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1089. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Le lyrique et l’enthousiaste qui sont encore en lui ont eu horreur de cet antipathique petit bourgeois, de ce Tartufe de libéralisme qui savait jouer sa partie avec l’opinion et gagner, en trichant, la popularité, de ce constructeur de couplets qui mettait de l’habileté jusque dans sa poésie charmante et dont l’imagination froide, madrée et libertine, n’eut jamais une grande et vraie inspiration.

1090. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Ce Gaulois et ce Rabelaisien, qui a écrit les Contes drolatiques avec la gaieté de Rabelais, le Titan-Satyre, et qui y a mêlé les choses les plus inconnues à Rabelais, — l’attendrissement et la mélancolie, — était romanesque pour son propre compte, dans la plus noble acception de ce mot charmant : romanesque !

1091. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Nul, sans le dévouement de l’amitié ou ces engagements de la vie qui nous mènent souvent plus loin que nous n’avions dessein d’aller, ne supportera, sans en souffrir, l’insignifiance d’un livre qui n’était pas un livre, d’ailleurs, écrit pour le public, et dont la médiocrité ne doit pas être reprochée à l’auteur ; car on a le droit d’être médiocre chez soi tout à son aise comme on a le droit d’y être en pantoufles, surtout quand on vit au milieu de gens qui sont disposés à vous trouver charmant, quoi que vous soyez… Malheureusement, il n’en est pas tout à fait ainsi pour cet indifférent de public.

1092. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Seulement, il mit du temps à tomber de ses mains charmantes !

1093. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Henri Heine, ce poète charmant et si digne d’être regretté, Henri Heine a pris acte de cette réaction en termes imposants que nous rappellerons, parce qu’allemand, poète et critique d’instinct, il est sur Hoffmann plus compétent que personne : « Les véritables penseurs — dit-il — et les natures poétiques, ne veulent plus entendre parler d’Hoffmann.

1094. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.

1095. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

L’enfance en est une lueur charmante encore.

1096. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury est médecin, mais s’il ne l’est pas de fonction, il l’est toujours de préoccupation et de prétention pédantesques, et cette prétention et cette préoccupation commencèrent de poindre, il y a quelques années, comme une délicieuse aurore, dans ce charmant M. 

1097. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il a de la sève et de la verve, une rondeur et une bonne humeur charmantes dans la gravité.

1098. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Il y a des différences dans la gloire de Bossuet, comme il y a des places plus rayonnantes, plus condensées, plus blanches dans la lumière, mais de l’absence de lumière, mais de l’ombre positive à un seul endroit de cette vie étonnante, on la cherche en vain… Seulement, cette lumière qui partout l’inonde, et dont l’écrivain qui la retrace finirait par être ébloui, passant à travers les mœurs simples et fortes de cet homme trop grand pour n’être pas un bon homme, donne à cette vie, aveuglante d’éclat, des tons doux, charmants, attendris, qui nous reposent et qui nous touchent, et qui ont influé, sans qu’on s’en soit rendu bien compte jusqu’ici, sur ce qu’il y avait de plus beau et de plus profond dans sa pensée.

1099. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Joinville a été l’Évangéliste de saint Louis, et son livre charmant est marqué du caractère le plus divin que puisse avoir le livre d’un homme sur un homme.

1100. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Fatuité charmante !

1101. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il n’était poète que de génie, mais il n’avait pas l’effroyable légèreté des poètes, de ces oiseaux charmants qui chantent et qui s’envolent, et dont le monde, dans un sens plus amer que ne le disait Lamartine : Ne connaît rien d’eux que leur voix !

1102. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Voilà pourquoi je me détourne avec regret de ces poésies qui n’ajoutent rien à ce qu’on sait du poète charmant, transparent et lumineux, qui s’est éteint dans le sombre bronze que voici, dans ce bronze du mépris qu’une créature humaine n’obtient jamais qu’à force de se briser… Pour nous qui croyons que les plus belles poésies ne sont jamais faites pour la volupté intellectuelle de faire des vers, mais pour se soulager d’une oppression sublime, d’un étouffement titanique du cœur sous le poids d’un grand sentiment, pour nous qui avons dit combien l’homme dans Alfred de Vigny était toujours le poète, ces poésies dernières nous font mieux comprendre cet homme que nous avons connu.

1103. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Jean Richepin, dans une société sans noblesse et sans laquais, — car cette société est égalitaire, et le larbin, si elle est conséquente, y vaut le sénateur, — peigne un lâche parce qu’il y en a beaucoup dans cette charmante société.

1104. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Vous savez que pour être mis en première ligne dans les romans des réalistes, il faut être vulgaire de nom et faire des choses vulgaires ; c’est la suprême caractéristique de ces égalitaires charmants.

1105. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.

1106. (1914) Une année de critique

Mais Monsieur de Bougrelon est un livre charmant. […] Je vous ai déjà dit qu’il est un causeur charmant, et c’est tout juste si on peut lui reprocher de causer trop souvent du charme de la causerie. […] quel homme charmant ! […] Aussi nul ne songe-t-il à malmener cet écrivain charmant et se borne-t-on à le craindre. […] C’est la manière du chroniqueur charmant et profond des Épilogues, du styliste incomparable du Songe d’une femme : l’allusion, le dédain.

1107. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il me dit un jour, en parlant de Moréas  : a C’est un charmant garçon. […] L’irritable poète redevenait charmant. […] C’était un homme charmant, très simple et très bon. […] C’est une femme charmante. […] Xau avertit le secrétaire de rédaction Brunières, un charmant garçon qui ressemblait à M. 

1108. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il y montre une grâce charmante et un esprit souvent éblouissant. […] Son charmant petit discours m’a étonné. […] Mais les Croquis de Provence, datés de juin 1908, sont charmants. […] Déjà dans le charmant volume de prose, De la rive d’Europe à la rive d’Asie, on trouvait une belle invocation à la mort désirée. […] Charmant petit pont turc, bel accent circonflexe jeté sur la rivière !

1109. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Image charmante de ce qui se passe dans l’âme, lorsqu’à la sereine et insouciante confiance du sentiment succède la réflexion avec son triste cortège. […] Que de têtes charmantes ou graves ! […] À droite est un groupe charmant, composé d’un berger au printemps de la vie et d’une jeune fille d’une beauté ravissante. […] Puis viennent mille détails charmants et d’innombrables épisodes qui forment eux-mêmes des compositions considérables. […] Quels charmants palais, quels gracieux édifices que les Tuileries, l’hôtel de ville de Paris, Chambord, Écouen !

1110. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Est-ce qu’il n’y a pas des grâces charmantes dans le babil et la frivolité d’une jolie femme ? […] Pline le Jeune et Sénèque, si affectés et si tendus, sont charmants par parcelles : chacune de leurs phrases prise à part est un chef-d’œuvre ; chaque vers dans Pope est un chef-d’œuvre s’il est pris à part. […] C’est pourquoi on voit fourmiller en ce moment, parmi les poëtes, les philosophes attendris et les académiciens pleurards : Gray, le solitaire morose de Cambridge et le noble penseur Akenside, tous deux imitateurs savants de la haute poésie grecque ; Beattie, le métaphysicien moraliste, qui eut des nerfs de jeune femme et des manies de vieille fille ; l’aimable et affectueux Goldsmith, qui fit le Ministre de Wakefield, la plus charmante des pastorales protestantes ; le pauvre Collins, jeune enthousiaste qui se dégoûta de la vie, ne voulut plus lire que la Bible, devint fou, fut enfermé, et, dans ses intervalles de liberté, errait dans la cathédrale de Chichester, accompagnant la musique de ses sanglots et de ses gémissements ; Glover, Watts, Shenstone, Smart, et d’autres encore.

1111. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Il osa s’introduire dans la Farnesina, charmant palais de plaisance que les Chigi, fameux banquiers romains, faisaient construire et décorer par Raphaël. […] Pour faire épanouir sa charmante figure un peu mélancolique, je jouais souvent de la flûte. […] Après le repas, on fit un peu de musique dans laquelle mon charmant Diego demanda à faire sa partie, et il s’en acquitta si parfaitement que Jules et Michel-Ange ne riaient plus, mais en étaient dans une sorte d’extase.

1112. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Cy nous attend sur litz charmants de mousse : À des rigueurs… qui vouldroit s’en venger, Qui (mesme alors que tout dezir s’esmousse), Au prilx fatal de ne plus y songer ? […] Sa poésie alors change de ton et redevient légère et badine : qu’on en juge par la charmante pièce des Trois plaids d’union qui remplace un conte de Vallais des Trois Manoirs, et qui, s’il faut tout dire, la dépasse encore en agrément.

1113. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

À la fin, madame Récamier, suivie par deux amis dévoués, Ballanche et Ampère, et par une jeune et charmante parente dont elle avait adopté l’enfance, part inopinément pour l’Italie, où elle passe deux ans. […] Ses songes charmants, mais en contradiction avec la nature, font sourire les sages, moitié d’admiration, moitié de pitié.

1114. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Oui, c’est charmant d’être bouddhiste, et béni soit Çakia-Mouni ! […] Le choix du poète s’explique : de même qu’il n’a pas vu la justice dans l’histoire, il ne lui plaît pas de voir la tendresse dans la nature, et il craint la charmante duperie des campagnes d’Occident.

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