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394. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Brunetière — ce n’est point une chimère, que l’Évolution en littérature ; depuis Pindare, il s’est accompli plusieurs événements, idoines à modifier la sensibilité humaine. […] Et les lettrés chérissaient ces exégètes qui sous un mot, une tournure de phrase démodée, semblaient percevoir des successions d’événements, de causes cosmiques. […] Et cependant dans l’histoire de la pensée, sa naissance demeure un événement extraordinaire. […] De ce grand événement social, auquel nous assistons, le plus important qui soit en cette époque, Émile Verhaeren nous a donné de ténébreuses et lamentables peintures. […] Selon la fatalité des principes précédents l’intrigue se noue, les actes et les événements s’accomplissent.

395. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils parlent à la curiosité comme les Saxons parlaient à l’enthousiasme, et détrempent dans leurs longues narrations claires et coulantes les vives couleurs des traditions germaines et bretonnes : des batailles, des surprises, des combats singuliers, des ambassades, des discours, des processions, des cérémonies, des chasses, une variété d’événements amusants, voilà ce que demande leur imagination agile et voyageuse. […] Quand le Français conçoit un événement ou un objet, il le conçoit vite et distinctement ; nul trouble intérieur, nulle fermentation préalable d’idées confuses et violentes qui, à la fin concentrées et élaborées, fassent éruption par un cri. […] Ce n’est pas le nombre qui manque : la chanson de Roland, Garin le Loherain, Ogier le Danois, Berthe aux grands pieds, il y en a une bibliothèque ; bien plus, alors les mœurs sont héroïques et les âmes sont neuves ; ils ont de l’invention, ils content des événements grandioses ; et malgré tout cela, leurs récits sont aussi ternes que ceux des bavards chroniqueurs normands. […] Il donne un abrégé de motifs, le sommaire des événements, la suite des raisons affligeantes, la suite des raisons consolantes89. […] Ils la composent d’aventures, c’est-à-dire d’événements extraordinaires et surprenants.

396. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il ne nous est resté de son projet que des cadres très-généraux, des listes de noms et des notes biographiques, la masse des autres papiers ayant péri pour avoir été enterrée dans un jardin à la cam- pagne, lors des événements de 181460. […] Les événements de 1813-1814 apportèrent forcément une grande interruption dans le commerce des deux amis. […] Il y a telle de ces analyses appliquées à des masses confuses de faits et d’événements qui est capitale pour l’intelligence des temps ; et, sans sortir de la dernière partie, qui traite de l’anarchie carlovingienne, je ne veux citer que l’explication donnée par l’historien de la bataille de Fontanet, entre les trois fils de Louis le Débonnaire. […] Dans la philosophie morale, les faits particuliers, les circonstances de temps et de lien sont ce qui influe le plus sur les opinions. » — « Un événement de grande importance dans l’histoire de la philosophie grecque, c’est l’invasion de l’Asie Mineure par Crésus et puis par Cyrus. […] Les événements politiques apportèrent de grands retards à cette publication.

397. (1925) Portraits et souvenirs

Mêlé d’assez près aux événements politiques et militaires de son temps, il n’y a marqué sa place d’une manière ni très éclatante ni très mémorable. […] Ces deux événements furent l’occasion, dans la presse, d’un assez grand nombre d’articles. […] Ce sont toujours des événements strictement réels, par lesquels Laurent Evrard nous opprime et nous trouble. […] Là, événements, personnages sont même presque quelconques. […] Né en 1789, il avait quatre ans lorsque l’événement eut lieu.

398. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

Ce que l’Homéride chantait d’une voix lointaine comme l’écho de la tradition, le poète dramatique l’incarne et le montre ; il rend le souffle de l’actualité au fait immémorial, à l’événement aboli ; il redresse toute pendante et toute menaçante la catastrophe écroulée.

399. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Mais alors j’étais mordu du désir amer de me raconter à moi-même les derniers mois et la mort du pauvre cher, et presque aussitôt les tragiques événements du siège et de la Commune m’entraînaient à continuer ce journal, qui est encore, de temps en temps, le confident de ma pensée.

400. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Mais alors j’étais mordu du désir amer de me raconter à moi-même les derniers mois et la mort du pauvre cher, et presque aussitôt les tragiques événements du siège et de la Commune m’entraînaient à continuer ce journal, qui est encore, de temps en temps, le confident de ma pensée.

401. (1901) Figures et caractères

Les événements principaux en sont célèbres, littérairement et historiquement. […] Si son action fut petite sur les événements, elle fut considérable sur les pensées. […] Il excelle à profiter, mais il préfère utiliser les événements que les provoquer. […] La singularité des événements y vaut l’intensité des caractères. […] Certains événements le frappent d’une façon particulière.

402. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

L’Iliade est simple dans sa fable, dont l’objet est la colère du héros principal, colère toujours pareille ; constant, mobile des événements et n’altérant point la fortune égale du fier Achille qui, par son caractère fixe, est semblable aux immortels. […] Les événements les plus remarquables arrivés dans une illustre famille, dans un royaume, dans une république, n’ont pas même assez de magnificence tant qu’ils ne sont pas remarqués de plusieurs empires à la fois, par la puissante influence qu’ils ont sur l’esprit des siècles. […] Quand la fable, trop surchargée d’événements qui se sont succédé, lui paraît trop longue, il doit entrer en matière au milieu même, ou près de la fin du sujet, et rappeler ensuite les choses antérieures par le récit qu’il met dans la bouche de quelque acteur de la fable. […] Néanmoins ces fabuleux événements étaient la richesse qui devait orner son poème. […] « Ai-je droit de tirer de cette nuit profonde « Ces grands événements, secrets d’un autre monde ?

403. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

C’est un beau roman à ajouter à ceux que comptait notre littérature ; ce n’est pas une puissance, un événement, une révélation, une révolution, un symbole. […] À cet homme, qui passe pour un grand inventeur, il a manqué une des qualités d’invention le plus essentielles, celle qui consiste à trouver, pour nouer et dénouer un récit, ces moyens à la fois vraisemblables et imprévus qui ressortent naturellement du choc des événements et des caractères. […] Hugo et pour ses amis l’importance réelle, le grand événement des Contemplations, réside dans la partie militante, dans les pièces où il a arboré le drapeau de la révolution sociale, littéraire et religieuse. […] Ces mots supposeraient qu’il reconnaît qu’il s’est trompé, qu’il s’en explique les causes, qu’il profite de ses expériences, et il n’en est rien : pour cette imagination imperturbable dans sa sérénité, ce n’est pas son rêve qui a tort de n’avoir pas prévu l’événement ; c’est l’événement qui est coupable de n’avoir pas justifié son rêve ; à peu près comme ces malades qui sont inexcusables de mourir au moment où ils allaient prouver la science de leur médecin et l’efficacité de ses remèdes. […] Un grand événement trace une ligne rouge ou noire entre ce qui le précède et ce qui le suit, comme une frontière, un fleuve, une chaîne de montagnes, séparent deux pays limitrophes.

404. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

On ne saura dans quelle borne se resserre son éloquence, et l’écrivain diffus qui ensevelira le détail des événements sous la masse de ses opinions, transformera son ouvrage narratif en un livre polémique. […] Nous déduirons de ces deux événements que l’action tragique doit avoir une origine, une suite, et une fin préméditée. […] Tous les exemples prouvent qu’il a droit de construire la fable selon le dessein de son art, pourvu qu’il ne change pas le fonds de l’événement, s’il est consacré invariablement dans les annales. […] Si la fable est trop abrégée, ses situations trop rapides se confondent par leur multiplicité : les événements s’y entassent, et les coups, précipités l’un sur l’autre, ne jettent plus aucun éclat, et ne laissent nulle empreinte durable dans le souvenir. […] « Il y a grande différence, dit Aristote, entre les événements qui viennent les uns après les autres et ceux qui viennent les uns à cause des autres. » Dans cette maxime est tout le secret de l’unité d’action.

405. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Viennet lui-même, qui un jour d’Académie, un jeudi, lui annonça ce grand événement qu’il ne pouvait plus retenir, une nouvelle Histoire des Papes, comptant bien que son cher confrère allait emboucher pour lui, à cette occasion, toutes les trompettes du Constitutionnel, comme disait M. 

406. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Ainsi le premier volume contient toutes les Odes relatives à des événements ou à des personnages contemporains ; les pièces d’un sujet capricieux composent le second.

407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

[L’Événement (1849).] […] À l’heure qu’il est, Les Contemplations sont dans toutes les mains ; on dirait que le lecteur, dégoûté des rapsodies qui ont vu végéter ces dernières années si stériles, ait voulu se retremper dans ce grand fleuve qui prend sa source aux derniers jours de la Restauration et qui n’a cessé de rouler, à travers tous les événements heureux ou malheureux, glorieux ou funestes, ses flots de belles pensées et de beaux vers. […] Pour toute joie, toute douleur, tout sacrifice, tout événement, elle a un chant qui exalte, console, explique ou fortifie. […] L’incident, l’anecdote, l’événement tapaient dessus, et c’était une musique grave et douce ou un retentissement de tonnerre.

408. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

La Révolution française a été une opération, un événement historique énorme parce qu’elle a fait semblant de désentraver le monde d’un semblant de servitude politique. […] Mais il faut aussi que j’avoue que la puissance de la nature est si ample et si vaste, et que ces principes sont si simples et si généraux, que je ne remarque quasi plus aucun effet particulier que d’abord je ne connaisse qu’il peut en être déduit en plusieurs diverses façons, et que ma plus grande difficulté est d’ordinaire de trouver en laquelle de ces façons il en dépend ; car à cela je ne sais point d’autre expédient que de chercher derechef quelques expériences qui soient telles que leur événement ne soit pas le même si c’est en l’une de ces façons qu’on doit l’expliquer que si c’est en l’autre. […]   Dirai-je qu’il se l’est donné bonne et que peut-être il a eu besoin plus tôt qu’il ne le dit que l’expérience vint au devant de lui pour lui faire voir quel serait son événement. […] Peut-être que s’il n’eût point eu une certaine expérience des cieux il n’eût point eu aussi aisément une telle connaissance de l’événement des cieux.

409. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les événements sont plus forts que les hommes et les hommes sont balottés en tous sens ne comprenant pas grand chose à ce qui arrive. […] Il faut certaines circonstances exceptionnelles pour que l’instinct se libère des contingences, circonstances qui dépendent des événements et qui rapportent tout à coup l’état sauvage. […] Picabia insistant pour introduire Dada, Gleizes décida d’ajouter une section littéraire au comité, confiée à Paul Dermée : celui-ci, avec Picabia, invita Dada à participer à l’événement. […] Mais finalement les peintres du comité menacèrent Gleizes de se retirer si Dada participait à l’événement.

410. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

et un impossible bien autrement compromettant que le simple impossible de l’événement, des circonstances, de la mise en scène, dont un habile homme ne se joue guères ; mais l’impossible de la nature humaine, la méconnaissance absolue des lois qui la régissent et dont, sous peine de faux et d’absurde, il est défendu — à n’importe qui ! […] et, chose particulière, il n’y a pas, dans ce Quatre-vingt-treize, le grand événement de Quatre-vingt-treize, celui-là qui data la révolution française : la mort du roi, ce crime sans pareil dans les annales de la France, et qui décapita la France ! […] Voilà toute la donnée, et les combinaisons d’événements qu’il a arrangées autour d’une idée si pauvre ne l’enrichissent pas ; elles manquent toutes de vraisemblance au plus haut degré. Mais qu’importe la vraisemblance à un homme qui agit sur les événements de ses livres comme un escamoteur sur ses muscades ?

411. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’est là une grande prédisposition pour l’historien en tant que narrateur et peintre, et, s’il peut joindre à cette faculté première et indispensable une réflexion plus secrète, la recherche des causes, ce sera tant mieux, et il s’élèvera alors à toute la hauteur de sa mission, quoiqu’il y ait toujours un peu à craindre qu’avec cette qualité de plus, avec ce fonds philosophique, le tableau du premier plan ne perde quelque chose de sa sincérité et de sa fraîcheur, et que la représentation des événements qu’on est jaloux d’expliquer ne conserve pas la même netteté involontaire, la même franchise. […] Un siècle après, Commynes remontera jusqu’aux principes politiques, aux causes premières des événements : voilà la gradation. […] Ses Chroniques embrassent les événements pendant les trois quarts du siècle, depuis 1325 jusqu’à 1400 (c’est-à-dire depuis le couronnement du roi Édouard III d’Angleterre jusqu’au détrôneraient et à la mort de son petit-fils Richard II).

412. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Vous savez quel goût j’ai pour les grands événements, et combien je suis las de notre petit pot-au-feu démocratique et bourgeois. » Lorsque ensuite, après s’être avancé, on recule, et que la nation se croit, à tort ou à raison, profondément humiliée et déchue du rang qu’elle tenait en Europe ; lorsqu’elle commence à en vouloir au Gouvernement de son choix et au prince qu’elle accuse personnellement de lui avoir créé cette situation indigne d’elle, Tocqueville est des premiers à sentir que le péril de l’avenir est là, non ailleurs, et tout le talent de parole dont fait œuvre le ministère de M.  […] Et puis, il y avait de lui à moi, de tout temps et bien avant les événements de dernière date, un certain nœud de séparation : il était de nature croyante, c’est-à-dire que, même dans l’ordre des idées, il portait une certaine religion, une certaine foi. […] Après la rupture que causèrent entre tant de relations les événements que vous savez, je n’avais pas changé, mais je me tenais plus qu’auparavant sur la réserve ; il venait peu à notre Académie ; deux ou trois fois nous causâmes fort amicalement.

413. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Ainsi cette âme passionnée, et par trop maniable aux impressions successives, ne pouvait se fixer à rien ; elle était du nombre de ces natures déliées qu’on traverse et qu’on ébranle aisément sans les tenir ; elle avait puisé dans l’ingénuité de son propre fonds et avait développé en elle, par l’excellente éducation qu’elle avait reçue, mille sentiments honnêtes, délicats et pieux, capables, ce semble, à volonté, de l’honorer parmi les hommes ou de la sanctifier dans la retraite, et elle ne savait se résoudre ni à l’un ni à l’autre de ces partis ; elle en essayait continuellement tour à tour ; la fragilité se perpétuait sous les remords ; le monde, ses plaisirs, la variété de ses événements, de ses peintures, la tendresse de ses liaisons, devenaient, au bout de quelques mois d’absence, des tentations irrésistibles pour ce cœur trop tôt sevré, et, d’une autre part, aucun de ces biens ne parvenait à le remplir au moment de la jouissance. […] Il ne compose pas avec une idée ni suivant un but ; il se laisse porter à des événements qui s’entremêlent selon l’occurrence, et aux divers sentiments qui, là-dessus, serpentent comme les rivières aux contours des vallées. […] Il releva avec plus de verdeur les calomnies de l’abbé Lenglet-Dufresnoy ; mais sa justification morale l’exigeait, et on doit à cette nécessité heureuse quelques-unes des explications dont nous avons fait usage sur les événements de sa vie.

414. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

C’est d’ailleurs un événement à peu près unique dans la vie, et qui sert plus qu’aucun autre à la connaissance parfaite de cette classe d’hommes qu’on appelle courtisans. […] La santé du roi, le soin qu’il en avait, sa vigueur, paraissaient devoir éloigner cet événement, quand tout à coup il arriva au moment où on s’y attendait le moins. […] J’étais déterminé aussi à cette conduite par le désir et le projet d’observer de près un événement aussi curieux, et de démêler les intrigues qu’il ferait nécessairement naître en abondance.

415. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) I La découverte d’un beau buste grec de Platon fut un événement pour l’âme platonique de Laurent. […] Michel-Ange, dans la fameuse chapelle de San Lorenzo, lui construisit son sépulcre, à jamais célèbre : les statues de la Nuit et du Jour y représentent l’éternelle vicissitude des événements et la brièveté de la gloire. […] « Cet homme, né pour toutes les grandes choses, navigua si bien par le flux et le reflux des événements, qu’il est difficile de savoir s’il montra plus de constance dans la prospérité que d’égalité d’âme et de calme dans la mauvaise fortune : quant à son génie, il était si grand, si facile, si pénétrant, qu’il excellait autant en toutes choses que d’autres dans quelques-unes.

416. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Le jour n’est pas loin où tous ces prétendus délicats se trouveront si nuls devant l’immensité des événements, si incapables de produire qu’ils tomberont comme une bourse vide. […] Que sont la Guerre de la succession d’Autriche, la Guerre de sept ans, le Pacte de famille, comparés comme événements au Contrat social ou à l’Esprit des Lois ? […] L’Allemagne contemporaine nous offre un des rares exemples des effets directs de la science sur la marche des événements politiques.

417. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

C’est alors qu’on vit le système politique de l’Europe bouleversé, les anciennes alliances de la France interverties, et toute une série de grands événements s’engageant à la merci des inclinations, des antipathies et du bon sens trop fragile et trop personnel d’une aimable femme. […] Ce sont pour la plupart des sujets allégoriques destinés à célébrer quelques événements mémorables du temps ; mais il y en a aussi qui rentrent davantage dans l’idée que réveille l’aimable artiste : L’Amour cultivant un myrte, L’Amour cultivant des lauriers. […] [NdA] Bernis, ministre d’État, écrivait à Choiseul, alors ambassadeur, le 20 janvier 1757, peu après la tentative d’assassinat de Damiens, qui avait ouvert le champ à autant d’intrigues contre la favorite : « Le Roi a été assassiné, et la Cour n’a vu dans cet affreux événement qu’un moment favorable de chasser notre amie.

418. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Catherine, connaissant l’humeur et l’étourderie, le mélange de faiblesse et de violence du grand-duc, et voyant éclater les premiers symptômes graves de sa désaffection à l’occasion de sa seconde grossesse, où elle accoucha d’une fille (décembre 1758), s’était à l’avance posé tous les cas, toutes les chances, et elle les énumérait ainsi : ou bien, 1°, s’attacher à lui, lier sa fortune à la sienne, quelle qu’elle fût ; ou bien, 2°, rester exposée à toute heure à ce qu’il lui plairait de disposer pour ou contre elle ; ou enfin, 3°, prendre une route indépendante de tout événement ; mais laissons-la s’exprimer elle-même : « Pour parler plus clair, il s’agissait de périr avec lui ou par lui, ou bien aussi de me sauver moi-même, mes enfants et peut-être l’État, du naufrage dont toutes les facultés morales et physiques de ce prince faisaient prévoir le danger. […] Ce dernier sentiment, celui du chagrin, je le réprimais infiniment plus que tous les autres ; la fierté de mon âme et sa trempe me rendaient insupportable l’idée d’être malheureuse ; je me disais : “Le bonheur et le malheur est dans le cœur et dans l’âme d’un chacun ; si tu sens du malheur, mets-toi au-dessus de ce malheur, et fais en sorte que ton bonheur ne dépende d’aucun événement.”

419. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Quand la part qu’elles ont dans les affaires naît de leur attachement pour celui qui les dirige, quand le sentiment seul dicte leurs opinions, inspire leurs démarches, elles ne s’écartent point de la route que la nature leur a tracée : elles aiment, elles sont femmes ; mais quand elles se livrent à une active personnalité, quand elles veulent ramener à elles tous les événements, et les considèrent dans le rapport de leur propre influence, de leur intérêt individuel, alors à peine sont-elles dignes des applaudissements éphémères dont les triomphes de la vanité se composent. […] Eh bien, à côté du tableau de ce bal, où les prétentions les plus frivoles ont mis la vanité dans tout son jour, c’est dans le plus grand événement qui ait agité l’espèce humaine, c’est dans la révolution de France qu’il faut en observer le développement complet : ce sentiment, si borné dans son but, si petit dans son mobile, qu’on pouvait hésiter à lui donner une place parmi les passions ; ce sentiment a été l’une des causes du plus grand choc qui ait ébranlé l’univers.

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