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1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

La vie du grand Condé, & celle du Maréchal de Choiseul, publiées pour faire suite aux Vies des Hommes illustres de France, sont écrites de maniere à faire regretter qu’il n’ait pas continué de suivre cette carriere, dans laquelle il est véritablement supérieur.

1495. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

Le Parfait Négociant, ou instruction générale sur le commerce de France & des pays étrangers, est un livre usuel, qui est fort répandu, malgré quelques méprises.

1496. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Ce poème, objet d’une sorte de superstition peu raisonnée en Italie et en France, choquait le goût délicat et le type antique de la poésie homérique ou virgilienne de Pétrarque. […] On m’a beaucoup insulté en Italie et en France, l’année dernière, pour avoir osé dire que la Divine Comédie du Dante ressemblait plus à une apocalypse qu’à un poème épique. […] Qu’on ne m’accuse pas de vouloir porter atteinte à sa réputation ; je connais peut-être mieux les beautés de ses ouvrages que tant de gens qui se déclarent ses fanatiques sans les avoir lus. » (N’est-ce pas l’enthousiasme d’aujourd’hui en France, où tout le monde exalte et où si peu de personnes ont lu et compris ce livre ?) […] Le nom de Laure de Noves se répand d’Avignon et de Vaucluse en France et en Italie, comme si un écho invisible l’avait laissé tomber du firmament et enseigné aux hommes. […] Ce poète quitte la France, où sa Laure n’est plus, et il erre jusqu’à sa vieillesse en Italie, de solitude en solitude, à peine mêlé aux événements politiques ou religieux de son temps, désintéressé de tout, indifférent à tout, excepté au souvenir de la beauté qu’il a trouvée ici-bas et qu’il revoit dans les perspectives de l’immortalité comme le plus beau et le plus doux des rayonnements de la Divinité.

1497. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Ce ne sont que rencontres impossibles, confusions de noms, générosités tombées du ciel, pardons où l’on attendait des vengeances, cachettes dans les murailles, derrière les tapisseries, aparté pour unique moyen des effets de scène ; un mélange grossier de traditions grecques et latines, espagnoles et italiennes ; et pour la part de la France, de gros sel gaulois, la seule chose qui ait quelque saveur dans ce ragoût. […] Aucune de ces pièces ne vaut les bons ouvrages de Lope ; mais, comparé à ce qui se faisait alors en France, c’était le meilleur dans le médiocre. […] Sa cinquième pièce, l’École des maris, donnait à la France la comédie. […] Enfin, ces valets de fantaisie, venus, d’imitation en imitation, de la Grèce en France, par l’Italie ancienne et moderne, sous ce costume bizarre auquel l’imagination de chaque auteur avait cousu quelque lambeau, ils vivent ; car ils sont possibles. […] Génie inépuisable, il a fait la part de tout le monde avec une libéralité sans exemple, écrivant pour la cour et la ville, pour les gens capables de tirer profit des plaisirs du théâtre comme pour ceux qui ne veulent que s’y divertir : composant les bouffonneries pour la foule, les chefs-d’œuvre pour les lettrés sévères et pour les hommes de génie, ses égaux ; défrayant de ses pièces le présent et l’avenir, la France et le monde ; le plus grand nom de notre théâtre par la fécondité et par cette plénitude de génie propre à lui seul, qui fut sans commencement et sans déclin, et qui anima de la même vie les premiers croquis où il s’essayait dans son art, et les immortels tableaux où il en atteignit la perfection.

1498. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il faut que le drame musical soit fondé en France ! […] Parmi les jeunes musiciens de France, il y a certainement des artistes considérables par le talent et par le savoir ; plusieurs sont considérés à l’étranger comme des maîtres ; mais ne sentez-vous pas dans leurs plus belles œuvres instrumentales l’infiltration de plus en plus pénétrante de l’inspiration germanique ? […] Le Prix de Rome, — Comment, monsieur, la musique en France ne doit pas être autre chose que : J’ai un grand voyage a faire… ou bien : Eho ! […] Le drame musical en France serait une œuvre où l’inspiration française, profondément française, se développerait selon des lois empruntées au système wagnérien ? […] Oui, j’en suis persuadé, une gloire aussi grande que légitime, une gloire d’une espèce nouvelle, est réservée en France au musicien de génie, — car, du génie, il en faut toujours un peu, — qui, le premier, s’étant profondément imprégné de la double atmosphère musicale et poétique éparse dans nos légendes et dans nos chansons, et, le premier aussi, ayant accepté de la théorie wagnérienne tout ce qu’elle a de compatible avec l’esprit de notre race, réussira enfin, seul ou aidé par un poète, à délivrer notre opéra des entraves anciennes, ridicules ou démodées.

1499. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

On publie dans le moment en Allemagne une nouvelle édition des œuvres de Sébastien Bach : sur quinze cents souscriptions, il y en a dix en France. » Le soir, en dînant, on cause des donations au clergé, de la main à la main, et qui échappent à la loi. […] Tout le monde nous tombe dessus, et Sainte-Beuve finit par déclarer que la France ne sera libre, que lorsque Voltaire aura sa statue sur la place Louis XV. […] Canning l’a très bien dit : “La liberté civile c’est la liberté civique…” C’est la vie politique qu’il faudrait donner à la France… Mais voilà qu’on se retire, qu’on capitule dans la vie privée !  […] Penser que si la France entière était aussi éclairée que Paris, nous serions un peuple ingouvernable ! […] Le tabac, ce stupéfiant, la bière, cette boisson d’engourdissement, finiraient-ils par endormir, dans les veines de la France, le sang du bourgogne ?

1500. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

A rigoureusement parler, le roman n’existait pas en France du temps de Diderot. […] On le connaissait en Angleterre, mais en France il n’a commencé guères avant le xixe  siècle. […] En France, le théâtre est mort, en dépit de quelques éclatantes rabâcheries que l’on prend pour des innovations, — aussi mort pour l’heure que le théâtre même de Diderot. […] En dehors de la France, Gœthe, qui se reconnaissait en Diderot, — et c’était une fatuité, car il n’en avait pas la flamme, — Gœthe l’avait présenté à l’Allemagne comme un Français digne d’être Allemand, et, de fait, il l’était. […] En France, pendant la Révolution, Diderot fut oublié, en conséquence de cette loi : l’action fait oublier la pensée.

1501. (1899) Arabesques pp. 1-223

Il est vrai que, depuis longtemps, le ridicule ne tue plus en France, sans quoi nombre de gens seraient morts qui se portent à merveille. — Mais M.  […] Pour les noircir, il falsifie l’histoire avec effronterie : d’après lui, la réforme en France serait le fait d’Allemands, et c’est pourquoi la nation l’aurait rejetée. […] Ils souhaitent un Clovis, une brute à sabre qui, confessée, communiée, ointe du Saint-Chrême, mettrait sous sa botte et sous la mule du Pape la France décrépite. […] Même si l’on interdisait l’entrée de la France aux écrits provenant de l’étranger, — et tel n’est point, sans doute, l’avis de M.  […] la mission de la France, rata ta !

1502. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

Parce que je n’ai pas le million à moi tout seul, parce qu’il n’y a pas en ce temps-ci en France une idée qui pèse contre un écu.

1503. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Français de France, vous avez le rire clair de la race. « Violoncelles, fifres, mandolines », tels sont les titres des trois parties de votre ouvrage ; et j’ai fort bien entendu, en effet, votre viola di gamba gémir sa mélancolie et votre guitare bourdonner sous nos chansons d’amour.

1504. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Qu’on pardonne à l’Homme l’incertitude de ses vues, la témérité de ses opinions, l’Ecrivain paroîtra toujours supérieur ; & la France, en condamnant ses erreurs, est en droit de s’enorgueillir de ses talens.

1505. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Omer & Dijon, ont faite des moyens qu’il propose, a mis le sceau à la démonstration de ses principes, & prouvé que non seulement la France, mais l’Europe entiere, peut se préserver de ce fléau, avec les précautions indiquées.

1506. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La France à ce moment semble passer de la jeunesse à la virilité. […] Il a beaucoup vécu à Rome, il est vrai, et il y est mort ; mais il a aussi travaillé en France, et presque toujours pour la France. […] J’en parle ainsi d’après les gravures : car Les Sept Sacrements ne sont plus en France. […] Il a consacré son talent à la France, il y a vécu, il y est mort, et, ce qui est décisif, sa manière est toute française. […] Ces deux frères avaient couvert Paris et la France des plus précieux monuments.

1507. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Charles à son tour a rapporté tout cela en France, et il l’inculque tant qu’il peut à ses élèves. […] Ainsi, en France, avons-nous vu, à des degrés différents, Nicole pour Arnauld, l’abbé de Langeron ou le chevalier de Ramsai pour Fénelon ; ainsi eût été Deleyre pour Rousseau, si celui-ci avait permis qu’on l’approchât. […] Eckermann donne la réplique au maître, ne le contredit jamais, et l’excite seulement à causer dans le sens où il a envie de donner ce jour-là : avec lui, Gœthe cause de lui-même, de la littérature contemporaine en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en France, en Chine, partout ; et après des années d’un commerce intime, il lui rendra ce témoignage qui fait aujourd’hui sa gloire : « Le fidèle Eckart est pour moi d’un grand secours.

1508. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Entendons-nous bien encore : je crois qu’en France on sera toujours sensible au bien dire, à un tour vif, sémillant, spirituel, à une manière fine et piquante de présenter les choses ; on sait et l’on saura assurément toujours la distinguer. […] Manuel ne connaissait pas moins la France, sans y être pourtant jamais venu. […] Il y a soixante ans qu’en France on a commencé d’entrer dans cette voie par le livre de Mme de Staël sur la Littérature ; on a fait un pas de plus sous la Restauration, depuis 1824 surtout et la création du Globe, qui n’a pas été sans influence sur les belles leçons de M. 

1509. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Ainsi, dès le camp de Boulogne, Jomini demandait à être assimilé aux officiers suisses qui avaient été conservés au service de la France. […] Je lui prédis que ce rêve pourrait lui coûter son armée, et qu’en cas d’un succès inespéré il forcerait la France à d’éternelles guerres pour soutenir cet édifice sans base. […] « Je recommande de nouveau à Son Excellence cet officier qui pourra rendre de grands services dans l’état-major des armées de Sa Majesté, et qui a mérité la continuation de son activité par ceux qu’il a déjà rendus à la France à l’époque critique de l’an vii.

1510. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur. […] Se peut-il même jamais qu’un long ouvrage de cette sorte, conçu et réalisé loin de la France, y arrive à point, et y paraisse juste dans le rayon ? […] Revenu en France dès 1824, on l’aperçoit à quelques années de là en Portugal, y promenant son humeur vagabonde, non plus en gentilhomme de la chambre, mais avec le louable dessein d’y servir la cause de Dona Maria, par reconnaissance pour don Pedro, son bienfaiteur.

1511. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

J’ai vu en tête d’une édition des Lettres portugaises un portrait de M. de Chamilly, devenu maréchal de France, qui représentait bien ce grand et gros homme dont parle Saint-Simon : M. de Chamilly était certes, à cette époque, aussi peu romanesque d’apparence, aussi peu ressemblant au jeune lui-même d’autrefois que dut le paraître le général de Frégeville à M.  […] Oui, mon amie, le Ciel a voulu que ces idées, que cette morale plus pure se répandissent en France, où ces idées sont moins connues… » En écrivant ainsi, elle avait déjà oublié ses propres ressorts humains, et elle rendait grâce de tout à Dieu. […] Portai était membre de l’Académie des sciences et professeur au Collège de France dès 1770.

1512. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Il n’en est pas de même chez nous, puisque le jour où la France a détruit son vieil établissement a été le jour où a commencé son épopée. Pour moi, j’imagine que, dans cinq cents ans, l’histoire de France commencera au Jeu de Paume et que ce qui précède sera traité en arrière-plan, comme une intéressante préface, à peu près comme ces notions sur la Gaule antique, dont on fait aujourd’hui précéder nos Histoires de France.

1513. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux a groupé autour de lui à peu près tout le wagnérisme militant de Paris qu’ont encore rapproché son amitié et son alliance avec le faiseur d’opérettes brabançon chargé par brevet de ridiculiser en France les poèmes wagnériens. […] La Vie Parisienne du 7 mai : grande gravure, « les wagnériennes de France et celles d’Allemagne. » Le Grelot du 8 : gravure de tête, dyptique, « l’oubli des injures : Paris vaincu est outragé par Wagner — Paris acclame le Lohengrin de Wagner. » Le Triboulet du 8 et du 15 : croquis. […] Je viens donc me mettre à votre disposition pour vous donner les preuves irréfutables que c’est avec mes seuls deniers que j’ai conduit l’entreprise qui vient d’avoir une issue si néfaste pour moi, et que personne, soit d’Allemagne, soit de France ou d’ailleurs, même parmi mes coreligionnaires artistiques ou mes amis les plus proches, n’a eu un intérêt pécuniaire quelconque ni apporté d’argent dans mon entreprise.

1514. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il se rendit à Lyon, en novembre 1754, pour y conférer avec son ami le maréchal de Richelieu ; le froid accueil qu’il y reçut de l’archevêque, le cardinal de Tencin, oncle pourtant de son ami d’Argentai, lui fit sentir à quel point il était compromis en cour de France, C’est alors qu’il prit le parti de se rendre incontinent en Suisse avec sa nièce. […] Ferney (octobre 1758) ; et, dans le même temps, il s’adresse au président de Brosses pour lui proposer d’acheter de lui, sous une forme ou sous une autre, sa terre de Tourney, qui est à l’extrême frontière de la Franche-Comté, et qui lui donnait un pied en France. […] Il ajoute pourtant : Je persiste toujours dans le dessein d’avoir des possessions en France, en Suisse, à Genève, et même en Savoie.

1515. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

L’historien Augustin Thierry (1795-1856), Normalien, secrétaire de Saint-Simon, grand lecteur de Chateaubriand et de Walter Scott, défenseur de la Révolution de 1830, s’est penché sur l’histoire de l’Angleterre féodale (Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825), avant se consacrer à la France mérovingienne dans un ouvrage qui, par son style mêlant érudition et imagination, eut un large succès en dehors du cercle des spécialistes (Récits des temps mérovingiens, 1840). […] Juriste de formation, philosophe lecteur de Leibniz, criminologue opposé à Lombroso, psycho-sociologue rival de Durkheim, collaborateur depuis 1880 de la Revue philosophique de Ribot, co-directeur avec Lacassagne des Archives de l’anthropologie criminelle à partir de 1893, Tarde occupera en 1900 la chaire de « Philosophie moderne » du Collège de France. Son œuvre de sociologue sera éclipsée par celle de l’école durkheimienne, puis tombera dans l’oubli, avant de connaître une deuxième heure de gloire internationale depuis quelques décennies, en particulier, dans le cas de la France, à cause de Gilles Deleuze.

1516. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Et si même, — comme on le prétend à tort, — on ne lisait plus en France, il faudrait avouer que la faute en remonte aux écrivains. […] On fait beaucoup de vers en France à l’heure actuelle. […] Remy de Gourmont disait autrefois : « L’instinct abolit le génie… » Nous pourrions ajouter : « la France est un pays de tradition, d’élégance, de méthode… Elle a préparé la victoire d’un art aux lignes parfaitement délimitées… » Gardons-nous de l’oublier.

1517. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Qu’était la France sous Charlemagne, l’Angleterre sous Alfred ? […] Charlemagne en France, Alfred en Angleterre, ont fait à peu près ce qu’ils pouvaient faire de mieux. […] Il n’y avait point, au temps de Diderot, de chaires de clinique en France ; Bœrhaave à Leyde, Stahl à Vienne, avaient cependant donné l’exemple.

1518. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

En Angleterre, où l’on souffre les distinctions et où la beauté de Byron passa sans révolter personne, ce sentiment d’envie n’a pas donné le succès sur lequel on comptait et qu’il aurait donné en France, par exemple, dans ce pays de l’égalité, ou être plus beau que les autres est contraire à la loi et au sentiment public. […] Une voix s’est élevée en France pour protester contre l’injure jetée à la forme exquise et disparue du plus beau des poètes, et cette voix a été celle de la délicatesse dans le courage, mais elle n’avait pas besoin de s’élever… Rien ne peut désormais contre l’impression que Byron a laissée de lui-même dans le monde. […] En France, Byron a inspiré beaucoup de phrases poétiques et quelques beaux vers, mais de jugement sensé et élevé, je ne connais que M. 

1519. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Mais, au lieu de pleurailler, comme tout à l’heure, dans le verre de Galilée, Philarète Chasles, rabelaisien quoique maigre, a-t-il donc bu de ce vin grec, qui lui paraît si bon, pour écrire de ces ébriétés, pour développer, dans un livre signé de son titre au Collège de France, l’idée falote que moins on est cruel, plus on l’est ? […] Philarète Chasles, cet écrivain à l’imagination humouristique, à la verve mousseuse et pétillante, à la grâce italienne, aurait mis, comme Beaumarchais, de la gaieté dans sa vengeance, — ce qui fait, en France, la vengeance meilleure. […] Son idéal est de « reconstituer, en France, la sympathie ».

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