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836. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Musset se trompe, il n’est pas si coupable… et la suite des vers de Voltaire sur Gresset, qu’on peut transposer. […] Il y a là une figure de l’ironie qui n’est ni celle de Socrate, ni celle de Swift, ni celle de Voltaire, ni celle de Stendhal, mais qu’il faut savoir reconnaître, et où il n’est pas impossible de doser avec justesse des cléments positifs de triste vérité. […] La critique de Fromentin ne dédaigne pas la préparation historique nécessaire à son sujet, mais elle est avant tout une critique de goût selon la formule du dix-huitième siècle, celle de Voltaire et de Laharpe. […] » Excellent principe qui s’appliquerait aussi bien à la volonté chez Corneille, à l’esprit chez Voltaire, au lyrisme chez Victor Hugo, mais qui lui aussi a ses dangers, et dont ce n’est pas toujours le cas de faire « exclusivement état ». […] Sur la Genève de Calvin, de Voltaire, de Rousseau, voici des alluvions de musique intérieure et d’idées germaniques et même indiennes.

837. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Dites-lui que j’ai lu Voltaire. […] About, qui passe pour avoir recommencé Voltaire, n’avait-il donc lu que M.  […] About avec Voltaire, M.  […] Brunetière, parlant de Voltaire et de M. Faguet, nous montre un tout petit Voltaire et un très grand Faguet.

838. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Voltaire et Montesquieu pétillent dans une langue qui s’éteint déjà. […] Nous trouvons aujourd’hui les tragédies de Voltaire dénuées de saveur et de force, semblables à un vin plat. […] Oui, Voltaire était un esprit libre, et il n’était pas libertaire. […] Mais qu’ils s’arment, pendant la lecture, de circonspection, et même de répugnance : qu’ils relisent entre temps les Provinciales, la Relation sur le Quiétisme, ou quelque bonne page de Voltaire. […] J’ai entendu quelquefois traiter Voltaire de méchant homme, et Diderot de cœur généreux.

839. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

que la plaisanterie irréligieuse de Voltaire procède différemment ! […] Nous retrouvons là très visibles et dans leur lustre des qualités et des avantages que Fléchier contribua certainement à développer et qu’il possédait lui-même avec modestie. — C’est dans les conversations de ce M. de Caumartin devenu vieux, et pendant un voyage qu’il fit chez lui au château de Saint-Ange, que Voltaire jeune se prit d’un goût vif pour Henri IV et pour Sully, dont le vieillard ne parlait qu’avec passion ; il en rapporta l’idée et même des parties commencées de sa Henriade.

840. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Les plus jeunes vantaient Byron et Lamartine, Et frémissaient d’amour à leur muse divine ; Les autres, avant eux amis de la maison, Calmaient cette chaleur par leur froide raison, Et savaient, chaque jour, tirer de leur mémoire, Sur Voltaire et Lekain, quelque nouvelle histoire. […] La méditation de M. de Lamartine, intitulée la Retraite, ressemble assez bien à quelque belle épître de Voltaire ; Millevoye plus fort aurait écrit quelques-unes des plus légères pièces de ce premier recueil ; Fontanes aurait pu faire pressentir quelques tons de ces accords.

841. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Quant au Fontenelle, c’est-à-dire à ce tour d’esprit volontiers moqueur d’un certain goût simple, il était aisément partout dans les salons, dès qu’il s’agissait de poésie, et on en découvrirait plus d’une dose jusque dans Voltaire. […] « Plus on fait provision de richesses de l’antiquité, et plus on est dans l’obligation de les transporter dans son pays. » (Voltaire, Lettre à M.

842. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

. — BEAUMARCHAIS, ou la transition de Voltaire à la Révolution. […] III. — MARIE-JOSEPH CHÉNIER, ou l’École de Voltaire en présence de la Révolution et de l’Empereur.

843. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Ainsi, l’attachement exagéré dont notre société française fait preuve depuis plus de dix ans envers un théâtre souvent de second ordre, a régné déjà à l’époque où Voltaire et Diderot, qui étaient parmi les plus grands, se croyaient tenus à sacrifier eux-mêmes à la Muse tragique. […] Voltaire et Goethe, pour ne citer que ces exemples, les conciliaient très bien.

844. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Je vois des physionomies brutales, grossières, sans idéal, et je ne vois pas Gerson, Calvin, Molière, Rousseau, Voltaire, Montesquieu, Condorcet, Lavoisier, Laplace, Chénier. […] On lit avec plaisir ces éloquentes déclamations ; on les accepte comme des thèmes donnés, mais, quoi qu’en dise Voltaire, il ne prend envie à personne en lisant Rousseau de marcher à quatre pieds.

845. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Voltaire n’en doutait pas. […] Mais comme c’est une vérité de l’art littéraire ou poétique observée par Voltaire, que ce qui fait rire au théâtre, ce sont les méprises des personnages, et que c’est une autre vérité recueillie par l’observation, que la méprise la plus risible et la plus ridicule consiste essentiellement dans la prétention manquée, il faut avoir plus d’esprit qu’il ne m’en appartient, pour reconnaître que Molière, ce grand maître de l’art dramatique, cet observateur profond, n’a exprimé ou sous-entendu ces vérités dans la préface des Précieuses que pour masquer un gros et plat mensonge sur ses intentions relativement à l’hôtel de Rambouillet.

846. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

On lui imputait à crime tout, jusqu’à sa bonne grâce envers les jeunes poètes qui lui offraient respectueusement leurs premières couronnes ; il est curieux de voir ce reproche reparaître toujours ; Pezay et Saint-Lambert le répètent au dix-huitième siècle :  Pourquoi, Voltaire, à ces auteurs Qui t’adressent des vers flatteurs, Répondre, en toutes les missives, Par des louanges excessives ? […] Il y a du Voltaire dans Socrate.

847. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Voltaire, Diderot, Rousseau, qu’il exagère énormément en les décrivant, lui passent moins près du cœur que Condillac et Montesquieu, et on le comprend : Condillac est pour lui le matérialisme de la source, — les premières gouttelettes du fleuve immense ; Montesquieu, le ton de la bonne compagnie dans l’impiété, — si opposé aux engueulades athées et compromettantes de Diderot, — la haute discrétion dans l’audace dangereuse, extrêmement chère aux héros intellectuels d’à présent, et que M.  […] Voltaire, Diderot, Rousseau, tout le xviiie  siècle enfin, dans ses personnalités moins éclatantes qu’elles n’ont fait d’éclat, tiennent une large place dans le livre de M. 

848. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

ce titre, connu déjà et même profané par la plaisanterie qui profane tout, me donnait beaucoup à rêver, retrouvé sous la plume d’un homme qui, par malheur, aurait dit Voltaire, n’était pas né plaisant, ce qui, du reste, dans la circonstance de ce livre, n’était pas un malheur pour moi. […] Il n’a été ni Rabelais, ni Voltaire, ni Callot, ni Sedaine, ni Gouffé, ni personne, ni même Flaubert, le chirurgien de race et de procédé, qui avait relevé, avec le cynisme de la science, les jupes de sa fameuse Bovary pour l’opérer devant nous.

849. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Patu, jeune poète, qui, s’il avait vécu, aurait suivi de près Voltaire.

850. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

C’est une question que je me propose de discuter, lorsque après avoir parlé des tragédies de Racine et de Voltaire, j’examinerai, dans la seconde Partie de cet ouvrage, l’influence que doit avoir la révolution sur la littérature française.

851. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Les personnalités qu’il fait ont scandalisé plus d’une bonne âme, comme Dalembert ou Voltaire : car ceux-ci, comme on sait, ont pratiqué largement le pardon des injures, et tendu toujours l’autre joue, selon la maxime de l’Évangile.

852. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française faite à l’Université de Paris le samedi 9 janvier 1904 (Extraits) … Je voudrais aujourd’hui, Messieurs, donnant congé à Voltaire, vous dire pourquoi je ne puis espérer de remplacer Larroumet qu’en le continuant ; je voudrais, non pas par formalité ni pour satisfaire à une tradition de politesse universitaire, mais par un sentiment profond de sa valeur et de son rôle, vous entretenir de ce professeur à qui vous avez donné si longtemps, et jusqu’au bout, toutes vos sympathies.

853. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Deschanel, de plus, et en toute logique, a consacré des études aux moralistes du xviie  siècle, au théâtre de Voltaire, accompagnées d’une Histoire de la conversation (1857).

854. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Quant au mot fameux, je suis Joseph, on sait qu’il faisait pleurer d’admiration Voltaire lui-même.

855. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Je me suis longtemps cité à moi-même le vers de Voltaire ainsi : « Il est deux morts, je le vois bien… » Le texte est : « On meurt deux fois, je le vois bien » ; qui, au moins comme euphonie est très préférable.

856. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Caméléons qui prennent toutes les teintes, ayant dans l’esprit ces mouvements charmants du singe que Joubert discerne si bien dans l’esprit de Voltaire, ils sont, en raison de tout cela, de redoutables diplomates, mais, sans caractère comme tous ceux qui font beaucoup de personnages, ils n’ont à eux ni leur élégance, ni leurs mœurs, ni leur littérature, ni leurs vices.

857. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Même Voltaire, qui a déshonoré Jeanne d’Arc, ne se serait pas moqué de sainte Térèse.

858. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Roselly de Lorgues vient après Voltaire et Hegel.

859. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Elles n’adorent pas Jupiter… Elles viennent après Voltaire et le xviiie  siècle, qui, plus coupables que les moines châtreurs de l’ancienne Égypte, ont opéré l’esprit humain de la faculté d’adorer n’importe qui et n’importe quoi.

860. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Voltaire ricanait là-bas, auprès de sa goutte d’eau ; mais le monde roulait son train éternel sous le souffle de la croyance, et de la croyance dévoyée, de la croyance insensée, superstitieuse et bête, parce qu’elle était individuelle, parce qu’elle était sortie du vrai dogme et de l’Unité !

861. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Et c’est pour cela qu’importuné et dégoûté d’une critique d’histoire n’entendant rien à la pure et surnaturelle grandeur d’une fille de Louis XV, qui faisait, au temps de Voltaire, identiquement ce que faisaient les filles de Clovis au temps de saint Rémi, nous sommes remonté, pour nous purifier dans la vérité et l’intelligence, jusqu’à ce livre, méprisé des faiseurs et lumineusement compétent sur le sujet qu’il traite, et que nous l’avons respectueusement descendu à cette place, comme un reliquaire pris sur un autel !

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