Année 1854 Fin Février 1854 Tout cet hiver, travail enragé pour notre Histoire de la société pendant la Révolution. […] Il est un petit coin réservé aux enfants, encore plus mangé par la végétation, plus disparu dans la verdure et tout plein de petites armoires blanches semées de trois larmes, qui ont l’air de sangsues gorgées d’encre, et où les parents ont enfermé le doux souvenir des pauvres petites années vécues : livres de messe, exemptions, pages d’écriture, un A B C D en tapisserie, brodé par une mère. […] Le jardinier Sebron, un ancien dragon aux formules de phrases les plus polies, vociférées avec une voix de tonnerre, déteste les fleurs et ne cesse de répéter, tous les ans, que la terre n’est point amiteuse cette année.
Le premier coule à découvert ; le second, occulte, fut jusqu’en ces dernières années insoupçonné. […] Pas désagréable, non plus, l’emploi de certains mots désuets ou forgés : Le premier mois de l’année, Que me donnerez-vous, ma mie ? […] Au bout de sa septième année, Son père y vint la visiter.
La Révolution, tournant climatérique de l’humanité, se compose de plusieurs années. Chacune de ces années exprime une période, représente un aspect ou réalise un organe du phénomène. 93, tragique, est une de ces années colossales.
Prouve-t-il qu’avec les années on devient plus raisonnable, ou seulement plus insensible ? […] Cependant, pour acquérir le droit d’être plus sévère à l’avenir, elle a pris le parti, depuis quelques années, de laisser aux poètes le choix des sujets, mais elle voit avec peine que les auteurs semblent se négliger à proportion de la liberté qu’elle leur laisse, et de la rigueur qu’elle a résolu de mettre dans ses jugements. […] Quelques années se passent ; l’amour paternel s’affaiblit, la vanité offensée s’apaise ; ils relisent leur ouvrage de sang-froid, et ils trouvent que leurs juges ont eu raison.
Admis, sous le nom de Nicolas, au collège des Grassins, en qualité de boursier, ses premières années n’y eurent rien de remarquable ; il ne commença à se distinguer qu’en Troisième, et termina sa Rhétorique par les plus brillants succès ; il obtint tous les prix. […] L’année suivante, Chamfort donna au théâtre la charmante comédie du Marchand de Smyrne. […] La philosophie avait tellement renforcé en lui la nature, qu’après avoir, pendant quelques années, joui des douceurs de l’aisance, il sut, déjà sur son déclin, envisager avec courage et sérénité une position presque aussi malheureuse que celle où il avait passé sa jeunesse.
Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés ! Les bêtes errant dans les campagnes, entendant le tocsin, prenaient la fuite et gagnaient d’elles-mêmes leurs retraites… » Ce fut le temps des Retondeurs et des Écorcheurs, plus terribles au pays que l’Anglais même… En l’an 1000, on avait cru généralement à la fin du monde, mais sous les premières années du règne de Charles VII, on aurait pu croire à la fin de la France, infailliblement perdue sans Jeanne d’Arc, et l’on peut ajouter aussi : sans Jacques Cœur. […] Ces accusations, jugées absurdes aujourd’hui, donnèrent lieu à un procès qui dura des années ; car la passion a cela de particulier qu’elle se retire de sa bêtise sur son intensité, et que son ineptie ne l’empêche pas de réussir.
Dans le monde des dernières années qu’il passa à Paris, on le comparait au duc de Richelieu, dont il a laissé un impitoyable portrait, en deux à trois touches. […] Un moment, la vie les avait séparés, mais ils s’étaient rapprochés par la force des premières années, qui décident toujours des dernières dans nos pauvres cœurs, si craie soient-ils ! […] Charles Townsend, à lui seul, a plus de sel volatil que toute cette nation. » Et il ajoutait, plus galamment pour lui que pour nous : « Si j’ai la goutte l’année prochaine et si elle me met tout à fait à bas, j’irai à Paris pour me trouver à leur niveau. » Les hommes lui paraissaient inférieurs même aux femmes.
I L’homme de grand service catholique qui a écrit ce livre est mort il y a quelques années. […] II C’est Walter Scott, je crois, qui s’appela pendant des années, en Angleterre, « le Grand Inconnu ». […] … La société actuelle est descendue dans le mal d’autant de marches qu’elle a descendu d’années depuis le temps où Raymond Brucker écrivait les Docteurs du jour.
Les Conférences qui les composent, et qui contiennent dix années d’enseignement du haut de la chaire sacrée, ont été bien des fois signalées et exaltées dans les journaux ; car, en France, quelle que soit l’opinion religieuse qu’on professe, on résiste peu à l’éloquence. […] L’illusion des heures ou des années, la palpitation d’une âme passionnée qui s’est inventé un langage, tout cela meurt, et même ne met pas longtemps à mourir. […] Semblable à cet autre grand moraliste chrétien, le saint auteur des Confessions, Dieu ne l’a pas appelé à lui tout d’abord, et ces premières années d’une jeunesse dépensée dans les misères voluptueuses du monde, ont tourné au profit de l’âme convertie et lui ont donné une science terrible, la science de ces passions qui nous ravissent à Dieu, quand nous ne nous ravissons pas à elles.
II Comme Saint-Maur, dont il doit être, à bien peu d’années près, le contemporain, Achille du Clésieux porte aussi sur son front la flamme, l’inextinguible flamme de 1830. […] L’autre jour, un critique, d’un sentiment très ému sur ce poème d’Armelle, Pontmartin, se demandait, et, disait-il, avec mélancolie, ce qu’aurait été le succès d’Achille du Clésieux si son poème d’aujourd’hui avait été publié dans les beaux jours du romantisme, dans cette période de seize années, qui va des Premières Méditations à Jocelyn. […] L’auteur d’Armelle n’a rien de commun avec la nouvelle génération qui a surgi depuis quelques années.
L’individualité de l’auteur s’y révélant bien moins que dans la publication d’un ouvrage, jusque-là inédit, les réimpressions sont des espèces de renseignements sur l’esprit public que le libraire suit toujours plus qu’il ne le précède… Mais quand, de plus, elles sont une rénovation de l’œuvre déjà publiée, quand l’auteur y apparaît derrière le libraire, quand, riche du bénéfice des années, l’écrivain change le caractère d’un livre qu’il juge et condamne, du haut des acquisitions de sa pensée, les réimpressions prennent alors une importance que la Critique est obligée de signaler. […] Raymond Brucker est né quelques années avant le siècle. […] Ceux-là, même ses ennemis, qui ont assisté, ne fût-ce qu’un jour, à cet enseignement de sept années, ne peuvent l’oublier.
Et puis, le succès ne semble pas avoir été tout d’abord aussi vif que quelques années auparavant celui du Diable boiteux. […] Or, cette même grossièreté du discours et des manières, on la vit reparaître dans les dernières années du règne de Louis XIV. […] L’expiation se prolongea jusque vers la fin de décembre au moins de la même année. […] Ce livre fameux soulève deux questions tout d’abord, dont la première est de savoir en quelle année il parut. […] C’est dans les vingt dernières années de sa longue existence qu’il devint l’homme de son siècle, l’apôtre de la tolérance et le clairon de l’incrédulité.
En 1709 avait paru le premier journal quotidien, grand comme la main, que l’éditeur ne savait comment remplir, et qui, joint à tous les autres, ne fournissait pas chaque année trois mille exemplaires. […] Robert eut sept livres sterling par an pour son travail : pendant plusieurs années, sa dépense entière n’excéda point cette maigre pitance ; il était décidé à réussir à force d’abstinence et de peine. « Je lus des livres de culture ; je calculai les récoltes, je fus exact aux marchés ; mais la première année la mauvaise qualité de la semence, et la seconde année la moisson tardive, nous firent perdre la moitié de notre récolte1140. » Les malheurs arrivaient par troupes ; la pauvreté ne manque jamais de les engendrer. […] Le grand parti whig sembla disparaître, et dans l’année 1799 la plus forte minorité qu’on put rassembler contre le gouvernement fut de vingt-cinq voix. […] Croyez-m’en, croyez-en un homme qui, ayant joui de ce privilége pendant quelques années, en a été privé pendant un nombre d’années plus grand encore, et qui n’a point l’espérance de jamais le recouvrer. » Et ailleurs : « On peut représenter le cœur d’un chrétien comme dans l’affliction et pourtant dans la joie, percé d’épines et pourtant couronné de roses. […] Quand j’aurai vidé ma tête de toutes les pensées mondaines, et que j’aurai regardé les nuages dix années durant pour m’affiner l’âme, j’aimerai cette poésie.
Quatre ou cinq années, je crois. […] Il conserve l’honneur démarquer une date heureuse dans l’histoire poétique de ces dernières années. […] Gaieté de mes années futures ! […] Ce furent des mois heureux, des années heureuses. […] Ce sont là les amitiés charmantes de la vingtième année.
Invention des arguments, enchaînement des faits, conclusion des témoignages, élévation des pensées, puissance des raisonnements, harmonie des paroles, nouveauté et splendeur des images, conviction de l’esprit, pathétique du cœur, grâce et insinuation des exordes, force et foudre des péroraisons, beauté de la diction, majesté de la personne, dignité du geste, tout porta, en peu d’années, le jeune orateur au sommet de l’art et de la renommée. […] La destinée semblait lui donner tout à la fois, au commencement de sa vie, cette dose de bonheur et de calme qu’elle mesure à chacun dans sa carrière, comme pour lui faire mieux savourer, par la comparaison et par le regret, les années de trouble, d’action, de tumulte, d’angoisse et de mort dans lesquelles il allait bientôt entrer. […] Je crois l’entendre en ce moment t’adresser la parole : Catilina, semble-t-elle te dire, depuis quelques années, il ne s’est pas commis un forfait dont tu ne sois l’auteur, pas un scandale où tu n’aies pris part. […] Vers le même temps, quoiqu’il eût déjà passé la soixantième année de sa vie, il répudia sa première femme Térentia, coupable de l’avoir négligé pendant ses disgrâces, et il épousa une de ses pupilles, très jeune, très belle, très riche, qu’un père mourant lui avait confiée. Éprise du génie et de la renommée de son second père, cette jeune Romaine l’aima et en fut aimée avec une passion qui effaça la distance des années.
Cette année-là, on admirait cela en France. […] Un jeune homme a usé sa vie, son âme et sa fortune en quelques années de débauches. […] Il y a, au salon de peinture de cette année, à Paris, un petit tableau de Gérôme, que j’ai admiré hier et qui me semble représenter parfaitement la disposition d’esprit d’Alfred de Musset à cette époque de sa vie. […] Je vivais peu en France pendant les belles années de 1828 à 1840 que Musset remplissait de ses pages presque toujours détachées et jetées au vent. […] Dans l’une de ces circonstances, je me rappelais trois longs mois d’hiver passés à Paris dans la première fleur de mes années.
L’essai de Crevel témoigne à plusieurs titres d’une inscription passionnée dans le débat d’idées qui divise les milieux littéraires des années vingt, de plus en plus violemment avec l’entrée officielle du Surréalisme sur la scène littéraire et avec, entre autres facteurs déterminants, la Guerre du Rif qui précipite les choix et durcit les clivages idéologiques. […] C’est pourtant parce que la frivolité ne fait plus guère illusion que depuis plusieurs années dans les livres, les feuilletons critiques des journaux, les revues, un peu partout, a été dénoncé un péril. […] Or l’entreprise de salut public que nous apparaît Dada avec le recul de ces quelques années a eu raison et assez vite de toutes les vieilles idoles formelles. […] Même si Défense de l’Occident d’Henri Massis, ne paraît qu’en 1927 chez Plon, les articles dans lesquels il voit la révolution russe comme une pointe avancée des hordes qui camperont bientôt sur les places de Paris nourrissent la polémique dans la presse depuis le début des années vingt. […] L’ouvrage sort en volume la même année.
De bons observateurs ont supputé que le sédiment déposé par le Mississipi à son embouchure ne s’élèverait que de 600 pieds en cent mille années. […] Car, pendant le cours de chaque année successive et dans le monde tout entier, la terre et l’eau ont été constamment peuplées d’innombrables hordes d’êtres vivants. Quel nombre de générations, impossible à saisir pour l’esprit, se sont donc succédé les unes aux autres pendant que les années se déroulaient ainsi lentement ! […] Quoique chaque formation ait assurément requis un nombre considérable d’années pour s’accumuler, il y a cependant quelques fortes raisons pour qu’on n’y trouve pas les traces d’une série graduée de formes transitoires entre les espèces qui vivaient alors ; mais je ne puis en aucune façon prétendre à assigner à chacune de ces raisons leur juste valeur dans le commun résultat. Bien que chaque formation représente une période d’années d’une longueur considérable, pourtant chacune de ces périodes est peut-être courte en comparaison de celle qui est nécessaire à la transformation des formes spécifiques.
Il y a quelques années que, passant à Dijon, je fis visite à l’un de ces hommes savants et modestes comme la province en renfermait beaucoup autrefois et comme il y en a quelques-uns encore : cet homme de mérite, qui s’était de tout temps occupé d’histoire, et qui avait publié lui-même des Annales estimées24, avait les in-folio de Mézeray ouverts sur sa table, et, me voyant y jeter les yeux, il me dit : « En province nous avons encore le temps de lire. […] Encouragé par ce regard et par ce suffrage, il se remit activement à l’œuvre, et le tome Ier de son Histoire de France, avec tout l’ensemble d’images et de portraits qui la recommandent, put paraître en 1643, l’année même de la victoire de Rocroi et dans les premiers mois de la régence. […] Ce n’est pas en des temps de Fronde qu’il eût appris à les concevoir, et c’est pour avoir, en ses jeunes années, en sa saison de verve et d’entreprise, vu réunies entre les mains de Richelieu les pièces merveilleuses de cet assemblage, c’est pour lui avoir vu reconquérir ce Roussillon aliéné depuis un siècle et demi, et lui avoir vu refaire en tous sens une France, qu’il a su mêler lui-même à son Histoire cet esprit français étendu, cette intelligence d’ensemble qui y subsiste à travers les remarques plus ou moins libres et les réflexions conformes à notre vieux génie populaire. […] Je me trompe pourtant d’appeler cela un règne, ce fut une anarchie continuelle : d’autant qu’il vint à la couronne à treize ans ; il fut sous des régents plusieurs années, et puis, étant venu en âge, tomba sous la captivité de ses favoris, et à vingt-six ans en cette longue maladie qui mit presque cette monarchie au tombeau… Si bien que toute sa vie n’a été qu’une folie ou de cerveau ou de jeunesse, et, ni sain ni malade, il n’a jamais eu une once de bon conseil et de forte résolution, mais a toujours été hors de lui-même, ayant été en tout temps possédé par ceux qui l’obsédaient, et ferme seulement en un point, qui était de se changer à l’appétit de tous ceux qui se saisissaient de lui.
D’ailleurs, nous n’avons pas toujours été riches, nous finirons comme nous avons commencé, en vivant de notre travail… » Quelques années après, ayant à parler, lors de la réception de M. […] Le séjour qu’il avait fait autrefois en Bretagne dans les premières années de la Révolution, et le caractère isolé et tout à fait distinct de cette province, le déterminèrent à la choisir pour le sujet premier de son étude. […] Daru pendant les années de la Restauration ; elle aimait à l’avoir pour président les jours de séances délicates et solennelles, soit qu’en recevant M. de Montmorency (1826) on eût à faire la part de l’homme de bien pour couvrir l’absence de l’homme de lettres, soit qu’en fêtant M. […] Il mourut le 5 septembre 1829, emporté brusquement en quelques heures ; il n’avait pas accompli sa soixante et unième année.
Et en effet, lorsque Buffon âgé de quarante-deux ans publia en 1749 les premiers volumes de son Histoire naturelle, malgré les dix années qu’il avait mises à la préparer, il avait beaucoup à apprendre : il n’était nullement botaniste, il n’était point anatomiste ; il avait contre la méthode et contre toute classification scientifique des préventions qu’il exprime tout d’abord d’un air de bon sens, et qui soulevèrent bien des réclamations fondées. […] Venu au monde la même année que Buffon (1707), d’une famille de paysans et de ministres ou vicaires de campagne, il prit goût aux plantes tout en se jouant dans le jardin du presbytère paternel ; son père occupait ses loisirs à cette culture, et l’on raconte que la mère de Linné, pendant sa grossesse, ne cessait de suivre avec intérêt les travaux de son mari. […] Fiancé à la fille d’un médecin au commencement de l’année 1735, après s’être assuré du cœur de la jeune personne, il entreprit le cours de ses voyages dans les pays étrangers : il ne résida pas moins de trois ans en Hollande ; il vint ensuite quelque temps à Paris, où les Jussieu le reçurent : il n’était pas encore question de Buffon. […] quelques lignes écrites par Goethe peu de mois avant que s’éteignît cette lumière de l’Allemagne, et, dans la patrie même de Buffon, quelques pages de mon père, tels étaient encore, il y a quelques années, les seuls hommages dignes de lui que la science eût rendus au naturaliste et au philosophe.
Au sortir des écoles, il se trouva être de la fleur de cette jeunesse d’alors qui allait occuper le jeu pendant une quinzaine d’années jusqu’à la Fronde et au-delà, jusqu’à l’avènement de Louis XIV. […] Après des années, un jour qu’il était accusé d’être volage et peu profond dans ses sentiments, Maucroix en convient d’assez bonne grâce : À propos, écrivait-il à une femme d’esprit qui l’attaquait là-dessus, vous me reprochez que bien souvent ç’ont été les sens qui ont emporté mon cœur ; pour cette fois-là (Il parle d’une liaison nouvelle), vous ne devinez pas trop mal, ma chère ; quand il y a un peu d’amour en campagne, cela arrive assez souvent : car, quoi ! […] Cependant vers leur fin s’envolent ses années, Mais il attend sans peur des fières Destinées Le funeste décret ; Et quand l’heure est venue et que la mort l’appelle, Sans vouloir reculer et sans se plaindre d’elle, Dans la nuit éternelle il entre sans regret. […] Cette fâcheuse fin de son voyage à Rome lui en gâta tout le plaisir s’il en eut, et on ne le voit jamais revenir ensuite sur ses impressions d’Italie ; il semble n’avoir nullement rempli la recommandation de La Fontaine, qui lui écrivait à la fin de sa lettre sur les Fêtes de Vaux : « Adieu, charge ta mémoire de toutes les belles choses que tu verras au lieu où tu es. » Malgré son vœu d’être en repos, Maucroix eut quelques devoirs à remplir pendant certaines années : le chapitre le choisit pour l’un de ses deux sénéchaux, et le chargea de défendre ses intérêts, ses prérogatives.
Dans les années qui précédèrent la Révolution, la réputation de Bailly auprès des gens du monde s’entretint et s’accrut par ses rapports très bien faits et très lus sur le magnétisme animal (1784), sur l’Hôtel-Dieu (1786). […] Il avait depuis peu (novembre 1787) assuré son bonheur domestique en épousant une femme qui avait eu autrefois une grande beauté, qui en gardait quelque chose, veuve, ayant déjà passé les belles années de la jeunesse, mais qui avait été l’amie intime de sa mère : il la voyait telle encore qu’il l’avait vue au premier jour. […] Je considérais que j’avais joui jusqu’alors d’une réputation littéraire qui m’avait coûté des années à acquérir, et que, placé dans un jour et dans un éclat que je n’avais point cherché, j’allais la perdre en un moment. […] On a essayé, dans ces dernières années, d’affaiblir l’horreur des scènes de son supplice et d’en contester quelques circonstances secondaires.
La France ne fut un peu consolée que lorsqu’elle se vit rentrée, par la domination de Richelieu, dans une autre période de grandeur ; mais l’idée de bonté qui faisait partie du souvenir de Henri IV ne perdait pas à la comparaison, et alla même en s’exagérant avec les années. […] Par exemple, il dira (page 92) que les brocards qu’on n’épargnait pas au jeune roi de Navarre au Louvre, dans les premières années de son mariage, lui apprirent la patience « et les longs supports », au lieu de : à supporter longuement, etc. […] On y fait même des dernières années de Henri IV un tableau presque sombre. […] [NdA] Voir aussi, et surtout, le commencement des Mémoires de l’abbé de Marolles, où il est parlé des dernières années du règne de Henri IV : c’est une idylle.
Ubicini, qui s’est fait connaître avec distinction dans les dernières années par des études et des travaux d’un ordre différent, avait de longue main fréquenté Voiture et noué une étroite connaissance avec lui ; il avait préparé les matériaux de l’édition qu’il vient de donner, et il l’a fait précéder d’une notice vive, spirituelle, dans laquelle il juge son auteur avec goût, sans l’exagérer et sans en être ébloui, et d’un ton tout à fait aisé. […] On avait des plaisanteries qui duraient des années, on en avait qui ne servaient qu’un jour. […] C’est ainsi qu’on le voit à Bruxelles, puis dans le midi de la France, et bientôt à Madrid, chargé d’une mission secrète pour son prince pendant les années 1632-1633. […] Il mourut l’année suivante (1648), à cinquante ans ; il disparut à temps avant la Fronde : « Ce fut son dernier trait d’esprit », M.
Richelieu reproche à Rohan d’avoir aidé au mécontentement des Grisons par son mauvais gouvernement et par des concussions, par des profits illicites dont il va jusqu’à nommer les intermédiaires et les porteurs ; et, flétrissant dans les termes les plus durs la capitulation finale en date du 26 mars 1637, qui fut consommée le 5 mai, et par laquelle, cédant aux Grisons révoltés, le duc leur remit la Valteline contrairement aux ordres du roi, Richelieu l’accuse d’avoir été pris d’une terreur panique : Il est certain, dit le cardinal, qu’il avait jusques alors porté à un haut point glorieusement les affaires du roi en la Valteline ; mais sa dernière action, non seulement ruina en un instant tout ce qu’il avait fait de bien les années précédentes, mais apportait plus de déshonneur aux armes de Sa Majesté que tout le passé ne leur avait causé de gloire. […] En cela le duc de Rohan payait encore la peine de son passé : il avait beau s’être conduit dans les dernières années avec tout l’éclat et toute la loyauté possible, il n’avait pas la conscience nette ni la mémoire libre ; il supposait aux autres des desseins que ces soupçons de sa part leur auraient suggérés peut-être, et il ne revoyait de loin la France qu’avec une sombre perspective de procès, de Bastille et d’échafaud. […] [NdA] Le Parfait Capitaine, imprimé en 1637, parut ou à la fin de l’année ou au commencement de l’année suivante, avec une grande préface historique et surtout académique, qu’on sait être de Silhon ; il y est parlé de M. de Rohan comme vivant encore.