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688. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Commynes loue fort son maître de l’unité qu’il voulait établir dans son royaume, de l’unité dans les poids et mesures, de l’unité dans les coutumes et de l’espèce de Code civil qu’il projetait ; ajoutez-y encore le projet d’abolir les péages à l’intérieur, et d’établir pour le commerce la libre circulation, en rejetant les douanes à la frontière.

689. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Ainsi, deux personnes que l’on a la barbarie de joindre malgré la disproportion de leur âge ou de leur penchant, ne, sont jamais véritablement unies, et il s’établit entre elles un combat qui ne finit qu’avec leurs jours. […] L’ancienne Société de médecine ayant été détruite en 1793 et la nouvelle Académie de médecine n’ayant été établie qu’en 1820, il n’y eut point place, entre Vicq d’Azyr et M. 

690. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Sa famille, que M. de Loménie fera connaître en détail, originaire de Normandie, je crois, s’était depuis établie en Brie ; elle avait été protestante. […] Pour nous en tenir au simple sommaire, Beaumarchais est informé que de ses deux sœurs établies depuis longtemps en Espagne, la cadette, celle qui n’est pas mariée, a deux fois été près de l’être à un homme d’esprit, employé supérieur à Madrid, Clavico, qui deux fois a faussé sa promesse.

691. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Arrivé à Paris à la fin de 1818, l’abbé Gerbet entra au séminaire de Saint-Sulpice ; mais sa santé, déjà délicate, ne lui permettant pas d’y faire un long séjour, il s’établit comme pensionnaire dans la maison des Missions étrangères, où il suivait la règle des séminaristes. […] Ce système de M. de Lamennais, mais qui est surtout attrayant quand il se développe historiquement sous la plume de l’abbé Gerbet, n’a pas été reconnu depuis par l’Église : il a paru sinon faux, du moins trompeur, et il n’y a à lui reprocher peut-être, du point de vue même de l’orthodoxie, que d’avoir voulu s’établir à titre de méthode unique, à l’exclusion de toutes les autres : combiné avec les autres preuves et présenté simplement comme une puissante considération accessoire, il n’a jamais, je crois, été rejeté.

692. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Ces conclusions morales sceptiques, et où il s’égaie surtout en ce qui est de l’article du mariage, Regnard les a consignées expressément dans une épître en vers : Je le dirai : non, non, il n’est point de folie Qui ne soit ici-bas en sagesse établie, Point de mal qui pour bien ne puisse être reçu, Et point de crime enfin qu’on n’habille en vertu. […] C’est là que, durant les années désastreuses de Louis XIV, dans ce temps même où Mme de Maintenon disait qu’elle aimerait mieux vivre dans une cave avec la paix, qu’à Trianon par cette horrible calamité de la guerre générale1, Regnard avait établi son riant séjour et fondé son abbaye, qui n’est autre que celle de Thélème.

693. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Établi à Passy dans une belle maison, avec un jardin, jouissant d’un voisinage aimable, Franklin, d’ordinaire, et dans les premières années du moins, avant que sa santé se fût affaiblie, dînait dehors six jours sur sept, réservant le dimanche aux Américains qu’il traitait chez lui. […] Je lui dis que cela avait été généralement entendu de l’action d’un orateur avec les gestes en parlant, mais que je croyais qu’il existait une autre sorte d’action bien plus importante pour un orateur qui voudrait persuader au peuple de suivre son avis, à savoir une suite et une tenue dans la conduite de la vie, qui imprimerait aux autres l’idée de son intégrité aussi bien que de ses talents ; que, cette opinion une fois établie, toutes les difficultés, les délais, les oppositions, qui d’ordinaire ont leur cause dans les doutes et les soupçons, seraient prévenus, et qu’un tel homme, quoique très médiocre orateur, obtiendrait presque toujours l’avantage sur l’orateur le plus brillant, qui n’aurait pas la réputation de sincérité… Tout cela était d’autant plus approprié au jeune homme, que lord Shelburne, son père, doué de tant de talents, avait la réputation d’être l’opposé du sincère.

694. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Mais, nulle part peut-être, on ne surprend ce procédé d’imposture dans des conditions plus favorables que celles où se produisit en Russie le faux Démétrius : il y avait la distance des lieux, la difficulté des communications, la crédulité superstitieuse des peuples, le prestige du nom, cette alliance et cette connivence secrète établie à l’avance au cœur de tous les mécontents ; ce n’était réellement pas tromper leur religion que de dire : Me voilà ! […] Ce talent, à l’origine, et dans les directions diverses où il s’est si heureusement porté, a été en inaction contre le faux goût établi, contre le convenu en tout genre, contre la phrase, contre l’idée vague et abstraite, contre les séductions pittoresques ou déclamatoires.

695. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Année 1853 Janvier 1853 Les bureaux du Paris, d’abord établis, 1, rue Laffitte, à la Maison d’Or, furent, au bout de quelques mois, transférés rue Bergère, au-dessus de L’Assemblée nationale. […] Trois marches à monter, et derrière la porte un établi hors de service, sur lequel, les coudes posés à plat, une vieille dormichonne, brinqueballant de la tête comme les gens sommeillant en voiture.

696. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Je viens examiner l’utilité morale, l’utilité religieuse qu’il peut y avoir à établir une église à Montmartre… Lorsqu’il s’agit d’établir à Paris, dans ce grand foyer de la Révolution et de la libre pensée, sur le point culminant de la capitale, sur ce point qui se voit de tous côtés et de si loin, un monument qui le couronne et dans le quartier qui est, à vos yeux, l’un des centres les plus ardents de l’insurrection, l’effet que vous attendez est celui-ci : Mettre là un symbole du triomphe de l’Église sur la Révolution.

697. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Les appétits, les instincts, les forces musculaires, les armes de l’animal sont établis et combinés de manière à ce qu’il veuille et puisse se nourrir. […] Les substances mortes, œuvre de cette destruction, sortent par le poumon sous forme d’acide carbonique, par les reins sous forme d’urine, par l’intestin et par la peau ; et diverses glandes, les reins, le foie, sont établies sur un plan savant pour aider à cette épuration.

698. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Personne ne veut plus marcher que sur le chemin de velours, et on tourmente ceux qui l’ont établi ! […] Le P. de Condren, un oratorien qui ne passait pas pour un ami de la morale facile, a établi très dignement ce qu’on pourrait appeler le droit au mensonge. […] Dès qu’elle entre, un pacte muet s’établit entre la vierge et le milieu où elle respire. […] C’est là-dessus qu’il faudra s’appuyer désormais pour établir la distinction entre la personnalité et le caractère. […] Soit ; mais il établit très bien aussi la position d’un Condé devant un Jésuite.

699. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Quelques personnes se souviennent peut-être avec quelle chaleur je développai le grand caractère de Caton et l’éloquence de ses harangues en faveur des lois du gouvernement établi, et contre l’audace de l’usurpation du parjure César. […] Ni les actions ni les discours de l’homme sauvage, ou récemment en société, ne seront pareils à ceux de l’homme policé : ces différences entre les individus existent entre les races humaines par la suite des temps, et entre les nations par l’empire dei gouvernements établis. […] Mœurs de l’époque ou l’Islamisme s’établit. […] Un tel sujet, si riche sous les pinceaux des artistes de l’Italie, devait-il être infécond pour une muse épique, dont la plus importante loi est de plaire par la variété de l’ordre qu’elle établit en son plan ? […] Premièrement, la mesure de nos syllabes variables et indécises s’établit sur la propriété des accents, et non sur leur durée, qui change suivant la place occupée par les mots.

700. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Nous ne tenons compte que des faits démontrés, établis. […] Taschereau de m’avoir copié ; ce qu’il m’importe d’établir, c’est que, moi, je n’ai point copié M.  […] Il s’établit au Petit-Bourbon. […] Rien n’était moins établi à cette époque que la propriété littéraire et les droits des théâtres. […] Il trouve un autre lui-même établi chez lui ; il est traité par cet autre d’imposteur et de sorcier.

701. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Certains faiseurs de romans et de comédies de nos jours ont dépensé la moitié de leur invention à décrire des mobiliers ou à établir une mise en scène.

702. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Son Systême des idées, par lequel il prétend établir qn’on voit tout en Dieu, fut surtout en butte à des attaques & à des railleries.

703. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

L’auteur, dont le père né dans le territoire de Vérone vint s’établir en France, dans la ville d’Agen, veut y prouver que sa famille descendoit des anciens princes de Vérone.

704. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier ; que je le voie à son établi avec une lancette à la main ou autre ouvrage qu’il éprouve ou qu’il repasse, et surtout n’oubliez point de lui faire mettre ses lunettes sur le nez.

705. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

En supposant que les parties de l’art que l’on n’a pas, ne méritent presque point d’attention, on établit, sans être obligé de le dire, qu’il ne nous manque rien pour être un grand maître.

706. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Les hommes mêmes qui veulent établir les unes, lorsqu’elles n’ont pas en elles la raison de leur existence, ou qui veulent propager encore les autres lorsqu’elles ont perdu ce principe de vie qui est dans l’assentiment général, témoignent, par l’expression indécise de leurs discours, qu’ils ne les comprennent point.

707. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Les mœurs bourgeoises s’établissent, amenant avec elles les lectures domestiques et pratiques. […] Une fille, une jeune fille sans expérience, sans importance, résister à des hommes, à des vieillards, à des gens établis, considérés, à toute sa famille, cela est monstrueux ! […] C’est une dissertation à l’anglaise, toute composée de raisonnements exacts, ayant pour but d’établir que, d’après la nature du plaisir et de la peine, les malheureux souffrent moins que les heureux de quitter la vie, et jouissent plus que les heureux d’obtenir le ciel. […] est-ce qu’on ne peut pas chercher la vérité en dehors d’une Église établie ? […] Bien plus, il est anglican, passionné pour la hiérarchie, admirateur de l’ordre établi, hostile aux dissidents.

708. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

On était, en effet, en 1796, et tant de tentatives pour établir un gouvernement libre, tant de sacrifices, tant d’efforts, tant d’utopies, aboutissaient au directoire, ce gouvernement qui avait épuisé l’arbitraire sans pouvoir arriver à l’autorité. […] Nous l’ignorons. » Nous l’ignorons, nouvelle et belle parole en philosophie, parole qui suffirait pour établir une ligne de démarcation infranchissable entre la doctrine de M.  […] Royer-Collard a quelque chose de profondément conforme au christianisme, parce qu’elle admet qu’il y a des vérités essentielles, qu’on croit invinciblement sans pouvoir les établir par le raisonnement. […] Les similitudes de gouvernement établies par la charte de 1814 entre les deux pays les approchaient par une espèce de parenté politique. […] Il écrivait précisément dans une époque où la démocratie allait lutter en faveur des supériorités individuelles contre les principes traditionnels et les pouvoirs établis.

709. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

La chose, c’est la voix ; la parole, c’est le mot, en tant que prononcé avec toutes les modifications établies par l’usage de la Langue que l’on parle. […] D’abord nos Peres conserverent le caractere qu’ils trouverent établi, & dont la valeur ne s’éloignoit jamais que fort peu de la premiere institution. […] Si l’usage avoit établi un seul mot pour exprimer le même sens, ce mot seroit un adverbe ; mais comme ce sens est énoncé en deux mots, on dit que c’est une expression adverbiale. […] La Grammaire n’est venue qu’après que les langues ont été établies. […] Je ferai bâtir des temples de marbre, & j’établirai des fêtes du nom de Phoebus, en l’honneur de Phoebus.

710. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Elle ne s’est établie que sur des ruines. […] D’autre part, au mois de mai 1657, une lettre du prince de Conti semble établir que la troupe n’était ni à Orange ni à Avignon, mais à Lyon. […] Rien de tout cela n’est encore ni très clair ni très solidement établi. […] Voulons-nous établir que les contemporains de Molière l’ont méconnu ? […] On a peine à comprendre que, instruit par de telles expériences, Voltaire ait osé s’aller établir à Berlin.

711. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ajoutons que sans les créations imaginaires l’homme aurait méconnu ses étonnantes facultés de conception : son orgueil jouit de cette découverte, et s’admire dans l’ordonnance régulière sur laquelle il établit tout l’idéal de ses compositions chimériques. […] « Ainsi la servitude, je dis la servitude la plus modérément établie, est une espèce de prison où l’âme décroît et se rapetisse en quelque sorte. […] À peine entre-t-il en son sujet qu’il établit la distinction du langage particulier du poète et de celui du prosateur. […] Le moyen de la rendre sensible était d’établir des repos dans la prononciation ; ce qui fit établir la césure qui est commune à toutes les langues. […] Il importe donc ici d’établir des certitudes dans les jugements, afin que les arrêts ne soient plus douteux.

712. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

On voit dans une pièce fugitive à son ami Deschamps, auteur de la Revanche forcée, quelle différence essentielle l’habile connaisseur établit entre Grécourt et Chaulieu, et même entre Bernis et Grécourt.

713. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Auparavant l’on ne désirait que ce que l’on connaissait : c’était comme une vérité établie, proverbiale : Ignoti nulla cupido, disait Ovide.

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