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292. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Rollin n’est pas dénué de finesse et d’esprit quand il parle en son nom ; mais il faut chercher ces rares endroits où son expression s’anime et s’évertue d’elle-même Après avoir cité quelques passages des Éloges de Fontenelle et les avoir loués, il y remarque un défaut : S’il était permis, dit-il, de chercher quelque tache parmi tant de beautés, on pourrait peut-être en soupçonner quelqu’une dans un certain tour de pensées un peu trop uniforme, quoique les pensées soient fort diversifiées, qui termine la plupart des articles par un trait court et vif en forme de sentence, et qui semble avoir ordre de s’emparer de la fin des périodes comme d’un poste qui lui appartient à l’exclusion de tout autre. […] Il n’enfante que des désirs mourants et des projets sans consistance… Ses goûts et ses pensées, par un contraste affligeant, appartiennent à la fois à tous les âges, mais sans rappeler le charme de la jeunesse, ni la gravité de l’âge mûr. […] Ainsi s’exprimait éloquemment, dans l’amertume de son cœur et avec un sentiment de deuil profond, un biographe et un successeur de Rollin, il y a près de cinquante ans, en présence des générations dont René ouvrait la marche, et auxquelles nous avons tous plus ou moins appartenu.

293. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Monsieur Loutherbourg, cela est mieux, mais ne vous appartient pas, vous avez pris cet incident à Vernet. […] Le combat sur terre, le combat sur mer, la tempête, le calme, le midi, le soir, six morceaux qui appartiennent au comte De Creutz, sont tous fort beaux et d’un Bel effet. […] Chacun a sa manière de voir, de penser, de sentir ; je ne priserai la mienne que quand elle se trouvera conforme à la vôtre, et cela bien dit une fois, je continue mon chemin sans me soucier du reste, après avoir murmuré tout bas à l’oreille de l’ami Loutherbourg : votre femme est jolie ; on le lui disait avant qu’elle vous appartînt, qu’on continue à le lui dire depuis qu’elle est à vous, à la bonne heure, si cela vous convient autant qu’à elle ; mais faites en sorte qu’on puisse oublier sans conséquence sur son lit ou le vôtre, son chapeau, son épée ou sa canne à pomme d’or.

294. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Il semble le plus souvent qu’il n’y a que la terminaison des mots de français, et que l’usage qu’il en fait appartient à la langue d’Athènes ou de Rome. […] L’un appartient à la passion qui le domine, et règne sur lui ; l’autre a les bienséances pour maîtres et pour tyrans. […] L’éloquence s’éleva donc surtout dans la chaire, et c’est là qu’elle parvint à sa plus grande hauteur ; car pour être vraiment éloquent, on a besoin d’être l’égal de ceux à qui l’on parle, quelquefois même d’avoir ou de prendre sur eux une espèce d’empire ; et l’orateur sacré parlant au nom de Dieu, peut seul déployer dans les monarchies devant les grands, les peuples et les rois, cette sorte d’autorité et cette franchise altière et libre, que dans les républiques l’égalité des citoyens, et une patrie qui appartenait à tous, donnait aux anciens orateurs.

295. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Les livres nés de cette race ne m’ont jamais plu et ne peuvent me plaire, puisque j’appartiens à l’autre. […] Il aurait pu dire avec une sagesse catholique très haute, infiniment supérieure à toutes les formules, et qui eût été la clairvoyance même de l’amour : Shakespeare nous appartient et Byron nous appartient ; Musset, Lamartine, Hugo lui-même, nous appartiennent aussi et tous ceux qui ont eu une minute de désintéressement adorateur et de vraie tendresse. […] Il m’appartient donc à ce double titre. […] Les Francs-Maçons du dehors appartiennent à la seconde catégorie. […] Ce qui suivit n’est que trop connu et appartient à l’histoire universelle.

296. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

À lui seul appartient le souffle de la vie nouvelle. […] Ce qu’il y a de spécialement religieux est un héritage de ce que nous avons vu plus haut appartenir aux patriarches. […] Il prononce que la terre lui appartient, qu’il en est le suzerain, le seigneur. […] Les plus belles de ses pensées n’appartiennent peut-être pas à cette sphère. […] Il n’appartenait pas aux premiers rangs de la société.

297. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Le nom du Venusberg est propre aussi à la légende allemande, mais il n’y a pas de raison de croire qu’il appartient à une ancienne tradition. […] Il faut noter que ces traits archaïques se trouvent dans des chansons qui appartiennent à une région intermédiaire entre l’Allemagne et l’Italie72. […] Ou, plutôt, au nord et au sud. — Au reste, d’Ibañeta on ne voit pas la France, le Val Carlos, qui appartient au versant nord, ayant toujours été espagnol. […] C’est à ce troisième (oublié dans le passage cité de la Romania) qu’appartiendrait notre rime, si on écrivait, comme je l’ai fait, largece et tece et non pas largueche et teche. […] « A qui appartenait le domaine. » 238.

298. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Jettez un voile sur le reste de votre composition, ne montrez que cette tête, et dites-moi à qui elle appartient ?

299. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

Il appartenait au spiritualisme de notre époque de faire l’histoire de ces influences, qui sont maintenant dans l’ordre des faits intellectuels ce que sont les forces dans l’ordre des faits physiques.

300. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Et j’ai d’autant moins à discuter ces idées, qu’elles n’appartiennent pas à M.  […] Or, depuis le jour où elle t’a appartenu qu’est-il arrivé ? […] Use du droit qui appartient à la-créature : pardonne ! […] Et c’est par là qu’ils appartiennent à la littérature. […] Du jour où on a « paru » on ne s’appartient plus.

301. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Ces droits appartiennent également à tous les hommes, quelle que soit la différence de leurs forces physiques et morales. […] La liberté est le pouvoir qui appartient à chaque homme d’exercer à son gré toutes ses facultés ; elle a la justice pour règle, les droits d’autrui pour bornes, la nature pour principe, et la loi pour sauvegarde. […] Les secours nécessaires à l’indigence sont une dette du riche envers le pauvre ; il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. […] L’histoire, à quelque opinion qu’elle appartienne, en versera d’éternelles sur cet échafaud.

302. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

L’univers est donc dans une condition de rapprochement progressif qui le fera se condenser et s’abîmer dans un globe central prodigieux : L’équilibre entre les forces centrifuges de chaque système étant nécessairement détruit quand il arrive à se rapprocher jusqu’à un certain point du noyau du groupe auquel il appartient, il en doit résulter un jour une précipitation chaotique ou telle en apparence, des lunes sur les planètes, des planètes sur les soleils et des soleils sur les noyaux…. […] Car dans le panthéisme original de Poe, Dieu, suivant un rythme grandiose, tantôt se dissocie et s’immerge dans l’univers, cessant d’exister par cette incarnation dilatée, tantôt se concentre et se récupère en une unité mystique : Il fut une époque dans la nuit du temps, où existait un être éternel, — composé d’un nombre absolument infini d’êtres semblables qui peuplaient l’infini domaine de l’espace infini… De même qu’il est en ta puissance d’étendre ou de concentrer tes plaisirs (la somme absolue de bonheur restant toujours la même), ainsi une faculté analogue a appartenu et appartient à cet être divin, qui ainsi passe son éternité dans une perpétuelle alternation du Moi concentré, à une diffusion presque infinie de Soi-Même. […] Il sent maintenant sa propre vie par une infinité de plaisirs imparfaits, — les plaisirs partiels et entremêlés de peine de ces êtres prodigieusement nombreux que tu nommes ses créatures, mais qui ne sont réellement que d’innombrables individualisations de lui-même… La somme générale de leurs sensations est juste le total du bonheur qui appartient de droit à l’Être divin quand il est concentré en lui-même.

303. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Lanjuinais : « Vous appartenez, et je me permets de dire, nous appartenons à une famille intellectuelle et morale qui disparaît. » Je reconnais le droit de le dire à celui qui parle ainsi, comme je le reconnaissais à M. 

304. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Il est difficile de distinguer dans ces premiers jets de la saison ce qui est en propre au talent et ce qui revient et appartient à l’atmosphère générale où il a été nourri. […] Gustave Le Vavasseur appartient, je le crois, comme son ami Prarond, à la lisière picarde ou normande.

305. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

D’autres ont essayé de peindre tous les maux affaiblissants et le relâchement de la volonté, produits par un abandon tortueux et secret : lui, il s’est attaché à peindre le mal orgueilleux, ambitieux, d’une curiosité insatiable, impie, le mal du Don Juan renouvelé : « Il y a, dit-il, de l’assassinat dans le coin des bornes et dans l’attente de la nuit, au lieu que dans le coureur des orgies bruyantes on croirait presque à un guerrier : c’est quelque chose qui sent le combat, une apparence de lutte superbe : « Tout le monde le fait, et s’en cache ; fais-le, et ne t’en cache pas. » Ainsi parle l’orgueil, et, une fois cette cuirasse endossée, voilà le soleil qui y reluit. » Trois endroits, sans parler de celui auquel cette citation appartient, expriment et ramènent à merveille le sujet, le but du livre, qui disparaît et s’évanouit presque dans une trop grande partie du récit : ce sont, le discours nocturne de Desgenais à son ami, la réponse éloquente d’Octave à quelques mois de là, et, au second volume, certaines pages sur la curiosité furieuse, dépravée, de certains hommes pour ces hideuses vérités qui ressemblent à des noyés livides. […] La manière dont Octave effeuille dans l’âme de Brigitte et dans la sienne cette fleur tout à l’heure si belle, son art cruel d’en offenser chaque tendre racine est à merveille exprimé ; mais si la façon particulière appartient à Octave, cette défaite successive de l’amour, après le triomphe enivrant, n’est-elle pas à peu près l’histoire de tous les cœurs ?

306. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Cependant, comme il est difficile de se voir peint en beau sans en prendre quelque complaisance, j’appréhende avec raison que je n’y en aie pris plus qu’il n’appartient à un mort, et que vous n’ayez en cela donné une nouvelle vie à mon orgueil et à ma vanité, et je vous en dis ma coulpe. » Voilà qui est de l’homme d’esprit resté tel sous le froc, de celui dont Nicole disait qu’il avait un style de qualité. […] Aux seuls chrétiens comme Rancé il appartient de renchérir avec vérité sur cette délicatesse d’expression, et de dire, pour rendre en plein la même chose : S i quid felicius contigerit .

307. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Fénelon accorde ensemble les sentiments doux et purs avec des images qui doivent leur appartenir ; Bossuet, les pensées philosophiques avec les tableaux imposants qui leur conviennent ; Rousseau, les passions du cœur avec les effets de la nature qui les rappellent ; Montesquieu est bien près, surtout dans le Dialogue d’Eucrate et de Sylla, de réunir toutes les qualités du style, l’enchaînement des idées, la profondeur des sentiments et la force des images. […] Dans les états où la loi despotique frappe silencieusement sur les têtes, la considération appartient précisément à ce silence, qui laisse tout supposer au gré de la crainte ou de l’espoir ; mais quand le gouvernement entre avec la nation dans l’examen de ses intérêts, la noblesse et la simplicité des expressions qu’il emploie peuvent seules lui valoir la confiance nationale.

308. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

La philosophie se sépare de la littérature : Ramus206 ne nous appartient pas, parce qu’il écrit presque toujours en latin, mais pas davantage lorsque par hasard il use du français. […] En un mot, ces livres, dont la matière déjà nous échappe à proprement parler, nous appartiennent au même titre que les Mémoires : pour l’homme voué à l’activité intellectuelle, ses curiosités, sa quête de la vérité, ses découvertes et ses inventions d’idées, ce sont ses ambitions, ses campagnes, ses victoires et son butin ; et quand il raconte comme Pasquier ce qu’en soixante ans d’études il a appris, il fait aussi réellement les Mémoires de sa vie que le soldat qui raconte soixante années de guerres, comme Monluc.

309. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il appartient au xviiie  siècle, et il est tout classique, le dernier des grands classiques : ce qui a trompé sur lui, c’est qu’il était poète, en un siècle qui avait ignoré la poésie ; et c’est qu’il avait retrouvé, parmi les pseudo-classiques de son temps, le secret du véritable art classique. […] Il appartient, par sa pensée, au même groupe que Condorcet et Volney : il a le culte et l’ivresse de la raison, et son rêve a été de donner une expression poétique aux conquêtes de la raison.

310. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Paul Adam appartient à l’une et à l’autre des deux catégories que je pose là par un distinguo un peu scolastique. […] Le reste du jour appartient à la culture mentale, que le chimérique industriel ne soigne pas moins.

311. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

La police du temple appartenait aux Juifs ; un capitaine du temple en avait l’intendance, faisait ouvrir et fermer les portes, empêchait qu’on ne traversât l’enceinte avec un bâton à la main, avec des chaussures poudreuses, en portant des paquets ou pour abréger le chemin 607. […] Il appartiendrait, par conséquent, à la pâque de l’an 29.

312. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

» Mais, dans le domaine intellectuel, combien il est difficile de préciser, alors que le génie national se manifeste sous des apparences s. diverses, ce qui appartient à la race, et surtout ce qui lui appartient exclusivement !

313. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

C’est à lui qu’il appartient de connoître si l’objet qu’on nous présente est un objet touchant et capable de nous attacher, comme il appartient à l’oreille de juger si les sons plaisent, et au palais si la saveur est agréable.

314. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Car faire l’inventaire de tous les caractères qui appartiennent à un individu est un problème insoluble. […] Le Japon pourra nous emprunter nos arts, notre industrie, même notre organisation politique ; il ne laissera pas d’appartenir à une autre espèce sociale que la France et l’Allemagne.

315. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Connu déjà par plusieurs ouvrages, l’auteur de celui-ci appartient à cette race d’écrivains qui s’établissent volontiers sur les sujets graves, avec plus de bonne volonté que de bonheur. […] Il est des esprits dont on pourrait dire qu’ils n’existeraient pas s’ils n’appartenaient à un cadre tout fait d’opinion, — comme il est des hommes qui n’auraient sur le champ de bataille aucune valeur personnelle s’ils ne faisaient pas partie d’une force organisée, par exemple d’un régiment.

316. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

, mais tous les deux appartiennent à des opinions qui faussent leur nature et dépravent leur talent ; tous les deux ils étaient mieux faits que pour soutenir et défendre, chacun à sa manière, les doctrines avouées ou secrètes du matérialisme démocratique. […] Il a fait son œuvre, et son œuvre appartient au jugement des hommes.

317. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

Madame de Girardin, un peu pâle et plus émue qu’à elle n’appartient, donnait la réplique.

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