Accorde d’autant plus à mes paroles, ô déesse, une éternelle grâce. […] Qu’y a-t-il là, pour se consumer d’une éternelle affliction ?
Mon lac est le premier ; c’est sur ses bords heureux Qu’habite des humains la déesse éternelle, L’âme des grands travaux, l’objet des nobles vœux, La Liberté. […] Le poëte est là tout entier dans ses rêves de liberté sans limites, sa haine de la tyrannie sous toutes les formes, les démentis de son espérance, sa tristesse aussi profonde que sa confiance avait été aveugle et trompée : « Ô vous, nuages, qui, au loin sur ma tête, flottez et vous arrêtez, vous dont nul mortel ne peut régler la marche dans l’espace sans route ; vous, ondes de l’Océan, qui, vers quelque plage que vous rouliez, n’obéissez qu’aux lois éternelles ; vous, forêts, qui écoutez le chant de l’oiseau de nuit penché sur l’écorce d’une branche inclinée, hormis quand vous-mêmes, secouant vos rameaux, vous formez ce majestueux concert des vents devant lequel, comme un inspiré de Dieu, à travers des détours que nul homme des bois n’a jamais foulés, j’ai tant de fois égaré, parmi les herbes sauvages en fleurs, ma course éclairée de la lune, sous l’aspect ou l’écho de chaque image informe qui m’apparaissait, de chaque bruit insaisissable retentissant au désert !
Ce sentiment n’est ni mauvais, ni bon : il est naturel, et il est éternel. […] Cela n’empêche point le despotisme, et même peut le favoriser ; mais cela permet à chaque homme dans un pays de dire : « Personne au moins n’est plus libre que moi », ce qu’il ne faut pas considérer comme une consolation misérable ; c’est peut-être la plus réelle que les hommes aient trouvée dans leur éternelle misère. […] La démocratie ne veut pas de roi, c’est-à-dire de chef éternel des fonctionnaires ; d’autre part, par l’intermédiaire de son parlement, elle nomme des ministres qui ne font que passer aux affaires, c’est-à-dire qui ont le temps de prendre en main l’administration, mais n’ont pas celui d’agir sur elle, de la faire agir ou de la modifier. […] Il faut arriver à ce que personne ne commande et à ce que tous obéissent : tous obéissant d’abord à tous, c’est le premier pas, c’est la première constitution, imparfaite d’ailleurs, et grossière, de la justice ; tous obéissant à la loi pure, à la loi froide, stricte, précise, invariable, exprimant la justice éternelle, à la formule même, enfin trouvée, de la justice absolue ; et ce sera le dernier pas et la constitution définitive. […] La philosophie est perpétuellement à recommencer pour chaque génération depuis trois mille ans, et elle est bonne en cela ; elle replace sur nos têtes les questions éternelles ; mais elle ne les résout et ne les rapproche jamais… Dans la prétention principale qui la constitue, la philosophie n’aboutit pas.
L'un des traits les plus singuliers et les plus réguliers de la société de Paris, c’est que tous les quinze jours environ on a un sujet, un lieu commun de conversation nouveau, grand ou petit, comète ou révolution, tremblement de terre ou vente de charité, ou question d’Orient, ou Colomba, ou Lucrèce : on cause partout de la même chose, l’invention est rare, même pour les sujets de conversation ; chaque personne qui entre remet sur le tapis l’éternel dada.
Ami de la pâle indigence, Sourire éternel au malheur ; D’une intarissable indulgence Aimante et visible chaleur : Ta flamme, d’orage trempée, Ne s’éteint jamais sans espoir ; Toi, tu ne m’as jamais trompée Lorsque tu m’as dit : Au revoir !
Mais à côté, en dehors de ces grands rôles, il y en a d’autres qu’il ne faut pas cesser de revendiquer et de maintenir, parce qu’ils sont modestes, qu’ils sont vrais, qu’ils réfléchissent des nuances précieuses dont les autres ne tiennent pas compte, et parce qu’ils expriment, avec plus de distinction et de curiosité attentive, des sentiments et des délicatesses, pourtant éternelles, de l’âme humaine civilisée.
Poètes, peintres, musiciens, il nous les révèle sous des aspects mobiles et bizarres qui portent toutefois sur un fond éternel.
» — Je sais que nul romancier, pas même George Sand, n’a su mêler aussi étroitement la vie des hommes et la vie de la terre sans absorber l’une dans l’autre ; ni mieux entrelacer l’histoire fugitive des passions humaines et l’éternelle histoire des saisons et des travaux rustiques Je sais aussi que rien n’est plus charmant que ses jeunes filles ; car, tandis que la campagne les fait simples et saines, la solitude les fait un peu rêveuses et capables de sentiments profonds La solitude, soit aux champs, soit dans les petites villes silencieuses, nul n’a mieux vu que M.
Et quant à sa préface, elle pourrait bien compromettre son salut éternel.
Quant à l’Italie … attendez la fin de la triple alliance, laquelle n’est sans doute pas éternelle… Ce que l’antiquité n’avait pas même conçu, la possibilité de républiques aussi vastes que les anciens empires devient chaque jour évidente… Si notre République était sage, vous verriez quelle serait bientôt sa force de propagande, même involontaire, et quelle fascination elle exercerait, rien qu’en durant, sur tous les peuples de la vieille Europe… Les temps sont mûrs ; cela commence : … Magnus ab integro seclorum nascitur ordo ; Qui sait ?
Tout le monde qui lit a dans la mémoire le magnifique Lazare et La grande forme aux bras levés vers l’Éternel.
Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui, et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre — ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un et comme ils n’en ont écrit aucun jusqu’ici.
Les hommes demandent à leurs dieux de prouver leur existence par des miracles ; mais la merveille éternelle c’est qu’il n’y ait pas sans cesse des miracles.
Mais il y a une vérité qui sera éternelle, c’est que des relations des deux sexes résultent des obligations sacrées, et que le premier des devoirs humains est de s’interdire, dans l’acte le plus gros de conséquence pour l’avenir du monde, une coupable étourderie.
Une différence bien remarquable entre les écrivains d’Athènes & ceux de Rome, c’est qu’on voit les premiers, ainsi que les nôtres, dévorés de jalousie, tourmentés d’un ver rongeur, se faisant une éternelle guerre ; au lieu que les grands auteurs Latins n’ont jamais eu leur gloire obscurcie par cette tache.
Son Éternel est sans doute un Dieu fort équitable, qui juge avec impartialité le bonze et le derviche, le juif et le mahométan ; mais était-ce bien cela qu’on attendait de sa Muse ?
On les entend sans cesse s’applaudir des fers qu’ils portent, et ils souhaitent que leurs chaînes soïent éternelles, nouvelle preuve qu’ils n’en sentent point le poids.
Voltaire est bien homme à emporter, sur la croupe de sa gloire et dans le bruit éternel de son nom, un livre mal fait, frivole ou ennuyeux.
Ne laissez pas votre vertu s’envoler des choses terrestres et battre des ailes contre des murs éternels. […] À ne pas se donner de peine personnellement, il est vrai ; mais très probablement à s’assurer une peine générale qui est éternelle. […] L’erreur, éternelle, est de croire que l’on peut se débarrasser de son moi, ou s’en détacher. […] Créer le surhumain c’est le devoir présent, comme, du reste, éternel, de l’humanité. […] Ajoutez à cela, pour entretenir indéfiniment — ce dont je suis loin de me plaindre — cette passion dans le cœur de l’homme, ce mobile qui est éternel.
… je fais bon marché de la syntaxe de mon dessin… Ce qui le caractérise, voyez-vous, et lui assure l’éternelle admiration des hommes… c’est la ponctuation ! […] … je ne le dissimule pas… ma fortune subit, en ce moment, une éclipse… Mais les éclipses ne sont pas éternelles. […] Ce qui, partout ailleurs, serait jugé comme une convention, n’est que de la simplicité ; de la simplicité voulue, la simplicité héroïque qui convient aux œuvres éternelles. […] Les lois religieuses, dans une volonté de discipline et d’universelle domination, ont fait de l’amour, c’est-à-dire de l’éclosion éternelle de la vie, un épouvantail et un péché. […] … fit mon ami avec un geste de prière… — Dieu entend toujours ceux qui lui parlent selon son cœur éternel !
Les nudités de Cranach avouent naïvement ces éternelles imperfections de la femme. […] Une manière nouvelle de dire les éternelles vérités humaines est d’abord pour les hommes, et surtout pour les hommes trop instruits, un scandale. […] La lampe éternelle était alors le symbole du feu ou du soleil ; elle ne parle pas plus clairement aujourd’hui. […] Les uns s’en vont vers le passé, où il y a du moins des lumières ; les autres se tournent, éternels ébahis, vers l’avenir, ce ciel ironique. […] Qu’il est vain d’insérer, sous ce titre, « l’instinct sexuel », des menaces contre la vie, contre les moyens que choisit à son gré pour se perpétuer la vie éternelle !
. — L’éternel roman d’amour. — Le roman drôle. — Le roman psychologique. […] Il a incarné dans ses personnages les éternelles passions humaines. […] Son naïf métier dramatique, le ton suranné de ses dialogues, empêchent bien des personnes de voir sa profondeur d’humanité éternelle. […] Le père Éternel lui dit : Ah ! […] Le génie de Shakespeare, sa profondeur, son éternelle humanité, tout cela est absent du théâtre d’Hugo, qui n’avait pour lui que le don de poésie.
On se rue à des disputes byzantines, on s’attache aux futilités verbales, au lieu de se pencher sur les idées éternelles. […] L’élégiaque cri qui naissait dans mon sein Mourut à la rumeur de ton sanglot divin, Et je verrai passer les amants sur le sable Mordant leur lèvre chaude et s’étreignant la main Sans confier au vent ma chanson périssable, Moi pris dans l’Éternel comme en un piège saint. […] pour me servir d’un juron italien, c’est justement de cette éternelle similitude de rimes que jaillit l’originalité. […] Mais le cher souvenir, feuilleté comme un livre, Nous fait dans le passé tout doucement revivre, Même quand nous touchons au sépulcre glissant ; Et qui donc vous a dit que la Mort éternelle Nous garde à tout jamais endormis sous son aile, Puisque nous revivons encore en vieillissant ? […] Ceux-là, loin de vouloir tout remette en question et troubler de fond en comble, se contentent de joindre un jonc de plus à la syrinx, et de faire moduler a la gamme éternelle un accord jusque-là inentendu et d’une plus ineffable mélodie.
) Racan : Rien au monde ne dure Qu’un éternel changement. […] S’il y avait des montagnes, elles louchaient le ciel, et on couvrait leur front de glaces éternelles. […] L’un, voyant croître ses moissons, bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre : ici, l’on offre le sacrifice adorable de J. […] Ses paroles toutes divines, qui devaient lui attirer les respects des hommes, le font attacher à un bois infâme ; et l’ignominie de ce bois, qui devait couvrir ses disciples d’une confusion éternelle, fait adorer par tout l’univers les vérités de son Evangile. […] dit Massillon, vous ne connaissez pas les objets que vous avez sous l’œil, et vous voulez voir clair dans les profondeurs éternelles de la foi !
Il l’engage à abandonner l’enfer et les peines éternelles, non-seulement au nom de la justice et de l’humanité, mais encore au nom des livres saints et de la primitive Église. […] C’est elle qu’il admire, car c’est elle qui est grande, éternelle, souveraine et dévastatrice de la nature et du monde humain. […] Cette courte durée est commune à toutes choses ; et toi, tu fuis ou poursuis toutes choses, comme si elles devaient être éternelles ! […] Consolez-vous donc, pauvres hommes, à cause de voire faiblesse et à cause de votre grandeur, par la vue de l’infini d’où vous êtes exclus, et par la vue de l’infini où vous êtes compris, par la pensée du soleil éternel, dont vous êtes un rayon, et par la pensée de la nuit éternelle où ce rayon va s’éteindre. […] Un dernier événement, en les rendant sacrées, les rendit éternelles.
Le mouvement est éternel, il est partout. […] Dites-moi quelles sont les souffrances de votre compagnon et, quoique indigne, j’intercéderai pour lui auprès de l’Éternel. […] Et qu’elle vienne ensuite la bonne mort qui me fera naître à la vie éternelle ! […] Rappelle-toi mes enseignements : selon un rythme éternel, deux forces déterminent l’Être. […] Les personnes de bon sens rabâchent l’éternelle antienne de l’ennuyeuse vie.Au reste, il n’y a d’intéressant à connaître que les saints, les scélérats et les fous.