne.