Au bout d’un petit nombre d’années, quand la fureur de la cabale et l’esprit de parti auraient fait place à la décision des sages, ces juges aussi ignorants que sévères se trouveraient en contradiction ou avec eux-mêmes ou avec le public ; car, malgré toutes les injures que l’on dit si souvent au public (et qu’il mérite quelquefois), il en est un qui décide avec connaissance et avec équité ; il est vrai que ce public qui juge, c’est-à-dire qui pense, n’est pas composé de tous ceux qui prononcent ni même de tous ceux qui lisent ; ses arrêts ne sont pas tumultueux, souvent il examine encore lorsque la passion ou la prévention croient avoir déjà décidé, et ses oracles mis en dépôt chez un petit nombre d’hommes éclairés, prescrivent enfin à la multitude ce qu’elle doit croire. […] L’homme de qualité qui n’a que ses aïeux pour mérite n’est tout au plus aux yeux de la raison qu’un vieillard en enfance qui aurait fait autrefois de grandes choses ; ou plutôt c’est un homme à qui les autres sont convenus de parler une certaine langue, parce qu’une personne du même nom a eu quelques années auparavant ou du génie, ou du pouvoir, ou des richesses, ou de la célébrité, ou seulement du bonheur et de l’adresse.
Quand il est parisien dans ses œuvres, car il vit à Paris depuis des années et il a été trop magnétisé par cette drôlesse de Paris pour qu’avec son esprit gai et narquois, et si bon enfant dans la narquoiserie, il ne soit pas devenu parisien jusqu’aux ongles, et il l’est ; seulement alors, quand il l’est, il n’est plus que cela (un parisien) dans la littérature française, et nous en avons tant de parisiens !!! […] Mais Dieu, qui a, quand il le veut, tous les moyens de nous atteindre, Dieu, qui donne à sa Grâce divine toutes les formes humaines qu’il lui plaît, donna pour Féval à sa Grâce le visage d’un ami et d’un homme fait par l’esprit pour tout renverser comme la foudre, et qui se contenta de lui planter et de lui enfoncer doucement dans le cœur, pendant des années dont je ne sais pas le nombre, les racines de cette conversion que voilà maintenant fleurie et épanouie sur sa tombe !
De même pour le Cid : c’est grâce à Corneille qu’il fit en peu d’années le tour de l’Europe.
Il me reste à parler d’un sérieux épisode politique qui a sa place dans cette Correspondance, aux années 1778-1779, et qui nous montre Marie-Thérèse aux prises encore une fois avec le grand Frédéric, son antagoniste habituel.
Des années s’écoulèrent : notre amitié subit dans l’intervalle bien des interruptions, des silences, des intermittences, sans que jamais aucun tort réel d’un côté ou de l’autre y vînt porter une sérieuse atteinte.
« Il dit qu’il portait pour nous seuls les fruits les plus pesants du labeur des années ; parcourant sans s’arrêter de long cercle de peines qui ramène dans nos champs, en revenant sur soi, ce que Cérès nous donne et ce qu’elle vend aux animaux ; que cette suite de fatigues avait, de tous tant que nous sommes, pour récompense force coups, peu de gré ; puis que, quand il était vieux, on croyait l’honorer toutes les fois que les hommes achetaient l’indulgence des cieux au prix de son sang. » Il fallait faire ainsi « le peseur de syllabes et le regratteur » de consonnes, et se hasarder jusqu’à la critique de Batteux et de Denys d’Halicarnasse, pour montrer que l’instinct d’un poète, même bonhomme, est aussi savant que la réflexion d’un philosophe.
Le vent qu’elles plus las te chante les Années.
Or leur succès va croissant ; dans les statistiques honorables des théâtres, ils figurent pour des chiffres chaque année plus considérables.
Or leur succès va croissant ; dans les statistiques honorables des théâtres, ils figurent pour des chiffres chaque année plus considérables.
Elle a fleuri en France, pendant ces dernières années, sous le nom de critique impressionniste.
Chaque année pourtant, une fête superbe, — les Lampada-vhories, — réveillait glorieusement sa mémoire, en imitant la fuite du larron sublime, après qu’il eut volé le soleil.
Restée veuve, après quelques années de mariage, madame Aubray s’est consacrée, a l’éducation de son fils Camille, qu’elle a fait à son image et façonné d’après ses idées.
On est en avril 1711, et la famille royale est encore au complet, lorsque tout à coup on apprend que le fils de Louis XIV, Monseigneur, gros homme d’une cinquantaine d’années, et à qui le trône semblait destiné prochainement selon l’ordre naturel, vient de tomber dangereusement malade à Meudon.
Montesquieu fit en conscience pendant dix années son métier de magistrat ; mais, s’y trouvant plus resserré à mesure que ses études s’étendaient davantage, il vendit sa charge en 1726.
Rappelons que Jean Moréas a publié son Manifeste du symbolisme en 1886 dans le Figaro, et que l’idée de suggestion, dans ces années 1880-1890, occupe le devant de la « scène esthétique » (Mallarmé), de la « scène sociologique » (Tarde), comme de la « scène hystérique » (Bernheim).
Tel fut cependant le spectacle que donna la France il y a une trentaine d’années : elle jouait, sur des promesses incertaines et sur l’espérance de chefs-d’œuvre futurs non encore éclos, tout son passé littéraire et cette gloire même que l’Europe entière avait consacrée.
Un exemple excellent à proposer aux élèves de la distribution la plus plate et la plus vicieuse, de la ligne de liaison la plus ridiculement rompue, c’est le tableau de l’agonie de Jésus-Christ au jardin des oliviers, que Parocel a exposé cette année.
La foi de ses premières années s’était éteinte sur les marches mêmes de l’autel, et quand il les eut descendues, la question fut pour lui de les démolir.
J’aime suivre en elles les âges divers, les étapes, la formation d’un personnage, le jeune intellectuel juif, qui joue un grand rôle depuis plusieurs années en France, mais je ne les donne pas comme représentatives de la communauté israélite française14.
C’était au théâtre des Variétés, il y a quelques années.
L’expérience, répétée à des époques différentes de l’année, pour des vitesses différentes de la Terre par rapport à l’éther, a toujours donné le même résultat 3.
Cousin, chargé d’années et de gloire, dernier père de l’Église, successeur admiré de Bossuet.
Ne craignons donc pas de jeter quelques regards en arrière sur les désastreux effets des événements passés : ceux qui ne se souviennent que des impressions qui les ont tourmentés, il y a vingt-cinq ans, nous permettront, je crois, de leur apprendre celles qui nous ont agités depuis ces trois dernières années. […] Était-ce ainsi que s’illustrèrent par eux Charles V, dit le sage, François Ier, le père des lettres, et Louis le Grandc, qui donna son nom à son siècle, dans ses jeunes années. […] S’il eût donné quelques années de la sienne à son ouvrage, combien ne l’eût-il pas su perfectionner ? […] Ne valait-il pas mieux, par respect de la morale et de la décence, qu’il évitât sa digression, et s’en tînt à discerner littérairement la réelle unité de la fable héroï-comique, où le poète chante follement le salut des armes françaises, dépendant de la seule garde du chanceux palladium, qu’il expose à tous les hasards de la guerre, et qu’il en sauve merveilleusement durant une année ? […] Lebrun, autre ami de mes jeunes années, très rigoureux et très éclairé, fut de l’opinion de Delille ; je gardai donc ma fable et je n’en refondis que la versification.
Vers la vingtième année d’Élisabeth, les nobles quittent le bouclier et l’épée à deux mains pour la rapière238 : petit fait presque imperceptible, énorme cependant, car il est pareil au changement qui, il y a soixante ans, nous a fait quitter l’épée de cour pour nous laisser les bras ballants dans notre habit noir. […] S’il arrivait que le maître du logis, dans les sept années qui suivaient son mariage, eût acheté un matelas ou un lit de bourre, et aussi un sac de menue paille pour reposer sa tête, il se croyait aussi bien logé que le seigneur de la ville… Les oreillers, disaient-ils, ne semblaient faits que pour les femmes en couches. […] Il y a plus de ces livres profanes261 imprimés ces derniers mois qu’on n’en a vu depuis plusieurs vingtaines d’années en Angleterre. […] Alors, au milieu d’elle paraît une étoile, aussi belle qu’étoile aux cieux, pareille à Stella dans ses plus fraîches années, quand ses yeux dardaient des rayons de beauté. […] Dès les premières années du dix-septième siècle, l’affaissement des mœurs et des génies devient sensible.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides.
La prestation solennelle du serment eut lieu le 22 février 1560 ; le prince était dans sa quinzième année.