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1101. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Par Erckmann Chatrian I Un phénomène, c’est-à-dire un nouveau genre de beauté en littérature, inventé comme par accident, sorti du néant, ne répondant à rien de ce qui a été conçu jusqu’ici, n’ayant été ni prédit, ni annoncé, ni vanté d’avance, mais né de soi-même, comme un instinct irréfléchi, et s’emparant de l’attention comme par une force de la nature, vient de se produire inopinément parmi nous. […] Il faut, pour les écrire, autant de talent qu’il faut de génie naturel pour les concevoir. […] Ces idées me trottaient dans la tête, et quand j’y pensais longtemps, j’en concevais un grand chagrin.

1102. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Faut-il pousser le darwinisme jusqu’à concevoir une sorte de jeu de dés où les circonstances fortuites et extérieures détermineraient seules la liaison du plaisir avec la vie ? […] Ce dernier doit avoir pour cause, au contraire, une augmentation de force, une réception de mouvement30. » Cette théorie vient de ce que Léon Dumont conçoit mal le rapport des deux travaux moléculaires. […] C’est que, devant l’immensité du ciel, de la mer ou de la montagne, la possibilité d’apercevoir l’ensemble, d’embrasser tout du regard ou même de l’imagination nous est enlevée ; mais, par un effort supérieur de la pensée, nous concevons l’infini et anéantissons l’obstacle matériel devant l’idée intellectuelle.

1103. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Le professeur Pictet, dans son article critique sur mon ouvrage136, ne peut concevoir comment, chez les formes de transition, et par exemple chez les premiers oiseaux, les modifications successives des membres antérieurs d’un prototype supposé peuvent avoir été de quelque avantage aux diverses variétés chez lesquelles elles se sont produites. […] Lyell, après plus mûre réflexion, a conçu des doutes sérieux sur cette question. […] On conçoit assez aisément la dénudation d’une seule formation encore récente, commençant aux points culminants d’îles en voie de lente émersion et se continuant aussi vite et aussi longtemps que le mouvement d’émersion lui-même ; mais la dénudation complète de couches superposées, de nature différente, et solidifiées depuis longtemps, est plus difficile à admettre, parce qu’elle exigerait un concours extraordinaire de circonstances toutes favorables.

1104. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Non qu’il n’y ait plus d’une manière de concevoir le même livre ; — et, là-dessus, je me doute bien qu’à Genève ou à Lausanne quelqu’un me reprochera qu’au lieu de louer le livre de M.  […] Mais il y a quelque chose de plus ; et, si je me suis fait entendre, cette manière de concevoir et de prendre le sujet peut servir à dissiper un malentendu que M.  […] Cela se conçoit ; de tant d’écrivains en tout genre qui ont rempli du bruit de leur nom les cinquante premières années du xviie  siècle, l’auteur du Discours de la méthode n’est-il pas, avec celui du Cid, le seul aujourd’hui qui survive ? […] Nous avons vu trop de révolutions, et surtout nous avons vu trop et de trop belles espérances n’aboutir qu’à des effets trompeurs, pour croire au progrès tel que l’ont conçu nos philosophes du xviie  siècle. […] L’homme tel que Voltaire lui-même, Diderot, Montesquieu, Buffon, Rousseau, d’Alembert, Condorcet, Condillac, le conçoivent, c’est l’homme selon Descartes, l’homme rationnel, si je puis ainsi dire, l’homme abstrait, ou plutôt encore l’homme soustrait aux conditions de temps et de lieu, c’est-à-dire indépendant de l’histoire et de la réalité.

1105. (1885) L’Art romantique

et n’y a-t-il pas de quoi faire rougir de son impuissante imagination ce public blasé qui exige des théâtres une perfection physique et mécanique, et ne conçoit pas que les pièces de Shakspeare puissent rester belles avec un appareil d’une simplicité barbare ? […] Qui pourrait concevoir une biographie du soleil ? […] En effet, la nature est si belle, et l’homme est si grand, qu’il est difficile, en se mettant à un point de vue supérieur, de concevoir le sens du mot : irréparable. […] Alors je conçus pleinement l’idée d’une âme se mouvant dans un milieu lumineux, d’une extase faite de volupté et de connaissance, et planant au-dessus et bien loin du monde naturel. […] Sitôt que vous voulez me donner l’idée d’un parfait artiste, mon esprit ne s’arrête pas à la perfection dans un genre de sujets, mais il conçoit immédiatement la nécessité de la perfection dans tous les genres.

1106. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Pour en parler franc, la philosophie de l’histoire, telle que les hommes de 1800 à 1850 environ ont pris un plaisir infini à la concevoir, n’existe pas. […] Mais cette idée, qui du reste était grande, il est le premier qui l’ait conçue, exprimée et soutenue avec une ténacité extraordinaire. […] Il l’a conçue, couvée, et caressée toute sa vie. […] Il a, au moins autant qu’une autre religion, conçu l’humanité comme une multitude de clients autour de patrons et de disciples dociles autour de maîtres inspirés. […] Mais vous ne voyez pas la conclusion magnifique que l’on peut tirer de là et l’espérance sublime qu’on peut en concevoir ?

1107. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Sur ce propos, Agrippine conçoit la nécessité d’agir sans délai ; mais, par un ressentiment de femme, elle oublie, un moment son péril pour s’occuper de la perte de Domitia Lépida. […] Si ces faits sont avérés, la démarche d’Agrippine se conçoit. […] Cela se conçoit-il ? […] Quel est celui qui, sans être un sot, ne s’est jamais trompé dans la bonne ou mauvaise opinion qu’il avait conçue des hommes ? […] Le jeune Isaac Arnaud en conçoit un tel dépit, qu’il déchire sa robe, et se retire du palais.

1108. (1927) Approximations. Deuxième série

Shelley — et c’est peut-être le trait essentiel de sa nature, celui par lequel il apparaît unique — ne se débat jamais : on ne peut même pas concevoir de circonstance où il se débatte. […] Elles y pourvoient d’autant plus sûrement qu’à quelque sujet qu’il se prenne, le tempérament de Pascal est celui de l’apologiste-né, du plus grand qui se puisse concevoir : il en comble, on dirait qu’il en épuise l’idée. […] Plus il a été libre tout le temps où il concevait, moins le romancier doit l’être dès l’instant qu’il exécute. […] Je suis assez grand pour faire mes affaires tout seul… Je suis un homme digne et éclairé, parfaitement pur de toute illusion… Peut-être le monde tel que je le conçois, est-il plus triste, moins réconfortant. […] Ainsi de fournir dans la phrase célèbre : l’imagination « se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir », [Pascal, Pensées, fragment 185, p. 608.

1109. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Les Chants du Soldat sont suivis des Nouveaux Chants et de Marches et Sonneries, recueils conçus dans la même note héroïque. […] Jean Aicard conçut un vif ressentiment de cette double mésaventure. […] Peu lui importe que ce héros soit chimérique ou réel, qu’il s’éloigne ou approche de la vérité ; son unique préoccupation est de le rendre tel qu’il l’a conçu. […] S’il est conçu par un vrai poète, le côté roman (c’est-à-dire l’observation des mœurs ; l’étude des caractères, la description des milieux) se trouvera sacrifié. […] L’entreprise, si bien conçue, menée avec tant d’audace, échoua par l’imprudence de la reine.

1110. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Et enfin, après d’insatiables retouches et remaniements de cet éternel cinquième acte d’Hamlet, et lui-même la tête encore toute fumante d’une dernière refonte : « Je lui écris (à Talma) que mon nouveau cinquième acte, refait à ma guise, à ma cuisine, est terminé, et que je ne le conçois et ne le concevrai jamais que de cette manière. […] Ne concevez donc aucune inquiétude, et dites-vous qu’il me faut bien peu de chose, et pour bien peu de temps.

1111. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

J’ai été forcé de passer devant la troupe au port d’armes et de recevoir quatre coups do canon, auxquels le Lavoisier a répondu. » J’ai sous les yeux l’ordre du jour signé du lieutenant-colonel commandant supérieur ; il est conçu en ces termes : « Ordre Supérieur. […] On connaît sa Messe en Kabylie, dont il conçut l’idée dans un dernier voyage d’Afrique en 1853.

1112. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Par exemple, au lieu de ce genre de sentences familières à l’auteur de l’Art poétique : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, etc. […] Après cela, les symptômes extraordinaires rapportés par La Monnoye, et les réponses peu nettes des médecins, aussi bien que le traitement employé, s’accorderaient assez avec le récit de Saint-Simon ; on conçoit que la chose ait été étouffée le plus possible.

1113. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

En un mot, tant que la poésie a été un chant, tant que la harpe et la lyre n’ont pas été de pures métaphores, on conçoit cet accident poétique comme une sorte de grâce et d’accompagnement assorti jusque dans le rang suprême. […] On conçoit donc qu’il y aurait dans ce sujet matière à une discussion délicate, et qu’on en pourrait faire un piquant chapitre qui traverserait l’histoire littéraire du xvie .

1114. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Mais prenons garde : si mon article est trop bien composé et conçu, s’il met le lecteur au fait, s’il le dispense de recourir aux comptes rendus officiels, si, en un mot, cet article net et lucide se suffit à lui-même comme il est de règle en bonne littérature politique, en bonne rhétorique du genre, je suis en faute, en contravention, et me voilà condamné ipso facto. […] J’avais dessein d’abord, messieurs, de traiter à fond ce point devant vous, d’établir à ce propos le vrai principe de la tolérance en matière d’opinions, telle que je la conçois et que je la crois digne du xixe  siècle ; mais une occasion prochaine devant s’offrir où, si on daigne me le permettre, je me propose de vous exposer mes idées à ce sujet, je passe rapidement, et j’exprime seulement mon regret de trouver dans la Ici présente l’absence absolue de la seule juridiction de laquelle la presse me paraît devoir relever ; je déplore que, du moment qu’on prétendait rentrer dans la voie libérale, on ait tenu si peu de compte des grandes traditions que nous avaient léguées nos maîtres en politique : la loi, à ce titre, me paraît profondément défectueuse, et, s’il faut parler franc, profondément viciée dans sa constitution même. — Je passe outre.

1115. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nous ne pouvons concevoir une figure comme ayant trois côtés et en même temps comme ayant quatre côtés. […] Concevons un cordon de sonnette ; c’est le nerf, simple conducteur ; il aboutit à une grosse cloche, le centre sensitif, et, quand on l’ébranle lui-même, il la fait tinter : voilà la sensation.

1116. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

V Mais est-ce donc en vertu d’un misérable contrat impossible même à concevoir (car pour contracter il faut être, et avant d’être la prétendue association locale n’était pas, ou elle n’était qu’en penchant et en germe dans les instincts naturels de l’homme), est-ce donc en vertu d’une misérable convention que la société s’est constituée en gouvernement ? […] L’instinct de l’amour créateur emporte l’homme et la femme l’un vers l’autre ; mais, une fois l’enfant conçu, ce même instinct, devenu paternité, porte les deux êtres générateurs à perpétuer leur union dans l’intérêt de l’enfant, ce troisième être qui les confond et les réunit par une union permanente et sainte, sanctionnée par les autres hommes et par Dieu.

1117. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il le finit, ou il le fit finir par une main inconnue, et je fus très-étonné, en arrivant de Naples, de le lire tout autrement conçu et autrement rédigé qu’il n’était dans mon esprit et signé de moi. […] Ledru-Rollin, chef des journalistes radicaux, et ayant, malgré ses amis, reconnu en lui des facultés de parole et des puissances de conception très-grandes avec des intentions non déguisées contre le socialisme subversif, notre ennemi commun, j’avais conçu pour lui une secrète estime, et je n’étais pas loin d’espérer que le concours d’un homme aussi bien doué ne pût être, sous une forme ou sous une autre, très-utile à la république ; depuis, il suivit légèrement une émeute sans portée qu’il devait répudier courageusement ou conduire ; il se réfugia en Angleterre par une fausse porte, mais il parut de ce jour-là se retirer de la politique, et il vécut en mort de ses souvenirs, de ses regrets et peut-être de son mépris pour les vivants.

1118. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Racine conçoit toutes les émotions, tous les états passifs comme mobiles, et principes d’activité ; il les exprime justement sous l’aspect où leur force d’impulsion ou d’inhibition se découvre le plus fortement : l’objet est toujours une résolution à prendre, qui est prise, rejetée, reprise, autant de fois que s’exercent l’impulsion ou l’inhibition, jusqu’à ce qu’une secousse plus forte amène l’action définitive. […] Mais songez surtout à son accès de fureur prophétique, à ce qu’il a fallu de puissance poétique, de hardiesse artistique, pour concevoir et pour offrir à ce monde de raisonneurs et d’intellectuels un prophète, un vrai prophète, inspiré, délirant, dessinant l’avenir en images actuellement extravagantes.

1119. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

L’esprit français conçoit à son tour des idées générales. […] Pour écrire clairement en français, c’est-à-dire, pour arracher les idées de ce fonds obscur où nous les concevons, et les amener à la pleine lumière, que d’efforts et de travail !

1120. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Mais cette connexité que Wagner apercevait déjà en 1848, acquit avec le temps une signification plus profonde et autre, et cette idée que le Gral est l’Or du Rhin idéalisé l’amena à concevoir un drame entier qu’on pourrait fort correctement nommer l’Anneau du nibelung « idéalisé ». […] Bl., 1878, 100), et le sommeil de Kundry, d’où elle se réveille sans force, est analogue à celui de Brunnhilde ; Klingsor, qui se mutile pour s’approcher du Gral et qui devient ainsi la cause efficiente du drame, est évidemment conçu d’après le prototype Alberich, qui « maudit l’amour » pour se saisir de l’Or du Rhin … Connaissant cette intention, on pourrait poursuivre ces analogies sans crainte d’aller trop loin : la lance, par exemple, qui a donné tant de mal aux savants critiques, parce qu’ils ne la retrouvaient pas (sous cette forme) dans les poèmes qui racontent les légendes de Parsifal et du Gral, cette lance que Parsifal conquiert par la chasteté on l’aurait trouvée, si on avait songé à la « sainte lance » de Wotan, taillée dans le bois de « l’arbre du monde » … Nous expliquerons la raison de cette intention poétique ; pour le moment, il nous suffît d’avoir établi par quelques indications précises, l’existence dans Parsifal d’une parenté, ou antithèse, voulue avec le Ring39.

1121. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Dans la lettre intitulée « Zukunftsmusik » n (tome VII, p. 125), qu’il adressait à un ami de France, Wagner expose comment il fut amené à concevoir l’œuvre qu’il devait réaliser ensuite. « L’artiste, dit-il, se voit parfois forcé d’employer, pour exprimer ses idées, un organe destiné, dès l’origine, à des buts différents du sien. […] Alors sera atteint le but que Wagner disait à Berlioz, lequel n’y a rien compris : « Mon but était de montrer la possibilité de produire une œuvre d’art, dans laquelle ce que l’esprit humain peut concevoir de plus profond et de plus élevé fût accessible à l’intelligence la plus ordinaire, sans qu’il fut besoin de la réflexion ni des explications de la critique et c’est cet essai que j’intitulai l’œuvre d’art de l’avenir.

1122. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Couple littéraire sans analogue dans la poésie du monde, car la Bible est l’esprit de Dieu et les poèmes de l’Orient ne sont guère que de l’opium fumé qui rêve et se tord au soleil, Homère et Virgile sont l’Adam et l’Ève de la poésie telle que l’homme, en possession de toutes ses puissances, la conçoit et la réalise. […] Si c’étaient des valets de chambre qui publiassent ces fonds de tiroir, je le concevrais.

1123. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

En d’autres termes, si l’on conçoit sans peine que les ennemis de la vieille monarchie puissent rétrospectivement s’intéresser à ce roi, suicide de sa race, qui l’a frappée en sa personne, à cette fête de Sardanapale incendiaire qui a dévoré ses convives, à ce souper de soixante ans qu’on appelle le règne de Louis XV et qui semblait rendre après lui tout règne de ses descendants impossible, conçoit-on aussi facilement que les hommes, vassaux fidèles du passé, qui ont reconnu que ce n’était pas le passé seul, mais l’avenir pour eux, qui périssait dans un tel désastre ; puissent en parler autrement que pour le déplorer et le maudire ?

1124. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

À concevoir les choses sous leur aspect philosophique, on s’aperçoit que le groupe total (humanité) présuppose la liberté totale ; et inversement ; le facteur de l’espace et le facteur du temps coïncident en cette harmonie. […] Il m’est impossible de concevoir un individu isolé, renonçant à un trésor séculaire et prétendant le remplacer par son seul effort ; il serait condamné à la fantaisie stérile, au bégaiement puéril.

1125. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Il s’est au loin étendu ; il voit accompli le soir ce qu’il a projeté au lever du jour ; le soir, les grandes choses ; les moindres, à l’instant où il les conçoit. […] Ainsi paraissent dans le drame sacré l’époux, l’épouse, le chœur des compagnes, ou de toutes autres jeunes filles de Jérusalem et des autres contrées. » On conçoit que, parmi les traditions de la poésie hébraïque divulguées en langue grecque, ce chant gracieux, dont la lecture était défendue à la jeunesse israélite, ait attiré surtout la curiosité des païens charmés de ces voluptueuses images, et bien éloignés d’y voir le sens mystique et les allusions pieuses qu’on y a cherchés plus tard.

1126. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Bien des personnes qui n’ont connu son nom que par ce dernier conflit ont conçu l’idée la plus fausse de M. d’Alton-Shée, dont les origines sont en effet assez complexes et dont la formation intellectuelle n’est pas simple.

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