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1258. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Ajoutez-y ce style que nous connaissons, ce style pompeux, sonore, gongorique, qui est aux autres styles célèbres contemporains ce que la grosse caisse est aux autres instruments, dans une musique militaire.

1259. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

On ne peut rien couper ou détacher dans ce poète mâle, qui ne se préoccupe jamais des détails comme les poètes ses contemporains. — par ce côté plus ou moins femelles, — et qui a pour qualités premières et presque exclusives l’ampleur et la majesté dans le mouvement de l’ascension lyrique.

1260. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Or, à leur tour, Musset et Hugo ont influé, par l’admiration qu’ils ont inspirée, sur la poésie contemporaine.

1261. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

… Selon nous, ce qui range à part le génie de Balzac parmi les autres génies contemporains et européens, c’est l’esprit, cette faculté perdue que je nommerais volontiers anti-dix-neuvième siècle, tant elle est rare à cette époque, même dans les talents réputés les plus grands !

1262. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Verve, éclat, mouvement, brusqueries d’aperçus, crâneries d’expressions toujours heureuses, magnificences de développements et d’horizons, superbes insolences de gladiateur, immense plaisanterie qui couvrait tous les persiflages, qui bernait dans la peau de lion d’Hercule les Pygmées de l’ironie voltairienne, il exposa dans tous les sens à la lumière des questions contemporaines et pour en varier les feux et les nuances, tous les joyaux d’un des plus étincelants écrins oratoires qui furent jamais.

1263. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

par un petit livre sur la Grèce contemporaine, spirituel de ton, mais qui voulait l’être bien plus qu’il ne l’était encore, et qui surtout avait la prétention d’être léger, détaché et un peu fat comme une page du Don Juan.

1264. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Quoique la littérature française tienne pour nous, Français, la plus large place dans la littérature de notre temps, et que cet ouvrage soit plus particulièrement consacré à la littérature française, cependant, quand, dans les autres littératures contemporaines, marquera, à tort ou à raison, une œuvre ou un homme, nous les regarderons par dessus leur frontière… A quoi bon, d’ailleurs, parler de frontière ?

1265. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Classé parmi ceux qui ne prennent pas les tambourinades des journaux pour la gloire, et qui attendent que de tels bruits finissent, pour introduire la célébrité qui ne finit pas, Wey est au meilleur rang des vrais et trop rares hommes de lettres contemporains qui, un jour, ont trouvé la littérature dans la rue et l’ont fait monter chez eux, l’ont essuyée des éclaboussures du ruisseau, qui n’était pas d’azur, et l’ont rendue la noble femme qu’elle doit être de la bohémienne qu’elle avait été trop longtemps.

1266. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Ne soyez donc pas étonné que, dans les hymnes placés sous le nom d’Homère et, ce semble, d’une langue contemporaine ou rapprochée de celle de ses deux grands poëmes, le mètre appliqué au mouvement lyrique demeure uniforme et simple : c’est la simplicité même du culte se communiquant à l’art.

1267. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

La comédie de l’argent y est en germe, et il suffit d’y joindre le drame de l’adultère (ce qui s’est fait il y a une soixantaine d’années, quand on a commencé à prendre au sérieux le « cocuaige » ) pour avoir à peu près tout le théâtre contemporain. […] Essayez un peu d’imaginer quelle tête il aurait s’il était un de nos contemporains, s’il était débarrassé de ses faux cheveux, s’il était coiffé comme nous, un peu chauve ou, au contraire, les cheveux en brosse, et si, par exemple, il portait toute sa barbe ? […] Sans doute, si on le replace à son époque et si on le compare à ses contemporains, qui avaient presque tous, et même les meilleurs, un fond de dureté, on reconnaîtra que cet homme d’un si robuste génie eut, en outre, une âme charmante et bonne. […] Dumas sont, dans le théâtre contemporain, celles que j’admire le plus, sur qui j’ai écrit le plus de pages, — et auxquelles j’ai fait le plus d’objections. […] Il a montré plus de franchise, de loyauté, de dédain des vaines hypocrisies qu’aucun des étonnants moralistes qui ont développé avant lui cette thèse éminemment contemporaine.

1268. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ils sont extrêmement vivants, et d’une vie qui nous est toute contemporaine et toute proche. […] Par-dessus elles, l’adorable Froufrou, la seule qui « achève » (et elle en meurt) ; Froufrou, la moins prétentieuse des « femmes nerveuses » du théâtre contemporain. […] Il y a, chez celui que les contemporains s’obstinaient à appeler « l’abbé Geoffroy » une austérité de principes qui, se traduisant fort peu dans sa vie, se manifeste à tout bout de champ dans sa critique, à qui elle prête une singulière verdeur et des pénétrations peu communes. […] Je m’établis son compatriote et son contemporain, et jamais il ne me paraît plus piquant que lorsqu’il choque nos coutumes et nos idées actuelles… J’étudie le siècle de Louis XIV dans ses poètes dramatiques : les comédies de ce temps-là sont pour moi des histoires », etc., etc. […] Mais il a rencontré, cette fois, un sujet plus palpitant encore, s’il se peut, et d’un intérêt encore plus vital : c’est à savoir ce qu’il advient des filles pauvres dans la bourgeoisie contemporaine, où un usage abominable ne permet point aux jeunes filles de se marier sans dot.

1269. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Les vers de son contemporain Fortunat n’existent plus pour nous. […] Il est vain de vouer les gloires contemporaines soit à l’immortalité, soit à l’oubli. […] Les contemporains de Carrel l’ont absous. […] On n’avait alors sur cette grande époque que le témoignage des contemporains. […] Nous voudrions bien qu’un contemporain de Tacite eût fait l’histoire des affaires de son temps.

1270. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il fut avant tout honnête homme ; c’est l’opinion de Boileau, de Saint-Simon et de tous les contemporains. […] Par sa tristesse et son amertume, il est notre contemporain. […] La liberté fort grande du style contemporain et parisien ne lui suffisait pas. […] Dryden, le célèbre poète anglais contemporain, se moque de la délicatesse d’Hippolyte, qui n’ose révéler à Thésée le crime de Phèdre. […] On a dit que Mahomet était un plagiaire, compilateur de la Bible et des sectes contemporaines, que Luther répétait avec de gros mots les vieilleries de Jean Huss et de Wiclef.

1271. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

On éxamine d’ordinaire ceux-là avec un respect timide et des ménagements superstitieux, tandis qu’on réserve pour ses contemporains toute la sévérité et toute la hardiesse de ses jugemens. […] Il faudroit donc pour l’instruction de nos contemporains mettre à profit cette liberté que nous pouvons prendre sur les auteurs qui ne sont plus. […] Quand les bons auteurs d’un siécle déposent de la pureté et de la beauté du style d’un de leurs contemporains, nous ne sçaurions nous dispenser de les en croire sur leur parole, nous qui à beaucoup près, ne sentons pas comme eux les finesses de leurs langues. […] Dion Chrysostome contemporain de Plutarque, appelle Homere le plus grand imposteur du monde, même dans les choses les plus incroyables ; il ne ménage point son lecteur. […] Il pese, pour ainsi dire, ses grands hommes au poids des fardeaux qu’ils enlevoient ; et pour imprimer du respect à ses contemporains pour les personnages de son poëme, il dit plus d’une fois que plusieurs hommes de son temps, soûtiendroient à peine, ce qu’un seul des autres lançoit aisément.

1272. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Polybe contemporain n’en auroit-il pas parlé, si elle avoit été vraie ? […] Cependant, si ces monumens n’ont pas été élevés par des contemporains ; s’ils célebrent quelques faits peu vraissemblables, prouvent-ils autre chose, sinon qu’on a voulu consacrer une opinion populaire ? La colonne rostrale érigée dans Rome par les contemporains de Duillius, est sans doute une preuve de la victoire navale de Duillius. […] Une médaille, même contemporaine, n’est pas quelquefois une preuve. […] Procope, contemporain du roi des Francs Théodebert, dit que les Francs immolerent des hommes quand ils entrerent en Italie avec ce prince : les Gaulois, les Germains, faisoient communément de ces affreux sacrifices.

1273. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Un écrivain, et, même un grand écrivain, dépend toujours, pour commencer, de ses lectures et de ses admirations et même des lectures et des admirations contemporaines. […] Il n’y a de livres que ceux où un écrivain s’est raconté lui-même en racontant les mœurs de ses contemporains, leurs rêves, leurs vanités, leurs amours et leurs folies. […] Cette misère est réalisée à miracle dans la prose de Banville, pour ne pas citer trois ou quatre de nos illustres contemporains. […] Mais on y apprend aussi que s’il y a deux courants dans notre poésie contemporaine, c’est le courant français qui va l’emporter . […] Elle est contemporaine des plus anciennes manifestations de l’art civilisé.

1274. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Dans la lettre si connue où elle raconte l’effet de cette mort sur Mme de Longueville, Mme de Sévigné ajoute aussitôt : « Il y a un homme dans le monde qui n’est guère moins touché ; j’ai dans la tête que s’ils s’étoient rencontrés tous deux dans ces premiers moments, et qu’il n’y eût eu personne avec eux, tous les autres sentiments auroient fait place à des cris et à des larmes que l’on auroit redoublés de bon cœur : c’est une vision. » Jamais mort, au dire de tous les contemporains, n’a peut-être tant fait verser de larmes et de belles larmes que celle-là. […] Il y a une certaine forme et comme un certain costume des idées contemporaines de notre jeunesse, qui s’efface plus ou moins en vivant et en causant, mais qui reparaît sitôt que nous écrivons : cela nous date plus que tout.

1275. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mais, un jour, un été, à une certaine saison d’ennui, après les années brillantes, cette personne, à la campagne, prend une plume, et trace, sans but arrêté d’abord, un roman ou des souvenirs pour elle, pour elle seule, ou même seulement ce sont des lettres un peu longues qu’elle écrit à des amis sans y trop songer ; et dans cinquante ans, quand tous seront morts, quand on ne lira plus l’homme de lettres de profession à la mode en son temps, et que ses trente volumes de couleur passée iront lourdement s’ensevelir dans les catalogues funèbres, l’humble et spirituelle femme sera lue, sera goûtée encore presque autant que par nous contemporains ; on la connaîtra, on l’aimera pour sa nette et vive parole, et elle sera devenue l’un des ornements gracieux et durables de cette littérature à laquelle elle ne semblait point penser, non plus que vous près d’elle. […] On ne se doute pas de toutes les peines et de toutes les ruses à bonne fin qu’il nous a fallu avoir, nous autres critique qui tenions à accroître sur quantité de points délicats et neufs l’histoire littéraire contemporaine ; qui avions besoin d’être bien informé, et qui ne voulions écrire sous la dictée de personne.

1276. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

J’ai entendu regretter que lorsque cette poésie française rajeunissante essaya, vers les années 1820-1830, de remonter par-delà Malherbe, de regarder à son passé, de se rattacher aux ancêtres et de ressaisir un souffle de la Renaissance ou du moyen âge, nos poètes modernes aient négligé ces vieux monuments, et ne s’y soient pas directement inspirés et ralliés, au lieu de se borner à des poètes du xvie  siècle, à Ronsard et à ses contemporains de la Pléiade, et de s’arrêter ainsi à mi-chemin, — au quart du chemin. Jamais on n’a pensé à s’inspirer de Ronsard et de ses contemporains poètes, mais seulement à leur emprunter quelques expressions heureuses, quelques couleurs neuves et fraîches, et des formes habiles de rythme.

1277. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

. — Notez d’ailleurs que cette draperie littéraire qui nous cache aujourd’hui la vérité ne la cachait pas aux contemporains ; ils voyaient sous elle le trait exact, le détail sensible que nous ne voyons plus. […] En 1763, dans la tragédie de Manco-Capac 490, « le principal rôle, écrit un contemporain, est celui d’un sauvage qui débite en vers tout ce que nous avons lu épars dans l’Émile et le Contrat social sur les rois, sur la liberté, sur les droits de l’homme, sur l’inégalité des conditions ».

1278. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Si vous voulez observer cette opération, regardez le promoteur et le modèle de toute la grande culture contemporaine, Gœthe, qui, avant d’écrire son Iphigénie, emploie des journées à dessiner les plus parfaites statues, et qui, enfin, les yeux remplis par les nobles formes du paysage antique, et l’esprit pénétré des beautés harmonieuses de la vie antique, parvient à reproduire si exactement en lui-même les habitudes et les penchants de l’imagination grecque, qu’il donne une sœur presque jumelle à l’Antigone de Sophocle et aux déesses de Phidias. […] Il est l’œuvre propre de la critique contemporaine.

1279. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Necker, son père, était un de ces hommes de bruit et de vent que l’engouement de leur époque enfle jusqu’aux proportions d’un grand homme, qui passent la moitié de leur vie à surexciter les espérances de leurs contemporains et l’autre moitié à les détromper de leur fausse supériorité ; routinier en finances, banquier plutôt qu’administrateur du trésor public, novateur en paroles, stérile en mesures, pompeux en éloquence, vide en idées, boursoufflé en style, obscur en chiffres, nul en politique, soulevant témérairement toutes les questions sans avoir le génie d’en résoudre aucune, les laissant retomber de tout leur poids, tantôt sur le peuple, tantôt sur le roi, et ne sauvant jamais que sa propre popularité du naufrage. […] Sa femme, madame Necker, plus enivrée encore que lui de cette apothéose, groupait dans sa maison tous les rayons de célébrité contemporaine pour faire autour de lui un éblouissement d’opinion.

1280. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

… Et ne dites point : « Le gaillard était peut-être un inconnu, qui n’avait de talent qu’aux yeux de Marceline, ou dont le talent était ignoré des contemporains ; un obscur amateur dont l’histoire n’a pas gardé le souvenir. » Non, c’était un homme qui eut quelque notoriété en son temps, et dont le nom a été presque sûrement enregistré par les Bouillet, les Dezobry et les Vapereau ; témoin ces mauvais vers de sa triste maîtresse : Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes… D’un éloge enchanteur toujours environné, À mes yeux éblouis il s’offrait couronné… … C’est bête, tout de même, de se donner tant de mal pour découvrir le mot d’une énigme qu’il importe si peu de débrouiller. […] … Si l’on vous livrait la correspondance intime de quelque femme de lettres d’aujourd’hui (et je la suppose indulgente) adonnée à la fréquentation des grands hommes, pensez-vous que nos contemporains célèbres y fissent tous aussi bonne figure et aussi immaculée ?

1281. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Ce fut sept ans après Salamine qu’Eschyle composa les Perses, la première de ses tragédies qui soit venue jusqu’à nous, la seule de tout le théâtre grec dont l’action soit contemporaine. […] Le fantôme évoque ces fantômes, il prend à témoin les vieillards ses contemporains, qu’il n’a pas dégénéré de leur gloire. — « Et moi aussi j’obtins la destinée que je désirais, et je conduisis de grandes armées dans beaucoup de guerres.

1282. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

À moins d’un miracle qui arrive de loin en loin, quelle illusion peut se faire un poète de nos jours, quand le Dante, le Tasse, le Camoëns, Milton, etc. etc. ont été méconnus de leurs contemporains ! […] Il faut considérer aussi que les belles proportions et la régularité imposées à notre tragédie par les auteurs de Cinna et d’Andromaque lui donnent une physionomie à part, au milieu des littératures contemporaines.

1283. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Oui, la pensée même de Dieu, la pensée éternelle et contemporaine de tous les temps, cette pensée est dans le verbe. […] Enfin il y aurait à rendre compte des superstitions rabbiniques au sujet du nom incommunicable et sacré de Jeovah, nom formé, comme on sait, de la combinaison du présent, du passé, du futur du verbe être, et qui renferme, par son énergie propre, le sentiment essentiel de l’existence continue et non successive, en d’autres termes, éternelle et contemporaine de tous les temps ; ce qui, pour le dire en passant, a cela de remarquable, que le substantif par excellence tire ici son origine du verbe.

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