Puis, ils sont agacés par la niaise béatitude des deux amoureux, et par leur air de triomphe et de bravade. […] Son second discours, sur les blés, a réussi, lui a donné de l’importance et, par suite, des airs importants. […] Au dehors, le peuple crie, sur l’air des lampions : « Rémoussin ! […] Boubouroche, penaud, se dispose à obéir… Soudain, un courant d’air éteint la lampe. […] Les gens du « hije-lif » quand ils veulent se distraire, nous empruntent nos frusques et s’essayent à nos airs.
Arrivé au poumon, le sucre, mis au contact de l’air et mêlé à toute la masse du sang, peut quelquefois disparaître complètement. […] Or, le sang arrivé dans le cœur gauche est plus éloigné du foie que le sang du cœur droit ; de plus, il s’est mis en contact avec l’air froid introduit par la respiration. […] Enfin, nous poussons l’injection jusqu’à la fin de la seringue, parce que nous avons eu soin de chasser tout l’air de l’instrument. Si l’on n’avait pas pris cette précaution, il faudrait se garder d’injecter les dernières parties du liquide qui pourraient contenir de l’air et causer la mort de l’animal. […] S’il était vrai que le sucre se détruisît en traversant les poumons par suite de son contact avec l’oxygène toutes les fois que l’on trouble la respiration, soit en bouchant les voies aériennes, soit en mêlant à l’air certaines vapeurs comme l’éther ou le chloroforme, soit en appauvrissant l’air d’oxygène, etc., le sucre, n’étant plus alors détruit, passerait dans la grande circulation et devrait apparaître dans les urines.
Car l’Australie possède un de ces climats délicieux qui engagent au repos en plein air. […] Les Dieux sont surtout des dieux de l’air, de l’eau, de la forêt. […] La Réforme gagna beaucoup de terrain en employant les airs populaires de cantiques. […] Et quel air de réalisme dans cette simple mention d’un « bec de gaz ». […] Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Ses contes et ses poèmes ont un air d’églogue héroïque ou d’idylle philosophique. Et comme le contour en est très net, très pur, comme l’atmosphère en est cependant voluptueuse, ces ouvrages ont un air prud’hommien plein de charme. […] D’autres fois ce sont les agréments, la décoration, pourrait-on dire, de l’œuvre qui ont ce même air de déjà-vu. […] Toulet nous offre le divertissement exquis, plus encore que par l’air de famille que nous y retrouvons, nous charment par ces traits qui les en font différer. […] La première fois que je lui prêtais une sérieuse attention, Nane était en l’air, et tombait d’un omnibus.
La gaîté du soleil est troublée par l’immense quantité de grandes douleurs, de sublimités et de rénovations morales qu’ils jettent dans l’air. […] Voyez donc les arbres, les montagnes, le ciel et l’eau, là-bas, tout cela n’a-t-il pas l’air d’une peinture ? […] Sans avoir été formulées, ces idées sont dans l’air ; doit-on être étonné de sa grande indifférence pour notre littérature endormie ? […] Seulement c’est d’un air fin. […] N’y a-t-il pas des airs qui ont soulevé des peuples ?
Il cède ; qui ne céderait pas en voyant l’air de reproche de ces beaux yeux boudeurs ? […] Ils deviennent semblables aux objets lointains, dont la distance adoucit les contours, et qu’elle enveloppe dans un voile lumineux d’air bleuâtre. […] Quel air avait-il ? […] Rien de plus semblable à l’esprit du poëte que ces agiles génies, fils de l’air et de la flamme, « dont le vol met un cercle autour de la terre » en une seconde, qui glissent sur l’écume des vagues et bondissent parmi les atomes des vents. […] … I drink the air before me, and return Or e’er your pulse twice beat.
Maeterlinck, avec son air d’être un Sage, et bien sage, nous confie des pensées inhabituelles et d’une candeur bien irrespectueuse de la tradition psychologique, et d’une audace bien dédaigneuse des habitudes mentales, assumant la bravoure de n’attribuer aux choses que l’importance qu’elles auraient dans un monde définitif. […] La large campagne est toute pleine de poètes, qui s’en vont, non plus par troupes, comme au temps de Ronsard, mais seuls et l’air un peu farouche ; ils se saluent de loin par des gestes brefs. […] La Motte de terre explique cela avec lucidité et avec force, travail d’un écrivain tout à fait maître de ses dons naturels et qui les manie avec aisance et cet air de domination qui dompte facilement les idées. […] Et je songe que ce qu’il faut demander aux traducteurs du rêve c’est, non pas de vouloir fixer pour toujours la fugacité d’une pensée ou d’un air, mais de chanter la chanson de l’heure présente avec tant de force candide qu’elle soit la seule que nous entendions, la seule que nous puissions comprendre. […] le grand air pur.
Pendant les accès, le bras qu’il avait perdu depuis si longtemps lui paraissait sensible à l’impression du moindre courant d’air. […] Les sons vibrants d’une grosse cloche nous semblent trembler bien loin et bien haut dans l’air ; un coup de sifflet de locomotive nous semble percer l’air à cinquante pas, à gauche. — L’emplacement, même lointain, est bien plus net encore pour les sensations visuelles. […] Dans tous ces cas, les choses se passent comme lorsqu’un ébranlement spontané du nerf acoustique nous fait entendre et placer à telle distance et dans telle direction un son que nulle vibration de l’air extérieur n’a produit. […] J’éprouve une sensation de chaleur que je rapporte à la jambe gauche ; là-dessus, je conçois et j’affirme quelque objet chaud, un courant d’air chaud, un poêle, un foyer, comme situé près de ma jambe gauche. — Plus l’emplacement de ma sensation est déterminé et précis, plus je détermine avec précision l’emplacement de l’objet. […] « J’ai vu écrire très correctement en interposant un gros livre entre le visage et le papier ; j’ai vu enfiler une aiguille très fine dans la même position, marcher dans un appartement, les yeux entièrement fermés et bandés ; tout cela sans autre guide réel que la résistance de l’air et la précision parfaite des mouvements guidés par le sens musculaire hyperesthésie. » (Annales médico-psychologiques, 3e série, t.
… Car, ou dans le tronc, ou dans le rameau, l’oiseau vient s’abriter et construire son nid, et la bête féroce choisit sa tanière ; la nature les guide et leur offre les eaux pures, douces, rafraîchissantes, le pré, la colline, la montagne ; respirant l’air salubre et vital, le ciel libre et la lumière qui les enveloppe, les réchauffe, les ravive… « Ah ! […] « Je suis à Mantoue, écrit-il à son ami Licinio, logé auprès de l’illustrissime prince, servi par ses domestiques de tout ce que je puis désirer, fêté par Leurs Altesses sous tous les rapports ; ici je jouis d’une bonne table, d’excellents fruits, d’un pain savoureux, d’un vin doux et sucré, tel que mon père l’aimait tant, d’admirable poisson, d’abondant gibier et surtout d’un air pur ; peut-être cependant, ajoute-t-il, que l’air de Bergame, ma patrie, est encore plus sain… Je veux rester à Mantoue, parce que mon appartement y est magnifique, et que le prince m’y comble de courtoisie ; j’y veux jouir d’abord de tout l’été et même de l’hiver prochain. […] Ô madame ma chère sœur, mon état est incurable ; je vous supplie, par la mémoire et l’âme de notre père et de notre mère qui nous ont nourris, de permettre que je vienne auprès de vous, je ne dis pas pour goûter, mais au moins pour respirer cet air des lieux où je suis né ! […] L’air natal, l’évaporation de ses chimères à la lumière splendide de ce ciel, le sentiment de la sécurité dans ce port de sa vie, l’admiration de la jeunesse chevaleresque de Naples, les soins attentifs des religieux, fiers d’un hôte si illustre, dissipèrent en peu de jours, comme à son premier voyage, la mélancolie du poète. […] « J’ai demandé à être transporté au monastère de Saint-Onufrio, non pas seulement parce que l’air, au jugement des médecins, y est le plus pur de Rome, mais aussi et surtout afin de pouvoir de ce lieu élevé, et grâce aux dévots religieux de ce couvent, y commencer de plus près mon entretien avec le ciel.
Pas une jointure de porte ou de fenêtre, pas une fissure où l’air pourrait passer qu’il n’inspecte soigneusement. […] En sa candide ignorance elle ne savait pas, elle allait mourir sans le savoir, et il est urgent de le lui apprendre, que « l’air qui nous fait vivre est composé de vingt et une parties d’oxygène mêlées de soixante-dix-neuf parties d’azote et que la combustion du charbon, suivant qu’elle est plus ou moins active, donne de l’acide carbonique ou de l’oxyde de carbone ; … elle ignorait également le changement de composition que subit l’air par suite de l’oxygène remplacé dans l’atmosphère par les gaz carboniques » ! […] Quelqu’un l’aborde, d’un air pressé. […] Il sue d’ahan pour trouver un développement plausible aux aventures de la Buveuse en question ; et il reste le bec de plume en l’air, ne parvenant pas à raccrocher les lambeaux du récit interrompu. […] Cet air minable, ce chapeau bosselé à la main, cette redingote étriquée et lustrée, cet orgueil dans les yeux et cette misère dans les habits : il n’y a pas à en douter, c’est un confrère… malheureux, et qui va le servir en l’occurrence.
Dans toutes les couches d’air qui se refroidissent au-delà d’un certain degré, la vapeur incluse se dépose en rosée. […] Si le chien aboie, il rit, il est enchanté, il est doublement tenté de prononcer lui-même le son animal très frappant et tout nouveau dont il n’a encore entendu qu’une contrefaçon humaine. — Jusqu’ici, rien d’original ni de supérieur ; tout cerveau de mammifère est capable d’associations pareilles ; un renard qui saisit un lapin, a certainement imaginé d’avance le cri aigu et sec que pousse le lapin ; un chien de chasse qui entend le rappel d’une perdrix, imagine certainement la forme visuelle de la perdrix dans l’air, et, quant à la reproduction instinctive du son entendu, on connaît les perroquets et plusieurs autres espèces d’animaux imitateurs. […] À mesure qu’on tournait l’abat-jour et qu’une nouvelle figure apparaissait, il criait oua-oua d’un air de triomphe : c’était l’enthousiasme de la découverte ; tous les jours, il fallait recommencer. […] Au fur et à mesure des découvertes, cette idée devient plus abstraite. — D’abord, il n’est pas nécessaire que ces corps donnent à la main qui les soulève la sensation de résistance ; car l’air qui fait monter le mercure du baromètre est pesant. […] Cette pierre que je lance en l’air, ce boulet chassé du canon par l’explosion de la poudre, continueraient leur chemin, l’une vers les étoiles, l’autre selon une tangente à la terre, indéfiniment, en ligne droite, avec la vitesse initiale, si la pesanteur et la résistance de l’air ne venaient infléchir cette droite, diminuer cette vitesse et à la fin arrêter ce mouvement.
Peu importaient les paroles ; le timbre parlait de lui-même : c’était une âme répandue dans l’air qui vous caressait de sons. […] X Telle m’apparut dans ce coup d’œil la femme qui causait en se retirant avec la duchesse de Devonshire ; à peine eus-je le temps de voir, comme on voit des groupes d’étoiles dans un ciel de nuit, un front mat, des cheveux bais, un nez grec, des yeux trempés de la rosée bleuâtre de l’âme, une bouche dont les coins mobiles se retiraient légèrement pour le sourire ou se repliaient gravement pour la sensibilité ; des joues ni fraîches ni pâles, mais émues comme un velours où court le perpétuel frisson d’un air d’automne ; une expression qui appelait à soi non le regard, mais l’âme tout entière ; enfin une bonté qui est l’achèvement de toute beauté réelle, car la beauté qui n’est pas par-dessus tout bonté est un éclat, mais elle n’est pas un attrait. […] XVI Il y avait le salon de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu et centre de son parti politique ; ce parti, c’était l’aristocratie intelligente, ralliée à la Révolution raisonnable, une égalité par le talent ; l’aristocratie de l’honneur, c’était son drapeau ; on y respirait un air doux et tempéré comme le caractère de la maîtresse de maison ; la fine et gracieuse figure de madame de Montcalm, retenue, quoique jeune encore, sur son canapé, y présidait avec un accueil qui n’avait rien de banal ; ses goûts étaient des amitiés vives ; ses opinions devenaient des sentiments ; on voyait défiler devant ce canapé tous les hommes éloquents et sages qui auraient pu réconcilier la Restauration avec la liberté. […] Cette tête attirait et pétrifiait les yeux ; des cheveux soyeux et inspirés sous leur neige, un front plein et rebombé de sa plénitude, des yeux noirs comme deux charbons mal éteints par l’âge, un nez fin et presque féminin par la délicatesse du profil ; une bouche tantôt pincée par une contraction solennelle, tantôt déridée par un sourire de cour plus que de cœur ; des joues ridées comme les joues du Dante par des années qui avaient roulé dans ces ornières autant de passions ambitieuses que de jours ; un faux air de modestie qui ressemblait à la pudeur ou plutôt au fard de la gloire, tel était l’homme principal au fond du salon, entre la cheminée et le tableau ; il recevait et il rendait les saluts de tous les arrivants avec une politesse embarrassée qui sollicitait visiblement l’indulgence. […] Sa maison de la rue du Mont-Blanc et sa villa de Clichy rappelaient presque seules dans Paris l’élégance et l’opulence des palais princiers démeublés par les confiscations ou les émigrations ; on y respirait un air de cour ; c’était la cour de la richesse, seule royauté qui restât à la France ; sa jeune femme était la reine de cette cour : elle restaurait l’empire de la société détruite dans Paris.
Nous restons une heure à regarder, d’une loge, la danse et les masques, une heure où il semble faire une sérieuse étude du costume nouveau et presque général des danseuses : de ce costume de bébé, de cette petite robe-blouse descendant au genou, laissant voir la jambe et les hautes bottines ballantes dans l’air, et dessinant des nimbes au-dessus de la tête des danseurs. […] » On respire ici, dans cette ville nocturne, un air d’Hoffmann. […] Quand vous avez travaillé toute la journée, quand votre pensée s’est échauffée le jour entier, sur le papier, sans le contact et le rafraîchissement de l’air extérieur et des distractions, votre tête que vous sentez, dans la journée, lourde de la crasse d’une cervelle, vous semble à la nuit, pleine d’un gaz, léger, spirituel, capiteux. […] La bouche est grande ouverte, ainsi que celle d’un homme dont la vie s’est exhalée en cherchant à respirer, sans trouver d’air. […] Elles ont été à un lit, la sœur à la tête, la bonne au pied et élevant la chandelle en l’air.
La fontaine, que quelques critiques trouveront sans doute un peu Séraphin, cette fontaine fabuleuse nous plaît ; elle se partage en deux nappes, et se découpe, se fend en franges vacillantes et minces comme l’air. — Dans un sentier tortueux qui conduit l’œil jusqu’au fond du tableau, arrivent, courbés et barbus, d’heureux sexagénaires. — Le fond de droite est occupé par des bosquets où se font des ballets et des réjouissances. […] Decamps, intelligence très-flamande à certains égards, a produit un résultat des plus curieux. — Par exemple, on trouvera à côté de figures qui affectent, heureusement du reste, une allure de grands tableaux, une idée de fenêtre ouverte par où le soleil vient éclairer le parquet de manière à réjouir le Flamand le plus étudieur. — Dans le dessin qui représente l’ébranlement du Temple, dessin composé comme un grand et magnifique tableau, — gestes, attitudes d’histoire — on reconnaît le génie de Decamps tout pur dans cette ombre volante de l’homme qui enjambe plusieurs marches, et qui reste éternellement suspendu en l’air […] — Cet homme réussit toujours ses tableaux quand il ne s’agit que de bien peindre et qu’il a un joli modèle ; — c’est dire qu’il manque de goût et d’esprit. — Par exemple, dans le Martyre de saint Sébastien, que fait cette grosse figure de vieille avec son urne, qui occupe le bas du tableau et lui donne un faux air d’ex-voto de village ? […] Parlerons-nous du petit Cupidon mystique suspendu en l’air, et qui va la percer de son javelot ? […] Richardot a peint une jeune dame vêtue d’une robe noire et verte, — coiffée avec une afféterie de keepsake. — Elle a un certain air de famille avec les saintes de Zurbaran, et se promène gravement derrière un grand mur d’un assez bon effet.
Un jour, des airs languedociens bien choisis arrachent des larmes à l’aïeule et vont réveiller d’attendrissants souvenirs dans sa mémoire affaiblie. Un autre jour, c’est la fête de Claire ; puis les airs royalistes ne font pas défaut, Charmante Gabrielle ! […] On se rappelle, dans les Mémoires de Silvio Pellico, le touchant roman ébauché avec cette Madeleine repentie, dont il n’entend que la voix et les cantiques à travers le mur ; mais le roman reste, pour ainsi dire, dans l’air, à l’état de fil de la Vierge, et flotte en pur rêve. […] Il manque très-peu à cette nouvelle pour être digne de se glisser entre telle agréable production de Mme Riccoboni et telle autre de Mme de Souza : il y manque un certain duvet de jeunesse, même d’ancienne jeunesse, c’est-à-dire tout simplement peut-être d’être sortie à temps du tiroir, d’avoir su éclore en sa saison et d’avoir essuyé un air de soleil. […] La nature n’a pas cette unité, et parce que la vie de la cour et la pratique de ses intrigues auront émoussé les facultés sensibles de tel personnage, il ne faut pas conclure pourtant qu’elles soient entièrement détruites. » — Un jour, après un dîné d’apparat chez ce ministre, la conversation se soutient avec un remarquable intérêt : « Chose assez étrange (dit l’un des personnages du roman), grâce à la liberté d’esprit dont le ministre donnait l’exemple à tous, ses conviés diplomatiques n’avaient point l’air de s’étudier à ne prononcer que des paroles qui n’eussent aucun sens.
L’érudition de Charles Labitte y gagna un air d’agrément et presque de gaieté qui manque trop souvent à d’autres jeunes éruditions très-estimables, mais de bonne heure contraintes et comme attristées. […] C’est un point lumineux dans ce demi-jour des premières années où tout est confondu, plaisirs, espérances, regrets, et où les souvenirs sont brouillés et incertains, parce qu’aucune pensée ne les a gravés dans la mémoire ; amour charmant qui ne sait pas ce qu’il veut, qui se prend aux yeux bleus d’une fille comme le papillon aux roses du jardin par un instinct de nature, par une attraction dont il ne sait point les causes et dont il n’entrevoit pas la portée ; innocent besoin d’aimer, qui plus tard se changera en un désir intéressé de plaire et de se voir aimé ; passion douce et sans violence, rêve en l’air ; première épreuve d’une sensibilité qui se développera plus tard ou qui plutôt s’éteindra dans des passions plus sérieuses ; petite inquiétude de cœur qui tourmente souvent un jeune écolier, un de ces enfants aux joues roses que vous croyez si insouciant, mais qui déjà éprouve des agitations inconnues, qui étouffe, qui languit, qui se sent monter au front des rougeurs auxquelles la conscience n’a point part. » — La grâce facile où se jouera si souvent la plume de Charles Labitte se dessine déjà dans cette page délicate où je n’ai pas changé un mot. […] Lui, dont plus tard les convictions politiques ou philosophiques n’eurent guère d’occasion bien directe de se produire et semblaient plutôt ondoyer parfois d’un air de scepticisme sous le couvert de l’érudition, il croyait vivement à l’amour, surtout à l’amitié, à l’immortalité volontiers, à la liberté toujours, à la patrie, à la grandeur de la France, à toutes ces choses idéales qu’il est trop ordinaire de voir par degrés pâlir autour de soi et dans son cœur, mais qu’il est impossible de sauver, même en débris, après trente ans, lorsqu’on ne les a pas aimées passionnément à vingt. […] Il n’est, après tout, que l’organe des Seize ; ce pamphlet a tout l’air d’une vengeance sournoise décochée par les Seize in extremis contre les faux frères du parti et contre Mayenne. […] Ce suicide final qu’on raconte de Lucrèce ne lui semblait peut-être qu’un retour d’accès d’un mal ancien : « L’air d’autorité, écrivait-il, ne suffit pas à déguiser ses terreurs ; voyez, il s’en revient pâle comme Dante ; l’armure déguise mal l’émotion du guerrier. » Il croyait discerner, sous cet athéisme dogmatique, comme sous la foi de Pascal, le démon de la peur.
. — À la promesse renouvelée, la Foi répond, des plus douces hauteurs, — comme sur les ailes de la blanche colombe, — descendant dans l’air, — toujours plus largement et plus totalement saisissant les cœurs humains, emplissant le monde et l’entière nature, ensuite regardant de nouveau vers l’éther céleste, comme doucement apaisée. […] Il est, le Malade, immobile en son siège, prostré, tandis que flue autour de lui un peuple de fidèles ; il demeure, et son corps en arrière est penché, ses mains à ses côtés pendent, sa tête est renversée, et sa face, face à face au ciel de la coupole, a des yeux fixes dans le haut de l’air ; et ses lèvres, entrécartées par une haleine faible, gardent cette torpidité rigide des affaissements… En les vastes nefs grouille la foule humaine… Volez, bruits des prières, ailes des confessions pieuses ! […] Motif 28 (p. 293). — C’est l’air de la Saint-Jean, que chante David : « Am Jordan Sankt Johannes stand. » Il est proche parent du 27. […] Motif 35 (p. 21, 27, 83, 84, 86, 88, 95, 132, 133, 154, 235). — Cet air représente l’attrait de la jeunesse d’Eva, soit chez Walther, soit chez Sachs, et en même temps la splendeur de la forêt : « Waldes Pracht », ou dans quelques modifications : « das süsse Lenzeslied ». […] Ils empruntent leur air de jeunesse au motif du printemps.
On ne sait rien de la personne à laquelle il s’adressait alors, sinon qu’elle était bien plus jeune que lui ; il l’appelle une enfant : La vivacité de vos sentiments, des manières simples et naturelles, et un air de vérité, m’avaient fait croire que vous ne ressembliez point aux autres femmes, et je me flattais de retrouver en vous cette personne que j’ai tant aimée, et qui, toute morte qu’elle est depuis longtemps, n’a rien à me reprocher que la passion que j’ai eue pour vous ; je vois que je me suis trompé. […] Le siège de Mons (mars 1691) vint interrompre cette légère intrigue à laquelle il prêtait un air de passion ; au retour, Lassay jaloux et supplanté n’eut qu’à rendre les lettres qu’on lui avait écrites, et à reprendre en échange les siennes qu’il nous a données50. […] Et le plaisant, c’est qu’il trouve moyen d’arriver à cette conclusion d’un air de modestie. […] Malgré cette humble et confiante prière, je ne répondrais point que sa religion fût aucunement orthodoxe : il se permettait souvent des réflexions assez libres, qui ont un certain air théophilanthropique, et l’on sent que le souffle du xviiie siècle arrivait.
Toutes les nations qui se sont détachées successivement du point central, du cœur de l’Asie, sont reconnues aujourd’hui pour des frères et sœurs de la même famille, et d’une famille empreinte au front d’un air de noblesse ; mais, dans cette famille nombreuse, il y a eu un front choisi entre tous, une vierge de prédilection sur laquelle la grâce incomparable a été versée, qui avait reçu, dès le berceau, le don du chant, de l’harmonie, de la mesure, de la perfection (Nausicaa, Hélène, Antigone, Électre, Iphigénie, toutes les nobles Vénus) ; et cette charmante enfant de génie, cette muse de la noble maison, si on la suppose retranchée et immolée avant l’âge, n’est-il pas vrai ? […] Jamais a-t-on mieux parlé de cette ville heureuse, ou rien de chagrin, de jaloux, de rigide et d’austère s’affligeait le regard et ne mortifiait la joie du voisin ; où l’on jouissait rien qu’à y vivre, à y respirer, à s’y promener, et où la seule beauté des bâtiments et des constructions, la beauté du jour et certain air de fête secouaient loin de l’esprit la tristesse72 ; où l’on aimait le beau avec simplicité et la philosophie sans mollesse, où la richesse était à propos et sans faste, où le courage n’était pas aveugle (comme celui du Mars fougueux), mais éclairé et sachant ses raisons (comme il sied à la cité de Minerve) ; véritable Athènes selon l’idéal de Périclès, sa création et son œuvre à lui, l’école de la Grèce (Ελλάδος Ελλάς Αθήναι), telle qu’il l’avait faite durant les longues années de sa domination personnelle et puissamment persuasive : car on a dans Périclès le type le plus noble et le plus brillant du chef populaire, d’un dictateur de démocratie par raison éloquente, par talent et persuasion continue. […] On ne naît pas quand on veut, on ne choisit pas son moment pour éclore ; on n’évite pas, surtout dans l’enfance, les courants généraux qui passent dans l’air, et qui soufflent le sec ou l’humide, la fièvre ou la santé ; et il est de tels courants pour les âmes. […] Or, ce sentiment de sécurité et d’une saison fixe et durable, il n’appartient à personne de se le donner ; on le respire avec l’air aux heures de la jeunesse.
La Bruyère la voit fondée sur la naissance, idolâtre de l’argent, dont il annonce le règne ; les femmes coquettes, menteuses, perfides, êtres d’instinct, meilleures ou pires que les hommes, dominant dans les salons, et y imposant l’esprit l’utile et banal, attirant autour d’elles l’essaim des fats et des ridicules ; les financiers, partis de bas, durs, sans scrupules comme sans pitié, méprisables absolument ; la ville, rentiers, marchands, magistrats, commençant à échanger les fortes vertus bourgeoises pour les airs et les vices de la cour ; la cour, abjection et superbe, férocité et politesse, où le mobile unique est l’intérêt ; les grands, extrait de la cour dont ils manifestent le vice dans sa plus pure et naturelle malice, sans âme, sans esprit, tout à l’orgueil et au plaisir, bien pires que le peuple ; le souverain — mais ici La Bruyère ne voit plus. […] Voilà par où vivent les personnages de La Bruyère : on les voit si nettement, ils sont si particuliers dans leur air et leur action, qu’on a peine à croire que l’artiste les ait composés, et non pas copiés. […] Amour-propre, esprit de domination, intolérance, idées réactionnaires en politique, ultramontaines en religion, théories larges et incohérentes, pratique souvent étroite et dure, raison flottante, logique douteuse, fureur d’avoir le dessus plutôt que d’avoir raison : tout cela est dans Fénelon ; et cela n’empêche pas de l’aimer ; tout cela n’empêche pas même de lui trouver un certain air libre et libéral, qui le rapproche de nous. […] Ne pas oublier que ces Dialogues sont postérieurs à ceux de Fontenelle (1683), qui pourtant ont un air plus moderne.
De l’air ! de l’air Le bon goût est une grille. […] » Je sens là-dedans un air d’insincérité. […] Elle décerne Avec emportement son âme à la caserne : Elle garde aux bourgeois son petit air bougon, Toujours la sensitive adora le dragon.
ces mois passés à prendre son élan, pour ne jamais sauter. » Il s’engage pourtant, vaille que vaille, mais, tandis que le flirt se poursuit, il s’aperçoit de l’accord impossible et que tous deux chantent le même air sur un ton différent. […] Il sait que notre existence fut représentée à l’âge carbonifère par quelque chose — quelque chose au sang-froid et à la peau visqueuse — qui se cachait entre l’air et l’eau et fuyait devant les gigantesques amphibies de l’époque. […] Ce n’est pas la foi qui le pousse à étouffer ses désirs et à se mutiler, c’est, au contraire, l’écœurement du plaisir et le besoin de se « purifier dans l’air supérieur » qui le fera tout à l’heure retrouver les vestiges de la foi perdue et s’y cramponner avec l’énergie du désespoir : Je suis le plus méchant des mauvais serviteurs Ô Jésus, qui prêchais la sagesse aux docteurs ! […] Tous les poètes qui voulaient trancher par une intransigeance individualiste, et ne rien tirer que de leur propre fonds, vivent sur une substance commune et présentent un air de famille.
Mais le Génie du lieu le domine, son souffle amer le pénètre, l’air qu’il respire est chargé de larmes. […] Il proclame en quelques mots la victoire, il montre, à l’horizon de l’Asie, la fumée qui dissipe Ilion dans les airs. — « Nous avons tendu des rêts inévitables, et, pour la cause d’une femme, le « monstre argien, ce peuple en armes sorti d’un cheval a détruit la ville. […] Un air d’antiquité se mêle, dans le drame même, à sa majesté. […] Cassandre comprit depuis lors le chant des oiseaux et toutes les voix : éparses dans l’air.
Mais alors à quoi riment les grands airs de la tentation qu’elle lui chantait tout à l’heure ? […] Et puis cet air de passion follement ardente n’est plus dans la voix de deux amants sur le retour, mûris dans l’habitude d’une liaison prolongée. […] Il était évident, du reste, dès le second acte, qu’une somme quelconque désarmerait ce fantoche, et que la griffe qu’il allongeait, avec des airs menaçants, pour ressaisir sa femme, deviendrait docile, comme une simple patte, dès qu’on l’aurait plus ou moins graissée. […] Marie Letellier est une jeune fille élevée à l’américaine, pure et fière, sous des allures hardies et rieuses ; le coeur d’une vierge et l’air d’une princesse errante, habituée aux libertés de la flirtation, et sûre de retirer à temps sa vertu du jeu.
Dans ses divagations, ce dentiste a pour excuse de ne pouvoir porter quelque chose sur la tête et de tenir dans la rue son chapeau à la main, mais les folies qui jaillissent de sa faible cervelle, ne lui sont pas tout à fait personnelles : elles lui sont apportées par le courant des choses, elles lui sont soufflées par le vent des idées dans l’air. […] Et nous les voyons, ces braves, risquer leurs os dans les airs pour attraper quelques bravos, nous les voyons avec je ne sais quoi de férocement curieux en même temps que de sympathiquement apitoyé, — comme si ces gens étaient de notre race, et que tous, bobêches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public… Au fait, quelqu’un a-t-il jamais vu une femme faire le saut périlleux, et la grande supériorité de l’homme serait-elle en cette seule et unique chose ? […] Et comme dans les temps antiques, toujours des individualités en relief, et la guerre ayant encore l’air d’être entre des hommes et non entre des multitudes. […] Au milieu du désordre des houppes, des pots de cold-cream, des cartons à serrer les fausses nattes, dans la lumière fumeuse et sentant la mauvaise huile de deux quinquets de cuivre à globes de lampe, assise sur un tabouret de piano, recouvert de maroquin gris perle, Lia, qui a l’air d’un petit séraphin gothique de maître primitif, et dont le corps grêle est perdu dans les grands plis d’une robe de chambre brune, aux compliments qu’on lui fait sur le talent qu’elle a su déployer, aux reproches qu’on lui adresse d’avoir été trop vite, Lia, la tête soulevée au-dessus de l’affaissement de tout son corps, répète d’un air à la fois hébété et tendre : « Ah !
Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau. […] * * * — J’ai parfois l’idée, si je devenais riche, de me faire peindre, pour l’été, un paysage, un paysage très bien peint — et rafraîchi par un vrai courant d’air. […] La prière dans la religion catholique a toujours l’air de demander pardon d’un crime. […] J’ai besoin, je ne sais pourquoi, de respirer l’air d’un bouibouis.