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663. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Fils orphelin de l’ancien ami du prince, du premier gentilhomme de sa chambre, il était comme adopté par lui et sur un pied de familiarité, de camaraderie même, qui, à ce degré et avec la disproportion des âges, ne laisse pas de surprendre. […] C’est presque une profanation, à côté de cette Mlle Leduc, même épousée et devenue comme dans une mascarade marquise de Tourvoie, de nommer la comtesse de Bouflers qui présidait avec tant d’intelligence et de goût au salon de l’Isle-Adam, cette généreuse amie de Hume, de Rousseau et de Gustave III, esprit supérieur malgré de légers travers, et dont quelques pages, aujourd’hui retrouvées, sont dignes de l’histoire41. […] Enfin, lorsque sous le Consulat la bonne société eut sa renaissance et que l’épouse du premier Consul, Joséphine, renouant la chaîne des traditions polies, eut l’idée de rallier les élégants débris de l’ancien monde, à qui donc songea-t-elle d’abord à s’adresser si ce n’est à Mme de Montesson elle-même qui vivait encore, et qui avait su conserver ou reformer après la Révolution son cercle distingué d’amis ? […] Elle ne lui prêta aucun secours pour les relations qu’une femme distinguée est habile à nouer autour d’un personnage isolé par l’étiquette et défendu par son rang : elle ne lui fit pas d’illustres amis. […] Cela fait, il s’empressa de quitter ce point éloigné de l’action sans veiller à l’exécution ultérieure d’une Convention ainsi bâclée, et il se rapprocha des opérations du centre, « courant, comme on dit, deux lièvres à la fois et devant les manquer tous deux. » C’est alors que M. de Soubise, que ses amis de cour avaient porté à la tête d’un corps particulier d’armée, et que le maréchal de Richelieu avait dû renforcer d’un détachement de vingt mille hommes, essuya la fatale déroute de Rosbach.

664. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Brizeux, dès les années qui suivirent la publication de Marie, visita beaucoup ce pays de force et de grâce, comme il l’appelle ; il le visita d’abord en compagnie de son ami M. […] Mon Sonneur les sait mieux que matines et laudes ; Pour lannic le chanteur, ce malin Trégorrois, Il t’a dû bien des crêpes chaudes, Bien du cidre nouveau pour rafraîchir sa voix. » Voilà ce qu’on m’écrit, et j’ai tressailli d’aise : A moi le bruit, à vous le cidre jusqu’au bord ; Sur un seul point, ne vous déplaise, Beau chanteur, mon ami, nous serons peu d’accord. […] De grand cœur, ami, je vous le donne ; Mais gardez, en l’offrant, d’y jeter votre sel ; Assez pour la table bretonne Mêlent au pur froment un levain criminel. […] Le juge peut m’entendre : Ami, le savez-vous ? […] Il a dit lui-même, dans sa pièce à la Mémoire de George Farcy : Un soir, en nous parlant de Naples et de ses grèves, Beaux pays enchantés où se plaisaient tes rêves, Ta bouche eut un instant la douceur de Platon : Tes amis souriaient, lorsque, changeant de ton, Tu devins brusque et sombre, et te mordis la lèvre, Fantasque, impatient, rétif comme la chèvre !

665. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

Sans la réunion de ses Ouvrages à ceux de son Ami intime, l’Abbé Brueys, sa réputation seroit certainement très-foible aujourd’hui. […] L’Abbé Brueys ne se soucioit point de paroître Auteur des Comédies qu’il avoit faites, & refusoit de les retoucher, quand on y exigeoit des changemens ; son Ami alors y mettoit quelquefois des Préfaces ou des Prologues, & l’on a conclu de là mal-à-propos, qu’il avoit part au fond de l’Ouvrage.

666. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Belle » p. 127

Le comte de Creutz, notre ami, se met tous les matins à genoux devant l’ Adonis de Taraval, et Denis Diderot, votre ami, devant une Cléopâtre de Madame Therbouche.

667. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Cette lutte du Calvaire et de la Grèce, que l’heureux Fénelon ne soupçonnait pas, qui, d’abord confuse, égara René jusque dans les savanes, qu’il nous a bientôt rendue si distincte et si vivante sous les traits d’Eudore et de Cymodocée, elle n’a pas cessé avec les ans, il la porte en lui éternelle ; toujours, si austère que soit le sentier, si droite que semble la voie vers Jérusalem, il a des retours soudains vers Argos ; toujours, jusque dans le pèlerin du désert, on retrouve, aux accents les plus émus, l’ami de jeunesse d’Augustin et de Jérôme.  […] Sinon en politique, du moins en dissipations contradictoires, il semblait serrer de près la trace de Retz, son aîné de douze ans, et il fut aussi à sa manière un des roués de cette première régence, ne bougeant, dit Saint-Simon, de l’hôtel de Montbazon, ami de tous les personnages de la Fronde, et faisant volontiers de très-grandes parties de chasse avec M. de Beaufort, le chef des importants. […] Avant le moment de sa conversion, Rancé fut député du second ordre à l’Assemblée générale du Clergé qui se tint dans les années 1655-1657 ; il y eut un rôle assez actif et même d’opposition à la Cour, au moins en ce qui concernait les intérêts du cardinal de Retz, son ami, qu’on voulait déposséder. […] Il se conduisait en ces affaires, même ecclésiastiques, à la manière d’un galant homme du monde qui se fait honneur d’être fidèle à ses amis dans la disgrâce. […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage.

668. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

J’ai toujours gardé à M. de Valincour la même rancune que lui témoigne l’honnête Louis Racine pour n’avoir pas laissé quelques pages de renseignements biographiques et littéraires sur ses illustres amis, les poëtes. […] ma chère amie, que nous entendons l’amour différemment ! […] Employez bien ce qui vous en reste, ma chère amie. […] Lucien Bonaparte (car c’était lui) accueillit en ami des lettres le jeune poëte, écouta ses projets, lui recommanda la correction, lui déconseilla Clovis comme barbare ; il eût préféré César. […] Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui, a-t-il dit de son ami.

669. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

1837 Un ami qui habite le voisinage des montagnes, et à qui je demandais si la vue n’en était pas monotone à la longue, me répondait : « Non, elles ne le sont pas : elles ont, à leur manière, la diversité continuelle de l’Océan, et sans parler des couleurs changeantes, des reflets selon les heures et les saisons, et à n’y voir que les contours et les lignes, elles sont inépuisables à contempler. […] Il fut, avec son ami M. […] Non plus seulement comme littérateur, mais aussi comme figure évangélique et ami de Fénelon, on me permettra encore de le trouver comparable, par son mélange de dialectique et d’onction, par sa vivacité dans la douceur, par sa modestie et sa délicatesse promptes à se dérober, par sa fuite de l’éclat, de l’effet et peut-être aussi de l’occasion, par sa santé même, à un homme si aimé et si goûté de ceux qui l’ont approché, à un écrivain plus distingué que proclamé, à notre abbé Gerbet. […] Voici une pièce inédite adressée par lui à une personne amie : il était alors en Allemagne, où il mourut. […] Voici pour mes amis du canton de Vaud et pour les bibliographes français une liste, que je crois complète, des écrits de M.

670. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Ceux qui détestent les principes de la constitution de France, qui se montrent les ennemis de toute idée libérale, et font un crime d’aimer jusqu’à la pensée d’une république, comme si les scélérats qui ont souillé la France pouvaient déshonorer le culte des Catons, des Brutus et des Sidney : ces hommes intolérants et fanatiques ne persuadent point par leurs véhémentes déclamations les étrangers philosophes ; mais que l’Europe écoute les amis de la liberté, les amis de la République Française, qui se sont hâtés de l’adopter, dès qu’on l’a pu sans crime, dès qu’il n’en coûtait pas du sang pour la désirer. […] Rien n’est plus contraire, il est vrai, aux premiers mouvements de la jeunesse, que l’idée de se rendre indépendant des affections des autres ; on veut d’abord consacrer sa vie à être aimé de ses amis, à captiver la faveur publique. […] On se confie d’autant plus à leur durée que l’on est soi-même plus incapable d’ingratitude ; on se sait des droits à la reconnaissance, on croit à l’amitié ainsi fondée plus qu’à aucun autre lien de la terre, tout est moyen, elle seule est le but ; l’on veut aussi de l’estime publique, mais il semble que vos amis vous en sont les garants, on n’a rien fait que pour eux, ils le savent, ils le diront ; comment la vérité, et la vérité du sentiment ne persuaderait-elle pas ? […] La perte des affections les plus chères n’empêche pas de sentir jusqu’au plus faible tort de l’ami qu’on aimait le moins. […] Leurs adversaires peuvent sans doute éprouver la juste horreur du crime, mais comme ces crimes mêmes servent d’argument à leur système, ils ne leur font pas ressentir, comme aux amis de la liberté, tous les genres de douleur à la fois.

671. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Et on le voit, on l’entend : il se conjouit dans sa barbe, il vous appelle « mon ami », il va vous taper sur le ventre. […] oui, mon ami, je suis comme cela. […] Vous êtes des idiots, mes amis. […] — Mon ami, répondrait sans doute M.  […] Ils ont beaucoup pardonné à l’Ami Fritz en faveur de certains détails.

672. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Le poète Racan était ami de son père et avait fait pour lui une de ses plus belles odes, dans laquelle il l’exhortait à la retraite : Bussy, notre printemps s’en va presque expiré ; Il est temps de jouir du repos assuré           Où l’âge nous convie : Fuyons donc ces grandeurs qu’insensés nous suivons, Et, sans penser plus loin, jouissons de la vie           Tandis que nous l’avons. […] Il avait le génie admirable, et particulièrement pour la guerre : le jour du combat, il était fort doux à ses amis, fier aux ennemis ; il avait une netteté d’esprit, une force de jugement et une facilité sans égale. […] Il avait de la bonté et de la tendresse pour ses amis, et, comme il était persuadé que je l’aimais fort, il m’honorait d’une affection très particulière. […] La correspondance que Bussy entretint pendant son long exil avec un nombre assez considérable d’amis, hommes et femmes, restés pour lui attentionnés et fidèles, a du prix pour l’histoire du temps, et il ne lui manque, pour être tout à fait intéressante, que de trouver un éditeur, un Walckenaer ou un Monmerqué qui en répare le texte, y restitue, s’il est possible, bien des noms propres marqués par de simples et impatientantes étoiles, et qui donne des éclaircissements sur les personnages. […] Le premier soin de Bussy, une fois retiré dans sa Bourgogne, c’est de persuader à ses amis de Paris qu’il ne souffre pas trop de son malheur ; il tâche de croire qu’il ne s’ennuie pas et de le faire croire à tout le monde : Je suis ici très commodément, écrit-il de son château de Bussy (19 janvier 1667) ; j’y fais bonne chère ; j’embellis tous les jours une belle maison.

673. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il a enveloppé son récit dans le tableau de la société des quatre amis. Les quatre amis sont : Ariste, Gélaste, Acante et Polyphile. […] Il joue un personnage de bouffon dans ce poème, et Molière n’a jamais eu, aux yeux de n’importe lequel de ses trois amis, le caractère d’un bouffon. […] Vous savez comment les quatre amis sont entrés dans le poème de Psyché. […] Non seulement dans Silvia, où lavant-propos s’imposait puisque c’est un conte qu’il fait pour une de ses amies, mais dans Simone, qui n’est dédiée à personne et où Musset s’adresse au public, il met, de même, un avant-récit.

674. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Je vais me battre, faire la guerre, la vraie guerre, la guerre sainte, qui a déjà eu depuis dix-sept mois tant de victimes, mes amis, mes camarades, mes compatriotes… Quel que soit le destin qui m’attende, je ne veux pas m’arrêter à interroger l’avenir. […] Si vous saviez comme les bois sont les amis des soldats. […] Mais je pensais : « Que peut-il m’advenir de mal de cette nature qui m’est si amie ?… » Une autre nuit, dans un vallon perdu, j’ai entendu un rossignol chanter si merveilleusement que sa voix nous a fait taire longtemps… La nature me console ; elle est mon amie, je suis dans son intimité ; j’ai épié tous les moments de la nuit et du jour. […] Le commandant observa que ce n’était pas le moment et qu’il ferait mieux de prendre ses dispositions. « Mon commandant, répondît l’autre, cela ne m’empêche pas de prendre mes dispositions et de me battre, et je me sens plus fort. » Alors, j’ai dit : « Mon capitaine, je fais comme vous, et moi aussi je m’en trouve bien. » (Lettres d’André Cornet-Auquier, distribuées à ses amis.)‌

675. (1763) Salon de 1763 « Conclusion » p. 255

Conclusion Voilà, mon ami, tout ce que j’ai vu au Salon. […] Et surtout, souvenez-vous que c’est pour mon ami, et non pour le public que j’écris.

676. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Des amis du prince de Ligne « partaient de Bruxelles après leur déjeuner, arrivaient à l’Opéra de Paris tout juste pour voir lever la toile, et, le spectacle fini, retournaient aussitôt à Bruxelles, courant toute la nuit »  De ce bonheur tant recherché, nous n’avons plus que des copies informes, et nous en sommes réduits à le reconstruire par raisonnement. […] madame, répondit le duc de Nivernais, quand le roi a dit cela, il vous regardait ». — « Mon cher Fontenelle », lui disait une de ses amies en lui mettant la main sur le cœur, « c’est aussi de la cervelle que vous ayez là. » Fontenelle souriait et ne disait pas non : voilà comment, même à un académicien, on faisait avaler ses vérités, une goutte d’acide dans un bonbon, le tout si bien fondu que la saveur piquante ne faisait que relever la saveur sucrée. […] Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner   On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] Les femmes avaient de l’importance, même aux yeux de la vieillesse et du clergé ; elles étaient familiarisées d’une manière étonnante avec la marche des affaires ; elles savaient par cœur le caractère et les habitudes des ministres et des amis du roi. […] Cette mode ne cesse qu’en 1783. — E. et J. de Goncourt, la Femme au dix-huitième siècle, 415. — Les petits Parrains, estampe par Moreau. — Berquin, l’Ami des enfants, passim. — Mme de Genlis, Théâtre d’éducation, passim.

677. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mon ami T.  […] Je me rappelle qu’une fois en Virginie, je voyageai avec un ami qui m’engagea à me détourner un peu de notre route pour visiter le fameux pont, ouvrage de la nature, que l’on remarque dans cet État. […] Mon ami resta stupéfait : « Comment avez-vous pu le savoir ? […] Ses amis de la plantation s’y prirent de manière à lui procurer quelques munitions, et dans les jours sombres et humides il s’aventura d’abord à chasser autour de son camp. […] Immédiatement, je formai le projet d’examiner l’intérieur de cet arbre qui, comme me l’avait dit mon ami le major Groghan, était bien le plus remarquable que j’eusse jamais vu.

678. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Que ces anciens amis me le pardonnent : en bonne amitié, on est obligé d’avoir tous les jours le même cœur que ses amis ; mais on n’est pas tenu d’avoir toutes les nuits le même rêve. […] Pelletan et ses amis le confessent. […] J’avais lu aussi ses mémoires, qui venaient d’être publiés par la comtesse d’Albany, peu de temps après la mort de son ami. […] J’avais à la main la lettre d’introduction qui m’avait été donnée par un gentilhomme notre voisin, ami de mon père. […] Elle m’y parlait de son ami M. de Santilly, de qui elle serait heureuse d’avoir des nouvelles, et elle m’invitait à dîner pour le jour suivant.

679. (1874) Premiers lundis. Tome II « X. Marmier. Esquisses poétiques »

Comme tous les élégiaques du temps, il est placé au point de vue purement individuel : ce sont des souvenirs d’enfance, des regrets du premier amour, des plaintes sans amertume sur une condition obscure et gênée, des vers harmonieux aux châteaux, aux bois, aux amis qu’il aime ; des vœux de loisir et de rêverie, des confidences de ses goûts qui révèlent une nature aimante et mélancolique. […] « Marmier a toujours été un ami sûr » ; et il ajoutait en souriant.

680. (1802) Études sur Molière pp. -355

L’ouvrage fut généralement désapprouvé ; les premiers succès de l’auteur, rendaient ses juges difficiles ; d’ailleurs les comédiens des cinq troupes, qui rivalisaient alors avec la sienne, ne cherchaient pas à lui faire des amis. […] Ses amis prévoyaient, depuis longtemps, qu’il perdrait enfin patience. […] Tout nous prouve que Molière voulait parler du Tartuffe lorsqu’il dit à ses amis enchantés du Misanthrope : « Vous verrez bien autre chose !  […] Mignard laissa à la postérité le portrait de son ami, et Molière, dans son poème du Val-de-Grâce, rendit, comme l’Arioste à Titien, l’immortalité qu’il venait d’en recevoir ». […] Il saisit aussi cette occasion, pour l’exhorter à ne pas imiter Chapelle, même en ce qui le faisait désirer dans le monde, la malheureuse facilité de dire des bons mots, et de leur sacrifier ses meilleurs amis.

681. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

— D’ami ? […] Mille souhaits de bonheur, Pedro. — Merci, ami Alphonso. […] L’auteur de Severo Torelli n’est pas seulement un grand poète, il est l’ami de tout le monde — ce qui est déplaisant pour les vrais amis de son talent. […] … Et sa soif, mes amis, on ne l’a pas encore étanchée. […] belle amie, je t’aime !

682. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Car nous fûmes son ami et le restons de loin. […] Je voudrais pouvoir me bien souvenir de tous les détails qu’il donnait aux amis sur la vie et les habitudes du grand homme. […] Huysmans un paragraphe d’approbation qui vaut des volumes de la part de ce très compétent mais si sévère ami du Beau intelligent. […] J’aurais bien des objections sur le vers libre, par exemple, et sur la libre versification aussi, que préconisent et pratiquent ces amis plus récents de moi. […] Il est certes bon d’être de ses amis.

683. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Tout poëte-amant dit plus ou moins à son amie :   Aimons-nous, ô ma Bien-aimée, Et rions des soucis qui bercent les mortels ! […] Jocelyn, sans être prêtre, était déjà près de l’autel ; il ne pourrait désirer sans honte une Éve inconnue ; il s’est enfui un jour, tout effrayé de lui-même, pour avoir trop complaisamment regardé, à travers les châtaigniers, l’adorable sourire satisfait d’un jeune pâtre et de sa compagne ; mais il voudrait un cœur d’ami, un compagnon du moins de son exil et de cette félicité que ne troublent que par instants les orages et les crimes d’en bas. […] Au premier printemps, Laurence est devenu plus beau, il étonne, il éblouit son ami ; il éclaire la grotte d’alentour ; c’est bien pour le jeune lévite, en effet, comme l’ange des proses d’Alléluia : In albis sedens Angelus. […] Qui ne s’y coucherait, délassé, se berçant Aux propos entre amis, ou seul, au cri sauvage  Du faucon, près de là perdu dans le nuage, — Nuage du matin, et qui bientôt descend ? […] mais les propos entre amis doivent eux-mêmes prendre fin, si doux qu’ils soient.

684. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

C’était aussi la manière dont Joinville et ses amis recevaient ces fusées effrayantes. […] Et notez que, tout à côté de saint Louis et ce jour-là même, l’autre chevalerie, chrétienne encore, mais déjà mondaine et profane, existe, et qu’elle a son expression jusque dans Joinville, dans le fidèle ami du roi. […] Les autres, qui n’avaient pas eu le courage de donner cet avis, n’osèrent toutefois le contredire : « Il n’y avait là personne qui n’eût de ses proches amis en prison ; par quoi nul ne me reprit, dit Joinville, mais se prirent tous à pleurer. » Il se livrait donc en leur cœur une sorte de lutte entre le violent désir qu’ils avaient de rentrer en France, et le sentiment de compassion et de justice qui leur disait qu’il n’était pas bien d’abandonner des frères et des compagnons malheureux. […] Pendant que le roi disait ses grâces, Joinville, tout pensif, s’en alla donc à une fenêtre grillée qui était dans un enfoncement vers le chevet du lit du roi, et là, passant ses bras à travers les barreaux de la fenêtre, il pensait mélancoliquement à ce qu’il ferait s’il lui fallait demeurer en Syrie sans son maître et seigneur ; car il se croyait en conscience obligé d’y rester jusqu’au rachat de ses amis et de tout son monde. […] Le mot de prud’homie comprenait toutes les vertus, la sagesse, la prudence et le courage, l’habileté au sein de la foi, l’honnêteté civile et le comme il faut, tel que l’entendait cette race des vieux chrétiens dont Joinville est pour nous le rejeton le plus fleuri, et l’on définirait bien cet ami de saint Louis, qui resta un vieillard si jeune de cœur et si frais de souvenirs, en disant qu’il fut le plus gracieux et le plus souriant des prud’hommes d’alors.

685. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée. […] Il fut mis deux fois à la Bastille pour des causes légères, et ensuite exilé dans le midi de la France, avec défense de rien publier ; il éluda cet ordre, le plus pénible peut-être pour un homme de son humeur, en mettant quelques-uns de ses écrits d’alors sous le nom de ses amis. […] Frédéric invite Maupertuis à venir à Potsdam, où il lui fait préparer un appartement : « J’espère, lui fait dire La Beaumelle (p. 289), que dans huit jours tout sera fait et distribué de façon que je pourrai recevoir convenablement mon ami dans ma gentilhommière, et mettre mon philosophe à l’abri de toute incommodité. » Il n’y a ni ma gentilhommière ni mon ami, ni mon philosophe dans la vraie lettre, amicale mais non coquette, de Frédéric : « Mais cela fera bien », se dit toujours La Beaumelle. — Maupertuis a une grande douleur, il vient de perdre son père. […] Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis. […] Il y a même à la fin une pensée fort délicate : « Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis.

686. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Raynouard n’était jamais plus content que lorsqu’il faisait manger à ses amis de Paris des prunes de Brignoles. […] mon ami, répondit-il, si je les faisais plus forts, le dernier vers ne paraîtrait pas si beau. » C’était ce système d’économie poétique qui lui avait réussi dans Les Templiers, mais qui ne lui réussit pas deux fois. […] Avec cela, homme bon sous son écorce rude, loyal avec sa finesse, ami sincère des études et de ceux qui les cultivent, éloigné de toute brigue, et sachant se préserver des haines et des colères qui empoisonnent et déshonorent trop souvent l’érudition. […] mon cher ami, répondit-il, il y a pourtant une chose que je n’ai jamais pu faire, c’est de me marier. […] « Tout faire pour conserver, rien pour acquérir », disait-il un jour à un ami dont les yeux s’étaient un peu machinalement fixés sur un vieux tapis qui était dans l’appartement.

687. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa mère, qui tenait à une noble maison d’Espagne et qui avait jeune habité ce pays, fut distinguée de la reine Anne d’Autriche, dans les premiers temps que cette princesse était en France ; sachant l’espagnol comme sa propre langue, elle fut d’abord employée par elle à ses correspondances de famille, et traitée comme une amie. […] À la mort du cardinal et du roi, l’un des premiers soins de la reine fut de rappeler auprès d’elle ses anciens amis disgraciés pour l’amour d’elle, et Mme de Motteville fut du nombre ; elle fut dès lors attachée à la reine moins encore comme femme de chambre (elle en avait le titre) que comme l’une des personnes de sa conversation et de son intimité. […] Tous les anciens amis de la reine sont revenus après une disgrâce plus ou moins longue : chacun d’eux compte sur la même faveur qu’autrefois, et ils ne s’aperçoivent pas d’abord que cette reine, qu’ils avaient laissée opprimée par Richelieu, sans enfants et encore Espagnole de cœur, est devenue mère, toute aux intérêts du jeune roi, et une reine toute française. […] Plusieurs de ces disgraciés de Mazarin étaient des amis de Mme de Motteville ; elle ne les abandonne pas au moment où ils tombent ; elle les visite, les console, et essaye même, dans quelques cas, de les défendre auprès de la reine. […] N’ayant pu suivre dans les premiers jours de 1649 la reine fugitive à Saint-Germain et l’ayant voulu rejoindre ensuite, elle fut arrêtée avec sa sœur à la porte Saint-Honoré par une populace furieuse, et elle dut se réfugier au pied du maître-autel à Saint-Roch, où il fallut que quelques-uns de ses amis, avertis au plus tôt, vinssent la délivrer.

688. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Toujours est-il que, si Limoges fut sévère à Molière, la Normandie lui fut accueillante et amie. […] Bref, Molière et ses amis les amateurs de théâtre s’établirent dans le jeu de Paume de la Croix-Blanche, au faubourg Saint-Germain. […] Il se plaisait à le faire, à dîner, au dessert, entre amis, ou chez les grands seigneurs, ses hôtes. […] Il avait reçu un coup d’épée en séparant deux de ses amis qui se battaient en duel sur la place du Palais-Royal. […] Maintenant à l’œuvre, tous les amis de Molière, pour trouver et déterrer encore du nouveau !

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