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402. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

S’étant mis à table, il se restreignit aux homards et en acheva deux ou trois pour sa part, avalant quelquefois dans les intervalles un petit verre à liqueur de forte eau-de-vie blanche, quelquefois un grand verre à boire d’eau très-chaude, puis encore de l’eau-de-vie pure ; il en but environ une demi-douzaine, après quoi nous dépêchâmes deux bouteilles de bordeaux à nous deux, et nous nous séparâmes vers quatre heures du matin. » Une autre fois on trouve sur son journal la note suivante : « Dîné avec Scrope Davis hier au Coco. —  De six heures à minuit à table. —  Bu à nous deux une bouteille de champagne et six de bordeaux. […] Il n’a point plié devant le souverain des esprits, il est resté debout et calme en face du trône infernal, sous le déchaînement de tous les démons qui voulaient le déchirer ; maintenant qu’il meurt et qu’ils l’assaillent, il lutte et triomphe encore ; tout « râlant qu’il est, les lèvres blanches », il reste « debout dans sa force », les brave et les chasse. « Tu n’as point de pouvoir sur moi, je le sens. —  Tu ne me posséderas jamais, je le sais. —  Ce que j’ai fait est fait ; je porte au dedans de moi — une torture à laquelle la tienne ne pourrait rien ajouter. —  L’âme, qui est immortelle, se donne à elle-même — la récompense ou le châtiment de ses bonnes ou de ses mauvaises pensées. —  Elle est à elle-même le commencement et la fin de son propre mal. —  Elle est à elle-même son lieu et son temps. […] La proscription de la vie voluptueuse ou abandonnée, l’observation étroite de la règle et de la décence, le respect de toutes les polices divines ou humaines, les révérences obligées au seul nom de Pitt, du roi, de l’Église et du dieu biblique, l’attitude du gentleman en cravate blanche, officiel, inflexible, implacable, voilà les mœurs qu’on trouvait alors au-delà de la Manche, cent fois plus tyranniques qu’aujourd’hui ; c’est à ce moment, selon Stendhal, qu’un pair, seul au coin de son feu, n’osait croiser ses jambes, par crainte d’être improper. […] Que vont dire les clergymen et les reviewers en cravate blanche ? […] Les jeunes filles reposent dans le large appartement silencieux, comme de précieuses fleurs apportées de tous les climats dans une serre. « L’une a posé sa joue empourprée sur son bras blanc, —  et ses bouclés noires font sur ses tempes une grappe sombre. —  Elle rêve ainsi dans sa langueur molle et tiède. —  L’autre, avec ses tresses cendrées qui se dénouent, laisse pencher doucement sa belle tête, —  comme un fruit qui vacille sur sa tige, —  et sommeille, avec un souffle faible, —  ses lèvres entr’ouvertes, montrant un rang de perles. —  Une autre, comme du marbre, aussi calme qu’une statue, —  muette, sans haleine, gît dans un sommeil de pierre, —  blanche, froide et pure, et semble une figure sculptée sur un monument1309. » Cependant les lampes alanguies n’ont plus qu’une clarté bleuâtre ; Dudu s’est couchée, l’innocente, et si elle a jeté un regard dans son miroir, « c’est comme la biche qui a vu dans le lac — passer fugitivement son ombre craintive. —  Elle sursaute d’abord et s’écarte, puis coule un second regard — admirant cette nouvelle fille de l’abîme1310. » Que va devenir ici la pruderie puritaine ?

403. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

…………… Sous les flots de satin savamment entr’ouverts, Ton sein s’épanouit en de blanches luxures. […] Puisqu’il est, paraît-il, urgent et nécessaire De revoir le mauvais rayon d’un mauvais jour Et de voir s’échapper l’espoir d’un bel amour,       Que bientôt nos draps blancs se changent en suaire ! […] … Ô le soir, au retour, quand vous ôtiez vos bagues, Que n’avons-nous baisé vos doigts tièdes et longs Ou vos menus seins blancs ! […] C’est le premier poème des Charmes : Les lilas blancs piqués d’abeilles courageuses Sentent une tiédeur sur les branches neigeuses Comme un souffle d’amant sur un cou qui s’incline. […] Digne de Sapho, ce distique : Dans les jardins où se parfume le silence L’instant fuit avec les pieds blancs d’Atalante.

404. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Mais si je dis : « cette table n’est pas blanche », je n’exprime sûrement pas quelque chose que j’aie perçu, car j’ai vu du noir, et non pas une absence de blanc. Ce n’est donc pas, au fond, sur la table elle-même que je porte ce jugement, mais plutôt sur le jugement qui la déclarerait blanche. […] La proposition « cette table n’est pas blanche » implique que vous pourriez la croire blanche, que vous la croyiez telle ou que j’allais la croire telle : je vous préviens, ou je m’avertis moi-même, que ce jugement est à remplacer par un autre (que je laisse, il est vrai, indéterminé). […] Si j’énonce la proposition négative « cette table n’est pas blanche », j’entends par là que vous devez substituer à votre jugement « la table est blanche » un autre jugement. je vous donne un avertissement, et l’avertissement porte sur la nécessité d’une substitution. […] Ce peut être parce que j’ignore la couleur de la table, mais c’est aussi bien, c’est même plutôt bien parce que la couleur blanche est la seule qui nous intéresse pour le moment, et que dès lors j’ai simplement à vous annoncer qu’une autre couleur devra être substituée au blanc, sans avoir à vous dire laquelle.

405. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Ce n’est pas une plume, c’est un tampon qu’il tient à la main, un tampon roulé dans le blanc d’Espagne, le carmin et le cobalt, et qui lui sert à donner à sa phrase, cambrée jusqu’à la dislocation, la carnation criarde d’un trumeau. […] Le soir des débuts de Cruvelli, elle s’était habillée en fiancée ; elle avait mis une robe blanche, des rubans blancs, des souliers blancs, et un bouquet de fleurs d’oranger dans ses cheveux noirs comme l’ébène. […] Il est bien changé aujourd’hui, et il semble, en vérité, qu’en serrant à son cou la cravate blanche du chroniqueur officiel, il ait étranglé sa verve au passage. […] Il y a, au contraire, dans le trio final de la Nuit blanche, une phrase admirablement dite par Darcier ; cette phrase, empreinte d’une ineffable tendresse, circule, sans rien perdre de son caractère, à travers le ton joyeux du morceau. […] Les ligueurs mettaient une croix blanche à leur feutre pour se reconnaître dans cette obscurité du néologisme, l’auteur de l’Épître attache toute la mythologie païenne à son chapeau.

406. (1925) Portraits et souvenirs

De dessous son chapeau s’échappaient en arrière des mèches flottantes de cheveux blancs. […] Enfin un pas lourd se fit entendre et M. de Goncourt parut, très droit, solide et robuste, en sa blanche vieillesse. […] Ses doigts longs et fins tortillaient sa moustache blanche. […] Ses cheveux et sa barbe sont presque blancs. […] Chaque jour, j’admirais l’étroite, élégante et somptueuse façade où, dans le marbre blanc, s’incrustent ces disques de serpentin dont le grand architecte Lombardo aimait à orner les demeures patriciennes qu’il construisait avec un art si noble et si charmant.

407. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Un coq chante sous les pommiers ; un autre dans le sentier blanc d’aubépines où chuchote un ru ; un autre, très loin, vers l’orient. […] Suivant l’expression du génial auteur que je vous impose en ce moment, « les blancs assument l’importance ». Ce sont les blancs, c’est-à-dire l’intervalle entre chaque mot et chaque membre de phrase, qui déterminent le sens. […] Là, tout est blanc, mat, immobile, mort et glacé. […] Des femmes, les yeux gros de sommeil, allaient traire les vaches à l’étable, et leurs seaux de fer blanc tintaient.

408. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Victor Remouchamps En des tournures impulsives, effarantes d’abord, charmeuses ensuite comme une révélation lointaine, il a su exprimer ce qu’il y a, en nous de candeur latente, de joie insoupçonnée ; il a su noter les rêves blancs ; il a fait fleurir, sur les vies les pins stériles, tout un miracle de sensations jeunes ; il a ressuscité, en leur fraîcheur d’aurore, les plus exquis symboles catholiques.

409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

[Revue blanche (15 juillet 1899).]

410. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — [Note.] » pp. 83-84

Et Garat, dans ses Mémoires sur la vie de Suard, a montré Montesquieu dans son domaine de La Brède, « parmi les pelouses, les fontaines et les forêts dessinées à l’anglaise, courant du matin au soir, un bonnet de coton blanc sur la tête, un long échalas de vigne sur l’épaule : ceux qui venaient lui présenter les hommages de l’Europe lui demandèrent plus d’une fois, en le tutoyant comme un vigneron, si c’était là le château de Montesquieu ».

411. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Appendice »

D’après lui, l’Homère parnassien, c’est-à-dire celui de Leconte de Lisle, « multiplie les épithètes imprécises et inutiles, Les piques sont toujours éclatantes, la terre nourricière, les chevaux rapides, le lait blanc, les nefs creuses, la guerre lamentable, etc. » Ce procédé d’épithètes fixes, que l’auteur de l’Iliade tient certainement par tradition de ses prédécesseurs, n’a absolument rien de parnassien.

412. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

— Puisqu’il mettra une cravate blanche ! […] Âmes blanches M.  […] Il est vrai que l’un des héros d’Âmes blanches est malade, mourant, mais le spectacle de cette tendresse n’en choque pas moins et laisse l’impression d’une chose malsaine. […] La baronne Haussmann était déjà à table, droite, blanche, le visage impassible, comme s’il eût été de marbre, immobilisé par la paralysie. […] Mais les souliers, les souliers de satin blanc qui vont avec cette robe de mousseline, où sont-ils ?

413. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Quant à la longue étude blanc et noir sur le Demi-Monde, c’est une méchanceté. […] Gérôme (la Poésie) et Hamon (le Spiritualisme) habillés de blanc et de rose, terrasser le dragon du Réalisme. […] Au matin bois le vin blanc, le rouge au soir pour le sang. […] Il saigne, il agonise. — Sa pensée est pareille au papier qu’on donne aux écoliers, page blanche d’abord, elle devient lentement noire. […] Proudhon au milieu de ce monde ; il me semble voir un blanc paraître pour la première fois parmi des noirs.

414. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Blancs et roses, ils s’angélisent, parmi les villes à beffroi des Flandres âgées. […] « D’un brancard près de moi surgit un squelette en camisole blanche. […] Mais déjà la fillette, dont on venait de voir les yeux vagues, d’un bleu de ciel brouillé, les refermait ; et elle ne répond même pas, retombée à son anéantissement, toute blanche dans sa robe blanche, une coquetterie suprême de la mère, qui avait voulu cette dépense inutile, dans l’espoir que la Vierge serait plus douce pour une petite malade bien mise et toute blanche. […] Comme ses dents blanches sont bien entretenues au sokiou vert ! […] Petite calotte blanche.

415. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Sandeau, avec ses yeux limpides, son gros nez rouge, sa rude moustache blanche, son air d’innocence, avait je ne sais quel air de capitaine en retraite. […] Après avoir erré quelque temps sous la futaie, il vit dans un buisson une biche blanche fuir à son approche. […] Elle avait le teint blanc, les cheveux d’un roux magnifique, les pommettes saillantes, le nez court, un regard profond et des lèvres enfantines. […] Robe de laine de ce blanc particulier, seyant et gracieux ; un fichu de dentelle autour du cou. […] Le chevalier de Florian montrait patte blanche.

416. (1922) Gustave Flaubert

L’écriture, du noir sur du blanc, fait pour lui, dès le commencement, le but de la vie. […] Mais enfin la différence entre Henry et Jules, la différence spécifique qui fait de Jules et de Flaubert des artistes, c’est que l’éducation sentimentale de Jules n’a pas été achevée, est restée devant lui comme une page blanche : à défaut de la page blanche à vivre la page blanche à écrire ; à défaut du Liban, Croisset. […] Mais, après tout, la pureté de ce dernier blanc ne saurait être faite que de notre ignorance. […] Casquette, dans certain domaine de l’art, parente du panache blanc de Henri IV et de celui de Cyrano, de la petite plume et du point blanc dans Un coup de dés. […] Des cheveux blancs couvrent sa tête prodigieusement grosse ».

417. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Je ne sais de quelle odeur suave est imprégné ce précieux tissu, moins blanc que votre main. […] Noir, il était plus contre nature que s’il eût été blanc. […] Aux processions, il agaçait les pénitents blancs dans leur sac de toile, et lui-même, à travers sa capuce froncée, il faisait aux fidèles d’horribles grimaces. […] Nous mangerons maintenant du pain dur, nous aurons du pain blanc pour notre fils.” […] Bien plus, on a vu passer une bière toute blanche ; cette bière était entourée de jeunes filles en voiles blancs, la tête couronnée de roses blanches ; ces frêles mains portaient des cierges en chantant des cantiques.

418. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Après son Merle blanc il n’y a plus qu’à rendre les armes : « C’est, dit Mme de Boigne, qui s’y connaît, de la meilleure plaisanterie d’Hamilton. » — J’ai encore écrit une derniere fois sur Alfred de Musset au moment de sa mort (voir au tome XIII des Causeries du Lundi, article du 11 mai 1857).

419. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

Ô blanches feuilles !

420. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

[Revue blanche (1er février 1897).]

421. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

[Revue blanche (juin 1894).]

422. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

[Revue blanche (1er mars 1898).]

423. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Elle semble l’illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes et polychromes, en train d’éclore de toutes parts, pleins de lys, d’alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l’Androgyne, du Surêtre asexué, de l’Ange impollu, ce qui lui vaudra l’hommage d’un poète exquis et précieux, l’arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l’un des adeptes de l’esthétique nouvelle, chez qui Huysmans a pris l’idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou : REVIVISCENCE2 Les Héroïnes disparaissent en cohortes Comme si les chassait un étrange aquilon : Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon, Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.

424. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Du côté du midi, des enfilades de salles et d’appartements ouvrent par un perron sur une vallée étroite, reste d’une terrasse, où des pentes gazonnées, des bouquets de cèdres et de sapins et un lac conduisent l’œil jusqu’au-delà de la vallée, et le font remonter sur une large colline où la route blanche et vide serpente entre une forêt de chênes. […] « Lady Stanhope portait un manteau de drap jaune foncé ; une tunique rayée, de couleur violette et blanche, descendait jusqu’à ses pieds ; de longues manches ouvertes laissaient apercevoir la blancheur de ses bras ; des babouches en cuir jaune s’élevaient jusqu’à la moitié de ses jambes ; un cachemire blanc couvrait entièrement sa tête, et un mouchoir peint de mille couleurs, ainsi qu’on les fabrique à Smyrne, entourait son visage : les deux bouts de ce mouchoir tombaient sur ses épaules. […] J’avais refusé de souper, elle me fit apporter des abricots blancs, dont l’espèce est inconnue en Europe, des figues bananes, puis des sorbets.

425. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Plutôt que de le quitter, j’irai au bout du monde avec lui en jupon blanc. » Elle ne s’arrêtera pas qu’elle n’ait tout ruiné ici ; on lui a persuadé de se laisser enlever par Bothwell pour accomplir plus tôt leur mariage ; c’était chose concertée entre eux avant le meurtre de Darnley dont elle est la conseillère et lui l’exécuteur. » C’était le langage d’un ennemi, mais l’événement justifia bientôt après la prophétie de la colère. […] L’officier de justice entra en habit de deuil, le bâton blanc dans la main droite, et s’inclinant devant la reine, il dit à deux reprises : « Me voici. » « Une faible rougeur monta aux joues de la reine, qui, s’avançant avec majesté, répondit : « Allons. » « Elle prit le crucifix d’ivoire qui ne l’avait pas quittée depuis dix-sept ans, et qu’elle avait transporté de donjon en donjon, le suspendant partout à ses oratoires de captive. […] Deux rosaires étaient suspendus à sa ceinture, et un long voile de dentelle blanche, qui adoucissait un peu son costume de veuve et de condamnée, l’enveloppait. […] De l’autre côté de la reine, le shériff Andrews était debout avec sa baguette blanche.

426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Que de fois, la nuit, couché avec mon frère, la bougie enveloppée d’un cornet en gros papier, de peur que la lumière ne nous trahit, j’ai veillé jusqu’au blanc de l’aube pour lire Victor Hugo. « Dormirez-vous à la fin ! […] Théodore Aubanel Amelié de Prouvenço, o dous amelié blanc ! […] Sur une page blanche, son nom : « Victor Hugo ». […] Georges Lafenestre Sur les fermes sommets des grandes Pyrénées, Plus l’amas est profond des glaces enchaînées, Plus pur est le regard qui fixe le soleil ; Ainsi d’un feu plus clair tu rayonnes, ô Gloire, Sur le front du génie, au plus haut de l’histoire, Quand la neige des ans y dort son blanc sommeil !

427. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

L’autre est un type plus de son pays, il a une de ces figures cabossées de masques japonais en carton ou en bois ; sa barbe et ses cheveux sont faits d’un crin noir ; les protubérances du sourcil, au-dessus du front sont très détachées, la prunelle dans le blanc de son œil, un peu extravasé de sang, ne se tient jamais tranquille au centre, comme dans l’œil européen. […] Là, les bras croisés sur la poitrine, le corps un peu renversé dans sa redingote boutonnée, et le blanc d’un foulard au cou, Hugo se remet à parler. […] Il parle, les yeux demi-fermés, avec toutes sortes d’expressions chatte, passant sur sa physionomie qui fait la morte, sur cette chair qui a pris le beau et chaud culottage de la chair d’un syndic de Rembrandt, et quand sa parole s’anime, il y a sur son front un étrange tressautement de la ligne de ses cheveux blancs, qui monte et redescend. […] ……………………………………………………………………………………………………… Tourguéneff. — Moi, pour travailler, il me faut l’hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux, alors… Je travaille cependant encore mieux en automne, vous savez, par ces temps où il n’y a pas de vent, pas de vent du tout, où le sol est élastique, où l’air a comme un goût vineux… Mon chez moi, c’est une petite maison en bois, avec un jardin planté d’acacias jaunes, — nous n’avons pas d’acacias blancs. — À l’automne, la terre est toute couverte de gousses, qui crépitent, quand on marche dessus, et l’air est tout rempli de ces oiseaux qui imitent les autres… oui, des pies grièches.

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