/ 3717
778. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Avant de nous occuper de l’œuvre entière de Léon Gozlan, de ce conteur raffiné auquel nulle critique, à ma connaissance, n’a assigné encore sa vraie place dans la littérature de ce siècle, avant cet examen exclusivement littéraire, pourquoi ne risquerions-nous pas quelques mots sur le genre d’homme qui doublait l’auteur en lui, et qui était pour le moins l’égal de l’auteur ? L’auteur, en effet, on le retrouvera bien toujours, puisqu’on a ses œuvres pour le juger. […] Seulement, si l’œuvre de Léon Gozlan n’a ni le nombre des écrits ni la longueur de chaque ouvrage, — car l’auteur des Nuits du Père-Lachaise, du Dragon Rouge et du Notaire de Chantilly, n’a jamais construit de ces grandes machines romanesques si à la mode aujourd’hui, et dont Les Mystères de Paris, Monte-Cristo et Les Mousquetaires, ont donné le goût au malheureux public, — son œuvre, à lui, cet esprit si aristocratiquement artiste, se recommande d’une autre manière. […] C’est pour cela que tant d’auteurs vieillissent et rencontrent la caducité littéraire bien avant l’autre caducité. […] Mais dans les autres livres de Gozlan faits par l’imagination et les autres facultés de l’auteur, à chaque ligne ne se rencontre pas moins l’esprit, sa faculté première, et quelle que soit la page, — qu’elle soit chauffée par la passion ou noyée dans les larmes de la tristesse !

779. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

C’est sans doute une preuve de sagacité d’avoir reconnu le fond des intentions du poète ; mais n’avoir point remarque que la direction franche et naturelle est détournée dans l’exécution, que le trait primitif du dessin tracé dans la pensée de l’auteur s’est à peu près effacé et pour ainsi dire oblitéré dans l’ouvrage, et n’avoir point pénétré le motif de cette altération, c’est n’avoir pas porté la sagacité assez loin. […] Quand un auteur n’a pas déclaré lui-même son ouvrage allégorique, on n’est pas autorisé à le supposer tel, par quelques rapprochements arbitraires ; et même quand if donne son ouvrage pour allégorique, il a seul le droit d’en donner la clef. […] Dans la clef qu’on a donnée des Caractères de La Bruyère, sur cent noms propres, il s’en trouve quatre-vingts dont l’auteur n’a jamais entendu parler. […] Fausses clefs, ajoute l’auteur, aussi inutiles au lecteur qu’injurieuses aux personnes dont les noms sont déchiffrés, et à l’écrivain. Dirai-je sérieusement, continue-t-il, et protesterai-je avec d’horribles serments, que je ne suis ni auteur, ni complice de ces clefs qui courent, et que je n’en ai donné aucune ?

780. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Des Auteurs sans génie, sans talent, sans étude, & tout à la fois ambitieux, vains, & tranchans ; les Littérateurs plus habiles dans les mysteres de l’intrigue, que dans ceux de la Littérature, qui, à la faveur des suffrages extorqués, prétendoient attirer les hommages qui ne sont dus qu’au Génie ; des importans du second ordre, qui, se croyant en droit de décider de tout suivant leur caprice, s’efforçoient de substituer un faux culte à celui des véritables Divinités du Parnasse. […] D’ailleurs Despréaux oublia-t-il jamais que les défauts d’un Ouvrage n’ont rien de commun avec la personne de l’Auteur ? […] Les Détracteurs de Despréaux n’osent pas, il est vrai, disconvenir de la beauté de cette Poétique ; mais ils tâchent d’affoiblir le mérite de l’Auteur, en disant qu’elle n’est qu’une imitation de celle d’Horace, & le plus souvent une simple traduction. […] A quel genre de sentiment pouvoit se livrer l’Auteur de la Satire à son esprit, de l’Art poétique, du Lutrin ? […] Il pourroit donc marcher à côté d’eux, si trop de monotonie dans la coupe de ses Pieces & dans les contrastes, un dialogue quelquefois diffus, un ton trop froid & trop réservé, ne devoient le céder aux saillies vives & piquantes de l’Auteur du Légataire, & au sel soutenu de celui des Femmes Savantes, du Misanthrope, & des premiers chef-d’œuvres de notre Théatre comique.

781. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

En expliquant, comme il les entend et comme il les a déjà indiqués plusieurs fois, le principe, la loi et le but du drame, l’auteur est loin de se dissimuler l’exiguïté de ses forces et la brièveté de son esprit. […] Ainsi, si l’auteur avait réussi à exécuter cette partie de sa pensée, ce qu’il est loin de supposer, dans le drame qu’on va lire, la première moitié de la noblesse espagnole à cette époque se résumerait en don Salluste, et la seconde moitié en don César. […] Aux yeux de l’auteur, et sans préjudice de ce que les personnages accessoires peuvent apporter à la vérité de l’ensemble, ces quatre têtes ainsi groupées résumeraient les principales saillies qu’offrait au regard du philosophe historien la monarchie espagnole il y a cent quarante ans. […] Si l’auteur de ce livre a particulièrement insisté sur la signification historique de Ruy Blas, c’est que, dans sa pensée, par le sens historique, et, il est vrai, par le sens historique uniquement, Ruy Blas se rattache à Hernani. […] Ces grandes apparitions de dynasties qui illuminent par moments l’histoire sont pour l’auteur un beau et mélancolique spectacle sur lequel ses yeux se fixent souvent.

782. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Enfin, c’étoit l’auteur à la mode, également au gré des hommes & des femmes. […] Il pressa l’auteur de les nier, ou de se rétracter. […] L’auteur de la vie d’Abailard plaisante beaucoup sur ce reproche, que lui faisoit saint Bernard, d’aimer les femmes. […] « Après avoir pris, disoit sa sainteté, conseil de nos frères les évêques & les cardinaux, nous avons condamné les articles que vous nous avez envoyés, & tous les dogmes pervers de Pierre Abailard, avec leur auteur ; & lui avons imposé un éternel silence, comme étant hérétique. […] L’auteur y joue sur le mot de Clairvaux.

783. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

II En effet, depuis Aristote jusqu’à saint Thomas d’Aquin et depuis saint Thomas d’Aquin jusqu’à Kant, que nous prenons pour une date et non pour le grand homme qu’on dit, cherchez par quels noms et quelles œuvres l’auteur du Tableau des progrès de la philosophie politique a comblé le vide d’un si long espace, mais l’a comblé sans le remplir ! […] L’erreur, l’adroite erreur de l’auteur des Progrès de la philosophie politique, est d’avoir confondu avec les philosophes les hommes qui ont développé et appliqué à leur façon les idées et les enseignements de l’Église, mais ces hommes, nous les réclamons ; ils n’appartiennent pas à son système. Qu’il prenne, s’il veut, Fénelon, l’auteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais qu’il ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, n’a pas cessé d’être un évêque, et sa politique n’est point tirée de l’ordre philosophique, mais de l’Écriture Sainte. […] Du reste, dans sa conception politique, l’auteur du Tableau historique des progrès n’a pas dépassé Montesquieu. […] Si une telle pensée, par exemple, s’était emparée de l’esprit de l’auteur du Tableau historique des progrès et qu’il eût examiné à sa lumière les doctrines et les hommes dont il fait la revue dans son livre, ses appréciations auraient à l’instant même revêtu un caractère d’originalité et de profondeur qu’elles n’ont pas.

784. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Fragment détaché d’un travail à l’étude encore, la brochure de Francis Lacombe, qui a le mérite que lord Bolingbroke estimait le plus dans les livres, c’est-à-dire d’être substantielle et courte, a été pensée en dehors des circonstances du moment et il faut savoir gré à l’auteur de les avoir devancées. […] « Les positions judiciaires, administratives et même ; politiques, — dit l’auteur du livre que nous examinons, — devinrent peu à peu l’apanage de la démocratie, uniquement parce qu’elle était organisée par groupes de métiers. […] On voit ici la raison qui a dicté à l’auteur le titre de son livre : Organisation générale du travail. Elle est générale, en effet, le but de l’auteur étant plutôt d’indiquer des principes et une tendance que d’édifier une systématisation complète : « Que tous les chefs d’industrie ou d’ateliers, que tous les ouvriers de chaque profession — dit-il — se réunissent et rédigent ce qu’on appelait autrefois des cahiers, où ils inscriront librement, également et fraternellement, en réunions particulières, les besoins généraux de leur industrie… Ces cahiers des ouvriers, ainsi que ceux des fabricants, devront servir de base à l’organisation du travail que l’Assemblée nationale va être appelée à édifier sur les ruines du monopole et de l’individualisme. […] Profondément catholique, préservé par une étude supérieure de l’abaissement général des esprits, l’auteur de l’Organisation générale du travail ne devait-il pas nettement repousser, au nom même de la transmission du sang humain, au nom de la famille et de la propriété, les théories de ces penseurs qui agitent le monde à cette heure avec leurs chimères, et qui croyaient le féconder ?

785. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

La Critique n’a jamais dit nettement, et assez nettement pour n’y pas revenir, ce qu’elle entend par ce majestueux mot d’épique qui renferme la suprême qualité pour le poème, l’éloge suprême pour son auteur. […] cela dit au préalable et accepté, l’auteur de Mirèio, de ce poëme que je viens d’appeler plus haut une épopée, est-il un poète épique surgissant tout à coup parmi nous, et la Critique la plus généreusement intrépide prendrait-elle sur soi de le revêtir de cette épithète lumineuse ? […] Et cependant, si le caractère distinctif du poète épique est de voir grand, de jeter sur la nature un de ces regards dans lesquels elle se peint plus grande qu’elle n’est réellement, en dehors de ce regard transfigurateur, il faut bien convenir que l’auteur de Mirèio a dans le talent quelque chose du poète épique, et son poème est là pour le prouver. […] Grec, comme André Chénier, par le génie, l’auteur de Mirèio a sur André, tombé de son berceau byzantin dans le paganisme de son siècle, l’avantage immense d’être chrétien, comme ces pasteurs de la Provence dont il nous peint les mœurs et nous illumine les légendes. […] La circonstance du génie qui leur est donné ne leur appartient ni plus ni moins que la circonstance de la vie qui le leur développe, et l’auteur de Mirèio possède, au degré le plus profond et le plus extraordinaire, ces deux sources d’originalité.

786. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Ce n’est point en lisant les auteurs ses devanciers que M. de Latena est arrivé à l’idée de résumer, à son tour, dans un ouvrage de morale les résultats de son expérience ; en composant ce livre, il est resté en dehors de toute excitation littéraire proprement dite : ce n’est pas sans dessein que je le remarque, car il y a eu de temps en temps des modes littéraires, même pour les livres de morale. Après Montaigne et quand on eut vu son succès, il prit sans doute envie à plus d’un gentilhomme campagnard de jeter par écrit ses fantaisies sans beaucoup d’ordre, et de devenir auteur à ses moments perdus sans cesser de courir le lièvre. […] Les premières parties de son livre sont entièrement philosophiques et métaphysiques : l’auteur s’occupe de Dieu, de la Création, de l’immortalité de l’âme, etc. […] Mais le doute ne tarde pas à être éclairci par sa rougeur ou son air de contrariété, par son calme affecté ou sa triste préoccupation. » La Bruyère, sans entrer dans ces nuances un peu prolongées, avait dit vivement : « Une femme qui n’a jamais les yeux que sur une même personne, ou qui les en détourne toujours, fait penser d’elle la même chose. » Mais, dans bien des cas, on éprouve chez M. de Latena la satisfaction de rencontrer des pensées justes, exprimées avec une attention et une description circonstanciée qui montre qu’elles sont bien nées, en effet, dans l’esprit de l’auteur : son seul soin est d’être élégant d’expression en même temps que fidèle.

787. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

L’auteur s’est d’abord attaché à réfuter M. de Montgaillard, et, tout en le réfutant, il a été naturellement amené à exposer ses propres idées sur les diverses époques de la Révolution française. […] Sans nous arrêter à ces conjectures assurément fort impertinentes, et sans prétendre le moins du monde leur donner crédit, nous ne pouvons que partager l’étonnement de l’auteur de la Réfutation et abonder dans son jugement sur l’ouvrage. […] Nous attendrons, pour nous prononcer sur ce point et sur plusieurs autres, que l’auteur ait donné une histoire du Comité de salut public, qu’il prépare en ce moment, et dans laquelle sera résumée toute la Révolution, comme dans la Révolution est résumée toute l’histoire de l’humanité. Si, comme nous l’espérons, l’auteur ne se laisse pas égarer par l’esprit de système, une part équitable et rigoureuse y sera faite aux capacités et aux convictions d’un chacun, et les personnages que MM. 

788. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Il fit à l’abbé la douce violence qu’il attendait, le décida à publier ses Pensées, et nous présenta l’auteur. […] Mais lui, le malheureux, tient absolument à être « auteur » et à l’avoir toujours été : « J’aurais écrit partout, reprend-il fièrement, et mieux à la ville que dans un fond de campagne. […] Pas un journal, pas une revue qui n’en fît l’éloge… Tandis que les Pensées marchaient ainsi de triomphe en triomphe, l’auteur, lui, tendait de tous côtés une oreille inquiète. […] monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !

789. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Ainsi, en cette note, l’auteur élucide l’œuvre : glose de la Nature, parmi le pèlerinage de la Vie. […] Mais dire que — païen et, malgré son bon vouloir, nullement métaphysique — l’auteur des Reposoirs est notre Victor Hugo, c’est dire qu’il est, à notre sens, de cette demi-douzaine d’écrivains nouveaux qui sont les maîtres du Futur et dont les moins contestés sont Henri de Régnier et… et qui ? […] L’auteur de l’Intruse n’avait fait qu’allusion, celui de la Dame à la Faulx , au contraire, insiste sur la présence effective de la Camarde ; il en fait le personnage réel, palpable, principal de son livre. […] Saint-Pol-Roux dans sa préface… Je dirai seulement à ceux qu’étonna déjà la verve estomirante de l’auteur des Reposoirs de la Procession  : lisez la Dame à la Faulx, c’est de beaucoup ce qu’il a fait de plus fort.

790. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

D’ailleurs, ne seroit-il pas facile de prouver, par des exemples, à l’Auteur des Mélanges, que des vers aussi pensés qu’il le désire, ne pourroient être que des vers détestables ? […] Tous les Auteurs qui en ont traité, depuis Aristote jusqu’à Despréaux, en ont cette idée, ut pictura, Poësis erit. […] Quoique ces morceaux aient leur mérite, à l’inexactitude près, l’Auteur ne trouvera pas étrange qu’on leur préfere la traduction de M. l’Abbé de la Bleterie, qui a paru depuis, & sur-tout celle de feu M. […] Cet Ouvrage, composé dans le dessein de justifier les Philosophes du reproche d’incrédulité, n’offre ni plan, ni suite, ni liaison ; mais en revanche on doit rendre justice à la dextérité avec laquelle l’Auteur traite ce sujet épineux.

791. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

L’auteur de ce recueil n’est pas de ceux qui reconnaissent à la critique le droit de questionner le poëte sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. […] L’auteur insiste sur ces idées, si évidentes qu’elles paraissent, parce qu’un certain nombre d’Aristarques n’en est pas encore à les admettre pour telles. […] Certes, ce n’est pas l’auteur de ce livre qui réalisera jamais un ensemble d’œuvres auquel puisse s’appliquer la comparaison qu’il a cru pouvoir hasarder. […] Il résulte de tout cela que l’Orient, soit comme image, soit comme pensée, est devenu, pour les intelligences autant que pour les imaginations, une sorte de préoccupation générale à laquelle l’auteur de ce livre a obéi peut-être à son insu.

792. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Pour rendre cet auteur, il ne falloit rien moins que l’imagination vive & fougueuse, d’un Brébeuf. […] L’auteur est couronné sur le théâtre de Pompée. […] Loin même, au rapport de Suétone, de rechercher l’origine des libèles distribués contre lui, il empêcha qu’on ne punît ceux qu’on soupçonnoit d’en être les auteurs. […] Le titre de bel-esprit & d’auteur s’allie mal d’ordinaire avec les occupations du trône.

793. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Les auteurs de sa naissance, catholiques romains, le laissèrent sans fortune, la leur ayant été presque épuisée par les doubles taxes, & par les autres loix penales que le roi Guillaume imposa à ceux de cette communion. […] On vient de traduire le The Fan, ainsi que les fables du même auteur, poëte estimable & très-bon ami de Pope. […] On prétend que l’auteur y gagna près de deux cent mille écus. […] L’auteur y passe en revue les écrivains & même les libraires de Londres.

794. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Rousseau trouva la pièce très-bonne en général, en releva quelques endroits, & finit par exhorter l’auteur à travailler dans ce goût, à s’élever toujours ainsi sur les pas de Corneille & de Racine. […] La destinée différente des deux Mariamnes, si glorieuse pour un auteur, & si humiliante pour l’autre, mit entr’eux la plus grande division. […] L’auteur d’Œdipe, de Mariamne, & de plusieurs autres ouvrages, reçut mille distinctions flatteuses de tout ce qu’il y avoit de grand dans la ville. […] Quoiqu’il en soit, le conseil ne fut pas suivi par l’auteur de la Henriade.

795. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Telle est néanmoins la puissance des idées religieuses, que l’auteur de la Henriade doit au culte même qu’il a persécuté les morceaux les plus frappants de son poème épique, comme il lui doit les plus belles scènes de ses tragédies. […] Les Hollandais s’établissaient aux Indes, et Philippe recueillait les premiers trésors du Pérou ; Coligny même avait envoyé une colonie dans la Caroline ; le chevalier de Gourgue offrait à l’auteur de la Henriade l’épisode le plus touchant : une Épopée doit renfermer l’univers. […] On peut douter que l’auteur de La Henriade ait eu autant de génie que Racine ; mais il avait peut-être un esprit plus varié et une imagination plus flexible. […] Si Voltaire eût été animé par la religion comme l’auteur d’Athalie ; s’il eût étudié comme lui les Pères et l’antiquité ; s’il n’eût pas voulu embrasser tous les genres et tous les sujets, sa poésie fût devenue plus nerveuse, et sa prose eût acquis une décence et une gravité qui lui manquent trop souvent.

796. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Or, ajoute l’auteur anglois, un pareil caractere déplairoit bientôt, si les poëtes françois le donnoient souvent à leurs amoureux. […] L’auteur anglois qui réprend la parole, prétend que nos poëtes, afin de pouvoir mettre de l’amour par tout, ont pris l’habitude de donner le nom d’amour et de passion à l’inclination generale d’un sexe pour l’autre sexe, determinée en faveur d’une certaine personne par quelques sentimens d’estime et de préference. […] L’auteur anglois prétend que l’ancienne chevalerie et ses infantes ont laissé dans l’esprit de quelques nations le goût qui leur fait aimer à retrouver par tout un amour sans passion et ce qu’elles appellent galanterie, espece de politesse que les grecs et les romains si spirituels et si cultivez n’ont jamais connuë. […] Suivant notre auteur la nation françoise a beaucoup de pente vers l’affectation, et dans les tems où elle cessoit d’être grossiere sans être encore polie, elle a voulu montrer plus de gentillesse qu’elle n’en avoit.

797. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Vous devenez exigeant sur la mise des auteurs. […] Vous avez devant vous Anatole-Isidore Regnard, l’arrière-petit-fils de l’immortel auteur du Légataire et du Joueur, — de l’émule de Molière enfin ! […] Au nom de Regnard ici présent, je réclame les droits d’auteur dans les 487 représentations du Légataire universel, du Joueur et autres pièces qui ont été données sur le théâtre de l’Odéon, depuis soixante ans ! […] C’est moi, ce n’est pas un auteur… (Il pousse la porte et entre.)

798. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

Quand on la lit, il est évident qu’elle n’a pas songé une minute à être un auteur. […] C’est à propos de ces Récits qu’on a récemment rapproché leur auteur de madame Sand, et l’erreur de ce rapprochement pourrait avoir cours si on ne l’arrêtait au passage, parce qu’elle semble être un éloge pour l’une et pour l’autre. […] À ce compte, la naïveté, dans son involontaire simplicité de violette des bois, ne serait plus que l’instantanéité d’une combinaison inconsciente, trop rapide pour qu’on puisse l’observer, même en soi… Seulement, et quoi qu’il en puisse être d’ailleurs, il est bien évident que la femme de ces Récits de la Luçotte — qu’il m’est impossible d’appeler un auteur comme tout ce qui fait métier d’écrire — possède cette force mystérieuse, d’où qu’elle vienne, qui nous fait croire à ce redoublement de mystère : le naturel et la simplicité. Si un poète a dit de l’auteur de ces Contes de fées chers à nos enfances : Perrault, tout plat qu’il est, pétille de génie, la femme de ces Récits de la Luçotte n’a droit qu’à la moitié du vers.

799. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Cependant, que l’auteur prenne garde ! […] Cet avis au lecteur et aux auteurs, le livre de J.  […] En général, l’auteur, comme critique, a un goût extrêmement douteux. […] Le seul tort de l’auteur a été, peut-être, d’y intervenir. […] C’est un procédé de l’auteur, un procédé favori.

800. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

La nouvelle édition corrigée, que l’Auteur en donna quelque temps après, n’eut pas le pouvoir de le réhabiliter. […] On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés. Son Histoire du Commerce & de la Navigation des Anciens, est dans la maniere de l’Auteur, c’est-à-dire qu’on y trouve une érudition sage & éclairée par un jugement exquis.

801. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

MONTAGNE, [Michel de] né dans le Château de Montagne, près de Bordeaux, en 1533, mort en 1592 ; Auteur original, en vogue dès les premiers temps de notre Littérature, plus encore de nos jours, depuis que ses Essais sont devenus une Mine féconde, où nos Philosophes ne cessent de puiser. […] Un Esprit aisé, profond, indépendant ; une imagination féconde, forte, hardie, & presque toujours agréable ; un langage familier, naïf, quelquefois énergique ; une érudition vaste, choisie, & le talent assez rare de s’en parer à propos, auront toujours des charmes propres à établir la réputation d’un Auteur, & le pouvoir de soutenir son Ouvrage contre l’inconstance des temps, malgré les défauts multipliés qu’on y remarque. […] Les emplois qu’un Auteur a exercés, le nombre de ses domestiques, ses bonnes fortunes, ses* vertus, ses défauts, ses goûts, ses dégoûts, ses maladies, sont des objets qui flattent peu la curiosité & ne conduisent à rien.

802. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Cet Auteur a encore le défaut de pousser plusieurs événemens au delà de toute vraisemblance, & même contre toute vraisemblance, moyen infaillible d’affoiblir l’intérêt. […] Tous ces divers caracteres se trouvent éminemment réunis dans celui des Ouvrages de cet Auteur, qui annonce le plus de génie & le moins de sagesse. […] Quoique cet Ouvrage ne soit pas exécuté avec tout le soin, tout le discernement, & toute la précision qu’il exigeoit, une seconde édition, corrigée & réduite par l’Auteur, auroit pu lui procurer l’honneur d’avoir véritablement travaillé à l’utilité du Public, en lui présentant, en corps d’Histoire, ce qui ne se trouvoit auparavant que dans les Relations éparses de divers Ecrivains tant Nationaux qu’Etrangers.

803. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

Aristides Quintilianus nous a laissé un excellent livre sur la musique, écrit en langue grecque, et cet auteur vivoit sous le regne de Domitien ou sous celui de Trajan, comme le conjecture sur de bonnes raisons Monsieur Meibomius qui a fait imprimer avec une traduction latine l’ouvrage dont je parle. Suivant cet Aristides la plûpart des auteurs qui l’avoient précedé, définissoient la musique : un art qui enseigne à se servir de la voix et à faire tous les mouvemens du corps avec grace. Comme l’on n’a point communement de la musique des grecs et des romains, l’idée que je viens d’en donner, et comme on croit qu’elle fut renfermée dans les mêmes bornes que la nôtre, l’on se trouve embarassé quand l’on veut expliquer tout ce que les auteurs anciens ont dit de leur musique et de l’usage qui s’en faisoit de leur temps.

/ 3717