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1044. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Pour peu qu’on chante, c’est parce qu’on a pleuré. […] C’est une perpétuelle exclamation ; cette âme expansive aime, admire, adore ; si dès lors elle avait su chanter, elle aurait exprimé plus d’un des sentiments dont la poésie de M. de Lamartine fut plus tard l’organe.

1045. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Mais, puisque nous y voilà, et que personne ne paraît, amusons-nous à cueillir des fleurs et à chanter : il sera temps ensuite de s’en retourner, et vous ne reviendrez pas sans présents, si vous voulez m’en croire. » Et elle leur raconta à demi la promesse à laquelle elle s’est engagée : l’étranger doit venir pour recevoir d’elle un charme propice, mais elle peut lui en donner un qui soit contraire, recevoir les présents, et ainsi tout sera concilié. […] Cette voix moqueuse de la corneille rappelle assez bien la parole de l’oiseau merveilleux dans les jardins d’Armide. — Mais nous ne sommes qu’au début d’une scène incomparable ; tandis que Jason s’avance, revenons encore à celle qui n’attend que lui : « De son côté, le cœur de Médée ne se livrait pas à d’autres pensées, bien qu’elle fût à chanter avec ses compagnes, et chaque chanson nouvelle qu’elle essayait n’était pas longtemps à lui plaire ; elle en changeait tour à tour dans son inquiétude, et elle ne tenait pas un seul moment ses regards arrêtés sur le groupe de ses suivantes, mais elle les promenait de loin vers les chemins, en penchant de côté son visage.

1046. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Cette apostrophe rappelle les pages les plus lyriques des philosophes modernes ; Rousseau y a puisé certainement ses mouvements d’âme qui chantent au lieu de parler. […] C’est Scipion qui parle, et qui, après avoir professé la politique de la vertu, chante les récompenses que le ciel réserve aux vrais politiques : lisez toujours.

1047. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

VIII Une tante, qui chantait en cousant près de la fenêtre, donna à l’enfant les délices et le goût de la musique. […] Il en avait l’instinct ; il en épela assez les principes pour composer plus tard le Devin du village, idylle grecque écrite et chantée par un pasteur suisse qui se souvient, en notes, du ranz des vaches de son hameau.

1048. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Écrivez, lisez, chantez, gémissez, gardez le silence, priez, souffrez courageusement les adversités ; la vie éternelle mérite bien tout cela et des combats encore plus grands. […] Enfin il atteint la paix, et il lui chante ce Te Deum suprême : XXVII Ô mon Dieu !

1049. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Décrite comme une vision, frappée en éclatantes figures et chantée comme une strophe, elle donne lieu à de splendides périodes, où se déploient tous les prestiges du style. […] Dès qu’il parle de l’une d’elles, son style s’adoucit, chatoie et chante.

1050. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Mais c’est de l’histoire amplifiée, de l’histoire « héroïsée », si l’on risquer ce barbarisme ; et, à la faveur de cette amplification, qui n’est qu’un effort du poète pour égaler son langage à la grandeur des événements qu’il chante, s’insinue déjà dans l’histoire un commencement d’exagération, et bientôt un élément merveilleux ou fabuleux. […] Parmi toutes ces horreurs et dans l’universelle détresse, pour chanter « les dames » ou le retour du printemps : L’année a quitté son manteau De vent, de froidure et de pluie, il y faut toute l’insouciance ou toute la légèreté de Charles d’Orléans.

1051. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

La gloire littéraire est le fondement de toutes les autres : les grandes actions tombent dans l’oubli ou dégénèrent en fables extravagantes, sans un historien fidèle qui les raconte, un grand orateur qui les préconise, un poète sacré qui les chante, ou des arts plastiques qui les représentent à nos yeux. […] Cependant il y a bien de la différence entre celui qui agit et celui qui parle, entre le héros et celui qui le chante : si le premier n’avait pas été, l’autre n’aurait rien à dire.

1052. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pouvions-nous croire que le chrétien d’instinct et de lait maternel qui, dans son histoire du Moyen Âge, avait au moins le respect de l’Église romaine, devenu sur le tard de sa vie le jouet d’une philosophie parricide, mordrait le sein de cette mère de nos âmes et que quinze ans de travaux dussent aboutir à une apologie de la Terreur, à cette chose infirme et monstrueuse qui n’est de l’histoire ni par le fond ni par la forme, mais une espèce de carmagnole historique, chantée d’un ton d’énergumène devant la lanterne (renversée, Dieu merci !) […] La vraie église était un club et les républicains qui partaient pour la Vendée y venaient chanter la Marseillaise devant un sanhédrin de bonnets rouges !

1053. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Fit-on jamais chanter sur une toile de plus capricieuses mélodies ? […] Flers Je vais revoir ma Normandie, C’est le pays… Voilà ce qu’ont chanté longtemps toutes les toiles de M. 

1054. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Un passage, entre autres, me semble avoir du sentiment, et, chanté, dut faire de l’effet.

1055. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Avant que l’on commençât à chanter la grand-messe, le duc de Venise monta au lutrin pour parler au peuple et leur dit : « Seigneurs, il est certain que nous sommes unis, pour la plus haute chose qui soit, à ce qu’il y a de plus haut dans le monde parmi ce qui est en vie aujourd’hui dans la chrétienté.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Saint François de Sales court de çà et de là et sort de son sujet, ou du moins voltige alentour ; il chante comme un oiseau en sautant de branche en branche ; il a l’ébriété de la vigne mystique, et il ne le cache pas.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

De pareils combats ressemblent à ces chocs d’armées qui ne décident rien, et après lesquels les deux partis chantent le Te Deum.

1058. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Le poète lyrique du xvie  siècle chercha aussi, comme l’ancien Thébain, à enchaîner ses rythmes à la musique, et à leur donner ces ailes qui font courir une parole chantante sur les lèvres des hommes : mais il eut beau s’efforcer, sa tentative interrompue, son échafaudage ne sert qu’à marquer sa ruine et à mieux faire mesurer l’infinie distance qu’il y a entre cette ode publique chantée et presque jouée de Pindare, et cette emphase moderne toute métaphorique, plus apparente ici dans une langue roide, neuve, et tout exprès fabriquée.

1059. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Le bon gros Saint-Amant comme il s’appelait lui-même en riant tout le premier de sa bedaine, ne réussit plus qu’à être un franc poète de la race pantagruélique ; il chanta La Vigne, Le Melon, Le Fromage, celui de Brie, celui du Cantal, l’« orgie », la « crevaille », comme il dit ; il y mit sa verve, une verve réelle, copieuse, rabelaisienne, grotesque avec feu, mais souvent repoussante et avec des odeurs de taverne ou de fond de cale.

1060. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde.

1061. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

De Maistre est tout près de le croire, il va même au Te Deum qu’on chante pour célébrer la victoire prétendue ; mais il se ravise.

1062. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Parés de leurs propres mains d’un laurier toujours vert, ils chantent le cantique de leur gloire et s’en enivrent à petit bruit.

1063. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Pendant la nuit qui précéda ce jour, un rossignol, qui chantait habituellement dans les bois de Férias, s’exalta fort et redoubla de trilles merveilleux ; il essayait de lutter avec des sons de harpe extrêmement mélodieux qui s’envolaient par une fenêtre entr’ouverte du château. » Ne dirait-on pas d’une légende de saint François d’Assise ?

1064. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Tout à coup les grandes orgues se firent entendre : pour moi, c’était la rose que j’avais devant les yeux, qui chantait.

1065. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

On fit notamment ce couplet qui se chantait dans la galerie de Versailles, à la cantonade : J’ai perdu ma femme et mon fils, Après le chevalier mon frère ; Je suis sans parents, sans amis.

1066. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

C’était pour chanter les exploits militaires que les Arabes faisaient des vers ; et ils n’étudiaient les secrets de la nature, que dans l’espoir de parvenir à la magie.

1067. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Achille n’est pas seulement la force héroïque : c’est le jeune fils d’une déesse, le plus beau des Grecs, qui, outragé, pleure comme un enfant dans le sein de sa mère ; qui sur la grève solitaire chante avec la lyre en contemplant la mer immense ; qui console son ami affligé avec un accent aussi tendre et aussi ému que celui d’une jeune mère : « Pourquoi pleures-tu, Patrocle, comme une enfant qui ne sait pas encore parler, qui court après sa mère afin qu’on la prenne, la tire par sa robe, et l’arrête, et la regarde en pleurant pour être portée dans ses bras ? 

1068. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

De là ces odes pindariques avec leur monotone succession de strophes, d’antistrophes et d’épodes : division qui ne répond à rien pour nous, puisque, même chantées comme il le voulait, les odes de Ronsard ne règlent pas leur mouvement sur les évolutions d’un chœur.

1069. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Du beau sexe ils sont tous chéris, Sans combattre ils chantent victoire ; Heureux les bourgeois de Paris !

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